• Le secret maçonnique (Partie 30)

    Ce drapeau doit accompagner vos bannières pacifiques : c’est le drapeau de la paix universelle, le drapeau de nos droits fédératifs, devant lequel nous devons tous nous grouper, afin d’éviter qu’à l’avenir une main, quelque puissante qu’elle soit, ne nous jette les uns sur les autres autrement que pour nous embrasser. (Applaudissements prolongés).

    Le secret maçonnique (Partie 30) 

     

    Le citoyen Beslay, membre de la Commune : «  Citoyens, je me suis associé, comme vous, aux paroles que vous venez d’entendre, à ces paroles fraternelles qui rassemblent ici tous les francs-maçons.

    Le sort ne m’a pas favorisé, hier, lorsqu’on a tiré les noms des membres de la Commune qui devaient aller recevoir les francs-maçons. Nous avons voulu qu’il y eût un tirage au sort des noms, parce que toute la Commune de Paris voulait s’associer, dès le commencement, à cette grande manifestation ; je n’ai pas eu le bonheur d’être désigné, mais j’ai demandé pourtant à aller au-devant de vous, comme doyen de la Commune de paris, et aussi de la franc-maçonnerie de France, dont j’ai l’honneur de faire partie depuis cinquante-six ans.

    Que vous dirai-je, citoyens, après les paroles si éloquentes de Félix Pyat ? Vous allez faire un grand acte de fraternité en posant votre drapeau sur les remparts de notre ville et en vous mêlant dans nos rangs contre les ennemis de Versailles. (Oui ! oui ! – Bravos !).

    Citoyens, frères, permettez-moi de donner à l’un de vous l’accolade fraternelle. »

    (Le citoyen Beslay embrasse l’un des francs-maçons placé près de lui ; -- Applaudissements. – Vive la Commune ! – Vive la République !).

    Un franc-maçon, une bannière en main : « Je réclame l’honneur de planter la première bannière sur les remparts de Paris, la bannière de la Persévérance, qui existe depuis 1790. » (Bravos.)

    La musique jour la Marseillaise.

    Le citoyen Léo Meillet : « Vous venez d’entendre la seule musique que nous puissions écouter jusqu’à la paix définitive.

    Ce drapeau doit accompagner vos bannières pacifiques : c’est le drapeau de la paix universelle, le drapeau de nos droits fédératifs, devant lequel nous devons tous nous grouper, afin d’éviter qu’à l’avenir une main, quelque puissante qu’elle soit, ne nous jette les uns sur les autres autrement que pour nous embrasser. (Applaudissements prolongés).

    C’est le drapeau de la Commune de Paris, que la Commune va confier aux francs-maçons. Il sera placé au-devant de vos bannières et devant les balles homicides de Versailles.

    Quand vous les rapporterez, ces bannières de la franc-maçonnerie, qu’elles reviennent déchirées ou intactes, le drapeau de la Commune n’aura pas faibli. Il les aura accompagnées au milieu du feu, -- ce sera la preuve de leur union inséparable ». (Nouveaux applaudissements).

    Le citoyen Térifoque prend le drapeau rouge des mains du citoyen Léo Meillet et adresse ces paroles à l’assemblée :

    « Citoyens, frères,

    Je suis du nombre de ceux qui ont pris l’initiative d’aller planter l’étendard de la paix sur nos remparts, et j’ai le bonheur de voir à leur tête la bannière blanche de la loge de Vincennes, sur laquelle sont inscrits ces mots : « Aimons-nous les uns les autres ! ». (Bravo).

    Nous irons présenter cette bannière la première devant les rangs ennemis ; nous leur tendrons la main, puisque Versailles n’a pas voulu nous entendre !

    Oui, citoyens, frères, nous allons nous adresser à ces soldats, et leur dirons : Soldats de la même patrie, venez fraterniser avec nous ; nous n’aurons pas de balles pour vous avant que vous nous ayez envoyé les vôtres. Venez nous embrasser, et que la paix soit faite ! (Bravos prolongés. – Sensation.).

    Et si cette paix s’accomplit, nous rentrerons dans Paris, bien convaincus que nous aurons remporté la plus belle victoire, celle de l’humanité !

    Si au contraire, nous ne sommes pas entendus et si l’on tire sur nous, nous appellerons à notre aide toutes les vengeances ; nous sommes certains que nous seront écoutés, et que notre maçonnerie de toutes les provinces de France suivra notre exemple ; nous sommes sûrs que sur chaque point du pays où nos frères verront les troupes se diriger sur Paris, ils iront au-devant d’elles pour les engager à fraterniser.

    Si nous échouons dans notre tentative de paix et si Versailles donne l’ordre de ne pas tirer sur nous pour ne tuer que nos frères sur les remparts, alors nous nous mêlerons à eux, nous qui n’avions pris jusqu’ici le service de la garde nationale que comme service d’ordre, ceux aussi qui n’en faisaient pas partie, comme ceux qui étaient déjà dans les rangs de la garde nationale, et tous ensemble, nous nous joindrons aux compagnons de guerre pour prendre part à la bataille et encourager de notre exemple les courageux et glorieux soldats défenseurs de notre ville. » (Adhésion générale. – Applaudissements prolongés. – Vive la Commune ! Vive la franc-maçonnerie !).

    Le citoyen Térifoque agite le drapeau de la Commune qu’il tient entre ses mains, et il s’écrie :

    « Maintenant, citoyens, plus de paroles, à l’action ! ».

    Les députations de la franc-maçonnerie, accompagnées des membres de la Commune, sortent de l’Hôtel-de-Ville.

    Pendant le défilé, l’orchestre joue la Marseillaise.

     

    Faits divers. Journal Officiel de la Commune du dimanche 30 avril 1871 :

    Ce matin, à neuf heures, les francs-maçons se sont réunis dans la cour grillée des Tuileries.

    Tous les maçons présents à Paris s’étaient rendus à l’appel de leurs loges. Les dignitaires portant le cordon rouge ou bleu en sautoir, et les reins ceints du tablier symbolique, affluaient de tous les points, bannières et musique en tête, au milieu d’une foule compacte que l’attente de ce spectacle avait attirée là dès la première heure.

    La conviction avait été faite pour la cour du Louvre, mais l’obstacle apporté à cette réunion solennelle par une foule enthousiaste, qui emplissait la rue de Rivoli, la place du Louvre, celle du Palais-Royal, et, d’un autre côté, les quais, força les délégués des loges de se rendre à la cour des Tuileries par la place du Carrousel.

    Plusieurs bataillons de la garde nationale forment la haie et contiennent les curieux qui se poussent aux cris de : « Vive les francs-maçons ! Vive la Commune ! » Auxquels répondent d’autres cris : « A bas Versailles ! ».

    Les maçons se forment par rangs de quatre, la musique militaire joue la Marseillaise, le défilé commence.

    Cinquante-cinq loges sont représentées, bannières déployées, formant environ 10 000 citoyens de tout âge, de tous rangs, tous, suivant leur grade, porteurs de larges rubans de diverses couleurs. Une loge de femmes est particulièrement saluée de cette foule émue par ce spectacle unique dans l’histoire de la franc-maçonnerie.

    Le cortège, accompagné des six membres de la Commune délégués à cette réception, se met en marche au son d’une musique au rythme étrange, sévère, impressionnant.

    En tête la musique, les généraux et officiers supérieurs des gardes nationaux, et enfin les grands maîtres.

    Derrière eux marchent les six membres délégués par la Commune.

    Après le défilé des loges, les cris de : « Vive la république ! Vive la Commune ! » retentissent sur tout le parcours.

    La tête du cortège arriva sur la place de l’Hôtel-de-Ville, où sous un dais élevé, devant le buste de la République et le trophée de drapeaux rouges se trouvent les membres de la Commune.

    Des discours sont prononcés par les citoyens Monière et Térifoque, vénérables des loges.

    Tous les membres de la Commune présents se sont joints aux francs-maçons, tenant à les accompagner dans leur mission périlleuse. Le défilé commence, prend la rue de Rivoli, partant de l’Hôtel-de-Ville, et suit les grands boulevards depuis la Bastille jusqu’à l’Arc-de-Triomphe.

    Toujours même foule sympathique sur tout le parcours. Acclamations générales. La députation arrive aux avant-postes.

    Ordre est donné d’arrêter le feu. Quatorze mille francs-maçons sont à l’Arc-de-Triomphe. Ils demandent à aller planter en corps leurs bannières sur les remparts.

    Pluie incessante d’obus, reçue aux cris de : « Vive la Commune ! Vive la République universelle ! ».

    Une délégation, composée de tous les vénérables, accompagnés de leurs bannières respectives, s’avance par l’avenue de la Grande-Armée. Les bannières sont plantées sur les remparts aux postes les plus dangereux.

    Enfin, vers 5 heures 30 minutes du soir, le feu cesse du côté versaillais. On parlemente, et trois délégués de la franc-maçonnerie se rendent à Versailles.

    Il est convenu de part et d’autre que le feu ne pourra reprendre qu’après le retour des délégués.

    A Paris, dans l’après-midi, le bruit s’est répandu que deux francs-maçons auraient été blessés sous la pluie de projectiles qui tombaient sur l’avenue de la Grande-Armée. Jusqu’ici, d’après toutes nos informations, nous n’avons aucun renseignement de cette nature. Ce que nous sommes en droit d’affirmer, c’est qu’à la porte Maillot, deux bannières ont été trouées par les balles.

     

     

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