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    blog de réflexion sociale

  • Tu es maudite ! Reviens à toi et sois un peu responsable de ce que tu entreprends au lieu de te laisser trousser et embobiner par le premier venu. Je te tuerai plutôt de mes mains. C'est la faute de ta mère : elle n'a jamais su élever ses enfants. Ah ! Elle aurait mieux fait de te surveiller. Mais qu'est-ce que j'ai fait au ciel pour avoir une fille pareille ! De quoi suis-je donc puni ? Je n'ai quand même pas commis un crime ! Ne t'ai-je pas ressassé mille fois qu'il ne faut pas se mettre derrière un cheval et devant un homme ? Vous formerez tous les deux un bien pauvre ménage. Non et non ! Et les gens riront de moi. J'ai trimé comme un fou toute ma vie et c'est les Quader qui en profiteront. Regarde le mal que tu causes à tes parents. Je te répudierai. Je te renierai. Je ne veux plus te voir. C'est un fêtard et un soûlaud comme son père et il va me casser la baraque : une pomme ne tombe jamais loin du pommier ! Et toi ? Au début tout te paraît doux et resplendissant et tu ne verras l'amer que lorsqu'il sera trop tard pour te repentir. Tant que le balai est neuf il nettoie facilement et te dissimule les défauts, les vices, la pauvreté et la ruine. Mais après, quand le balai sera usagé, crotté et puant, qu'adviendra-t-il de toi et de tes enfants ? Comment peux-tu coltiner une chiffe pareille toute ta vie ? C'est une tartine où d'autres ont léché la confiture. Ah ! Quand le balai est neuf il enlève bien la poussière..

     

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  • Le miracle de l'évocation a-t-il concrétisé des personnages de chair et de sang ? A peine est-ce des ombres fatiguées sur la toile grise du passé et ceci est occasionné moins par l'impossibilité de dépeindre une vue objective qu'à l'absence d'ampleur des héros. Ainsi, au premier abord, monsieur Quader serait ce type d'homme qui vise aux plaisirs et aux gueuletons, qui s'adonne à l'alcool et passe beaucoup de bon temps au lit, et madame Quader, une bonne âme, aimante et douce, qui ne songe qu'au bien-être de ses enfants, dévouée même à son mari « qui ne le mérite point ». Sans aucun doute, madame Quader agrafait à l'aide d'une épingle la chemise de nuit de son mari à la sienne pour invalider toute intention de celui-ci d'échapper du lit conjugal en catimini pour se rendre à la cave et puiser aux tonneaux, à l'aide d'un chiffon s'imbibant du jus de la vigne, à la lumière de la lune, des étoiles et d'une bougie coupable.

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  • Quant à la deuxième partie de ta lettre, elle m'a énormément chagriné et j'y répondrai plus longuement. Au fond tu as hâte de te débarrasser de moi, de t'arroger ma succession, de voler mon argent et de réussir à tout prix, quitte pour cela à piétiner mon cadavre, celui de ta mère et à dépouiller ta sœur. Tu m'assènes le coup de grâce. Je tâche de clarifier les idées que tu rumines. Il est loin le temps où le père assumait et contrôlait les affaires jusqu'à sa mort quel que soit l'âge de son fils, celui-ci persévérant dans l'obéissance. C'est la guerre qui a détruit et perverti la moralité des gens. En tout cas je m'en irais la conscience tranquille, convaincu que ce n'est pas moi qui t'ai inculqué ces principes.

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  • Son père personnifiait parfaitement le paysan traditionnel : de haute stature, légèrement voûté sur la fin de sa vie – sans doute à force de labourer la terre, mais aussi du fait d'un accident, une vache capricieuse lui ayant écrabouillé une jambe et d'une tuberculose qui devait l'emporter – ses préoccupations prédominantes étaient la terre, encore la terre, toujours la terre, terre accaparée, amour de la terre triturée à la sueur du front. Les dogmes religieux tels l'existence ou non du dieu chrétien et d'un au-delà, les crises et les guerres, et autres fariboles, tout cela, dérisoire et passager, suscitait infiniment moins d'intérêt à ses yeux et de discussions quotidiennes. Il ordonnait le reste du monde autour de cette valeur unique, sa terre, qui déteignait sur lui et modelait une physionomie à son image ; lent et obstiné, il s'autorisait parfois un élan de prodigalité quand on dépistait le chemin de son cœur ou captait sa confiance. D'habitude ronchonnant, ses humeurs correspondaient aux conditions météorologiques. Entier et égoïste, il contemplait le monde à travers lui et pour lui-même – «  D'abord moi, ensuite moi et loin derrière moi, les autres » clamait-il. 

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  • Quand on imagine, Pierre Quader, l'impression générale est celle d'un personnage assez anodin qui représente un exemplaire de ces milliers d'individus du peuple que l'on croise tous les jours sans jamais vraiment les remarquer. Il offrait l'apparence de quelqu'un ayant peiné toute sa vie et dont on présume invariablement en suivant l'enterrement qu' « il n'a pas eu sa chance ». Parfois au hasard d'une rue, la rencontre d'un homme d'une cinquantaine d'années environ, présentant une silhouette redressée, maigre et osseuse, les cheveux encore naturellement colorés d'un beau brun foncé, bien peignés et coupés à ras du cou, un visage fin et un long nez, affublé de vêtements usés, fripés et même sales qui l'identifient plus à un épouvantail ou à un clochard qu'à une honnête fréquentation, incite presque automatiquement à murmurer en son for intérieur : « Ce pourrait être lui ». Si de surcroît au fond des yeux de ce passant juste entrevu se dessine une tristesse infinie de chien rossé, voilà le tableau ressemblant et achevé.

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