• Le Récit (suite)

    Face aux autres, je proscrirai la crainte : toujours positif, sans considérer le mal en premier, je tiendrai compte de toutes les critiques me concernant pour m’amender, que celles-ci soient favorables ou défavorables, bienveillantes ou malveillantes.

    MERCREDI 7 JUILLET 1971

    EH, EH, EH, EH, EH, EH, EH.

    Je me dégoterai une vocation qui me transforme en  un serviteur du bien, ici et maintenant, autant que possible, à la fois plus volontaire, moins laxiste, moins mou et moins tiède.

    Face aux autres, je proscrirai la crainte : toujours positif, sans considérer le mal en premier, je tiendrai compte de toutes les critiques me concernant pour m’amender, que celles-ci soient favorables ou défavorables, bienveillantes ou malveillantes.

     

    SAMEDI 10 JUILLET 1971

    RA, RA, RA, RA, RA, RA, RA.

    Méditations quotidiennes : chaque jour, j’emploierai deux brèves périodes à la méditation, l’une le matin, juste après mon réveil, avant de me lever et de déjeuner et l’autre le soir, après m’être alité, juste avant de m’endormir.

    Le service rendu avec amour est la clé qui ouvre le monde de l’âme. La signification d’un être humain n’est pas d’abord dans son action, dans ce qu’il produit, dans ce qu’il métamorphose, mais dans ce qu’il EST. Mon identité véritable ne se signale pas seulement comme le fils de mes parents, l’enfant du siècle et le citoyen du monde où j’habite de manière transitoire, mais aussi comme le Fils du Vivant.

     

    DIMANCHE 2 JANVIER 1972

    Rapport individuel de l’année 1971 à propos des efforts consentis et des difficultés rencontrées.

    Pour l’exercice du matin je me concentre sur la vie de Jésus-Christ et je détaille chaque fois une partie infime de son existence, comme par exemple une journée à Qumram, une journée de son enfance, ou une heure dans le Temple de Jérusalem.

    Pour l’exercice du soir, je remonte les heures de la journée écoulée, heure après heure, de 21 heures à 20 heures, puis de 20 heures à 19 heures et ainsi de suite, me félicitant pour les bonnes actions et me réprimandant pour les mauvaises actions.

    Si pendant les premiers mois, j’ai appliqué les exercices du matin et du soir avec entrain, un certain relâchement a surgi ensuite, ce qui semble prouver que je ne suis plus persuadé de leur utilité. Que Dieu m’aide à exécuter ces exercices avec la plus grande motivation ! Notamment que je ne m’endorme pas avant la fin de l’exercice du soir, mais que je fasse l’effort de rester éveillé. Seigneur Dieu, accorde-moi plus de méthode et de persévérance.

     

    VENDREDI 25 FEVRIER 1972

    THO, THO, THO, THO, THO, THO, THO.

    Mon Dieu, prends soin de mes quatre enfants et fais en sorte qu’ils demeurent toujours honnêtes et travailleurs !

    Je combattrai avec énergie, chaque jour, chaque heure, la tentation de m’affaler devant le poste de télévision, qui m’obsède et que je regarde de trop. C’est un loisir vain qui m’avachie et me rend paresseux.

    A cinquante sept ans, Mon Dieu, fais que j’abandonne le péché de la masturbation, que la chair et ses diverses perversions me délaissent pour utiliser complètement le temps ainsi dégagé à la spiritualité.

     

    DIMANCHE 5 MARS 1972

    A mon âge, une leçon essentielle de la vie est à apprendre maintenant : l’apprentissage du respect de mon corps et donc de tous les corps.

     

    SAMEDI 10 JUIN 1972

    La délicate progression sur le sentier se déploie en spirale, avec des ascensions et des descentes, et mène vers l’intérieur de mon être, à la rencontre du Soi profond.

     

    VENDREDI 14 JUILLET 1972

    La patience se différencie de la passivité. L’homme patient se maîtrise et s’empare des opportunités dès qu’elles se présentent. Quelles que soient les difficultés, son idéal exige tout son temps : voilà la qualité primordiale de tout initié sur le sentier et, à cet égard, la patience et l’humilité sont inséparables.

     

    SAMEDI 30 SEPTEMBRE 1972

    La nuit de mercredi à jeudi dernier, j’ai « volé dans les airs ».Divers personnages m’ont contacté et côtoyé et l’un d’entre eux agrippait mes deux mains  pour me soutenir. Cela me renvoie à diverses expériences de « voyages nocturnes » lors de ma petite enfance.

     

    DIMANCHE 19 NOVEMBRE 1972

    Un progrès à fournir maintenant, c’est de réapprendre à prier. Par-dessus tout, je n’oublierai ni les œuvres, ni l’amour du prochain.

     

    MARDI 2 JANVIER 1973

    Bilan individuel de l’année 1972.

    Seigneur Dieu, exploite ma personne au mieux de Tes intérêts et oriente-moi vers la voie utile aux autres !

    Pour vivre en esprit, le ciel sur la terre, inspire-moi beaucoup plus de calme. Afin d’harmoniser mes vibrations avec celles du monde spirituel que je souhaite atteindre, je m’abstiendrai de manger de la viande et de boire de l’alcool.

    Pour les deux exercices du matin et du soir, j’ai peu progressé au cours de la dernière année : si je ne me discipline pas dans les petites choses il est inutile d’espérer aller plus loin.

     

    DIMANCHE 8 JUILLET 1973

    Que le joug que j’ai accepté soit doux et que le fardeau que je supporte soit léger ! Seigneur Dieu, adresse-moi un signe me confirmant que je suis sur la bonne voie et écarte de moi toute volonté personnelle et individuelle : que Ta seule volonté soit faite ! Dieu de mon cœur, je T’implore : comment mériter ce signe ? Pour montrer mes bonnes dispositions, j’effectuerai des efforts d’une part, en exerçant mon métier avec cœur et passion, et d’autre part en digérant spirituellement toutes les mauvaises actions qui se déroulent autour de moi.

     

    DIMANCHE 5 AOUT 1973

    Serai-je végétarien ? Tout est fonction de mon attitude et cela dépend des raisons de ce choix. Cela n’en vaut pas la peine si je dépense trop d’énergie et si cela me coûte beaucoup de frustrations pour atteindre cet objectif. Adopter cette conception de l’alimentation dépend à la fois de la conscience que j’ai des aliments et de la façon dont je regarderai ceux qui ne sont pas comme moi et qui ne sont pas moins avancés pour autant. Je resterai capable de dépasser ce régime pour faire une exception parce que quelqu’un, voulant m’honorer, a passé du temps à me préparer un plat carné que j’aurais la délicatesse de ne pas refuser.

     

    LUNDI 6 AOUT 1973

    Philosophiquement, je me disperse actuellement et il est nécessaire de poser des principes me maintenant sur la bonne voie, qui soit « ma » voie.

    Je rendrai mes quatre enfants curieux et attentionnés, car ils constituent les citoyens de demain.

    Pour mon activité professionnelle, j’étudierai mon comportement afin de faire disparaître à terme l’ego–le moi individuel–et l’absorber dans le Soi dans l’objectif de mieux servir. En laissant une plus grande place à l’intuition, c’est-à-dire à l’expression de mon Maître secret, ou Moi profond, j’agirai dans le sens du bien, sans état d’âme, en jouant le jeu de la franchise, de la gaieté et de l’optimisme, pour avoir des collègues motivés. Le travail, base et fondement pour se rendre utile, sera considéré comme une joie et un plaisir et non comme une corvée et une contrainte.

    Les repas sont des éléments qui me préoccupent trop actuellement : c’est pourquoi je définirai un programme alimentaire qui fasse en sorte que l’alimentation saine ne constitue plus une préoccupation quotidienne excessive, mais une bonne habitude facilement mise en oeuvre. La base de ce programme est essentiellement le végétarisme, avec beaucoup de crudités et des soupes, en évitant de mélanger lors du même repas certains aliments, en ne prenant pas de trop grande quantité et en buvant au moins un litre et demi d’eau par jour. Un tel régime alimentaire n’a aucun caractère de supériorité par rapport à d’autres régimes, mais il permet surtout de restaurer et de préserver la bonne santé.

    J’éviterai l’absorption d’alcool et jeûnerai au moins une fois par semaine. J’ai toujours, de manière chronique, mes problèmes de santé : une urine très piquante, évacuée fréquemment avec peu de pression, ce qui m’oblige à uriner en poussant fortement, assis sur la cuvette. Il en résulte également un anus irrité, enflammé et boutonneux, avec de légers saignements.

     

    MERCREDI 15 AOUT 1973

    Je suis à la croisée de deux chemins, d’une part la voie de la vérité et d’autre part la voie de l’erreur. Prendre la voie de l’erreur me conduit à vivre selon la loi des phénomènes comme servir l’argent, le sexe et la puissance. L’autre voie, celle de la réalité et de la recherche du Soi vise à servir l’homme et la Vie.

     

    LUNDI 27 AOUT 1973

    J’ai quatre enfants formidables et je leur apporterai le maximum d’amour, en prenant des dispositions tenant compte du caractère de chacun afin qu’ils étudient bien et débouchent sur de bons métiers.

    Ma sexualité débridée et mal vécue agit sans aucun doute sur mes relations sociales quotidiennes : ce comportement déplorable consiste à me masturber fréquemment en faisant référence à des fantasmes variés rattachés à des images de viols et de violences sado-masochistes à l’égard de divers partenaires, enfants et adultes.

    Dans un moment de solitude, je songe aux nombreux événements vécus par le passé, alors que j’étais « absent » de moi-même : il me semble les avoir vécus en observateur curieux et non en acteur vraiment concerné et affecté. J’étais alors trop renfermé dans ma coquille.

     

    LUNDI 3 SEPTEMBRE 1973

    Afin de disposer d’une âme saine dans un corps sain et un corps sain qui rende de plus grands services à l’âme, je pratiquerai un sport.

    Une alimentation plus saine, sans qu’elle ne devienne une obsession, contribue également à la progression sur le chemin : cependant ne pas oublier que ce qui compte le plus, ce n’est pas ce qui entre dans ma bouche, mais ce qui en sort.

     

    SAMEDI 8 SEPTEMBRE 1973

    La nuit passée ai-je été en contact avec mon père décédé ? Où qu’il se trouve, qu’il sache que je l’aime ! Reviendra-t-il sur la Terre de mon vivant et le reverrai-je sous une autre forme humaine ?

     

    DIMANCHE 23 SEPTEMBRE 1973

    Le temps qui passe peut être conçu de deux manières différentes :

    – ou bien à la façon de Pythagore : dans ce cas, seul l’Un est et le temps est cyclique et répétitif. La diversité et la continuité proviennent de la division de l’Un qui devient d’abord deux, puis trois, puis quatre, etc. à la manière de la scissiparité de l’œuf dans le ventre de la mère, sans que l’Un ne disparaisse jamais.

    – ou bien à la façon « moderne » : dans ce cas, le temps est conçu comme une suite linéaire et cumulative d’instants qui se succèdent entre deux infinis : un suivi de deux, puis de trois, etc.  à la manière des grains de sable comptés sur la plage. Alors, c’est le mirage de la multitude.

    Qui aime, ne doit pas juger : Maître intérieur, protège-moi de moi-même et aide-moi à sublimer l’« amour physique », l’éros ! Que la tentation sous formes de pensées, de paroles et même d’actes me soit épargnée ou surmontée avec Ton secours !

     

    LUNDI 8 OCTOBRE 1973

    Seigneur Dieu, donne-moi la force de réaliser l’œuvre !

     

    SAMEDI 2 FEVRIER 1974

    Je respecterai plus mon corps et ne mangerai plus de viande, ni boirai plus d’alcool.

     

    DIMANCHE 3 FEVRIER 1974

    Ne pas avoir fait de bilan annuel pour l’année 1973 vers la période de Noël, indique le peu d’empressement, de rigueur et de constance dont j’ai fait preuve au cours de l’année passée pour pratiquer les exercices de concentration et de rétrospection.

    Ce qui constitue une régression sur le chemin est que je bois encore trop souvent de l’alcool et que je mange de la viande avec délectation. De plus par des pensées obscènes et confuses, je ne respecte pas mon propre corps pour en faire un véritable temple.

    Toutes les choses matérielles et immédiates prennent trop de place et empêchent l’apparition de mon Maître intérieur. Seigneur Dieu, fais que cette année soit plus positive et que je progresse avec plus de constance sur le chemin spirituel.

     

    MARDI 23 AVRIL 1974

    Tout travail sera considéré comme une prière.

    Mes enfants sont mon bien le plus précieux.

    Je ferai encore des efforts pour me débarrasser enfin de cette sexualité impure, l’onanisme.

    Je m’attache encore de trop à beaucoup de choses, idées ou objets matériels, et je dois « lâcher prise » : cela se manifeste pleinement quand je suis seul et que je ressens intérieurement un grand vide ; tout en jouant encore mieux la comédie de la vie quotidienne, je vivrai pour le seul Amour divin, D.I.E.U., Dimension Infinie et Eternelle de l’Univers.

     

    LUNDI 24 JUIN 1974

    Mes problèmes de santé se rappellent douloureusement à mon souvenir : j’ai une rechute gravissime d’une urétrite et depuis samedi dernier je n’ai pas été à la selle, n’ayant ingurgité depuis cette date qu’un grand verre de deux citrons pressés délayés dans de l’eau.

    Je vais à la selle aujourd’hui, vers vingt et une heures : du point de vue de l’urine, il s’écoule d’abord un bouchon sec, brun clair malodorant et enfin une urine abondante accompagnée de pets nombreux et tonitruants. Ces ennuis de santé méritent réflexion : ma vie trop sédentaire conduit le bol alimentaire à stagner trop longtemps dans l’estomac et les intestins, infectant la flore intestinale. C’est là mon point faible, provoqué et aggravé par le stress.

     

    MARDI 30 JUILLET 1974

    Ma santé se dégrade encore : je ne vais pas à la selle depuis samedi matin, soit depuis plus de trois jours. Je jeûne depuis dimanche, ayant rompu le jeûne lundi, puis l’ayant repris aujourd’hui.

     

    DIMANCHE 25 AOUT 1974

    Seigneur Dieu, Dieu qui a mis en œuvre le Cosmique, Celui qui est, le Seul, adoré de tous les peuples par le passé, dans le présent et pour le futur, je suis véritablement indigne de paraître devant Toi, et pourtant, où me cacherai-je ? Mon Maître, le seul Maître qui est en moi, n’as-Tu pas honte de moi ? Que je suis faible et plaintif : je Te prie et Te supplie, aide-moi !

    Que de fois, j’ai fait le sacrilège de mon corps, le salissant par l’onanisme et l’évocation d’images obscènes ! J’imagine des partenaires esclaves, dont j’abuse du corps et de l’âme, je me vois, habillé en femme ou abusant d’enfants. Si l’on est ce que l’on pense, alors que suis-je ? Ces intentions ne sont-elles pas aussi coupables que les actes eux-mêmes ? Mes désirs sexuels sont insensés. J’abandonnerai ces pensées fautives, lutterai contre elles et me purifierai par le sport, une nourriture saine et le jeûne.

    O mon Maître, comment T’accueillir dans mon temple si celui-ci n’est pas purifié ? Dieu se tiendra loin de moi, tant que je n’aurai pas, malgré tous mes vœux, apporté une solution à ces manquements. Seule une règle, la règle de vie rosicrucienne, corrigera ces imperfections. Que Dieu, Dieu de toutes les religions, m’aide à obtenir un œil pur, une oreille pure et des pensées pures, loin de ce monde infernal.

    Le travail me permet aussi de recentrer le mental, travail profane, travail du laboratoire et travail de l’oratoire.

    Cependant, malgré mes désirs saints de demeurer sur le chemin spirituel, j’éprouve encore beaucoup de peur : c’est une peur lamentable, irrationnelle et éprouvante qui indique encore à quel point je n’ai pas renoncé à moi-même et qu’il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Toutes ces craintes que je peux avoir me jugent et elles démontrent que la place n’est pas disponible et que je ne suis pas prêt à T’accueillir, Ô Maître !

    Depuis le 22 août, je suis loin de ma famille et paradoxalement cette distance les rapproche encore plus de moi : que je les aime donc tous ! L’épouse et les enfants font partie des leçons de la vie et l’amour des êtres chers, biens les plus précieux, contribue à bannir toute crainte. Il en est de même de l’amour du prochain.

    Mais ma parole ne pèse pas grand-chose : voilà de longs mois que je clame « Ne plus regarder la télévision, ou le moins possible ! ». Et pourtant que la tentation est grande pour regarder n’importe quelle sottise. Je m’isolerai dans mon sanctum, et montrerai le bon exemple.

    Il faut que je meure à toutes ces images de mort et que je ressuscite à Dieu. Sinon, parmi tous ces manquements aux engagements pris, comment m’étonner alors que je sois puni dans mon corps, par l’attrait de la bonne chair, des vains plaisirs de la bouche et des boissons alcooliques ? J’éviterai la désespérance et pour cela, je prendrai modèle sur mon activité de course. Quand je cours, à un moment donné, après un effort important, je me décourage, et ce sentiment moral se répercute sur le plan physique. Alors je me sens las, et je cesse tout effort, cassé dans mon élan. Sauf lorsque je donne tort à mon « petit je », que je le raisonne et que je reprenne le dessus. Il suffit d’un rien pour que le pessimisme soit vaincu et que je reparte de plus belle.

    Comment aider à la purification de la terre, si moi-même je ne change pas ? Que Dieu est bon pour me pardonner sans cesse !

    Mon Dieu, remplis mon cœur de joie ! Fais-moi humble parmi les humbles ! Et si pour ce faire, je passe par la souffrance, qu’il en soit ainsi !

     

    LUNDI 26 AOUT 1974

    Seigneur Dieu, je te remercie pour la nouvelle journée que je vais entamer ! Fais qu’elle me soit le plus profitable possible pour apprendre de nouvelles leçons et donne-moi l’opportunité et le courage d’aider et d’aimer autrui. Merci !

     

    MARDI 27 AOUT 1974

    Je n’ai aucune « expérience » concrète de l’âme : pour moi son existence repose sur une croyance et une exigence morale qui m’aide à vivre. C’est une croyance vitale, la poignée qui sert à tenir le couteau, le corps.

    La source des maladies est la distorsion et la disharmonie entre le corps et l’âme.

    Je me réconcilierai avec mes proches, mon passé et je n’aurai pas de regrets : ce qui est fait, est fait.

    J’en finirai avec ma sexualité vulgaire, l’onanisme. Peut-on pêcher « un peu » ? Il m’apparaît difficile, sinon impossible de supprimer immédiatement et complètement toute sexualité, y compris l’onanisme. Mais puis-je pratiquer cela dans des « conditions acceptables », c’est-à-dire conformes à mes engagements ? Cela signifie, par exemple en excluant lors des séances d’onanisme les « pensées mauvaises » comme les imaginations relatives aux violences causées à des enfants, les actes d’homosexualité pédophile ou la transformation des partenaires en esclaves dociles et consentants ? Cela voudrait dire que je continue de pratiquer ces obscénités dans des conditions acceptables en mettant en œuvre de « bons » fantasmes normés, c’est-à-dire avec des images de femmes consentantes et matures.

    Non, vraiment, quel renoncement et quelle honte ! Il n’est vraiment pas possible de cette façon de préparer mon corps à devenir le vase pur  pour accueillir le Maître, car le seul amour digne est l’amour des âmes : je poursuivrai donc mon combat contre toutes formes de sexualité dévoyées sans chercher de compromis acceptable.

     

    SAMEDI 31 AOUT 1974

    Seigneur Dieu, aie pitié de mon frère aîné Paul, qui est bien malade et fais qu’il guérisse ! Que des vibrations positives d’amour parcourent tout son corps de haut en bas ! Pardonne-lui, qu’il y ait rémission et ouvre lui les yeux ! Il m’a aidé à être pur et je lui dois de beaux moments. Dieu, gratifie-le de ce bien qu’il m’a accordé !

    L’œuvre sera-t-elle d’abord spirituelle ? Par la lutte et à petits pas, j’entrerai dans le monde des esprits, quitterai le monde illusoire des effets et accéderai derrière le miroir, dans le monde des causes. Il ne s’agit pas de m’abstraire de ce monde matériel, c’est-à-dire de devenir abstrait, mais au contraire, de devenir concret, pierre philosophale parmi les pierres philosophales, afin d’accueillir le Seul Qui Est. Donne-moi la force, Seigneur, d’effectuer ce passage d’un monde à l’autre, de quitter la région chimique du monde physique pour pénétrer le Monde du Désir ! Lors de l’Ere de Jupiter, ce monde physique sera occupé par les animaux, nos frères inférieurs qui auront aussi évolués vers un stade plus « humain ».

     

    LUNDI 9 SEPTEMBRE 1974

    Politiquement, on distingue la « gauche » et la « droite ». Socialement, il y a deux et seulement deux écoles.

    Selon la première école, c’est parce qu’il existe des gens riches que les gens pauvres peuvent vivre. Le luxe est important car il crée une forte domesticité qui peut en vivre. Ce point de vue est celui de Voltaire, du libéralisme, du capitalisme et de l’impérialisme.

    Selon la seconde école, plus les uns seront riches, plus les autres seront pauvres car il n’y a qu’un seul gâteau mal partagé : il convient donc de supprimer la propriété privée pour instaurer plus de justice. C’est le point de vue de Rousseau, du socialisme du communisme et du cosmopolitisme.

    En cas de décès, je souhaite être incinéré : que la Terre soit réservée aux vivants !

    Je vivrai le moment présent, attendant l’instant suivant en sachant accueillir l’inconnu, et en me préparant à mourir, et ceci avec la souffrance en plus. Chaque soir avant de m’endormir, je dis adieu à mon corps, bon et fidèle serviteur.

     

    LUNDI 30 SEPTEMBRE 1974

    J’ai toujours ces mauvaises pensées suivies de passage à l’acte d’une sexualité masturbatoire : cela contribue, dans la vie quotidienne diurne à fausser mes relations sociales avec autrui. Le péché est dans l’œil. Je sublimerai cette force mal employée et l’utiliserai pour servir un idéal.

     

    LUNDI 7 OCTOBRE 1974

    La mort est la seule certitude.

     

    JEUDI 10 AVRIL 1975

    Mon corps physique me fait souffrir et me gêne pour m’élancer vers l’ailleurs, dans l’autre monde.

    La tentation sexuelle est toujours là, très forte : à tout moment, je tombe dans le précipice du péché, aspiré et sans véritablement de résistance de ma part. Un signe, un geste de l’autre côté, et voilà la chute. Est-ce cela la « Nuit Obscure » ?

     

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