• Le Récit (suite)

    Un principe n’a de valeur que s’il peut être employé à tout instant de la journée sous forme d’un acte qui forge le caractère, sachant que le caractère « est » la destinée. Pour arriver à la destinée désirée, il est essentiel que je commence par l’édification correcte et l’usage juste de mes pensées.

     

    DIMANCHE 18 MAI 1975

    Un principe n’a de valeur que s’il peut être employé à tout instant de la journée sous forme d’un acte qui forge le caractère, sachant que le caractère « est » la destinée. Pour arriver à la destinée désirée, il est essentiel que je commence par l’édification correcte et l’usage juste de mes pensées. Mes lendemains dépendent de la foi, de l’espoir et de l’amour que je vis aujourd’hui. La pratique est essentielle et seule la réalité présente compte. Que j’ai de difficultés pour tenir mes engagements comme ne plus boire d’alcool, ne plus manger de viande, regarder moins la télévision et faire un peu de sport !

     

    DIMANCHE 22 JUIN 1975

    J’ai bu de l’alcool plus que de raison, mangé de la viande et pratiqué l’onanisme : mon Dieu, je Te demande pardon pour mon comportement toujours aussi indigne par rapport à ce que je recherche ! Donne-moi la force de suivre la voie spirituelle !

     

    DIMANCHE 6 JUILLET 1975

    Voila de nombreuses années que j’essaie de mettre en pratique quelques principes simples et je les répète sans arrêt, semble-t-il, en vain. Je passerai à une phase plus active et trancherai sur des choix définitifs de comportement. Une bonne préparation est indispensable pour garantir le succès de l’entreprise. Pour réussir à me transformer, j’accepterai de m’auto discipliner avec la plus grande fermeté, apprenant et mettant en pratique les règles de l’évolution spirituelle. Tels sont les moyens pour parvenir à la réussite.

     

    LUNDI 7 JUILLET 1975

    J’ai encore une fois mangé mal, en trop grande quantité.

     

    MARDI 22 JUILLET 1975

    J’ai suivi des cours de religion catholique à l’école primaire passant par les diverses étapes telles la petite communion, la confirmation et la communion solennelle, ainsi que des cours de morale. Je me rappelle vaguement une présentation édifiante par l’institutrice des vies de Jeanne d’Arc et d’Hélène Boucher, aviatrice. Un jour le prêtre qui donnait les cours de religion a présenté la fonction d’enfant de chœur, et sur sa proposition, je me suis orienté vers cette activité que j’ai exercée jusqu’à la communion solennelle.

    Pendant cette période, j’avais peu de sympathie pour le clergé et la hiérarchie ecclésiastique, mais beaucoup d’attirance pour les saints, notamment les saints du XIX° siècle, dont le curé d’Ars et don Bosco. J’ai aussi cherché longtemps à mieux connaître Jésus-Christ.

    Mais à la fin de l’adolescence, je suis devenu athée et matérialiste par rejet de toute autorité, notamment celle de l’Eglise, me construisant une conception du monde qui ne laisse aucune place à la religion.

    Puis de 1966 à 1968, il y a un revirement et je me suis alors tourné vers le mysticisme.

     

    VENDREDI 25 JUILLET 1975

    Il est difficile de parvenir à maîtriser le corps physique : le jeûne, même pendant une seule journée, me pèse énormément. Je perds beaucoup de temps et je gaspille beaucoup d’énergie à susciter des imaginations pseudo- érotiques.

     

    SAMEDI 26 JUILLET 1975

    Je vis avec trop de frénésie sur le plan physique, voulant accumuler très vite de l’expérience, des livres, des voyages, etc. C’est un appétit d’ogre, qui conduit inévitablement à l’échec. Qu’il est riche, celui qui a peu de désirs et qu’il est pauvre celui qui a de nombreux désirs ! Je réfrénerai mes désirs et ne m’occuperai plus des résultats de mes actions, qui appartiennent à Dieu.

     

    MARDI 29 JUILLET 1975

    Dieu, que Ta volonté soit faite !

     

    VENDREDI 8 AOUT 1975

    Merci, Seigneur Dieu pour la journée complémentaire que Tu me donnes ! Fais de mon corps Ton temple.

    Au travail, il y a trop de cancans, et moi-même, je parle de trop, à tort et à travers, ce qui me distrait de l’essentiel.

    Seigneur Dieu, fais que je me contente de ce que j’ai et que je ne me donne aucune importance !

     

    DIMANCHE 24 AOUT 1975

    J’ai toujours le même défaut de mon côté, l’onanisme, et je vaincrai ce vice, sinon je ne progresserai pas plus loin sur le chemin spirituel.

    Je vis actuellement une période de solitude, loin de ma famille : seul, sans famille, quelle misère psychologique !

     

    MERCREDI 27 AOUT 1975

    Seigneur de mon cœur, Dieu de ma compréhension, apprends-moi les vertus de l’humilité, de la patience et de la prudence. Rends-moi humble et aide-moi à combattre la prétention et l’orgueil. Merci, mon Dieu !

     

    JEUDI 18 DECEMBRE 1975

    Je ferai l’effort d’être plus serviable et plus aimable envers mon entourage.

    Mon nouveau thème de concentration pour effectuer l’exercice du matin est le prologue de l’évangile de saint Jean :

    1-Au commencement, le Logos.

    Le Logos est vers Dieu.

    Le Logos est Dieu.

    2-Il est au commencement avec Dieu.

    3-Tout existe par Lui.

    Sans Lui, rien.

    4-De tout être, Il est la vie

    La vie est la Lumière des hommes.

    5-La Lumière luit dans les ténèbres,

    Les ténèbres ne peuvent l’atteindre.

     

    MERCRDI 31 DECEMBRE 1975

    Je distingue trois étapes dans la vie spirituelle :

    – De 0 à 21 ans, c’est l’apprentissage et l’importance de la croissance. Pour moi, cette première étape allait plutôt de 1915 à 1945, et elle a duré donc trente années.

    – De 21 à 42 ans, c’est le compagnonnage et l’importance de la vie sociale, dont la famille, l’épouse, les enfants, et le travail. Pour moi, cette seconde étape va de 1945 à 1971, soit vingt-six ans.

    – De 42 à 63 ans, c’est la maturité et la maîtrise de soi. Pour moi, cette troisième étape a commencé en 1971, soit à cinquante six ans. C’est alors la récolte de la moisson.

    Sur mon lieu de travail, je ferai preuve de plus de rigueur, et m’intéresserai à l’activité de mes collègues, afin de mieux connaître leurs difficultés et mieux les aider.

    Quel est mon but ? C’est de progresser moi-même et de faire progresser ceux qui m’entourent sur le sentier : les fioritures et les tricheries sont donc inutiles et n’ont pas leur place dans ce cheminement. Toute critique est bonne à prendre : qu’elle me soit favorable ou non, j’en ferai mon bénéfice. Seul compte l’effort d’avancer.

    Le matin j’effectue l’exercice de concentration en me concentrant soit sur la vie de Jésus, soit sur le prologue de l’évangile de Saint-Jean.

    Le soir j’effectue l’exercice de rétrospection de la journée passée.

     

    VENDREDI 23 JUILLET 1976

    Tout ce qui m’arrive est bien car la vie est belle. Que Dieu prenne soin de ma santé ! Moi-même, je prendrai soin de mes frères, tous mes frères, frères aînés et frères inférieurs compris.

     

    LUNDI 2 AOUT 1976

    J’accepte ce qui est et vivrai la vie, faisant tout le bien que je puisse faire sans m’interroger sur le pourquoi et agissant sans penser aux conséquences de mes actes.

    Mon corps deviendra un temple vivant du Moi supérieur. Tout mon travail sera fait pour le service du Moi supérieur, placé résolument sous l’angle de celui-ce, en inclinant devant lui le moi inférieur.

    J’arrive à maintenir des conditions supérieures, et j’ai remporté une victoire sur la sexualité et notamment l’onanisme : Dieu, fais que cela tienne sur la longueur du temps !

    J’éprouve des craintes absurdes à propos de ma mort : cela signifie que j’ai encore un fort attachement à la forme et à la personnalité, alors que tout cela est futile et disparaîtra. Pourquoi être inquiet ? Où étais-je avant la naissance ? Dieu ne prendra-t-il pas soin de ceux que je laisse derrière moi si je meurs ?

     

    DIMANCHE 8 AOUT 1976

    J’apprendrai à effectuer les deux exercices du matin et du soir avec moins d’automatisme et je les réaliserai pour obtenir le bon résultat et ne pas me contenter de mettre une croix sur le rapport après avoir exécuté ceux-ci avec légèreté et désinvolture.

    J’ai des progrès à faire et la situation est peu satisfaisante : je me placerai résolument au niveau du Moi supérieur, même dans les tâches quotidiennes les plus modestes et les plus insignifiantes.

     

    JEUDI 19 AOUT 1976

    Puisse le Cosmique, chaque jour, me donner santé, force et courage, pour œuvrer, en ce monde, pour la paix profonde, dans la justice et la vérité !

     

    DIMANCHE 5 SEPTEMBRE 1976

    Je remercie mon Instructeur intérieur de m’avoir aidé à supprimer un empêchement important pour progresser sur le sentier mystique, qui me perturbe depuis le début de mon adolescence, l’onanisme.

    Par ailleurs, je parviens de mieux en mieux à maîtriser la nourriture physique en considérant celle-ci comme un médicament répondant à un besoin et à une maladie, la faim, et non plus comme un objet de satisfaction et de plaisir.

    J’effectuerai à l’avenir les exercices spirituels avec plus de profondeur et d’attention.

    Egalement, je me consacrerai davantage à mes devoirs familiaux et professionnels.

     

    LUNDI 6 DECEMBRE 1976

    J’ai bu de l’alcool et mangé de la viande à plusieurs reprises, ce qui contrarie mes engagements.

    J’ai bien du mal à poursuivre convenablement l’exercice du soir : soit je suis trop fatigué, et je m’endors avant la fin de l’exercice, soit je manque d’intérêt et d’attention.

    Je suis trop rancunier et je me débarrasserai de toutes les envies et aigreurs qui perturbent mon désir de bien faire.

     

    LUNDI 31 JANVIER 1977

    Le matin, avant le réveil, je ne laisserai pas s’obstruer les issues et ferai mon exercice avant d’avoir recouvré la pleine conscience diurne.

     

    LUNDI 7 FEVRIER 1977

    En 1976, j’ai essayé de m’appliquer pour faire les exercices du matin et du soir, mais souvent cela a été fait de manière superficielle. Ce qui m’a perturbé, c’est le décès cruel de mon frère aîné physique, Paul, le 21 septembre 1976, qui a rejoint la Maison du Père.

    En mémoire de cet être-chair, que j’ai vu partir à petit feu, j’ai composé le poème en vers libres suivant :

    « CORPS ET AME.

    Le yin aime bien le yang et le yang le lui rend bien : c’est là le tao !

    L’âme dit au corps :

    « Moi qui t’avais connu si fort et si vivant, voilà que tu t’écroules. Etendu, cadavérique, tu luttes sans répit contre le chagrin et je cherche dans tes yeux ce que tu penses, ce que tu souffres. »

    Et le corps répond :

    « L’hiver rude et la glace enveloppaient les cœurs. Puis le renouveau : tout semblait pour le mieux. Voletaient les papillons, fleurissaient les couleurs. D’abord l’étonnement, ensuite l’ébranlement. Pourquoi me tient-on à l’écart ? Suis-je encore un enfant ? Savais-tu que tu allais vers ta fin ? Mots durs, maux douloureux, instants tragiques ! Et nous avions prophétisé la fin ; et maintenant qu’elle frappe à la porte, que faire, où aller, que dire ? »

    Le yin, tendre et léger comme une femme, le yang, dur et froid comme un tombeau, est-ce bien là le tao ?

    L’âme dit au corps :

    « Misérable, te croyais-tu éternel ? Sachant que tu devais mourir, que laisses-tu derrière toi ? Non, ton destin n’intéresse personne ! Sommes-nous prisonniers de chaînes forgées par nous-mêmes ? Ton image s’étale partout, sur les murs et dans les journaux, et s’étale d’autant plus que le plaisir que tu offres est absent de la vie quotidienne ! Ton spectacle développe envie et jalousie et l’amour est un désert ! »

    Et le corps répond :

    « O scandale et mensonges ! C’est toi qui étouffes mes désirs, et tu joues la comédie. Nous autres les vivants, nous t’avons vu partir, lentement, goutte à goutte, et nul n’a pu te secourir ! Tu me considères comme ton ennemi, comme un mauvais coucheur, un allié douteux, qui décroche au dernier moment, et qu’il faut dresser, morceau par morceau. Tu enseignes le mépris de la chair : « Tu ne toucheras pas ton corps ! ». Mépris de soi, peur de soi, haine de soi : maladie ! Tu vis loin de moi et pourtant ton bonheur est le mien. »

    Le yin souffre et le yang espère : qu’as-tu fait du tao ?

    L’âme dit au corps :

    « Débordements, tu recherches ce qui est bestial, animal. Dehors, ailleurs, la vie continue : qui s’intéresse à ce mourant ? Et tu montres ton cadavre décharné : « Regardez, que suis-je encore ? Qu’a-t-on fait de moi ? ». Etranger à toi-même, rebelle ! Qu’il est difficile d’aimer avec toi ! Plus le temps d’aimer ! L’argent achète tout : en avoir ou ne pas en avoir, là est la question ! Reviens à toi, ce n’est qu’une mauvaise passe ! »

    Et le corps répond :

    « Moi qui joue au héros, ô que cela va vite ! Et nous voilà désemparés devant ce lit vide ; quel fut ton dernier soupir ? Nous ne savons plus que faire ! Es-tu là encore ? Nous as-tu quittés ? Est-ce toi, ce regard froid et sec que j’ose à peine effleurer ? Que tu es dur ! »

    Et l’âme de répliquer :

    « Que tu es mou ! Et la vie continue sa course folle ! Suis-je coupable de ta mort ? Aurais-je pu te retenir ? Qu’il m’est pénible de voir fermer ce couvercle, à jamais ! ».

    Et le corps flasque et silencieux, et l’âme absente, et le yin et le yang ont mangé le tao. »

    Pour l’année en cours, que les frères aînés me donnent leur appui pour mieux réaliser les exercices du matin (concentration sur le prologue de l’évangile de Saint-Jean) et du soir (rétrospection de la journée passée), pour mieux respecter mon corps physique, temple de Dieu le Père, et pour mettre en œuvre l’amour de mes frères humains afin de les mieux servir.

    Que les frères aînés m’aident aussi à faire le choix d’une voie qui soit la mienne ! J’ai besoin d’une vertu essentielle, la persévérance.

    Autour de moi tout m’entretient du Maître Jésus-Christ et de l’Amour universel.

     

    MARDI 1° MARS 1977

    Chacun reçoit exactement ce qu’il mérite.

    Professionnellement, je m’intéresserai plus aux détails de ma tâche quotidienne, circonscrivant le détail et l’exécutant à la perfection. Pour moi, dans ma destinée, c’est cela servir l’homme, l’humanité, le prochain. J’obéirai et me donnerai moi-même : c’est cela servir Dieu.

    Ma santé est chancelante : ma tête me tourne, j’ai le tournis et une sorte d’ivresse. Que Dieu fasse selon Sa volonté ! Le sort en est jeté : ne porte-t-on pas, depuis la naissance, le germe de sa mort ?

    La nuit essentiellement, je progresserai dans les choses importantes et prendrai à cœur les exercices du matin et du soir.

     

    LUNDI 4 AVRIL 1977

    Sans cesse, je rechute de nouveau dans les plaies que sont l’onanisme et les pensées sexuelles néfastes, car il y a trop de tentations autour de moi. S’y ajoutent de plus l’abus d’alcool, la consommation de viande et de café. N’est-ce pas un manque de volonté ? Je suis triste, abattu et fatigué et je fais un effort sur moi-même pour vaincre cette lassitude. De l’action et du courage, voilà ce qu’il me faut.

     

    SAMEDI 30 JUILLET 1977

    Voilà longtemps déjà que j’écris divers préceptes dans mon journal intime : ils correspondent à des intentions que je ne m’applique pas toujours à mettre en œuvres avec toute la ferveur souhaitée. Je passerai à l’action avec vigueur.

    Dans mes relations avec les autres interfèrent encore trop souvent des pensées sexuelles : cela est vain et puéril et empêche ces relations d’être saines et authentiques. Sur le plan individuel, j’ai une sexualité débridée, faisant preuve de désirs pervers attachés à l’onanisme : c’est de l’enfantillage, qui au lieu de me libérer, en réalité déforme et rend difforme mes relations avec autrui. Cette pratique répétitive et névrotique ne renvoie- t-elle pas à une vie antérieure, où j’aurais fait actes d’homophilie et de pédérastie ? Lorsque ces désirs m’assaillent, je n’y sacrifierai pas, mais m’adonnerai à un travail pratique, à un moment de sport ou à une lecture inspirante, comme « L’imitation de Jésus-Christ ». 

    En matière d’alimentation, j’ai mangé de la viande et le soir j’ai mangé en trop grande quantité, presque un double repas. Je jeûnerai au moins une fois par semaine et me purgerai par des lavages anaux aussi souvent que possible.

    Je ne suis pas assez attentif à l’égard de mon épouse et de mes enfants : je les aimerai plus et mieux, ferai avec eux des activités et des sorties.

    Dans mon milieu professionnel, je suis trop tendu, je cherche des complications, alors que je devrais être simple, aller au devant des collègues et des clients. Je m’énerve, me crispe et monte immédiatement au front : c’est la guerre, sans discussion aucune, alors que je devrais être calme et apaisant.

     

    DIMANCHE 31 JUILLET 1977

    Le monde a plus besoin de gens qui agissent que de gens qui rêvent, c’est pourquoi je me plaindrai moins, me pencherai moins sur moi-même, en ayant aussi moins peur. J’agirai et servirai, en allant au-devant des autres.

    J’aiderai plus mon épouse dans les tâches ménagères et serai plus le père de mes enfants.

    La télévision tient encore une trop grande place.

    La mort peut arriver inopinément, de manière pour ainsi dire inaperçue, quand Dieu décide d’appuyer sur l’interrupteur, et il convient donc d’être toujours prêt à cette échéance. C’est un appel brusque et net pour lequel je n’ai pas le temps de me préparer : cela ne vaut vraiment pas la peine d’y songer constamment, car alors j’oublie de vivre.

     

    VENDREDI 5 AOUT 1977

    Me rendre serviable constitue un effort parfois insurmontable, ne serait-ce qu’à l’égard de mes plus proches voisins. J’ai compris ce mois-ci, par mon comportement exécrable, quelle est l’origine de toute guerre : la colère non fondée exprimée à l’égard d’autrui.

    J’exécute les deux exercices du matin et du soir avec insuffisamment de rigueur, de manière trop tiède et pas assez concentrée. Par ailleurs, des activités contrarient encore mon engagement : la consommation d’alcool et de viande et la pratique de l’onanisme.

     

    SAMEDI 27 AOUT 1977

    L’évolution spirituelle, dans « L’imitation de Jésus-Christ » se déroule en trois étapes : la vie purificative, la vie contemplative et la vie unitive. Ces étapes sont ponctuées de trois morts : la mort dans la « maison », la mort sur le sentier et la mort au bout du chemin. Ce sont les étapes d’apprenti, de compagnon et de maître. Suis-je à l’orée de la troisième journée ?

     

    LUNDI 29 AOUT 1977

    Peu importe où je me trouve situé sur l’échelle de l’évolution, l’important est de ne pas me décourager.

    Samedi dernier j’ai encore une fois bu de l’alcool et mangé de la viande. Cela est contraire à mon objectif et je reviendrai résolument à ma promesse.

     

    DIMANCHE 30 OCTOBRE 1977

    Aujourd’hui, j’ai de nouveau bu de l’alcool et mangé de la viande, ce qui contrevient à mon engagement. Quelle erreur !

     

    LUNDI 7 NOVEMBRE 1977

    Etre toujours préparé à un décès, y compris ma propre mort est la bonne conception de la vie. Aimer les autres et envoyer toujours des pensées positives. Si cela n’est pas possible au moins ne détester personne et ne pas vouloir le mal.

     

    DIMANCHE 25 DECEMBRE 1977

    Mes pires ennemis ne sont pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de moi-même : ce sont l’égocentrisme et l’impatience.

    La crainte est un obstacle majeur à l’avancement : ne pas avoir peur et gagner dans la paix.

     

    MERCREDI 28 DECEMBRE 1977

    Bilan de l’année 1977.

    En poursuivant mon chemin, j’ai compris, de manière pratique, quel est l'objectif : c’est la disparition du « petit moi », et sa fusion avec le Soi. J’ai une situation – familiale, professionnelle –, un caractère, de l’argent, des biens, une identité, etc. Je ferai abstraction de tout cela pour aller vers l’essentiel, l’éternel en moi-même : mon âme divine, mon Maître. Une fois que j’ai bien compris – c’est-à-dire que je vis cela – « mon » corps, « mon » véhicule », « mes » biens, « mon » identité deviennent accessoires : ce ne sont que des moyens indispensables visant à servir l’humanité, celle-ci étant représentée par les membres de ma famille, ceux qui m’entourent, mais aussi les autres, tous les autres. Que l’Instructeur me vienne en aide, pour que je ne lâche pas prise sur l’essentiel. Je serai un bon gérant des biens mis à ma disposition pour atteindre le but.

     

    MARDI 3 JANVIER 1978

    Je me prépare pour transiter « consciemment » pour la seconde fois. En effet, je suis « mort » à moi-même une première fois lors de mes vingt ans : j’avais alors « décidé » que les années que je vivrais en plus, au-delà de mes vingt ans, seraient « données » et « gratuites » et donc légères. Je vais procéder pour moi-même à l’image de mon frère aîné Paul, qui a eu un malaise provoqué par un anévrisme, le 21 septembre 1976, à 16 heures 30. Il marchait dans les rues de Metz, aux environs de la cathédrale, il est tombé, les sapeurs-pompiers ont essayé de le réanimer, en vain, et il est mort une heure après.

    Il est 16 heures 30 et je vais mourir pour la seconde fois. Fin de ma vie. Qu’est- ce que j’emporte, qu’est-ce que je laisse derrière moi ?

    Tout se passe à l’intérieur et ce sont là les plus belles aventures. C’est aussi la fin d’une étape : je peux faire le bilan et considérer où j’en suis arrivé. Première mort : en 1935, à vingt ans, deuxième mort : 1978 à soixante -deux ans.

    Voilà dix ans, en 1968, que j’ai rencontré pour la première fois le rosicrucianisme : quels sont les efforts consentis et quels sont les progrès accomplis ? Le fait d’être sur le sentier est déjà en soi un bonheur !

    Mais j’ai toujours des tentations fortes en matière d’alcoolisme, et des pensées malsaines en matière de sexualité et d’onanisme.

     

    MERCREDI 4 JANVIER 1978

    L’ancien et le nouveau ne peuvent coexister : pour que naisse ce qui est neuf, il faut « mourir » à l’ancien et au connu. Il est bon de se débarrasser des séquelles du passé, de tout ce qui est figé et moribond : ce sont là des fardeaux inutiles qui retardent ma marche en avant. Je ne serai pas effrayé par cette mort, car mourir à chaque instant, c’est aussi se renouveler à chaque instant, s’ouvrant à ce qui naît et laissant derrière soi les vieux schémas d’existence.

    Je ne compterai que sur moi-même, car lorsque je crois à l’autorité de quelqu’un et que je m’appuie sur lui, j’affaiblis ma propre intelligence et j’empêche l’éveil du flot de ma propre sagesse intuitive. Avec une claire conscience, je fais face à n’importe quelle situation dans la vie, librement. Le piège, dans ce qui m’arrive de mal, serait la tentation d’accuser les situations extérieures ou les gens, ou n’importe quoi d’autre. Une fois pour toute, j’accepterai ma responsabilité pour ce que je suis : j’ai été construit par mon propre karma, qui sont l’ensemble des actes bons ou mauvais effectués par moi-même, passés et présents qui m’ont forgé.

     

    VENDREDI 6 JANVIER 1978

    Suite du rapport annuel 1977.

    A l’étape actuelle, je lâcherai prise et me débarrasserai de nombreux fardeaux. Pour ce faire, je n’aurai pas peur, mais j’aurai confiance. L’Instructeur me vient en aide pour cela, car je m’aperçois qu’il crée les conditions matérielles – dans mon travail, dans ma famille, dans ma vie – avec diverses tentations pour m’apprendre à lever les obstacles. A l’avenir, je me tournerai encore beaucoup plus vers le Seigneur et mettrai ma confiance en lui seul.

    J’ai perdu ma mère et mon père et, en 1976, j’ai perdu un autre être cher, mon frère Paul : voilà donc qu’au moins à deux reprises, je meurs à une partie de mon passé, et à chaque fois, les années qui me restent à vivre me sont pour ainsi dire données  «  en plus » : elles sont « gratuites », donc plus légères. Mort par deux fois à moi-même – psychologiquement – à chaque instant que je dois mourir à ce monde. Je suis dans le monde sans être du monde.

    Voilà dix ans que j’ai eu le bonheur de rencontrer sur ma route le rosicrucianisme, et depuis cette date j’ai progressé, mais le chemin à parcourir est encore long. Mon engagement est faiblement et en tout cas insuffisamment respecté.

    Concernant la nourriture, il m’arrive encore trop fréquemment de boire des boissons alcoolisées : c’est un trouble qui doit cesser. Je mange de la viande et même, parfois, je me régale de celle-ci : c’est un manquement à l’égard du respect que je dois manifester à l’égard de mes frères inférieurs.

    Malgré mes bonnes intentions d’y renoncer totalement, je passe trop de temps affalé devant la télévision : cela est tout à fait négatif, car c’est au détriment de ma vie familiale et professionnelle. Cela conduit à ingurgiter passivement des sommes d’images et d’informations trop souvent néfastes et sans aucune utilité.

    Inversement j’accorde à mon corps insuffisamment de temps d’activités sportives, ce qui me conduit à le rendre inapte à être un véhicule en bonne santé.

    Je laisse libre cours à mes passions négatives et aux « idées » sexuelles qui s’intercalent dans mes relations avec les autres, l’onanisme en particulier, pratiqué maintenant depuis longtemps : le résultat est un chaos psychique et psychologique qui constitue le plus grand obstacle pour ma progression.

    Professionnellement, des freins, tels l’endormissement et la dispersion, m’incitent à mal faire et à faire trop peu, malgré ma bonne volonté.

    Je ne prie pas suffisamment, et j’ai trop négligé les deux exercices du matin et du soir, qui m’ont pourtant déjà montré leur résultat pour arriver à me connaître mieux moi-même, à me voir tel que les autres me voient et à me maîtriser.

    En conséquence, je sollicite l’Instructeur pour qu’il m’accorde en 1978 deux faveurs :

    - 1.  Qu’il me donne de « bonnes » tentations, me permettant de progresser toujours sur la voie et ceci vers plus d’amour des autres.

    - 2.  Qu’il m’aide à effectuer les deux exercices du matin et du soir avec plus de constance afin d’atteindre la sérénité !

     

    SAMEDI 7 JANVIER 1978

    Je suis mes problèmes.

    Un travail envisagé uniquement sous l’angle du gagne-pain, je ne peux l’accomplir en donnant le meilleur de moi-même. La peur et le doute me rongent. La peur résulte de ma propension à l’attachement : elle traîne dans son sillage l’ignorance et l’anxiété.

     

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