• L’OBJECTIF ET LA METHODE DE LA FRANC-MAÇONNERIE (Deuxième partie)

    Chacun doit faire le chemin, monter et descendre, descendre et monter, jusqu’ au moment où le haut et le bas n’ont plus d’importance. L’essentiel est d’être, d’où le silence, car le fait d’être ne peut se transmettre, il doit se vivre tout simplement. Vitriol ! C’est la perpendiculaire : il faut descendre au fond de notre propre puits pour mieux revenir de nos peurs, de nos angoisses et de nos croyances. Il faut descendre en enfer, dans notre propre enfer, pour mieux revenir à notre lumière, au principe fondamental qui est au fond de nous, la Lumière éternelle, à ce qui est de toujours, et qui n’est pas de notre monde.

    La Vérité est au sommet de la montagne. Elle est également au fond du puits ; mais dans un cas comme dans l’autre, elle ne peut se dire !

    L’OBJECTIF ET LA METHODE DE LA FRANC-MAÇONNERIE (Deuxième partie)

     

    SEPT ALLEGORIES

    Je rappelle qu’une allégorie est l’expression d’une idée par une image.

    1. La bouteille : la bouteille plongée dans l’eau, alors qu’elle est fermée par un bouchon. La bouteille plongée dans l’eau, sans bouchon.

    Si vous remplissez une bouteille d’eau, vous la fermez hermétiquement par un bouchon, celle-ci a une certaine individualité par rapport au bassin d’eau dans laquelle elle est plongée. Cette individualité lui est donnée par le bouchon, bouchon qui représente l’ego, le « petit je », celui que nous utilisons dans le quotidien. Cet ego est né, s’est développé et va mourir. C’est dire que l’eau de la bouteille, à terme, va retourner à la Mer (ou Mère). L’objectif de la méthode maçonnique est de montrer que cet ego crée une rupture artificielle, et cette méthode vise à retrouver l’unité primordiale et fondamentale : nous provenons de l’eau et retournerons à l’eau, eau que nous n’avons jamais quitté.

    1. L’identification avec l’ombre de la personne. L’identification avec l’individu.

    Prenez un individu qui, au lieu de s’identifier avec la personne, s’identifie avec l’ombre de cette personne. Cette ombre suit l’individu partout, et traverse même des zones, dont les unes sont des champs de roses, et d’autres des terrains d’ordures, d’épines, et de cailloux pointus. La relation entre le « petit je », l’ego, et le Soi, ou le Moi profond est la même relation qu’entre l’ombre de cet individu, et l’individu lui-même. L’objectif de la méthode maçonnique est de montrer que l’aspect premier, ce n’est pas l’ombre, mais la personne réelle.

    1. L’objet d’argile qui s’identifie avec la forme de l’objet. L’objet d’argile qui s’identifie avec son fond d’argile.

    Imaginer un objet forgé dans une masse d’argile. Par l’illusion, l’éducation, ou l’erreur, cet objet s’identifie à sa forme : « Je suis un vase, le plus beau des vases », ajoute même cet objet quelque peu arrogant. « Je n’ai rien à voir avec tous ces autres objets ». L’individu qui est dans la Réalité, lui, se perçoit en tant que masse d’argile, qui a reçu provisoirement, transitoirement, et temporairement, une forme, mais qui est appelé à terme à retourner à l’argile primordiale. Cet individu, sage et éclairé, s’identifie donc avec l’argile, ayant temporairement une forme de vase, mais nullement séparé du tout.

    1. L’identification avec la vague de l’océan. L’identification avec l’eau de l’océan. La poupée de sel.

    Imaginez que le vent, ainsi que l’action de la Lune, lèvent à la surface de l’Océan une vague, qui a la prétention d’être quelque chose en elle-même, un être autonome, différent et même au-dessus de l’Océan ! Le temps qui passe va vite ramener cette vague à sa juste réalité, et lui démontrer que, si elle s’est séparée de l’Océan pour un temps déterminé, bientôt, elle va disparaître en tant que vague et fusionner de nouveau avec l’Océan primordiale. La vague vient de l’Océan, et elle est destinée à y retourner. C’est aussi l’image de la poupée de sel, qui souhaite connaître l’Océan : pour ce faire, elle pénètre dans l’Océan, et elle y disparaît, dissoute dans l’immense masse d’eau. Cela signifie que, pour connaître notre Réalité, l’obstacle principal c’est nous-même, plus précisément le « petit je », l’ego. Il faut donc se libérer de cet obstacle. Cette libération s’effectue de toute façon par la mort physique. Mais la méthode maçonnique nous permet une libération anticipée ; elle fait de nous des « libérés vivants », c’est-à-dire des individus ayant pris connaissance, à travers l’initiation et la mort symbolique, de notre Moi profond, tout en maintenant suffisamment d’ego pour continuer de faire notre travail au milieu de nos frères et sœurs humains.

    1. L’identification avec le film et l’identification avec l’écran blanc.

    Lorsque nous allons au cinéma, nous regardons un film, qui est composé de lumière passant à travers une pellicule. Si le film est de qualité, nous sommes plongés, à tout point de vue, dans l’action de ce film, et nous oublions qu’il ne s’agit que d’un film, et que celui-ci, dans le fond, repose sur un écran blanc. Ainsi, dans l’action du film, il y a notamment du feu et de l’eau, des naissances et des morts, la paix et la guerre, du sang et de l’amour. En somme toute la réalité humaine. Mais le feu, sur l’écran, ne brûle pas, et l’eau, de même, ne mouille pas. Avant et après le film, l’écran blanc est plongé dans un rayon de lumière blanche. Mais pendant le film, que d’émotions et de passions ! Nous sommes l’écran blanc, et nous sommes aussi acteur du film. Mais l’écran blanc est là avant le film, et il sera encore le Même après le film.

    1. Les trois états et le quatrième état.

    Dans notre vie quotidienne, nous connaissons tous trois états : l’éveil, le sommeil avec rêve et le sommeil profond. La méthode de la franc-maçonnerie permet de dévoiler, ou de réveiller en nous un quatrième état, qui est celui du Témoin. Tout est relatif. Le troisième niveau (L’éveil) est aussi « illusoire » par rapport au quatrième niveau (La conscience universelle) que le deuxième niveau (Le sommeil avec rêve) est « illusoire » par rapport au troisième niveau (L’éveil). L’objectif e la franc-maçonnerie est de nous permettre de vivre notre vie quotidienne sans jamais oublier que nous sommes le Témoin.

    1. Le nuage qui cache le soleil et le face à face avec le soleil.

    Il suffit d’un petit nuage pour nous cacher le soleil. L’individu est le « petit je », qui cherche à percevoir le soleil. Le nuage est le monde. Le soleil est le Moi profond. La méthode maçonnique nous permet de nous élever, tel un aigle, au-delà des nuages pour contempler le soleil face à face.

     

    Pour en revenir à notre premier tableau :

    • Le monde, et le « petit je », ou ego, qui fait partie de ce monde, dans la temporalité, est facilement perçu par chacun de nous, car nous l’expérimentons chaque jour.
    • Il convient d’appréhendez aussi le second plan qui est illustré par diverses images : l’écran blanc, le fond, l’argile, l’Océan, le Soleil, la Mère, la Lumière, le Témoin. Ce plan s’expérimente aussi.

    Nous existons sur deux plans différents, celui de la temporalité et celui de l’éternité, et ces deux plans ne font qu’Un.

     

    UNE VISION NOUVELLE, UN REGARD NOUVEAU :

    « Le seul, le vrai, l’unique voyage, c’est de changer de regard ». (Marcel Proust).

    L’initiation maçonnique est la mort du vieil homme : c’est-à-dire c’est une nouvelle naissance, puisque l’initiation contribue à changer le regard sur le monde : c’est une vision nouvelle, grâce au dévoilement de la vérité du monde.

    Initier, c’est faire mourir. C’est une sortie du monde, franchir une porte donnant accès ailleurs. Initier, c’est aussi entrer, introduire. L’initié est celui qui franchit le voile du profane au sacré, et il va d’un monde à l’autre. Il change de niveau et se métamorphose. Et c’est la naissance d’un être nouveau. Tout en vivant encore dans le monde profane – auquel il ne cesse d’appartenir – l’initié pénètre dans l’éternité. L’immortalité n’appartient pas à la condition post-mortem, mais elle se forme dans le temps, et elle est le fruit de la mort initiatique. L’initiation préfigure la mort physique, qui est la seule initiation essentielle.

    L’initiation est une déconstruction du « petit je », dans l’humilité, la persévérance et la prudence. C’est une désendidentification d’avec l’ego (corps, mental,…) et une identification avec le Soi.

    La plus grande difficulté pour répondre à la question : « Qui suis-je ? » est que la réponse ne peut être discursive. Elle ne peut pas être de l’ordre de la parole, de la parole, ni même du sentiment et du ressenti. Elle n’est pas de l’ordre de l’ego. Il faut aller chercher la vérité, non à l’extérieur, mais à l’intérieur de soi-même, au sommet de la montagne et au fond du puits. Il faut aller au centre : Vitriol (Visita Interiora Terae Rectificando Invenies Occultum Lapidem : Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant, tu trouveras la pierre). La dernière étape est : non pas trouver une réponse, mais simplement être. « Toi, tu es Cela ».

    Vie et Mort : La naissance de la vie dans le monde correspond à la mort dans l’invisible. Inversement, la mort dans le monde correspond à la vie dans l’invisible. Ainsi de la vie naît la mort et de la mort naît la vie. Ceci est symbolisé par le 8, ou la lemniscate. Un disciple implorait son maître hindou, qui allait mourir : « Reste encore un peu avec moi ! ». Et la réponse du sage hindou fut : « Où veux-tu que j’aille ? ». Le disciple confondait la forme corporelle provisoire du sage, son enveloppe physique, qui allait disparaître, avec son être profond, toujours là et qui ne disparaît jamais, éternel.

    « Pourquoi voulez-vous savoir ce que vous serez quand vous mourrez, avant de savoir ce que vous êtes maintenant ». (Ramana Maharshi).

    Le visible/tangible et l’invisible/intangible : Dans le temple maçonnique, il y a le visible et l’invisible : par exemple, le temple est porté par trois piliers, visibles : la sagesse, la force et la beauté, ou la liberté, l’égalité et la fraternité, ou encore la foi, l’espérance et l’amour. Or, le Temple, qui est un carré long, ou rectangle, ne peut tenir debout sans un quatrième pilier. Celui-ci est invisible, situé hors du plan humain. De même que dans la première carte du Tarot, le Bateleur, le quatrième pied de la table est invisible, placé hors de la carte. C’est même ce quatrième pilier qui est le pilier principal !

    Le symbole manifeste à la fois la présence et l’absence, le visible et l’invisible.

    Pierre brute et pierre cubique : Le franc-maçon est d’abord une pierre brute, pierre qu’il doit travailler pour en former une pierre cubique à pointe. C’est là, à la fois construire le temple intérieur (le corps est le Temple), et aussi le Temple extérieur (la société, l’humanité). Or la pierre cubique est là, depuis toujours. Mais elle était masquée, voilée. De même que la statue que le sculpteur va extraire du morceau de marbre est déjà là, dans le morceau de marbre brut, la pierre cubique est déjà là, de toute éternité. Elle était là, avant la naissance de l’ego, et elle sera encore là, après la mort de l’ego.

    Comme dans tout travail, il existe un début et une fin. En franc-maçonnerie, ces deux pôles sont symbolisés par la pierre brute et la pierre taillée. Mais ce n’est pas un avant et un après, un état présent et un état à construire.  La pierre cubique est là de toute éternité, seulement voilée par la pierre brute. L’initiation permet de mourir à une ancienne vie et de faire ressusciter à une plus belle version de qui je suis.

    Mais il y a deux façons de tailler sa pierre brute :

    • Faire disparaître, avec l’aide des frères et des sœurs, les imperfections et les aspérités ; c’est la travailler en profondeur ;
    • Garnir la pierre  d’artifices, d’ornements pour éblouir le monde d’une beauté artificielle ; c’est rester à la superficie.

    La montagne et le puits : Les 33 degrés du rite écossais ancien et accepté correspondent à l’escalade d’une montagne. Tant que l’on est sur le chemin, il n’est possible que d’avoir une vue partielle du monde, et il serait présomptueux d’affirmer alors détenir LA vérité. C’est pourquoi le silence est alors de rigueur. Et lorsque l’on parvient au sommet de la montagne, notre vue est UNE. Mais cette vérité se vit et ne s’exprime pas. C’est ce qui se produit avec la poupée de sel, à la recherche de son être véritable : tant qu’elle s’enfonce dans l’eau, elle ne peut rien dire, et lorsqu’elle est parvenue au but, elle est complètement dissoute, elle a disparu quant à sa forme. Elle s’exprime en tant que Un. Celui qui sait, se tait. Celui qui parle, ne sait pas.

    Par ailleurs la descente dans le puits est l’image de notre propre descente à l’intérieur de nous-même. La vérité est cachée au fond du puits.

    Chacun doit faire le chemin, monter et descendre, descendre et monter, jusqu’ au moment où le haut et le bas n’ont plus d’importance. L’essentiel est d’être, d’où le silence, car le fait d’être ne peut se transmettre, il doit se vivre tout simplement. Vitriol ! C’est la perpendiculaire : il faut descendre au fond de notre propre puits pour mieux revenir de nos peurs, de nos angoisses et de nos croyances. Il faut descendre en enfer, dans notre propre enfer, pour mieux revenir à notre lumière, au principe fondamental qui est au fond de nous, la Lumière éternelle, à ce qui est de toujours, et qui n’est pas de notre monde.

    La Vérité est au sommet de la montagne. Elle est également au fond du puits ; mais dans un cas comme dans l’autre, elle ne peut se dire !

     

     

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