• ROBES-PIERRE Blanche, ROBES-PIERRE Noire

    Le rejet de Robespierre est bien réel. Par exemple, au conseil de Paris, en 1948, on avait envisagé de donner le nom de Robespierre à la ^place et à la rue du Marché-Saint-Honoré, mais certains habitants du quartier s’y étaient opposés. Puis on avait proposé de donner son nom à la rue de l’Hôtel de Ville et à la rue Hyacinthe, mais deux votes avaient alors mis fin à ces propositions. En 1958, la Ville de Paris refusait toujours de reconnaître en Robespierre un personnage qui avait pu marquer l’histoire nationale. Aujourd’hui, la Ville de Paris ne compte toujours pas de rue portant le nom de Robespierre, alors que de nombreuses rues des villes de l’ancienne « ceinture rouge » portent son nom. Cela indique bien de quel côté, du point de vue de la lutte des classes, se trouve Robespierre.

    ROBES-PIERRE Blanche, ROBES-PIERRE Noire

    Ou de la conception maçonnique du pouvoir.

    (Partie 3)

    A Paris, il vivra rue Saint Honoré avec la famille Duplay, bourgeois respecté comme manufacturier en menuiserie.

    Un député du tiers état, La Réveillière-Lépaux, rend visite à Robespierre, chez Maurice Duplay, rue Saint-Honoré : « Robespierre recevait des hommages, chez les Duplay, tels ceux qu’on rend à une divinité…Lui-même, bien peigné et poudré, vêtu d’une robe de chambre des ^plus propres s’étalait dans un grand fauteuil devant une table chargée des plus beaux fruits, de beurre frais, de lait pur et de café embaumé. Toute la famille, père, mère et enfants cherchaient à deviner dans ses yeux tous ses désirs pour les prévenir à l’instant. »

    Robespierre est un avocat brillant, qui entre à l’Académie Société des belles lettres, qui regroupe 30 académiciens (l’élite : des nobles, des procureurs, des prêtres, 7 à 8 avocats). Il en sera président en 1786. (« Droits et devoirs des enfants bâtards »). Il y rencontre Lazare Carnot.

    Membre des Rosati, club créé en 1778, composé surtout d’avocats.

    Il obtient la médaille d’argent de l’Académie de Dijon, et un pécule de 400 livres.

    En 1789, 8 députés sont élus, dont Robespierre en 5° position.

    Il sera guillotiné le 10 juillet 1794. 22 têtes. Place de la Concorde. Son corps sera déposé au cimetière de Rincy. C’était la première fois que l’Incorruptible voyait la guillotine, n’ayant jamais assisté à une exécution.

    LA MEMOIRE DE ROBESPIERRE :

    L’image de Robespierre, dans la conscience collective, est ambigüe :

    • Pour les uns, il y a une légende noire, avec des pamphlets : Maximilien est un pleutre, lâche, éliminé par des Montagnards, par peur : Barras, Talien, Fouché, Courtois,…

    • Pour d’autres, c’est un révolutionnaire craint et écouté. Le 9 Thermidor marque la fin de la révolution, dans sa phase ascendante, et le début de la réaction.

    • Pour d’autres encore, Maximilien est le précurseur de Gracchus Babeuf, journaliste, arrêté en 1795 à Arras. Celui-ci voulait instaurer un communisme de distribution. Ceux-là confondent les idées de Robespierre et de Babeuf.

    • Pour d’autres enfin, Robespierre est un sujet tabou. Soit ils refusent d’en parler, soit ils en parlent de manière critique.

    C’est dans les années 1830-1848 que Robespierre est redécouvert. La III° république se méfie de Robespierre.

    En 1923, une plaque est apposée sur la maison occupée par Robespierre, mais sont publiés aussi des articles dans la presse, qui parlent d’ « œuvre de boue et de sang » et du « tyran sanguinaire ».

    1926-1933 : c’est l’affaire du buste de Robespierre.

    1950 : édition d’un timbre à son effigie.

     

    Le rejet de Robespierre est bien réel. Par exemple, au conseil de Paris, en 1948, on avait envisagé de donner le nom de Robespierre à la ^place et à la rue du Marché-Saint-Honoré, mais certains habitants du quartier s’y étaient opposés. Puis on avait proposé de donner son nom à la rue de l’Hôtel de Ville et à la rue Hyacinthe, mais deux votes avaient alors mis fin à ces propositions. En 1958, la Ville de Paris refusait toujours de reconnaître en Robespierre un personnage qui avait pu marquer l’histoire nationale. Aujourd’hui, la Ville de Paris ne compte toujours pas de rue portant le nom de Robespierre, alors que de nombreuses rues des villes de l’ancienne « ceinture rouge » portent son nom. Cela indique bien de quel côté, du point de vue de la lutte des classes, se trouve Robespierre.

     

    1968 : création du lycée Robespierre. Longtemps, le lycée ne portait pas de nom. C’était le lycée de garçon d’Arras, tout simplement. Une première tentative pour lui donner le nom de Robespierre a eu lieu en 1958, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de celui-ci. Cette première tentative n’a pas abouti. Une seconde tentative, en 1967, a enfin abouti le 15 novembre 1969, soit 11 ans après la première tentative ! Mais à ce jour, le lycée n’a toujours pas été inauguré ! (Source : Journal L’Incorruptible lycéen, numéro 1 de novembre 2010)

    1964 : Emission de télé de la série « La caméra explore le temps » de Stellio Lorenzi et Alain Decaux, qui permet de présenter au grand public une image moins caricaturale et plus historique de Robespierre.

    1969 : Les amis de Robespierre éditent le Journal de « L’incorruptible ».

    Emission de télévision (de Stellio Lorenzi) :

    1989 : c’est le bicentenaire de la révolution : le héros mis en lumière est Danton.

    En somme, Robespierre semble plus connu par les jeunes élèves russes et chinois que par les élèves français.

    Pour certains penseurs, la Convention a (grâce à la Terreur), sauvé les acquis de la « première » Révolution et entrepris, sans avoir le temps d’y parvenir, de transformer la révolution politique en révolution sociale.

    Il y eut donc deux révolutions. Louis Blanc écrit dans l’avertissement de sa Révolution française : « Dans ce qu’on a convenu d’appeler la Révolution française, il y eu, en réalité, deux révolution parfaitement distinctes, quoique dirigées toutes les deux contre le principe d’autorité. L’une s’st opérée au profit de l’individualisme ; elle portera la date de 89. L’autre n’a été essayée que tumultueusement au nom de la fraternité ; elle est tombée le 9 thermidor. »

    On notera que le bicentenaire de la Révolution a été célébré en 1989, tandis que l’anniversaire de 93 était à peu près passé sous silence. Ce choix peut signifier que domine dans la France contemporaine une idéologie bourgeoise et libérale, sauf si on admet qu’en fêtant 89, année de la prise de la Bastille, on célébrait du même coup tous les événements qui s’en suivirent.

    La présence des représentants des sans culottes dans les travées de l’Assemblée nationale constitue un moyen de pression efficace pour que leurs diverses revendications soient prises en compte.

    Exemple : le 21 janvier 1793, le vote de la mort du roi.

    Exemple contemporain : la présence dans les travées de l’assemblée délibérante du Conseil général du Pas de Calais le lundi 26 juin 2012 est un excellent moyen pour faire pression et s’emparer du micro et « menacer » les conseillers généraux.

    A Arras, la présence de Robespierre s’inscrit dans la géographie et l’architecture : il n’est pas besoin de beaucoup d’imagination pour avoir une vision de la vie de Robespierre à Arras :

    • En 1765, Robespierre fréquente le collège d’Arras, aujourd’hui l’hôtel trois étoiles de l’Univers ;

    • En 1787, Robespierre fait parti du club des Rosati d’Arras et il a écrit une poésie, « Eloge de la Rose »;

    • La guillotine fut installée devant le théâtre d’Arras. 392 victimes pour une population totale d’environ 22000 habitants, soit moins de 2 % ;

    • Présence d’une salle portant son nom à l’Hôtel de Ville, avec une statue qui le représente;

    • Un restaurant porte le nom de « Maximilien » ;

    • Comité des Amis de Robespierre, qui fait une pétition pour l’ouverture d’un musée sur le personnage par la ville d’Arras ;

    • Sa maison est devenue, au rez-de-chaussée, un musée. Peu d’éléments sont exposés, car il semble que beaucoup a été détruit justement pour éviter que ne s’instaure un culte de la personne de Robespierre. A sa mort, son corps et sa tête ont été jetés dans une fosse commune et on répandit dessus de la chaux, afin que le corps ne laisse aucune trace ;

    • L’opinion des arrageois est très contrastée, et aussi mitigée. Ils rappellent que, sur la place du théâtre ont eu lieu 391 exécutions, par la guillotine, et ils se rappellent des dix mois de terreur de novembre 1793 à août 1794. L’événement ne fut pas dramatique pour autant et fit même l’objet de spectacle puisque une buvette, une tribune et des musiciens furent conviés à accompagner la mise à mort.

    • Le 16 octobre 1795, exécution à Amiens du conventionnel Joseph Le Bon, robespierriste, ancien oratorien (né à Arras le 29 septembre 1765), « bourreau » d’Arras en 1794.

    • Le problème de la vente aux enchères des archives (lettres de Robespierre).

    Robespierre, le révolutionnaire : sa situation de classe :

     

     

    « ROBES-PIERRE Blanche, ROBES-PIERRE Noire Ou de la conception maçonnique du pouvoir. (Partie 2)ROBES-PIERRE Blanche, ROBES-PIERRE Noire Ou de la conception maçonnique du pouvoir. (Partie 4) »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter