• (Partie 8) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

    En 1789, l’abbé Barruel écrit « Le Patriote véridique ou discours sur les vraies causes de la Révolution actuelle ». Le Comte Ferrand publie « Les Conspirateurs démasqués. ». L’abbé Jabineau écrit : « La vraie conspiration dévoilée ». Selon ces différents auteurs, développant la thèse du complot, les auteurs de la Révolution seraient : la franc-maçonnerie, les philosophes, les jésuites, les protestants, le duc d’Orléans,…

    Selon Sénac de Meilhan, à propos de la Fronde : « Les plus soudaines révolutions ont presque toujours des causes éloignées, et lorsqu’une légère circonstance amène un prompt renversement d’un Etat, c’est que tout était depuis longtemps préparé pour une révolution. »

    (Partie 8) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

     

    Les sans culottes

    Jacques Roux, Théophile Leclerc, Jean Varlet. Les représentants principaux du mouvement révolutionnaire populaire.

     

    L’hostilité à l’ancien régime s’affiche par un vêtement : le sans-culotte s’impose sur le pavé parisien avant d’être chassé en Thermidor par le muscadin, réhabilitant l’élégance et le parfum, rétablissant une différence visible entre le pauvre et le riche.

    En 1789 et 1790, révolutionnaires et contre-révolutionnaires rêvent de régénérer le royaume.

    Selon Gabriel Sénac de Meilhan (1736-1803), auteur « Des Principes  et des causes de la Révolution en France », l’ancien régime est un « ordre de choses qui a longtemps duré ». Une même question hante tous ceux qui regrettent cet ordre ancien. Comment une tradition millénaire a-t-elle pu disparaître en quelques séances de l’Assemblée nationale ?

    « Dans six mois, dix siècles de respect et d’amour ont été effacés de la mémoire des cœurs », écrit Sénac à l’abbé Sabatier de Castres en 1792 et il reprend dans l’Emigré : « Je ne puis concevoir comment dans un si court espace des souvenirs gravés par la main des temps, pendant douze siècles, ont été effacés. ».

    La plupart des témoins effarés de cet effacement cherchent une explication extérieure. Si le système était bon, sa disparition provient de causes externes.

    En 1789, l’abbé Barruel écrit « Le Patriote véridique ou discours sur les vraies causes de la Révolution actuelle ». Le Comte Ferrand publie « Les Conspirateurs démasqués. ». L’abbé Jabineau écrit : « La vraie conspiration dévoilée ». Selon ces différents auteurs, développant la thèse du complot, les auteurs de la Révolution seraient : la franc-maçonnerie, les philosophes, les jésuites, les protestants, le duc d’Orléans,…

    Selon Sénac de Meilhan, à propos de la Fronde : « Les plus soudaines révolutions ont presque toujours des causes éloignées, et lorsqu’une légère circonstance amène un prompt renversement d’un Etat, c’est que tout était depuis longtemps préparé pour une révolution. »

    Montesquieu, dans Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734) : « Si le hasard d’une bataille, c’est-à-dire, une cause particulière, a ruiné un Etat, il y avait une cause générale qui faisait que cet Etat devait périr par une bataille. »

    Il y a une différence entre les Jacobins (dont Robespierre) et les enragés. L’idéal des enragés n’est pas une société où richesse et pauvreté – avec moins d’écarts – s’équilibreraient harmonieusement. Ils ont bien senti que la richesse, en soi, était contre-révolutionnaire par les pouvoirs économiques et politiques qu’elle réservait à une minorité. Ce qu’ils souhaitent – mais il faut se sortir d’abord de la guerre, de la famine latente – c’est un bien-être en progression.

    Il y a donc des antagonismes entre les « hommes d’Etat », qui avaient à établir les armes à la main, la république bourgeoise, et les enragés qui, alors même que la république bourgeoise n’était pas assurée, tendaient vers une république populaire, sans avoir les moyens, eux, de faire de ce peuple – en immense majorité paysan – la classe dominante. Et ceci, en grande partie, à cause de la puissance de l’Eglise, objectivement alliée à la bourgeoisie possédante.

    Dès avant l’ouverture des Etats généraux, de nombreux auteurs opposent le riche et le pauvre tiers-états et estiment à l’approche des élections, en ce début de 1789, que les pauvres ne seront représentés que par des gens qui sont en opposition d’intérêt avec eux. Ce qui sera effectivement le cas.

    Exemple : le Chevalier de Moret, dans une lettre adressée à Necker en 1789 : « Cette classe du Tiers-État de la ville de Paris, dont les individus paient au-dessous de six livres de capitation… la dite-classe est sans contredit la plus nombreuse de la capitale, la plus utile et la plus précieuse à l’Etat. C’est elle en un mot, qui convertissant en or les matières les plus abjectes, est l’âme du commerce, donne l’existence et enrichit l’autre classe du Tiers-État. »

    Les enragés, Jacques Roux, Théophile Leclerc, Jean Varlet furent en 1793, les interprètes directs et authentiques du mouvement des masses. Pour Karl Marx, ils furent « les représentants principaux du mouvement révolutionnaire ».

    Saint-Just : « Les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent. »

    Avec Gracchus Babeuf, tous quatre présentent un certain nombre de points communs. Ils avaient fait de bonnes études. Jacques Roux appartenait à une famille aisée. Il était fils d’un officier devenu magistrat. S’étant fait prêtre, il avait enseigné la philosophie et la physique expérimentale dans divers séminaires, pour exercer ensuite la fonction d’aumônier dans un château. Leclerc, fils d’un ingénieur des Ponts et Chaussées, avait reçu une certaine instruction. Varlet, commis des postes, appartenait également à une « bonne famille ». Il possédait un revenu annuel de 5800 livres et avait été un brillant élève du collège d’Harcourt. Babeuf, fils d’un officier, et lui-même arpenteur-géomètre et spécialiste du droit féodal, était fort instruit.

    Ils entrevirent que la guerre – la guerre bourgeoise, la guerre pour la suprématie commerciale – aggravent la condition des bras nus ; ils aperçurent la grande escroquerie de l’inflation, source de profils inouïs pour le riche, ruineuse pour le pauvre.

    Jacques Roux, le 25 juin 1793 : « La liberté n’est qu’un vain fantôme, quand une classe d’hommes peut affamer l’autre impunément. L’égalité n’est qu’un vain fantôme, quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie et de mort sur son semblable. La république n’est qu’un vain fantôme, quand la contre-révolution s’opère de jour en jour par le prix des denrées auquel les trois quarts des citoyens ne peuvent atteindre sans verser des larmes. […]. Les riches […], depuis quatre ans, ont profité des avantages de la révolution. L’aristocratie marchande, plus terrible que l’aristocratie nobiliaire et sacerdotale, s’est fait un jeu cruel d’envahir les fortunes individuelles et les trésors de la république. […]. ». « Les biens du clergé et les domaines nationaux ont presque tous passé dans les mains de personnes enrichies du sang de la veuve et de l’orphelin. »

    Ne pouvant sortir du cadre de la propriété privée, les enragés se contentèrent de réclamer des mesures destinées à limiter, et non à supprimer, les effets du système capitaliste alors naissant.

    Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité – Séance du 5 août 1793 – Contre Jacques Roux et Leclerc.

    Revenant sur la proposition de Danton à la Convention, le 1° août, d’ériger le Comité de salut public en gouvernement provisoire, Vincent, secrétaire général du ministère de la guerre, la considère « comme attentatoire à la souveraineté du peuple, comme émanée de conspirateurs ». La vivacité de ces attaques amena une riposte immédiate de Robespierre. Délaissant Vincent, dont il sait la forte position au ministère de la guerre, mais l’audience bien moindre auprès des sans-culottes, Robespierre attaque Jacques Roux et Leclerc, adversaires plus redoutables par le rayonnement de leurs journaux dans les sections et dont les attaques systématiques contre la politique gouvernementale risquaient d’entraîner la sans-culotterie.

    Leclerc répliqua le 8 août, dans son Ami du peuple, en dénonçant le « système de calomnie dirigé contre les vrais amis de la liberté ». Dans son numéro suivant, il mettait Robespierre au défi de prouver ses accusations. Quant à Jacques Roux, il ne daigna pas répondre et poursuivit avec une vigueur accrue sa campagne contre les agioteurs et les accapareurs.

    Robespierre : « …Ces deux hommes, dénoncés par Marat, comme des intrigants, deux émissaires de Cobourg ou de Pitt qui, pour mieux empoisonner les sources de la crédulité populaire, ont pris, pour séduire le nom de Marat. ».

     

    Gracchus Babeuf et le communisme primitif :

    « La révolution française n’est que l’avant-courrière d’une autre révolution, bien plus grande, bien plus solennelle et qui sera la dernière. » (Manifeste des Egaux, 1796).

    La période de la chute des Girondins (31 mai 1793) à l’exécution de Babeuf (27 mai 1797) : c’est au cours de cette période que la lutte de classes entre bourgeois et sans-culottes, première manifestation de la lutte de classes modernes entre bourgeois et prolétaires, fait son apparition.

    Babeuf représente les paysans pauvres. Or, la paysannerie pauvre avait sur la question de la propriété une position plus hardie que la sans-culotterie urbaine.

    Babeuf : « Réveiller Robespierre… c’est réveiller tous les patriotes énergiques de la République et avec eux le peuple qui autrefois n’écoutait et ne suivait qu’eux… Le robespierrisme est la démocratie, et ces deux morts sont parfaitement identiques ; donc en relevant le robespierrisme vous êtes sûr de relever la démocratie.

    Babeuf : « La révolution n’est pas finie, parce que les riches absorbent tous les biens et commandent exclusivement, tandis que les pauvres travaillent en véritables esclaves, languissent dans la misère et ne sont rien dans l’Etat. »

    La cause de l’échec de la Révolution, on la trouvait « en dernière analyse, écrit Buonarroti, dans la propriété individuelle, par laquelle les plus adroits ou les plus heureux dépouillèrent sans cesse la multitude. »

    Babeuf : « Les gouvernants ne font des révolutions que pour toujours gouverner. Nous en voulons faire enfin une pour assurer à jamais le bonheur du peuple par la vraie démocratie. »

    Solutions : les Egaux supprimaient le parlement bourgeois et confiaient tout le pouvoir à la Commune insurrectionnelle de Paris. Constitution de 1793 : « Un des plus impérieux devoirs de l’instituteur d’une république […] est de […] donner au peuple la possibilité d’être réellement souverain. »

    Pas de démocratie vraie sans suppression des inégalités sociales, c’est-à-dire sans communisme.

    Selon Marx, « les représentants principaux du mouvement révolutionnaire » sont Jacques Roux, Leclerc,…

    A la Constitution de 1793, qui donnait trop de droits au peuple, la bourgeoisie révolutionnaire a substitué le gouvernement révolutionnaire, une dictature qui, en principe, ne devait servie qu’à mater la contre-révolution, mais qui, en fait, se montre souvent moins énergique à l’égard des contre-révolutionnaires qu’à l’égard de l’avant-garde populaire.

    Les classes possédantes ne renonceront pas volontairement à leurs privilèges et il faudra les y contraindre.

    La décapitation de la Commune de Paris, la destruction de la démocratie par en bas portaient un coup fatal à la Révolution.

    La Révolution française est une guerre déclarée entre les politiciens et les plébéiens, entre les riches et les pauvres.

    Tout ce que possèdent ceux qui ont au-delà de leur quote-part individuelle de ces biens de la société est vol et usurpation, il est donc juste de leur reprendre.

    Dolivier, curé de Mauchamp, en 1790, voulait conférer la propriété du sol à la communauté : « La terre doit être considérée comme le grand communal de la nature. […] Les nations seules et, par sous-division, les communes, sont véritablement propriétaires de leur terrain. » A chaque individu serait reconnu « son droit de partage au grand communal », mais il ne cultiverait la terre qu’en possession viagère, la propriété du sol restant entre les mains de la communauté ». Babeuf fit sienne cette conception. La loi agraire, telle qu’il la comprenait, « cette loi que redoutent et sentent bien venir les riches », cette loi dans laquelle il voyait « le corollaire de toutes les lois », combinait le partage des terres avec la propriété commune de la terre et son inaliénabilité : collective, la propriété du sol, individuelle son exploitation.

    En 1789, le tiers-état, l’emportant sur l’aristocratie, abolit les privilèges et l’autorité seigneuriale : la déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame que, désormais, tous les Français étaient égaux devant la loi. Mais ceux qui, bientôt prirent le nom de sans-culotte, ne tardèrent pas à constater que l’ordre nouveau, conservant l’inégale répartition des richesses et procurant ainsi à la bourgeoisie la maîtrise politique et économique, ne les délivrait pas de l’assujettissement. Dans ce conflit de classe, Buonarroti et Babeuf embrassèrent la cause populaire.

    Toutefois, aux prises avec les contre-révolutionnaires alliés à l’étranger, une partie de la bourgeoisie, Montagnards et Jacobins, eurent recours aux sans-culottes pour s’emparer du pouvoir, en sorte que la politique du gouvernement révolutionnaire qu’ils formèrent répondit dans une certaine mesure aux vœux de leurs alliés. Sans oublier de rappeler que le Comité de Salut public asura la victoire de la révolution, c’est sur la portée sociale de son œuvre que Buonarroti fixe son attention : non sans raison, il en attribue le mérite à Robespierre et à Saint-Just, et ainsi estime-t-il que le 9 Thermidor interrompit l’évolution démocratique de la république. Sa vénération pour la mémoire de l’Incorruptible est telle que dans ses écrits, il incite à imaginer que les robespierristes furent des communistes avant la lettre, mais il laisse ignorer qu’ils s’associèrent à leurs collègues pour proscrire les enragés et les chefs populaires qu’on a coutume d’appeler hébertistes, en quoi ils contribuèrent en partie à leur propre perte.

    Entre Robespierre et Babeuf, il y a à la fois filiation, mais aussi dépassement.

    Les robespierristes, et d’autres révolutionnaires avant eux, avaient rêvé de multiplier les propriétaires, parce qu’à leurs yeux la propriété garantissait la liberté de l’individu, comme aussi d’ailleurs la paix sociale et la tranquillité de la bourgeoisie. Depuis le 9 Thermidor, Buonarroti et Babeuf estimaient l’échec patent ; au surplus, accroître le nombre des propriétaires ne constituait qu’un palliatif : l’inégalité sociale résultait de l’appropriation individuelle et héréditaire des moyens de production ; le mal, plus profond, ne comportait d’autre remède que leur attribution à la communauté.

    En tant que théoriciens, il s’en faut qu’ils fussent les premiers à la prôner. Au XVIII° siècle, Rousseau, Morelly, Mably, entre autres, en firent l’éloge et on leur découvre des prédécesseurs jusque dans l’antiquité.

    Depuis 1789, la bourgeoisie redoutait la « loi agraire », expression empruntée à l’histoire romaine au cours de laquelle on partagea plusieurs fois, entre les citoyens et les citoyens pauvres, les terres que la conquête et les confiscations laissaient à la disposition de la république ; bien différente était la loi agraire qu’on dénonçait maintenant : elle aurait partagé les propriétés privées entre tous les citoyens. La Convention avait prononcé la peine capitale contre ceux qui la prêcheraient ; jusqu’en 1848, et plus tard, les socialistes se sont vus de ce chef affublés du surnom de « partageux ».

    Sylvain Maréchal, dans un livre intitulé L’Homme sans Dieu : « Je n’aime pas les rois mais j’aime encore moins les riches… Vous décrétez l’abolition de la noblesse, mais vous conservez l’état respectif des pauvres et des riches, des maîtres et des valets ; vous défendez aux premiers les armoiries, vous déchargez les seconds de leurs livrées mais ces distinctions ne sont que des simulacres, vous ne touchez pas aux réalités… ».

     

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