• Partie 1 : Les députés (suite)

    « Comme la plupart des citoyens , qui ont assez de suffisance pour élire, n'en ont pas assez pour être élus ; de même le peuple, qui a assez de capacité pour se faire rendre compte de la gestion des autres, n'est pas propre à gérer par lui-même. »

    Montesquieu « De l'Esprit des Lois » Livre II Chapitre II ;

    Partie 1 : Les députés (suite)

    Un peu d'histoire des idées : Montesquieu et Jean Jacques Rousseau.

    « Comme la plupart des citoyens , qui ont assez de suffisance pour élire, n'en ont pas assez pour être élus ; de même le peuple, qui a assez de capacité pour se faire rendre compte de la gestion des autres, n'est pas propre à gérer par lui-même. »

    Montesquieu « De l'Esprit des Lois » Livre II Chapitre II ;

    Jean-Jacques Rousseau « Du Contrat Social » Chapitre XV Des députés ou représentants.

    « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté générale ne se représente point : elle est la même , ou elle est autre ; il n'y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n' a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi. Le peuple anglais pense être libre ; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement ; sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté , l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde.

    « Je n'entends point par tout cela qu'il faille avoir des esclaves ni que le droit d'esclavage soit légitime, puisque j'ai prouvé le contraire. Je dis seulement les raisons pour quoi les peuples modernes qui se croient libres ont des représentants, et pour quoi les peuples anciens n'en avaient pas. Quoi qu'il en soit, à l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre, il n'est plus. »

    De ces considérations résultent au moins deux points :

    1 – Pour qu'il y ait véritablement démocratie (qui est pouvoir au peuple seul pour diriger le peuple), il est nécessaire que le peuple soit considéré comme un ensemble de citoyens, libres, égaux, ayant la maturité pour diriger les affaires publiques. Cela signifie que chaque citoyen a droit au respect, à la dignité et à l'amour. En somme, il s'agit de servir honnêtement le peuple, avec la possibilité pour le peuple de se débarrasser sans autre forme de procès des représentants incompétents ou malveillants, qui ne servent pas l'intérêt général et le bien commun.

    Or depuis au moins le XVIII siècle jusqu'à nos jours , les dirigeants ont considérés , à l'image de Montesquieu, que le peuple n'avait pas la maturité, ni les moyens, ni le temps, ni les connaissances , pour participer à la gestion de l’État : les citoyens sont traités comme des enfants, des incapables, qu'il faut amener au bonheur social, presque malgré eux, si ce n'est contre eux. Aujourd'hui, l'exemple type sont le recours à l’article 49-3 de la Constitutions, ou des lois mensongères, comme celle relative à la Constitution européenne de 2005. Aussi a-t-on eu recours à de multiples moyens pour empêcher les citoyens populaires d'accéder aux divers suffrages ( recours aux suffrages censitaires ; nombreuses sélections par l'argent, la formation, le sexe, comme le refus du vote féminin dans son ensemble, etc.).

    2 – Le texte de Jean-Jacques Rousseau est très clair : la démocratie ne se délègue pas, mais s'exerce directement par le peuple. Bien trop souvent, le grand nombre de citoyens a été un prétexte facile pour dessaisir le peuple de tous ses droits. Or, de nombreux exemples démontrent que la démocratie peut être appliquée par le peuple lui-même : il en est ainsi lors de la courte expérience de la Commune de Paris de 1871, et de bien d'autres exemple. La démocratie populaire est encore facilitée par le recours aux réseaux sociaux.

    Pour le siècle des Lumières, (XVIII° siècle) le nec plus ultra de la classe bourgeoise en matière politique a été l'exemple anglais. Mais ainsi que l'indique Jean-Jacques Rousseau, le peuple anglais est libre uniquement lors de la période électorale, qui lui permet de désigner des représentants. Ensuite, il retourne à l'esclavage. C'est ce qui s'est passé n France et se passe encore , à tous les niveaux électoraux : tant nationaux, que locaux. Ainsi, le peuple est appelé aux urnes pour de courtes périodes , pour désigner des représentants, puis, il lui est demandé de laisser faire ceux-ci , sans plus se mêler de rien. Il suffit alors à la classe bourgeoise de désigner ces fameux représentants » , qui de fait représentent, non pas les intérêts du peuple, mais les seuls intérêts de la classe bourgeoise, et de la classe « moyenne ». Rarement, dans l'histoire, le peuple n'a eu de véritables commissaires représentant ses intérêts réels, si ce n'est , par exemple, les élus communistes, tant au niveau national, qu'au niveau local, lors de la période des années 1920 à 1953.

    Les pseudos-représentants , entre deux élections qui leur donnent un semblant de légitimité, adoptent des lois en faveur de la seule classe bourgeoise , voire les différents textes législatifs sur les loyers, les retraites, les salaires, etc. Un exemple parmi d'autres : l'égalité entre les hommes et les femmes. Pour parvenir à celle-ci, au rythme actuel, il faudrait presque 150 années. Et pourtant, semble-t-il, aucun parti ne s'est jamais prononcé contre cette égalité. Et même, l'assemblée nationale comptait 224 députées femmes sur un total de 577 députés en 2017, et 215 députées femmes en 2022 : qu'est-ce qui empêche alors le passage d'une loi instaurant cette égalité ? La seule volonté politique des élus bourgeois, qui souhaitent maintenir une société patriarcale !



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