• Liberté, égalité, fraternité (Parties 17 et 18)

     

    Le marxisme léninisme est la science des lois de l’évolution sociale, de la révolution socialiste et de la dictature du prolétariat, la science de l’édification de la société socialiste et communiste. Le marxisme a le premier appliqué l’enseignement que comporte l’étude de l’histoire universelle, la doctrine de la lutte de classe :

    « Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes. Les partisans des réformes et améliorations seront dupés par les défenseurs du vieux régime aussi longtemps qu’ils n’auront pas compris que toute vieille institution, si barbare et pourrie qu’elle paraisse, est soutenue par les forces de telles ou telles classes dominantes. Et pour briser la résistance de ces classes, il n’y a qu’un moyen : trouver dans la société même qui nous entoure, puis éduquer et organiser pour la lutte, les forces qui peuvent – et doivent de par leur situation sociale – devenir la force capable de balayer le vieux et de créer le nouveau. » (91)

     

    Liberté, égalité, fraternité (Partie 17)

    CHAPITRE I

     

     

     

    CLASSES, CONTRADICTIONS DE CLASSES, LUTTES DE CLASSES

     

     

     

     

    « Toutes les doctrines sur le socialisme hors classes et la politique hors classes se révèlent un vain bavardage. » Lénine.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le marxisme léninisme est la science des lois de l’évolution sociale, de la révolution socialiste et de la dictature du prolétariat, la science de l’édification de la société socialiste et communiste. Le marxisme a le premier appliqué l’enseignement que comporte l’étude de l’histoire universelle, la doctrine de la lutte de classe :

    « Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes. Les partisans des réformes et améliorations seront dupés par les défenseurs du vieux régime aussi longtemps qu’ils n’auront pas compris que toute vieille institution, si barbare et pourrie qu’elle paraisse, est soutenue par les forces de telles ou telles classes dominantes. Et pour briser la résistance de ces classes, il n’y a qu’un moyen : trouver dans la société même qui nous entoure, puis éduquer et organiser pour la lutte, les forces qui peuvent – et doivent de par leur situation sociale – devenir la force capable de balayer le vieux et de créer le nouveau. » (91)

    La question de la lutte des classes est donc l’une des questions essentielles du marxisme : la théorie de la lutte de classe est le fil conducteur qui permet de saisir sous le chaos apparent de la réalité historique l’existence des lois de l’évolution des sociétés. Aussi convient-il d’abord de voir quelle est la conception marxiste de la lutte de classe.

     

      1. LES CLASSES SOCIALES

     

    L’application conséquente du matérialisme dialectique à l’étude des sociétés permet l’étude scientifique de l’histoire dans toute sa diversité et avec toutes ses contradictions.

    Dans toute société, les aspirations de ses membres se heurtent à celles des autres, la vie sociale est pleine de contradictions. L’histoire nous montre la lutte entre les peuples et les sociétés, ainsi que dans leur propre sein ; elle nous montre, en outre, une succession de périodes de révolution et de réaction, de paix et de guerre, de stagnation et de progrès rapide ou de décadence. Ces tendances contradictoires proviennent de l’existence des classes sociales. Qu’entend Lénine par classe sociale ?

    « Seule l’étude de l’ensemble des tendances de tous les membres d’une société ou d’un groupe de sociétés permet de définir avec une précision scientifique le résultat de ces tendances. Or, les aspirations contradictoires naissent de la différence de situation et de conditions de vie des classes en lesquelles se décompose toute société. » (92)

    « Par classe sociale on entend un ensemble de gens qui, dans la production jouent un rôle similaire, sont à l’égard des autres hommes dans des rapports identiques. »

    Afin d’approfondir la définition donnée par Lénine, illustrons-là à l’aide de deux exemples :

    • L’analyse de la classe ouvrière ou prolétariat et de la classe de la bourgeoisie ou « bourgeoisie capitaliste » dans la société capitaliste.

    • L’analyse des classes sociales en France à notre époque.

     

    PREMIER EXEMPLE :

     

    Dans la société capitaliste l’ensemble des ouvriers a un « rôle similaire » de l’un à l’autre et sont « dans des rapports identiques » à l’égard des patrons ; inversement, l’ensemble des patrons a un « rôle similaire » de l’un à l’autre, et sont « dans des rapports identiques » à l’égard des ouvriers.

    « Le capital suppose le travail salarié, le travail salarié suppose le capital ; ils sont les conditions l’une de l’autre et se produisent réciproquement. » (93).

    Les ouvriers produisent des marchandises : c’est là leur « rôle similaire » de l’un à l’autre ; les patrons réalisent des profits en confisquant la valeur du surtravail des ouvriers : en deux ou trois heures l’ouvrier produit des richesses égales à son salaire de la journée, les six autres heures, il produit du profit pour le capital. Les patrons s’approprient le surtravail : c’est là leur « rôle similaire » quelle que soit la nature de la marchandise, industrielle ou agricole.

    « (…) L’appropriation de travail non payé est la forme fondamentale du mode de production capitaliste et de l’exploitation de l’ouvrier qui en résulte ; de même lorsque le capitaliste achète la force de travail de son ouvrier à la pleine valeur qu’elle a sur le marché en tant que marchandise, il en tire pourtant plus de valeur qu’il n’en a payé pour elle ; et que cette plus-value constitue en dernière analyse, la somme de valeur d’où provient la masse de capital sans cesse croissante accumulée entre les mains des classes possédantes. » (94).

    Pour survivre, les ouvriers vendent leur force de travail aux patrons, propriétaires des moyens de production (usines, machines, terre). Ainsi les ouvriers se trouvent « dans des rapports identiques » avec les patrons, des rapports d’exploités à exploiteurs. Inversement, les patrons achètent la force de travail des ouvriers devenue marchandise. Donc les patrons se trouvent « dans des rapports identiques » avec les ouvriers, des rapports d’exploiteurs à exploités.

    « Le procès de production capitaliste reproduit de lui-même la séparation entre travailleur et conditions du travail. Il reproduit et éternise par cela même les conditions qui forcent l’ouvrier à se vendre pour vivre, et mettent le capitaliste en état de l’acheter pour s’enrichir. » (95)

    Les ouvriers constituent une classe sociale la classe ouvrière ou prolétariat (industriel ou agricole). Les patrons constituent également une classe sociale, la classe de la bourgeoisie, appelée aussi « grande bourgeoisie » ou « bourgeoisie capitaliste » (pour éviter toute confusion avec d’autres classes et couches sociales intermédiaires.)

    Dans la société capitaliste, la contradiction fondamentale est la contradiction entre les intérêts de la classe bourgeoise et les intérêts de la classe du prolétariat. Le socialisme est le produit nécessaire de la lutte des deux forces en contradiction :

    « Par son contenu, le socialisme est, avant tout, le produit de la prise de conscience, d’une part, des oppositions de classes qui règnent dans la société moderne entre possédants et non possédants, salariés et bourgeois, d’autre part, de l’anarchie qui règne dans la production. » (96)

    Nous avons déterminé les deux classes antagoniques de la société capitaliste (classe ouvrière et classe de la bourgeoisie) d’après leur place respective dans le procès de production, c’est-à-dire dans la sphère économique. Mais il convient d’apporter deux précisions.

     

    Le matérialisme historique considère que la structure économique d’une société constitue à chaque période historique la base réelle qui lui permet, en dernière analyse, d’expliquer toute la superstructure des institutions juridiques et politiques, aussi bien que des idées religieuses, philosophiques et autres de chaque période historique.

    Cependant, s’il y a action de l’infrastructure (l’économique) sur la superstructure (le politique et l’idéologie), il y a en contrepartie effet (réaction) de la superstructure sur l’infrastructure. Et si l’infrastructure joue le rôle déterminant dans un mode de production et dans une formation sociale, le rôle dominant peut être joué soit par l’infrastructure, soit par la superstructure.

    Par exemple le politique joue le rôle dominant dans l’empire romain et les idées religieuses au moyen âge ; c’est l’économique qui joue un rôle dominant dans la société capitaliste de libre concurrence : ici, l’intervention de l’Etat, le politique et l’idéologie jouent un rôle secondaire. Ceci signifie que la superstructure peut à certaines périodes historiques jouer le rôle principal :

    « Certes, les forces productives, la pratique et la base économique jouent en général le rôle principal, décisif, et quiconque le nie n’est pas un matérialiste ; mais il faut reconnaître que dans des conditions déterminées, les rapports de production, la théorie et la superstructure peuvent, à leur tour, jouer le rôle principal, décisif. Lorsque, faute de modification dans les rapports de production, les forces productives ne peuvent ^plus se développer, la modification des rapports de production joue le rôle principal, décisif…Lorsque la superstructure (politique, culture, etc.), entrave le développement de la base économique, les transformations politiques et culturelles deviennent la chose principale, décisive. » (97)

    Ainsi, la classe sociale peut être déterminée principalement, mais pas exclusivement, par sa place dans le procès de production, c’est-à-dire dans la sphère économique. Car il ne faut pas déduire du rôle principal de l’économique en général que ce critère soit suffisant pour la détermination d’une classe sociale. Déterminer une classe sociale uniquement par sa place dans la sphère économique n’est qu’une partie de la vérité. La détermination de la nature intégrale de la clase sociale doit tenir compte du rôle du politique et de l’idéologie, ainsi que du type de rapport qu’entretiennent la superstructure (politique, culture, etc.) et l’infrastructure (la base économique) car :

    « Le capital ce n’est pas une somme d’argent, ce sont des rapports sociaux déterminés. » (98)

     

    Une seconde précision à apporter est le fait que la place des différentes classes sociales peut être « fixée et consacrée » par les lois, mais il ne s’agit là que d’une possibilité. S’il existe un « rapport juridique » aux moyens de production, celui-ci n’entre pas dans la définition même des classes sociales : ainsi par exemple, le droit bourgeois fixe, consacre, légalise et défend le fait de la propriété privée des moyens de production, mais ce droit dérive de l’état de fait.

    « L’idée que les idées et représentations des hommes créeraient leurs conditions de vie et non inversement, est démentie par toute l’histoire passée, dans laquelle on a constamment abouti à autre chose que ce qu’on voulait, et même la plupart du temps dans la suite du développement, on a abouti au contraire. (…) Cela est valable aussi pour les idées juridiques, donc pour la politique. » (99)

    Ainsi par exemple, la propriété collective des moyens de production dans le communisme primitif devient la propriété privée des moyens de production dans la société de classes ; le marxisme montre que la propriété privée des moyens de production doit se transformer de façon inéluctable en la propriété collective et sociale des moyens de production au stade communiste. Ce développement est une loi de l’histoire, et il est indépendant de la volonté des hommes.

    Il est donc complètement faux de vouloir réduire les rapports de production à de simples rapports juridiques. On ne peut instaurer de nouveaux rapports sociaux par des lois, tout comme il est vain de vouloir introduire un nouveau mode de production (« socialiste » ou autre) par un plan ou par un décret.

     

    Lénine donne une définition des classes sociales qui prend en considération ces deux précisions apportées à la première définition :

    « On appelle classes de vastes groupes d’hommes qui se distinguent par la place qu’ils occupent dans un système historiquement défini de production sociale, par leur rapport (la plupart du temps fixé et consacré par les lois) vis-à-vis des moyens de production, par leur rôle dans l’organisation sociale du travail donc, par les modes d’obtention et l’importance des richesses sociales dont ils disposent. Les classes sont des groupes d’hommes dont l’un peut s’approprier le travail de l’autre, à cause de la place différente qu’il occupe dans une structure déterminée, l’économie sociale. » (100)

     

     

    Liberté, égalité, fraternité (Partie 18)

    DEUXIEME EXEMPLE : Les classes sociales en France à notre époque.

     

    En France actuelle le système social est un capitalisme qui est parvenu à un stade monopolistique d’Etat, le « capitalisme monopoliste d’Etat ». En France à notre époque – époque de la bourgeoisie – la contradiction fondamentale se manifeste dans l’opposition irréductible des intérêts de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie (« prolétariat » et « bourgeoisie » sont entendus au sens déjà précisé) :

    « Notre époque – l’époque de la bourgeoisie – se distingue cependant par la simplification des antagonismes de classe. La société tout entière se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées la bourgeoisie et le prolétariat. » (101)

    On distingue aujourd’hui : la classe ouvrière, la bourgeoisie capitaliste, les classes et couches moyennes.

     

    1. La classe ouvrière est composée d’hommes et de femmes dépourvus de tout moyen de production. Ils ne peuvent vivre qu’en vendant leur « force de travail » aux capitalistes.

    « Sous ce nom (force de travail) il faut entendre l’ensemble des facultés physiques et intellectuelles qui existent dans le corps d’un homme, dans sa personnalité vivante et qu’il doit mettre en mouvement pour produire des choses utiles.» (102)

    Les ouvriers agricoles font partie intégrante de la classe ouvrière. Ils ne sont propriétaires d’aucune terre et vendent leur « force de travail » à des propriétaires fonciers ou à des fermiers.

     

    L’ « aristocratie ouvrière » est une couche de la classe ouvrière. Par aristocratie ouvrière on entend la couche supérieure de la classe ouvrière, couche corrompue par de hauts salaires et ayant adopté un genre de vie et une conception du monde propre à la bourgeoisie. Ces « chefs ouvriers » jouent un rôle d’encadrement et de répression contre les ouvriers dans les usines et sur les chantiers. Pour situer cette couche il convient de distinguer la détermination de classe et la position de classe : l’aristocratie ouvrière appartient à la classe ouvrière en tant qu’elle doit vendre sa force de travail pour subsister et maintenir son niveau de vie, mais elle a une position de classe bourgeoise par son mode de vie et son idéologie.

     

    1. La bourgeoisie capitaliste est composée de propriétaires des moyens de production (Usines, machines, terres) qui achètent la « force de travail » des ouvriers pour en tirer le profit maximum.

    Le propriétaire capitaliste, à notre époque, existe sous diverses catégories : bancaire, industrielle, agricole, et se présente sous diverses formes : celle des monopoles capitalistes, celle des capitalistes indépendants ou privés (ou petits et moyens capitalistes relativement aux groupes capitalistes monopolistes). La propriété capitaliste se dissimule en général sous le couvert de sociétés de capitaux dites « anonymes ».

     

    1. Entre le prolétariat et la bourgeoisie capitaliste subsistent depuis l’ancienne société féodale, où se constituent au cours du processus de développement du capitalisme d’autres classes ou couches sociales.

    Ce sont les classes ou couches moyennes que certains de leurs caractères rapprochent de l’une ou de l’autre des deux classes fondamentales mais qui, vis-à-vis de l’une ou de l’autre ne jouent pas un « rôle similaire » et ne sont pas à la fois dans des « rapports identiques ». Ces classes, suivant la conjoncture concrète, ont une position de classe prolétarienne ou bourgeoise.

    Ces classes et couches moyennes sont :

    • D’une part, certaines couches de travailleurs salariés comme les employés, les petits fonctionnaires et agents de services publics. Ils ne sont pas propriétaires de moyens de production, mais vendent leur force de travail. Ils ne produisent pas de marchandises mais leurs appointements sont de l’ordre des salaires des ouvriers.

    • D’autre part, les petits et moyens paysans (ce sont des couches de la paysannerie issue du système féodal). Ils peuvent être propriétaires ou locataires des terres qu’ils exploitent pour produire des marchandises. Ils produisent ces marchandises par leur propre force de travail ou en achetant la force de travail d’ouvriers agricoles en plus de la leur propre.

     

    Les petits et moyens commerçants, qui ne vendent pas leur force de travail mais ne produisent pas de marchandises et ne sont pas propriétaires des moyens de production.

     

    Les artisans, qui produisent des marchandises mais ne vendent pas leur force de travail et peuvent être propriétaires de leurs propres moyens de production.

     

    Les professions libérales, qui ne sont pas propriétaires de moyens de production et ne vendent pas leur force de travail.

     

    Les intellectuels et étudiants ne constituent pas une classe sociale mais sont à rattacher selon leurs origines et leur devenir aux différentes classes et couches sociales.

     

            1. LA LUTTE DE CLASSE, MOTEUR DE L’HISTOIRE

     

    Pour le marxisme, il n’y a pas d’abord existence des différentes classes sociales, qui entrent ensuite dans la lutte de clases. Mais les classes sociales recouvrent des pratiques de classes, c’est-à-dire la lutte de classes. Les classes sociales ne sont posées que dans leur opposition : les classes sociales signifient, pour le marxisme, dans un et même mouvement, contradictions de classes et luttes de classes ; dès leur apparition les classes sociales entrent en contradiction.

    Les contradictions et les luttes de classes sont ce qui détermine la vie et anime le mouvement et le développement des sociétés de classes.

    C’est là l’illustration d’une loi dialectique : plus généralement, les choses changent parce qu’elles renferment une contradiction interne (elles-mêmes et leurs contraires). Les contraires sont en conflit et les changements naissent de ces conflits : les changements sont la solution de ces conflits. C’est la loi de l’unité des contraires :

    « La loi de la contradiction inhérente aux choses, aux phénomènes, ou la loi de l’unité des contraires, est la loi fondamentale de la dialectique matérialiste. Lénine dit : « Au sens propre, la dialectique est l’étude de la contradiction dans l’essence même des choses… » ». (103)

    Ainsi par exemple, la société capitaliste présente une contradiction interne ente la bourgeoisie et le prolétariat ; le changement dans la société capitaliste et son développement s’expliquent par ce conflit. La transformation de la société capitaliste en société socialiste est la suppression ou solution de ce conflit.

    « L’universalité ou le caractère absolu de la contradiction a une double signification : la première est que les contradictions existent dans le processus de développement de toute chose et de tout phénomène ; la seconde que, dans le processus de développement de chaque chose, de chaque phénomène, le mouvement contradictoire existe du début à la fin. » (104)

    Prenons le cas de la formation sociale de la France actuelle où le mode de production capitaliste est dominant. L’ancienne unité (le mode de production féodal) et les contraires qui la constituent (barons et serfs, maîtres de jurande et compagnons) ont fait place à de nouveaux contraires (bourgeoisie et prolétariat). Alors est né un nouveau processus qui succède à l’ancien. L’ancien processus s’achève et le nouveau processus surgit ; comme le nouveau processus renferme ses propres contradictions commence alors l’histoire du développement de ces nouvelles contradictions.

    « La lutte de classes entre le prolétariat et la bourgeoisie passait au premier plan de l’histoire des pays avancés de l’Europe, proportionnellement au développement de la grande industrie d’une part, et de la domination politique nouvellement conquise par la bourgeoisie d’autre part. »

    « La contradiction entre le Travail et le Capital est née avec l’apparition de la bourgeoisie et du prolétariat, mais elle n’est devenue aiguë que plus tard. » (105)

    Et plus généralement :

    « L’histoire (plus exactement l’histoire écrite) de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des clases. » (106)

     

    Cependant pour bien poser le problème des classes sociales et des luttes de classes il convient de jeter un coup d’œil sur l’ensemble de l’évolution historique, sur l’histoire écrite et sur l’histoire non écrite. En traitant ainsi la question, on remarque que les classes sociales et les luttes de classes n’ont pas toujours existées. Le fait fondamental de l’évolution de l’humanité est l’apparition de cette division en classes au cours de l’histoire :

    « Avant que surgît la première forme de l’exploitation de l’homme par l’homme, la première forme de la division en classes – propriétaires d’esclaves et esclaves – il y avait la famille patriarcale ou, comme on l’appelle parfois, clanale…, et des vestiges assez nets de ces époques anciennes ont subsisté dans les mœurs de maints peuples primitifs… attestant qu’il fut un temps plus ou moins semblable à un communisme primitif, où la société n’était pas divisée en propriétaires d’esclaves et esclaves. » (107)

    Depuis la première division de la société en classes, les sociétés successives ont toujours été divisées en classes antagonistes. La division de la société en classes est née de la division du travail. L’apparition d’un premier mode de production : chasse et pêche, et d’un deuxième mode de production : l’élevage, donne naissance à la division entre tribus sauvages et tribus de pasteurs. C’est cette première division du travail qui est à la base de la première division de la société en classes : maîtres et esclaves.

    Une deuxième division du travail va séparer les agriculteurs et les artisans de métiers. La production marchande crée une troisième division du travail et donne naissance à la classe des marchands. A ce moment-là nous avons dans la société une triple division du travail et trois classes : les agriculteurs, les artisans et les marchands. Avec l’apparition de la classe des marchands est née pour la première fois une classe qui ne participe pas à la production, et qui va dominer les deux autres classes.

    Ces étapes de l’histoire de l’humanité se sont toujours succédées à la suite de révolutions violentes nées de la lutte de clases :

    « Les révolutions sociales sont historiquement inévitables aux différentes étapes de l’histoire de l’humanité et se produisent en fonction de lois objectives indépendantes de la volonté de l’homme. » (108)

    Les esclaves se sont affranchis de leurs propriétaires, les serfs se sont libérés de leurs maîtres, les bourgeois ont aboli les pouvoirs des seigneurs, les prolétaires ont brisé des Etats capitalistes ou dominés par l’impérialisme. Ainsi la lutte de classes est-elle le moteur de l’histoire et fait-elle progresser l’humanité comme l’ont établi, dès 1847, Marx et Engels dans le Manifeste du parti communiste :

    « Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot, oppresseurs et opprimés, en opposition constante ont mené une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte. » (109)

    De nos jours, la lutte de classes entre prolétariat et bourgeoisie capitaliste conduit au socialisme par la révolution prolétarienne et l’instauration de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire à la suppression des classes sociales :

    « La suppression des classes est le résultat d’une lutte de classe longue, difficile, opiniâtre, qui après le renversement du pouvoir du Capital, après la destruction de l’Etat bourgeois, après l’instauration de la dictature du prolétariat, ne disparaît pas, mais ne fait que changer de forme pour devenir plus acharnée à bien des égards. » (109)

     

    Mao Tsetoung a eu le mérite de développer la théorie de la lutte de classe en saisissant cette idée juste de Lénine, suivant qui la lutte de classes persiste très longtemps après la révolution prolétarienne, ce qui justifie le maintien de la dictature du prolétariat.

     

    Le révisionnisme moderne apporte la preuve de cette réalité scientifique. Une nouvelle classe bourgeoise s’est constituée et a usurpé les directions de certains partis communistes, au pouvoir ou non, ente autres en Union Soviétique et en France, ainsi que l’Etat soviétique et les Etats d’autres pays de démocratie populaire. La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne de Chine a été déclenchée par Mao Tsetoung pour écraser les tentatives similaires de la bourgeoisie en Chine. Ce ne sera qu’à l’ultime stade du communisme que disparaîtra la lutte de classes :

    « Sous la direction de la classe ouvrière et du Parti communiste, nos 600 millions d’hommes, étroitement unis, se consacrent à l’œuvre grandiose de l’édification socialiste. L’unification de notre pays, l’unité de notre peuple et l’union de toutes nos nationalités sont les garanties fondamentales de la victoire certaine de notre cause. Mais cela ne signifie pas qu’il n’existe plus aucune contradiction dans notre société. Il serait naïf de le croire ; ce serait se détourner de la réalité objective. Nous sommes en présence de deux types de contradictions sociales : les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple. Ils sont de caractère tout à fait différent. » (110)

     

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