• Les francs-maçons sont-ils tous des « Charlie » ? (Troisième partie)

    Lors des diverses périodes historiques, on distingue deux catégories de francs-maçons :

    • Ceux qui « se payent de mots » : issus de la catégorie la plus aisée, ils disent, en paroles, partager les valeurs universalistes des droits de l’homme. Mais dans les faits, dès qu’il s’agit d’appliquer ces droits de l’homme, ils se retrouvent sur des positions de classe privilégiée et défendent avec véhémence leurs privilèges. C’était le cas des aristocrates francs-maçons, qui ont émigrés lors de la Révolution française, de 1789 à 1è94. C’était aussi le cas des francs-maçons Versaillais e 1872. Ce sera le cas des francs-maçons de pacotille, demain, lorsque éclatera le mouvement social qui donnera naissance au Nouveau Monde.
    • Ceux qui prennent l’idéal maçonnique au sérieux, et qui préfèreront renoncer à leurs quelques « privilèges », pour instaurer enfin un monde plus libre et plus égalitaire, par l’universalité de l’application des droits de l’homme.

    Les francs-maçons sont-ils tous des « Charlie » ? (Troisième  partie)

     

    A chaque époque, certains francs-maçons se paient de mots : 

    Lors des diverses périodes historiques, on distingue deux catégories de francs-maçons :

    • Ceux qui « se payent de mots » : issus de la catégorie la plus aisée, ils disent, en paroles, partager les valeurs universalistes des droits de l’homme. Mais dans les faits, dès qu’il s’agit d’appliquer ces droits de l’homme, ils se retrouvent sur des positions de classe privilégiée et défendent avec véhémence leurs privilèges. C’était le cas des aristocrates francs-maçons, qui ont émigrés lors de la Révolution française, de 1789 à 1è94. C’était aussi le cas des francs-maçons Versaillais e 1872. Ce sera le cas des francs-maçons de pacotille, demain, lorsque éclatera le mouvement social qui donnera naissance au Nouveau Monde.
    • Ceux qui prennent l’idéal maçonnique au sérieux, et qui préfèreront renoncer à leurs quelques « privilèges », pour instaurer enfin un monde plus libre et plus égalitaire, par l’universalité de l’application des droits de l’homme.

     

    La Révolution de 1789-1794 :

    Dès le début de cette Révolution, de nombreux francs-maçons, devant choisir entre le maintien de leurs privilèges aristocratiques, et l’application à la société des principes de « Liberté-Egalité-Fraternité », prôné par l’idéal maçonnique, ont préférés choisir leurs intérêts de classe privilégiés, et ont préférer émigrer. D’autres francs-maçons se sont opposés à l’approfondissement de l’esprit révolutionnaire, et à une étape de la mise en place de la république française, ont voulu faire marcher la roue de l’Histoire vers l’arrière, et sont devenus anti-révolutionnaires, comme par exemple les Girondin.

    Ainsi, pendant tout le XVIII° siècle, certains maçons ont développé l’esprit des Lumières dans les loges, mais ont préféré renoncer à la mise en œuvre de ces principes dans la réalité. C’est ce que l’on peut appeler des francs-maçons qui « se paient de mots ».

    La Révolution de 1789-1794, pour de nombreuses personnes, n’est pas encore close. C’est ainsi que les héritiers d’anciens aristocrates ont menacé le présent auteur du blog à la fois d’un recours devant les instances judiciaires, et d’une fermeture du blog, si l’auteur ne supprimait pas les références à la famille Polignac, anciens francs-maçons du XVIII° siècle.

    « Armand Jules François Duc de Polignac (1745-1817) : Premier écuyer du Roi. Franc-maçon. Membre de la Loge « La Candeur ».

    Yolande Martine Gabrielle de Polastron, Duchesse Yolande de Polignac dit « la Polignac » par la populace parisienne (1749-1793) : Franc-maçonne. Membre de la Loge « La Candeur ». De petite noblesse, elle épousa le Comte de Polignac, passablement désargenté. Elle réussit à supplanter la princesse de Lamballe, dont elle prit la charge de surintendante de la Maison de la Reine. Elle émigra le 17 juillet 1789, avec son amant de l’époque, le comte d’Artois. C’est sous le ministère de son fils Jules de Polignac, que se déclencha la révolution de 1830. ».

     

    La Commune de Paris de 1871, et l’après :

    L’antisémitisme et le complotisme sont deux thèmes qu’il faut combattre, avec d’autant plus de vigueur, que ces thèmes sont présents dans le milieu populaire.

    En France, l’un des auteurs classiques du complotisme  est Augustin Barruel (1741-1820), prêtre jésuite et polémiste anti-Lumières, qui déclare avoir été reçu en loge maçonnique et qui a publié des Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme. Il y développe la thèse d’une Révolution antichrétienne fomentée par les philosophes, les francs-maçons et les juifs. Mais c’est surtout à la fin du XIX° siècle que ces thèses vont prendre toute leur ampleur, thèses souvent développées par des Communards, Francs-maçons, et autres renégats. Souvent, il s’agit d’une mauvaise utilisation des mots : on parle de lutte « contre la haute finance, aux nez et aux doigts crochus » (sous-entendu au XIX° siècle, la banque Rothschild et consorts), au lieu de lutte « contre la bourgeoisie ». C’est ce que font parfois encore aujourd’hui quelques représentants de l’ « extrême gauche » et de la « gauche » : d’où un point commun avec le Front national. Voir à ce propos les écrits du sociologue Zeev Sternhell. L’antisémitisme, tout comme le racisme, sert à l’idéologie dominante, à diviser le peuple. Voici, par exemples, parmi de nombreux autres, trois Communards, dont deux étaient, avec certitude, francs-maçons : comme quoi, à l’aide d’un peu de science historique, il convient d’extirper ces théories malodorantes, parfois dans des milieux où on ne pense pas les trouver !

    « Benoît Malon (1841-1893) : Franc-maçon. Membre de la loge « Le Lien des Peuples ». Ouvrier teinturier. Militant ouvrier, communard, journaliste, écrivain. Il fait partie du bureau de la section parisienne de l’Internationale, adhérant à l’AIT en 1865. Proudhonien de gauche. Collaborateur du journal La Marseillaise de Rochefort. Le 8 février il est élu à l’Assemblée nationale comme socialiste révolutionnaire. Il est élu le 26 mars au Conseil de la Commune. Il siège à la commission du Travail et de l’Echange. Il vote contre la création du Comité de salut public et se range du côté de la Minorité. A écrit : La troisième défaite du prolétariat français (1871). Condamné à mort par contumace, il émigre en Suisse. A Palerme, il est reçu en 1877 au grade de compagnon et de maître de la loge « Fedelta ». Revenu en France après l’amnistie, il devient le leader des opportunistes-possibilistes. Il assiste, ainsi que Jules Vallès, à son retour de proscription, à une tenue de la loge parisienne « La Ruche libre ». Préside en 1882, le Congrès socialiste de Saint-Etienne. Directeur de la Revue Socialiste. Il reprend une activité maçonnique en 1889, à la loge du Grand Orient « Le Lien des Peuples et les Bienfaiteurs réunis ». Incinéré au Père Lachaise, sur le socle de son monument figure l’équerre et le compas.

    Libre-penseur, chef de file des blanquistes, Malon est partisan d’un socialisme national, opposé au socialisme allemand. Admirateur de Drumont, l’auteur de La France juive. Il écrit dans La Revue Socialiste N° 18 de juin 1886, pages 509 à 511, un article sur La question juive : « Oui, la noble race aryenne a été traître à son passé, à ses traditions, à ses admirables acquis religieux, philosophiques et moraux, quand elle a livré son âme au dieu sémitique, à l’étroit et implacable Jéhovah. (…) En brisant le cœur et la raison aryens, pour croire aux radotages antihumains de quelques juifs fanatiques, butés et sans talent (voyez Renan) ; en faisant de la littérature d’un peuple dont toute l’histoire ne vaut pas pour le progrès humain, une seule olympiade d’Athènes, on a autorisé les fils de ce peuple choisi, de ce « peuple de Dieu », à nous traiter en inférieurs ».

    Albert Regnard (1832-1903) : Leader des étudiants blanquistes. Libre-penseur anticlérical, représentant de la France à l’anti-concile de Naples de 1870. Communard. Réfugié à Londres, puis il se rallie à Gambetta.

    Antisémite de choc. Il écrit dans son article Aryens et Sémites, paru dans La Revue Socialiste n° 30 de juin 1876, page 499 : « La haine du sémitisme était à l’ordre du jour parmi les jeunes révolutionnaires de la fin de l’empire ». « La réalité et l’excellence de la race aryenne (…) et qui seule est en mesure de préparer et d’accomplir l’achèvement suprême de la rénovation sociale. ».

    Victor Henri de Rochefort, marquis de Rochefort-Luçay, plus connu sous le nom d’Henri Rochefort (1831-1913) : Franc-maçon. Sous l’Empire, il fonde La Lanterne, puis La Marseillaise.  Membre des Amis de la Renaissance. Fait partie du gouvernement de la Défense nationale. Sous la Commune, il s’élève dans ses écrits contre les Versaillais. Condamné à la déportation, il s’évade. Après l’amnistie, il fonde L’Intransigeant. Au retour du bagne de Nouvelle-Calédonie, il se rapproche progressivement du boulangisme et de l’extrême droite. Lorsque éclate l’affaire Dreyfus, il laisse libre cours à son antisémitisme pour mener campagne avec les « anti ». A écrit en 1896-1898 : Les aventures de ma vie.

    Antiparlementariste, antidémocrate révolutionnaire. Créateur de divers mouvements politiques nationaux et socialistes, dont La Ligue Intransigeante Socialiste et le Parti Républicain Socialiste Français. Animateur du boulangisme de gauche. Antisémite militant, il est une des grandes figures de l’antidreyfusisme de gauche. Dans son article « Le triomphe de la juiverie », paru dans Le Courrier de l’Est le 20 octobre 1899, il y menace les juifs d’un « effroyable mouvement antisémitique ». Il devient monarchiste. » 

     

    1940-1945 : On n’est trahi que par les siens.

    Durant cette période aussi, à côté des francs-maçons qui ont lutté dans le cadre de la Résistance, allant jusqu’à sacrifier parfois leur vie, on trouve des maçons qui « se paient de mots ». Ainsi par exemples :

    « Jean Pierre Abel, son vrai nom est René Château (1906-1970) : Philosophe, militant radical-socialiste. Collaborateur. Elève d’Alain. Agrégé de philosophie. Franc-maçon, initié au Grand Orient de France. Il est élu en 1936 député de Charente-Inférieure sous l’étiquette du Parti radical-socialiste. Vichyste. En 1940, il vote les pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Sous l’occupation, il entre à L’œuvre de Marcel Déat, puis il est nommé à la direction de La France socialiste, quotidien qui deviendra La France au travail, et où il dénonce, en 1942, le « rôle des trois internationales : la capitaliste, la bolchevique, la juive », et s’en prend particulièrement à cette dernière. Pendant les années 1950, il reprend ses publications philosophiques sous son véritable nom.

    François Ernest Chasseigne (1902-1977) : Député « pupiste », puis socialiste de l’Indre (1932-1941). Maire d’Issoudun. Il se rallie au gouvernement de Vichy, qui en fit un ministre de l’agriculture et du ravitaillement en 1944. On dit de lui qu’il est un « ancien communiste passé à la SFIO ». Il vote les pleins pouvoirs pour le maréchal le 10 juillet 1940 à Vichy. Il fréquente Lafont, le chef tortionnaire de la Gestapo française. Pacifiste, il est membre de la Milice. Ami de la LICA (ancienne LICRA) en 1936, il est aux « Amis de la Waffen SS » en 1944. Condamné, puis amnistié en 1950. Franc-maçon. Il fut initié en 1933 à « La Gauloise », orient de Châteauroux.

    André Grisoni (1886-1975) : Député radical de la Seine de 1932 à 1936, maire de Courbevoie de 1927 à 1944. Franc-maçon. Membre de la loge « Emile Zola ». Antiraciste convaincu, il est membre du comité central et de la commission de propagande de la Ligue internationale contre le racisme et l’anticommunisme. Proche de Pierre Laval, il militera au Rassemblement national populaire.

    Jean Luchaire (1901- mort fusillé le 22 février 1946 au fort de Châtillon) : Journaliste et patron de presse. Franc-maçon. Orateur de Loge. Collaborationniste. Homme de gauche, briandiste zélé des années 30, il se fait le promoteur d’un rapprochement entre la France et l’Allemagne. Ami d’Abetz. Il fonde en 1927, le mensuel Notre Temps, qui appuie le pacifisme, et qui a pour collaborateurs : Bertrand de Jouvenel, André Weil-Curiel, Jacques Chabannes, Pierre Brossolette et Pierre Mendès-France. En novembre 1940, il fonde le journal collaborationniste Les Nouveaux Temps.

    Jean Michel Tournaire, dit Jean Michel Renaitour (1896-1986) : Homme de lettres. Député indépendant de gauche, puis Gauche indépendante de l’Yonne de 1928 à 1942. Maire d’Auxerre de 1929 à 1941. Membre du Comité central de la LICA en 1931. D’abord socialiste, brièvement communiste après le Congrès de Tours, candidat SFIO aux législatives de 1924. Il ne prend pas part au vote du 10 juillet 1940. Franc-maçon. Membre de la loge « Francisco Ferrer ». Sous l’Occupation, il fréquente les collaborateurs et donne des articles dans des revues de cette tendance.

    Emile Roche (1893-1990) : Fils d’épicier. Secrétaire en 1929, puis vice-président du parti radical dans les années 30. Franc-maçon. Membre de la loge « Les Amitiés Internationales ». Résolument anticommuniste. Hostile au Front populaire. Sous l’Occupation, Roche fréquente les milieux du RNP de Marcel Déat, sans en être membre. En 1950, il interviendra en faveur d’Otto Abetz, dont il fut et restera l’ami. Après guerre, il est président administratif du parti radical (1951-1954) et présent au Grand Orient de France. Il est président du Conseil économique et social de 1954 à 1974.

    Charles Spinasse (1893-1979) : Franc-maçon. Orateur en Loge. Elu en 1924 député SFIO de la Corrèze, et sera réélu jusqu’en 1942. Ministre de l’économie nationale de juin 1936 à mars 1937, il signe les accords de Matignon, et devient ministre du Budget (mars-avril 1938) dans le gouvernement du Front populaire. Il fait partie du courant pacifiste, anticommuniste et planiste de la SFIO. Le 6 juillet 1940, à Vichy, il proclame son appui à la politique du maréchal Pétain. Vichyste. Il vote les pleins pouvoirs le 10 juillet. Relaxé le 22 octobre 1945. Il participe à la création du Parti socialiste démocratique, comme tous les socialistes compromis avec Vichy. Dans les années 1960, il soutient en Corrèze l’ascension du jeune Jacques Chirac. ». 

     

     

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