• « Je ne suis pas Charlie ». (Première partie)

    Ainsi, le mouvement « Je suis Charlie », est ambigu : Il est crée de façon artificielle, et il faudra tirer les conséquences lorsque le soufflet va retomber, lorsqu’il n’y aura plus cette ivresse médiatique : actuellement, on assiste à un mouvement émotif, « des tripes », et non à une compassion du cœur, de l’émotion du cœur. On peut tout aussi bien déclarer : « Je suis Juif », ou « Je suis Musulman », ou « Je suis athée », etc. Pourquoi pas « Je suis chômeur », ou « Je suis SDF », ou « Je suis employé précaire ». En fin de compte : « Je suis un être humain ».

    « Je ne suis pas Charlie ». (Première partie)

     

    « Charlie Hebdo » est le journal qui a succédé à « Hara Kiri » : « Hara Kiri » est un journal post-soixante-huitard, impertinent, plein d’esprit, avec un rire ludique et gai. Il n’en est plus de même avec la ligne qu’avait adopté « Charlie Hebdo » ces quinze dernières années : c’est devenu une ligne éditoriale qui tombe souvent dans la provocation glauque, le ricanement grinçant, parfois islamophobe, sexiste, et inutilement agressif.

    C’est pourquoi je n’adhérai pas à cette critique aigre avant les événements du mercredi 7 janvier 2015, et je n’y adhère pas non plus après ces événements. C’est le droit  de chacun d’apprécier ou non cet hebdomadaire soi-disant satirique.

    C’est le cas de nombreuses personnes, puisque le nombre des lecteurs était tombé à 30 000 personnes. Au lieu de chercher à refléter le goût du public, le directeur de la publication de « Charlie Hebdo » s’est tourné vers la recherche de subventions publiques, allant jusqu’à frapper à la porte du président de la République pour obtenir des fonds afin d’empêcher le dépôt de bilan.

    Mais je condamne absolument l’agression que l’on peut qualifier de fascistes, contre les journalistes de ce journal : On peut ne pas être d’accord, quelle que soit la raison invoquée, sans pour autant recourir à des moyens barbares.

    Lorsque je rencontre une personne dans la rue, je peux lui dire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites ». C’st là un comportement rationnel. Mais si j’ajoute : « En plus vous êtes un gros con et votre mère est une putain ! », c’est là un comportement irascible, incohérent, qui va susciter une réaction proportionnée ou non : la personne peut se détourner de moi et s’en aller. Elle peut aussi choisir de saisir les tribunaux pour injures. Mais je peux aussi tomber sur une personne sanguine, ou excitée, colérique, et même « folle », qui va, en retour, me frapper et peut-être me tuer. C’est ce qui s’est produit avec « Charlie Hebdo ». On peut critiquer toute religion, donner son point de vue, et le faire même avec humour et impertinence. Mais on n’a pas le droit de s’attaquer à la personne croyante. Dire par exemple : « Je ne suis pas d’accord avec l’Islam : c’est une religion féodale, notamment dans ses relations avec les femmes. » est une chose. Ajouter : « Mahomet est un pédophile et un terroriste » est autre chose. D’autant plus que Mahomet est un personnage historique, plutôt bien connu par la recherche scientifique. De plus, Mahomet est respecté par les croyants musulmans : il est donc possible de tomber sur un fanatique qui prendra prétexte de cette provocation pour assassiner. Cependant, les dessinateurs avaient encore le droit d’exprimer même un avis provoquant, mais ils devaient accepter les conséquences de leurs actes.

     

    La liberté de la presse est-elle en cause ?

    Il faut reconnaître que les seuls journaux nationaux véritablement libres, quant à leur ligne éditoriale, sont : « Le Canard Enchaîné » et « Charlie Hebdo ». Ce sont les seuls journaux qui ne vivent pas de la publicité, et qui ne sont pas aux mains de manias de la presse.

    Pour les autres journaux, ainsi que pour de nombreux médias, comme la télévision, il me paraît difficile de parler en France de liberté de la presse. Bien au contraire, ils sont tous propriétaires de grands capitalistes, le plus souvent dirigeants de monopoles d’armement, Dassault, Lagardère,…) ou de la construction (Bouygues,…). Ces moyens médias exercent une véritable police de la pensée. Qu’est-ce qui empêche nos hommes politiques de proposer une loi, comme celle qui avait été ^prise par François Mitterrand à l’encontre de l’empire Hersant, pour libérer la presse et les divers médias, et imposer une déontologie aux journalistes, à hauteur de celle des journalistes de « Charlie Hebdo » et du « Canard Enchaîné » ?

    Il faut reconnaître que ces deux derniers organes de presse ont permis de soulever divers affaires, que tous les autres organes se complaisent ^plutôt à enterrer.

    On ne peut que dénoncer l’hypocrisie de nombreux hommes politiques, aujourd’hui Charlie, mais qui continuent d’entretenir les meilleures relations avec des pays de nature féodale et liberticides, comme le Qatar et l’Arabie Saoudite, ou d’autres régimes policier, comme le Congo de Bongo.

    De nombreux thuriféraires de « Charlie Hebdo », aujourd’hui, qui portent le badge « Je suis Charlie », soutiennent une ligne éditoriale, à laquelle auparavant ils étaient soit opposé, soit dont ils ignorent la teneur.

    Il faut quand même respecter la mémoire des journalistes assassinés, en particulier de leur « esprit » lorsqu’ils publiaient « Hara Kiri » ce qui n’est pas le cas des hommes politiques et des journalistes des autres organes de presse :

    • Les journalistes de « Charlie Hebdo » n’auraient jamais accepté que les cloches des Eglises sonnent en leur faveur, même à l’occasion de leur décès dans des conditions atroces et lâches ;
    • Les journalistes de « Charlie Hebdo » étaient antimilitariste et refusaient le chant de la Marseillaise. Ceux qui portent des drapeaux auraient sans aucun doute étaient flagellés par leurs dessins humoristiques ;
    • Il est surprenant d’entendre des proches des journalistes de « Charlie Hebdo » demander à ce que leurs dépouilles reposent au Panthéon ! Quelque part, c’est faire injure à leur intelligence.
    • Enfin les mesures symboliques, tels que les minutes de silence, les drapeaux en berne, l’extinction des lumières, comme celle de la Tour Eiffel, mesures qui ne servent à rien, auraient attirés leurs sarcasmes les plus saignants.

    Maintenant, il est possible qu’avec l’âge, les journalistes s’étant portés sur une ligne éditoriale libérale et libertaire, acceptent ces diverses récupérations. Mais le pire serait que leur journal, suite aux événements, soit récupéré par un magnat de la presse, qui en fera un organe « humoristique », de la police de la pensée.

    Ainsi, le mouvement « Je suis Charlie », est ambigu : Il est crée de façon artificielle, et il faudra tirer les conséquences lorsque le soufflet va retomber, lorsqu’il n’y aura plus cette ivresse médiatique : actuellement, on assiste à un mouvement émotif, « des tripes », et non à une compassion du cœur, de l’émotion du cœur. On peut tout aussi bien déclarer : « Je suis Juif », ou « Je suis Musulman », ou « Je suis athée », etc. Pourquoi pas « Je suis chômeur », ou « Je suis SDF », ou « Je suis employé précaire ». En fin de compte : « Je suis un être humain ».

     

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