• Question 33° degré (2° partie)

    Une telle affirmation suppose d’abord que l’on est parvenu à la maîtrise, notamment du mental. Il faut se poser, en tant que francs-maçons, les questions suivantes : « Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Que voulons-nous ? »Quand on maîtrise le mental, on maîtrise tout le reste. La recherche du Soi par le mental ressemble à celle du berger cherchant un agneau qu’il ne cesse cependant de porter sur ses épaules. La réalité de l’Etre, du Soi, évidente par elle-même, n’a « besoin » d’aucune preuve extérieure. Elle est antérieure à toutes nos pensées, présupposition nécessaire de toutes nos connaissances et actions ; fondement de notre existence, elle nous précède et nous constitue. Pourtant, on oublie cette évidence. Le remède à cette situation erronée est une sorte d’éveil, une « réintégration », un « retour à la source », et ceci justement ne peut se faire que par une expérience personnelle.

     

    Question 33° degré (2° partie)

    « Le 32° est un degré initiatique. Que pensez-vous de cette affirmation ? »

     

    Seconde partie : …Mais cela implique des francs-maçons mûrs qui pratiquent effectivement les valeurs de la franc-maçonnerie.

    Une telle affirmation suppose d’abord que l’on est parvenu à la maîtrise, notamment du mental. Il faut se poser, en tant que francs-maçons, les questions suivantes : « Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Que voulons-nous ? »Quand on maîtrise le mental, on maîtrise tout le reste. La recherche du Soi par le mental ressemble à celle du berger cherchant un agneau qu’il ne cesse cependant de porter sur ses épaules. La réalité de l’Etre, du Soi, évidente par elle-même, n’a « besoin » d’aucune preuve extérieure. Elle est antérieure à toutes nos pensées, présupposition nécessaire de toutes nos connaissances et actions ; fondement de notre existence, elle nous précède et nous constitue. Pourtant, on oublie cette évidence. Le remède à cette situation erronée est une sorte d’éveil, une « réintégration », un « retour à la source », et ceci justement ne peut se faire que par une expérience personnelle.

    Selon l’adage : « Toute chose se fait connaître par ce qui lui est semblable ». On ne peut donc contempler le Soi universel que par le Soi qui est en nous. Que dois-je faire pour atteindre cet état ? Je dois nettoyer mon temple intérieur, afin que cet hôte, le Soi, puisse se révéler en lui. Je suis la flûte, et le Soi est le flûtiste, qui souffle amoureusement dans l’instrument. Sans flûtiste, il n’y a pas de musique, mais sans flûte rendue « perméable » au Soi, aucune mélodie ne peut se manifester. L’eau du Soi ne peut s’écouler dans le vase de notre conscience, si celui-ci est déjà plein. Aussi, pour que le Soi puisse descendre en nous, il faut se « désemplir ».

    L’intention de la démarche maçonnique n’est donc pas de donner à l’homme l’acquisition d’une chose nouvelle, de lui révéler un fait inconnu, mais simplement de le rendre conscient de cette réalité fondamentale, obscurcie par l’existence empirique, mais impérissable. Son rôle se résume à détruire l’ignorance que l’on compare à un nuage noir qui cache le soleil brillant, et à éveiller l’homme à la vérité (à l’alétheia – le non-oubli) de sa nature authentique. C’est aussi comme le soleil caché par un nuage. Tout comme le soleil dissimulé par un nuage, le Soi, caché par l’ego, n’a jamais disparu. Le mental ne saurait appréhender le Soi, et ce n’est qu’une fois réduit au silence et qu’aucune de ses pensées-nuages ne se présente pour obscurcir la conscience, que l’Etre pur peut se révéler dans toute sa splendeur.

    Il s’agit, non pas d’ajouter quelque chose, mais d’enlever quelque chose, non pas d’apprendre quelque chose, mais de désapprendre quelque chose ; il s’agit d’enlever le voile qui couvre la pierre brute pour faire apparaître la pierre cubique. Cela rappelle le « vitriol » du Cabinet de réflexion : C’est-à-dire plonger en soi. La méthode est bien d’aller au fond de soi, dans une forme de pèlerinage, pour découvrir, dévoiler le moi profond. C’est la recherche du trésor des trésors, dans la nuit et le silence. Ce trésor c’est le Royal Secret. La vérité, c’est le mensonge plus un surplus. Par notre travail, il est demandé de perdre ce surplus.

    Le monde est seulement irréel en tant que monde, c’est-à-dire en tant que chose séparée, subsistant par soi-même, mais il est réel en tant que manifestation du Soi, tout comme les événements que l’on voit sur un écran de cinéma sont irréels en tant que vie véritable, mais réels en tant que spectacle d’ombre. Cela s’appelle aussi travailler la pierre brute (l’ego) pour faire émerger la pierre cubique, ou la pierre philosophale (le Soi). La souffrance et le bien-être continuent d’exister, le monde est bien là. Mais ce n’est plus l’essentiel.

    Quelle est la méthode maçonnique ? Cela consiste en deux expressions, et une phrase : les deux expressions sont « pierre brute » et « pierre cubique » et la phrase est : « transformer la pierre brute en pierre cubique », ou bien encore : « revenir à la source ». La pierre brute est la surface, la périphérie, la conscience empirique, le reflet, l’apparence, le soi reflété, empirique et apparent, le « « je » inauthentique. C’est le faux « je », le persona, ou masque. La pierre cubique est le fond et le centre, la conscience universelle, le Connaisseur et Témoin, la conscience pure, le Soi réel et transcendantal, le « Je suis » authentique et réel. C’est le vrai et seul « Je suis », l’Etre réel et profond.

    Le mental ne diffère pas de l’ego et de la conscience empirique. Il s’identifie avec le corps de façon erronée, et plus grave, il s’identifie avec le Soi témoin. Le mental s’identifie avec la pierre brute.

    Le retour à la source signifie connaître le Soi tel qu’il est réellement, abandonner le faux soi (le « je » physique et le mental, la conscience empirique) tout comme un acteur abandonne son rôle et demeure lui-même, n’oublie jamais qui il est en réalité. La conscience d’être est antérieure à la pensée, à l’ignorance et l’erreur, à l’illusion, au bien et au mal. Le Soi précède, il est au-delà du déroulement de la conscience relative, celle du sujet-objet. Penser relève du mental. Changer de perspective et de centre de gravité, passer de la superficie à la profondeur, de la pierre brute à la pierre cubique, c’est la mort du vieil homme. De même qu’il y a une différence entre l’état de veille et l’état de rêve, parvenir à cela, c’est la même différence qu’entre l’état de veille et l’état de rêve.

    Cela ne fait pas l’objet d’une connaissance intellectuelle, verbale, ou d’une analyse psychologique. C’est une expérience immédiate. Il n’y a pas non plus une expérience du monde de la dualité, suivie d’une expérience de l’absolu. Il n’y a pas un « avant » et un « après ». Le Soi est toujours présent et sa connaissance n’est pas l’objet d’une discipline. Cette connaissance est innée et personne ne l’a jamais perdu.

    Si le travail est vraiment fait, c’est la meilleure aide qu’un maçon peut apporter au monde.

    Coexistent donc diverses sortes de francs-maçons :

    • Ceux qui sont étrangers à la démarche maçonnique, et qui restent des mondains (le sexe et l’argent) : affairistes,…

    • Ceux qui sont en route vers le but

    • Ceux qui ont atteints le but.

    A quoi reconnaît-on ces derniers ? La paix profonde, le silence. La Lumière, la Vie, l’Amour.

    Les premiers ont un « moi vert ». Les derniers ont un « moi mûr ». Ils ont travaillé sur leurs ego. Celui-ci subsiste, et leur permet juste d’enseigner aux autres. Les premiers sont des bavards : ils font « blop, blop, blop » comme un vase qui se remplit d’eau. Les troisièmes sont silencieux, parce qu’ils sont bien pleins, et l’eau qu’ils contiennent ne fait plus qu’un avec l’eau de l’océan.

    Loges bleues : Certaines loges sont composées de maçons virtuels, qui sont « restés en chemin », ou bien de Narcisse qui s’admirent. A quoi le reconnaît-on ? Plus on s’écarte de la Terre (Malkuth), et que l’on se rapproche de la Grande Lumière (Kéther), et plus l’ego (les rôles, rôle social, familial, et aussi maçonnique) se déconstruit et apparaît notre véritable nature (être, conscience, béatitude, joie). Plus on est proche de la Terre, et plus l’ego s’intensifie et s’hypertrophie. Or ces frères finissent par avoir un petit je surdimensionné.

    Si l’on projette ces tendances au niveau de la grande Histoire, on constate :

    • Si, au XVIII° siècle, la franc-maçonnerie est un courant globalement progressif, c’est-à-dire allant dans le sens du développent d’une république bourgeoise, affirmant les principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité, il a toujours coexisté un courant maçonnique faible et rétrograde (Philippe Egalité, les frères qui ont émigrés lors de la révolution française, La Fayette, etc.

    • Aujourd’hui, il convient d’être lucide sur ce que représente la franc-maçonnerie : plutôt la moyenne des classes privilégiées. Pour preuve, le climat intellectuel et moral des loges, ainsi que le coût des cotisations. Croire que la franc-maçonnerie représente le peuple français est un leurre, sinon où sont les représentants des ouvriers, des petits paysans et des employés, y compris les populations immigrées des banlieues et les chômeurs ?

    Dans la loge du 18° degré, le Très Sage refuse d’exécuter la Cène, sous prétexte que cela lui rappelle de mauvais souvenirs d’expérience religieuse. Le rite, rien que le rite, mais tout le rite. La Cène renvoie à l’Arcane du Tarot, le Fou ou le Mat, qui succède à l’Arcane XXI, le Monde. Le Fou est à la fois le triomphe sur le monde extérieur et la libération, avec l’accès à l’immortalité. Le Fou est un personnage hagard, presque déculotté, emportant sur son épaule un infime baluchon, le reste du Monde, et s’en allant un bâton à la main, vers une destination inconnue. « Donner MAA », signifie dans l’Egypte antique, donner la tempe, derrière laquelle se trouve la zone cérébrale auditive. C’est l’union, la fusion avec ce qui est perçu, la réalisation de sa propre MAÂT(Vérité), la Maât universelle ou conscience universelle. Le monde existentiel devient relatif, et le monde intérieur occupe une place de plus en plus grande. Le Fou s’en va, abandonnant le monde extérieur, sans se retourner vers un passé dépassé, insensible à la morsure qui voudrait le retenir. Il ne s’inquiète pas non plus du crocodile qui le guette en avant dans un avenir improbable : il vit dans l’éternel présent. Il retourne vers l’invisible, pour rencontrer paix, sérénité, et harmonie, au-delà du vain tourbillon de l’agitation psychique qui enchaîne. La Cène est donc la Chaîne d’union, à un autre niveau, tout comme la trilogie « Foi, Espérance Charité » dépasse la trilogie « Liberté, Egalité, Fraternité ». C’est la Chaîne d’Union à un plan de conscience plus élevé. C’est un acte d’amour total, conduisant à tous les sacrifices. En cela, l’amour est folie, mais avant tout joie. C’est à cette joie que conduit la Cène, c’est-à-dire au cœur du Monde, là où règne la Conscience une et inconnaissable.

    Dans la loge du 30° degré, celui du Chevalier Kadosch, un frère a fait une planche sur le thème du « retour opératif sur investissement (R.O.I.) » de la franc-maçonnerie ! C’est un peu un nouvel adage : « Fais ce que dois, et tu auras la récompense en retour » ! Quelle conception intéressée, étrangère à toutes nos valeurs de devoir et d’amour ! Cette façon de viser un résultat est une absence d’humilité et un orgueil certain indigne. Bien sûr, qu’il faut faire son Devoir, quoi qu’il en coûte, et l’adage inscrit à l’Orient est : « Fais ce que tu dois, advienne que pourra » !

    Un exemple de planche au 32° degré : « Le temps a plus de temps que le marbre ou l’airain ». N’est-ce pas là s’enfermer dans le temps ? Bien sûr, on peu opposer le temps court (celui de la vie humaine) au temps long (celui des minéraux par exemple, qui se compte en millions d’années) : mais quelle différence ? Est-ce que le fait de prolonger la vie humaine, comme le prétend le transhumanisme, apportera une once de plus de bonheur ? Le rite REAA conduit chacun de nous à sortir du temps pour aller vers l’éternité. C’est ce qui est déjà pressent au 13° degré, quand l’initié descend au fond de la caverne, c’est-à-dire au plus profond de lui-même et rencontre une porte, celle de l’éternité. C’est la treizième porte, entre la Couronne et L’Aïn Sof. Plus tard, le maçon ne doit-il pas expérimenter cela ?

    Ou bien faut-il croire que les maçons des hauts grades ont honte de leur rituel et ne le prennent pas au sérieux ? Dans ce cas, il ne faut pas s’attendre à ce que nos valeurs de fraternité et d’universalité rayonnent dans nos Temples et à l’extérieur des Temples. Comment combattre le terrorisme et le fanatisme si nous ne savons ni expérimenter, ni propager nos valeurs les plus hautes ?

     

    CONCLUSION :

    En conclusion, l'état à atteindre est la Béatitude, définie de la façon suivante par le philosophe André Comte-Sponville: "J'avais vécu un moment parfait - juste assez pour savoir ce qu'est la perfection. Un moment bienheureux - juste assez pour savoir ce qu'est la béatitude. Un moment de vérité - juste assez pour savoir, mais d'expérience, qu'elle est éternelle.  «Nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels », écrit Spinoza dans l'Éthique - non que nous le serons, après la mort, mais que nous le sommes, ici et maintenant. Eh bien voilà : je l'avais senti et expérimenté, en effet, et cela fit en moi comme une révélation, mais sans Dieu. C'est le plus beau moment que j'aie vécu, le plus joyeux, le plus serein, et le plus évidemment spirituel. Comme les prières de mon enfance ou de mon adolescence, à côté, me semblent dérisoires ! Trop de mots. Trop d'ego. Trop de narcissisme. Ce que j'ai vécu, cette nuit-là, et ce qu'il m'est arrivé d'autres fois de vivre ou d'approcher, c'est plutôt le contraire comme une vérité sans mots, comme une conscience sans ego, comme un bonheur sans narcissisme. Intellectuellement, je n'y vois aucune preuve de quoi que ce soit ; mais je ne peux pas non plus faire comme si cela n'avait pas eu lieu. " Mais si pour André Comte-Sponville, cet état de Béatitude peut être atteint par hasard, et pour une durée déterminée, la méthode maçonnique, par un travail de connaissance de soi-même, permet d'atteindre cet état et d'y demeurer pour toujours. 

    Comme les mauvais compagnons, l’Initié est impatient (de réussir, d’y arriver, de transmuter,…), mais chaque chose arrive en temps et heure : Entrer dans l’Eternité, avant l’ultime initiation, la passage à l’Orient Eternel. A la fin du parcours, l’initié arrive en Kéter, à la fois le bout du chemin et le sommet de la montagne : il est prêt à prendre son envol. Alors, il n’y a plus de Temple, plus de rituel, seulement le Souffle de l’Infini. Alors, seule la Grâce peut en faire un Elu. Puis, tel un nouveau Moïse, Jésus ou Mahomet, il pourra redescendre de la montagne, pour rejoindre ses sœurs et frères humains, au sein de Malkhut.

     

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