• (Partie 3) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

    Qu’en est-il si on applique cette grille de lecture à une loge ?

    La participation aux Hauts grades, ou bien l’exercice d’une fonction dans la loge, comme vénérable maître, ne donnent aucune supériorité et n’apportent pas l’acquisition de nouveaux pouvoirs, occultes ou non, ni de nouveaux secrets. Affirmer le contraire est une mystification. En effet, le grade de maître donne la plénitude au franc-maçon, et il y a égalité parfaite entre tous les maîtres. Lors de l’initiation, ce n’est pas l’ego qui est exalté, mais le contraire : la mort de l’ego conduit à exalter le Soi. Le maçon doit ciseler sa pierre cubique, et non rester à la surface de la pierre brute. Le travail à faire, ce n‘est pas un gonflement de l’ego, mais un travail sur Soi. Pour supprimer les métaux (le pouvoir, le sexe, l’argent,…) et non les faire entrer dans le Temple. L’égalité maçonnique, c’est l’égalité acquise par le travail sur Soi, pour faire émerger l’être réel et véritable, la pierre cubique, en passant ou non par les Hauts grades et en exerçant ou non des fonctions au sein de la loge.

     

    (Partie 3) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

     

    3.3) La loge :

    Qu’en est-il si on applique cette grille de lecture à une loge ?

    La participation aux Hauts grades, ou bien l’exercice d’une fonction dans la loge, comme vénérable maître, ne donnent aucune supériorité et n’apportent pas l’acquisition de nouveaux pouvoirs, occultes ou non, ni de nouveaux secrets. Affirmer le contraire est une mystification. En effet, le grade de maître donne la plénitude au franc-maçon, et il y a égalité parfaite entre tous les maîtres. Lors de l’initiation, ce n’est pas l’ego qui est exalté, mais le contraire : la mort de l’ego conduit à exalter le Soi. Le maçon doit ciseler sa pierre cubique, et non rester à la surface de la pierre brute. Le travail à faire, ce n‘est pas un gonflement de l’ego, mais un travail sur Soi. Pour supprimer les métaux (le pouvoir, le sexe, l’argent,…) et non les faire entrer dans le Temple. L’égalité maçonnique, c’est l’égalité acquise par le travail sur Soi, pour faire émerger l’être réel et véritable, la pierre cubique, en passant ou non par les Hauts grades et en exerçant ou non des fonctions au sein de la loge.

    La fraternité repose sur les deux piliers que sont la liberté et l’égalité. L’égalité s’acquière par l’initiation au grade de maître. L’égalité est un des fondamentaux de la franc-maçonnerie. Il n’y a aucun « privilège » supplémentaire, autre que ceux qui s’acquièrent par l’initiation. La liberté est obtenue par la Règle, que ce soit la Règle nationale ou la Règle que se donne la loge à elle-même (le règlement intérieur). La liberté est fondée sur la Règle. Pas de liberté sans loi, mais la loi peut être modifiée.

    La crise actuelle de la loge provient de la présence de trop de métaux dans le temple, à savoir des ego surdimensionnés, qui répandent des idées fausses :

    • Par exemple, une supposée supériorité des membres qui occupent (ou ont occupés par le passé)  une fonction dans la loge ;

    • Une supériorité des frères participant aux Hauts grades ; une telle croyance est source d’illusions.

    • La démocratie serait contraire à l’initiation… Dans ce cas, la désignation aux diverses fonctions s’effectue par une opération du saint-esprit ? Quelle mystification.

    Ce sont là des erreurs. Il y a égalité totale de tous les maîtres de la loge : tous ont vécu une initiation qui a conduit à la mort de l’ego. Tous cheminent sur la voie royale. Il n’y a aucune supériorité de ceux qui auraient occupés le trône de Salomon.

    Les diverses fonctions sont des responsabilités de service, transitoires, qui ne donnent accès à aucune supériorité. Il en est de même des divers Hauts grades. Etre au 33° grade n’est pas une garantie d’être/de rester un bon maçon. Etre 33° n’est pas la garantie d’avoir véritablement progressé sur la voie maçonnique.

    La démocratie est indispensable dans le fonctionnement des loges, surtout à une période où se développe l’idéologie fasciste. S’il la démocratie n’est pas mise en œuvre, alors sur quoi repose la désignation des frères aux divers postes ? La magouille ? Le favoritisme ?

    Si une Règle peut être modifiée et adaptée, par contre, il est indispensable que la loge dispose d’une Règle et l’applique, surtout en cas de défaillance de la fraternité. Il convient en particulier d’appliquer la règle que l’on se donne à soi même, le règlement intérieur. Si ce n’est pas le cas, on peut s’interroger sur la valeur du serment, mais aussi sur le caractère sérieux que l’on donne à toutes les autres valeurs, comme la laïcité. Sinon, c’est le règne du chaos et de l’arbitraire. La Règle représente les repères, comme les étoiles dans le ciel. Mais bien sûr, il est toujours possible de faire varier cette règle.

    Le fait de s’affranchir de la Règle, ou de l’appliquer de façon « aléatoire », conduit au désordre, au chaos et à l’absence de repères. La création d’un pseudo grade supplémentaire, celui de « trône de Salomon », rompt l’égalité entre les frères maîtres : sans liberté (« un maçon libre, dans une loge libre ») et sans égalité, il ne peut y avoir de fraternité : la loge devient une association profane.

    Ainsi, il y a la franc-maçonnerie mûre, qui travaille en profondeur, et la franc-maçonnerie non mûre, qui reste en surface. Les francs-maçons non mûrs clament comme des perroquets le leitmotiv « Liberté-Egalité-Fraternité », mais ne font aucun effort pour effectuer un début de mise en œuvre de ces valeurs dans leur vie quotidienne, de même que la République française aujourd’hui, fait inscrire sur les murs, notamment des mairies, cette formule, sans qu’il n’y ait le début d’exécution de celle-ci : au contraire, les inégalités augmentent et les libertés se réduisent. Or sans égalité et sans liberté, la fraternité est impossible !

     

    Conclusion :

    Ce qui est essentiel, c’est la pratique de l’idéal maçonnique. Vous êtes ce que vous faites : ce qui prime, c’est la réalisation et l’expérimentation. Lorsque l’origine sociale du franc-maçon est l’appartenance à la classe dominante, à la classe privilégiée, la pratique de l’idéal maçonnique conduit à la trahison de sa classe d’origine. Comme pour la Résistance de 1940-1945, « Obéir, c’est trahir, désobéir, c’est servir ».

    Quelles sont les relations du franc-maçon avec les autorités dominantes du moment ? La soumission, le respect ou la lutte et l’opposition ?

    Quelles sont nos références aujourd’hui ? Pour la période de 1789-1794, ce sont les francs-maçons qui ont lutté pour la Révolution. Pour la période de la Commune de Paris de 1871, ce sont les francs-maçons qui ont lutté au côté des Communards contre les Versaillais. Pour la période de la Résistance de 1940-1945, ce sont les francs-maçons résistants qui ont lutté contre le nazisme et le régime de Vichy. Aujourd’hui, ce sont les francs-maçons qui luttent contre un système injuste, contre la barbarie, pour le socialisme.

    Nos références sont internationalistes, contre le nationalisme et les barrières : les francs-maçons sont pour le mélange, le métissage (« Une seule race, la race humaine »), et pour la partage : ami des riches et des pauvres, mais les francs-maçons sont sûrement les ennemis des très riches, des exploiteurs et des accapareurs.

    Quelles sont les relations du franc-maçon avec les religions ? De 1789 à aujourd’hui, les francs-maçons ont été les partisans de la laïcité et de la liberté absolue de conscience. C’est pourquoi ils combattent toutes formes de fanatisme, de fondamentalisme et de communautarisme. « Dieu » n’a pas de religion. Dans la mesure où il n’y a qu’une seule humanité, il ne peut y avoir qu’une seule religion. Il y a un seul « Dieu », sous des noms différents. Tout le reste est humain.

    Selon les « Constitutions » d’Anderson, un franc-maçon n’est ni un athée stupide, ni un libertin. Depuis 1789, l’histoire de la franc-maçonnerie est une lutte constante pour la déchristianisation et la lutte contre l’Eglise notamment, avec les étapes suivantes :

    • Evolution française : culte de l’Etre suprême, la Raison ; refus des religion qui font appel à la « révélation » et religions rationalistes ;

    • Avec le Concordat, qui est la fin du gallicanisme, le clergé (évêques et abbés) déserte les loges ;

    • XIX° siècle : d’abord croyance en Dieu et en l’immortalité de l’âme, puis fin de la référence au Grand Architecte de l’Univers en 1877, et possibilité pour les francs-maçons d’être libre-penseur et athée ;

    • XX° siècle : séparation de l’Eglise et de l’Etat.

    Il faut choisir son camp : Révolutionnaires ou émigrés nobles en 1789 ? Communards ou Versaillais en 1871 ? Résistants ou collaborateurs en 1940-1945 ? Socialisme ou barbarie en 2014 et demain ?

     

    Troisiéme partie : La franc-maçonnerie et la mixité

    La première femme initiée semble être Elisabeth Saint Léger (1694-1773), initiée dans une loge irlandaise en 1744.

    Les loges d’adoption ont conservé un imaginaire et un discours de soumission sociale des femmes. Mais ces loges ont néanmoins permis à un milieu de femmes d’acquérir un statut qui, s’il n’était certes pas égalitaire, n’en constituait pas moins un progrès certain et les installait dans une partie de l’espace social dont elles étaient auparavant privées. Par exemple la loge « La Candeur », est adjointe à une loge d’adoption, composée uniquement de femmes. Depuis 1774, le Grand Orient de France reconnaît les loges féminines rattachées à des loges masculines. Ces loges féminines existent depuis 1740. Seules des femmes pouvaient diriger cette loge d’adoption. La majorité des franc-maçonnes étaient issues de la noblesse et des couches sociales aisées. La loge de la Candeur n’a adopté qu’une seule femme non titrée pendant toute la période de son activité. Dans certains milieux, le XVIII° siècle n’était donc pas misogyne : les femmes pouvaient participer activement à la vie de la société, notamment à travers les salons.

    La mixité au XIX° siècle :

    Les loges d’adoption fonctionnent à nouveau sous le premier Empire, en demeurant essentiellement destinées à des femmes issues de l’aristocratie, de la très haute bourgeoisie et du milieu artistique. Pour certaines loges, elles continuèrent, par à coups, jusqu’aux deux tiers du XIX° siècle.

    Le machisme ambiant conduit à répandre des sentences comme : « Les femmes véhiculent l’idéologie des prêtres », ou bien : « Monsieur va en loge deux fois par mois, et Madame à la messe chaque semaine. »

    Peu à peu, les Droits de l’Homme deviennent les Droits Humains, puis les Droits de la Personne. 1892 : initiation transgressive de Marie Deraismes à la loge « Les libres penseurs », de la Grande Loge Symbolique Ecossaise, à l’orient de Paris, au Pecq. 1893 : Création du Droit Humain, véritable obédience gérant des loges des trois premiers degrés. 1899 : Création du Suprême Conseil international chapeautant les hauts grades, au rite écossais.

    Et aujourd’hui ?

    Il y a une forte évolution des mœurs, avec le droit de vote des femmes en 1944. D’autres mesures émancipatrices sont prises : La loi sur le divorce, la liberté de contraception, la modification de la structure familiale, l’accès massif à la formation, à l’emploi et aussi au … chômage.

    Le développement de l’individualisme conduit à une atténuation de la logique de couple (famille monoparentales, etc.).

    La plupart des organisations sociales se sont progressivement orientées vers la mixité : écoles, université, armée, etc.

    Le développement de l’athéisme et de l’agnosticisme, la déchristianisation conduisent à la construction d’une civilisation post judéo-chrétienne. Les loisirs culturels augmentent, y compris pour les femmes (35 heures, demain 32 heures).

    L’émancipation est accélérée et réelle à partir des années 1970 (émancipation économique, et aussi sexuelle, avec la loi Veil).

    Les valeurs en faveur de la mixité sont l’universalité de l’idéal maçonnique (la fraternité universelle). Comment peut-on prôner l’amour universel, en excluant a priori et d’office la moitié de l’humanité ?

    Jamais, n’a été affirmé avec force, le principe de la démocratie. Ainsi, lors des divers convents, qui sont les congrès de l’obédience, donc les instances décisionnelles, on ne sait pas si s’applique le principe « un homme, une voix », ou le principe « une loge, une voix ». Un exemple frappant est la façon dont a été adoptée la mixité par les instances dirigeantes du Grand Orient de France, sans aucune consultation de la base. Si on ne peut qu’être d’accord avec le principe de la mixité, l’obédience étant jusque là alignée, quant à l’exclusion des femmes, sur l’un de ses pires ennemis réactionnaires, l’Eglise catholique, les deux « ordres », l’Eglise et le G.°. O.°. D.°. F.°., refusant l’initiation des femmes, on est en droit de s’interroger sur la méthode antidémocratique utilisée pour « imposer » en 2010, la mixité ; Ce fut un vrai diktat. Ce qui peut à juste titre inquiéter, c’est la prise de décision selon la même procédure dictatoriale demain, mais cette fois-ci dans un domaine entrant en contradiction avec les valeurs fondamentales de l’Ordre.

    Le G.°. O.°. D.°. F.°. était mal accompagné : l’Eglise catholique, et les fondamentalistes de toutes les religions refusaient jusque là la mixité.

    Dans les loges, on entend parfois dire que l’aspect initiatique de la franc-maçonnerie s’oppose à l’application de principes véritablement démocratiques. L’exemple qui en est donné est l’adoption, sous l’ère du président François Mitterrand, de l’abrogation en France de la peine de mort, alors, affirme-t-on, que l’  « opinion publique » était majoritairement favorable à l’application de la peine de mort. C’est là aller vite en besogne, et interpréter un peu facilement quels seraient les choix de l’opinion publique. Sur le fond, une telle position est une négation des principes démocratiques, et sans aucun doute un mépris du peuple. En fait, si l’on applique véritablement la démocratie populaire, cela consiste à donner à chaque citoyen les facultés d’un entendement éclairé, et un choix véritable. Il se trouve qu’aujourd’hui, à chaque fois, on assiste à une manipulation des consciences ! De même dans les loges, il ne faut pas craindre d’affirmer – notamment dans la Règle – les principes fondamentaux de la démocratie, et appliquer résolument et véritablement ceux-ci. Ne pas le faire, c’est ouvrir la possibilité à l’application d’autres principes (oligarchie, manipulation des consciences, sectarismes,…) !

    Une loge initiatique doit reposer sur une Règle, Règle mettant en œuvre les principes les plus démocratiques (« un homme, une voix), au moins en ce qui concerne les maîtres, ayant la plénitude des droits (et devoirs maçonniques), les apprentis et les compagnons étant considérés comme des « maîtres en devenir », destinés à bénéficier, dans l’avenir de ces mêmes droits (et devoirs).

    En cas d’absence d’une telle Règle, ou en l’absence d’une application rigoureuse de cette Règle (application de cette Règle, à géométrie variable), ce sont alors d’autres principes qui s‘appliquent : l’arbitraire  et la démagogie. Souvent, certains frères (ou sœurs) se comportent alors en « gourous », ou en « faiseurs de rois », manipulateurs.

    La Règle est le fondement de la liberté (notamment, la loi protège les plus faibles) et aussi de l’égalité : sans Règle, la fraternité n’est donc pas possible.

    La séparation des hommes et des femmes pour des raisons sexistes concerne des structures rétrogrades, en retard sur la féminisation générale de la société occidentale : l’Eglise catholique, l’Islam et une certaine maçonnerie.

    Donner comme argument principal, comme refus de la mixité dans la loge, le fait de la « drague » (l’obstacle de la présence de l’autre sexe, c’est justement la « sexualité », les désirs, les passion,…), c’est donner un piètre aperçu des maîtres maçons. En somme les « frères » présents sont restés profanes, victimes de leurs tendances et de leurs désirs, et il n’a été entrepris aucun travail pour « se maîtriser ». ‘est oublier aussi que dans une société où prime aujourd’hui le genre, le désir sexuel peut être partagé par une personne du même sexe. C’est à nouveau, la présence des métaux dans le Temple (le sexe, l’argent, le pouvoir). On peut être pour ou contre la présence de l’autre sexe dans la loge, mais une loge digne de ce nom est composée d’individus qui ont entrepris un travail de maîtrise de leurs désirs. Lorsque des initiés parlent à d’autres initiés, les métaux n’interfèrent plus.

     

    « (Partie 2) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.(Partie 4) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle. »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter