• (Partie 24) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

    La fonction de la franc-maçonnerie est de faire émerger « ce qui n’est pas », c’est-à-dire l’utopie. La franc-maçonnerie a toujours été initiatrice et déclencheur du nouveau et accoucheuse de l’avenir. C’est l’étincelle qui met le feu à la plaine.

    (Partie 24) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

     

    La fonction de la franc-maçonnerie en France.

    La fonction de la franc-maçonnerie est de faire émerger « ce qui n’est pas », c’est-à-dire l’utopie. La franc-maçonnerie a toujours été initiatrice et déclencheur du nouveau et accoucheuse de l’avenir. C’est l’étincelle qui met le feu à la plaine.

    Bien évidemment, il s’agit de s’inscrire en faux contre toute théorie complotiste, du genre « complot judéo-maçonnique : c’est là une conception typique du fascisme. Par contre, il convient de s’interroger sur l’influence réelle, au niveau social, de la franc-maçonnerie, hier et aujourd’hui.

    1)      Le XVIII° siècle : En 1789, les « bras nus » sont dominés par la bourgeoisie. Naissance du prolétariat. La Franc-maçonnerie est au-dessus du mouvement.

    Une étude, notamment de la Révolution française de 1789, démontre que la franc-maçonnerie, en amont de ce mouvement révolutionnaire, a fortement impliquée la classe aristocratiques, les nobles et le haut clergé, dont la noblesse de robe, tel le représentant de celle-ci, que fut Montesquieu. Sont moins concernés les représentants de la couche supérieure du Tiers-Etat, la bourgeoisie.

    En introduisant des idées progressives, comme la tolérance, la lutte contre l’absolutisme, la lutte contre la torture, la lutte contre l’emprise réactionnaire de l’Eglise catholique, etc., la franc-maçonnerie a contribué au renversement de l’ancien système et à la création d’un nouveau système, au même titre qu’un certain nombre d’autres facteurs : las académies, les 10000 nobles qui ont participé à la lutte pour l’indépendance des Etats-Unis, représentés par La Fayette, le philosophisme, symbolisé par la loge des Neuf Sœurs, etc.

    Ainsi, la franc-maçonnerie a contribué à mobiliser les couches les plus progressives de la noblesse (« Philippe Egalité »,…) et du clergé (abbé Grégoire, évêque Talleyrand,…) au déclenchement de la Révolution de 1789.

    Il faut cependant préciser que le socle économique et social était déjà depuis longtemps préparé à ce mouvement et il s’y prêtait bien.

    Les loges maçonniques étaient « spécialisées » socialement, ne regroupant souvent exclusivement que des représentants de l’aristocratie, hommes et femmes, ces dernières étant associées dans le cadre des « loges d’adoption ». Ces loges « aristocratiques » étaient en général fermées aux catégories sociales bourgeoises inférieures, cette dernière couche (négociants, manufacturiers,…) se regroupant dans leurs loges propres et spécifiques.

    D’ailleurs, pour limiter le recrutement à la catégorie « noble », l’une des raisons, mais pas la seule, de la création des « hauts-grades » était destinée à la préservation de cet entre-soi.

    Cependant si une partie de l’aristocratie a contribué à amorcer le mouvement révolutionnaire, d’autres nobles ont trahi les idéaux de la franc-maçonnerie : d’une part, une partie des nobles contre-révolutionnaires ont fui la France et émigré à partir de 1789. D’autre part, certains aristocrates ont quitté et délaissé le mouvement révolutionnaire, au fur et à mesure de son avancée, où en tout cas le freiner, et arrêter le mouvement de la Révolution à l’une de ses étapes : par exemple, la monarchie constitutionnelle. Ceci explique la trahison des idéaux révolutionnaires par une partie des aristocrates, mais également des hauts bourgeois, dans le cadre d’une entente des possédants, au fur et à mesure que le peuple, composé des sans-culottes et des enragés, s’est emparé de ces idéaux, pour les emmener à leur ultime conclusion : la Constitution de l’An III, et la république sociale, représentée par le deuxième pouvoir, populaire, que fut la Commune insurrectionnelle de Paris de 1792.

    La Révolution a aboutit à la victoire de la bourgeoisie sur la féodalité, victoire non définitive, puisqu’au siècle suivant, il y eut diverses tentatives de Restauration. La bourgeoise a affirmé et fondé son pouvoir et son Etat par diverses étapes : la Terreur, Robespierre, le Directoire et Napoléon I°.

    Lors de la révolution, les idéaux d’égalité de tous les hommes, de libertés fondamentales, de laïcité et de tolérance, de déchristianisation, etc. sont sorties des Temples maçonniques pour illuminer et entrer dans la réalité sociale. Ces idées ont été discutées, en particulier, dans les divers clubs patriotiques qui ont pris alors naissance. Il en est résulté une quasi-mise en sommeil des loges maçonniques elles-mêmes.

    Avec Napoléon 1° (Tout comme la tentative de Napoléon III°) on assiste à une mise en place d’une franc-maçonnerie de « caserne », c’est-à-dire une maçonnerie aux ordres au pouvoir en place.

     

    2)    Le XIX° siècle : En 1871, le prolétariat est autonome et mature. Il se libère et construit son Etat. La franc-maçonnerie est à côté.

    Socialement, le recrutement au sein des loges maçonniques se renouvelle : il s’agit alors essentiellement de bourgeois, de petits-bourgeois et d’intellectuels. Les loges deviennent des « lieux de parole », où s’expriment sans aucune censure les idées « républicaines », qui vont s’exprimer en-dehors des Temples surtout en 1830, en 1848 et enfin lors de la commune de Paris en 1871. A chaque fois, la franc-maçonnerie est un creuset d’idées avancées, et elle joue un rôle de déclencheur des mouvements sociaux. Encore une fois, lorsque le peuple s’empare de ces idéaux, les loges disparaissent ou sont mises en sommeil, et on voit l’apparition de divers clubs.

    Les maçons de la III° République étaient plutôt opposés à la maçonnerie des « hauts-grades », en raison de leur conception très égalitariste.

    Quel est le « ressort », la « mécanique » qui permet à la maçonnerie de parvenir à ses fins ?

    La franc-maçonnerie pose un certain nombre de valeurs, qui forment une « table de la loi », bien au-delà de la simple réalité sociale : autrement dit, la conduite de la réalité sociale fait en sorte que l’infrastructure a pris de l’avance sur la superstructure. La franc-maçonnerie contribue à un « rattrapage » de la superstructure par rapport à une infrastructure qui est à l’étroit, étant bridée.

    De  plus, la « clôture » des loges maçonniques, appelée « le secret », crée une sorte de « pouvoir » des loges (on dit « un maçon libre dans une loge libre »), en dehors du pouvoir officiel. Pour être précis, la maçonnerie représente les valeurs d’une catégorie sociale (la noblesse et le haut clergé au XVIII° siècle, la bourgeoisie au XIX° siècle), valeurs qui n’ont pas encore cours dans la société réelle, mais valeurs qui correspondent déjà à la réalité du socle de l’infrastructure. Ces valeurs couvent un certain nombre d’années dans les « serres » que sont les loges maçonniques et ne demandent qu’à éclore à la lumière du soleil. Lorsque les conditions sociales objectives sont réunies, ces valeurs passent tout naturellement dans la réalité sociale, les forces populaires s’en emparant pour les faire entrer d       ns la réalité.

    Les forces populaires emmènent ces valeurs bien souvent au-delà des limites que souhaiteraient leur assigner les « initiateurs » et les « lanceurs d’alerte » : en quelque sorte, le peuple prend « au mot » les classes nouvellement dominante, d’où les exigences des sans-culottes en 1792, ou ben la tentative d’instaurer une dictature du prolétariat par les Communards de 1871.

    Il est à noter qu’à chaque fois, au cours de la lutte, l’émergence des femmes qui aspirent à la libération contre le patriarcat et le machisme, a conduit à l’apparition des loges d’adoption au XVIII° Siècle et à l’initiation féminine à la fin du XIX° siècle.

     

    3)    Le XX° siècle : Le prolétariat dispose de son propre parti, le Parti Communiste Français. Ce parti a une ligne prolétarienne juste de 1920 à 1953. La franc-maçonnerie doit se mettre au service du prolétariat.

    Le recrutement concerne surtout la bourgeoisie, mais également la petite-bourgeoisie (enseignants, boutiquiers, artisans,…). Cela signifie que la fraternité dans les loges, par exemple, n’est pas universelle, mais « censitaire », en raison de la cherté et du coût (en argent et en temps) qu’il faut pouvoir consentir pour appartenir au mouvement (cotisation annuelle, coût des agapes, achat du matériel et des décors, etc.). Sont exclus en particulier les ouvriers et les petits paysans.

    En effet depuis l’origine, jusqu’à aujourd’hui, le coût pour être franc-maçon est prohibitif :

    ·   D’abord les cotisations, non seulement pour les trois premiers grades, mais aussi pour les hauts-grades ;

    ·   Ensuite les décors, qu’il convient d’acheter pour chaque grade, ainsi qu’éventuellement le costume sombre parfois nécessaire pour participer aux tenues ;

    ·   Enfin les divers à-côtés non négligeables, comme les agapes, les sorties.

    Ainsi, ces divers coûts, mais aussi le temps libre dont il convient de disposer, ne serait-ce que pour participer à au moins deux tenus par mois, conduit automatiquement à réserver la maçonnerie à certaines catégories sociales plutôt aisées, l’aristocratie au XVIII° siècle, la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie aux XIX° et XX° siècles. De toute façon, aucun effort n’est fait pour recruter des éléments de la classe ouvrière ou de la paysannerie pauvres : ce recrutement pourrait se concevoir par exemple par l’application du quotient familial et une participation au mouvement en fonction des revenus réels.

    Il en résulte donc bien que les valeurs de Liberté-Egalité-Fraternité sont « censitaires » et réservées au-dessus d’un certains « cens ». Seuls sont aidés les francs-maçons de cette « classe moyenne », qui connaissent des difficultés occasionnelles – chômage, licenciement, divorce,… .

    Une conséquence est un recrutement « consanguin » : les bourgeois recrutent dans leur milieu et donc de nouveaux bourgeois. Aucun effort n’est fait, ne serait-ce que pour des considérations financières, pour recruter dans les classes sociales inférieures, ne serait-ce que pour regrouper les éléments les plus représentatifs de chaque classe sociale à même d’appliquer les principes de « Liberté-Egalité-Fraternité ».

    Il en résulte notamment une forte tendance des francs-maçons vers l’apolitisme, la « neutralité », qui confine au conformisme, à la défens e du statut-quo, et donc de la domination bien réelle de la classe bourgeoise. Une fraction de francs-maçons se distingue aussi par un anticommunisme outrancier. Et pourtant la franc-maçonnerie bien conçue a pour objectif immédiat l’instauration du communisme.

    En effet, le communisme, c’est la fraternité réelle vécue entre égaux libres. C’est dans la société collectiviste qu’est mis en œuvre le maximum possible d’égalité et de liberté pour l’ensemble des individus et pour chacun pris individuellement. Le communisme est donc, ici et maintenant, l’expression de ce qui correspond le mieux à la devise fondatrice de la maçonnerie : « Liberté-Egalité-Fraternité ».

    Peu à peu se dessine l’objectif de la République sociale, correspondant à une réalité sociale fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité. Les principaux idéaux de la Commune de paris, tels la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la laïcité, en particulier dans l’enseignement, ont peu à peu pris place dans la réalité.

    Il y a extension des droits sociaux et affirmation des droits de l’homme au niveau international, création de la Société des Nations, puis de l’O.N.U.

    Un point spécifique du XX° siècle, c’est l’existence pendant une trentaine d’année, du Parti Communiste Français, qui donne à la classe ouvrière son autonomie. Après la mort de Staline, ce parti est devenu un embryon de la bourgeoisie sociale-démocrate.

    Outre la contradiction entre le peuple français et l’ennemi nazi, sur le sol nationale, il coexiste également la contradiction principale entre la bourgeoisie et le prolétariat. Le prolétariat, dans le cadre de la guerre impérialiste, a ses objectifs propres, qui sont l’insurrection et l’instauration d’une dictature du prolétariat.

    Le parti communiste chinois, grâce à Mao Tsé-toung, a su brillamment mener ces deux contradictions à leur terme : lutte contre l’envahisseur japonais, et lutte pour l’instauration d’un Etat de démocratie nouvelle, puis d’un Etat socialiste.

    En France, le PCF n’avait pas de Pensée-Guide. Ses chefs, Thorez et Duclos, étaient à la tête d’une ligne opportuniste de droite. S’ils ont mené la guerre contre la bourgeoisie fasciste, représentée par Pétain et Laval, ils n’ont pas prôné l’autonomie prolétarienne, mais se sont mis à la remorque de la bourgeoisie « républicaine », représentée par de Gaulle. En cela, ils ont fait servir le prolétariat comme force d’appoint d’une fraction de la bourgeoisie contre une autre fraction de la bourgeoisie. Le vainqueur de la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat, c’est en fin de compte de Gaulle.

    Ainsi, la bourgeoisie a pu instaurer une république bourgeoise ; les deux fractions de la bourgeoisie se sont ensuite réconciliées pour mener la lutte du camp impérialiste contre le camp socialiste.

     

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