• (Partie 23) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

    La franc-maçonnerie pose un certain nombre de valeurs, qui forment une « table de la loi », bien au-delà de la simple réalité sociale : autrement dit, la conduite de la réalité sociale fait en sorte que l’infrastructure a pris de l’avance sur la superstructure. La franc-maçonnerie contribue à un « rattrapage » de la superstructure par rapport à une infrastructure qui est à l’étroit, étant bridée.

    (Partie 23) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

     

    2)    Le XIX° siècle : En 1871, le prolétariat est autonome et mature. Il se libère et construit son Etat. La franc-maçonnerie est à côté.

    Socialement, le recrutement au sein des loges maçonniques se renouvelle : il s’agit alors essentiellement de bourgeois, de petits-bourgeois et d’intellectuels. Les loges deviennent des « lieux de parole », où s’expriment sans aucune censure les idées « républicaines », qui vont s’exprimer en-dehors des Temples surtout en 1830, en 1848 et enfin lors de la commune de Paris en 1871. A chaque fois, la franc-maçonnerie est un creuset d’idées avancées, et elle joue un rôle de déclencheur des mouvements sociaux. Encore une fois, lorsque le peuple s’empare de ces idéaux, les loges disparaissent ou sont mises en sommeil, et on voit l’apparition de divers clubs.

    Les maçons de la III° République étaient plutôt opposés à la maçonnerie des « hauts-grades », en raison de leur conception très égalitariste.

    Quel est le « ressort », la « mécanique » qui permet à la maçonnerie de parvenir à ses fins ?

    La franc-maçonnerie pose un certain nombre de valeurs, qui forment une « table de la loi », bien au-delà de la simple réalité sociale : autrement dit, la conduite de la réalité sociale fait en sorte que l’infrastructure a pris de l’avance sur la superstructure. La franc-maçonnerie contribue à un « rattrapage » de la superstructure par rapport à une infrastructure qui est à l’étroit, étant bridée.

    De  plus, la « clôture » des loges maçonniques, appelée « le secret », crée une sorte de « pouvoir » des loges (on dit « un maçon libre dans une loge libre »), en dehors du pouvoir officiel. Pour être précis, la maçonnerie représente les valeurs d’une catégorie sociale (la noblesse et le haut clergé au XVIII° siècle, la bourgeoisie au XIX° siècle), valeurs qui n’ont pas encore cours dans la société réelle, mais valeurs qui correspondent déjà à la réalité du socle de l’infrastructure. Ces valeurs couvent un certain nombre d’années dans les « serres » que sont les loges maçonniques et ne demandent qu’à éclore à la lumière du soleil. Lorsque les conditions sociales objectives sont réunies, ces valeurs passent tout naturellement dans la réalité sociale, les forces populaires s’en emparant pour les faire entrer d       ns la réalité.

    Les forces populaires emmènent ces valeurs bien souvent au-delà des limites que souhaiteraient leur assigner les « initiateurs » et les « lanceurs d’alerte » : en quelque sorte, le peuple prend « au mot » les classes nouvellement dominante, d’où les exigences des sans-culottes en 1792, ou ben la tentative d’instaurer une dictature du prolétariat par les Communards de 1871.

    Il est à noter qu’à chaque fois, au cours de la lutte, l’émergence des femmes qui aspirent à la libération contre le patriarcat et le machisme, a conduit à l’apparition des loges d’adoption au XVIII° Siècle et à l’initiation féminine à la fin du XIX° siècle.

     

    3)    Le XX° siècle : Le prolétariat dispose de son propre parti, le Parti Communiste Français. Ce parti a une ligne prolétarienne juste de 1920 à 1953. La franc-maçonnerie doit se mettre au service du prolétariat.

    Le recrutement concerne surtout la bourgeoisie, mais également la petite-bourgeoisie (enseignants, boutiquiers, artisans,…). Cela signifie que la fraternité dans les loges, par exemple, n’est pas universelle, mais « censitaire », en raison de la cherté et du coût (en argent et en temps) qu’il faut pouvoir consentir pour appartenir au mouvement (cotisation annuelle, coût des agapes, achat du matériel et des décors, etc.). Sont exclus en particulier les ouvriers et les petits paysans.

    En effet depuis l’origine, jusqu’à aujourd’hui, le coût pour être franc-maçon est prohibitif :

    ·   D’abord les cotisations, non seulement pour les trois premiers grades, mais aussi pour les hauts-grades ;

    ·   Ensuite les décors, qu’il convient d’acheter pour chaque grade, ainsi qu’éventuellement le costume sombre parfois nécessaire pour participer aux tenues ;

    ·   Enfin les divers à-côtés non négligeables, comme les agapes, les sorties.

    Ainsi, ces divers coûts, mais aussi le temps libre dont il convient de disposer, ne serait-ce que pour participer à au moins deux tenus par mois, conduit automatiquement à réserver la maçonnerie à certaines catégories sociales plutôt aisées, l’aristocratie au XVIII° siècle, la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie aux XIX° et XX° siècles. De toute façon, aucun effort n’est fait pour recruter des éléments de la classe ouvrière ou de la paysannerie pauvres : ce recrutement pourrait se concevoir par exemple par l’application du quotient familial et une participation au mouvement en fonction des revenus réels.

    Il en résulte donc bien que les valeurs de Liberté-Egalité-Fraternité sont « censitaires » et réservées au-dessus d’un certains « cens ». Seuls sont aidés les francs-maçons de cette « classe moyenne », qui connaissent des difficultés occasionnelles – chômage, licenciement, divorce,… .

    Une conséquence est un recrutement « consanguin » : les bourgeois recrutent dans leur milieu et donc de nouveaux bourgeois. Aucun effort n’est fait, ne serait-ce que pour des considérations financières, pour recruter dans les classes sociales inférieures, ne serait-ce que pour regrouper les éléments les plus représentatifs de chaque classe sociale à même d’appliquer les principes de « Liberté-Egalité-Fraternité ».

    Il en résulte notamment une forte tendance des francs-maçons vers l’apolitisme, la « neutralité », qui confine au conformisme, à la défens e du statut-quo, et donc de la domination bien réelle de la classe bourgeoise. Une fraction de francs-maçons se distingue aussi par un anticommunisme outrancier. Et pourtant la franc-maçonnerie bien conçue a pour objectif immédiat l’instauration du communisme.

    En effet, le communisme, c’est la fraternité réelle vécue entre égaux libres. C’est dans la société collectiviste qu’est mis en œuvre le maximum possible d’égalité et de liberté pour l’ensemble des individus et pour chacun pris individuellement. Le communisme est donc, ici et maintenant, l’expression de ce qui correspond le mieux à la devise fondatrice de la maçonnerie : « Liberté-Egalité-Fraternité ».

    Peu à peu se dessine l’objectif de la République sociale, correspondant à une réalité sociale fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité. Les principaux idéaux de la Commune de paris, tels la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la laïcité, en particulier dans l’enseignement, ont peu à peu pris place dans la réalité.

    Il y a extension des droits sociaux et affirmation des droits de l’homme au niveau international, création de la Société des Nations, puis de l’O.N.U.

    Un point spécifique du XX° siècle, c’est l’existence pendant une trentaine d’année, du Parti Communiste Français, qui donne à la classe ouvrière son autonomie. Après la mort de Staline, ce parti est devenu un embryon de la bourgeoisie sociale-démocrate.

    Outre la contradiction entre le peuple français et l’ennemi nazi, sur le sol nationale, il coexiste également la contradiction principale entre la bourgeoisie et le prolétariat. Le prolétariat, dans le cadre de la guerre impérialiste, a ses objectifs propres, qui sont l’insurrection et l’instauration d’une dictature du prolétariat.

    Le parti communiste chinois, grâce à Mao Tsé-toung, a su brillamment mener ces deux contradictions à leur terme : lutte contre l’envahisseur japonais, et lutte pour l’instauration d’un Etat de démocratie nouvelle, puis d’un Etat socialiste.

    En France, le PCF n’avait pas de Pensée-Guide. Ses chefs, Thorez et Duclos, étaient à la tête d’une ligne opportuniste de droite. S’ils ont mené la guerre contre la bourgeoisie fasciste, représentée par Pétain et Laval, ils n’ont pas prôné l’autonomie prolétarienne, mais se sont mis à la remorque de la bourgeoisie « républicaine », représentée par de Gaulle. En cela, ils ont fait servir le prolétariat comme force d’appoint d’une fraction de la bourgeoisie contre une autre fraction de la bourgeoisie. Le vainqueur de la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat, c’est en fin de compte de Gaulle.

    Ainsi, la bourgeoisie a pu instaurer une république bourgeoise ; les deux fractions de la bourgeoisie se sont ensuite réconciliées pour mener la lutte du camp impérialiste contre le camp socialiste.

     

    Le programme du Conseil National de la Résistance, programme bourgeois de restauration du capitalisme français

    Si le programme du CNR est un programme stratégique, il y a alors mensonge sur la marchandise de la part du PCF : car c’est un programme de restauration du capitalisme traditionnel français. Sans doute ce programme met fin à la phase fasciste du capitalisme français, phase ouverte par le Régime de Vichy en 1940, mais il ne met pas le pied à l’étrier de la classe ouvrière pour aller vers l’étape stratégique qu’est la sienne : la destruction de l’ancien Etat, l’Etat bourgeois, et l’instauration d’un nouvel Etat, l’Etat socialiste.

    Par opportunisme, les dirigeants du PCF privent donc la classe ouvrière de toute autonomie et la place sciemment à la remorque de la classe bourgeoise, pour l’instauration d’une Quatrième République.

    En fin de compte, les dirigeants du PCF n’ont anticipé aucune étape, et ont déjà renoncé à la révolution socialiste, se plaçant dans une optique, non pas de luttes des classes, mais d’une lutte pour les places (places de parlementaires, de conseillers généraux, de maires,…). Ceci explique leur volonté de rendre les armes, de faire fusionner les FTP avec l’armée bourgeoise : c’est la stratégie de traîtrise : « Un seul Etat, une seule armée, une seule police ». Puis bientôt, l’appel est lancé pour un productivisme effréné en faveur des entreprises bourgeoises.

    Puis peu à peu, le P « C » F est devenu un embryon du social-impérialisme russe.

    On peut lire, en 2013, une afficha du PCF/Front de Gauche, ainsi libellée : « Prenez le pouvoir. La VI° République, c’est maintenant ». Quelle duperie. Après cinq républiques bourgeoises, les ouvriers et le peuple sont appelés à créer une sixième république bourgeoise rénovée. Ainsi, le PCF a renié définitivement son objectif de rupture avec le capitalisme, de révolution sociale et d’instauration d’un nouveau système, le socialisme. Il s’agit seulement de faire la « révolution citoyenne » dans les urnes, et de remplacer un système ancien et pourri par un système rénové et « moins » pourri. « Voter, c’et lutter » : comme si cela allait changer la vie quotidienne des ouvriers et du peuple !

     

    Un des facteurs clés qui permet de départager les personnes en 1940 et le vote ou non des pouvoirs spéciaux au maréchal Pétain. C’est un des marqueurs essentiels de cette époque. Il ne faut jamais oublier que Pétain a été mis en place par une chambre « de gauche » : socialisme et fascisme sont bien deux frères jumeaux.

    A la lecture du programme du Conseil national  de la Résistance, plusieurs constats sont évidents :

    Le point clé, c’est qui dispose du pouvoir réel ?

    Incontestablement, c’est la bourgeoisie, représentée par de Gaulle.

    Le programme vise à restaurer une république bourgeoise. Pour le reste, il ne s’agit alors que de vœux pieux.

    Pour le moins, si le PCF avait été dans son rôle de représentant de la classe ouvrière et du peuple, il aurait du doubler ce programme d’un second programme socialiste, dont l’objectif est de briser l’Etat bourgeois et d’instaurer le socialisme.

    La démarche stratégique aurait dû être : d’abord un front commun et uni, pour vaincre l’ennemi commun, le nazisme et le régime de Vichy, et en même temps, et puis dans l’étape suivante, une étape de prise du pouvoir, la mise en avant de la nouvelle contradiction principale entre le PVF et de Gaulle.

    Les sacrifices humains consentis par le peuple et les ouvriers n’auraient été ni moins lourds, ni plus lourds, avec une telle perspective.

    Au lieu de cela, il y avait de la part du PCF, une stratégie unique : le front commun sous la direction de la fraction de la bourgeoisie représentée par de Gaulle. Le résultat est le mot d’ordre défaitiste et opportuniste : « Un seul Etat, une seule police, une seule justice, une seule armée », à savoir l’Etat bourgeois restauré.

    Ceci explique la mollesse de l’épuration, bien plus faible en France que dans d’autres pays européens. Car la bourgeoise, pour son compte, a su mener la guerre de classes, en épargnant ses représentants collaborationnistes, afin de préparer tout de suite la phase suivante, à savoir la lutte contre les communistes. La bourgeoisie a su faire l’union sacrée de sa classe, y compris avec une fraction vichyste compromise, pour mener la lutte pour la domination du peuple et la mise à l’écart de la classe ouvrière.

    Affaiblissant encore plus sa position, le PCF a opté pour une stratégie uniquement électorale, trouvant dès lors face à lui, le MRP, la SFIO et les gaullistes.

    Les dirigeants du PCF n’avaient plus qu’une dernière offensive pour tromper les ouvriers, c’est d’appeler à la production, ce qu’ils ne manquèrent pas de faire, dès la guerre terminée.

    Tout le contenu du programme devient alors un verbiage typiquement bourgeois, sans incidence réelle sur la vie quotidienne des masses :

    ·   « Union des patrons et des ouvriers » ;

    ·   « Union véritable de toutes les forces patriotiques pour la réalisation de la libération nationale inséparable, comme l’a dit le Général de Gaulle, de l’insurrection nationale » ;

    ·   « Union étroite de tous les patriotes, sans distinction d’opinions politiques, philosophiques ou religieuses. Ainsi se constituera dans la lutte une armée expérimentée… ».

    ·   « Rester unis après la libération ».

    ·   « Démocratie la plus large » ;

    ·   « L’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ».

    ·   « Le droit au travail et le droit au repos ».

    ·   « La sécurité de l’emploi ».

    ·   « Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales ».

    ·   « Une démocratie qui unisse au contrôle effectif exercé par les élus du peuple la continuité de l’action gouvernementale ».

    ·   « Dans l’union de tous les Français rassemblés autour  (…) de son président le général de Gaulle ».

    Tout ce qui s’est déroulé après-guerre viendra démentir toutes ces bonnes intentions mensongères :

    ·   Droit des populations coloniales ? Guerre d’Indochine, d’Algérie, néocolonialisme,…

    ·   Libéralisme et république bourgeoise qui conduisent à une aggravation des inégalités sociales, aggravation lente pendant les « Trente Glorieuses », aggravation accélérée pendant les « Quarante Piteuses ».

    Le programme remet en route la machinerie électorale, en précisant que la démocratie sera représentative et non directe : ce sont les élus qui exerceront un contrôle et non directement le peuple.

     

    Le rôle de la franc-maçonnerie :

    La franc-maçonnerie ne pouvait pas voir plus loin que l’avant-garde de la classe ouvrière, qui est devenue la classe la plus avancée de la société. Dans la mesure où les intérêts stratégiques de cette classe ont été trahis par les dirigeants révisionnistes et opportunistes de celle-ci, la seule optique était la réalisation du programme du CNR.

    Pourtant, depuis la Révolution française de 1789, mais surtout depuis les révolutions de 1848 et de 1871, se sont posées avec de plus en plus d’acuité les questions de la démocratie, de la liberté et de l’égalité.

    Ces problèmes se posent de la façon suivante :

    ·   L’Etat bourgeois, c’est la liberté, pour une minorité de plus en plus restreinte d’exploiter d’autrui. C’est l’absence de démocratie et d’égalité pour le plus grand nombre. C’est une organisation parfaite de la micro-économie, au niveau de chaque entreprise prise individuellement. Mais c’est l’anarchie au niveau de la macro-économie et de l’organisation de l »’économie dans son ensemble.

    ·   L’Etat socialiste, c’est la démocratie et l’égalité pour la majorité, une organisation planifiée de l’économie, assurant à chacun des moyens de vivre (travail, logement, loisirs,…). C’est aussi la dictature sur la minorité des anciens exploiteurs. Le point clé est la collectivisation des moyens de production.

    ·   La société, dans son ensemble aspire au socialisme, et donc à une prise en charge de l’économie par la classe ouvrière et ses alliés.

     

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