• (Partie 2) LE MINOTAURE BOUFFI

    DUHAUT :

    (S’adressant à Ariane)

    Honneur de l’administration

    Que proposer des suggestions.

    Le Minotaure te commande,

    Pour montrer ton doux sacerdoce,

    Une mission fondamentale,

    Par un engagement vital :

    Partant à la conquête des âmes,

    Il te confie l’œuvre sublime

    De précéder le noble cortège

    En lançant fleurs et éloges,

    À la gloire du grand Minotaure,

    Grand architecte croquemort

    (Partie 2) LE MINOTAURE BOUFFI

     

     

     

    SCENE 2

    DUHAUT, DUMILIEU DUBAS, ARIANE, LE CHŒUR

     

    DUHAUT :

    (S’adressant à Ariane)

    Honneur de l’administration

    Que proposer des suggestions.

    Le Minotaure te commande,

    Pour montrer ton doux sacerdoce,

    Une mission fondamentale,

    Par un engagement vital :

    Partant à la conquête des âmes,

    Il te confie l’œuvre sublime

    De précéder le noble cortège

    En lançant fleurs et éloges,

    À la gloire du grand Minotaure,

    Grand architecte croquemort

    De la galaxie minuscule,

    Dimension infinie éternelle

    De l’univers département !

     

    DUMILIEU :

    (S’adressant à Ariane)

    À l’injonction du président

    S’ajoute que le prix du billet

    Soit assumé par les sujets

    Du département de l’Isare.

    Car le président pas avare

    Pour dépenser suffisamment

    De son personnel précieux temps

    A l’activité publique

    Au service du peuple rustique

    A droit de façon furtive

    À cette royale prérogative.

     

    DUBAS :

    (S’adressant à Ariane)

    Jeune fille, pleine de grâces, pure,

    Avec volonté de bien faire,

    Offre l’ardeur à Minotaure,

    Glorifie, assiste et adore,

    Et pour prix de la récompense,

    J’intercéderai avec force,

    Demain tu seras employée

    À durée indéterminée.

     

    (Ariane passe dans l’autre pièce, pour s’emparer d’un flambeau et d’une corbeille

    de fleurs, puis revient dans l’antre)

     

    LE CHOEUR :

    Pernicieusement met en place

    Une mécanique efficace

    Visant à broyer sans pitié

    L’agent strict et discipliné.

     

    SCENE 3

    MINOTAURE, DUHAUT, DUMILIEU, DUBAS, ARIANE

     

    (Entrée cérémonielle du Minotaure, qui monte sur le piédestal autel.

    Palabres et culte du Minotaure par les trois prêtres impies.)

     

    MINOTAURE :

    Exposez l’entière litanie

    Des agents qui ont failli,

    Et qui partout ne satisfont

    Pas ma douce vénération !

    Je promulgue que chacun vaquant

    À mes ignominieux penchants,

    Phobies, obsessions, frayeurs,

    Soit de mon culte, l’exécuteur,

    Car c’est moi, le service public,

    Et le maire de l’Isare, mézigue,

    Et moi, et encore moi l’enflure,

    Chevalier à la belle allure !

     

    DUHAUT :

    (Tendant la liste)

    Voici la commande, monsieur !

     

    MINOTAURE :

    (En colère)

    Devant le président : « Monsieur! »

    Forme la mention conforme.

    Des messieurs et des mesdames,

    Vous en rencontrez tous les jours,

    D’innombrables, dans les rues, toujours,

    Alors qu’un seul exemplaire

    Minotaure président respire !

     

    DUHAUT :

    (S’inclinant bien bas)

    Voici monsieur le président,

    Modèle unique et bienveillant,

    La liste de ceux qui ont omis

    D’invoquer votre nom béni

    Lors de chaque respiration,

    Causant votre irritation !

     

    MINOTAURE :

    (Excédé) :

    Qu’ils soient donc tous anéantis,

    Immolés dans la joie ravie,

    Pour ma plus grande renommée !

    J’exige des agents comblés,

    Souriants sans cesse enchantés !

    Ensuite incessamment filmés

    À leur insu, l’exaltation

    Régnant dans les directions !

    Je prescrits la paix profonde,

    Mes administrés turpides,

    Dont je suis père maire, chanteront

    De l’aube au couchant mon renom !

     

    DUBAS :

    (Obséquieux)

    Cela sera fait, constamment

    Monsieur le parfait président !

     

    DUMILIEU :

    (Obséquieux)

    Ariane ardemment s’applique

    À transcrire cela en musique,

    Monsieur le noble Président !

     

    SCENE 4

    MINOTAURE, DUHAUT, DUMILIEU, DUBAS, ARIANE

     

    (Ariane exhibe un flambeau et une corbeille de pétales de fleurs. Elle devance le

    cortège et jette des pétales de fleurs sous les pas du Minotaure. Le convoi

    se coordonne, et se met en route pour rejoindre la pièce de Lumière. Arrivé devant

    le miroir, le Minotaure esquisse un signe d’horreur. Le Chœur, dont le Coryphée,

    représente les personnalités qui accueillent et reçoivent le Minotaure

    et son cortège).

     

    MINOTAURE :

    Horreur ! La chair quitte l’ossement !

    Voila trop de véritable

    Lumière, acte intolérable !

     

    (Le convoi se précipite avec désordre, dans l’antre obscur du Minotaure)

     

    MINOTAURE :

    Quel voyage miteux, désastreux,

    Avec la lumière dans mes yeux !

    J’ai approché un lampiste

    Employé subalterne, copiste,

    Sans croiser les autorités

    Les plus hautes de la contrée,

    Seuls mes égaux condisciples.

    Les circonstances du périple

    Exécrables et orduriers,

    Actes de lèse-majesté,

    Apparaissent indignes de mon rang !

     

    DUHAUT :

    Ariane fautif du manquement,

    Peureuse et pas dégourdie,

    Ni soumises à mon avis,

    Ni apte saisir les instructions !

     

    DUMILIEU :

    Ariane sans considération

    Pour la seigneurie éminente

    Ne sachant être déférente,

    Encourt un châtiment subi

    Exemplaire marquant les esprits.

     

    DUBAS :

    Face à ces errements maudits,

    Malgré les avantages fournis,

    Votre présence bienfaitrice,

    Ariane ignore reconnaissance,

    Pour servir, elle est indigente

    Et en plus impertinente !

     

    MINOTAURE :

    Puisqu’Ariane ne sait s’appliquer

    À obséquieusement seconder,

    Et mordant dédaigneusement

    Main sustentant complaisamment,

    Pour une ultime fois tester

    Sa compétente servilité,

    Employez-la à éduquer

    La prochaine recrue affidée.

     

    LE CHŒUR :

    Avec frayeur irraisonnée,

    Craignant de ne plus exister,

    Que cela altère son règne,

    Le Minotaure frémit de haine.

    Tel un carnassier, se réjouit,

    Face au jet d’eau glissant en pluie,

    Les allées en dédales menant

    Au parc et à l’étang clinquants,

    Devant ses adeptes pantois,

    Garanti du total bon droit,

    Impérial donneur de leçons,

    Minotaure se pavane abscons.

    L’auguste contact du maître,

    À qui chacun doit s’en remettre,

    Abdiquant les intimes idées,

    À sa concupiscence, dédiée,

    Et lui allouant tout son temps,

    Temps à lui seul appartenant.

    Le retrait de sa présence,

    L’écart de sa suffisance,

    En cas de moindre déviation,

    Est l’automatique sanction.

     

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