• (Partie 2) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

    La franc-maçonnerie se vit à trois niveaux :

    • Au niveau individuel : transformer sa pierre brute en pierre cubique, transformer le plomb en or ;

    • Au niveau de la Loge : un maçon libre dans une Loge libre ;

    • Au niveau de l’obédience, qui est un Ordre et un regroupement administratif.

    (Partie 2) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

     

    1.3)        La « machinerie » maçonnique :

    La franc-maçonnerie se vit à trois niveaux :

    • Au niveau individuel : transformer sa pierre brute en pierre cubique, transformer le plomb en or ;

    • Au niveau de la Loge : un maçon libre dans une Loge libre ;

    • Au niveau de l’obédience, qui est un Ordre et un regroupement administratif.

    Pour réaliser l’idéal maçonnique, il y a un ensemble de procédures et de moyens : l’initiation, les rituels, les tenues en loge, l’occupation des diverses fonctions et responsabilités en loge, les agapes, la chaîne d’union, les hauts grades, l’étude des symboles, etc.

    La franc-maçonnerie regroupe des personnes très différentes, d’où l’absence en Loge des discussions sur certains sujets qui divisent. Tout peut se dire en Loge, mais de façon fraternelle, d’où l’importance du secret et de la discrétion, afin de permettre l’expression de tous les points de vue.

    La franc-maçonnerie peut être appréhendée de deux points de vue : c’est à la fois une démarche individuelle et une démarche collective.

    La démarche individuelle est bien sûr personnelle. En quoi consiste-t-elle ? C’est une voie qui a un début et une fin : le début, c’est l’initiation et la fin, c’est l’Orient éternel. C’est, de manière imagée, escalader une montagne, partir du multiple pour parvenir à l’Un. L’objectif est d’atteindre le sommet de la montagne, où le point de vue est unique. Ceci suppose que la franc-maçonnerie est une voie initiatique et traditionnelle parmi d’autres. Il y a une multitude de voies qui mènent au même objectif : l’Un, le sommet de la montagne. Quel est le travail du franc-maçon ? C’est, en partant de la pierre brute, de transformer celle-ci en pierre cubique. A noter que cette pierre cubique existe depuis toujours au sein de la pierre brute, tout comme la statue est présente au cœur du bloc de marbre que va travailler le sculpteur. En franc-maçonnerie, le maçon est, à la fois, le sculpteur et la statue qu’il façonne ; il est son propre chef-d’œuvre, contrairement aux religions révélées et dogmatiques.  Il y a deux façons de travailler cette pierre brute. La première façon, c’est de travailler « en profondeur », d’aller au fond de soi. Il s’agit, sur le chemin de la vie, de perdre des choses, c’est le « ni-ni ». La seconde façon, c’est de travailler « en superficie ». Dans ce second cas, on enrobe la pierre brute, en la falsifiant, et en lui donnant l’apparence d’une pierre cubique. C’est créer un « super-ego » ? C’est donner de l’importance au paraître et non à l’être. Dans le premier cas, il s’agit du maçon « mûr ». Dans le second cas, il s’agit du maçon « non-mûr ». Quelle expérience a-t-on de la pierre cubique ? Tout être dispose de cette « pierre cubique ». D’autres traditions appellent cette pierre cubique le Soi, le « fond », l’ « écran blanc », … La pierre cubique est ce qui est éternel, immuable, infini. Le franc-maçon peut en faire l’expérience lors de l’initiation : alors est levé le voile pour la faire apparaître. La pierre cubique est ce qui fait que les hommes peuvent communier les uns avec les autres. Chacun doit en faire l’expérience individuellement. La seule chose que peut faire la franc-maçonnerie, c’est de donner les poteaux indicateurs, les outils, les symboles.

    Le franc-maçon « mûr » est le maître qui a parcouru le sentier, passant de l’arbre sec à l’arbre fleuri, en passant par les 33 étapes.

    Quelle est la relation entre l’initiation individuelle et l’universalité (l’humanité, la nature, le cosmos, l’univers) ? L’initiation individuelle a justement pour objectif d’intégrer l’individu dans la totalité, de lui faire redécouvrir le sens de l’universel, en levant le voile d’Isis, en démasquant Mâyâ… Si le franc-maçon échoue sur ce point, il devient « non-mûr ».

    La franc-maçonnerie est aussi une démarche collective : qu’avons-nous à faire ensemble ? Quel est le but collectif ? Trois réponses sont possibles :

    • La Loge doit créer les conditions permettant de se réaliser soi-même, d’aller vers l’Un, la sagesse,…

    • Au niveau de l’obédience, il s’agit de créer, avec d’autres traditions, les conditions permettant l’émergence d’une société libre, égale, fraternelle, qui favorise la réalisation de tous.

    • Enfin, il s’agit d’aller vers la fraternité universelle (suppression des nations, des classes sociales, des guerres et des conflits…

     

    1.4)        Praxis et théorie :

    Chaque franc-maçon, individuellement, mais aussi chaque Loge et chaque obédience, doivent aussi appliquer à l’extérieur du Temple les vérités apprises. Chaque franc-maçon est aussi un citoyen. Cela signifie que la franc-maçonnerie refuse l’entre soi et le sectarisme. La franc-maçonnerie a la volonté d’agir sur et dans la Cité, sur la réalité, que ce soit individuellement ou collectivement.

    La contradiction à surmonter est la suivante :

    • La franc-maçonnerie regroupe des personnalités très différentes, opposées même :

        • Du point de vue politique : gauche/droite,…

        • Du point de vue religieux : athée, catholique, musulman,…

        • Du point de vue économique : riche/pauvre,…

    De ce point de vue, la franc-maçonnerie est le « centre de l’union », qui regroupe des personnes qui, sans la franc-maçonnerie, ne se seraient jamais rencontrées.

    • Afin de pacifier les débats en Loge, et de permettre cette fraternité entre personnes (très) différentes, les discussions sur des thèmes qui divisent, comme la politique et la religion, sont interdites.

    • Mais chaque franc-maçon s’engage aussi à appliquer à l’extérieur du Temple les vérités acquises dans le Temple. Dans son ensemble, comme l’affirme la Constitution du Grand Orient de France, la franc-maçonnerie s’engage à améliorer l’état moral et matériel de l’humanité, et à combattre pour une humanité où existe la fraternité universelle. Ceci suppose une lutte intransigeante contre les obstacles qui s’opposent à cet idéal : fascisme, racisme, antisémitisme, nationalisme, sectarisme, individualisme,…

    Il y a d’une part, la théorie maçonnique (l’idéal), et d’autre part la pratique maçonnique. Le critère de vérité est la pratique, qui doit être en liaison cohérente et en résonance avec la théorie.

    A partir de ce critère, on peut distinguer le franc-maçon « mûr » et le franc-maçon « non-mûr ». Les maçons mûrs sont les maçons qui réalisent effectivement ce dont ils parlent. Les maçons non-mûrs ne font que parler, et restent sur le plan théorique, sans passer à l’action. Les maçons non-mûrs répètent en Loge les principes maçonniques, l’idéal maçonnique, mais refusent de mettre en œuvre cet idéal. Pour eux, il s’agit d’un idéal qui demeure sur le plan mental et sentimental.

     

    Deuxième partie :

    Les obstacles à l’universalité maçonnique et à l’application de la fraternité universelle.

     

    2.1) Le levain maçonnique :

    La voie maçonnique est une voie progressive parmi d’autres voies. Un premier obstacle relève d’une mauvaise perception de ce qu’est réellement la franc-maçonnerie du point de vue organisationnel. En effet, la franc-maçonnerie n’a jamais représentée toute la société, mais elle représente une catégorie sociale, plutôt aisée économiquement et financièrement et participant à un haut niveau culturel. Ainsi, au XVIII° siècle, elle regroupait essentiellement l’aristocratie et la haute bourgeoisie, au XIX° siècle, elle regroupait la bourgeoisie et au XX° siècle, la petite-bourgeoisie, dite « classe moyenne ».

    Les francs-maçons ont donc représentés une partie de la classe dominante, partie progressive, qui a trahi l’intérêt de sa classe d’origine, pour se ^placer du côté des classes progressistes, aidant celles-ci à aller vers plus de démocratie, plus d’égalité, plus de libertés, et donc plus de fraternité.

    Pour faire partie de la franc-maçonnerie, à chaque période, il ne faut sous-estimer ni les contraintes financières (cotisations diverses,…), ni les contraintes culturelles.

    Ceci est un constat : la franc-maçonnerie regroupe une partie de la population, plutôt aisée, et progressive. Individuellement, la franc-maçonnerie est une voie initiatique, parmi une multitude d’autres voies. C’est un levain dans la pâte. Et il faut peu de levain pour faire lever une grande quantité de pâte.

     

    2.2) Le « complot maçonnique » :

    Le complotisme affirme qu’il existe une sorte de « centre » occulte qui manipule les foules et mène l’histoire. C’est une idée qui existe depuis l’origine de la franc-maçonnerie, au XVIII° siècle, et qui a prospéré, s’est nourrie et développée en « complot judéo maçonnique », notamment au sein de l’extrême droite.

    Paradoxalement, c’est aussi une théorie reprise par certains francs-maçons, selon lesquels les maçons seraient « à l’origine » de divers mouvements historiques : la Révolution française de 1789, la III° République, diverses lois,…

    Du point de vue de l’histoire, du logos, il n’y a pas eu de « complot maçonnique », mais les francs-maçons ont joué un/leur rôle dans l’histoire.

     

    2.3) Rôle historique lors des trois périodes envisagées :

     

    a)     Révolution française, 1789-1794 :

    Du début du XVIII° siècle à 1789, c’est une période de « cumul » des forces : les aristocrates et la haute bourgeoisie créent des loges et se réunissent autour de l’idéal maçonnique.

    Mais il y a d’autres organes que les loges maçonniques qui expriment les Lumières et préparent la fin du féodalisme : ce sont les académies, les divers clubs, les salons, l’ « Encyclopédie », etc.

    Les loges sont un lieu d’apprentissage du fonctionnement « démocratique » des assemblées.

    Au moment de la Révolution, on trouve des francs-maçons dans les deux camps, le camp révolutionnaire et le camp réactionnaire. Un se divise en deux : il y a implosion et certains maçons choisissent leurs intérêts de classe et le maintien de leurs privilèges. Certains maçons choisissent l’émigration ; d’autres sont décapites. Enfin, les plus progressistes sont révolutionnaires. Lors des diverses étapes de la Révolution, plus celle-ci est « démocratique », plus certains francs-maçons reculent et cherchent à préserver leurs intérêts de classe. A un moment donné, les loges disparaissent et c’est toute la société qui devient le Temple.

    Sur le plan de la sociologie, la franc-maçonnerie regroupe surtout l’aristocratie, dont le clergé de niveau supérieur. Lors de la Révolution, une partie des francs-maçons va renier ses origines sociales et rester fidèle à l’idéal maçonnique, en luttant pour plus de liberté et plus d’égalité ;

    On peut distinguer :

    • Les francs-maçons non-mûrs, qui demeurent fidèles à leur origine sociale et trahissent l’idéal maçonnique. Une grande partie de ces francs-maçons va rejoindre la cohorte des émigrés ;

    • Les francs-maçons qui s’engageront dans les luttes révolutionnaires, mais déserteront ce camp, lorsqu’ils pensent que le mouvement social va trop loin. Une partie de ces francs-maçons seront guillotinés, ayant trahi l’idéal maçonnique ;

    • Beaucoup de maçons déserteront les loges, car ils estiment que la société dans son ensemble constitue le Temple.

    Avec le concordat, les condamnations papales entrent en application en France. Alors, le clergé déserte les  loges.

    En 1845, la noblesse perd la direction du Grand Orient de France : alors, le contenu sociologique de la franc-maçonnerie se modifie.

     

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