• (Partie 12) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

    Chaque année, le 1° mai, les francs-maçons du Grand Orient de France rendent hommage aux martyrs de la Commune de Paris  chemin des Acacias, au Mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise, notamment à ceux qui se sont engagés le 29 avril 1871, pour que l’idéal de Liberté, d’Egalité et de Fraternité soit autre chose qu’une devise inerte, inscrite sur le fronton des édifices publics.

     

    (Partie 12) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle. 

     

     

     

    B.                    La Commune de Paris de 1871

     

    Chaque année, le 1° mai, les francs-maçons du Grand Orient de France rendent hommage aux martyrs de la Commune de Paris  chemin des Acacias, au Mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise, notamment à ceux qui se sont engagés le 29 avril 1871, pour que l’idéal de Liberté, d’Egalité et de Fraternité soit autre chose qu’une devise inerte, inscrite sur le fronton des édifices publics.

    Cependant, tous les francs-maçons n’étaient pas « communards », ou ne soutenaient pas ce mouvement.

    Marc Vieillard a écrit dans Le Temple de Prométhée – Franc-maçonnerie et engagement politique : «  La commune de Paris laisse les obédiences profondément divisées. Si les loges parisiennes se sont massivement ralliées en 1871 à l’insurrection de la capitale, la province, elle, s’est affichée comme défenderesse patentée de l’ordre établi. La maçonnerie des notables soutient Thiers dans sa répression inique des Communards. (…) » Le préfet Babaud-Larivière, Grand Maître, « a promis à Thiers une franc-maçonnerie respectueuse des lois, quelles que soient ces lois et la nature du régime dont elles découlent. » (…) « Les dirigeants du Grand Orient restent de marbre devant le massacre des trente mille Parisiens assassinés par les troupes versaillaises, comme une grande partie des frères au demeurant. »

     

    LA MACONNERIE EN 1871 :

    En 1870, on compte environ 18000 francs-maçons au Grand Orient de France et 6000 au rite écossais.

    Il existe à l’époque deux obédiences maçonniques, le Grand Orient de France, qui regroupe un peu plus de 300 loges avec 15000 membres actifs environ, dont plus de 4000 à Paris, et le Suprême Conseil de France, qui réunit à peu près 5000 adhérents dont près de 2000 membres à Paris.

    Les francs-maçons des loges de Paris et de la banlieue furent très actifs au cours de la Commune. Environ le quart des élus de la Commune sont francs-maçons.

    Le 2 avril 1971, l’une des premières mesures est la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la suppression du budget des cultes.

    Le frère Raoul Rigault se montre particulièrement actif dans la laïcisation des services publics, notamment des hôpitaux.

    Le frère Edouard Vaillant est le fondateur de l’école laïque, dont il jette les bases par son arrêté du 22 mai, instituant la gratuité, créant les premières écoles primaires de filles et les collèges professionnels.

    Les frères Adolphe Assi et Benoît Malon proposent des coopératives de production. La solidarité envers les plus démunis trouve tout son sens dans l’interdiction des expulsions pour loyers impayés et le décret du frère Jourde daté du 7 mai, permettant aux débiteurs de retirer du Mont de piété les objets de petite valeur, vêtements, meubles, outils de travail.

    Les exemples sont nombreux de mesures prises durant la Commune et qui seront abolies par l’ordre réactionnaire de Mac-Mahon. Certaines seront reprises des années plus tard par des maçons bourgeois, l’école laïque par le frère Jules Ferry ou la séparation de l’Eglise et de l’Etat par le frère Emile combes.

     

    Les frères parisiens des deux principales obédiences d’alors, le Grand Orient et le Suprême Conseil (d’où sera issue la Grande Loge de France en 1894) sont unis. Les frères Jules Vallès et Thirifocq par exemple, sont membres de loges du Suprême Conseil.

     

    LES TROIS COMPOSANTES DE LA FRANC-MACONNERIE :

    Depuis sa création au début du XVIII° siècle, la franc-maçonnerie a toujours représenté les composantes les plus aisées des sociétés au sein desquelles elle s’est développée.

    Dans la France de 1871, les ouvriers et les artisans sont, du moins à Paris, représentés dans les loges. C’est ce qui explique que l’on trouve de nombreux francs-maçons parmi les responsables de la Commune : ils y sont, en gros, un tiers. Les instances maçonniques dirigeantes – Conseils de l’Ordre – s’opposent par contre à la Commune et dénoncent la participation des frères. Il y a beaucoup de francs-maçons hostiles au mouvement communard et certains d’entre eux sont engagés dans les rangs versaillais.

    La Commune de Paris et la franc-maçonnerie partagent de nombreuses valeurs : la défense des principes républicains, la liberté politique et associative, la justice sociale, la laïcité, l’éducation, …

    Outre les Communards et le Versaillais, une troisième tendance comporte des francs –maçons qui vont jouer un rôle de médiateurs entre la Commune et les Versaillais. Les conciliateurs vont se heurter à l’intransigeance de Thiers, ce qui va conduire finalement les frères parisiens à s’engager massivement aux côtés des communards pour combattre Versailles. Ils le payeront de leur sang.

    D’une manière générale, les Conseils de l’Ordre, organes dirigeants des obédiences, sont très réticents à l’égard de la Commune et donnent aux frères des consignes de neutralité. Ces ordres ne seront pas suivis par la base.

    En mars 1871 commence la Commune de Paris, dans laquelle les francs-maçons de la capitale s'impliqueront fortement. Le Frère Thirifocq, militant socialiste, membre de la loge « le libre Examen » du Suprême conseil de France demande que les bannières maçonniques soient plantées sur les remparts et qu'elles soient « vengées » dans le cas où elles seraient trouées par les balles des Versaillais. De nombreux francs-maçons figurent parmi les révolutionnaires, dont Jules Vallès ou Élisée Reclus. Le 29 avril 1871 eut lieu une grande manifestation rassemblant devant les forces versaillaises plusieurs milliers de francs-maçons des deux obédiences derrière des dizaines de bannières. Cette manifestation fut suivie de l'entrevue entre les deux émissaires de la Commune (dont Thirifocq) et Adolphe Thiers, qui se solda par un échec puis par l'écrasement de la Commune par les Versaillais. Contrairement à celles de Paris, les loges de province ne soutinrent pas la Commune et, dès la fin de celle-ci, le Grand Orient désavoua officiellement l'action des loges parisiennes pour se rallier à Thiers et à la Troisième République dans laquelle il fut amené à jouer un rôle de premier plan.

     

    Les francs-maçons se rallient à la Commune :

    Le 21 avril, quand ils avaient demandé l’armistice, les francs-maçons s’étaient plaints de la loi municipale récemment votée par l’Assemblée.

    « Comment, leur avait répondu Thiers, mais c’est la plus libérale que nous ayons eue depuis 80 ans »

    « Pardon, et nos institutions communales de 1791 ? »

    « Ah ! Vous voulez revenir aux folies de nos pères ? »

    « Mais enfin, vous êtes donc résolu à sacrifier Paris ? »

    « Il y aura quelques maisons de trouées, quelques personnes de tuées, mais force restera à la loi. »

    Les francs-maçons avaient affiché dans Paris cette horrible réponse.

    Le 26 avril, les francs-maçons avaient envoyé des deux orients de Paris, une délégation des vénérables et des députés des loges, conduite par Gabriel Ranvier, adhérer à la révolution. Cette délégation a été reçue dans la cour d’honneur de l’Hôtel de Ville, par le frère Louis Thirifocq, de la loge Ecossaise La Justice n°133, qui déclare : « Si au début, les Francs-maçons n’ont pas voulu agir, c’est qu’ils tenaient à acquérir la preuve que Versailles ne voulait entendre aucune conciliation. Ils sont prêts, aujourd’hui, à planter leurs bannières sur les remparts. Si une seule balle les touche, les Francs-maçons marcheront d’un même élan vers l’ennemi commun. ». Il avait été convenu que le 29, ils iraient en cortège sur les remparts.

    Ils étaient là 6000, le 29 avril, à 9 heures, répondant à l’appel de 55 loges. Une loge féminine est tout particulièrement applaudie. Accueilli à l’Hôtel de Ville par le frère Félix Pyat, celui-ci déclare : « Frères, citoyens de la grande patrie, de la patrie universelle, fidèles à nos principes communs : Liberté, Egalité, Fraternité, et plus logiques que la Ligue des Droits de Paris, vous Francs-Maçons, vous faites suivre vos paroles de vos actions. Aujourd’hui, les mots sont peu, les actes sont tout. Aussi, après avoir affiché votre manifeste – le manifeste du cœur – sur les murailles de Paris, vous allez maintenant planter votre drapeau d’humanité sur les remparts de notre ville assiégée et bombardée. Vous allez protester ainsi contre les balles homicides et les boulets fratricides, au nom du droit et de la paix universelle ». Cette allocution est suivie d’applaudissements et de cris : « Vive la République ! Vive la Commune ! ».

    Les bannières maçonniques sont plantées depuis la porte Maillot jusqu’à la porte Bineau, sous les obus que les Versaillais tirent du Mont Valérien.

    Quelques jours après, un ballon, marqué des trois points symboliques, s’élève dans les airs, d’où il sème d’innombrables exemplaires du Manifeste maçonnique du Cinq Mai, appelant les frères de France et du monde entier à la lutte en faveur des communes de France fédérées avec celle de Paris.

    Contrairement à celles de Paris, les loges de province ne soutinrent pas la Commune et, dès la fin de celle-ci, le Grand Orient de France désavoue officiellement l’action des loges parisiennes pour se rallier à Thiers et à la troisième République.

    Au siège du Grand Orient de France, rue Cadet, transformé en hôpital pour blessés, s’alignent chaque jour un peu plus, des cercueils de communards sur lesquels sont posés leurs insignes maçonniques.

    Après le Commune, de nombreux communards entreront en maçonnerie, à leur retour en France, ou à l’étranger. Parmi eux, Maxime Vuillaume, Gaston Da Costa, Paschal Grousset, Camélinat, Jean Baptiste Clément, Augustin Avrial, Assi…

    Lors de chaque période cruciale de l’histoire de France, par exemple, la révolution de 1789, la Commune de 1871, la Résistance de 1940,…, la maçonnerie se scinde en deux ou trois parties :

    ·   Une première partie qui s’oppose à l’avancée de l’histoire et prend partie pour les classes rétrogrades et réactionnaires, la noblesse et le haut clergé en 1789, la grande bourgeoisie en 1871,…

    ·   Une seconde partie qui se range du côté de la classe montante résolument : la bourgeoisie triomphante en 1789, le prolétariat, en 1871,…

    ·   Une troisième partie se compose du « marais », et a tendance, au début du processus de changement de tenter de concilier les deux camps irrémédiablement opposés.

    Il est regrettable que la franc-maçonnerie, hier comme aujourd’hui, n’intègre que des personnes de la classe moyenne et fasse l’impasse sur les classes populaires. Il en est ainsi notamment des ouvriers, ainsi que des femmes du peuple qui ont joué un rôle essentiel dans l’instauration de la Commune de Paris, mise à l’écart justifiée par des arguments financiers, la cherté de la cotisation.

     

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