• ( Partie 1) Moi, résidente en maison de retraite

    Je suis d'autant plus compétente pour témoigner de cela, parce que j'ai vécu à la fois des deux côté de la barrière, ayant été pendant plus de seize années employée d'une association d'aide à domicile, et pendant plus de quatre années maintenant , résidente de cette même association .

    En effet, j'ai été employée dans l'Association Mosellane d'Aide aux Personnes Âgées (AMAPA) en qualité d'Aide Ménagère à Domicile du 9 octobre 1973 au 30 avril 1989.

     

    ( Partie 1) Moi, résidente en maison de retraite, anciennement femme de ménage, centenaire et en fin de vie, je témoigne des maltraitances dans les maisons de retraite, y compris dans les établissements gérés sous statut associatif !

     

    7 novembre 2024

    TOME 1

     

    Avant-propos

     

    La relation entre ma maman , Marie Ritt, et moi-même, Jean Bernard Ritt, est bien sûr une relation d'un amour filial , mais la nature exacte de cette relation est plus que cela: c'est aussi un rapport de maître à disciple car je suis influencé par ma mère, sa façon d'être et de penser. C'est pourquoi, la connaissant parfaitement, j'ai voulu décrire son existence, et plus particulièrement son existence dans la maison de retraite , de 2018 à aujourd'hui, alors que maman a de 96 à 101 ans. Elle qui disait à son médecin traitant, qui bien plus tôt, voulait l'envoyer dans une maison de retraite: "Dans une maison de retraite, on n'est pas à la fête.".



    Le fils

    Jean Bernard

     

     

    Moi, résidente en maison de retraite, anciennement femme de ménage, centenaire et en fin de vie, je témoigne des maltraitances dans les maisons de retraite, y compris dans les établissements gérés sous statut associatif !

     

    CHAPITRE I: Résidente en EHPAD

     

    Moi, Marie RITT, née le 02 novembre 1922, et donc centenaire aujourd'hui, anciennement femme de ménage, et résidente depuis le 3 juillet 2018 à la maison de retraite médicalisée, dite Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes, je souhaite témoigner de ce qu'est ma situation .

    Je suis d'autant plus compétente pour témoigner de cela, parce que j'ai vécu à la fois des deux côté de la barrière, ayant été pendant plus de seize années employée d'une association d'aide à domicile, et pendant plus de quatre années maintenant , résidente de cette même association .

    En effet, j'ai été employée dans l'Association Mosellane d'Aide aux Personnes Âgées (AMAPA) en qualité d'Aide Ménagère à Domicile du 9 octobre 1973 au 30 avril 1989.

    Ma vie a été celle d'une modeste fille du peuple et ne présente aucun fait notable et exceptionnel. Née en 1922 à Haute-Kontz, en Moselle, d'une famille à peine autosuffisante de deux agriculteurs, j'ai très peu fréquenté l'école, à peine jusqu'au certificat d'études primaires. Ayant épousé un homme également enfant d'agriculteurs, du même village, en raison de l’insuffisance des terres agricoles, et du remembrement de ces terres, nous avons du quitter ce village pour nous rendre à Metz, mon époux occupant toute sa vie un métier d'ouvrier. Moi-même , mère au foyer, j'ai eu cinq enfants, dont seuls deux sont encore vivants aujourd'hui, et mon mari est décédé également à soixante-deux ans , en 1973, en raison d'une leucémie, contractée sans aucun doute pour des raisons tenant à son métier de soudeur. J'ai , moi-même, travaillé comme aide-ménagère, sur le tard.

    J'ai vécu jusqu'en 2018, tant que j'étais valide, dans un appartement, soit jusqu'à plus de quatre-vingt quinze ans. Il est vrai que pendant plus de dix années j'étais accompagnée par diverses aides ménagères, ainsi que par une infirmière. Plus le temps passait, plus il était difficile pour moi de faire les courses pour aller chercher les différents éléments de mon alimentation, ainsi que pour me préparer les repas, et entretenir le ménage de l'appartement. Est arrivé un âge où il m'a été difficile de me déplacer et il a fallu recourir à un déambulateur. Surtout, il me devenait très difficile de faire mes besoins physiques, selles et urine, tant la nuit que le jour, et il a fallu que je mette des couches. Le médecin qui me suivait , avec une visite à domicile par mois, a demandé que je sois placé en maison de retraite. De même, par la surcharge de travail, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les femmes de ménage ont déclaré forfait et affirmé qu'elles ne pouvaient plus s'occuper de moi, devenant trop dépendante.

    C'est ainsi que fut décidé en 2018 mon affectation en maison de retraite, et mon fils m'a emmené, le matin du 3 juillet 2018, à l' Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes de la Grange aux Bois à Metz, établissement géré par l'association Aide Maintien Accompagnement des Personnes Âgées (AMAPA), devenue depuis AVEC, opérateur médico-social du groupe Doctegestio. Cette association est la même qui me suivait au quotidien dans mon appartement.

    Jusque-là, il n'y a rien de particulièrement notable. Ma vie a été celle de millions d'autres personnes de la classe populaire, de ce vingtième siècle, et du début du vingt-et-unième siècle : plutôt une vie de travail modeste, mais honnête, avec ses joies et ses peines, avec comme élément marquant, le passage de la campagne à la ville (exode urbain) et aussi le passage naturel du temps, de l'enfance à la maturité, pour parvenir à une extrême vieillesse .

    Par contre, il m'apparaît important de témoigner de ce qu'est aujourd'hui, en France , l'un des pays les plus riches, le sort peu enviable des personnes âgées dépendantes. Sans aucun doute, notre société a eu très peu pitié de ses aînés, lors des années passées, et ceux-ci sont passés dans l'autre monde, dans ce que l'on a qualifié à juste titre des « mouroirs ». Cependant, grâce à différents facteurs tels que les progrès de la médecine , de l'hygiène et de l'alimentation, la vie s'est allongée et dans l'avenir proche, sans aucun doute, le nombre de personnes d'un grand âge va augmenter. Il faut donc prévenir toutes les personne qui auront la chance de disposer d'une vie longue des conditions dans lesquelles vont se dérouler les dernières années de cette vie. En somme ce que le système d'aujourd'hui a mis en place pour faciliter la vie des personnes bénéficiant d'un grand âge, mais aussi ayant divers facteurs de dépendance. Pour le dire plus brièvement, si la mort ne vous emporte pas, voici, mes futurs frères et sœurs humains, par quoi je passe aujourd'hui, avec mes congénères, et par quoi vous aussi vous passerez demain, si vous ne vous révoltez pas et si vous n'obligez pas par la force nos dirigeants politiques et économiques à mettre en place les moyens et les mesures permettant à chacun de transiter de vie à trépas dans la plus grande dignité. Donc, par où je passe aujourd'hui, vous autres les futurs anciens passerez demain, si rien ne change.

    Ce serait une erreur et une illusion d'imaginer que ce sort est réservé aux classes pauvres et laborieuses. Sont concernées aussi les classes moyennes , de plus en plus déclassifiées, et en cours de paupérisation et d’appauvrissement, comme le démontre le livre « Les Fossoyeurs », du journaliste Victor Castenet, qui décrit notamment la situation d'établissements de personnes âgées situés dans des quartiers riches des environs de Paris, qui pratiquent des prix largement au-dessus des moyens des familles les plus pauvres. C'est dire qu'à l'exception d'une extrême minorité de familles très riches, capables de faire entourer les personnes âgées d'un personnel qualifié et conséquent, on peut dire sans se tromper, que le système actuel est sans vergogne pour escroquer des sommes non négligeables mêmes aux familles des classes dites moyennes, sans que personne ne trouve grand chose à redire, et ceci pour organiser en toute connaissance de cause , une vie qui mène très vite à la sénilité. En conséquence, les conditions de vie que je vais décrire, concernent la très grande majorité de la population âgée, et si vous êtes tant soit peu réaliste, il vaut mieux vous considérer comme faisant partie de ce lot de personnes abusées ou alors, demander des comptes à nos dirigeants, et encadrés de votre famille, les contraindre à prendre des mesures urgentes pour que la fin de vie soit vécue pour tous à la fois humainement et dignement.

    Entrer dans une maison de retraite, c'est à la fois entrer dans une prison et un hôpital. C'est comme si sur le portail, il était écrit : « Ici, laissez votre humanité à la porte, vous êtes devenus des choses », ou bien : « Si vous entrez ici, vous n'avez plus de droits, vous devenez des objets ». Et cela est vrai tant des résidents que des personnes qui les entourent (aides-soignants, administration, dont le directeur ou la directrice, infirmiers, animateurs, cuisiniers, etc.). Voilà pourquoi.

    D'abord, il faut bien comprendre le choc qu'est le passage d'un lieu familier, qui est la résidence habituelle de la personne âgée, à la chambre de la maison de retraite, qui est une sorte de cellule limitée au strict minimum, à savoir, le lit, une table et une chaise, un placard pour les vêtements personnels et les quelques effets que l'on peut emporter, et un coin toilette, avec une douche de plein pied et un WC. Avec la possibilité d'installer une télévision et quelques photographies pour rappeler la vie d'autrefois. Voilà le lieu de vie où le résident passe le plus clair de son temps. C'est en somme son lieu de douleurs, avec la seule fenêtre sur le monde qu'est la télévision. Comme je le dis souvent : « Celle-ci est ma meilleure et ma seule amie ».

     

     

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