• Liberté, égalité, fraternité (Parties 38 et 39)

    Au nationalisme chauvin ou au chauvinisme de grande puissance, le marxisme-léninisme oppose le patriotisme prolétarien et l’internationalisme prolétarien : tous deux sont indissociables.

    Liberté, égalité, fraternité (Partie 38)

     

    INTERNATIONALISME PROLETARIEN ET PATRIOTISME PROLETARIEN

     

    Au nationalisme chauvin ou au chauvinisme de grande puissance, le marxisme-léninisme oppose le patriotisme prolétarien et l’internationalisme prolétarien : tous deux sont indissociables.

     

    1. L’IMPERIALISME D’ETAT

     

    L’apparition et la signification du monopole d’Etat ont été clairement perçues et analysées par Engels en particulier dans l’Anti-Dühring. Le développement de la société capitaliste, de par ses lois internes pousse à la concentration des forces productives et à la socialisation croissante du travail. Ainsi apparaissent de nouvelles formes, tels les « trusts », union des gros producteurs nationaux d’une seule et même branche industrielle ; ces trusts ont pour but de réglementer la production par la détermination de la quantité à produire et la répartition de celle-ci entre eux. Bientôt ces trusts se regroupent par le fait de la concurrence entre eux, et concentrent toute une branche industrielle en une seule grande société par action :

    « Dans les trusts, la libre concurrence se convertit en monopole, la production sans plan de la société capitaliste capitule devant la production planifiée de la société socialiste qui s’approche. Mais, ici, l’exploitation devient si palpable qu’il faut qu’elle s’effondre. Pas un peuple ne supporterait une production dirigée par des trusts, une exploitation à ce point cynique de l’ensemble par une petite bande d’encaisseurs de coupons. » (213)

    Il apparaît alors un phénomène nouveau, la nationalisation, qui donne à l’Etat capitaliste un rôle encore plus oppressif. A la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle, le capitalisme est parvenu à son stade suprême de développement : l’impérialisme. L’essence économique de l’impérialisme, c’est la domination des monopoles ; la grande production atteint des proportions telles que la libre concurrence fait place aux monopoles. En 1917, Lénine caractérisait ainsi la situation :

    « Le capitalisme mondial en est arrivé aujourd’hui, approximativement depuis le début du XX° siècle, au stade impérialiste. L’impérialisme ou époque du capital financier est ce haut niveau de développement de l’économie capitaliste où les associations monopolistes (syndicats patronaux, cartels, trusts) ont acquis une importance décisive, où le capital bancaire, parvenu à un degré extrême de concentration, a fusionné avec le capital industriel, où l’exportation du capital dans les pays étrangers a revêtu de très grandes proportions, où l’univers est déjà territorialement divisé entre les pays les plus riches et où le partage du monde entre les trusts internationaux a commencé. Les guerres impérialistes pour la domination du monde, pour les marchés du capital bancaire, pour l’étranglement des nationalités petites et faibles, sont inévitables dans cette conjoncture. Et telle est précisément la première grande guerre impérialiste, celle de 1914-1917. Le degré exceptionnellement élevé du développement du capitalisme mondial en général, la substitution du capitalisme monopoliste à la libre concurrence, la formation par les banques, et aussi par les associations de capitalistes, d’un appareil de réglementation sociale de la production et de la répartition ; la hausse des prix et l’oppression croissante de la classe ouvrière par les syndicats patronaux, en fonction du développement des monopoles capitalistes, ainsi que les immenses difficultés de la lutte économique et politique de la clase ouvrière, les horreurs, les calamités, la ruine, la barbarie engendrées par la guerre impérialiste, c’est ce qui fait que le capitalisme au degré actuel de son évolution, devient l’ère de la révolution prolétarienne, socialiste. Cette ère s’est ouverte. » (214)

    Il convient de souligner deux idées dans cet exposé synthétique que Lénine proposait d’introduire dans le programme du Parti bolchevik :

    1. D’abord l’idée que s’est formé, grâce aux monopoles et surtout aux banques, « un appareil de réglementation sociale de la production et de la répartition ». C’est là un des traits les plus visibles du capitalisme monopoliste d’Etat.

    2. Ensuite l’idée que le capitalisme moderne « devient l’ère de la révolution prolétarienne socialiste ».

    Ces deux idées sont indissociablement liées chez Lénine, la première impliquant la seconde comme l’indique le texte.

    Mais les révisionnistes modernes ont radicalement séparés ces deux idées. Ces derniers proposent de perfectionner, dans le cadre du système capitaliste, cet « appareil de réglementation sociale de la production et de la répartition », en promettant de lui donner un contenu plus « juste » et plus « démocratique ». Par des réformes successives, et en passant par l’étape de la « démocratie avancée », ce processus conduirait pacifiquement au « socialisme ». Pour Lénine, l’impérialisme est l’ère de la révolution prolétarienne, et, en particulier, « Le capitalisme monopoliste d’Etat est la préparation matérielle la plus complète du socialisme, l’antichambre du socialisme, l’étape de l’histoire qu’aucune autre étape ne sépare du socialisme. » (215)

    Pour les révisionnistes, le capitalisme monopoliste d’Etat, c’est l’époque où l’on peut faire l’économie de la révolution prolétarienne. En fait, le perfectionnement, dans le cadre laissé intact du système capitaliste, de « l’appareil de réglementation sociale de la production et de la répartition », aboutira immanquablement au renforcement du capitalisme monopoliste d’Etat, donc de l’impérialisme. Les révisionnistes prétendent que la phase du capitalisme monopoliste d’Etat est à la fois en continuité et en rupture avec la « phase précédente », celle de l’impérialisme. Les révisionnistes séparent capitalisme monopoliste d’Etat et impérialisme, Etat et monopole : le fond de la rupture serait le prétendu « nouveau rôle de l’Etat ».

    Contre les révisionnistes, le marxisme-léninisme affirme que le capitalisme monopoliste d’Etat n’est rien d’autre que l’impérialisme moderne. Mao Tsetoung a théorisé cela en affirmant que nous sommes toujours à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. Le capitalisme monopoliste d’Etat c’est la forme moderne de l’impérialisme, celle qui est apparue, selon Lénine, au cours de la première guerre mondiale impérialiste de 1914-1918 ; les traits fondamentaux du capitalisme d’Etat sont les traits fondamentaux de l’impérialisme : domination des monopoles et du capital financier, exportation des capitaux, partage du monde entre les pays capitalistes et lutte pour les zones d’influence.

     

    1. LA SITUATION INTERNATIONALE

     

    Qu’est-ce que notre époque ? La bourgeoisie se plaît parfois à parler d’accélération de l’histoire, accumulant à plaisir les conquêtes technologiques et scientifiques. Le prolétariat parle d’accélération de la révolution et il observe ce qui se passe :

      • 1917 : les peuples de Russie secouent le joug tsariste, et créent le premier « Etat soviétique ». Ils sont rejoints en 1945 par de nombreux peuples d’Europe centrale.

      • 1949 : le peuple chinois a fait sa révolution ; depuis il n’est pas un peuple qui n’entreprenne sa lutte contre l’ennemi commun.

     

    Depuis 1917, l’histoire s’accélère dans cette époque qui est encore la notre, celle de l’impérialisme agonisant,

    « L’époque historique, dit Mao Tsetoung, où dans le monde entier le capitalisme et l’impérialisme courent à leur perte, où dans le monde entier le socialisme et la démocratie populaire marchent à la victoire. »

    A l’issue de la Révolution d’Octobre 1917, Lénine a indiqué :

    « La journée de demain, dans l’histoire mondiale, sera justement celle du réveil définitif des peuples opprimés par l’impérialisme et du commencement d’une longue et âpre bataille pour leur affranchissement. »

    Ce grand jour est là, et les peuples sont effectivement entrés en lutte. Parmi eux, ceux d’Asie, d’Afrique, et d’Amérique latine combattent en premières lignes, car, dans cette zone du monde, convergent les contradictions du monde contemporain : la contradiction qui oppose nations opprimées et impérialisme, la contradiction qui oppose prolétariat et bourgeoisie dans les pays capitalistes, la contradiction qui oppose les pays capitalistes entre eux, et la contradiction qui oppose l’impérialisme et le socialisme.

    L’époque qui commence avec Octobre 1917 reste notre époque ; et l’essence de l’impérialisme reste « la rivalité de plusieurs grandes puissances tendant à l’hégémonie » (Lénine).Mais les chefs de file de l’impérialisme ont changé.

    L’impérialisme britannique qui contrôlait un empire où « jamais le soleil ne se couchait », est relégué au second rôle ; l’impérialisme hitlérien a été décapité par le gigantesque effort des peuples, l’Union soviétique en tête. A partir de la mort de Staline, il y a eu deux chefs de file : l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique.

    Sorti considérablement renforcé de la seconde guerre mondiale, l’impérialisme américain a jeté ses tentacules sur le monde entier pour le dominer. Après trente années, il a dû baisser pavillon, sans toutefois cesser de tenter son rêve d’hégémonie mondiale. Affaibli économiquement (sa part dans la production industrielle mondiale est passée de 53,3 % à 32,4 %, et les exportations de 41,3% à 16 % de 1948 à 1970) l’impérialisme américain est atteint sur le plan politique. Cette situation de déclin confirme l’analyse de 1947 de Mao Tsetoung :

    « Le boom du temps de guerre aux Etats-Unis n’est que temporaire. Leur puissance n’est que superficielle et passagère. Des contradictions irréconciliables tant à l’intérieur que sur le plan international menacent quotidiennement comme un volcan l’impérialisme américain ? L’impérialisme américain est assis sur un volcan. » (216)

    Le social-impérialisme est nouveau venu sur le plan international. Reniant la ligne prolétarienne, les révisionnistes ont transformé le premier Etat socialiste en un nouvel Etat impérialiste, qui renoue avec l’impérialisme des anciens tsars. C’est un impérialisme qui use des mots du socialisme et de l’amitié pour mieux dominer.

     

     

     

     

    1. BOURGEOISIE NATIONALE ET BOURGEOISIE COMPRADORE

     

    L’impérialisme, c’est la guerre. Il n’a, malgré les revers subi, pas changé de nature : c’est la course au profit maximum, l’expansion économique suivie de l’expansion militaire. C’est là une loi objective indépendante de la volonté des hommes. « La guerre est la continuation de la politique » (Clausewitz) : sans indépendance militaire, pas d’indépendance politique, et donc pas d’indépendance économique.

    Par exemple, la politique étrangère et militaire française comporte deux aspects : d’une part la conquête et la défense de zones d’influence dans le monde et notamment en Afrique et Méditerranée, d’autre part la défense nationale proprement dite.

    Pour ce qui est du premier aspect, il convient de le condamner sans réserve au nom de l’internationalisme prolétarien. Il convient, en leur accordant toute confiance, de soutenir sans réserve les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, victimes de l’impérialisme, du colonialisme et du néo-colonialisme français.

    Le second aspect de la politique militaire du gouvernement des monopoles capitalistes, est la prétention de s’opposer au contrôle, aux brimades et au pillage des superpuissances : en paroles la bourgeoisie monopoliste se présente comme soucieuse de l’indépendance nationale. Mais la fraction, de la bourgeoisie compradore, la bourgeoisie monopoliste est étrangère à la nation. D’une part, elle défend ses profits, mais d’autre part elle n’est pas prête à affronter un éventuel agresseur. Le « patriotisme » bourgeois s’est confondu bien vite en France, immédiatement après la Révolution de 1789, avec le chauvinisme : il a servi jusqu’en 1918 à tromper le peuple, à faire combattre le peuple pour défendre les intérêts sordides de la bourgeoisie impérialiste.

    Le patriotisme est inséparable de son contenu de classe : patriotisme bourgeois, ou patriotisme prolétarien.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Liberté, égalité, fraternité (Partie 39)

    CHAPITRE VIII

     

     

     

    LA DICTATURE DU PROLETARIAT

     

     

     

    « La question de la dictature du prolétariat est la question essentielle du mouvement ouvrier moderne dans tous les pays capitalistes. » Lénine

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    1. LA DICTATURE

     

    1. HISTOIRE DE LA QUESTION DE LA DICTATURE

     

    Pour approfondir la question de la dictature, il convient d’en connaître l’histoire. D’abord, à l’échelle internationale, l’histoire de la doctrine de la dictature révolutionnaire en général, et de la dictature du prolétariat en particulier, coïncide avec celle du socialisme révolutionnaire et plus précisément, avec celle du marxisme. Ensuite, et c’est le plus important, l’histoire de toutes les révolutions de la classe opprimée et exploitée contre les exploiteurs est la source principale de renseignements et de connaissances sur la question de la dictature.

    L’histoire universelle démontre la nécessité de la dictature de toute classe révolutionnaire pour remporter la victoire, féodaux contre esclavagistes, capitalistes contre féodaux, prolétariat contre capitalistes. Toute chose, toute société naît, se développes et meurt. Lorsque apparaît un nouveau processus social, il est d’abord en germe : il est encore faible. Lorsque disparaît un ancien processus, il est en agonie : il a encore une certaine force, et il est encore dangereux, d’autant plus qu’il est destiné à disparaître. La dictature de la classe révolutionnaire doit permettre de protéger, de défendre et de développer le nouveau contre l’ancien.

    Sur plan de la Russie, du point de vue théorique, le programme du P.O.S.D.R. (Parti ouvrier social-démocrate de Russie) élaboré en 1902-1903, avait posé la question de la dictature du prolétariat, et cela en liaison avec la lutte contre l’opportunisme (l’opportunisme de Bernstein). Mais ce qui est beaucoup plus important, c’est évidemment la façon dont la question de la dictature du prolétariat s’est posée lors de l’expérience de la révolution de Russie en 1905. Octobre, novembre, décembre, furent une période de lutte marquée par l’emploi simultané des deux moyens les plus puissants : la grève politique et l’insurrection armée. Ces deux formes de lutte ont posé par elles-mêmes l’ordre du jour de la question du pouvoir révolutionnaire et de la dictature, car :

    • ces deux formes de lutte aboutissaient inévitablement, d’abord sur le plan local, à l’expulsion des anciennes autorités, à la prise du pouvoir par le prolétariat et les classes révolutionnaires, parfois à l’occupation d’usines, etc.

    • la lutte révolutionnaire de masse de cette période fit surgir des organisations jusqu’alors inconnues dans l’histoire universelle, telles les Soviets de députés ouvriers, puis des Soviets de députés soldats, des Comités paysans, etc.

     

    Lénine et les bolcheviks ont minutieusement analysé ce phénomène nouveau. Ils ont souligné que les Soviets de députés ouvriers « constituent en fait l’embryon du nouveau pouvoir révolutionnaire » et que si « ce qu’il y a de nouveau dans ce type de démocratie était encore chaotique et disparate », si ses tâches et sa structure étaient encore à définir, il n’en restait pas moins que « ce qui constitue son âme vivante c’est le passage du pouvoir aux mains des travailleurs, l’abolition de l’exploitation et de l’appareil coercitif. »

    Quant aux mencheviks, courant opportuniste de la social-démocratie de Russie, ils reconnaissaient l’importance des Soviets. Ils étaient d’accord pour « contribuer à leur formation », etc. mais ne les considéraient pas comme l’embryon du pouvoir révolutionnaire, ne parlaient pas en général d’un « nouveau pouvoir révolutionnaire », de ce type ou d’un type similaire, et rejetaient délibérément le mot d’ordre de dictature. En fait, ceci montre que les mencheviks reconnaissaient la dictature du prolétariat en paroles, mais qu’en fait ils répudiaient ce qu’il y a d’essentiel et de fondamental dans la notion de révolution. Ils se révèlent par leur façon de poser le problème, des opportunistes, représentants et propagateurs de l’influence de la bourgeoisie libérale au sein du prolétariat.

    Quand la révolution devient inévitable, ses adversaires commencent à la « reconnaître ». Mais en « reconnaissant » la révolution et en refusant en même temps d’admettre la dictature d’une classe déterminée (ou de plusieurs classes déterminées), ils révèlent précisément leur opportunisme. En effet, quand la révolution est déjà devenue une force indiscutable et certaine, quand les libéraux eux-mêmes la « reconnaissent », quand les classes dirigeantes non seulement constatent, mais sentent la puissance montante des masses opprimées, toute la question consiste alors à définir exactement la révolution d’UN POINT DE VUE DE CLASSE. Or sans la notion de dictature, il n’est pas possible de donner cette définition précise d’un point de vue de classe. Sans la préparation de la dictature, il est impossible d’être révolutionnaire en fait.

    Par exemple, la grande Révolution française de 1789 est la prise du pouvoir de la classe bourgeoise contre la noblesse : c’est une révolution bourgeoise qui inaugure la dictature de la bourgeoisie. De même, la Révolution d’Octobre 1917 en Russie est la prise du pouvoir de la classe prolétarienne et de ses alliés contre la bourgeoisie capitaliste et impérialiste : c’est une révolution prolétarienne qui inaugure la dictature du prolétariat.

    Prenons un autre exemple qui illustre les enseignements que Lénine et les bolcheviks ont tiré de l’expérience de la Révolution russe de 1905 et de la façon de poser la question de la dictature propre aux opportunistes mencheviks : les révisionnistes français du Parti « communiste » français sont des gens capables d’admettre la dictature en paroles, mais incapables de la préparer dans les faits. Ils ont démasqué leur véritable nature d’opportunistes lors du mouvement de masse de Mai 1968. Ce mouvement avait pris une ampleur pouvant imposer des changements révolutionnaires s’il avait bénéficié de la direction d’un parti révolutionnaire prolétarien, d’un parti de type nouveau, marxiste-léniniste. Les révisionnistes ont jeté deux fois une bouée de sauvetage à la bourgeoisie : la première fois, le 22 mai, les révisionnistes de la C.G.T., imposant leur point de vue aux réformistes de la C.F.D.T., se déclaraient prêts « à prendre part à de véritables négociations sur les revendications essentielles des travailleurs ». Ce furent les accords de Grenelle. La seconde fois, le même jour, Waldeck Rochet, secrétaire général du P « C » F, déclarait, afin de « légaliser » le fait que le « pouvoir gaulliste avait fait son temps, qu’il ne répondait plus aux exigences du moment et devait donc s’en aller, la parole devait être donnée au peuple ». A la violence de classe, en plein développement dans tout le pays, le dirigeant révisionniste proposait de substituer le recours à de nouvelles élections : il opposait la voie « pacifique » à la voie révolutionnaire. La bourgeoisie capitaliste discerna l’avantage décisif qu’elle pouvait tirer de ces propositions avancées et formulées sous le signe de sa propre idéologie et dans le respect de ses institutions de classe. Ainsi, l’initiative des révisionnistes aboutit-elle à freiner, puis stopper, enfin repousser le mouvement ouvrier, enfin à trahir les intérêts du prolétariat et des travailleurs aux accords de Grenelle.

    Ceci montre que les révisionnistes refusent – aussi bien du point de vue théorique, que du point de vue de la propagande et de la direction politique pratique – d’envisager la révolution en France du point de vue de la classe prolétarienne, ceci en posant clairement et nettement la question de la dictature du prolétariat. C’est en fait parce qu’ils ont définitivement renoncé à la révolution prolétarienne et à la dictature du prolétariat, qu’ils ont renoncé au marxisme-léninisme en général. C’est là que gît le lièvre : ils ne se réclament plus du léninisme que du bout des lèvres pour mieux tromper les masses des travailleurs. L’un de leur argument pour faire l’économie du concept de « dictature » est le fait que depuis la « dictature » hitlérienne en Allemagne, il risque d’y avoir confusion aux yeux des gens. Mais cet argument même montre leur nature de valets de la bourgeoisie, qui considèrent la « dictature en général », qui refusent de faire une analyse de classe de la dictature.

    La bourgeoisie capitaliste peut avoir recours à certains moments (luttes de classes très aiguës, crise politique et économique grave menaçant les profits de la bourgeoisie) à une domination de type fasciste. Le fascisme est une forme de la dictature de la bourgeoisie ; la démocratie bourgeoise est une deuxième forme de dictature bourgeoise. Ce qui différencie la première de la seconde, c’est d’une part, le recours permanent à la violence réactionnaire contre les classes exploitées, et d’autre part, l’accaparement du pouvoir par la fraction la plus réactionnaire de la bourgeoisie. La contradiction essentielle oppose la dictature bourgeoise et la dictature prolétarienne. Mais comme nous l’avons vu, en fait, les révisionnistes ont renoncé à la dictature du prolétariat, à la révolution prolétarienne et en définitive, à la lutte de classe. Ils ont renoncé à la lutte de classe la plus développée, celle qui se place résolument dans le domaine de la politique, et qui va à l’essentiel dans ce domaine ; c’est-à-dire l’organisation de l’Etat. Lorsque certains révisionnistes, trotskystes ou autres, parlent de « lutte des classes », ils entendent par là, qu’ils en soient conscients ou non, quelque chose de tronqué, de falsifié, quelque chose de parfaitement tolérable pour la bourgeoisie libérale.

     

    « Liberté, égalité, fraternité (Parties 36 et 37)Liberté, égalité, fraternité (Partie 40) »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter