• Liberté, égalité, fraternité (Parties 14 et 15)

     

     

     

     

     

     

     

    Ce troisième chapitre du Manifeste a pour objectif de situer le projet de Marx et Engels par rapport à tous ceux qui se réclament des idées communistes ou socialistes. L’intérêt de ce chapitre demeure purement historique car évidemment la chronologie s’arrête en 1847.

     

    Toutes sortes de personnes et de publications se réclament de l’idéologie « socialiste » ou « communiste » : que faut-il en penser ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Liberté, égalité, fraternité (Partie 14)

     

     

    CHAPITRE V

     

     

     

    « LITTERATURE SOCIALISTE ET COMMUNISTE »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ce troisième chapitre du Manifeste a pour objectif de situer le projet de Marx et Engels par rapport à tous ceux qui se réclament des idées communistes ou socialistes. L’intérêt de ce chapitre demeure purement historique car évidemment la chronologie s’arrête en 1847.

    Toutes sortes de personnes et de publications se réclament de l’idéologie « socialiste » ou « communiste » : que faut-il en penser ?

    En somme, le fait que chacun se donne le titre de « socialiste » signifie que c’est là une doctrine d’avenir, et que le mouvement ouvrier porteur de celle-ci constitue une force montante. Au XIX° siècle, les principales classes sociales sont : la bourgeoisie, le prolétariat, la petite bourgeoisie et l’aristocratie. Que sont les différentes doctrines socialistes ? Lorsque l’aristocratie se réclame du socialisme, cela donne le socialisme féodal, qui est une critique de la domination bourgeoise, qui vise non à l’instauration d’une société socialiste, mais un retour à l’ancien régime. Le socialisme petit bourgeois reflète également les intérêts de la petite bourgeoisie : son idéal est une société de la petite production. Les bourgeois se réclamant du socialisme veulent empêcher l’instauration d’un socialisme réel et la révolution prolétarienne : en général, ce sont des réformistes. Enfin, dans son enfance, le prolétariat développe un socialisme utopique, imaginaire, instinctif, qui est abandonné au profit du socialisme scientifique quand le prolétariat accède à l’âge adulte.

     

    1. Le socialisme réactionnaire :

    Dans la société du milieu du XIX° siècle, des individus, eux-mêmes étrangers à la classe ouvrière et aux intérêts de celle-ci, se réclament du socialisme. Quels buts poursuivent-ils en réalité ?

    Depuis un certain temps déjà – 1789 en France – la bourgeoisie est la classe maîtresse de la société. Elle possède l’essentiel des moyens de production importants, et exploite les travailleurs, ainsi que les autres classes sociales (paysans, artisans, classes moyennes).L’ancienne classe dominante (la noblesse, les féodaux) aspire à retrouver ses anciens privilèges. Mais c’est une classe dépossédée du pouvoir politique, qui ne détient aucune puissance économique réelle dans la nouvelle organisation sociale. Aussi, pour parvenir à ses fins, elle a tendance à rechercher l’appui de la classe ouvrière (et même à mettre celle-ci sous sa direction) encore peu développée, peu consciente de ses propres intérêts de classe, ceci afin d’arracher des acquis à la bourgeoisie. Les féodaux désirent un retour en arrière, au temps béni de leurs privilèges : leur ennemi, c’est la bourgeoisie. La bourgeoisie a un autre ennemi, en plein essor, c’est le prolétariat. Or, comme les ennemis de mes ennemis sont mes amis, les féodaux recherchent des alliés du côté du prolétariat, en vue de la Restauration de l’ancien régime. Aussi, ils font semblant d’oublier leurs propres intérêts et se présentent comme le porte-parole des intérêts des classes laborieuses.

    Les féodaux font alors, sous le nom de « socialisme », une critique, parfois pertinente du capitalisme, mais cette critique ne vise pas à supprimer le capitalisme pour le remplacer par une société supérieure, le communisme, mais bien à faire revenir l’histoire en arrière, à réinstaurer le féodalisme. Ils manquent tout à fait du sens de l’histoire et ne se rendent pas compte que c’est justement le féodalisme qui a créé les conditions permettant la naissance et l’essor du capitalisme, de la bourgeoisie et du prolétariat. Ils oublient que, étant donné le développement économique et social, ce retour au féodalisme est tout à fait impossible, et quand enfin ils réalisent cela, bien vite, ils s’intègrent dans la nouvelle société, deviennent de bons bourgeois, et des ennemis du prolétariat révolutionnaire.

    En prétextant des nombreux méfaits du capitalisme, les féodaux veulent un retour en arrière, alors que le capitalisme constitue un immense progrès par rapport au système féodal à tous les niveaux. Les féodaux de cet acabit ressemblent beaucoup aux idéologues bourgeois actuels qui, prétextant les erreurs commises dans les pays socialistes ou les retours en arrière (restauration du capitalisme dans les pays de l’ex- URSS, sous la forme d’un capitalisme monopoliste bureaucratique), affirment que le système capitaliste vaut mieux que le socialisme.

    Ainsi, dans les sociétés française et anglaise du début du XIX° siècle existent, à côté du prolétariat et de la bourgeoisie, d’autres classes sociales, en particulier les restes de la noblesse ; celle-ci aspire à revenir à l’ancien régime, mais ne disposant d’aucune force matérielle, elle se tourne vers le prolétariat, et emploie un langage trompeur, « socialiste ». C’est le cas du littérateur Lamennais (80).

    Entre la bourgeoisie et le prolétariat existe également la petite bourgeoisie (petits paysans, artisans), classes et couches intermédiaires dont sont issus les bourgeois et les prolétaires, classes et couches sociales instables, condamnées à disparaître à plus ou moins longue échéance, destinées soit à l’embourgeoisement, soit à la prolétarisation, du fait de la concurrence. Mais si ces classes moyennes ne représentent pas l’avenir, par contre, présentement, à l’heure à laquelle écrivent Marx et Engels, elles représentent encore une masse importante de la société, en particulier en France (plus de la moitié de la population totale). Aussi il est évident que les manières de voir de cette catégorie sociale influent sur les penseurs socialistes, tel que Sismondi (81).

    Le socialisme petit bourgeois présente une critique de la société bourgeoise, qui met en lumière les contradictions dont souffre le système capitaliste : c’est l’aspect négatif, destructeur de la doctrine. Par contre, l’aspect positif, constructeur de la doctrine du socialisme petit bourgeois est réactionnaire : le petit bourgeois voit le monde à sa manière. Pour lui, l’idéal social, c’est une société où règne la petite propriété : chacun est propriétaire de sa terre, de sa maison, de sa boutique. C’est un monde de petits producteurs. Ce que veulent concrètement les petits bourgeois, c’est un retour en arrière, à l’étape « idyllique » du moyen âge. Leur plan de société est utopique. Par rapport à cette conception, la société bourgeoise telle qu’elle existe, centralisant les moyens de production, constitue un progrès. En somme, les petits bourgeois développent une conception du monde qui correspond à leurs conditions d’existence. Mais sans cesse ces conditions d’existence sont remises en cause par la société bourgeoise et par le développement historique. Aussi, cette conception du monde, limitée et étroite, ne correspond pas au sens de l’histoire.

    A côté du socialisme féodal et du socialisme petit bourgeois, il existe une troisième forme de socialisme réactionnaire : le socialisme allemand ou socialisme « vrai ». De quoi s’agit-il ?

    A la fin du XVIII° siècle et au début du XIX° siècle, les conditions économiques et sociales de la France étaient en avance sur celles de l’Allemagne. En France la bourgeoisie avait détruit de fond en comble l’ancien régime et s’était emparée du pouvoir politique en 1789 ; le prolétariat s’organisait peu ou prou et paraissait déjà une littérature socialiste et communiste importante (Babeuf (82), Saint-Simon (83), Fourier (20), etc.).

    De l’autre côté du Rhin, en Allemagne, la bourgeoisie commençait à peine sa lutte antiféodale pour une nation et pour la démocratie bourgeoise. Aussi, quand les intellectuels allemands disposèrent des concepts nés en France, ils ne purent en saisir avec précision le sens, et il y eut de nombreuses confusions, car la réalité économique et sociale que sous-tendaient ces concepts, était absente en Allemagne. Bientôt ce « socialisme » tout théorique, importé de France, devient une arme aux mains des gouvernants féodaux, pour s’opposer à la montée au pouvoir de la bourgeoisie : ce « socialisme » allemand devint un frein au progrès, utilisé pour empêcher la révolution bourgeoise en Allemagne. Si les théories socialistes, en France, prétendaient représenter les intérêts du prolétariat, et constituaient une critique de la société bourgeoise existante, en vue d’instaurer une société nouvelle, ces mêmes théories, « appliquées » à l’analyse de la situation en Allemagne, formaient une arme aux mains du gouvernement féodal, contre la montée de la bourgeoisie : on applique des phrases prises en France de façon stéréotypée, à des conditions différentes. En fin de compte, le socialisme « vrai » ou allemand représentait les intérêts de la petite bourgeoisie, qui était condamnée à disparaître par l’évolution historique, et qui voulait préserver son existence à tout prix, en maintenant le statut quo.

    Les tenants de ce socialisme « vrai » ressemblent par certains points, à ces idéologues de la bourgeoisie d’aujourd’hui qui, se basant sur les critiques émises contre les régimes pseudo socialistes, comme ceux de l’ex-URSS, prétendent que le capitalisme vaut mieux que ce « socialisme » là ! En réalité, ces idéologues veulent préserver le capitalisme et empêcher le déroulement de l’histoire, qui va vers l’instauration universelle du socialisme.

     

     

    Liberté, égalité, fraternité (Partie 15)

     

     

    1. Le socialisme conservateur ou bourgeois :

    Le capitalisme présente de nombreux défauts, des contradictions internes, et une fraction éclairée de la bourgeoisie en est consciente : aussi cette fraction cherche-t-elle à apporter des remèdes à ces défauts, à amoindrir ces contradictions. Le but de ces bourgeois est d’aménager le capitalisme, en vue de le renforcer, et non de le détruire. Leur désir est de débarrasser la société de la lutte des classes, afin d’avoir un capitalisme avec des bourgeois et sans prolétaires, ce qui est impossible, car : « La bourgeoisie comme de juste, se représente le monde où elle domine comme le meilleur des mondes. » (84).

    Ce socialisme bourgeois vise à maintenir et à renforcer ce qui existe, à empêcher la révolution prolétarienne, et l’un des moyens utilisés est de cantonner les luttes ouvrières dans le domaine économique, dans la vie matérielle. Le but est de « diminuer pour la bourgeoisie les frais de sa domination et simplifier le budget de l’Etat. » (85).

     

    1. Le socialisme et le communisme critico-utopiques :

    Ces doctrines correspondent à l’expression première des instincts du prolétariat, encore à l’état embryonnaire et non encore constitué en classe sociale et en partis politiques.

    Lorsque apparaissent ces écrits, les conditions matérielles de l’émancipation du prolétariat sont absentes, et quand ces conditions apparaissent, ces doctrines deviennent rétrogrades, réactionnaires, et se caractérisent par l’ « ascétisme universel » et par « un égalitarisme grossier ».Certains de ces auteurs, comme Saint-Simon (83), Fourier (20), Owen (17) voient la lutte de classe, mais manquent de confiance dans le prolétariat.

    Pour changer la réalité sociale, ils rédigent un plan de la Cité idéale, et l’adressent aux dirigeants de la société. Ils réalisent aussi parfois des micros expériences

    . C’est pourquoi ce sont des utopistes, car ils ne cherchent pas dans la réalité elle-même les forces et les moyens permettant de la transformer.

     

    1. Les communistes :

    A l’égard des différents partis de l’opposition réelle au capitalisme, ou des partis qui se présentent comme opposant, les communistes exercent une analyse de classe, et une analyse de la situation concrète. Chaque parti représente les intérêts d’une classe ou de couches sociales. Et les communismes adaptent leur tactique à l’égard des partis d’opposition en tenant compte de la réalité de chaque pays, selon l’étape dans laquelle se trouve ce pays : par exemple, en Allemagne, ce qui est à l’ordre du jour en 1847, c’est la révolution bourgeoise, contre le féodalisme, et les communistes n’hésitent pas à soutenir la bourgeoisie, chaque fois que celle-ci fait progresser cet objectif. Mais en même temps, le parti communiste conserve son autonomie : il développe en direction des ouvriers un travail autonome, les organise, les rend conscient de la contradiction antagonique entre bourgeoisie et prolétariat en vue de préparer l’étape ultérieure, la révolution prolétarienne. Les communistes « combattent pour les intérêts et les buts immédiats de la classe ouvrière ; mais dans le mouvement présent, ils défendent et représentent en même temps l’avenir du mouvement. » (86). C’est une leçon contre le sectarisme :

      • Les communistes soutiennent tout ce qui va contre la bourgeoisie, tout ce qui va vers la destruction du capitalisme ;

      • La question fondamentale du mouvement, c’est la question de la propriété ;

      • Les communistes sont internationalistes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    CHAPITRE VI

     

     

     

    EN GUISE DE CONCLUSION

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le Manifeste du parti communiste nous interpelle par son extraordinaire actualité. Sans doute, depuis 1847, le monde a changé, et bien changé ! Mais le capitalisme est toujours présent : il s’est même renforcé et étendu au monde entier.

    Aujourd’hui un grand nombre de spécialistes et d’experts en tout genre tentent de démontrer que la classe ouvrière n’est plus ce qu’elle était, qu’elle a peut-être même disparue, engloutie sous l’amas des richesses produites, et donc Marx et Engels se seraient trompés dans leur analyse. Mais n’avaient-ils pas constaté que le capitalisme permettait un développement des richesses comme aucun mode de production comme auparavant ?

    Les idéologues de la bourgeoisie affirment que les conditions sociales d’aujourd’hui diffèrent de celles qui existaient en 1789 en France, en 1917 en Russie et en 1949 en Chine, et ils en concluent péremptoirement que l’époque des révolutions est à jamais révolue, et en particulier, que la révolution prolétarienne n’est plus à l’ordre du jour.

    La réalité s’est transformée depuis : c’est là une constatation banale. Mais la conclusion que nous tirons de notre expérience sociale est radicalement inverse : l’exploitation de l’homme par l’homme existe toujours, et s’est même amplifiée sous de nouvelles formes. Aussi, c’est la révolution prolétarienne qu’il convient de préparer activement, dans les conditions françaises du début du XXI° siècle, et c’est cela qui donne un sens à la vie d’un communiste d’aujourd’hui.

    Sans doute, le capitalisme a apporté un semblant de richesses matérielles, encore faut-il constater que ce n’est qu’une infime partie de la population, située surtout dans les pays développés et impérialistes, qui profitent de ces privilèges ! La répartition des biens est par trop inégale, et cette inégalité est ressentie de façon tout à fait injuste. Si, dans certaines régions capitalistes du monde on ne meurt plus de faim, il n’empêche que s’y développe en même temps que la richesse, une exploitation accrue des ouvriers, paysans et employés, sous des formes insidieuses, d’autant plus cruellement ressentie à l’époque des crises cycliques qui frappent tout le système, comme celle qui a commencé en 1974 et dure encore. Et quelle est la pire des misères, si ce n’est celle d’être privé d’emploi, mis au chômage, au milieu de l’amoncellement d’objets de consommation, de se sentir inutile socialement, de trop, et dans l’impossibilité d’accéder à une société où règne la consommation à tout prix, chaque individu pouvant potentiellement être victime de cette « maladie » de la croissance.

    Et encore, à quel prix, certains pays connaissent-ils une abondance tout à fait relative ? C’est au prix d’une exploitation effrénée de régions entières du globe : si dans les pays riches, capitalistes ou dits socialistes, on peut voir les ventres ballottés des bourgeois bien pendants et des aristocrates ouvriers gonflés par le trop plein de bouffe, c’est parce que dans les pays pauvres et colonisés, des millions d’enfants ont le ventre gonflé par le manque de nourriture et meurent de faim. Si les uns engrossent, se gavent de viande plusieurs fois par jour, alimentent le bétail à l’aide de kilos de céréales, et meurent d’obésité, c’est parce qu’à l’autre bout de la chaîne alimentaire, des millions d’habitants de la planète manquent cruellement de ces mêmes céréales.

    Plus qu’au XIX° siècle, la rapine impérialiste de zones entières est organisée rationnellement, avec la bénédiction de tous les profiteurs bourgeois, au nom de la « civilisation », de la « liberté », ou du pseudo-« socialisme ». Pour préserver leurs intérêts, et réaliser un nouveau partage des sphères d’influence correspondant aux nouveaux rapports de force, les bourgeoisies mondiales, dans les pays développés surtout, ont déclenché deux guerres mondiales au XX° siècle. Depuis 1945, le monde n’a jamais connu un seul jour de tranquillité et de paix : toujours quelque part, le canon a tonné, dans des guerres locales, comme en Corée et au Vietnam.

    Aussi, depuis 1847, rien n’est réglé. Les principales thèses du Manifeste du parti communiste demeurent à l’ordre du jour. Le capitalisme est toujours là : il a atteint son apogée, puis le stade pourrissant. Seule la révolution prolétarienne pourra régler les contradictions insolubles dans le cadre du capitalisme. Le monde est gros d’une nouvelle étape, le communisme, qui le débarrassera à jamais de l’exploitation de l’homme par l’homme, et les bâtisseurs de ce nouveau monde sous un nouveau ciel seront les exploités des pays pauvres du tiers monde et des pays riches.

    Mais certains nouveaux philosophes, voulant discréditer le communisme, affirment que le remède est pire que le mal. Selon eux, l’application du marxisme mène au despotisme à l’intérieur d’un pays et à l’impérialisme à l’extérieur. Ils s’appuient sur l’exemple du devenir de l’ex-URSS. Effectivement, les Russes ont réalisé la révolution prolétarienne d’Octobre 1917, et leur pays s’est transformé aujourd’hui en un pays capitaliste et impérialiste.

    Que vaut la démonstration ?

    Les cris hystériques de ces nouveaux penseurs de la bourgeoisie ressemblent à s’y méprendre aux criailleries des émigrés de la noblesse française, qui, après 1789, pestaient contre la violence révolutionnaire du tiers-état, et contre la dictature qu’exerçait la bourgeoisie sur l’ensemble de la société. Le couronnement de Napoléon I°, la restauration de Louis XVIII, sont-ce là des arguments contre la révolution française de 1789 ? Les principes de 1789 renfermaient-ils en eux-mêmes la restauration de la monarchie comme une conséquence inéluctable ? La restauration permet-elle d’affirmer que la réalisation de la révolution bourgeoise de 1789 était inutile ? Bien sûr que non, ou c’est ne rien comprendre à l’histoire : la révolution française était indispensable.

    Puis il y eut un rapport de force, national et mondial, momentanément défavorable à la bourgeoisie, qui l’a obligée à un repli ; mais la conception bourgeoise du monde n’a jamais cessé de progresser au cours du XIX° siècle. Qu’en reste-il des criailleries impuissantes de la noblesse, un siècle après 1789 ? N’est-ce pas les idées de 1789 qui ont finalement triomphé, et la noblesse n’est-elle pas rayée de la surface de la France ?

    Ainsi, au niveau de l’histoire, le temps a une autre dimension qu’au niveau de la vie individuelle. Le « retour en arrière » de l’ex-URSS, vers une forme de barbarie souvent pire que ce qu’offre le capitalisme classique, est un phénomène sans doute inévitable, dont les causes, nationales et internationales, restent à analyser, mais un phénomène passager : il n’empêche que les idées des bolchevicks de 1917 demeurent valables universellement et représentent l’avenir du monde.

    Ce qui est plus à craindre, c’est que la révolution prolétarienne, que nous appelons de tous nos vœux, tarde trop. On raconte que, lors de la Terreur, Babeuf fut effrayé par la violence révolutionnaire en voyant les nobles têtes accrochées aux piques populaires : cette violence était au moins aussi grande que la sauvagerie exercée pendant des années par les classes exploiteuses à l’encontre du peuple, et qui n’avait jamais pu s’extérioriser.

    Biens nantis, vous pouvez avec raison craindre la haine emmagasinée par les affamés et les opprimés ! Elle court, elle court, la violence cachée, et rien, ni vos prisons, ni vos frontières, ni vos camps de concentration, ni vos hôpitaux psychiatriques ne pourront l’empêcher de s’exprimer. Elle est suspendue au-dessus de votre société d’exploiteurs et d’oppresseurs, telle une épée de Damoclès, prête à la faire voler en éclat, et ceci avec d’autant plus de vigueur que vous aurez contenu longtemps cette violence.

     

     

     

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