• Liberté, égalité, fraternité (Partie 33)

    LE DEMOCRATISME

     

    Dans le Parti « communiste » français apparaît clairement la nature bourgeoise, idéaliste en totalité du révisionnisme. Marchais prétendait :

    « Nous sommes partisans du socialisme ; lorsque la majorité du peuple l’aura décidée, il en sera ainsi. Or aujourd’hui la majorité du pays n’est pas partisan du socialisme. »

    Sous des airs faussement « démocratiques » c’est le point de vue de la bourgeoisie qui triomphe ; Marchais et l’ensemble des révisionnistes veulent gérer les affaires du capital. Car à coup sûr, avant la révolution prolétarienne, jamais la majorité du peuple ne sera partisane déclarée du socialisme et de la dictature du prolétariat. Les idées exprimées par les masses populaires ne sont-elles pas le reflet de l’idéologie dominante, de l’idéologie de la classe dominante ?

     

    Liberté, égalité, fraternité (Partie 33)

     

    LE DEMOCRATISME

     

    Dans le Parti « communiste » français apparaît clairement la nature bourgeoise, idéaliste en totalité du révisionnisme. Marchais prétendait :

    « Nous sommes partisans du socialisme ; lorsque la majorité du peuple l’aura décidée, il en sera ainsi. Or aujourd’hui la majorité du pays n’est pas partisan du socialisme. »

    Sous des airs faussement « démocratiques » c’est le point de vue de la bourgeoisie qui triomphe ; Marchais et l’ensemble des révisionnistes veulent gérer les affaires du capital. Car à coup sûr, avant la révolution prolétarienne, jamais la majorité du peuple ne sera partisane déclarée du socialisme et de la dictature du prolétariat. Les idées exprimées par les masses populaires ne sont-elles pas le reflet de l’idéologie dominante, de l’idéologie de la classe dominante ?

    A coup sûr avec Marchais et le P. « C. » F., il n’y aura jamais le socialisme, mais les masses populaires et le prolétariat révolutionnaire devront le faire sans eux et contre eux. Car ce que prêchent les révisionnistes, c’est le refus de la lutte, c’est l’idéologie de la soumission et de la conciliation qu’ils diffusent.

    Par exemple, Marchais parle de « liberté pour tous » ; cela n’existe pas. Lénine posait à propos de la liberté la question : « Liberté pour qui ? ». De deux choses l’une : ou bien les exploiteurs sont libres et les exploités ne le sont pas, ou bien les exploités sont libres et alors ce sont les exploiteurs qui ne le sont plus. L’un ou l’autre, mais pas les deux en même temps car l’un exclut l’autre.

    « Le système soviétique c’est la destruction du mensonge bourgeois qui appelle « liberté de la presse », la liberté de soudoyer la presse, la liberté pour les riches, pour les capitalistes, d’acheter les journaux, la liberté pour les capitalistes de se rendre acquéreurs de centaines de journaux et de truquer ainsi la soi-disant « opinion publique ». (…) Ceci est aussi valable pour la liberté de réunion (qui est mensonge, aussi longtemps que les riches disposent des meilleurs édifices ou achètent les édifices publics), l’ « armement du peuple », la liberté de conscience (=la liberté pour le capital d’acheter et de soudoyer les organisations ecclésiastiques afin d’intoxiquer les masses avec l’opium de la religion) et toutes les autres libertés de la démocratie bourgeoise. » (186)

     

    La « liberté » en Chine populaire, lorsque règne la dictature du prolétariat, a toujours un contenu de classe. Il y a des « libertés » qu’il faut détruire, comme ces trois là contre lesquelles dans les campagnes chinoises s’est déchaînée la révolution culturelle, la liberté d’usure, par exemple, la liberté de rétablir des formes de capitalisme et d’oppression de classe.

    « La liberté est un grand mot, mais c’est sous le drapeau de la liberté de l’industrie qu’ont été menées les pires guerres de brigandage ; c’est sous le drapeau de la liberté qu’on a spolié les travailleurs. » (187)

    Marchais parlait aussi de « démocratie pour tous ». La « démocratie pour tous », exploiteurs et exploités partageant la même démocratie, cela n’est autre que la vieille rengaine mystificatrice de la bourgeoisie. Dans une société de classe, la démocratie est toujours une démocratie de classe. Démocratie bourgeoise ou démocratie prolétarienne, démocratie pour la bourgeoisie ou démocratie pour le peuple, l’un ou l’autre.

    Le socialisme est la dictature du prolétariat contre les exploiteurs, et la démocratie la plus grande pour le peuple.

    Ce jugement de Lénine pourrait parfaitement convenir au faux et hypocrite Marchais :

    « Kautsky a parlé de tout ce que l’on veut, de tout ce qui est recevable pour les libéraux et les démocrates bourgeois et ne sort pas du cadre de leurs idées ; mais il n’a rien dit de ce qui est primordial à savoir que le prolétariat ne peut triompher sans briser la résistance de la bourgeoisie, sans réprimer par la violence ses adversaires, et que là où il y a « répression par la violence » et pas de « liberté », il est évident que la démocratie est absente. (…) Supposer que dans une révolution un peu sérieuse et profonde, c’est simplement le rapport entre la majorité et la minorité qui décide, c’est faire preuve d’une prodigieuse stupidité, c’est s’en tenir à un préjugé archi naïf, digne d’un vulgaire libéral ; c’est tromper les masses, leur cacher une évidente vérité historique, vérité selon laquelle les exploiteurs conservent durant des années de gros avantages réels sur les exploités, opposent une résistance prolongée, opiniâtre, désespérée. »

    Marchais avait beau affirmer : « Nous n’irons pas au pouvoir pour gérer les affaires du grand capital », cela ne peut dissimuler le fait que le « socialisme » qu’il évoquait n’était rien d’autre que le pouvoir de la bourgeoisie.

     

    LE LEGALISME

     

    Le mouvement du prolétariat, en raison des particularités essentielles de cette classe sous le capitalisme, a une tendance inflexible à se transformer en une lutte pour le tout, c’est-à-dire pour la victoire totale sur toutes les forces d’exploitation et d’oppression.

    Par contre, le mouvement de la bourgeoisie libérale, par suite des particularités essentielles de la situation de cette classe, a tendance aux tractations et non à la lutte, c’est-à-dire à l’opportunisme et non au radicalisme. Elle fait une part plus belle, non à la revendication hardie d’une victoire totale, mais à l’inventaire modeste des acquisitions les plus « réalisables », les plus probables, et les plus immédiates, c’est-à-dire aux réformes.

    Quiconque lutte vraiment revendique tout ; quiconque renonce à la lutte et préfère les tractations désigne, dans les meilleurs des cas, les « petites concessions » qu’il veut obtenir des maîtres du régime, dans le pire des cas, il se contente d’une « paix sociale » avec eux. Quiconque lutte pour le tout doit prendre garde que les petites concessions ne lui lient pas les mains, ne l’amènent pas à oublier le but final – l’émancipation de tous les travailleurs – but final sans lequel les petites concessions ne signifient rien. C’est pourquoi le programme d’un parti marxiste-léniniste doit définir de façon intransigeante le but final, avec grand soin, et se montrer hostile à toutes les tentatives de rétrécir ce but final. C’est pourquoi il doit également distinguer avec une intransigeance aussi doctrinale, entre les petits objectifs économiques et politiques immédiats et le but final :

    « Si vraiment il est nécessaire de s’unir, écrivait Marx aux chefs du parti, passez des accords en vue de réaliser les buts pratiques du mouvement, mais n’allez pas jusqu’à faire commerce de principes, ne faîtes pas de « concessions » théoriques. » (188)

    C’est pourquoi, sans méconnaître le mouvement syndical, sans refuser d’utiliser la moindre marge de légalité, le léninisme met au premier plan les tâches de la révolution :

    « Avec l’époque nouvelle, l’impérialisme qui porte en elle et est grosse de la révolution prolétarienne, alors que l’Europe va au-devant de batailles décisives entre le capital et le travail, les anciennes méthodes de lutte économique et politique du prolétariat sont insuffisantes. Or, ces méthodes consistaient précisément à faire usage de la démocratie bourgeoise. » (189)

    La classe ouvrière ne lutte pas pour des négociations, ni ne quémande des négociations comme le font les dirigeants révisionnistes et réformistes. La classe ouvrière sait par son expérience que ses revendications économiques, sociales et politiques s’obtiennent dans le dur combat classe contre classe, classe ouvrière contre classe bourgeoise. C’est seulement, lorsque les forces en présence s’affrontent dans ce combat de classe (lorsque les usines sont occupées, que les comités de grève et les piquets de grève sont en place, que les moyens de production sont immobilisés, que l’action des masses est en plein essor) c’est seulement alors qu’il est possible suivant le développement des luttes, que des représentants de la classe ouvrière, élus et révocables, mandatés par la classe ouvrière négocient. C’est ce que le marxisme-léninisme appelle négocier avec un rapport de forces favorable aux intérêts immédiats de la classe ouvrière. La vie différente menée pendant la lutte, la grève, fait entrevoir ce que serait une vie en collectivité avec des décisions prises en commun. Elle nous fait aussi prendre conscience, ainsi qu’à la classe ouvrière, du rôle de l’ouvrier dans la société actuelle (où il est un outil de travail au même titre que la machine).

    Le réformisme, en particulier lorsqu’il se donne l’étiquette « marxiste », aiguise par sa démagogie les contradictions de classe, crée des illusions dans les masses, y compris lorsqu’il éveille les luttes, mais en même temps en les enfermant dans le légalisme et les institutions bourgeoises, il ne peut donner au peuple une orientation révolutionnaire et le désarme idéologiquement, politiquement et militairement.

     

     

    LE REFORMISME, LE PARLEMENTARISME ET L’ELECTORALISME

     

    La condition d’une réelle alternative révolutionnaire consiste à placer sans sectarisme d’aucune sorte toutes les forces populaires sous une orientation révolutionnaire correcte. Cette orientation suppose en premier lieu de se débarrasser une fois pour toutes des illusions légalistes et réformistes selon lesquelles il est possible de vaincre les ennemis du peuple en respectant la légalité bourgeoise, en pensant qu’il est possible d’aller vers le socialisme en conservant le système actuel et en se soumettant à ses institutions et à ses lois réactionnaires. Cela exige de rejeter l’illusion que le pouvoir populaire – sans force armée – pourrait se développer comme un « germe » ou une « plante » au sein du pouvoir bourgeois et que celui-ci cèderait des positions et s’éteindrait progressivement sans être écrasé. L’idée de développer progressivement le « pouvoir populaire » n’est qu’une nouvelle version du réformisme.

    On peut et on doit développer, préparer et armer sérieusement des organes de lutte pour la prise du pouvoir, pleinement conscients qu’ils n’ont pas le pouvoir, et qu’ils auront à combattre pour le conquérir. Une orientation révolutionnaire exige de démasquer et d’isoler les dirigeants révisionnistes et réformistes qui se donnent des airs combatifs pour négocier. Elle nécessite d’appuyer et d’orienter l’initiative des masses vers la défense des intérêts matériels et politiques des masses, afin de dépasser les limites des luttes revendicatives et légalistes et, en combattant l’exploitation, de mettre en place un programme réellement révolutionnaire et d’organiser la lutte révolutionnaire pour le pouvoir.

    Le marxisme-léninisme n’est pas contre les réformes, bien au contraire ; mais les réformes doivent se faire dans une orientation révolutionnaire. On ne peut qualifier la mobilisation des travailleurs qui se défendent contre la faim et la misère poussées à l’extrême par la crise, d’ « économisme sans principe ». Au contraire, la lutte des masses pour améliorer leurs salaires, pour freiner les hausses, pour combattre les spéculateurs, pour la nourriture… à travers les principes d’un programme révolutionnaire, doit être un puissant affluent dans la lutte contre les putschistes, pour dd énouer la crise par des mesures révolutionnaires, et avancer vers la prise du pouvoir. Si ces demandes des masses sont ignorées ou combattues, dans la mesure où s’intensifie la crise, les démagogues de la bourgeoisie, les révisionnistes et les autres forces réactionnaires réussiront à mieux tromper le peuple.

    De même, si les travailleurs des entreprises moyennes et petites doivent être mobilisés pleinement, il faut combattre la politique qui consiste à frapper ces entrepreneurs au même titre que les monopolistes, les poussant ainsi dans leurs bras. On doit essayer au moins de les neutraliser et de leur donner des garanties afin d’isoler les exploiteurs les plus puissants. Autrement, le front uni des ultra réactionnaires se renforcera au dépend du peuple. Cette politique aventuriste qui frappe sans distinction les entreprises moyennes et petites comme les monopoles, n’est que la contrepartie de la politique conciliatrice du réformisme avec les grands exploiteurs. On ne peut prétendre unir le peuple pour combattre et écraser les ennemis essentiels (impérialisme et social-impérialisme et leurs représentants, la bourgeoisie monopoliste des villes et des campagnes) en acceptant et en se soumettant à la division entre opposition et gouvernement, sans abandonner l’idée que les grands exploiteurs accepteront pacifiquement et dans le cadre de leur légalité d’être expropriés.

    Les révisionnistes modernes, comme les révisionnistes anciens que Lénine eut à combattre, rendent un grand service à la bourgeoisie. Dans les faits les syndicats dirigés par les révisionnistes s’efforcent de limiter l’ensemble de la lutte de classe du prolétariat des pays capitalistes aux seules revendications économiques immédiates et aux « réformes de structure », tandis que la nécessité de la révolution socialiste n’est pas évoquée ou l’est très peu et de façon démagogique. Mais Lénine disait :

    « En réalité, une « élévation de l’activité de la masse ouvrière » est possible uniquement que si nous ne nous bornons pas à l’agitation politique sur le terrain économique. » (190)

    Par exemple les organisations syndicales actuelles sont des instruments de défense non pas des intérêts de la classe ouvrière, mais de la classe bourgeoise, et surtout de sa fraction monopoliste. Le trait caractéristique du développement des appareils syndicaux à l’heure actuelle, c’est l’intégration de ces appareils dans l’appareil d’Etat bourgeois. Les révisionnistes (leurs actes démentent leurs paroles) ne sont rien d’autres que des agents de la bourgeoisie capitaliste dans le mouvement ouvrier. Ils sont pour « la négociation pour la négociation ». Le prolétariat révolutionnaire n’est pas contre la négociation « en général ». Le prolétariat révolutionnaire n’est pas « gauchiste ». Mais sa position sur les négociations est une position de classe.

    La tactique des compromis et des accords peut se justifier après de longues grèves pour permettre au prolétariat de « souffler » et de se réorganiser. Cette tactique va à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière quand on veut l’appliquer en période d’offensive des masses ouvrières. Il est faux de considérer la négociation « en général » et la « négociation pour la négociation » : c’est là un point de vue bourgeois qui trahit les intérêts du prolétariat.

     

    LES ELECTIONS

     

    On ne saurait avoir sur les élections qu’un point de vue de classe. Le contenu des élections varie avec le contenu de la démocratie. Le but des élections diffère selon qu’elles ont lieu en système capitaliste ou en système socialiste. Les élections organisées par la bourgeoisie au pouvoir ont pour but principal de duper le peuple. En organisant périodiquement son jeu électoral, jeu faussé d’avance, la bourgeoisie cherche à persuader le travailleur qu’il détient une « parcelle de pouvoir » qui, avec celle de ses concitoyens, forment la « souveraineté populaire ». Mais depuis que ce système existe, plus d’un siècle, ce « souverain » fait plutôt figure d’esclave, et quelle que soit la République, et la couleur des « élus du peuple », ce qui existe c’est toujours la dictature d’une minorité d’exploiteurs sur la majorité du peuple, c’est toujours la domination du Capital sur le Travail :

    « Prenez la société bourgeoise qui se targue de son suffrage universel. En fait, nous le savons, ce suffrage universel, tout cet appareil est transformé en une duperie, car l’énorme majorité des travailleurs est opprimée, écrasée même dans les pays démocratiques les plus avancés, les plus civilisés, écrasée par le bagne capitaliste au point que, pratiquement, elle ne participe pas et ne peut pas participer à la politique. (…) Du point de vue des porte-parole de la société bourgeoise, dès lors qu’il y a « démocratie » et que le capitaliste et le prolétaire participent au scrutin, c’est l’expression des désirs du peuple. Nous savons quel ignoble mensonge constituent ces discours… ». (191)

     

    Les élections organisées par le prolétariat au pouvoir ont un autre but, fondamentalement opposé : celui de déléguer un pouvoir que les masses travailleuses possèdent déjà dans la pratique – et encore cette « délégation de pouvoir » est assortie de toute une série de conditions (tels que contrôle régulier de l’élu, possibilité de le révoquer, etc.). C’est un pouvoir que les travailleurs possèdent déjà. Le prolétariat, par l’intermédiaire de son parti communiste, détient le pouvoir, tout le pouvoir, qu’il a arraché à la bourgeoisie ; les élections ont alors pour but de confier certaines tâches centrales, encore nécessaires sous le socialisme, à des délégués (députés, fonctionnaires, juges…) considérés comme des serviteurs du peuple et responsables devant lui. Tel était selon Marx, le but des élections pendant la Commune de Paris :

    « Au lieu de décider une fois pour tous les trois ou six ans quel membre de la classe dirigeante devait « représenter » et fouler aux pieds le peuple au Parlement, le suffrage universel devait servir au peuple constitué en communes, comme le suffrage individuel sert à tout autre employeur en quête d’ouvriers, de contrôleurs et de comptables pour son affaire. » (192)

    Mais pourquoi faut-il encore des organismes représentatifs, donc des élections, dans le régime socialiste ? Lénine l’a souvent expliqué notamment dans l’Etat et la Révolution :

    « Nous ne pouvons concevoir une démocratie, même une démocratie prolétarienne, sans organismes représentatifs. (…) Il ne saurait être question de supprimer d’emblée, partout et complètement, le fonctionnarisme. C’est une utopie. Mais briser d’emblée la vieille machine administrative pour commencer sans délai à en construire une nouvelle, permettant de supprimer graduellement tout fonctionnarisme, cela n’est pas une utopie, c’est l’expérience de la Commune ; c’est la tâche urgente, immédiate du prolétariat révolutionnaire. (…) Nous ne sommes pas des utopistes. Nous ne « rêvons » pas de nous passer d’emblée de toute administration, de toute subordination ; ces rêves anarchistes, fondés sur l’incompréhension des tâches qui incombent à la dictature du prolétariat, sont franchement étrangers au marxisme et ne servent qu’à différer la révolution socialiste jusqu’au jour où les hommes auront changé. Nous nous voulons la révolution socialiste avec les hommes tels qu’ils sont aujourd’hui, et qui ne se passeront pas de subordination, de contrôle, de surveillants et de comptables. » (193)

    Il faut donc sous le socialisme, combiner discipline et liberté, exercice indirect et direct du pouvoir, contrôle par en haut (« subordination » dit Lénine) et par en bas. Bref : centralisme et démocratie. Toutefois, cela ne va pas sans créer des contradictions. Parmi les « contradictions au sein du peuple », Mao Tsetoung cite ce type de contradiction :

    « Entre le gouvernement populaire et les masses, il y a également des contradictions. Ce sont notamment celles qui existent entre les intérêts de l’Etat, de la collectivité et de l’individu, entre la démocratie et le centralisme, entre les dirigeants et les dirigés, entre certains travailleurs de l’Etat au style de travail bureaucratique et les masses populaires. » (194)

    Mais ces contradictions peuvent être résolues car, sous la dictature du prolétariat, les institutions représentatives et le principe électif ont un contenu entièrement nouveau, défini par trois conditions :

    • 1) Suppression du parlementarisme ;

    • 2) Contrôle des masses sur les organismes élus comme sur tout organe de l’appareil d’Etat ;

    • 3) Participation de plus en plus active et directe des masses au gouvernement du pays.

     

    En votant les travailleurs ont conscience d’exercer leur pouvoir : ceux qu’ils vont élire, ce sont des travailleurs comme eux, souvent leurs compagnons de travail, des gens en qui ils ont confiance parce qu’ils les connaissent bien et qu’ils les contrôlent en permanence. La Commune de Paris détenait son autorité du peuple en armes contre la bourgeoisie.

    Dans les démocraties bourgeoises, plusieurs partis présentent des candidats aux élections, mais si tous ces partis sont des partis bourgeois, comme c’est le cas en France, où est l’intérêt de « choisir » entre eux ?

    Les candidats en pays socialistes sont des travailleurs dévoués, des serviteurs du peuple ; s’ils ne tiennent pas leurs engagements ou bien dégénèrent en politiciens antipopulaires, ils peuvent être révoqués. Le socialisme ne peut être édifié que par des hommes conscients et libres et non par des esclaves, et qui se révolutionnarisent sans cesse. Le seul système où l’homme puisse élever sa conscience et se révolutionnariser, c’est le système de démocratie prolétarienne, c’est-à-dire le système où les travailleurs peuvent progressivement gérer eux-mêmes, directement, toutes les affaires du pays :

    « Le communisme dit : l’avant-garde du prolétariat, le parti communiste, dirige la masse des ouvriers sans-parti, en éclairant, en préparant, en instruisant, en éduquant (« l’école » du communisme) cette masse, les ouvriers d’abord, les paysans ensuite, pour qu’elle puisse parvenir et parvienne à concentrer entre ses mains la gestion de toute l’économie nationale. » (195)

    La dictature du prolétariat contre les réactionnaires et la bourgeoisie met à la disposition des masses opprimées anciennement mille moyens pratiques pour assurer leur pouvoir et pour le contrôler. Tant qu’existent la propriété privée et, par suite, l’exploitation de la majorité du peuple par la petite minorité de capitalistes, la démocratie n’est qu’une mystification, le Parlement et les élections ne sont que des « instruments fantoches » (selon l’expression de Lénine).

    « … dans les vieux pays parlementaires la bourgeoisie a appris à la perfection, à manier l’hypocrisie et à rouler le peuple de mille façons en faisant passer le parlementarisme bourgeois pour la « démocratie en général » etc., en cachant habilement les millions de liens qui unissent le parlement à la Bourse et aux capitalistes, en utilisant la presse vénale et en faisant agir par tous les moyens la puissance de l’argent, le pouvoir du capital. » (196)

    Le Parlement bourgeois n’a en fait aucun pouvoir. La véritable « besogne de l’Etat » se fait ailleurs, dans les coulisses et dans les banques, par ceux qui détiennent les moyens de production et par leur personnel politique. Le travailleur, le producteur réel de toutes les richesses de la nation, n’a aucun moyen de participer au parlement bourgeois, soi-disant expression de la « souveraineté populaire ». Ce parlement est un corps étranger aux masses travailleuses.

    « Une partie de la petite bourgeoisie prolétarisée, les ouvriers arriérés et les petits paysans, tous ces éléments croient réellement que leurs intérêts sont représentés au Parlement ; il faut lutter contre cela par l’action parlementaire et montrer aux masses la vérité dans les faits. Les théories n’ont pas prises sur les masses arriérées ; elles ont besoin de l’expérience. » (197)

    La bourgeoisie dresse mille obstacles devant la masse des travailleurs pour les empêcher même de formuler une opinion politique : fatigué et usé par le travail, matraqué par une propagande insidieuse et diversifiée, le travailleur voit même les libertés fondamentales, comme la liberté de réunion, de presse, libertés chèrement conquises par ses luttes, tronquées de diverses manières. La bourgeoisie veut que la classe ouvrière, et l’ensemble des travailleurs, ne soit qu’une force productive (exploitable à merci) qui ne se manifeste comme force politique que dans le jeu tronqué des élections et l’isoloir remplie bien sa fonction : morceler la grande force collective de la clase ouvrière.

     

    Quelle est l’attitude de l’avant-garde du prolétariat, du prolétariat révolutionnaire, face au Parlement et aux élections bourgeoises alors que la bourgeoisie est encore au pouvoir ?

    Le prolétariat révolutionnaire n’a rien à voir avec le « gauchisme » qui « par principe » refuse de participer au parlementarisme : cette attitude n’est au fond que la contrepartie du réformisme qui participe activement au parlementarisme dans le cadre de la légalité bourgeoise. Le prolétariat révolutionnaire, dans certaines situations, non seulement peut, mais doit participer au parlementarisme et aux élections, mais ceci dans un esprit révolutionnaire.

    Les élections, alors que la bourgeoisie est encore au pouvoir, ont pour but, en général, comme l’a dit Engels, de compter et de rassembler les « troupes » du prolétariat ; participer aux élections bourgeoises peut montrer aux masses, par la pratique, la force réelle que représente le prolétariat révolutionnaire dans la nation, opposée au mensonge du suffrage universel, tel qu’il est pratiqué par le Capital au pouvoir.

    La participation du prolétariat révolutionnaire, alors que la bourgeoisie est encore au pouvoir, a également pour but, de montrer par la pratique, le mensonge du parlementarisme bourgeois :

    « Nous devons poursuivre la lutte au sein même du Parlement pour détruire le Parlement. (…) Si vous n’en faîtes pas partie, comment dévoilerez-vous telle ou telle manœuvre parlementaire, la position de tel ou tel parti ? » (198)

    Participer au parlement pour le prolétariat révolutionnaire a donc pour but d’arracher le « secret » derrière lequel la bourgeoisie conduit ses manœuvres contre le prolétariat. Mais en même temps, le prolétariat doit expliquer aux masses travailleuses, que si le Parlement bourgeois présente un aspect positif, progressiste par rapport aux institutions du moyen âge, il présente aussi un aspect négatif, réactionnaire par rapport à la démocratie prolétarienne, « des millions de fois plus démocratique » »(Lénine). Les révisionnistes, que ce soient les dirigeants de la Deuxième Internationale tel Kautsky, ou les révisionnistes modernes tel Marchais, mettent en avant le premier aspect : ils mettent l’accent sur l’aspect négatif, de façon criminelle, et ceci aussi prouve leur nature de bourgeois, fidèles serviteurs de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier. Par là ils répandent l’illusion que l’on peut aller au « socialisme » en se servant du parlementarisme et des élections bourgeoises dans le cadre bourgeois.

    « La critique du parlementarisme est non seulement légitime et nécessaire pour motiver le passage au pouvoir des Soviets, mais absolument juste, puisqu’elle reconnaît que le parlementarisme est historiquement conventionnel et limité, qu’il est lié au capitalisme et à lui seul, et qu’il est progressiste par rapport au moyen âge, mais réactionnaire par rapport au pouvoir des soviétiques.

    (…) (Mais) on peut et on doit mener la propagande soviétique dans les parlements bourgeois, à l’intérieur de ses parlements. » (199)

    La bourgeoisie révisionniste française du P. « C. » F., avec à sa tête Marchais, prétendait amener la « victoire » du « socialisme » par les élections. Qu’en est-il exactement ? D’abord à considérer l’histoire universelle des deux siècles derniers, jamais les élections n’ont permis la « défaite » de la bourgeoisie ; les victoires populaires ont toujours et partout été arrachées par la lutte. Mais faisant de la démagogie, Marchais prétendait que les conditions ont changé, que, aujourd’hui en France, cela est possible. La prétendue « gauche » en France remettrait en cause la société capitaliste et le pouvoir de la bourgeoisie. Il s’agit là de la vieille mystification selon laquelle on aurait une « droite » représentant le capitalisme et une « gauche » opposée au capitalisme. Or que constate-t-on ?

    D’abord que la fameuse « gauche » a passé de nombreuses années au gouvernement (la IV° République, pour ne citer qu’elle, fut une République de « gauche ») et que loin de remettre en cause le capitalisme, elle en fut le défenseur acharné et comme disait « l’homme de gauche » Léon Blum, le « gérant loyal ».

    Ensuite, que par son programme actuel, cette « gauche » ne remet nullement en cause le système capitaliste et le pouvoir de la bourgeoisie. La vérité, c’est que « gauche » et « droite » représentent la même société et la même classe. Gauche/Droite est une classification fondée sur une vision électoraliste substituant le parlementarisme à la lutte de classes. Les révolutionnaires ne raisonnent pas en fonction de la « droite » et de la « gauche », mais de la bourgeoisie et du prolétariat. La classification droite/gauche est le produit d’une longue tradition électoraliste, d’une conception parlementaire de la lutte. Si on raisonne de cette façon on se place sous la direction de la bourgeoisie. Si on raisonne en marxiste, en fonction de la lutte de classes, il est clair que « droite » et « gauche » représentent la bourgeoisie. Entretenir les illusions de la droite/gauche c’est entretenir les illusions électoralistes et placer les travailleurs sous la direction d’une équipe bourgeoise.

    Par cette classification, on fait disparaître la ligne de démarcation entre le mouvement révolutionnaire et ses ennemis, on présente comme des contradictions au sein du peuple des contradictions entre la révolution et la contre-révolution.

     

     

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