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Le Minotaure bouffi (Partie 4)
Prisonnier de mots doucereux,
Partout le président pompeux,
Évoque la transparence vive,
Alors que ses sbires accommodent
La confusion. Cela procrée
Le désordre, l’insécurité,
Car sans tête raisonnable,
Avec un chef bestial notable,
L’organisation à vau l’eau.
Dresser président face à ego,
Pointer la réalité belle,
Et la dignité du réel,
Malgré l’effroi environnant,
Domptent Minotaure claironnant.
Le Minotaure bouffi (Partie 4)
SCENE 2
MINOTAURE, DUHAUT, DUMILIEU, DUBAS, THESEE
DUMILIEU :
(S’adressant à Thésée)
Les chefs, à mon image taillés,
Comme attributs d’autorité,
Disposent des acquits en nature,
Argent, logement, voiture,
Secrétaire et tutti quanti,
Pour eux tout emporté gratis,
Car plus et mieux ils « travaillent »
Que la base des agents racailles.
Un vrai chef occupe sa fonction
Eu égard à sa position,
Avant l’arrivée des collègues,
Car jamais il ne délègue,
Et délaisse sa fonction après
Le départ des subordonnés.
(Dumilieu donne un sceptre à Thésée.)
DUBAS :
(S’adressant à Thésée)
La personnalité, la mettre
Entre parenthèses, apparaître
Comme le reflet et la doublure
Du président caricature,
Tout en demeurant bien en cour,
Voilà l’objectif sans détour.
(Dubas attache une cape rouge autour des épaules de Thésée.)
DUHAUT :
(S’adressant à Thésée)
En échange des avantages
Octroyés de façon large,
Le temps de toi ne dépend plus,
Mais vie, œuvres, penchant, surplus,
Livrés au service exclusif
Du grand président abusif.
(Duhaut pose une couronne sur la tête de Thésée. Le Minotaure et les trois prêtres impies sortent. Entrée d’Ariane.)
SCENE 3
THESEE, ARIANE, LE CHŒUR
(Ariane est à genoux)
THESEE :
Mais que signifie le « travail » ?
Qu’exprime : « Les chefs travaillent
Plus et mieux que leurs esclaves
Dans un monde glauque d’épaves ? ».
Pourquoi, Ariane, est à genoux ?
Sois digne et lève-toi ! Debout !
ARIANE :
(Terrorisée)
Le « travail », c’est l’office rendu
En l’honneur du taureau cornu
Au Minotaure. Sang, temps, vie,
Par lui, te voici ennobli,
Et toi-même, dorénavant,
Effaçant ton être d’avant,
Genou en terre, tu erreras,
Selon sa loi nul dépassera
La hauteur du fauve adoré.
De grâce, Thésée, par pitié,
Sois plus près du sol désormais,
Renie foi et fidélités.
LE CHŒUR :
Prisonnier de mots doucereux,
Partout le président pompeux,
Évoque la transparence vive,
Alors que ses sbires accommodent
La confusion. Cela procrée
Le désordre, l’insécurité,
Car sans tête raisonnable,
Avec un chef bestial notable,
L’organisation à vau l’eau.
Dresser président face à ego,
Pointer la réalité belle,
Et la dignité du réel,
Malgré l’effroi environnant,
Domptent Minotaure claironnant.
SCENE 4
MINOTAURE, DUHAUT, DUMILIEU, DUBAS, THESEE, ARIANE
DUHAUT :
(Avec rage)
Au nom baal, à genoux, Thésée !
THESEE :
Au nom de l’humaine dignité,
De la démarche initiatique,
Plutôt la mort qu’acte inique !
Seule la maîtrise par l’humain
De l’aspect animal, l’instinct,
Par la conquête du bas ventre
Qui, tous les désirs, concentre,
Sentiments abominables,
Exhalent vie plus désirable
Car si tête et cœur s’agrègent,
Ils emmènent l’équipage.
Alors Minotaure s’engage
À rompre par un fort gage :
Répudier l’antre funeste,
S’extraire de la brune peste,
S’engouffrer en pleine lumière.
Ainsi, au peuple se réunir,
Des agents, par sobriété,
L’amour, l’humilité,
L’ascèse, la patience, servant,
Sans accaparer constamment,
Devant Minotaure s’évanouit
La force ténébreuse nourrie
De crainte et des basses poussées.
(Thésée fait se lever Ariane. Celle-ci l’entraîne dans une danse, avec des allers et des retours, aboutissant au centre du cercle du labyrinthe. Ils vont à gauche, puis à droite, tout en se rapprochant du centre. )
DUHAUT, DUMILIEU, DUBAS :
(Criant de toutes leurs forces)
A genoux devant destinée !
(Ils obligent Ariane et Thésée à s’agenouiller. Puis ils arrachent les attributs de Thésée : la cape, le sceptre et la couronne.)
Ton refus buté de signer,
L’échine servilement courbée,
De te soumettre au rite fort
Anodin du Minotaure,
Ton choix de la vérité crue,
De la lumière, de la vie nue,
De l’amour, de la dignité
Conduisent à te décréter
Ton ultime terme professionnel
Par mise au placard perpétuelle !
(Tous trois se saisissent de lui et l’asseyent de force sur une chaise, dans un coin sombre de l’antre.)
DUHAUT :
Au nom du Minotaure, Thésée,
Dans notre collectivité,
J’efface ton existence,
Et par ton inconséquence,
Te voilà seul responsable
Mort sociale imprévisible.
Serein, je m’en lave les mains
Car tu as choisi ton destin.
LE CHŒUR :
Au placard, attentatoire
À la dignité élémentaire,
Contraire à réglementation,
Manquement à l’obligation
De loyauté, de probité,
De par l’employeur effronté,
Vis-à-vis de ses salariés,
Volonté de punir Thésée.
Sanction déguisée frappant
Thésée psychologiquement,
Pour déclencher sa mort sociale,
Volonté de nuire immorale,
Fabriquant des agissements
Avilissants, répulsifs, poussant
A bout, provoquer le motif
Pour un comportement fautif.
Le placard déstructure à terme
L’image de soi de l’homme.
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