• La dictature du prolétariat (4)

    Avec la société organisée, les besoins s’accroissent, se compliquent, se diversifient. Un seul individu ne peut plus tout réaliser à lui seul (chercher sa nourriture, construire son logement, fabriquer ses outils, ses vêtements, etc.).Il y a nécessairement spécialisation : c’est l’interdépendance, car il faut compter sur les autres pour survivre. Il se crée des corps de métiers diversifiés. Une division particulière du travail s’établit entre dirigeants et dirigés. Ainsi naît la société de classes.

    Sur la demande des membres parisiens de la Ligue, Engels en composa un troisième, intitulé « Principes du communisme ». Tout en conservant les anciennes formes, il ébauchait les thèses d’un parti prolétarien. Mais selon lui, ce n’était là qu’un brouillon. Il était convaincu que, le programme nécessitant une argumentation historique, ne pouvait tenir dans un questionnaire. Il écrit à Marx, quelques jours avant de venir à Londres : « Réfléchis donc un peu à la profession de foi. Je crois qu’il est préférable d’abandonner la forme du catéchisme et d’intituler cette brochure : Manifeste communiste. Comme il nous y faut parler plus ou moins d’histoire la forme actuelle ne convient pas. » (7).

    Marx se rangeait à l’avis d’Engels et considéra les Principes du communisme comme un avant-projet. Le congrès chargea Marx et Engels de la rédaction du programme sous la forme d’un manifeste. Marx regagna Bruxelles sans doute le 13 décembre 1847 et se mit au travail, ainsi que durant le premier mois de 1848. Si quant aux idées, le Manifeste du parti communiste est l’œuvre de deux auteurs, Marx et Engels, et s’il s’inspire en partie des Principes du communisme, l’expression littéraire appartient à Marx.

    Achevé fin janvier 1848, le manuscrit fut envoyé à Londres. La première édition parut pendant la révolution française de février. A la mi-mars 1848, 1000 exemplaires furent expédiés à Paris pour diffusion en France et en Allemagne.

    Quelle était, en Europe, la situation des différentes forces sociales lorsque fut publié le Manifeste du parti communiste ? Les différentes classes exploitantes luttaient entre elles ; les différentes fractions bourgeoises luttaient également entre elles. Le mouvement ouvrier aspirait à l’indépendance, à se constituer en force politique autonome.

    Quel a été l’avenir du livre ? Quand le mouvement ouvrier était en recul, le livre était peu lu, quand le mouvement ouvrier connaissait un certain essor, le livre était très répandu. En regard de cela, on peut distinguer deux périodes de lecture de Manifeste du parti communiste.

     

    DE 1847 A 1852

     

    Le « Manifeste du parti communiste » est publié d’abord en allemand, puis en français, ensuite en anglais, en danois et en polonais. En 1850, des traductions du Manifeste paraissent en Suisse et en Amérique. Cette première période de lecture du Manifeste est marquée par l’échec du mouvement communiste après 1848, en particulier, par l’écrasement des communistes à Cologne en 1853 (8).

     

    DE 1864 A 1874

     

    Le « Manifeste » est traduit en russe par Bakounine (9) en 1863, à nouveau en russe par Véra Zassoulitch (10) en 1882. Il paraît des traductions en danois, espagnol, douze éditions en allemand, etc. Cette période voit une nouvelle offensive des ouvriers, un essor des luttes, qui aboutira à la naissance et au développement de l’Association internationale des travailleurs, première internationale (11). 

    Le mouvement ouvrier a encore insuffisamment de maturité. Ne pouvant faire l’union sur la base des principes exposés dans le Manifeste, la classe ouvrière européenne et américaine a besoin d’un programme plus « large ». Ce programme sera rédigé par Marx en vue d’unir tous les ouvriers insuffisamment éduqués.

    Mais Marx avait confiance dans les masses : elles parviendront à élever leur niveau, ceci grâce au lien entre la théorie et la pratique, et à s’éduquer au cours de la lutte, au cours du mouvement lui-même. D’ailleurs les défaites jouent un rôle positif, parfois plus que les succès, car elles démontrent que l’individualisme et la division ne mènent à rien. Seules l’unité et la lutte permettront d’émanciper la classe ouvrière.

    Parallèlement aux événements sociaux et politiques, les idées contenues dans le Manifeste font des progrès et sont de mieux en mieux connues par les ouvriers avancés. La vie condamne les autres tendances du mouvement ouvrier (proudhonisme (12) en France, Lassalle (13) en Allemagne, Trade-union (14) en Angleterre). Ces progrès sont ponctués par les différentes éditions du livre. Aussi, Engels peut affirmer dans la « Préface de l’édition anglaise de 1888 » : « Ainsi l’histoire du Manifeste est- elle l’exact reflet de l’histoire du mouvement ouvrier moderne : il est actuellement sans conteste l’œuvre la plus répandue et la plus internationale de toute la littérature socialiste, un programme de milliers d’ouvriers de tous les pays de la Sibérie à la Californie. »(15).

     

    QUESTION DE TERMINOLOGIE

     

    Pourquoi intituler le Manifeste : Manifeste du parti communiste et non « socialiste » ?

    Rappelons quelques éléments de la conception marxiste définitive, achevée, de l’histoire de l’humanité. Selon Marx, dans les pays avancés du XIX° siècle, se sont succédés quatre modes de production (16) des biens matériels, c’est-à-dire quatre modes d’obtention des moyens d’existence (nourriture, vêtements, logements, instruments de production, etc.). Ce sont :

    1.                  La commune primitive ;

    2.                  Le mode de production esclavagiste ;

    3.                  Le mode de production féodal ;

    4.                  Le mode de production capitaliste.

    Le prochain mode de production, c’est le communisme, qui comprend deux étapes :

    1.                  Le socialisme (17) qui est une étape de transition entre le capitalisme et le communisme supérieur, et où existent un Etat socialiste, et la dictature du prolétariat. Dans une première approximation, on, peut définir le socialisme comme étant l’ « appropriation collective des moyens de production », les moyens de production (18) comprenant les objets employés dans la production, dont ils sont la condition matérielle (les objets de travail et les instruments de production).

    2.                  Le communisme proprement dit : c’est l’étape supérieure qui voit la disparition des classes sociales et de l’Etat.

     

    A l’époque à laquelle est rédigé le Manifeste, que désigne le mot de « socialisme » dans l’esprit du lecteur en général ?

    Ce mot désigne les tenants des systèmes utopiques, disciples d’Owen (19) en Angleterre, de Fourier (20) en France. Si ces systèmes présentaient quelques intérêts quand ils furent conçus, si les créateurs de ces systèmes furent de grands génies, maintenant que le mouvement ouvrier a atteint une plus grande maturité, les disciples de ceux-ci ne forment plus que des sectes, à l’esprit étroit.

    Le mot de « socialisme » évoquait aussi les charlatans du socialisme, les faussaires, des individus qui, en fin de compte, ne voulaient pas s’attaquer au capitalisme et qui servaient les intérêts de la bourgeoisie dans les rangs du prolétariat. Ce sont des valets des gouvernants qui sont étrangers à la classe ouvrière.

    A l’époque à laquelle est rédigé le Manifeste, que désigne le mot de « communisme » dans l’esprit du lecteur en général ?

    Ce mot désigne un groupe d’ouvriers désirant une transformation radicale de la société, mais cette conception était « vulgaire », c’est-à-dire encore très instinctive. Les représentants les plus typiques de cette tendance sont Cabet (21) en France et Weitling (22) en Allemagne.

    Quelle était la nature de classe de ceux qui s’intitulaient « socialistes » ? Ils représentaient les classes moyennes. C’était des doctrinaires et des phraseurs de salon.

    La nature de classe des « communistes », malgré les limites et les défauts, était prolétarienne. Ils représentaient les intérêts des ouvriers. C’est pourquoi le Manifeste s’intitulera Manifeste du parti communiste, car : « L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » (23).

     

    1-                 RESUME DE LA THESE GENERALE DU MANIFESTE : LE MATERIALISME HISTORIQUE.

     

    Selon l’aveu même de Engels, le Manifeste, quoique œuvre commune et collective, appartient pour l’essentiel à la main de Marx : celui-ci était en possession des idées qui y sont contenues dès 1845. En quoi consistent ces idées ?

     

    SUPERSTRUCTURE ET INFRASTRUCTURE 

     

    Dans toute société de classes, on peut distinguer deux aspects :

    ·                    D’une part, la production des biens, et leur répartition, leur distribution. C’est l’infrastructure.

    ·                    D’autre part, un ensemble d’institutions, des appareils d’Etat (justice, armée, éducation, etc.) et des appareils idéologiques (religions, partis, etc.). C’est la superstructure.

    Qu’est-ce qui est premier et fondamental ? C’est le mode de production et d’échange, et c’est lui qui détermine la superstructure : la structure sociale dérive de l’infrastructure, elle en est un effet et une conséquence. Autrement dit : avant que de penser, l’homme mange et produit, travaille.

     

    CONCEPTION DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITE

     

    De cette idée fondamentale, matérialiste, (base matérielle d’abord, structure sociale, « société civile » ensuite) découle la conception historique de Marx et Engels, selon laquelle on peut distinguer trois étapes :

    ·                    Avant l’histoire (avant l’ « histoire écrite »).

    L’homme sort de l’état animal. C’est l’organisation sociale primitive, caractérisée par la propriété commune de la terre. Il n’y a pas de classes sociales et donc pas encore d’Etat.

    ·                    L’histoire.  

    Apparaissent les classes sociales et donc les luttes de classes, les rapports exploitants/exploités, avec des classes dominantes et des classes dominées.

    Marx distingue différents modes de production (16) : jusqu’à son époque l’humanité a parcouru trois étapes dans les pays de l’Europe, l’esclavagisme, le féodalisme et le capitalisme.

    ·                    Après l’histoire.

    C’est le but à atteindre, le communisme supérieur, où n’existeront plus ni classes sociales, ni Etat. C’est en somme la fin de l’histoire, la fin de l’histoire « animale » au cours de laquelle l’homme lutte non seulement contre la nature, mais aussi contre l’homme, et exploite son semblable.

    Il y a donc – à travers différentes étapes – un progrès dans l’histoire.

     

    L’époque actuelle (l’époque de Marx) est celle qui se caractérise par l’opposition entre la bourgeoisie et le prolétariat : la classe la plus opprimée, le prolétariat, en se libérant de la bourgeoisie, libère l’ensemble de l’humanité, et permet d’accéder à l’étape supérieure de l’humanité.

     

    IMPORTANCE DE LA THESE

     

    Cette thèse (l’infrastructure fonde la superstructure) est la base de la science de l’histoire. Elle rend une conception scientifique de l’histoire possible. On peut établir un parallèle entre Marx et Darwin (24) : de même que Marx a révolutionné la science historique, Darwin a introduit, dans les sciences naturelles, les idées du transformisme (25).

     

    2-                 CE QUI A CHANGE DEPUIS 1847

     

    Depuis la rédaction et la publication du « Manifeste », l’histoire n’a pas cessé de progresser. Le Manifeste conserve-t-il encore son actualité en 1888 (et aujourd’hui, pourrait-on également se demander) ? A-t-il vieilli, et n’est-il plus qu’une pièce de musée ? Est-ce encore un livre vivant qui correspond à la vie actuelle ?

    Les principaux progrès de 1847 (rédaction du Manifeste) à 1888 (rédaction de la « Préface » d’Engels) sont : les progrès de la grande industrie, les progrès dans l’organisation de la classe ouvrière et les nouvelles expériences pratiques du mouvement ouvrier (révolution de février 1848 et Commune de Paris (26) en particulier).

     

    Que peut-on en déduire ?

     

    A)               Les principes généraux exposés dans le Manifeste demeurent exacts, lorsqu’ils sont confirmés et vérifiés par la vie. Il en est ainsi, en particulier, de la thèse générale (primauté de l’infrastructure sur la superstructure), de la méthode (le matérialisme dialectique), de la nécessité de la révolution prolétarienne, et des tâches du prolétariat.

    B)                L’application de ces principes généraux varie suivant les circonstances historiques données, selon la conjoncture.

    C)                Beaucoup de passages du Manifeste ont vieilli, ne sont plus d’actualité, et datent un peu (en particulier il en est ainsi de la plus grande partie du chapitre III, « Littérature socialiste et communiste », qui analyse les différentes tendances qui se réclament du socialisme : cette analyse, naturellement, s’arrête à l’année 1847, et elle est vraie pour la période concernée).

    D)               Un point théorique – capital – a varié, étant donné l’expérience historique accumulée par le prolétariat international – et surtout par le prolétariat français – c’est la conception de l’Etat. Engels écrit : « La Commune a démontré que la classe ouvrière ne peut se contenter de prendre la machine de l’Etat et de la faire fonctionner pour son propre compte.» (27).

    On peut donc distinguer deux conceptions de la machine de l’Etat :

    ·                    La première conception de l’Etat est celle qui est partagée par Marx et Engels jusqu’à l’expérience de la Commune de Paris, et c’est donc celle qui est implicitement contenue dans le Manifeste. Selon cette conception, l’Etat est un instrument neutre, au-dessus des classes. Conséquence : il faut l’arracher des mains de la bourgeoisie, actuelle classe dominante, et s’en servir pour réaliser les intérêts de la classe ouvrière. Selon ce point de vue, l’Etat, représentant les intérêts de la classe entière, est accaparé par une classe particulière pour servir ses intérêts propres.

    Mais, en tenant compte des enseignements de la réalité, Marx et Engels n’ont jamais hésité à réviser des points de doctrine.

    ·                    Aussi la seconde conception de l’Etat, tirée de l’expérience de la Commune de Paris, et exposée dans le livre de Marx, la Guerre civile en France (28), affirme que l’Etat est un instrument de classe : il porte la marque de la classe dominante. Il faut non pas s’emparer de l’ancien appareil d’Etat, mais le détruire, le briser, pour le remplacer par un nouvel Etat, pour édifier un Etat propre à la nouvelle classe dominante.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    CHAPITRE II

     

     

     

    INTRODUCTION DU MANIFESTE ET PLAN DE L’OUVRAGE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    INTRODUCTION

    Le communisme (idéal des ouvriers) constitue déjà une force, dont on ne peut pas ne pas tenir compte. Il constitue un spectre et fait peur aux classes dirigeantes de tous les pays qui se liguent contre lui, car il constitue l’ennemi abhorré commun de tous les privilégiés. Souvent, ce mot joue un rôle de repoussoir, d’injure, d’épouvantail entre ennemis politiques. Ceci démontre que la classe ouvrière, à l’étape de sa formation en tant que classe, constitue déjà une puissance.

    Mais il devient nécessaire d’exposer clairement quel est le programme des communistes, pour l’opposer aux mensonges, aux calomnies et aux préjugés dont est victime le communisme.

    Une question qui, aujourd’hui, est plus que jamais actuelle, se pose : qu’est-ce que Marx entend par parti ? Est-ce l’ensemble de la classe ouvrière ? Est-ce l’ensemble potentiel des chefs du prolétariat ? Est-ce l’avant-garde ? Et puis aussi, qu’est-ce qui dans cette conception marxiste du parti demeure valable et qu’est-ce qui est dépassé et appartient à l’histoire ?

     

    PLAN

    Le Manifeste du parti communiste est composé de trois chapitres.

    Dans le Chapitre I, « Bourgeois et prolétaires », après avoir dessiné rapidement le tableau de l’histoire jusqu’à leur époque, Marx et Engels font une description sociologique des deux classes essentielles qui caractérisent le système social moderne, le capitalisme. Quelle est la genèse de ces classes, leur développement et leur avenir ?

    Dans le Chapitre II, « Prolétaires et communistes », Marx et Engels définissent le rapport entre la classe ouvrière et le parti communiste, ainsi que le but ultime, final, du mouvement ouvrier : le communisme.

    Enfin dans le Chapitre III, « Littérature socialiste et communiste », Marx et Engels exposent une vue générale de toutes les tendances dites « socialistes », développées à leur époque, et plus particulièrement, quel est le rapport que les communistes entretiennent avec ces autres courants se réclamant du socialisme.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    CHAPITRE III

     

     

     

    « BOURGEOIS ET PROLETAIRES »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Voici quelques définitions :

     

    ·                     Qu’est-ce qu’une classe sociale ?

    C’est un ensemble d’individus ayant la même position sociale (dans la production), donc des intérêts communs et une idéologie commune.

    Les deux pôles, les deux classes principales de la société moderne, capitaliste, sont la bourgeoisie et le prolétariat.

    La classe sociale est une réalité vécue, ressentie, consciemment ou inconsciemment, par tous les membres des sociétés de classe. Le concept de classe sociale n’a pas été élaboré par Marx, mais antérieurement par des historiens bourgeois comme Augustin Thierry (29).

     

    ·                     Qu’est-ce qu la bourgeoisie ?

    C’est la classe sociale qui possède les moyens de production et exploite la force de travail (30) des ouvriers. C’est la classe dominante, et en système capitaliste, l’Etat lui appartient ; l’Etat est un instrument permettant à la bourgeoisie d’exploiter et d’opprimer les autres classes de la société.

     

    ·                     Qu’est-ce que le prolétariat ?

    C’est une classe sociale qui ne possède aucun moyen de production, car elle en a été dépossédée, et elle est obligée de vendre sa force de travail à la bourgeoisie pour vivre.

     

    Bourgeoisie et prolétariat sont donc deux classes complémentaires, nées en même temps, qui se développent en même temps et disparaîtront en même temps. C’est une unité dialectique de deux contraires.

     

    1-                 L’HISTOIRE DE L’HUMANITE

     

    L’affirmation par laquelle s’ouvre le Chapitre I du Manifeste est essentielle : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes. »

    Dans les premiers paragraphes du livre, cette histoire est tracée à grands traits. Elle concerne surtout – ainsi que le précise une note d’Engels datée de 1888 – l’histoire écrite, et non la préhistoire.

    A l’origine existait la société primitive communiste, ou communauté primitive. Quels sont les caractères de cette époque ? Le caractère essentiel, c’est la propriété commune du sol. Les hommes vivent en petits groupes, ou tribus, de la cueillette, de la chasse et de la pêche. Il n’y avait alors pas de divisions en classes sociales, et donc pas d’Etat.

    De là va naître la division de la société en classes distinctes et opposées. Les premières et principales divisions sont les suivantes :

    ·                    La division des sexes (hommes/femmes). Il y a différentes étapes. D’abord les femmes s’occupent de l’agriculture, les hommes de la chasse. L’élément féminin joue alors un rôle prédominant : c’est le matriarcat. Puis les femmes s’occupent du foyer et il en découle une dépendance économique et une domination de l’homme sur la femme : c’est le patriarcat.

    ·                    La division entre l’agriculture et l’artisanat (plus tard entre l’agriculture et l’industrie). A cette nouvelle division du travail et spécialisation vient se superposer la division entre ville et campagne : la ville, où se trouvent les industries, finit par dominer et par exploiter la campagne.

    ·                    La division entre intellectuels et travailleurs manuels : les intellectuels forment une élite, possèdent le savoir, la culture, et en excluent les classes laborieuses. Aussi les intellectuels détiennent une partie du pouvoir.

     

    Quelle est l’origine de ces divisions ? C’est la spécialisation, la division du travail. Quand l’homme entre en société intervient une division du travail qui s’accentue sans cesse. A l’origine, chaque individu, grosso modo, devait satisfaire ses propres besoins. Mais ces besoins étaient simples, peu nombreux, et faciles à satisfaire (manger, boire, dormir, se reproduire). Il suffisait de savoir puiser dans le réservoir qu’est la nature pour survivre.

    Avec la société organisée, les besoins s’accroissent, se compliquent, se diversifient. Un seul individu ne peut plus tout réaliser à lui seul (chercher sa nourriture, construire son logement, fabriquer ses outils, ses vêtements, etc.).Il y a nécessairement spécialisation : c’est l’interdépendance, car il faut compter sur les autres pour survivre. Il se crée des corps de métiers diversifiés. Une division particulière du travail s’établit entre dirigeants et dirigés. Ainsi naît la société de classes.

     

    Pour tracer ce tableau de l’histoire humaine, Marx et Engels s’inspirent des principes de la dialectique (31) et du matérialisme (32). Les principes de la dialectique ont été développés par le philosophe allemand Hegel (33). Quels en sont les principes essentiels ? Quels sont les résultats de leur application à l’histoire ?

     

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