• La Commune de Paris de 1871 et la Franc Maçonnerie (Partie 19)

    Au début du mois d’avril, l’armée du gouvernement de Versailles compte environ 55000 hommes ; du côté de la Commune, on estime les combattants à un maximum de 50000 hommes. Pour mener le « second siège de Paris », celui de la guerre civile, Thiers veut renforcer son armée. Il renforce les effectifs en puisant dans les « armées provinciales », et pour un quart de l’effectif, sur la libération des soldats détenus par les Allemands. Les effectifs passèrent donc à 120000 hommes en fin mai. Du côté de la Commune, le nombre des combattants alla en diminuant, pour tomber à 40000 hommes ou moins en mai.

     

    Il y aura plus de 500 barricades.

     

    Le bilan est estimé à la mort de 35000 communeux, dont 20000 au cours de la Semaine sanglante. Louise Michel estime les morts plutôt à plus de cent mille personnes.

    A cela s’ajoute, selon Thiers, le temps de l’ « expiation légale », celle qui consistait à juger les individus qui avaient été arrêtés et faits prisonniers, plus de 46000 au total.

    La Commune de Paris de 1871 et la Franc Maçonnerie (Partie 19)

    1. LA REPRESSION :

     

    Les fédérés n’ayant pas obtenu la qualité de belligérants réguliers, les chefs de l’armée versaillaise s’estimaient dans leur droit en procédant à des exécutions sommaires.

     

    Les incendies dans Paris ont sans doute trois causes :

    • Les bombes à pétrole et les obus incendiaires de Thiers et des Versaillais ;

    • Les incendies causés par les bonapartistes pour faire disparaître des traces et des archives compromettantes (Cour des Comptes, Conseil d’Etat, ministère des Finances,…) ;

    • Les Fédérés pour protéger leur défense et leur fuite.

     

    Le comportement des Versaillais :

    La grande préoccupation du gouvernement fut l’émeute. Ce n’était pas du siège par les prussiens qu’il voulait sauver Paris, mais avant tout des révolutionnaires.

    Le 29 janvier 1871, 400000 hommes, armés de fusils, de canons, capitulaient devant 200000.

    Le cri des réactionnaires était : « C’est la République qui veut la guerre ! Paris est aux mains des partageux ! ».

     

    Le rouge dans le vêtement sera considéré, par les Conseils de guerre, comme une preuve d’allégeance à la Commune.

     

    Au début du mois d’avril, l’armée du gouvernement de Versailles compte environ 55000 hommes ; du côté de la Commune, on estime les combattants à un maximum de 50000 hommes. Pour mener le « second siège de Paris », celui de la guerre civile, Thiers veut renforcer son armée. Il renforce les effectifs en puisant dans les « armées provinciales », et pour un quart de l’effectif, sur la libération des soldats détenus par les Allemands. Les effectifs passèrent donc à 120000 hommes en fin mai. Du côté de la Commune, le nombre des combattants alla en diminuant, pour tomber à 40000 hommes ou moins en mai.

     

    Il y aura plus de 500 barricades.

     

    Le bilan est estimé à la mort de 35000 communeux, dont 20000 au cours de la Semaine sanglante. Louise Michel estime les morts plutôt à plus de cent mille personnes.

    A cela s’ajoute, selon Thiers, le temps de l’ « expiation légale », celle qui consistait à juger les individus qui avaient été arrêtés et faits prisonniers, plus de 46000 au total.

    En mars 1875, le général Appert écrivait dans un rapport sur les opérations de la justice militaire relatives à l’insurrection de 1871 concernant les décisions liées à la région parisienne : « 46835 individus avaient été jugés par les conseils. » Il y avait eu 23727 ordonnances de non-lieu, 10137 condamnations prononcées contradictoirement, 3313 condamnations prononcées par contumace, 2445 acquittements, 7213 refus d’informer. Su les 10000 condamnations prononcées contradictoirement, il y eut 95 condamnations à la peine de mort et, in fine, 25 exécutions ; 251 individus furent condamnés aux travaux forcés, 1169 à la déportation dans une enceinte fortifiée et 3417 à la déportation simple. Parmi les autres condamnations diverses, figurait par exemple, la condamnation de moins ou de plus d’un an. 55 enfants de moins de 16 ans furent condamnés à être envoyés en maison de correction.

    Aux morts, massacrés essentiellement, et aux condamnés, s’ajoutent ceux qui se sont enfuis, gagnant pour une longue proscription, les pays de la Belgique, de la Suisse, de l’Angleterre,…

     

    L’hystérie anti-parisienne des « ruraux » explique les massacres de la Semaine sanglante, les camps de détention qui sont déjà des camps d’extermination, les conseils de guerre.

     

    Dès son installation à Versailles, Thiers se préoccupa d’isoler Paris, moins d’abord pour l’affamer, que pour éviter de voir se répandre en province la contagion révolutionnaire. Il fit donc contrôler la poste, saisir les journaux, couper le télégraphe.

     

    A l’occasion de travaux municipaux, le journal le Matin du 29 janvier 1897 écrit : « Les terrassiers actuellement occupés aux travaux du réservoir que la Ville de Paris fait construire sur une partie de l’emplacement de l’ancien cimetière de Charonne, en haut de la rue de Bagnolet, ont mis à jour depuis le commencement de la semaine, près de 800 squelettes encore enveloppés de vêtements militaires…Il résulte de l’examen des boutons d’uniforme que ces restes sont ceux de Fédérés inhumés en cet endroit en mai 1871… » (Cité par Emile Tersen dans l’ouvrage collectif La Commune de 1871, Editions sociales, Paris, 1860).

     

    La répression versaillaise fut suivie après la Semaine sanglante, par une vague de dénonciations : il y eut, selon les chiffres officiels, 399823 dénonciations. Une sur vingt était signée.

     

    La caserne Lobau, proche de l’Hôtel de Ville, fut un des hauts lieux de la répression versaillaise. Pierre Dominique, collaborateur de Charles Maurras, a écrit : « A l’intérieur, c’est un abattoir. Les feux de peloton se succèdent, suivis des coups isolés qui achèvent. Les soldats sont pressés. Parfois, on tue par derrière avant que les condamnés aient atteint le mur et on pousse les morts sur le tas. S’ils sont plus de dix, on emploie la mitrailleuse… ».

     

    « Toutes les fois que le nombre de condamnés dépassera dix hommes, on remplacera par une mitrailleuse le peloton d’exécution. » (Paris-Journal, 9 juin). « Vingt-six mitrailleuses judiciaires fonctionnèrent. » (Lissagaray, Histoire de la Commune). « Les mitrailleuses moulent dans les casernes… c’est une boucherie humaine ; ceux qui, mal tués, restent debout ou courent contre les murs, sont abattus à loisir. » (Louise Michel, La Commune. Histoire et Souvenirs.)

     

    Depuis le 18 mars 1871, les entrepreneurs demeurés à Paris avaient baissé les salaires. Peut-être pour tenter de créer ainsi un courant d’hostilité à l’égard du gouvernement communard, en aggravant la situation économique.

     

    1. La franc-maçonnerie au XIX° siècle et après la Commune.

     

    Quel rôle ont joué les loges maçonniques dans l’établissement de la République ?

    La franc-maçonnerie se glorifie de sa contribution à l’établissement de la République. Pour elle, il est hors de doute que tous les francs-maçons ont milité pour la cause républicaine. Les milieux antimaçonniques corroborent cette thèse. Deux exemples : Monseigneur de Ségur publia en 1867 Les Francs-Maçons, ouvrage qui connut tub fort succès de librairie, et Monseigneur Fava publia en 1883 Le Secret de la franc-maçonnerie.

    Sous l’Empire, les républicains ont investi les loges alors qu’un bon nombre de celles-ci avait soutenu le pouvoir napoléonien.

    Gambetta n’est pas, contrairement à ma légende, un grand franc-maçon. Il se fait initier à la loge « La Réforme » à Marseille pour des raisons électorales. C’est un maçon peu actif.

    Les amis de L éon Gambetta ne sont pas des maçons militants. Parmi les membres du groupe parlementaire de l’Union républicaine, 23 sur 113 sont francs-maçons du temps de l’Assemblée nationale ; en 1882, 31 sur 173 sont initiés.

    Si Gambetta compte de nombreux amis dans la franc-maçonnerie, il y compte également des adversaires politiques. Bien des membres de la Gauche républicaine et du centre gauche sont en effet membres de l’Ordre, de Méline et Noël Parfait à Le Royer et Arago. Jules Simon et Louis Andrieux sont les plus notables. Andrieux est longtemps, quoiqu’il en laisse penser, un maçon actif : en septembre 1877, il représente sa loge à l’assemblée générale du Grand Orient de France. Ses positions conduisent à la rupture ; il est exclu, en 1885, de la franc-maçonnerie. Il verse alors dans les milieux antimaçonniques.

     

     

     

     

     

    1. LE DRAGON ET LE PHENIX :

     

    Le dragon, symbole de l’Empereur, désigne l’homme, l’agent actif, la Terre, l’équerre, la colonne J.°., alors que le phénix, symbole de l’Impératrice, désigne la femme, le sujet passif, le Ciel, le compas, la colonne B.°..

     

    1) Le mariage du Dragon et du Phénix :

    D’où vient la Commune de Paris et où va-t-elle ?

    Il faut imaginer un dragon, sous le sol, qui parcourt l’Histoire depuis toujours. Parfois, lorsque les conditions sont favorables, ce dragon s’ébroue, et cela constitue des « tremblements de terre », c’est-à-dire des crises sociales et des révolutions. Telle une taupe, ce dragon creuse inlassablement le sol, faisant surface par intermittence. Ce dragon, c’est le peuple, les « bras nus » de 1792, les sans-grades et les prolétaires de 1848 et de 1870-1871, les chômeurs, les sans-abris, les mal-logés et les exploités d’aujourd’hui.

    Ce dragon a fait surface en 1792-1794, puis à nouveau en 1831, en 1848, en 1870-1871, en 1939-1945, en 1968,…

    Ainsi, ce dragon fait son apparition sur la scène de l’Histoire lorsque les conditions objectives s’y prêtent. La fonction des classes sociales possédantes est de contenir ce dragon, de le dompter : d’où les répressions sanglantes de 1792-1815, contre les sans-culottes, les hébertistes, Babeuf, les jacobins,…, puis les fusillades contre les barricades en 1848 , le massacre de Communards en 1871.

    Chaque fois que commence un mouvement révolutionnaire, souvent initié par la bourgeoisie, comme en 1848, les classes populaires veulent aller plus loin, et obtenir la démocratie directe, des droits sociaux et économiques, substituer à la République bourgeoise une République Sociale. Par réaction dans ces moments-là, face au mouvement d’approfondissement des masses populaires, les classes possédantes refont leur union, afin de contenir les non possédants : c(est le cas des Montagnards et des Girondins, ainsi que les aristocrates les moins conservateurs et les bonapartistes, en 1892-1815 ; c’est le cas également des divers monarchistes (légitimistes, orléanistes et bonapartistes) et des Républicains opportuniste (Thiers, Gambetta,…) en 1871, contre les Communards, les « rouges » et les « partageux ».

     

    Certains disent que le Dragon doit être muselé, maîtrisé : cela peut se faire par les partis politique et les syndicats>.

    « Maîtriser » le Dragon, dans le sens de récupérer sa force d’intervention pour l’utiliser à son avantage, c’est ce qu’ont tenté de faire les classes privilégiées : c’est ce qu’ont tenté les Girondins, et le Montagnards. C’est ce qu’a tenté Napoléon III. C’est ce qu’ont tenté les révisionnistes, lors de la Seconde guerre mondiale. Cela se fait à l’aide de la carotte et du bâton. Mais l’objectif est plutôt d’organiser l’autonomie du Dragon, afin qu’il exprime son propre idéal. C’est ce qu’ont parvenu à faire les Communards.

     

    Et quelle fonction joue le Phénix, c’est-à-dire la franc-maçonnerie, dans ces périodes tourmentées ?

    Les francs-maçons ont une image de personnes modérées, plutôt conciliateurs (plutôt progressive, à défaut d’être progressiste) et traditionnelles (plutôt tournées vers le passé, et donc conservatrices), qui sont « amis des riches et des pauvres ».

    Or l’étude de l’Histoire montre que les francs-maçons se scindent en deux camps : ainsi, en 1789, il y a des maçons du côté des émigrés et des royalistes, du côté des monarchistes favorable à une monarchie constitutionnelle, des républicains modérés et du côté des républicains les plus radicaux et « enragés ».

    Il en est de même en 1870-1871. On trouve des maçons du côté des généraux et militaires bonapartistes, massacreurs du peuple, qui se sont mis sans vergogne au service de l’Assemblée réactionnaire des Versaillais. Il y a également de nombreux maçons du côté des républicains modérés et bourgeois, défendeurs d’un certain ordre moral, à la fois anti monarchistes, anticléricaux, mais tout autant anti communards, tels Favre, Ferry, Gambetta. Ces derniers seront les créateurs des institutions de la III° République, sur la base de l’écrasement des idéaux de la Commune de Paris. Par exemple, sur les onze ministres du Gouvernement de la Défense nationale, gouvernement contre lequel s’élève la Commune de 1871, on ne compte pas moins de 8 ministres francs-maçons, et dix ministres francs-maçons, si l’on ajoute les deux Jules, Jules Ferry et Jules Favre, initiés ultérieurement. Enfin d’autres francs-maçons s’engagent résolument dans le mouvement de la Commune, tel Jules Vallès. Ainsi, le Conseil central de la Commune compte, dès son origine, une vingtaine de francs-maçons, soit environ le quart de l’effectif. Sans compter que certains communards deviendront francs-maçons, après le mouvement de la Commune, telle Louise Michel.

    Et qu’en est-il de la franc-maçonnerie, en tant qu’organisation : quelles ont été les réactions des structures, telles les obédiences et les loges, lors du mouvement de la Commune de Paris, par exemple ?

    Les loges parisiennes ont d’abord tenté un effort de conciliation, et face à l’obstination de Thiers (et de son gouvernement, comprenant notamment Jules Favre), d’en finir avec la Commune par un bain de sang, ces loges se sont placées du côté de la Commune, avec les Compagnons du Devoir. On peut donc dire qu’il y a une procédure, une démarche des membres des loges de Paris, menées par Thirifocq, d’adhésion aux idéaux de la Commune, puis d’engagement dans l’action violente aux côtés des Communards.

    Il en est de même de certaines loges de province, comme à Marseille (Crémieux) et à Rouen.

    Par contre, concernant les obédiences, celles-ci font allégeance à Thiers et s’oppose frontalement à la Commune. La Commune ne sera récupérée par ces obédiences, comme moment de mémoire, qu’à compter de l’amnistie accordée aux Communards à compter de 1880.

    Ceci repose en partie sur la nature du recrutement des loges. Ainsi, à compter de 1850, la franc-maçonnerie recrute un public de petits-bourgeois, ouvriers, artisans, boutiquiers, instituteurs, …etc., qui n’auraient jamais été recrutés dans les loges du début du XIX° siècle, ou en tout cas dans les mêmes loges où se côtoyaient les aristocrates et la haute bourgeoisie.

    Mais il est certain que les valeurs défendues par les Communards en 1871 (Liberté, égalité, fraternité, laïcité, enseignement obligatoire et gratuit pour tous, culture pour tous, travail pour tous, démocratie directe, émancipation des femmes, etc.) étaient bien les mêmes valeurs que ceux de la franc-maçonnerie. La guerre engagée par Thiers pour éradiquer la Commune n’a pas permis aux Communards de mettre en œuvre leur programme.

     

    A ce jour, les Communards étant décédés, il est possible d’apprécier, dans leur ensemble, la vie de chacun de ceux-ci, au regard de leur poids par rapport à l’Histoire. Quelle est l’évolution des francs-maçons après la période intense de la Commune, et en particulier des francs-maçons qui se sont fortement impliqués dans le cadre des idéaux communaux ?

    A la fin du XIX° siècle, il y a différents marqueurs politiques (boulangisme, affaire Dreyfus) et sociétaux (luttes pour l’enseignement obligatoire et gratuit, la laïcité et la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le droit des femmes,…) qui permettent de mesurer l’engagement de chacun. Dans ce cadre, certains francs-maçons restent fidèles aux idéaux communaux jusqu’au terme de leur vie (Louise Michel,…), et d’autres francs-maçons trahissent ces idéaux, par opportunisme, adhésion au boulangisme (qui est une forme primaire de fascisme), par nationalisme, et même par antisémitisme (les antidreyfusards), comme ce sera le cas de Malon ou Rochefort.

     

    Quelle doit être la relation entre le franc-maçon et la cité, entre le franc-maçon et le citoyen, à la fois en tant qu’individu et en tant que membre d’une organisation, que cela soit une Loge ou une Obédience ?

    La réponse se trouve dans la recommandation suivante : « Ils (les francs-maçons) répandront au-dehors (du Temple) les vérités acquises. ». Ou encore : « Médite dans le Temple, agis sur le forum, mais ne prends pas le Temple pour un forum ».

    En conséquence, si la cité ne doit pas entrer dans le Temple, mais rester sur le parvis (car elle fait partie des « métaux »), car la Loge doit rester sereine, a dogmatique et ouverte, par contre, à titre individuel et même collectif, le maçon doit s’engager dans la cité et prendre parti. Ainsi, au XVIII° siècle, les maçons progressifs ont pris parti pour les Lumières, les libertés (dont la liberté de conscience,…) l’éducation et toutes les valeurs mises en avant par la Révolution française. Au XIX° siècle, les maçons progressifs ont pris parti pour l’école obligatoire et gratuite, la laïcité, les libertés (dont la liberté d’association…), les droits sociaux, l’émancipation des femmes,…Au XX° siècle, les maçons progressifs ont pris parti pour la résistance au fascisme, l’antisémitisme, le racisme et pour l’égalité.

    Il serait également logique que la Loge en tant que Loge et l’Obédience en tant qu’Obédience prenne également parti pour les mêmes valeurs.

     

    Ainsi, s’il convient de proscrire les discussions politiques et religieuses en Loge, par contre on trouve au sein de la Loge une grande diversité :

    • Du point de vue politique, des frères et sœurs se réclamant de l’UMP, du PS, du PCF, ou apolitiques, ceci à l’exception de l’extrême –droite fasciste et raciste ;

    • Du point de vue religieux, des frères et des sœurs se réclamant du catholicisme, du judaïsme, de l’islam, de l’athéisme, de l’agnosticisme, ou areligieux, à l’exception des dogmatiques et des fanatiques.

    Cependant, lorsque le franc-maçon s’engage à appliquer à l’extérieur les vérités apprises dans le Temple, il est certain qu’agir, c’est faire des choix et donc éliminer.

    Par exemple, si une vérité apprise est de permettre à chacun de disposer d’un logement décent, pour tous, que faut-il faire : défendre à tout pris la propriété privée des propriétaires de logements, ou autoriser la réquisition des logements ?

    Si une autre vérité apprise en Loge est de permettre à chacun de vivre décemment de son travail, que faut-il faire : défendre à tout prix le statut quo et le libéralisme, ou bien prendre des mesures contraignantes pour créer des emplois pour tous ?

    De manière pratique, dans le réel, faut-il être Versaillais ou Communard ? Faut-il être Résistant ou du côté du gouvernement de Vichy ? La neutralité, la modération, la synthèse,… sont-elles possibles et souhaitables ?

    La vérité historique est-elle du côté de l’émigré aristocratique de 1789, du Chouan vendéen, ou bien du côté du révolutionnaire, et de quel révolutionnaire ? Danton ou Robespierre ? Robespierre ou Barras ?

    On peut choisir de ne pas choisir, ou de choisir la conciliation. C’est en quelques sortes « garder les mains pures, parce que l’on n’a pas de mains ». L’action oblige l’engagement.

     

    Cependant, un obstacle à cela est l’origine sociologique des maçons : au début du XVIII° siècle, la plupart des maçons étaient d’origine aristocratique, noble et de la haute bourgeoisie (noblesse de robe). Ces nobles faisaient preuve d’un certain élitisme, et les Loges composées de ces possédants avaient tendance à une certaine discrimination à l’égard des Loges comportant des membres d’origine plus plébéiennes, bourgeoises et petites-bourgeoises. Ceci explique en partie, la création des hauts-grades : ceux-ci, étaient un moyen pour les nobles, de tenir à l’écart les « nouveaux » maçons roturiers. D’ailleurs, à la fin du XIX° siècle, dans un souci d’égalité entre tous les frères, les maçons républicains se sont opposés à l’existence des hauts grades. Si au XIX° siècle, il y a une composition ^plus démocratique des Loges, les ouvriers, les paysans pauvres et en particulier les femmes prolétaires demeurent exclus. Un des objectifs de Bakounine était de créer une maçonnerie populaire, composée de révolutionnaire, qui soit capable de jouer dans les conditions nouvelles du XIX° siècle, le rôle qu’a joué la franc-maçonnerie dans le développement des idées révolutionnaire au XVIII° siècle. Ceci explique au XVIII° siècle et au début du XIX° siècle l’émergence d’une maçonnerie chrétienne et réactionnaire, représentée notamment par de Maistre. Par contre, à la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle, un point commun de la maçonnerie bourgeoise (républicains opportunistes), et de la maçonnerie plus plébéienne et petite-bourgeoise, est l’aspect anticlérical et laïc.

    Cependant, en 1870-1871, l’Obédience du Grand Orient de France a pris résolument parti contre les idéaux de la Commune de Paris et pour le gouvernement répressif de Thiers. De même, en 1940, une partie des maçons à la tête de cette Obédience (Grousset) a envisagé un moment de négocier et de s’accommoder du régime raciste de Vichy.

    Et demain ? Le maçon, à titre individuel et collectif (Loge, Obédience), se doit d’être progressif. Il doit donc prendre parti, à titre individuel, mais aussi en tant que regroupé dans une Loge et dans une Obédience, pour le mouvement révolutionnaire à venir, dans la mesure où celui-ci étendra les libertés et instaurera plus d’égalité économique et sociale.

    Cependant l’idée d’un « complot » maçonnique est une absurdité : la maçonnerie est un élément parmi d’autres, dans le cadre d’un mouvement social historique nécessaire. Le maçon est un citoyen, au milieu des autres citoyens, qui développe des principes propres, qui sont ceux de « Liberté, Egalité, Fraternité ».

    Bien évidemment certains maçons restent en arrière du mouvement et jouent un rôle rétrograde : aristocrates émigrés de la Révolution française, officiers bonapartistes massacreurs des communards, collaborateurs du régime de Vichy, etc.

    Il y a aussi une imperfection de la maçonnerie. Ainsi, certains communards sont devenus, par la suite, antisémites, boulangistes, nationaliste ou antidreyfusards à la fin du XIX° siècle. Ceci manifeste deux choses : d’une part, la maçonnerie est une organisation humaine, donc qui présente des imperfections, et d’autre part, il ne peut être reproché à la maçonnerie en général le mauvais maniement de l’outil maçonnique par certains individus, qui sont de mauvais maçons. Si l’outil maçonnique est bon, à défaut d’être parfait, peut-on reprocher à cet outil le fait qu’un artisan le manœuvre mal, ou de façon détournée ? (Malversations, détournements de toutes sortes de la véritable fraternité,…). Le reproche doit s’adresser au mauvais artisan, qui est soit inexpérimenté, soit malhabile, soit tout simplement un mauvais compagnon. L’outil ne peut être tenu responsable d’un travail irrespectueux des règles d’utilisation de cet outil.

     

     

     

     

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