• STOP AU HARCELEMENT MORAL ! (Partie 2)

    La personnalité, la mettre

    Entre parenthèses, apparaître

    Comme le reflet et la doublure

    Du président caricature,

    Tout en demeurant bien en cour,

    Voilà l’objectif sans détour.

     

    STOP AU HARCELEMENT MORAL ! (Partie 2)

     

    ACTE II LE PLACARD DORE

     

    (Hiver. La scène est tendue d’un rideau blanc)

     

    SCENE 1

    CLAMOUR, THESEE

     

    CLAMOUR :

    Ton embauche par le président

    Comme cadre du département

    Implique que tu sois à l’aise,

    Comme dans du coton balèze,

    Toujours disponible et comblé

    Afin d’accomplir ta corvée

    Au service de l’unique patron

    Qui te remerciera du don.

    Minotaure soigne les employés,

    Logés, allaités, habillés,

    Voitures, téléphones, primes,

    À toi tout ce que tu guignes :

    Hauts salaires, tout est négociable

    Pour que tu sois utilisable

    Pour son culte. Badin, affable,

    Duhaut, à l’accent sociable,

    Enjoins que jamais transparaissent

    Publiquement ces circonstances,

    Qu’elles demeurent à jamais cachées,

    Sous peine de ne  plus bosser

    Au service d’élus importants.

    Donc dévouement exigeant,

    Toujours aimable et poli,

    Le chef de service agit,

    Non par intérêts indolents,

    Mais pour le bien du président.

    Devant Minotaure, défendu

    Proférer paroles superflues,

    Et si malgré tout demande

    Est faite de ton avis docile

    Cela sera exécuté

    Servilement, tête baissée,

    Sans oublier de déclamer

    Toujours de façon enjouée

    Les louanges très saintement.

    Entendras religieusement,

    Frotteras la brosse à reluire

    Gravement à la conjoncture

    Quand daigne le président jeter

    Un complaisant regard altier.

     

    (Clamour fait entrer Thésée dans l’antre du Minotaure).

     

    SCENE 2

    MINOTAURE, DUHAUT, DUMILIEU, DUBAS, THESEE

     

    DUMILIEU :

    (S’adressant à Thésée)

    Les chefs, à mon image taillés,

    Comme attributs d’autorité,

    Disposent des acquits en nature,

    Argent, logement, voiture,

    Secrétaire et tutti quanti,

    Pour eux tout emporté gratis,

    Car plus et mieux ils « travaillent »

    Que la base des agents racailles.

    Un vrai chef occupe sa fonction

    Eu égard à sa position,

    Avant l’arrivée des collègues,

    Car jamais il ne délègue,

    Et délaisse sa fonction après

    Le départ des subordonnés.

     

    (Dumilieu  donne un sceptre à Thésée.)

     

    DUBAS :

    (S’adressant à Thésée)

    La personnalité, la mettre

    Entre parenthèses, apparaître

    Comme le reflet et la doublure

    Du président caricature,

    Tout en demeurant bien en cour,

    Voilà l’objectif sans détour.

     

    (Dubas  attache une cape rouge autour des épaules de Thésée.)

     

    DUHAUT :

    (S’adressant à Thésée)

    En échange des avantages

    Octroyés de façon large,

    Le temps de toi ne dépend plus,

    Mais vie, œuvres, penchant, surplus,

    Livrés au service exclusif

    Du grand président abusif.

     

    (Duhaut pose une couronne sur la tête de Thésée. Le Minotaure et les trois prêtres impies sortent. Entrée d’Ariane.)

     

    SCENE 3

    THESEE, ARIANE, LE CHŒUR

     

    (Ariane est à genoux)

    THESEE :

    Mais que signifie le « travail » ?

    Qu’exprime : « Les chefs travaillent

    Plus et mieux que leurs esclaves

    Dans un monde glauque d’épaves ? ».

    Pourquoi, Ariane, est à genoux ?

    Sois digne et lève-toi ! Debout !

     

    ARIANE :

    (Terrorisée)

    Le « travail », c’est l’office rendu

    En l’honneur du taureau cornu

    Au Minotaure. Sang, temps, vie,

    Par lui, te voici ennobli,

    Et toi-même, dorénavant,

    Effaçant ton être d’avant,

    Genou en terre, tu erreras,

    Selon sa loi nul dépassera

    La hauteur du fauve adoré.

    De grâce, Thésée, par pitié,

    Sois plus près du sol désormais,

    Renie foi et fidélités.

     

    LE CHŒUR :

    Prisonnier de mots doucereux,

    Partout le président pompeux,

    Évoque la transparence vive,

    Alors que ses sbires accommodent

    La confusion. Cela procrée

    Le désordre, l’insécurité,

    Car sans tête raisonnable,

    Avec un chef bestial notable,

    L’organisation à vau l’eau.

    Dresser président face à ego,

    Pointer la réalité belle,

    Et la dignité du réel,

    Malgré l’effroi environnant,

    Domptent Minotaure claironnant.

     

    SCENE 4

    MINOTAURE, DUHAUT, DUMILIEU, DUBAS, THESEE, ARIANE

     

    DUHAUT :

    (Avec rage)

    Au nom baal, à genoux, Thésée !

     

    THESEE :

    Au nom de l’humaine dignité,

    De la démarche initiatique,

    Plutôt la mort qu’acte inique !

    Seule la maîtrise par l’humain

    De l’aspect animal, l’instinct,

    Par la conquête du bas ventre

    Qui, tous les désirs, concentre,

    Sentiments abominables,

    Exhalent vie plus désirable

    Car si tête et cœur s’agrègent,

    Ils emmènent l’équipage.

    Alors Minotaure s’engage

    À rompre par un fort gage :

    Répudier l’antre funeste,

    S’extraire de la brune peste,

    S’engouffrer en pleine lumière.

    Ainsi, au peuple se réunir,

    Des agents, par sobriété,

    L’amour, l’humilité,

    L’ascèse, la patience, servant,

    Sans accaparer constamment,

    Devant Minotaure s’évanouit

    La force ténébreuse nourrie

    De crainte et des basses poussées.

     

    (Thésée fait se lever Ariane. Celle-ci l’entraîne dans une danse, avec des allers et des retours, aboutissant au centre du cercle du labyrinthe. Ils vont à gauche, puis à droite, tout en se rapprochant du centre. )

     

    DUHAUT, DUMILIEU, DUBAS :

    (Criant de toutes leurs forces)

    A genoux devant destinée !

     

    (Ils obligent Ariane et Thésée à s’agenouiller.  Puis ils arrachent les attributs de Thésée : la cape, le sceptre et la couronne.)

     

    Ton refus buté de signer,

    L’échine servilement courbée,

    De te soumettre au rite fort

    Anodin du Minotaure,

    Ton choix de la vérité crue,

    De la lumière, de la vie nue,

    De l’amour, de la dignité

    Conduisent à te décréter

    Ton ultime terme professionnel

    Par mise au placard perpétuelle !

     

    (Tous trois se saisissent de lui et l’asseyent de force sur une chaise, dans un coin sombre de l’antre.)

     

    DUHAUT :

    Au nom du Minotaure, Thésée,

    Dans notre collectivité,

    J’efface ton existence,

    Et par ton inconséquence,

    Te voilà seul responsable

    Mort sociale imprévisible.

    Serein, je m’en lave les mains

    Car tu as choisi ton destin.

     

    LE CHŒUR :

    Au placard, attentatoire

    À la dignité élémentaire,

    Contraire à réglementation,

    Manquement à l’obligation

    De loyauté, de probité,

    De par l’employeur effronté,

    Vis-à-vis de ses salariés,

    Volonté de punir Thésée.

    Sanction déguisée frappant

    Thésée psychologiquement,

    Pour déclencher sa mort sociale,

    Volonté de nuire immorale,

    Fabriquant des agissements

    Avilissants, répulsifs, poussant

    A bout, provoquer le motif

    Pour un comportement fautif.

    Le placard déstructure à terme

    L’image de soi de l’homme.

     

     

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