• SOCIALISME OU BARBARIE : LE MONDE A VENIR (Partie 2)

    Jésus-Christ est à la fois un homme politique et un homme religieux illuminé : il serait sans doute le premier surpris s’il avait eu une petite idée du « culte de la personnalité » dont il est l’occasion. Jésus-Christ, sans doute, s’intéresse beaucoup aux gens du peuple : il les préfère même aux riches. Mais en tant que militant politique, il n’a pas su égaler la valeur d’un Spartacus prenant la direction de la révolte des esclaves par les armes.

     

     

    SOCIALISME OU BARBARIE : LE MONDE A VENIR (Partie 2)

     

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    Il y a un aspect ultra réactionnaire du christianisme, c’est la défense de l’ordre établi – « Rendez à César ce qui appartient à César » -- et l’appel à l’égalité dans un « autre » monde que le monde réel – « Mon royaume n’est pas de ce monde » --. Les Juifs de la Palestine attendaient un dirigeant capable de les libérer de l’oppression romaine : ils voulaient entreprendre une guerre de libération. Les esclaves de l’empire romain désiraient la liberté, être considérés comme des hommes tout simplement et non plus traités comme du bétail. Ils voulaient une libération dans ce monde-ci et non pas une promesse de libération dans l’au-delà, après la mort, car ils souffraient dans ce monde-ci.

    Il y a également un aspect révolutionnaire du christianisme, c’est la volonté de faire régner sur la terre un ordre plus juste et plus égalitaire que l’ordre établi – « Que votre règne arrive sur la terre comme au ciel ». Le christianisme, en ce sens, a porté un coup de boutoir contre le système esclavagiste, et les dominateurs romains l’ont bien compris, en persécutant justement les premiers chrétiens.

    Les classes possédantes réactionnaires se sont appuyées sur son premier aspect pour renforcer leur domination sur les masses. Quant au peuple, il a sans cesse mis en valeur le second aspect, celui d’une société terrestre plus juste et plus égalitaire : par ce côté, le christianisme est l’ancêtre du socialisme.

     

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    Une phrase telle que : « Aimez-vous les uns les autres » présente deux caractères. C’est une phrase éminemment réactionnaire : il est impossible de se respecter tant soi peu dans une société de classes entre les membres de classes sociales différentes. L’amour et la haine sont fondamentalement des sentiments de classe. C’est également une phrase révolutionnaire : elle accélère la fin de l’esclavagisme et donne une arme aux esclaves en les élevant au niveau des hommes libres. De plus c’est une phrase qui a de l’avenir : il est possible d’imaginer qu’à l’issue de notre ère historique auront disparu les classes sociales et que les hommes, libérés de ce fardeau qu’est la lutte des classes, pourront s’estimer mutuellement dans une société sans classes sociales. Mais aujourd’hui, comme hier, dans la bouche d’un propriétaire foncier féodal, dans la bouche d’un capitaliste, cette phrase signifie : « Serfs, prolétaires, aimez votre esclavage, aimez vos exploiteurs, tout comme eux vous « aiment » ».

     

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    Jésus-Christ est à la fois un homme politique et un homme religieux illuminé : il serait sans doute le premier surpris s’il avait eu une petite idée du « culte de la personnalité » dont il est l’occasion. Jésus-Christ, sans doute, s’intéresse beaucoup aux gens du peuple : il les préfère même aux riches. Mais en tant que militant politique, il n’a pas su égaler la valeur d’un Spartacus prenant la direction de la révolte des esclaves par les armes.

     

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    La première marque de l’idéalisme, c’est la fuite et le refus de la réalité telle qu’elle est : par exemple refuser de se voir tel que l’on est, se voir « autre » est la marque d’une « maladie » qui s’appelle idéalisme.

     

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    Puis lorsqu’on s’accepte tel que l’on est et que l’on accepte la réalité, l’idéalisme peut s’attraper encore : il fait croire que l’  « on ne peut rien y changer », que « les choses sont ce qu’elles sont », que « vanité des vanités, il n’y a rien de nouveau sous le soleil ».

     

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    Le premier assaut contre l’idéalisme, c’est la destruction de toute illusion et de tout fantasme, et l’acceptation de la réalité telle qu’elle est.

     

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    Le deuxième assaut contre l’idéalisme, c’est de vouloir transformer et de transformer effectivement la réalité, en partant de la connaissance des lois objectives de cette réalité. Il ne s’agit pas d’une négation de cette réalité et de soi-même, d’un refuge dans un monde irréel, mais de l’affirmation de la réalité et de soi-même, et de la possibilité de changer dans les faits, cette réalité et soi-même.

     

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    Pourquoi refuse-t-on le monde réel ? Pourquoi est-on partisan de l’idéalisme, du refuge dans un monde irréel ?

    C’est parce que, de façon unilatérale, nous ne voyons et acceptons qu’un côté du monde, son côté négatif. Si le monde présente un côté négatif qui nous est hostile, qui nous nie, nous rejette, nous paraît absurde et étranger, il présente également un aspect positif : nous sommes faits pour être au monde. L’idéaliste refuse la contradiction et le dépassement de la contradiction.

     

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    L’idéal du christianisme est le saint, c’est-à-dire un homme qui a complètement abdiqué sa condition, et est devenu un être désincarné, un pur esprit, un néant. Le christianisme vise au perfectionnement de l’individu et fait abstraction de l’individu en tant qu’être social : « Ne soyez donc point en souci, disant : que mangerons-nous, que boirons-nous, ou de quoi serons-nous vêtus ? Car ce sont les païens qui recherchent toutes ces choses ».Le christianisme, en tant que système philosophique contenu dans les quatre évangiles est un idéalisme : il lâche la proie pour l’ombre, il se détourne du monde réel qui est « misère » et travail, pour se consacrer au monde de l’au-delà. En tant que doctrine religieuse, c’est là le caractère le plus nuisible du christianisme : il distingue deux mondes, le royaume des hommes et le royaume de dieu, et il donne la première place au royaume de dieu. Il faut, selon le christianisme, vivre et mourir pour le second monde, pour un fantasme. C’est là dévaluer le monde réel, lui enlever toute valeur, au profit d’une réalité « fantomatique ».C’est là l’idée principale à détruire et à remplacer par celle-ci : seul existe le monde réel, il faut le vivre complètement, courageusement. Les prêtres réactionnaires tirent de ces prémisses de telles conclusions : « Si le monde réel n’a pas de valeur, à quoi bon le changer ? Sachons souffrir et supporter nos peines, la « vie » ne sera que plus belle dans l’au-delà ! ».

     

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    Seul compte le présent : à quoi bon les promesses ?

     

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    « A quoi bon ? »

    L’humanité est à elle-même sa propre fin.

     

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    Il est intéressant d’étudier en parallèle le problème « philosophes » et le problème « travail ». Comment vivaient les philosophes ? Les pires vivaient de la largesse des grands : ce sont les flatteurs et les défenseurs de l'ordre établi. D’autres se faisaient payer par leurs élèves et leurs disciples. Rares étaient ceux qui pouvaient vivre de leur propre travail (Spinoza).

    Beaucoup plus intéressant que le rapport direct des philosophes avec le travail, est ce que les philosophes pensaient du travail, puisque souvent leurs textes et leurs doctrines ont influencé des milliers ou des millions de personnes.

     

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    De même, mettons en parallèle le problème « philosophes » et le problème « femmes ».Jusqu’à aujourd’hui, bien peu de femmes ont eu droit au titre de philosophe. Cela prouve l’oppression des femmes et le fait que le domaine de la pensée spéculative soit réservé aux hommes.

     

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    Il est absurde de se proclamer aujourd’hui « platonicien », « cartésien » ou « hégélien ». Ce sont là des philosophes dépassés, des philosophes passés de mode. Ces philosophies ne correspondent plus aux conditions d’existence d’aujourd’hui : y parle-t-on des voitures automobiles, de la fabrication des tracteurs ou de l’exploration d’autres planètes ?

    Il est erroné de croire que les problèmes humains sont éternels, qu’ils ne changent pas avec les époques et que tout au moins, Platon, Descartes et Hegel conservent un intérêt et une actualité de ce point de vue. Par exemple, ces auteurs apportent-ils des réponses pratiques à la manière de détruire le capitalisme, ou au problème de la délinquance juvénile dans les grands ensembles modernes ? Que savent-ils de la science moderne ?

    Cela étant dit, il demeure néanmoins indispensable pour nous de bien connaître Platon, Descartes et Hegel pour savoir d’où nous venons, qui nous sommes et où nous allons : ils font partie de notre conscience historique.

     

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    Bossuet procède de telle façon : il se méfie de la science « nouvelle », des « nouveautés » et n’a confiance que dans la tradition et les vieilleries religieuses.

    La philosophie d’aujourd’hui ne se réfère qu’à la dernière étape de la science moderne.

     

     

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