• Robespierre

    Aussi, lorsqu’un maçon clame : « Vive la République ! », il s’agit de la république égalitaire, fondée en 1792, complétée en 1871. Mais il reste du travail à accomplir pour instaurer cette république en France.

    Concernant Robespierre, il convient de se méfier de la légende noire apparue dès son élimination ! On lui en prête beaucoup ! On a chargé sa personne, pour, à la fois, en finir avec la Terreur, et empêcher le développement vers une révolution plus sociale.

     ROBES-PIERRE Blanche, ROBES-PIERRE Noire

    Ou de la conception maçonnique du pouvoir.

     

    « Ceux qui commencent une révolution ne la terminent pas souvent. » Eusebio Ferrari (1919-1942)

     

    INTRODUCTION

    Il s’agit d’examiner d’un point de vue maçonnique le pouvoir, en prenant comme prétexte la vie et l’œuvre de Robespierre. Sont rapprochés les points suivants :

    • La vie de Robespierre de 1758 à 1789, puis l’exercice du pouvoir de 1789 à 1794 ;
    • L’accès au summum de pouvoir en juin 1794, puis la chute  en juillet 1794 ;
    • La lutte contre une triple oppression, celles du roi, du pape et l’oppression militaire.

     

    Première partie : L’homme ; Les années 1758-1789

    I)       Enfance de Robespierre

    II)    L’adulte

    III)  L’importance de Rousseau

     

    Deuxième partie : L’œuvre, les années 1789-1794 ; Robes-pierre Blanche Robes-pierre Noire ; Le roi, le pape, le général

    I)       Robes-pierre Blanche : L’œuvre révolutionnaire

    SOCIETE :

    Robespierre a mené une lutte sans concession contre le féodalisme pour contribuer à installer l’Etat bourgeois, préfiguré dans Le Contrat social de Rousseau. Cependant, cela  a conduit à instaurer la propriété privée capitaliste, et l’égalité formelle, et à combattre toutes formes de propriété  égalitaire, de loi agraire, et à s’opposer à l’égalité sociale. (B)

    (A)LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION CIVILE (LE ROI)

    a.      Participation à la révolution

    b.      Constitution de l’an I

    c.      La Terreur ; La violence révolutionnaire

    II)    Robes-pierre Noire : L’œuvre réactionnaire Robespierre, représentant de la classe bourgeoise :

    (B)LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION CIVILE (LE ROI)

                                                                               1)      Les droits de l’homme

                                                                              2)      Apologie de la propriété privée

                                                                              3)      La paysannerie et la loi agraire

                                                                              4)      Le double pouvoir et le renforcement du pouvoir central

    LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION RELIGIEUSE (LE PAPE)

    RELIGION :

    Le culte de l’Etre suprême est la création d’une religion bourgeoise calquée sur  e « Vicaire savoyard » de Rousseau. Cela s’oppose à l’athéisme, à la science et à la raison.

                                                                              5)      Le culte de l’Etre suprême

    LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION MILITAIRE (LE GENERAL)

    GUERRE :

    La révolution voit le remplacement de l’armée féodale, où les grades notamment étaient réservés aux nobles, par l’armée bourgeoise, avec la conscription, et les gradés, issus du rang. Il convient de distinguer la guerre impérialiste, guerre de rapine, et la guerre juste de libération et de lutte contre l’agression, tant intérieure qu’extérieure.

                                                                              6)      La guerre extérieure

     

    Troisième partie: La lutte contre les « bras nus »

    A)    La lutte contre les représentants des bras nus

    1)   Hébert et les hébertistes

    2)   Les sans-culottes

    3)   Gracchus Babeuf et le communisme primitif

    B)    Pourquoi la chute de Robespierre ?

     

    CONCLUSION ;

    Rôle de la violence dans l’histoire :

    • Luttes de classes
    • Lutte pour la science (contre la religion, le fanatisme, la superstition).

     

    INTRODUCTION :

     

    L’Europe compte dès 1770 environ cent vingt millions d’habitants. La population de la France passe de 18 à 28 millions d’habitants entre 1700 et 1800.

    La franc-maçonnerie se réclame d’idéaux révolutionnaires (Liberté Egalité Fraternité, laïcité,…) ; aussi convient-il d’examiner le contexte de ces idéaux. Lorsque l’on parle de la révolution, de quoi parle-t-on ? Il y a eu plusieurs phases. Et les révolutionnaires eux-mêmes ont daté l’an I de la révolution, non de 1789, mais de 1792 !

    En 1789, il y a très peu de républicains, mais il y a beaucoup d’opposants à la monarchie absolue.

    Alors que pour certains, la Révolution aurait dérapée en 1791, il apparaît plutôt que l’an II reste un exemple de révolution égalitaire et fraternelle. Tant que la révolution n’est pas terminée, la violence est légitime.

    Boule Blanche, Boule Noire : l’objectif de cette planche est d’apprécier l’action de Robespierre, d’un point de vue maçonnique, en prenant en compte les trois aspects suivants :

    ·    La politique : la couronne

    ·    La religion : la tiare

    ·    La guerre : la couronne de laurier

    Et d’attribuer des boules noires et des boules blanches.

    L’idée de la présente planche est venue en parcourant une brochure sur la Ville d’Arras, Robespierre y apparaissant comme un enfant natif de cette commune.

    La planche comportera deux parties :

    En premier lieu, je m’attacherais à décrire l’homme Maximilien Robespierre, en relation avec la ville d’Arras.

    En second lieu, je traiterai de l’œuvre de Robespierre et plus précisément du rôle de Robespierre dans la Révolution française, en examinant les enseignements que la franc-maçonnerie peut tirer comme enseignements utiles aujourd’hui.

    Pavé blanc, pavé noir : l’objet de la planche est aussi de présenter le double aspect de Robespierre, à la fois représentant zélé de la bourgeoisie révolutionnaire et organisateur de la nouvelle répression des classes laborieuses.

    La grande révolution fut une révolution bourgeoise et, dans ses résultats, elle ne pouvait être que bourgeoise.

    Sous l’angle de ses résultats objectifs, la révolution française n’avait pu être, étant donné les conditions objectives matérielles de l’époque, que bourgeoise.

    Mais la révolution bourgeoise sous-tendait un second mouvement, populaire, qui voulait aller plus loin.

    Engels : « À côté de l’antagonisme de la féodalité et de la bourgeoisie, existait l’antagonisme universel des exploiteurs et des exploités, des riches paresseux et des pauvres laborieux. »

    Engels a énoncé la loi suivante : « Tout parti bourgeois, un moment placé à la tête du mouvement, se voit déborder dans ce mouvement même par le parti plébéien ou prolétarien qu’il a derrière lui. »

    Marx montra que le mouvement révolutionnaire en 1793 tenta (un moment) de dépasser les limites de la révolution bourgeoise ;

    Les bras nus mènent la révolution bourgeoise jusqu’à son terme.

    La peur qu’inspire à la bourgeoise l’avant-garde populaire la fait renoncer à porter des coups trop rapides et trop brutaux à la contre-révolution. Elle hésite à chaque instant entre la solidarité qui l’unit au peuple contre l’aristocratie et celle qui unit l’ensemble des possédants contre les non-possédants. Cette pusillanimité la rend incapable d’accomplir jusqu’au bout les tâches historiques de la révolution bourgeoise. « Aucun des démocrates de la gauche la plus populaire, ni Robespierre, ni Pétion, n’osèrent parler de l’expropriation sans indemnité. » (Lefebvre).

    La révolution française est encore aujourd’hui un horizon français indépassable et indépassé, sauf pendant la courte mise en œuvre de la Commune de Paris en 1871.

    La Terreur a été une œuvre commune de toute la classe bourgeoise. Mais la bourgeoisie a profité d’une période d’affaiblissement de Robespierre pour à la fois éliminer celui-ci et se débarrasser de la Terreur. En effet, fin juillet 1794 :

    ·    Les troupes françaises triomphaient à l’extérieur (victoire de Fleurus) ;

    ·    Mise en œuvre du culte de l’Etre suprême par Robespierre ;

    ·    Mise en œuvre de mesures favorables aux sans-culottes par le groupe des robespierristes.

    En se débarrassant, par une sorte de coup d’Etat de Robespierre et de son groupe, certains « terroristes » se sont dédouanés eux-mêmes (Fouché,…)

    La révolution française est une référence de la franc-maçonnerie, ne serait-ce que par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et le mot d’ordre : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Si l’historien Michelet interrompt le courant révolutionnaire par la mort de Robespierre, la période qui suit étant un contre-courant réactionnaire, il est légitime de prendre en considération les périodes 1789 à 1799, et même au-delà, jusqu’en 1815, la période du consulat et de l’Empire étant une période de consolidation des acquis révolutionnaires.

    Cependant, concernant la franc-maçonnerie, étant donné la très grande diversité au sein de ces périodes, il est juste de s’interroger sur le contenu exact des références que sont la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et la devise « Liberté, Egalité, Fraternité »/

    Il est à noter que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :

    ·    Appartient au début de la révolution, période qui n’a pas encore mis fin à la monarchie absolue, et qui correspond à la lutte pour la Liberté. Une seconde période de 1792 à 1794 correspond à la lutte pour l’Egalité et à un approfondissement des droits qui se manifestent dans la Déclaration des droits de 1793. L’an I de la Liberté est inauguré par le 14 juillet 1789, et l’an I de l’Egalité est ouvert par le 10 août 1792 ;

    ·    La déclaration de 1789 présente un aspect inachevé, puisqu’elle s’arrête sur l’article 17 relatif à la propriété ;

    ·    L’ensemble des déclarations des droits présentent un aspect bourgeois : ils sont à la fois formels, et accentuent la protection de la propriété bourgeoise ;

    ·    Ces déclarations doivent être complétées par les acquis obtenus depuis la révolution, notamment par la Commune de Paris de 1781, le Front Populaire et la Résistance.

     

    PREMIERE PARTIE : L’HOMME : LES ANNEES 1758-1789

    Dans cette première partie, je souhaite présenter l’émergence de Robespierre, son enfance et sa jeunesse, afin de mettre en exergue ce qui a conduit au révolutionnaire que l’on connaît. Au XVIII° siècle, la ville d’Arras comprenait plus de 20000 habitants et était relativement prospère. Sans qu’il soit utile de disposer d’une imagination débordante, malgré les destructions et les changements subis aux XIX° et XX° siècles, il est possible, en se promenant dans les rues d’Arras, de concevoir ce qu’a pu être la vie quotidienne de Robespierre.

     

    I)      L’ENFANCE DE ROBESPIERRE :

    Maximilien Marie Isidore de Robespierre (ou Derobespierre), ou Maximilien Robespierre, est né le 6 mai 1758 à Arras, et il est mort guillotiné le 28 juillet 1794, à Paris, place de la révolution ; Avocat et homme politique français, qui :

    • Incarne la « tendance démocratique » de la Révolution française ;
    • Surnommé l’ « Incorruptible » par ses partisans, et qualifié de « tyran » ou de « dictateur sanguinaire » par ses ennemis.

    Il figure dans la liste des « cent plus grands Français », liste établie par un sondage BVA en septembre 2004 auprès d’un échantillon représentatif de 1038 Français de plus de 15 ans. Dans ce sondage, est placé en premier, Charles de Gaulle et en centième position, la psychologue Françoise Dolto. Robespierre est placé en 72° position, entre Jean-Jacques Rousseau, en 71° position, et le chanteur Renaud, en 73° position.

    Sa paroisse d’origine est Sainte Magdeleine, et il fut baptisé dans cette église, le 6 mai 1758, étant né le même jour à 2 heures du matin.

    Son père et son grand-père étaient avocat du Conseil d’Artois.

    Robert-Pierre : deux prénoms ont fait un nom. Le nom semble s’orthographier Derobespierre, ce n’est pas le de de la noblesse.

    Le grand père meurt en 1762.

    Le père a fait des études à Douai et a exercé comme avocat au Conseil d’Artois jusqu’en 1754.

    Maximilien, conçu hors mariage – il est né quatre mois et quatre jours après la cérémonie – est l’aîné de quatre enfants.

    Il y a une naissance par an :

    ·    1958 : Maximilien

    ·    1760 : Charlotte

    ·    1761 : Henriette, qui meurt à 20 ans

    ·    1763 : Augustin, dit « Bonbon » ;

    ·    4 juillet 1764 :5° enfant, le puîné, qui meurt peu après la mort de la mère, huit jours après la naissance.

    La mère meurt en 1764 et le père meurt en 1777 à Munich.

    La mort de la mère a transformé Maximilien. « Avant, écrit Charlotte, il était, comme tous les enfants de son âge, étourdi, turbulent… » « Depuis, il est devenu grave. ». « S’il se mêlait de nos jeux, c’était pour les diriger. Il nous aimait tendrement et il n’était pas de soins et de caresses qu’il ne nous prodiguât ».

    Charlotte vante son amour pour les animaux. Un jour, le grand frère prête aux deux sœurs l’un des pigeons de sa volière. Elles l’oublient dehors par une nuit d’orage. Au matin, on le trouve mort. « A cette nouvelle, rapporte Charlotte, les larmes de Maximilien coulèrent. Il nous accabla de reproches […] et jura de ne plus nous confier un de ses pigeons ». « C’est un ange, disent de lui ses tantes. Aussi est-il fait pour être la dupe et la victime des méchants. »

    Les deux orphelins garçons sont recueillis par les grands parents maternels, brasseurs, et les deux filles par deux tantes paternelles.

    1765 : Robespierre fréquente le collège tenu par les Oratoriens jusqu’en 7°, dans l’hôtel particulier, devenu l’Hôtel L’Univers. Ce collège compte alors 30 à 40 pensionnaires et 400 externes, dont Maximilien. Ceci jusqu’en 1769.

    La sœur Charlotte écrira ses mémoires; Maximilien est en enfant taciturne, qui a la passion des oiseaux. Il a une volière.

    En 1769, il va à Paris, jusqu’en 1781. Il fréquente le collège Louis le Grand, collège de Clermont, collège prestigieux, siège de l’Université de Paris. Il a obtenu une bourse de 450 livres annuelles de l’abbaye de Saint-Vaast.

    Cette période est marquée par un repliement sur soi. En effet, si Robespierre fait partie de la bourgeoisie, il a été obligé de demander une bourse pour pouvoir suivre des études. Il aura du mal à s’intégrer à ses congénères, issus de familles aisées ; en effet, il dispose de peu d’habits et d’habits qui ne lui permettent pas de se montrer au contact avec les autres élèves.

    En 1775, il sera choisi pour lire un complément devant le roi, de retour du sacre, sous une pluie diluvienne, rue saint Jacques.

    La rencontre de Maximilien et de Louis XVI a lieu le 15 juin 1775, alors que le jeune roi et la jeune reine rentrent, sous l’orage, du sacre de Reims et que leur carrosse doit s’immobiliser dans la fange sous l’auvent du collège Louis-le-Grand. Un élève, désigné par le proviseur, vient, dans le déluge, réciter un compliment. Il y eut un arrêt très court. Le jeune homme, à genoux devant le marchepied, lit. Le roi a la mine affable qui lui est coutumière, et il ne retient pas le collégien sous l’orage.

    Première rencontre avec le roi, qui laissera peut-être un sentiment de rancœur à l’égard du monarque.

    Le 25 octobre 1777, toujours élève à Louis-le-Grand, Maximilien s’engage dans l’étude du droit. « Je sors de ma philosophie, écrit-il, et je me destine au barreau. De toutes les qualités nécessaires pour se distinguer dans cette profession, j’y apporte du moins une vive émulation et une extrême envie de réussir. »

    Puis il effectue la Faculté de droit, pendant trois années, licencié en 1781, inscrit au barreau de Paris.

     

    II)   L’ADULTE

    Les relations de Robespierre avec les femmes : Robespierre resta célibataire. Toutefois, à Arras, il cultiva les relations féminines : il eut une ébauche d’idylle avec Mademoiselle Dehay, amie de sa sœur, une jeune anglaise inconnue et une certaine Mademoiselle Henriette, correspondit avec une dame très haut placée, peut-être Madame Necker, fut reçu chez Madame Marchand, future directrice du Journal du Pas de Calais, etc.

    D’après sa sœur Charlotte, une Mademoiselle Anaïs Deshorties, belle-fille de sa tante Eulalie, aima Robespierre et fut aimée de lui ; en 1789, il la courtisait depuis deux ou trois ans. Elle se maria avec un autre, l’avocat Leducq, tandis qu’il était à Paris. Robespierre aurait eu en 1790 une liaison avec une jeune fille de condition modeste d’environ vingt-six ans. Enfin, il a été dit qu’il était fiancé avec la fille de son logeur, Eléonore Duplay.

    Un contemporain, Dubois de Fosseux, dit que Maximilien aimait « se mêler parmi les pastourelles du canton et animer leurs danses. » « Il consacrait un temps assez long à sa toilette » au dire de sa sœur Charlotte.

    Charlotte prétendra que Maximilien, à Paris, faisait appel à une prostituée convoquée « de temps en temps à son domicile ».

    Robespierre voulait faire du Français, un homme nouveau.

    Pour cela il devait être provisoirement dictateur, au moins pendant la durée où la République était en danger.

    Les explications « psychologiques » du caractère de Robespierre :

    Mort de sa mère et départ de son père

    A la mort de s amère, Robespierre avait six ans. Puis son père disparaît totalement. Il est mort à Munich le 6 novembre 1777. Robespierre, recueilli par son grand-père maternel, brasseur, va, en tant qu’aîné, jouer le rôle de substitut du père.

    Sa pauvreté (tenue négligée, vêtements râpés,…) au milieu des jeunes nantis qui fréquentent le collège, puis le Lycée et l’université, conduit Robespierre à s’écarter d’eux, par honte et par orgueil ; C’est un solitaire, rêveur, qui lit beaucoup. Il est quasiment obligé de se cacher pour ne pas montrer son indigence.

    Il fera de brillantes études.

    Collégien : pauvre, il doit demander une bourse

    Sexualité

    Caractère homosexuel de Robespierre, notamment à l’égard de Saint-Just

    Robespierre est un puritain, pas intéressé par le sexe.

    Sa sœur Charlotte prétend qu’en 1789 Robespierre était sur le point d’épouser Mlle Deshorties.

    Robespierre et la mort :

    Que l’on ne s’y trompe pas : Robespierre comme d’autres révolutionnaires (ainsi, Duport, Marat et saint-Just) était favorable à l’abolition de la peine de Mort. Lorsqu’il était juge à la prévôté épiscopale d’Arras, il refuse de signer l’arrêt de mort d’un condamné, et démissionne de la prévôté épiscopale.

    Cependant cela n’empêche pas Marat de demander encore 270 000 têtes ! Cela signifie que la période révolutionnaire est particulière, et qu’il n’est pas possible de faire autrement : Le choix est soit de tuer, soit d’être tué.

    La période de dictature ne dure que pendant un temps limité.

    Lorsque lui-même a été mené à la guillotine, selon un témoin oculaire ; Robespierre gardait les yeux fermés, et il ne les a ouvert que lorsque le bourreau s’est saisi de lui pour l’emmener à la guillotine.

    Robespierre est frappé par le désir des députés des Etats généraux d’étouffer la révolution populaire qui menace.

    Robespierre sera l’interprète du peuple et non de la classe bourgeoise à laquelle il appartient et qui craint les émeutes populaires.

    A Paris, il vit avec une femme de modeste condition, à laquelle il verse une pension, selon le témoignage de son secrétaire, Pierre Villiers.

    L’homme politique : c’est une courte période, qui porte de 1789 à 1794, soit cinq années, Robespierre étant mort à l’âge de 36 ans.

    Elu le 15 novembre 1783, Robespierre est reçu le 21 avril 1784 par l’Académie royale des Belles Lettres d’Arras. Dans son discours de réception il « entreprit de prouver l’origine, l’injustice et les inconvénients du préjugé qui fait rejaillir sur les parents des criminels l’infamie attachée à leur supplice. »

    L’avocat :

    En 1781, Robespierre retourne à Arras. Il mène une carrière d’avocat.

    C’est un personnage soigné, élégant, avec une perruque poudrée chaque jour.

    En 1781, il a reçu un pécule de 600 livres, dont il fera bénéficier son jeune frère, permettant à celui-ci de poursuivre à son tour des études à Louis-le-Grand.

    Il vit avec sa sœur Charlotte, qui fait un peu office de « bonne du curé » (elle meurt en 1834).

    Le 15 novembre 1781, il entre au conseil supérieur d’Artois, créé en 1530. Il y a dix juridictions à Arras (Conseil, gouvernance, échevinage,…) qui regroupent de 200 à 250 personnes, dont 87 avocats. C’est un tribunal souverain au criminel, et on peut interjeter appel au civil au tribunal de Paris.

    Robespierre est un avocat brillant, qui entre à l’Académie Société des belles lettres, qui regroupe 30 académiciens (l’élite : des nobles, des procureurs, des prêtres, 7 à 8 avocats). Il en sera président en 1786. (« Droits et devoirs des enfants bâtards »). Il y rencontre Lazare Carnot.

    Membre des Rosati, club créé en 1778, composé surtout d’avocats.

    Il obtient la médaille d’argent de l’Académie de Dijon, et un pécule de 400 livres.

    En 1783, c’est la première cause qui donnera à Maximilien une notoriété, c’est l’affaire du paratonnerre (créé par Franklin en 1763). Il y a deux avocats. Maximilien transforme les causes particulières en causes générales, et lutte conte l’obscurantisme.

    La deuxième cause concerne l’abbaye d’Ancin, avec le vol de 262 louis. Maximilien élargit l’affaire. C’est l’affaire Deteuf, dite de l’ « innocence opprimée », qui oppose Maximilien à son ancien protecteur, M. Liborel. Robespierre sauva Deteuf, qui avait déjà été incarcéré, et confondit le moine devant le Conseil d’Artois.

    La troisième affaire concerne François Page et la lutte contre les bannissements.

    Maximilien a plaidé jusqu’en 1790 : de 1782 à 1790, cela représente 111 affaires.

    Sa sœur Charlotte, a fait un intéressant tableau de l’existence que mène à Arras, le jeune avocat : chaque jour, il se lève à six ou sept heures, selon la saison ; il travaille ensuite jusqu’à huit heures ; son perruquier vient le raser et le poudrer ; on sait que, même aux jours les plus sombres de la Terreur, il n’abandonnera jamais ses habitudes et qu’il aura toujours grand soin de sa personne, donnant toujours l’exemple de la correction et des bonnes manières ; il prend ensuite une légère collation, consistant le plus souvent en une tasse de lait, et, jusqu’à dix heures, il revoit ses dossiers, s’habille et se rend au palais.

    L’audience levée, il rentre pour dîner, mange peu, boit de l’eau rougie, et n’affecte pas de prédilection pour certains mets plus délicats ; cependant, il aime les fruits – surtout les oranges – et, comme beaucoup de concitoyens, se délecte volontiers d’une tasse de café.

    Son modeste repas terminé, il sort pendant une heure, fait une promenade où rend une visite et, de retour, il se remet au travail jusqu’à sept ou huit heures du soir.

    Après le dîner, il reste en famille ou va retrouver des amis ; dans ces réunions, il se montre d’un caractère distrait ; il est souvent préoccupé, s’associe rarement aux jeux, aux parties de cartes, aux causeries insignifiantes ; il se retire parfois dans un coin de la pièce, s’enfonce dans un fauteuil et se livre à ses réflexions.

    Cependant, il est d’humeur toujours égale, sait rire et plaisanter à l’occasion et on lui pardonne volontiers ses habitudes méditatives et ses distraction, lorsque, se promenant, il oublie de saluer les personnes de ses relations.

    Il vit rue du Saumon, puis rue des Teinturiers, et loue une maison rue du Collège de 1783 à 1787.

    A Paris, il vivra rue Saint Honoré avec la famille Duplay, bourgeois respecté comme manufacturier en menuiserie.

    Un député du tiers état, La Réveillière-Lépaux, rend visite à Robespierre, chez Maurice Duplay, rue Saint-Honoré : « Robespierre recevait des hommages, chez les Duplay, tels ceux qu’on rend à une divinité…Lui-même, bien peigné et poudré, vêtu d’une robe de chambre des ^plus propres s’étalait dans un grand fauteuil devant une table chargée des plus beaux fruits, de beurre frais, de lait pur et de café embaumé. Toute la famille, père, mère et enfants cherchaient à deviner dans ses yeux tous ses désirs pour les prévenir à l’instant. »

    En 1789, 8 députés sont élus, dont Robespierre en 5° position.

    Il sera guillotiné le 10 juillet 1794. 22 têtes. Place de la Concorde. Son corps sera déposé au cimetière de Rincy. C’était la première fois que l’Incorruptible voyait la guillotine, n’ayant jamais assisté à une exécution.

     

    LA MEMOIRE DE ROBESPIERRE :

    Incorruptible hier, Inconnu aujourd’hui.

    L’image de Robespierre, dans la conscience collective, est ambigüe :

    ·    Pour les uns, il y a une légende noire, avec des pamphlets : Maximilien est un pleutre, lâche, éliminé par des Montagnards, par peur : Barras, Talien, Fouché, Courtois,…

    ·    Pour d’autres, c’est un révolutionnaire craint et écouté. Le 9 Thermidor marque la fin de la révolution, dans sa phase ascendante, et le début de la réaction.

    ·    Pour d’autres encore, Maximilien est le précurseur de Gracchus Babeuf, journaliste, arrêté en 1795 à Arras. Celui-ci voulait instaurer un communisme de distribution. Ceux-là confondent les idées de Robespierre et de Babeuf.

    ·    Pour d’autres enfin, Robespierre est un sujet tabou. Soit ils refusent d’en parler, soit ils en parlent de manière critique.

    C’est dans les années 1830-1848 que Robespierre est redécouvert. La III° république se méfie de Robespierre.

    En 1923, une plaque est apposée sur la maison occupée par Robespierre, mais sont publiés aussi des articles dans la presse, qui parlent d’ « œuvre de boue et de sang » et du « tyran sanguinaire ».

    1926-1933 : c’est l’affaire du buste de Robespierre.

    1950 : édition d’un timbre à son effigie.

    Le rejet de Robespierre est bien réel. Par exemple, au conseil de Paris, en 1948, on avait envisagé de donner le nom de Robespierre à la place et à la rue du Marché-Saint-Honoré, mais certains habitants du quartier s’y étaient opposés. Puis on avait proposé de donner son nom à la rue de l’Hôtel de Ville et à la rue Hyacinthe, mais deux votes avaient alors mis fin à ces propositions. En 1958, la Ville de Paris refusait toujours de reconnaître en Robespierre un personnage qui avait pu marquer l’histoire nationale. Aujourd’hui, la Ville de Paris ne compte toujours pas de rue portant le nom de Robespierre, alors que de nombreuses rues des villes de l’ancienne « ceinture rouge » portent son nom. Cela indique bien de quel côté, du point de vue de la lutte des classes, se trouve Robespierre.

    1968 : création du lycée Robespierre. Longtemps, le lycée ne portait pas de nom. C’était le lycée de garçon d’Arras, tout simplement. Une première tentative pour lui donner le nom de Robespierre a eu lieu en 1958, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de celui-ci. Cette première tentative n’a pas abouti. Une seconde tentative, en 1967, a enfin abouti le 15 novembre 1969, soit 11 ans après la première tentative ! Mais à ce jour, le lycée n’a toujours pas été inauguré ! (Source : Journal L’Incorruptible lycéen, numéro 1 de novembre 2010)

    1964 : Emission de télé de la série « La caméra explore le temps » de Stellio Lorenzi et Alain Decaux, qui permet de présenter au grand public une image moins caricaturale et plus historique de Robespierre.

    1969 : Les amis de Robespierre éditent le Journal de « L’incorruptible ».

    Emission de télévision (de Stellio Lorenzi) :

    ·    La caméra explore le temps, La mort de Marie-Antoinette, ORTF (1958). Michel Bouquet incarne Robespierre.

    ·    La caméra explore le temps, La Terreur et la Vertu, ORTF (1964). Jean Négroni incarne Robespierre. Cet épisode fait 75 % d'audience, l'une des meilleures de la série, et contribue à valoriser l'image de Robespierre, ayant inspiré de la sympathie à 63 % des sondés.

    ·    Pierre Cardinal, Saint-Just ou La force des choses, ORTF (1975) avec Pierre Vaneck.

    ·    Hervé Pernot, Robespierre 1789-1989, La Cita Films-GIE, La Sept-Arte, FR3, avec la participation du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais et de la RTBF (1989), docu-fiction avec Christophe Allwright

    1989 : c’est le bicentenaire de la révolution : le héros mis en lumière est Danton.

    En somme, Robespierre semble plus connu par les jeunes élèves russes et chinois que par les élèves français.

    Pour certains penseurs, la Convention a (grâce à la Terreur), sauvé les acquis de la « première » Révolution et entrepris, sans avoir le temps d’y parvenir, de transformer la révolution politique en révolution sociale.

    Il y eut donc deux révolutions. Louis Blanc écrit dans l’avertissement de sa Révolution française : « Dans ce qu’on a convenu d’appeler la Révolution française, il y eu, en réalité, deux révolution parfaitement distinctes, quoique dirigées toutes les deux contre le principe d’autorité. L’une s’st opérée au profit de l’individualisme ; elle portera la date de 89. L’autre n’a été essayée que tumultueusement au nom de la fraternité ; elle est tombée le 9 thermidor. »

    On notera que le bicentenaire de la Révolution a été célébré en 1989, tandis que l’anniversaire de 93 était à peu près passé sous silence. Ce choix peut signifier que domine dans la France contemporaine une idéologie bourgeoise et libérale, sauf si on admet qu’en fêtant 89, année de la prise de la Bastille, on célébrait du même coup tous les événements qui s’en suivirent.

    La présence des représentants des sans culottes dans les travées de l’Assemblée nationale constitue un moyen de pression efficace pour que leurs diverses revendications soient prises en compte.

    Exemple : le 21 janvier 1793, le vote de la mort du roi.

    Exemple contemporain : la présence dans les travées de l’assemblée délibérante du Conseil général du Pas de Calais le lundi 26 juin 2012 est un excellent moyen pour faire pression et s’emparer du micro et « menacer » les conseillers généraux.

    A Arras, la présence de Robespierre s’inscrit dans la géographie et l’architecture : il n’est pas besoin de beaucoup d’imagination pour avoir une vision de la vie de Robespierre à Arras :

    • En 1765, Robespierre fréquente le collège d’Arras, aujourd’hui l’hôtel trois étoiles de l’Univers ;
    • En 1787, Robespierre fait parti du club des Rosati d’Arras et il a écrit une poésie, « Eloge de la Rose »;
    • La guillotine fut installée devant le théâtre d’Arras. 392 victimes pour une population totale d’environ 22000 habitants, soit moins de 2 % ;
    • Présence d’une salle portant son nom à l’Hôtel de Ville, avec une statue qui le représente;
    • Un restaurant porte le nom de « Maximilien » ;
    • Comité des Amis de Robespierre, qui fait une pétition pour l’ouverture d’un musée sur le personnage par la ville d’Arras ;
    • Sa maison est devenue, au rez-de-chaussée, un musée. Peu d’éléments sont exposés, car il semble que beaucoup a été détruit justement pour éviter que ne s’instaure un culte de la personne de Robespierre. A sa mort, son corps et sa tête ont été jetés dans une fosse commune et on répandit dessus de la chaux, afin que le corps ne laisse aucune trace ;
    • L’opinion des arrageois est très contrastée, et aussi mitigée. Ils rappellent que, sur la place du théâtre ont eu lieu 391 exécutions, par la guillotine, et ils se rappellent des dix mois de terreur de novembre 1793 à août 1794. L’événement ne fut pas dramatique pour autant et fit même l’objet de spectacle puisque une buvette, une tribune et des musiciens furent conviés à accompagner la mise à mort.
    • Le 16 octobre 1795, exécution à Amiens du conventionnel Joseph Le Bon, robespierriste, ancien oratorien (né à Arras le 29 septembre 1765), « bourreau » d’Arras en 1794.
    • Le problème de la vente aux enchères des archives (lettres de Robespierre).

    Robespierre, le révolutionnaire : sa situation de classe :

     

    Le député :

    Les interventions de Robespierre sont peu appréciées par ses collègues députés, car il prend souvent le parti du peuple, contre l’aristocratie, amis aussi contre la bourgeoisie. Il apparaît très tôt comme un traître à sa classe.

    Robespierre est à la fois légaliste (le juriste et l’avocat qu’il est ne peut se déjuger) et révolutionnaire, détaché de sa classe sociale depuis longtemps très aimé du peuple, qu’il ne veut pas décevoir.

    Il sait que rien ne peut arrêter le courant de la fureur populaire et préfère l’accompagner plutôt que de s’y opposer.

    Une des principales figures des « démocrates » à l’Assemblée constituante, Robespierre a défendu l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort, le droit de vote des gens de couleur, des juifs ou des comédiens, ainsi que le suffrage universel et l’égalité des droits, contre le marc d’argent.

    Opposé à la guerre contre l’Autriche en 1792, il s’oppose à La Fayette et soutient la chute de la royauté. Membre de la commune insurrectionnelle de Paris, il est élu à la Convention nationale, où il siège sur les bancs de la Montagne et s’oppose au Girondin.

    Après les journées du 31 mai et du 2 juin 1793, il entre le 27 juillet 1793 au Comité de salut public, où il participe à l’instauration d’un gouvernement révolutionnaire et de la Terreur, dans un contexte de guerre extérieure contre les monarchies coalisées et de guerre civile (insurrections fédéralistes, guerre de Vendée,…).

    A la suite de la victoire des comités contre les factions au printemps 1794, il contribue à faire cesser la politique de déchristianisation et fait voter, en qualité de rapporteur, le décret du 18 floréal an II, par lequel « le peuple français reconnait l’existence de l’être suprême, et l’immortalité de l’âme », et la loi de Prairial, dite de « Grande Terreur ».

    Attaqué et isolé au sein de la Convention par d’anciens dantonistes et des envoyés en mission rappelés, mais aussi au sein du gouvernement révolutionnaire par le Comité de sûreté générale et des collègues du Comité de salut public, il prend la Convention à témoin de ces dissensions le 8 thermidor an II, mais ne parvient pas à imposer ses vues. Le lendemain, empêché de parler par ses ennemis, alliés pour la circonstance aux modérés de la Plaine, il est arrêté avec son frère Augustin et ses amis Couthon, Saint-Just et Le Bas. La Commune entre alors en insurrection et le fait libérer, mais il perd du temps, et la Convention le met hors la loi.

    Dans la nuit, une colonne armée s’empare de l’hôtel de ville, où il se trouve avec ses partisans, et il est blessé à la mâchoire dans des circonstances incertaines. Après vérification de son identité devant le Tribunal révolutionnaire, il est guillotiné dans l’après-midi du 10 thermidor an II avec 21 de ses partisans. Sa mort entraîne, dans les mois qui suivent, une « réaction thermidorienne », qui voit le démantèlement du gouvernement révolutionnaire et de la Terreur.

    Médiateur entre bourgeois et bras nus, Robespierre tenait plutôt à la petite qu’à la grande bourgeoisie. Robespierre correspondait assez bien à la définition que Marx donne du petit-bourgeois : « Le petit-bourgeois […] se vante, dans le for intérieur de sa conscience, d’être impartial, d’avoir trouvé le juste équilibre. […] Un tel petit-bourgeois divinise la contradiction, car la contradiction est le fond de son être. Il n’est que la contradiction sociale mise en action. »

    Robespierre jouissait de la confiance de la bourgeoisie révolutionnaire, qui avait reconnu en lui un homme de sa classe. Et il jouissait d’un immense prestige auprès des plébéiens et des sans-culottes. Il était l’entremetteur né, le conciliateur par excellence. Donnant des gages à gauche et des gages à droite, penchant tantôt vers la gauche et tantôt vers la droite, déconcertant ses propres partisans par les sautes imprévues de son opportunisme, mais suivant, à travers tous ces détours, une ligne relativement rectiligne, toujours sur la corde raide, mais ne perdant jamais l’équilibre, il incarna une nécessité historique, il fut le lien vivant entre la bourgeoise et la plèbe. Cet homme unique, irremplaçable, sut éviter la scission latente au sein du tiers-état. Il fut l’écran qui dissimula aux masses populaires le visage de classe du Comité de Salut public.

    Ses origines, son passé politique le prédisposaient à ce jeu double. Robespierre était issu d’une « bonne famille ». Par son aspect extérieur, par son genre de vie, par le choix de son entourage, il était fort peu plébéien. A Arras, son existence est celle d’un bourgeois moyen, rangé, très ordonné, vivant confortablement, en dehors de tout souci d’ordre matériel. A Paris, il vécut, note Jaurès, « dans un large bien-être et dans une sorte de sécurité raffinée. » Il n’avait ni le langage, ni les manières du peuple.

    « Jamais, observe Michelet, il ne se montra dans les foules. Sa correcte tenue de ci-devant l’eût fait paraître prodigieusement déplacé ».

    Une aversion physique l’éloignait de la foule dont il redoutait la violence élémentaire. Toute sa vie, il a craint d’être débordé par le torrent populaire.

    Mais Robespierre avait un sens instinctif du peuple. Bien que de famille aisée, il avait connu dans sa jeunesse la gêne. Petit avocat de province, sans causes, il était, à la veille de 1789, profondément aigri. Et la révolution lui était apparue comme une occasion inespérée de prendre sa revanche. Seul le peuple, en balayant le vieux monde, pouvait l’y aider.

    Le début de la réaction et le reflux de la révolution débute à la fin de novembre 1793, quand Robespierre, réconcilié avec Danton, s’engage avec celui-ci dans la voie de l’indulgence à l’égard des contre-révolutionnaires et de la sévérité à l’égard des ultra-révolutionnaires, lorsqu’il déclara la guerre aux déchristianisateurs.

     

    III)            L’IMPORTANCE DE ROUSSEAU :

    « Dédicace aux mânes de Jean-Jacques Rousseau », rédigée au lendemain de l’élection de Robespierre aux Etats-Généraux de 1789.

    Rousseau devint le père de substitution de Robespierre.

    Les idées philosophiques, par de nombreux supports, et de multiples intermédiaires, ont fini par toucher les milieux populaires. Se développe le droit de penser et de juger par soi-même. Les collèges, la gazette, la presse, les lieux de sociabilité (loges maçonnique, Académies,…) sont autant de moyens.

    Salons: Madame Geoffroy, Madame Du Deffand, Madame Necker…

    Loges maçonniques: De 1727 à 1789, la France se couvre de 1000 loges civiles et 300 loges militaires, regroupant quelques 50000 initiés.

    La Franc-maçonnerie et 1789

    Les initiés n’ont pas provoqués la révolution française. Ils se sont même divisés sur la marche à suivre. Pour autant leurs valeurs se retrouveront dans les idées nouvelles : tolérance, liberté, abolition des privilèges…

    Une légende impute aux francs-maçons une lourde responsabilité dans la révolution et la Terreur. Née dès 1792 sous la plume de l’abbé Lefranc (Le voile levé pour les curieux), popularisée en 1797 dans les milieux de la contre-révolution par l’abbé Barruel (Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme), poursuivi au XX° siècle par Augustin Cochin (La révolution et la libre-pensée) elle met en évidence le prétendu grand nombre de révolutionnaires maçons.

    En 1789, les frères sont moins de 50000. Les maçons ont des réactions très variables face aux épisodes de la révolution : le duc de Luxembourg émigre dès 1789, Chaumette devient l’un des enragés les plus en vue pendant la Terreur, Buonarroti, le frère d’armes de Babeuf, est maçon, tout comme Joseph de Maistre, l’une des grandes voix de l’histoire contre-révolutionnaire du début du XIX° siècle. Cela s’explique par une maçonnerie très disparate – socialement, philosophiquement, politiquement.

    Dans la Sociétés des amis des Noirs, oeuvrent, à partir de 1788, nombre de frères autour de Condorcet et de Brissot.

    Pendant les premières années de la révolution, les loges ralentissent leurs activités. D’autres espaces de sociabilité se sont ouverts : clubs, assemblées électorales, qui reprennent des pratiques fraternelles. Ainsi concurrencée, la maçonnerie perd de son intérêt. A Paris même ne subsiste, en 1794, que trois loges.

    Du symbole à la réalité :

    Comment expliquer la quasi disparition des loges maçonniques au cours de la Révolution ?

    Si la maçonnerie a été une école pour répandre les Lumières, l’esprit de liberté » et d’égalité, la laïcité, par contre dès le départ de la révolution, la réalité l’emporte dur le symbole.

    Ainsi pour couper court à toutes les spéculations entretenues sur ses intentions, Philippe d’Orléans fit publier cette lettre importante dans le Journal de Paris du 22 février 1793 :

    « Dans un temps où personne, assurément, ne prévoyait notre Révolution, je m'étais attaché à la franc-maçonnerie qui offrait une image d'égalité, comme je m'étais attaché au parlement qui offrait une image de la liberté. J'ai, depuis, quitté ce fantôme pour la réalité. Au mois de décembre dernier, le secrétaire du Grand Orient s'étant adressé à la personne qui remplissait auprès de moi les fonctions de secrétaire du Grand Maître, pour me faire parvenir une demande relative aux travaux de cette société, je répondis à celui-ci, sous la date du 5 janvier : « Comme je ne connais pas la manière dont le Grand Orient est composé, et que, d'ailleurs, je pense qu'il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commencement de son établissement, je ne veux me mêler en rien du Grand-Orient ni des assemblées de francs-maçons[5] ». Un « froid glacial » accueillit cette déclaration puis on procéda à « la dégradation maçonnique du citoyen Égalité en le faisant démissionnaire, et on le dépouilla de son titre de Grand maître

    Les maçons étaient présents dans de nombreuses couches de la société :

    ·    A la cour du Roi ;

    ·    Dans l’aristocratie, et en cela, la franc-maçonnerie a participé au « suicide de la noblesse » ;

    ·    Dans le Tiers Etat, et plus particulièrement dans la haute bourgeoisie et la bourgeoisie ;

    Ainsi, certains maçons ont émigré, d’autres ont été tués et guillotinés. A chaque phase d’approfondissement de la révolution, de nouveaux maçons ont soit émigrés, soit été tués, notamment en 1792 et lors de la Terreur. Ces maçons ne voulaient pas aller jusqu’au bout de la logique révolutionnaire. Au fur et à mesure de la progression de la révolution, certains défenseurs de celle-ci veulent freiner son train, et l’arrêter. Mais il est trop tard. Pour certains, sans roi, pas de propriété. La propriété doit être préservée. Pour d’autres (tel Billaud Varenne), la répartition des biens entre les citoyens doit s’effectuer de la manière la plus égalitaire possible.

    Le franc-maçon est, par définition, selon le rituel du 1° degré de l’époque, « également ami du riche et du pauvre, s’ils sont vertueux ».

    Robespierre n’était pas franc-maçon. Mais il avait toutes les caractéristiques d’un maçon sans tablier.

    Dans un discours, daté du 5 décembre 1790, concernant les gardes nationales, Robespierre fait la proposition de dix-sept articles du décret et il insiste particulièrement sur l’article 16 : « Les gardes nationales porteront sur leur poitrine ces mots gravés : LE PEUPLE FRANÇAIS, et au-dessous : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE. Les mêmes mots seront inscrits sur leurs drapeaux qui porteront les trois couleurs de la nation. »

    Robespierre vient d’inventer la devise de la république, qui est aussi celle d’une partie de la franc-maçonnerie.

    Alors qu’une grève a éclaté à l’Arsenal de Toulon, en décembre 1790, Robespierre intervient en faveur des grévistes. L’intervention est vite connue et imprimée à Toulon et le club patriotique de Toulon adresse au « frère Robespierre » une lettre :

    « Robespierre, car votre nom vaut lui seul l’éloge le plus pompeux, La Société des Amis de la Constitution a reçu avec reconnaissance le nouveau discours que vous lui avez fait passer… Continuez, bon citoyen, à éclairer la Nation sur ses véritables droits. Bravez l’opinion de ces hommes vils et ignorants que l’aspect de la liberté effraye et dont l’âme pétrie de préjugés est insensible à la voix de la Raison et soyez sûr de l’estime de vos frères que vous aurez si bien méritée par votre dévouement à la chose publique. »

    1789 et la science :

    Académies et sociétés littéraires : Abbé Grégoire, avocat Thierry, le bibliothécaire Zalkind Hourvitz, Robespierre, Carnot et Babeuf, à Arras.

    Tout poussa et mûrit si vite à cette époque ! Que de choses accomplies en si peu de temps ! Ces hommes de la Révolution, qui aspiraient à œuvrer « pour l’éternité », travaillèrent dans l’urgence, pressentant que l’Histoire ne leur avait concédé que quelques mois pour accomplir leur immense tâche. Aucun domaine de la société, aucun champ du savoir qui ne fût visité, interrogé, organisé par eux. E qu’ils voulaient ? Faire sortir l’abondance du sein de la détresse et aussi agrandir le cercle des connaissances et le nombre des jouissances ! Appel est lancé aux savants. Ils répondent unanimes : Le Gendre, Laplace, Lagrange, Fourier, Monge, Condorcet et Carnot, pour les mathématiciens, Lavoisier, Berthollet, Fourcroy, Guyton de Morveau, Chaptal, pour les chimistes, Lamarck, Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire, Lacepède Daubenton pour les naturalistes, Bailly, Lalande, Delambre, Méchain, Cassini pour les astronomes, Coulomb, Borda, Charles pour les physiciens, les médecins Pinel, Bichat, Baudelocque. Le Leblanc de la soude et le Lebon du gaz d’éclairage. Et Haüy, qui fonda la cristallographie, et Faujas de Saint-Fond, qui donna ses bases à la géologie et à la vulcanologie, et Dolomieu, et Vandermonde, le mathématicien musicien. Et Gilbert Romme, le montagnard, et Grégoire, l’abbé, et Lakanal.

    Révolutionnaires, certains le furent avec enthousiasme et s’engagèrent au cœur de la mêlée : Bailly, l’un des leaders du tiers-état, maire de Paris ; un des premiers à prêter le serment du Jeu de paume. Condorcet, « le dernier des encyclopédistes », secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, un des premiers républicains, député de la Législative et de la Convention. Carnot, « l’organisateur de la victoire », responsable des armées de 1792 à 1797, membre du Grand Comité de salut public et du Directoire.

    Gaspard Monge, montagnard farouche, ministre de la Marine de la Législative, membre de la Convention. Fourcroy, suppléant de Marat à la Convention, membre du Comité du salut public avant et après Robespierre. Ainsi que le physicien Guyton de Morveau. Fourier, militant actif de la Société populaire d’Auxerre, membre du très redouté Comité de surveillance de la ville. Cousin, le mathématicien, administrateur des subsistances de la Commune de Paris. Chaptal, président du Comité d’insurrection de la révolte fédéraliste contre la Montagne. Berthollet, commandant de la garde nationale d’Aulnay, et Faujas de Saint-Fond, et tant d’autres…

    Si tous ne furent pas d’ardents révolutionnaires, tous répondirent aux appels de la Convention. Aux côtés du Comité de salut public, se tenait une sorte de « congrès de savants », qui l’aida à fonder la société qui était en train de naître. Présents dans les multiples comités, dans les assemblées, dans les groupes de travail, ils aidèrent la République à survivre, à vaincre et à devenir « la nation enseignante de l’Europe ».

    Aucun savant n’émigra ! Aucun ne rejoignit les royalistes qui campaient aux frontières avec l’ennemi.

    Des morts, il y en eut : Bailly, Lavoisier…, guillotinés.

    A noter qu’une partie de la noblesse et de la bourgeoisie fréquente les mêmes lieux de propagation des idées nouvelles (collèges, académies, sociétés littéraires, salons, loges maçonniques,…). Il en découle donc un état d’esprit commun.

    Les sociétés provinciales fournissaient aux anciens membres des loges ou des académies un endroit où discuter. Une intense correspondance leur permettait d’accroître leur influence et d’adresser leurs vœux à Paris. Bien que l’adhésion y fût moins chère que dans la capitale, le recrutement y était plus élitiste et moins populaire.

    Les clubs jacobins étaient les héritiers, en bonne partie, des loges maçonniques, des sociétés mesméristes, des sociétés philanthropiques et des chambres littéraires de l’époque prérévolutionnaire. 

    Les Lumières affirment le primat de la raison.

    L’Encyclopédie, par son prix, est réservée à un public aisé.

    Avec l’avènement de Louis XVI, les amis des philosophes accèdent aux postes de responsabilité : Turgot, Malesherbes, Necker.

    La propriété est considérée comme un droit naturel, inviolable et sacré, jusqu’à ce que Rousseau le définisse comme un produit de l’histoire des hommes, dans la dépendance par conséquent, d’un pacte social toujours réformable. Si Rousseau estime que la loi peut limiter le droit de propriété, il ne le supprime pas. D’autres iront plus loin.

    La régénération est un mot clé du vocabulaire du temps. La bienfaisance à l’égard du prochain se laïcise, elle devient sentiment civique, exigence d’action, le bien de chacun, et le bien de tous. Elle est utilité sociale. Triade : avec la liberté et l’égalité, la solidarité – on dira bientôt la fraternité – sont indispensables à toute régénération, à toute réforme.

    Si Jean Jacques Rousseau, et donc également Maximilien Robespierre, devaient étudier notre régime de ce jour, à savoir la V° république, ils le considèreraient comme peu démocratique. En effet il est d’une part, laissé très peu de place à la démocratie directe, et d’autre part, il y a négation de la souveraineté populaire au profit de la souveraineté nationale.

     

    DEUXIEME PARTIE : L’ŒUVRE : LES ANNEES 1789-1794 ; Robespierre-Blanche, Robespierre-Noire ; le roi, le pape, le général

    Dans cette seconde partie, je me place à un point de vue maçonnique, à savoir comment Robespierre a mené la lutte contre les trois oppressions, le roi, le pape et le général, symbolisés par la couronne, la tiare et la couronne de laurier.

    Du point de vue de la méthode, il ne m’apparaît pas possible d’avoir une conception scientifique de l’histoire de cette période, si l’on n’applique pas comme moteur général la lutte des classes.

    Ma thèse générale est la suivante :

    ·         La révolution française a contribué à mettre en place une nouvelle formation sociale, en détruisant radicalement la formation sociale précédente, le féodalisme ;

    ·         Robespierre est un représentant de la bourgeoisie révolutionnaire, qui a sans doute mené le plus loin cette mise en place du nouveau système ;

    ·         Mais en même temps que la bourgeoise, d’autres classes sociales avaient à la fois l’intérêt de détruire l’ancien état de chose, à savoir notamment la paysannerie et les « bras nus » ;

    ·         Si la bourgeoisie, dont Robespierre, a des intérêts communs avec toutes ces classes appartenant au tiers-état, par contre, la bourgeoise, dont Robespierre, avaient leurs intérêts propres, et donc elle s’est battue sur deux fronts, à la fois contre le féodalisme, mais aussi contre ce qu’elle appelait « l’anarchie », ou les « partageux » ;

    ·         C’est ce qui se dégage des trois exemples qui me permettront d’illustrer cela, à savoir :

    o       La lutte contre l’oppression du roi, et de la noblesse, la Terreur ; la propriété privée ;

    o       La lutte contre l’oppression religieuse, l’Etre suprême ;

    o       La guerre extérieure et la guerre civile.

    La révolution française est la mise à bas de l’Ancien Régime. La bourgeoisie et le peuple forment le Tiers Etat, et sont unis contre la noblesse et le haut clergé.

    Puis est apparue la Terreur, qui est une sorte de « peur de la Révolution », une peur du peuple qui entre en scène. Se met alors en place la dictature de la bourgeoisie : après la Terreur, c’est le Directoire et l’Empire de Napoléon, c’est-à-dire le règne de la famille bourgeoise, de la propriété privée, de l’égalité des droits et de toutes les valeurs bourgeoises. Il faut tenir le peuple à l’écart (suffrage censitaire).

    Il faut bien comprendre le contexte dans lequel se situe la révolution française : c’est un contexte dangereux, violent, où se manifestent de nombreuses résistances à l’instauration d’une nouvelle société, réactions tant extérieures (guerre avec les monarchies de l’Europe), qu’à l’intérieur.

    Robespierre : pourquoi tant de passion ? Robespierre, à la fois honni et adulé ?

    La Révolution n’est pas terminée ; elle se poursuit aujourd’hui !

     

    LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION CIVILE (LE ROI)

    Robespierre est partisan du suffrage universel et de l’accès de tous aux fonctions électives.

    Le 25 janvier 1790 est débattu le point de la contribution d’un marc d’argent pour avoir le droit d’être élu à l’Assemblée nationale. Robespierre s’oppose à cette proposition de décret et demande que « tous les Français seront admissibles à tous les emplois publics sans autre distinction que celle des vertus et des talents. »

    Il se déclare favorable au suffrage universel, hostile au système censitaire, et rejette l’idée de contraindre les députés de devoir s’acquitter d’un marc d’argent pour avoir le droit de siéger à l’Assemblée nationale constituante.

    Le 22 février 1790, il s’écrit en pleine Constituante : « Qu’on cesse de calomnier le peuple, que les ennemis de la révolution ne viennent pas lui reprocher des barbaries ».

    Le 5 décembre 1790, il s’oppose à une proposition de l’Assemblée nationale constituante qui exclurait les citoyens dits passifs, c’est-à-dire désargentés, de la garde nationale. Il déclare : « Les gardes nationales ne peuvent être que la nation entière pour défendre, au besoin, ses droits ; il faut que tous les citoyens en âge de porter les armes y soient admis sans aucune distinction. […] Aussi, qui a fait notre glorieuse révolution ? Sont-ce les riches ? Sont-ce les hommes puissants ? Le peuple seul pouvait la désirer et la faire ; le peuple seul peut la soutenir pour la même raison…On veut diviser la nation en deux classes dont l’une ne semblerait armée que pour contenir l’autre, comme un ramas d’esclaves toujours prêts à se mutiner… ».

    La bourgeoisie, puissante, ambitieuse, est décidée à confisquer au peuple la révolution, alors que Robespierre poursuit son idée : son idéal d’une démocratie pure et dure.

    A la fin d 1791, la bourgeoisie, représentée par le parti girondin, est prête à déclarer la révolution achevée, alors que Robespierre ne cesse de clamer qu’elle n’est pas achevée.

    La Terreur : A situation exceptionnelle, réaction exceptionnelle, même dans l’illégalité. C’est ce qu’affirme Robespierre.

    Massacres du 2 septembre :

    « Si on vous demande pourquoi il ne les a point empêchés, je vais vous le dire […]. Si vous avez pensé que le mouvement imprimé aux esprits par l’insurrection du mois d’août était entièrement expiré au commencement de septembre, vous vous êtes trompés. »

    Autrement dit, les massacres du 2 septembre ne sont que justice expéditive rendue par le peuple qui trouvait qu’on avait été trop indulgent envers les conspirateurs contre-révolutionnaires et qu’on n’avait condamné que trois ou quatre subalternes. A cela s’ajoute le manifeste de Brunswick, la perte de Longwy et de Verdun et la trahison évidente de La Fayette.

    La mort du Roi :

    « Louis ne peut être jugé ; il est déjà condamné ou la république n’est point absoute. Proposer de faire le procès à Louis XVI de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel : c’est une idée contre-révolutionnaire, car c’est mettre la révolution elle-même en litige… Les peuples ne jugent pas comme les cours judiciaires ; ils ne rendent point de sentences, ils lancent la foudre ; ils ne condamnent pas les rois, ils les replongent dans le néant. »

    Peu lui importe la culpabilité de Louis XVI, il faut l’exécuter pour faire un exemple qui effrayera jusqu’aux cours étrangères et qui interdira tout retour à la monarchie.

    Lutte contre les Enragés :

    En juin 1793, Robespierre combat Jacques Rous, du club des Cordeliers, qui fait partie de ceux qu’on surnomme les Enragés, qui veulent mettre en place une république égalitaire. Sont concernés Hébert, Pache, maire de Paris, et Chaumette.

    Sur ce plan, Robespierre est inflexible. Le bourgeois qu’il est ne peut envisager une révolution n qui serait pratiquement communiste.

    Robespierre fera arrêter les membres influents des Cordeliers, soit tout l’état-major des Enragés, dont Hébert, qu’il accusera d’être du parti de l’étranger. Les meneurs seront guillotinés. La rupture est consommée entre ceux qui croyaient en une révolution sociale et Robespierre qui ne l’avait au fond jamais envisagée.

    Puis Robespierre élimine les Indulgents, dont Danton et Camille Desmoulins.

    Il faut contester une légende. Robespierre ne sera jamais le chef de la Terreur, mais il l’accompagnera sans état d’âme et sans protester, et même parfois en l’approuvant ouvertement.

    Robespierre est sans concession dans la lutte qu’il mène contre l’ancien régime. Il veut la mort du roi, même sans jugement.

    Robespierre : « Louis a été détrôné par ses crimes… la victoire et le peuple ont décidé que lui seul était rebelle, il est déjà jugé, il est condamné ou la République n’est point absoute. » « Louis a dénoncé le peuple comme rebelle …Je prononce à regret cette fatale vérité, mais Louis doit mourir parce qu’il faut que la patrie vive ! »

    Robespierre : « Le sentiment qui m’a porté à demander, mais en vain, à l’Assemblée constituante l’abolition de la peine de mort est le même qui me force aujourd’hui à demander qu’elle soit appliquée au tyran de ma patrie et à la royauté elle-même dans sa personne. J vote pour la mort. »

    Robespierre a lutté pour détruire l’Ancien régime tant pour éliminer le féodalisme, les privilèges de la noblesse, et substituer à cette société féodale une société bourgeoise, remplaçant la propriété féodale par la propriété capitaliste. Il a combattu cette ancienne société également sur le plan religieux, contre le deuxième état, le clergé, substituant à l’Eglise catholique le culte de l’Etre suprême.

     

    I)   ROBES-PIERRE BLANCHE : L’ŒUVRE REVOLUTIONNAIRE :

    1)    PARTICIPATION A LA REVOLUTION :

    Le journaliste :

    Il aurait collaboré en 1789 et 1790 à la rédaction de l’Union ou Journal de la Liberté.

    En 1792, Robespierre a créé un journal Le Défenseur de la Constitution, puis Les Lettres à ses commettants qui en sont la suite, presqu’entièrement rédigés par Robespierre.

    Dans ces écrits, les thèses politiques inspirées par les jacobins alternent avec la polémique que Robespierre soutient dans cette grave question de la guerre et des périls qui, selon lui, dans les conditions tragiques où la France se trouvait en 1792, compromettent le sort de la révolution elle-même.

    La Cour, les triumvirs (Barnave, Lameth et Duport), La Fayette, mais encore les chefs de la Gironde, étaient alors disposés à modifier la constitution de 1791.

    Robespierre craignait une république aristocratique, ploutocratique et militaire, selon les vœux de La Fayette.

    Il publiera Le Défenseur de la Constitution du 19 mai 1792 (numéro 1, 64 pages) au 20 août 1792 (numéro 12, 48 pages).

    Robespierre, élu à la Convention nationale, publiera les Lettres de Maximilien Robespierre, membre de la Convention Nationale de France à ses Commettants. Cette publication comprend 22 numéros, en 2 séries ; la première de 12 livraisons, finissant avec l’année 1792, la deuxième de 10 livraisons, dura jusqu’en avril 1793.

    Robespierre dénonce les sourdes menées des classes privilégiées (alors la noblesse et déjà la puissante bourgeoisie), afin d’empêcher la réalisation des réformes populaires, dont elles n’ont pu empêcher le vote, mais qu’elles cherchent à dénaturer, dont elles prétendent retarder l’application, et qui n’hésitent pas à recourir même au crime de désertion, d’appel à l’invasion étrangère, de lèse-patrie, pour maintenir leur domination, pour sauver leur fortune, leurs titres, leur puissance.

    Robespierre : « Nous sommes les sans-culottes et la canaille ».

    En 1789, Mirabeau dit de Robespierre : « Il ira loin, il croit tout ce qu’il dit. »

    Condorcet a discrédité Robespierre en le traitant de « populiste ».

    Robespierre participa à la vie politique dans sa province à la veille de la révolution, faisant paraître un mémoire intitulé À la Nation artésienne, sur la nécessité de réformer les Etats d’Artois. Puis, appuyé par sa famille et ses amis, il se porta candidat à la représentation du Tiers état aux Etats généraux ; la corporation des savetiers mineurs, la plus pauvre, mais la plus nombreuse, lui confia la rédaction de leur cahier de doléances le 25 mars 1789.

    Elu le 26 avril 1789 parmi les huit députés du Tiers état de l’Artois, il se rendit à Versailles, où il  s’installa avec trois de ses collègues, cultivateurs, à l’hôtellerie du Renard, rue Sainte Elisabeth.

    A l’Assemblée constituante, sa première intervention à la tribune parlementaire date du 18 mai 1789 ; il prit la parole environ soixante fois de mai à décembre 1789, une centaine de fois en 1790 et autant de janvier à la fin de septembre 1791.

    Son discours contre la loi martiale du 21 octobre 1789 en fit l’un des principaux animateurs de la révolution.

    Il participa à l’élaboration de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ainsi qu’à la première constitution de 1791.

    Robespierre défendit aussi les Sociétés populaires. Par la suite, il prononça un discours pour l’abolition de la peine de mort, le 30 mai 1791.

    En octobre 1789, Robespierre rejoignit la Société des Amis de la Constitution, plus connue sous le nom de club des Jacobins. Après le 6 décembre 1790, date à laquelle il rompit avec Mirabeau, il devint le principal animateur des Jacobins, nouant de précieuses relations avec les groupements patriotes de province.

    A l’origine de la Convention nationale, élue au suffrage universel, Robespierre était l’une des principales figures de la Montagne, avec Danton et Marat.

    La Montagne : Le symbole à la fois maçonnique et messianique de la montagne, antonyme des « cavernes du despotisme », a paru approprié à  ces députés de la Convention qui souhaitaient porter au plus haut l’idéal révolutionnaire.

    Au symbole de la Montagne s’oppose, dans l’évocation de la Convention, la « stagnation hideuse » du marais, situé par Victor Hugo au-dessous de la Plaine.

    1789 : le Tiers-Etat devient la nation.

    Robespierre est une figure qui incarne les contradictions et les ambiguïtés de la Révolution française.

    Les riches, qui s’identifient avec l’Etat, et le peuple. Nouveau joug sur le peuple, le capitalisme.

    Lutte de classes : la noblesse, la bourgeoisie, les paysans, les prolétaires.

    Les enragés (Chaumette, Musine, Tiger, Coupé) eurent le courage de s’attaquer aux réputations établies, à la plus haute, à celle à laquelle il était le plus dangereux de toucher, ils osèrent défier l’idole Robespierre : « Le peuple, écrivait Leclerc, ne sera jamais éclairé sur ses véritables intérêts (…) tant que les hommes seront assez lâches pour fléchir servilement sous quelques despotes insolents de l’opinion publique. »

    La Société des Femmes Révolutionnaires de Claire Lacombe poussa la témérité jusqu’à appeler Robespierre « Monsieur Robespierre », injure impardonnable à l’époque.

    En s’unissant aux aristocrates contre la bourgeoisie, les sans-culottes eussent tourné le dos à leur émancipation. Ils avaient intérêt, d’une part, à assurer le triomphe de la révolution bourgeoise, au besoin contre la bourgeoise elle-même, et d’autre part, à dépasser la révolution bourgeoise par une lutte de classes indépendante.

    La dictature de « salut public » n’était pas dirigée seulement contre l’autocratie, mais aussi contre l’avant-garde populaire.

    Les plus avancés des bras nus s’inquiétaient du jeu trouble de Robespierre, médiateur trop habile entre bourgeois et bras nus.

    La révolution bourgeoise ne pouvait triompher que si les bras nus voulaient bien continuer à verser leur sang pour elle.

    Placée entre l’avant-garde populaire qui voulait résoudre d’une manière plébéienne les problèmes de la révolution bourgeoise et une fraction de la bourgeoisie qui, par haine de classe, préférait tourner le dos à la révolution plutôt que de mettre sa main dans celle des bras nus, la Montagne n’hésita pas.

    Jeanbon Saint-André et Elie Lacoste : « Il faut très impérieusement faire vivre le pauvre, si vous voulez qu’il vous aide à achever la révolution. »

     

    2)    LA CONSTITUTION DE L’AN I :

    L’établissement de la séparation des pouvoirs est l’héritage immédiat de Montesquieu. L’article 16  des Déclarations des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 définit ce qu’est un régime constitutionnel, un régime qui possède une véritable constitution. Cette constitution n’existe qu’à deux conditions, l’établissement de la séparation des pouvoirs et la garantie des droits.

    Cet aspect est critiqué par Jean-Jacques Rousseau : Rousseau est à l’opposé de Montesquieu. Pour Montesquieu, le pouvoir doit être modéré, et donc divisé, remis entre plusieurs mains. Montesquieu est pessimiste.

    En revanche, Rousseau est plus optimiste. Il se refuse à considérer que le pouvoir soit mauvais en soi. Dès lors, pourquoi le diviser ? Il s’attache au contraire à promouvoir l’unité du pouvoir, et il s’en prend à Montesquieu dans une page célèbre de son Contrat social : « Les charlatans du Japon, dit-on, dépècent un enfant aux yeux des spectateurs, puis, jetant en l’air tous ses membres, l’un après l’autre, ils font retomber l’enfant vivant et tout rassemblé. Tels sont à peu près les tours de gobelets de nos politiques : après avoir démembré le corps social par un prestige digne de la foire, ils rassemblent les pièces, on ne sait comment. »

    Rousseau met en place une distribution verticale et démocratique du pouvoir.

    Montesquieu a une défiance pour le peuple, tout à fait impropre selon lui à gouverner, en revanche, pour Rousseau, il en va tout autrement.

     

    3)    LA TERREUR : LA VIOLENCE REVOLUTIONNAIRE

    Robespierre lie toujours la Terreur et la Vertu :

    « Quel est le principe fondamental du gouvernement démocratique. C’est la vertu, je parle de la vertu publique qui opéra tant de prodiges dans la Grèce et à Rome, et qui doit en produire de bien plus étonnants dans la France républicaine ; de cette vertu qui n’est autre chose que l’amour de la patrie et de ses lois. »

    Le 10 juin 1794 : le début de la Grande Terreur.

    Robespierre est le maître. Il a imposé sa dictature. En se débarrassant des Girondins, puis des partisans de Hébert et de ceux de Danton, il a fait place nette à sa droite t à sa gauche. Ses partisans, les Montagnards, sont minoritaires dans l’opinion. Mais, avec le soutien des sans-culottes parisiens, ils étaient parvenus à établir au printemps 1793 un gouvernement d’exception, afin de briser toute opposition dans le pays : détenteur du pouvoir exécutif, le comité de salut public a organisé la Terreur qui s’appuie sur le tribunal révolutionnaire et sur la loi des suspects. Sont ainsi réputés suspects et arrêtés les ci-devant nobles et leurs parents, toute personne n’ayant pas un certificat de civisme, les prêtres assermentés ou non à la constitution et tous ceux « qui par leur conduite, leurs relations, leurs propos, leurs écrits se montrent partisans des ennemis de la liberté ». Le décret du 10 juin 1794 vient encore durcir ces dispositions : Toute lenteur est un crime, toute formalité indulgente est un danger public. » Plus d’avocat pour les accusés et une seule peine : la mort ! C’est la Grande Terreur qui s’étend à la France. Rien qu’à Paris, 2000 personnes sont guillotinées au mois de juin. Ce régime s’achève après la mort de Robespierre le 28 juillet. Au total, on estime que 500000 personnes ont été emprisonnées, 300000 assignées à résidence et 16600 ont été exécutées.

    La violence est consubstantielle à la Révolution française.

    La terreur est une forme d’organisation administrative de l’Etat. Affrontements politiques.

    Robespierre a fait jeter sur la planche à bascule les Girondins, ces bourgeois trop bien élevés, et tous ceux qui ont pactisé un tant soit peu avec eux ; il a aussi épuré les Jacobins. Même la tête de certains Montagnards est allée rouler dans le panier à son. Celles de ses amis qui ont pris position trop ouvertement pour les thèses des athées.

    En ce printemps 1794, tous les grands noms qui ont incarné à tour de rôle les idéaux révolutionnaires ont disparu dans la tourmente : Vergniaud, Brissot et 21 de leurs amis, Pétion, qu’il appelait son frère, et Roland, que l’on nommait le Vertueux. Sa femme, Madame Roland, Condorcet, le savant, président de la Convention, qu’il a obligé à se suicider. Il y a eu la fournée des Corrompus, celle des Indulgents, et pour faire bonne mesure, celle des Exagérés. Il a fait couper en deux Hébert et sa bande de lyncheurs, Danton et ses compagnons, Camille Desmoulins, son ancien condisciple à Louis le Grand, à qui il servit de témoins lors de son mariage.

    Si grand est désormais le pouvoir de Robespierre que d’avoir une opinion est déjà un crime de lèse-révolution. Depuis qu’il a obtenu la tête de Louis XVI, il semble lui-même investi d’une sorte de pouvoir absolu, de droit divin. C’est sans débat, sans interrogation, sans discussion et sans défenseur, qu’il a voulu faire jeter le roi dans la fosse à chaux.

    Robespierre : « Si Louis peut être l’objet d’un procès, il peut toujours être absous ; il peut être innocent : que dis-je ? Il est présumé l’être jusqu’à ce qu’il soit jugé ; même si Louis est absous, si Louis peut être innocent, que devient la révolution ? ».

    Seul, il l’est depuis toujours, depuis l’enfance, et la mort qu’il brandit toujours plus haut l’isole tous les jours davantage.

    Deux hommes désormais peuvent seuls franchir comme ils veulent la porte du dieu vivant : Saint-Just et Couthon, le paraplégique.

    Il y a un aspect positif et un aspect négatif de la Terreur. Il y a une Terreur « d’en haut » et une Terreur d’ « en-bas ». La Terreur d’en-bas correspond à la pression exercée par le mouvement sans-culotte. Il y avait parfois convergence entre ces deux tendances.

    Il a pu y avoir aussi répression par la Terreur d’Etat des revendications égalitaires et démocratiques radicales des sans-culottes, et ce dès avant Thermidor – sort des hébertistes, des enragés, de Jacques Roux,… --. C’est même la démoralisation populaire qui s’ensuivit qui éclaire la passivité relative des quartiers populaires lors de la chute de Robespierre.

    La Terreur était nécessaire historiquement pour organiser la mobilisation armée contre les armées monarchiques étrangères et leurs complicités aristocratiques en France.

     

    II)               ROBES-PIERRE NOIRE : L’ŒUVRE REACTIONNAIRE : ROBESPIERRE, REPRESENTANT DE LA CLASSE BOURGEOISE

    LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION POLITIQUE (LE ROI)

    Pour ce qui est de la lutte contre l’Ancien régime, on peut dire que Robespierre a fait largement son travail, travail qui l’a mené à une mort précoce, à 36 ans.

    Il a du utiliser pour ce faire, la violence, et il ne pouvait pas en être autrement, car il en a toujours été ainsi lorsqu’une classe sociale dominée a remplacé une autre classe sociale dominante.

    S’il a contribué à détruire l’oppression féodale, Robespierre n’a pas libéré l’humanité de toute oppression, mais il a remplacé l’oppression féodale par l’oppression bourgeoise, et ceci à divers niveaux :

    ·         Droits bourgeois, dont la propriété bourgeoise (propriété privée des moyens de production) ;

    ·         Culte de l’Etre suprême, et non pas liberté de croyance et de conscience et laïcité ;

    ·         Nouvel esclavage des « bras nus » et du peuple (Loi Le Chapelier, refus de la loi agraire,…)

    ·         Lutte contre les représentants u peuple (Enragés, hébertistes,…)

    En raison du caractère de classe de Robespierre et de la réalité sociale de l’époque, il ne pouvait pas en être autrement.

    Au cours de la période révolutionnaire qui transforme la société féodale en société capitaliste, il convient de tenir compte des éléments suivants :

    ·    Nécessité de recourir à la violence ;

    ·    Tenir compte des classes sociales existantes. La bourgeoisie doit à la fois lutter contre la noblesse et le haut clergé, en tenant compte de l’apport des autres classes sociales du tiers-état (bras nus, artisans, paysans,…), mais aussi contenir les velléités de ces diverses classes sociales inférieures, qui tentent inéluctablement à imposer leurs propres intérêts.

    Déclaration de Robespierre le 5 décembre 1790 (Discours sur les gardes nationales) :

    « Loin de regarder la disproportion énorme des fortunes qui place la plus grande partie des richesse dans quelques mains comme un motif de dépouiller les restes de la souveraineté inaliénable, je ne vois là pour le législateur et pour la société qu’un devoir sacré de lui fournir les moyens de recouvrer l’égalité essentielle des droits, au milieu de l’inégalité inévitable des biens. »

    « L’inégalité inévitable des biens » : cette phrase montre que Robespierre ne saute pas le pas de l’égalitarisme réel, et ne le sautera jamais jusqu’à sa mort.

    Robespierre appartient à la bourgeoisie et ne peut pas concevoir l’égalité de tous devant l’argent. Pour clairvoyant qu’il soit, Robespierre ne conçoit pas une société où il n’y ait pas de riches et de pauvres, mais il demande simplement que les seconds aient autant de droits que les premiers, ce qui est une utopie et un contre-sens, l’argent, seul, permettant souvent l’obtention de droits que les pauvres ne possèderont jamais.

    Jamais Robespierre ne parviendra à prendre conscience clairement de cette question. Il restera un bourgeois toujours révolutionnaire, mais il ne sera jamais du peuple, quoi qu’il fasse, et quelle que soit sa popularité parmi les concitoyens les plus démunis.

    « Je ne suis pas le défenseur du peuple […], je suis du peuple, je n’ai jamais été que cela, je neveux être que cela. Je méprise quiconque a la prétention d’être quelque chose de plus. »

     

    1)    LES DROITS DE L’HOMME :

    Cette déclaration de principe, tout en s’inspirant du texte américain de 1776, se définit de portée générale et s’adresse aux hommes de tous temps et de tous les pays, consacrant ainsi sa vocation « universelle ». Les guillemets sont nécessaires à « universel », puisque les droits qu’elle renferme ne s’adressent qu’aux individus de sexe masculin et disposant d’un revenu minimum.

    Avec le Directoire en 1795, on revient à un texte proche de 1789, et pendant 150 ans l’idéologie économique libérale va s’accommoder d’une conception restrictive des droits de l’homme, même si elle a constitué une avancée incontestable par rapport au féodalisme.

    Prédominent les droits individuels, et il faudra attendre la révolution russe de 1917, pour que les divers pays, sous la pression des classes sociales défavorisées, se résolvent à élargir peu à peu le champ d’action des droits de l’homme à des droits collectifs prenant en compte la dimension sociale de la personne humaine.

    Il faudra attendre 1948 et la Déclaration universelle pour que droits individuels et droits collectifs soient proclamés en même temps et sur le même plan, au bénéfice de l’humanité en son entier.

    Robespierre montre une fois de plus ses limites en n’intervenant pas contre la loi Le Chapelier qui, le 14 juin 1791, interdit la grève et les coalitions ouvrières. Etonnante, cette indifférence de la part d’un esprit aussi prêt à sauter sur toutes les occasions pour affirmer les droits du peuple !

    Dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789, c’est l’égalité juridique qui est consacrée, c’est-à-dire que ce n’est pas une égalité sociale, économique ou même politique. C’est l’égalité en droit. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit précise l’article 1. Cette égalité signifie égalité devant la loi, et notamment devant la loi pénale. Egalement, égalité d’accès aux emplois. Enfin, égalité devant l’impôt, revendication la plus répandue dans les cahiers de doléances.

    La Déclaration proposée par Robespierre :

    « Le droit de propriété est borné, comme tous les autres par l’obligation de respecter les droits d’autrui. Tout trafic qui viole ce principe est essentiellement illicite et immoral. La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres. Les secours indispensables à celui qui manque du nécessaire sont une dette de celui qui possède le superflu. La société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique et mettre l’instruction à la portée de tous les citoyens. Le peuple est le souverain ; le gouvernement est son ouvrage et sa propriété ; les fonctionnaires publics sont ses commis. Tout loi qui viole les droits imprescriptibles de l’homme est essentiellement injuste et tyrannique, elle n’est point une loi. Toute institution qui ne suppose pas le peuple bon et le magistrat corruptible est vicieuse. Les hommes de tous les pays sont frères, et les différents peuples doivent s’entraider selon leur pouvoir, comme les citoyens du même Etat. Celui qui opprime une seule nation se déclare ennemi de toutes. Ceux qui font la guerre à un peuple pour arrêter les progrès de la liberté et anéantir les droits de l’homme, doivent être poursuivis par tous, non comme des ennemis ordinaires, mis comme des assassins et comme des brigands rebelles. Les rois, les aristocrates, les tyrans, quels qu’ils soient, sont des esclaves révoltés contre le souverain de la terre qui est le genre humain et contre le législateur de l’univers qui est la nature. »

     

    2)    APOLOGIE DE LA PROPRIETE PRIVEE :

    L’expropriation des biens des émigrés et de l’Eglise.

    Les biens nationaux : la vente des biens nationaux attacha sans doute au nouveau régime des milliers d’acheteurs. Mais ceux-ci se recrutaient surtout au sein de la bourgeoisie urbaine.

    Les « bras nus » (sans-culottes, enragés). Prolétaires du XIX° siècle. Problème de la propriété : le droit de propriété est rappelé dans les articles 2 et 17 de la Déclaration de 1789, ce qui en souligne l’importance pour les rédacteurs du texte. Il ne fait que refléter leur état de « possédants » et sa légitimation est destinée à asseoir durablement leur pouvoir. Il est donc de pure opportunité et doit être qualifié d’ »idéologique », car on ne voit pas en quoi la propriété serait consubstantielle à l’homme. A noter également qu’en 1789, l’évolution ne faisait que commencer, et qu’elle prendra son plein régime en 1793 et 1794. Cependant, son caractère bourgeois restera marqué, et le droit de propriété absolue l’emportera, étant codifié notamment dans le code « Napoléon » de 1804.

    La bourgeoisie hésite à chaque instant entre la solidarité qui l’unit au peuple contre l’aristocratie et celle qui unit l’ensemble des possédants contre les non-possédants. Elle redoute davantage le péril rouge que le péril blanc.

    Jaurès note qu’ « aucun des démocrates de la gauche la plus populaire, ni Robespierre, ni Pétion, n’osèrent parler de l’expropriation sans indemnité. »

    Bien des auteurs vont sentir le danger qu’il y a à la trop grande disproportion des fortunes. L’influence de Rousseau est ici déterminante.

    Jean Jacques Rousseau, Le Contrat social : « L’état social n’est avantageux aux hommes qu’autant qu’ils ont tous quelque chose, et qu’aucun d’eux n’a rien de trop. » et « La terre est par l’ordre de la nature, le domaine réel de l’homme. »

    Sylvain Maréchal, futur compagnon de Babeuf écrit dans Des pauvres et des riches en 1791 : « Ce sont les pauvres qui ont fait la révolution, mais ils ne l’ont pas fait à leur profit, car depuis le 14 juillet, ils sont à peu près ce qu’ils étaient avant le 14 juillet 1789. »

    Le problème essentiel, qui est au cœur de la révolution française, c’est bien entendu celui de la propriété et du pouvoir que donne cette propriété.

    Louis XVI, en septembre 1789, réaffirmera la nécessité de l’inégalité des fortunes, au moment où l’ébranlement est donné par la nuit du 4 août 1789. Par la suite, les possédants agitent à leurs propres yeux l’oripeau de la loi agraire, pour que, de leur peur, naisse une cohésion de classe. Ils y réussissent d’ailleurs parfaitement, fin 1792-1793.

    Barnave : « L’anéantissement de la royauté serait suivi de l’anéantissement de la propriété. »

    Marat dans La Constitution, ou projet de déclaration des droits de l’homme (1789) : « Dans une société où certains privilégiés jouissent dans l’oisiveté, le faste et les plaisirs, des biens du pauvre, de la veuve et de l’orphelin, la justice et la sagesse exigent également, qu’au moins une partie de ces biens aille enfin à leur destination ,par un partage judicieux entre les citoyens qui manquent de tout : car l’honnête citoyen que la société abandonne à sa misère et à son désespoir, rentre dans l’état de nature, et a droit de revendiquer à main armée des avantages qu’il n’a pu aliéner que pour s’en procurer de plus grand : toute autorité qui s’y oppose est tyrannique, et le juge qui le condamne à la mort n’est qu’un lâche assassin. »

    La différenciation au sein du tiers-état était déjà accentuée et ne cessa, pendant les cinq années de la révolution, de s’approfondir. Le bourgeois de 1789 était déjà un personnage considérable. Propriétaire terrien, gros négociant, industriel, titulaire d’une charge (office de justice, de finances, etc.), son genre de vie, ses manières, son costume même l’apparentait bien davantage à la classe aristocratique qu’à celle des travailleurs manuels. L’inflation, la vie chère, d’un côté, et de l’autre, les fructueuses acquisitions de biens nationaux, les énormes bénéfices réalisés sur les fournitures de guerre creusèrent un début de scission entre bourgeois et sans-culottes. Le pauvre se paupérise davantage, tandis que la richesse du riche se fit plus insolente.

    Les bras nus mènent la révolution bourgeoise jusqu’à son terme. La peur de la bourgeoisie

    Un divorce dans la bourgeoisie révolutionnaire : Les Girondins ne veulent pas payer le concours des bras nus.

    Girondins et Montagnards sont les membres de la même classe. Il n’y avait entre eux aucune divergence fondamentale. Ils étaient, les uns et les autres, de zélés défenseurs de la propriété privée.

    Les Montagnards, comme Maximilien de Robespierre, de Saint-Just de Richebourg, Hérault de Séchelles, Barère de Vieuzac, Danton, Marat, Hébert, Billaud-Varenne, prônaient aussi le caractère intangible et sacré de la propriété privée, tout comme les Girondins, comme Vergniaud, Roland et Condorcet.

    Girondins et Montagnards dénoncèrent avec une égale horreur la « loi agraire », la communauté des biens. Ils avaient la même crainte de la démocratie directe, de l’intervention du peuple souverain en armes dans la vie publique, du fédéralisme populaire, le même attachement à la fiction parlementaire et à la légalité, au centralisme politique. Les uns et les autres étaient les adeptes convaincus du libéralisme économique. Ils vantaient en termes identiques, les avantages de la liberté sur la contrainte. Ils étaient, du point de vue des principes, hostiles à toute réglementation, à toute taxation.

    Les uns, les Montagnards, n’hésitaient pas à solliciter le concours des bras nus pour sauver la révolution bourgeoise et poursuivre la guerre jusqu’à la victoire. Les autres, les Girondins, en arrivèrent à souhaiter transiger avec la contre-révolution intérieure et extérieure, plutôt que de lâcher la bride, même temporairement, aux sans-culottes.

    Baudot : « Les Girondins voulaient transporter l’action du pouvoir dans les classes comprises dans l’aristocratie secondaire de la société, la Montagne voulait y faire participer la population entière. »

    Entre les deux fractions bourgeoises, il y avait des différences d’intérêts. Les Girondins étaient soutenus par la bourgeoisie intéressée au commerce et à l’exportation des biens de consommation.

    Les Montagnards, au contraire, représentaient la fraction de la bourgeoisie à qui l’inflation, l’acquisition des biens nationaux, les fournitures aux armées, et plus tard les fabrications d’armes procurèrent des bénéfices énormes.

     

    3)    LA PAYSANNERIE ET LA LOI AGRAIRE :

    Les Girondins ne veulent pas payer le concours des bras nus.

    Girondins et Montagnards appartenaient à la même class. Ils étaient les uns et les autres, de zélés défenseurs de la propriété privée.

    Montagnards : ils avaient des manières aristocratiques : Maximilien de Robespierre, de Saint Just de Richebourg, Barère de Vieuzac, Hérault de Seychelles, Danton, Marat, Hébert, Billard de Varenne,…

    Girondins : Brissot, Vergniaud, Roland, Condorcet, Clavière, Barbaroux, Ducos, Bailleul…

    Ils dénoncèrent avec une égale horreur, la « loi agraire », la communauté des biens. Ils avaient la même crainte de la démocratie directe, de l’instruction du peuple souverain en armes dans la vie publique, du fédéralisme populaire, le même attachement à la fiction parlementaire et à la légalité, au centralisme politique. Les uns et les autres étaient des adeptes convaincus du libéralisme économique.

    Le conflit mettait aux prises, non pas deux classes, mais deux fractions d’une même classe :

    ·    Les Girondins et les contre-révolutionnaires à l’intérieur et à l’extérieur ;

    ·    Les Montagnards et les bras nus.

    Le spectre de la loi agraire sera agité dès le mois de septembre, à propos d’un texte de Momoro De la convention nationale (1792). On découvre dans ce texte les germes de conflit qui devait opposer la Commune de Paris à la Convention et finir par la révolution du 31 mai 1793.

    J.P. Rabaut, De l’égalité (1793) : « Le gouvernement démocratique ne peut subsister longtemps avec l’immense inégalité des fortunes. »

    Le député Harmand, de la Meuse, dans un Discours : « Mais comment les institutions sociales peuvent-elles procurer à l’homme cette égalité de fait que la nature lui a refusée sans attenter aux propriétés territoriales et industrielles ? Comment y parvenir sans la loi agraire et sans le partage des fortunes ? »

    Dupont : « L’homme ne tient de la nature qu’un seul droit de propriété, celui du fruit de son travail ; tous les autres sont l’effet de la loi (…). Je pose donc pour second principe que nul individu dans la république ne doit exister sans travailler. »

     

    4)    LE DOUBLE POUVOIR ET LE RENFORCEMENT DU POUVOIR CENTRAL :

    Robespierre a su d’abord être à la tête des deux pouvoirs, la convention et la Commune de Paris. Puis il y a scission de ces deux pouvoirs, car contradiction d’intérêt, ce qui explique la chute de Robespierre.

    Il y a synchronisation de deux dates :

    ·    Décret sur la liberté des cultes, le 6 décembre ;

    ·    Décret par lequel furent mis définitivement en place les premiers éléments d’un pouvoir central fort, le 4 décembre.

    La loi du 4 décembre : la bourgeoisie nous présente comme l’apogée de la révolution une loi qui, dans certaines de ses dispositions, marque le début de la réaction.

    C’est l’étape de la formation de la monstrueuse machine de l’Etat par laquelle la bourgeoisie va asservir le prolétariat aux siècles suivants.

    Ainsi, un des mobiles de l’évolution qui commence le 4 décembre semble bien avoir été la volonté de la bourgeoisie révolutionnaire de réduire – en attendant de le briser – le pouvoir des masses.

    Ce fut le Comité de Salut public qui, contre les masses populaires, amorça l’évolution qui ; d’étape en étape, devait conduire aux préfets d’Empire.

    Considérant le régime de 1793, il ne faut pas confondre, sous les divers mots de « dictature de salut public », « dictature montagnarde », « dictature jacobine », « gouvernement révolutionnaire », deux sortes de contraintes :

    ·    D’une part, un pouvoir populaire, démocratique, décentralisé, propulsé du bas vers le haut, celui des sans-culottes en armes, groupés dans leurs sections, leurs clubs, leurs communes, exigeant à l’occasion de revers extérieurs le châtiment impitoyable de l’ennemi intérieur ;

    ·    D’autre part, une dictature bourgeoise, autoritaire, centralisée, propulsée du haut vers le bas, et dirigée non seulement contre l’aristocratie, mais aussi et de plus en plus contre les bras nus, contre les organes du pouvoir populaire.

    La tendance vers le premier de ces types de pouvoir se manifeste dès le 10 août 1792 et dans les semaines qui suivent : au lendemain de la chute de Longwy et de Verdun, la Commune insurrectionnelle s’empare d’une partie du pouvoir et elle arrache à la bourgeoisie, ou prend elle-même, des mesures radicales en vue d’écraser la contre-révolution. Les massacres de Septembre marquent l’apogée de cette ébauche de contrainte populaire.

    Mais la bourgeoisie oblige le torrent à rentrer dans son lit, et, par ailleurs, la victoire militaire de l’automne 1792 et du début de 1793, rendent moins nécessaire un régime d’exception.

    La tendance à une contrainte populaire se manifeste à nouveau, en mars-avril 1793, lorsqu’on apprend successivement à Paris, le soulèvement de la Vendée, la trahison de Dumouriez, l’évacuation de la Belgique, l’invasion du territoire national. Les bras nus se soulèvent comme au 10 août, ils exigent que la république frappe vite et fort.

    La bourgeoisie montagnarde craint un instant une explosion du mouvement des masses, le renouvellement des massacres de Septembre, dont elle a conservé un si mauvais souvenir. Elle prend elle-même en main la Terreur. Elle la dirige d’en haut, pour éviter qu’elle ne surgisse d’en bas. Elle crée les rouages d’exception réclamés par les sans-culottes, mais elle les crée sous son contrôle, à son profit ; elle fait servir au renforcement du pouvoir central la pression des bras nus en faveur d’une dictature populaire ; le Comité de Salut public, le tribunal révolutionnaire voient le jour en tant qu’instruments de la domination bourgeoise. Les Girondins comprennent fort bien la différence qu’il y a entre une contrainte populaire, que les Montagnards redoutent autant qu’eux, et la dictature de salut public qui s’instaure. C’est pourquoi ils s’associent au vote des mesures d’exception. Ils en escomptent un renforcement de l’exécutif, dont eux-mêmes, du moins ils l’espèrent, pourront éventuellement tirer profit. C’est ainsi qu’ils essaieront d’utiliser le Tribunal révolutionnaire, peu après sa création, pour faire juger et condamner à mort Marat.

     

    LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION RELIGIEUSE (LE PAPE)

    Le déisme de Robespierre n’est pas éloigné de la notion d’un dieu, Grand Architecte de l’Univers, selon Rousseau.

    Robespierre se méfie du clergé, toujours en rapport avec les contre-révolutionnaires, alors que la France est en guerre contre eux, et il demande avec insistance que les prêtres réfractaires au serment à la Constitution et à la vente des biens du clergé soient arrêtés.

    La création du calendrier républicain, les décadis, par Fabre d’Eglantine qui commence en vendémiaire, an II de la république, est faite dans une intention anticléricale pour que la vie des Français ne soit pas rythmée ^par les fêtes religieuses. La déchristianisation de la France est en marche, la fête de la déesse Raison a lieu à Notre-Dame. De nombreux prêtres se défroquent officiellement et font assaut de zèle révolutionnaire.

    Robespierre, en disciple de Rousseau, est déiste. Il voit d’un mauvais œil cette politique s’accentuer sous la pression des Hébertiste et décide de lui donner un coup d’arrêt. Il le fait lors d’un discours prononcé à la Convention, le 1° frimaire, an II ’21 novembre 17*3). : « « Gardons-nous de blesser cet instinct sacré et ce sentiment universel des peuples. L’idée d’un Grand Etre qui veille sur l’innocence opprimée et qui punit le crime triomphant est toute populaire. »

    Il prononce cette phrase : « Si Dieu n’existe pas, il faudrait l’inventer. »

    Robespierre élève au niveau de divinités et souhaite que l’on fête la Liberté, l’Egalité, la République, la Vérité, la Justice, la Pudeur, l’Enfance, la Jeunesse, l’Age viril, le Bonheur, etc.

    Sur la charrette qui l’emmène à la guillotine, Robespierre est insulté par des gens qui lui reprochent d’avoir institué la loi du maximum des salaires.

    La fête de l’Unité sur la place de la Concorde le 10 août 1793/

    C’est la fête de l’Unité et de l’indivisibilité, dont les cinq grandes étapes ont été soigneusement mises en scène par David. Elle inaugure les grandes cérémonies de la Convention montagnarde. Les épreuves de l’eau et du feu, qui scandent le parcours initiatique proposé, renvoient à des références maçonniques. 

    Robespierre a contribué à lutter contre le fanatisme religieux et contre le monopole de l’Eglise catholique, le haut clergé étant l’allié de la noblesse. Mais il n’a pas été conséquent dans cette lutte, n’allant pas jusqu’à l’athéisme, ni jusqu’à la laïcité et la séparation de l’église et de l’Etat. Il a préféré substituer au culte ancien le culte de l’Etre suprême.

    Du point de vue religieux, je donnerai à Robespierre une boule noire : s’il a effectivement combattu avec détermination l’Eglise catholique, alors hégémonique, et alliée du féodalisme, contribuant à donner la liberté de croyance aux autres cultes (juif, protestants,…), il n’a pas été jusqu’au bout de la logique. Il a persécuté les déchristianisateurs, et a cherché à imposer le culte de l’Etre suprême, s’inspirant de la profession de foi du vicaire savoyard de Jean Jacques Rousseau.

    Le catholicisme, et la religion en général, sont éminemment un reste féodal de très grande importance.

     

    5)    LE CULTE DE L’ETRE SUPREME :

    Robespierre : « Prêcher l’athéisme n’est qu’une manière d’absoudre la superstition et d’accuser la philosophie ; la guerre déclarée à la divinité n’est qu’une diversion en faveur de la royauté. »

    « L’idée d’un Grand Etre qui veille sur l’innocence opprimée et qui punit le crime  triomphant est toute populaire. »

    La déchristianisation, la laïcité. Joseph Fouché, déchristianisateur en chef.

    La révolution est impuissante à détruire les fondements religieux de l’autorité monarchique. Michelet voit dans le christianisme et la révolution deux principes incompatibles. Edgar Quinet, pour sa part, affirme que, religieuse en son essence, la révolution procédait de l’inspiration du christianisme primitif.

    Par la Terreur, les révolutionnaires « ont eu peur de la révolution ». (Edgar Quinet).

    Marx : « Tout le terrorisme français ne fut qu’une manière plébéienne d’en finir avec les ennemis de la bourgeoisie, l’absolutisme, le féodalisme et l’esprit étriqué petit-bourgeois. »

    Réinstaurer le culte de l’Etre Suprême. BABEUF.

    Problème de la déchristianisation. Identification entre l’Eglise et la féodalité (Moyen-âge)

    Le 6 mai, l’Incorruptible monte à la tribune. Il a revêtu ses habits sacerdotaux, une redingote bleu ciel et des bas blancs.

    Dans le silence de mort qui accueille à présent chacune de ses apparitions, il se dresse et dévisage d’abord longuement, sans parler, la figure de plusieurs députés présents. Puis il commence avec une voix étrange, à la fois exaltée et monocorde…

    Il établit d’abord que les Français sont au comble du bonheur : « C’est dans la prospérité, dit-il, que les peuples doivent se recueillir pour écouter la voix de la sagesse… »

    Par degrés, il demande aux députés de reconnaître l’existence d’un «  Etre suprême et l’immortalité comme puissance dirigeante de l’Univers. » Puis à la stupeur des uns, à l’enthousiasme des autres,… il veut donner à sa vibrante profession de foi la forme d’un … décret d’application immédiate !...

    Le décret fabuleux qui institue en France une nouvelle religion et propose une fête dans le style des célébrations antiques est voté d’enthousiasme et sans discussion.

    La fête de l’Etre suprême aurait empêché que le catholicisme français ne bascule entièrement du seul côté de la contre-révolution.

    La fête du 8 juin 1794 : autels de l’Etre Suprême ;

    Pour ramener dieu sur terre, Robespierre s’adjoint le plus doué des metteurs en scène, le peintre David. Il règle lui-même la musique des cérémonies et surveille de près l’élaboration des textes confiés à Marie-Joseph de Chénier, frère du grand poète, qui avait lui, encore deux mois à vivre.

    Des statues cyclopéennes se dressent au-dessus des jardins à la française, devenus Jardin national. Elles symbolisent l’Athéisme, l’Ambition, la Discorde et voleront en éclats le jour de la cérémonie…

    C’est le 20 prairial, an II, qu’elle aura lieu et, Robespierre a choisi le dimanche où, selon les anciens rites catholiques, devait se fêter la pentecôte.

    Au Champ-de-Mars s’édifie la Sainte-Montagne.

    Quand l’Incorruptible paraît ; les orchestres entament leurs symphonies sur fond de roulements de tambour. Lorsqu’il parvient à la plus haute place du théâtre, éclate une salve d’artillerie.

    Robespierre : « Il est enfin arrivé, le jour à jamais fortuné que le peuple consacre à l’Etre Suprême ».

    500 000 parisiens l’ovationnent.

    Une femme hurle : « Tu es un dieu, Robespierre ! »

    Eclate la Symphonie au père de l’univers.

    La foule festoie et chante.

    Certains députés maugréent : « Ce n’est pas assez d’être le maître…Ce bougre-là voudrait donc être un dieu ! »

    Ce 8 juin 1794, fête de l’Etre Suprême, il reste à Robespierre cinquante jours à vivre.

    Le sens et le but de cette fête étaient de remplacer le culte païen, desséché et matérialiste de la Raison, par une religion restaurant une transcendance, un dieu,…

    Disciple de Rousseau, qu’il qualifie d’ « homme divin », Robespierre est persuadé que l’homme est un « animal religieux ».

    John Locke, dans la Lettre sur la tolérance : « Ceux qui nient l’existence d’un Dieu, ne doivent pas être tolérés, parce que les promesses, les contrats, les serments et la bonne foi, qui sont les principaux liens de la société civile, ne sauraient engager un athée à tenir sa parole. »

    Stefan Zweig : « On ne pardonne pas à un homme qui vous a fait tant peur. »

    Le 10 thermidor, il est guillotiné avec son frère, Saint-Just, Couthon, et 17 de ses amis, soi 21 personnes au total.

    Ce qui cause sa perte à l’origine c’est la certitude des députés (Fouché, Barras,…) qu’il veut instaurer une religion nouvelle dont il sera le grand prêtre. Ce n’est pas bien sûr, le dieu de la religion chrétienne qu’il voulait instaurer. Il voulait certainement en finir radicalement avec les institutions chrétiennes et abolir 2000 ans de christianisme « perverti » pour revenir à l’esprit et à la liturgie de la République romaine, à la religion de l’Antiquité.

    Au début de 1793, l’aile la plus importante et la plus riche de la bourgeoisie (la Gironde), lâche pied par peur et par haine des sans-culottes. La Montagne, fraction la plus audacieuse de la bourgeoisie, va hésiter à son tour à pousser la lutte jusqu’au bout. La Montagne va donner un brusque coup de frein à la déchristianisation, parce que terrifiée par le torrent révolutionnaire. C’est précisément parce que la bourgeoisie fut sans cesse poussée en avant, harcelée par une avant-garde prolétarienne (enragés, hébertistes,..) que des coups décisifs purent être portés à la contre-révolution.

    Marx : « La bourgeoisie, avec ses conceptions timorées et trop conciliants, n’eût pas eu assez de plusieurs dizaines d’années pour achever cette besogne. » Si elle l’accompagne en moins de 5 ans, ce fut grâce à « l’intervention sanglante du prolétariat ».

    Engels : « Sans l’élément plébéien des villes, la bourgeoisie seule n’aurait jamais mené la bataille jusqu’à la décision. »

    Nous verrons la Montagne donner un brusque coup de frein à la déchristianisation parce que, terrifiée par le torrent révolutionnaire, elle préféra, avec Robespierre, ne pas se priver complètement de l’appui que pouvait lui apporter l’Eglise et la religion, gardienne traditionnelle de l’ordre.

    Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité – Séance du 1° frimaire an II (21 novembre 1793) – 2° intervention : Pour la liberté des cultes.

    La déchristianisation s’était d’abord affirmée dans les départements, sous l’impulsion de certains représentants en mission, ainsi Fouché dans la Nièvre et l’Allier. Elle fut ensuite imposée du dehors à la Convention. Le 16 brumaire an II (6 novembre 1793), l’Assemblée décréta qu’une commune avait le droit de renoncer au culte catholique. La déchristianisation, dès lors, se précipita. Le 16 brumaire, aux Jacobins, Léonard Bourdon prononça un violent discours contre les prêtres, puis le Comité central des sociétés populaires, où s »’agitaient des extrémistes comme Desfieux, Pereira, Proli, donna lecture d’un projet de pétition pour la suppression du budget des cultes. Le 17 brumaire (7 novembre), sous la pression des promoteurs de cette pétition, soutenus par les représentants Anacharsis Cloots et Léonard Bourdon, Gobel, évêque de Paris, paraissait à la barre de la Convention, avec ses vicaires, et se démettait solennellement.

    Le 20 brumaire (10 novembre) eut lieu, sur l’initiative de Chaumette et de la Commune, une fête de la Liberté dans la ci-devant église métropolitaine Notre-Dame. La Convention, qui avait assisté en corps à cette fête, décréta, à la requête de Chaumette, que Notre-Dame serait consacrée à la Raison. En quelques jours, la vague de déchristianisation  emporta les sections parisiennes. Le 3 frimaire (23 novembre), la Commune sanctionna un état de fait en décidant la fermeture des églises.

    Le péril de l’athéisme militant fut dénoncé, dès le 17 brumaire, par Laveaux, dans l’officieux Journal de la Montagne. Son article suscita le lendemain, aux Jacobins, une première escarmouche entre partisans et adversaires de la déchristianisation. Hébert reprocha à Laveaux « d’avoir ouvert sur Dieu, un être inconnu, abstrait, des disputes qui ne convenaient qu’à un capucin en théologie ». Robespierre cependant, prenant l’offensive, aux Jacobins, rompit le courant et mit fin aux hésitations de la Convention. Me 19 brumaire, il fit l’apologie de la politique gouvernementale, attaqua les sociétés sectionnaires qui constituaient un des éléments les plus actifs de la déchristianisation, et dévoila les ambitions secrètes de Hébert et des siens : « Ils veulent nos places…Eh bien ! Qu’ils les prennent. » Le 27 brumaire, dans son rapport sur la situation extérieure de la république, il signale le danger de la déchristianisation : elle risque d’aliéner les neutres.

    Le 1° frimaire, Robespierre revient à la charge, aux Jacobins, et se prononce avec force pour la liberté des cultes. Tout en dénonçant ceux qui « veulent faire une sorte de religion de l’athéisme lui-même », il prend soin, pour ne pas accentuer les divisions naissantes dans le parti de la Montagne, de ménager Hébert. Il réserve ses coups aux « agents de l’étranger », Desfieux, Dubuisson, Pereira, Proli, « ces hommes immoraux », qu’il fit exclure de la Société. Robespierre reconnaissait cependant la nécessité de surveiller le clergé, de dépouiller les églises pour alimenter le Trésor, mais il stigmatisait les violences. Toutes les propositions de Robespierre furent adoptées par la Société.

    La Mère de Dieu :

    Catherine Théot, née le 5 mars 1716 à Barenton, décédée le 1° septembre 1794 à la Petite Force à Paris, est une mystique et une visionnaire française, prophétesse autoproclamée de la fin de l’ancien régime et de l’époque de la révolution française.

    En juin 1794, quelques semaines avant sa chute, les ennemis de Robespierre au Comité de sûreté générale, sans doute avec la complicité de certains membres du Comité de salut public, montent grâce à elle « une affaire »destinée à le ridiculiser ainsi que le culte de l’Etre suprême auquel il est associé.

    En 1793, les « enragés », rassemblés autour de Hébert, ont résolu d’en finir avec l’Eglise. Leur porte-parole, Chaumette, un philanthrope, inventeur d’une guillotine à roulettes, qui facilite grandement la besogne des trancheurs, est saisi d’une véritable frénésie anticatholique.

    Dans les cimetières, il fait remplacer les croix par des statues du Sommeil, puisque l’âme ne peut être immortelle, et aux évêques « jureurs », il demande de jeter la mitre, la crosse et l’anneau, et de proclamer : « Tous les titres du charlatanisme sont déposés à la tribune du peuple, nous sommes régénérés ! ».

    Robespierre ne veut pas extirper du cœur des Français le sentiment religieux. Mais il veut qu’ils embrasent une religion nouvelle. Qu’ils remplacent l’adoration de Dieu de l’Eglise par le culte de l’Etre suprême, fondé sur la raison et la fraternité. Le 18 floréal an II, ou 7 mai 1794, il fait voter par la Convention, où nul désormais n’ose le contredire, l’acte de naissance d’une religion dont il sera le grand pontife. Pendant … un peu plus d’un mois ! C’est déjà beaucoup trop pour les partisans de l’athéisme absolu. Certes Hébert vient d’être coupé en deux, mais ses amis, aux Jacobins et même à la Convention, cherchent et s’agitent. Pendant que Robespierre établit avec David, le peintre, et Chénier, le poète, les rites et les cantiques de la nouvelle religion, ils cherchent comment jeter au bas de ses autels cet Etre là, et son pontife.

    Ennemis de Robespierre, Vadier, député montagnard qui exècre tout autant Robespierre que sa divinité, et Barère, surnommé « l’Anacréon de la guillotine », montent de toute pièce l’affaire Catherine Théot, servante, illettrée, catéchèse, la Mère e Dieu.

    La Mère enseigne que l’Incorruptible est le nouveau Messie, l’incarnation de l’Etre suprême, envoyé sur la terre pour faire de la France le Paradis.

    Fête de l’Etre suprême. A la Convention, huit jours après, Barère fait éclater sa bombe : Robespierre était le disciple d’une vieille folle mystique ! C’est Catherine Théot, la Mère de Dieu, qui a inventé l’Etre suprême et qui a persuadé l’Incorruptible qu’il était le nouveau Messie !

    La police trouve chez Catherine Théot une recette pour fabriquer une épée magique qui rend invisible, mais surtout de nombreux brouillons de lettres, toutes adressées à son « cher fils » Robespierre et dans lesquelles elle le gratifie du nom de « Guide des milices célestes » et d’ « ange du Seigneur ».

    Rapport fait par Vadier le 27 prairial (15 juin 1794) : alors que Robespierre présidait la convention, Vadier prétendit dévoiler la conspiration de Catherine Théot – spirituellement rebaptisée Théos --, une vieille illuminée. Parmi ses adeptes se trouvaient l’ancien constituant Dom Gerle, à qui Robespierre avait fait délivrer un certificat de civisme, et un médecin mesmérien Quesvremont Lamotte.

    Deux manœuvres semblent avoir été dirigées pour ridiculiser Robespierre :

    1.      Le 15 juin 1794, Marc Vadier (1736-1828), membre du Comité de sûreté générale, lit un rapport prouvant que la fête de l’Etre Suprême a été organisée en liaison avec un groupe d’illuminés se réunissant rue de la Contrescarpe, comprenant le chartreux dom Gerle (1736-1801), les prophétesses Suzanne Labrousse (1747-1821) et Catherine Théot 1716, 1° septembre 1794). Ce groupe saluait Robespierre comme le Messie.

    2.      On exécute, revêtus de chemises rouges (tenue des condamnés pour parricide), une simple d’esprit, Cécile Renault (20 ans), accusée d’avoir voulu poignarder Robespierre le 23 mai, et 52 autres accusés considérés comme ses « complices ». L’opinion publique est choquée de la mégalomanie du « tyran » (qui n’a rien fait pour interdire la mascarade).

    Lors de la fête du 20 prairial an II apparaissent les premières manifestations antirobespierristes, troublant l’étonnant cérémonial davidien : « Parmi ceux qui dirent beaucoup d’injures à Robespierre pendant la procession, confie Baudot, je distingue particulièrement Thirion, Ruamps, Montaut, Duhem, Le Cointre de Versailles. » Tous étaient de la Montagne et trois d’entre eux passaient pour proches de Danton, dont Le Cointre qui aurait alors déclaré : « Robespierre, j’aime ta fête, mais toi, je te déteste ! ».

    Robespierre ne suit pas Rousseau dans sa rigueur lorsqu’il autorise le bannissement de l’incroyant « non comme impie, mais comme insociable ». Ainsi, lorsque le 26 floréal (15 mai) 1794, le jeune Julien (de Paris), agent du comité de salut public et commissaire à l’Instruction publique, propose aux Jacobins une adresse de félicitations à la convention où figure la proposition de bannir les athées de la république, Robespierre demande le retrait de ce paragraphe, sur le motif que « ce serait inspirer trop de frayeur à une grande multitude d’imbécilles ou d’hommes corrompus. ». Et de conclure : « Je crois qu’il faut laisser cette vérité dans les écrits de Rousseau, et ne pas la mettre en pratique. »  A la même séance, d’ailleurs, il prend la défense du Montagnard Lequinio ; accusé s’athéisme pour ses écrits Les préjugés détruits et Du bonheur : « Lorsque nous avons développé les principes immortels qui servent de base à la morale, di Robespierre, nous en avons parlé en hommes publics et sous le rapport de l’intérêt sacré de la liberté (…). Que nous importe ce que tel a dit, ce qu’il a écrit ? Ce qui nous intéresse est de savoir si tel est un conspirateur. »

    On a souvent opposé Danton à Voltaire et Rousseau pour écrire que, pour Voltaire, il fallait un trône sans l’autel, pour Rousseau, un autel sans trône, tandis que pour Danton, il ne devait y avoir ni autel, ni trône.

    Robespierre dans son Rapport dénonçait bien sûr l’Eglise et ses « prêtres ambitieux » qui avaient voulu légitimer les monarchies (le despotisme) et s’étaient érigés en autorités intermédiaires (tyranniques) entre l’homme et la Divinité : rien de très original, ici, en cette fin du XVIII° siècle.

    MATERIALISME ET IDEALISME :

    De cette conception de L’Etre suprême de Robespierre, résulte la double conception suivante, qui vise à maintenir la religion, tout en permettant la possibilité de la science :

    1.      Du point de vue de sa pratique, le savant est résolument matérialiste et athée (la raison seule, déterminisme, méthode expérimentale, observation et expérimentation,…)

    2.      Du point de vue de sa vie privée, le savant peut croire en une religion (la foi, Dieu, la création,…)

    Cette conception du monde repose sur le cartésianisme (métaphysique idéaliste chrétienne, physique matérialiste athée), et la conception déiste de Voltaire : « Si Dieu n’existe pas, il faut l’inventer », car c’est une conception utile pour contenir les velléités de libération du peuple.

    A la différence que Robespierre instaure une religion d’Etat. Ce sera un obstacle à la mise en œuvre du principe de laïcité, qui devra attendre 1905. A cette conception s’oppose la conception résolument matérialiste et athée des déchristianisateurs, des enragés, puis de Babeuf.

    On a chez Rousseau (Profession de foi du vicaire savoyard) la base du culte de l’Etre suprême, un dieu statique réfutant les tendances religieuses, au nom du pur individualisme.

    Ce culte de l’Etre suprême sera la base idéologique et culturelle de l’Etat bourgeois français, né de la révolution bourgeoise de 1789.

     

    LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION MILITAIRE (LE GENERAL)

    Robespierre, tant qu’il siège à la Constituante, se méfie des officiers de l’armée, qu’il trouve suspects, en particulier La Fayette.

    Robespierre est d’abord hostile à la guerre. Il prend en compte l’impréparation de l’armée française, dont les officiers ont pour la plupart rejoint l’émigration.

    Robespierre, avant de précipiter la France dans une guerre à laquelle elle n’est pas préparée, préconise un certain nombre de mesures, ne pas déclarer la guerre actuellement, fabriquer des armes, armer le peuple au besoin avec des piques, surveiller de près les ministres et le punir s’il le faut, s’occuper du peuple et de sa misère avant de se lancer dans un conflit coûteux.

    Et il convient avant tout de pourchasser les prêtres réfractaires qui constituent à ses yeux un foyer de contre-révolution.

    Robespierre sait bien que la Cour peut tirer profit d’une guerre et qu’elle intrigue dans ce sens.

    L’obsession de Robespierre, qui sur ce point n’a pas tord, reste l’encadrement des armées par des officiers naturellement issus de l’Ancien Régime et peu enclins à servir le nouveau pouvoir. Ainsi, dénonce-t-il sans cesse leur trahison. :

    Les erreurs et les crimes de la révolution : les fusillades qui se multiplient à Lyon et à Nantes Carrier noie de prétendus suspects en liant homme et femme l’un à l’autre en appelant cela « un mariage républicain », pendant qu’à Lyon, Fouché se conduit comme un criminel, et que les Vendéens sont exterminés. Tallien mène également des exactions sanguinaires à Bordeaux.

    Il convient de distinguer au XVIII+ siècle, deux types de guerres : les guerres de rapine, guerres pour se procurer des richesses, et les guerres de libération, guerres contre l’oppression. Les premières sont des guerres injustes, les secondes sont des guerres justes. Ainsi, la guerre pour dominer la Belgique, entre l’Angleterre et la France est une guerre de rapines. Par contre la guerre entre les rois coalisés et la France républicaine est une guerre juste pour propager les idées nouvelles en Europe et au-delà.

    Robespierre s’est opposé aux guerres injustes et a prôné les guerres dans l’intérêt général.

    Du point de vue militaire, ma position est mitigée, mais plutôt j’attribuerai une boule blanche.

    Robespierre a bien entrevu l’aspect impérialiste des guerres entreprises par une partie de la haute bourgeoisie (Belgique, colonies,…). Il s’est rendu compte également que les fauteurs de guerre (la Cour, les Girondins,…) avaient pour objectif réel et caché d’affaiblir et de faire envahir le territoire français par les ennemis de la République.

    Il s’opposait à l’extension des droits révolutionnaires par les fusils : les idéaux révolutionnaires et la destruction des systèmes féodaux ne s’exportent pas par la force armée.

    Cependant, il a su mener le combat pour préserver les acquis révolutionnaires.

     

    6)    LA GUERRE EXTERIEURE :

    Robespierre, le 18 décembre 1791 : « La nation ne refuse point la guerre si elle est nécessaire pour acheter la liberté ; mais elle repousse tout projet de guerre qui serait proposé pour anéantir la liberté et la constitution sous le prétexte de la défendre. »

    Il fait allusion au parti de la guerre autour du roi « qui espère que celle-ci nous sera défavorable et rétablira le souverain dans ses droits anciens. »

    Le 20 avril 1791, l’Assemblée législative décide de déclarer la guerre « au roi de Bohême et de Hongrie ».

    Robespierre : « Puisque la guerre est décrétée […] il faut faire comme je l’ai proposé plusieurs fois, non pas la guerre de la cour et des intrigants dont la cour se sert, mais la guerre du peuple : il faut que le peuple français se lève désormais et s’arme tout entier, soit pour combattre au-dehors, soit pour surveiller le despotisme au-dedans. »

    La déclaration de guerre est pleine d’arrières pensées :

    ·    Les brissotins veulent, avec la guerre, briser la monarchie ;

    ·    La guerre peut permettre de relancer la Révolution ;

    ·    La guerre peut permettre au roi de retrouver tous ses pouvoirs.

    Deux guerres différentes :

    ·    La guerre contre les émigrés et leurs alliés, les rois de l’Europe ;

    ·    La guerre bourgeoise pour la suprématie commerciale et pour les colonies.

    Ces guerres coutèrent à la France, jusqu’en 1799, un peu moins de 500 000 hommes.

    Comportement par rapport à la guerre :

    Les Girondins sont favorables à une croisière de la libération en Europe. Ils veulent aussi un compromis avec le roi.

    Les paysans plutôt contre-révolutionnaires en Vendée.

    Robespierre estime qu’il y a trois risques dans la guerre :

    ·         L’occupation de peuples ;

    ·         La diversion : le retour du mouvement de réaction en France ;

    ·         Le despotisme si l’aspect militaire prend le dessus.

    Robespierre est pacifiste par rationalité.

    Puis, quand la guerre éclate, il faut gagner la guerre, mais ne pas faire une guerre d’annexion.

    Solutions pour financer la guerre : l’impôt, ou l’emprunt. Les biens nationaux. Refus de la bourgeoisie.

    L’inflation finance la guerre : Voici l’évolution d’un assignat de 100 francs :

    ·    Juin 1791 : 85

    ·    Janvier 1792 : 66

    ·    Mars : 53

    ·    Janvier 1793 : 55

    ·    Mars : 50

    ·    Avril : 47

    ·    Juillet : 33

    ·    Septembre : 29.

    Chiffes éloquents et qui tracent la courbe des souffrances et des colères populaires. Les conséquences : hausse rapide des denrées de première nécessité, d’une part, pénurie de ces mêmes denrées, d’autre part.

    Les représentants du peuple (Roux, Leclerc, Varlet) entrevirent que la guerre – la guerre bourgeoise, la guerre pour la suprématie commerciale – aggravait la condition des bras nus ; ils aperçurent la grande escroquerie de l’inflation, source de profits inouïs pour les riches, ruineuse pour le pauvre.

    La scission à éviter :

    Le développement intrinsèque de la révolution devait à lui seul conduire à une différenciation au sein du tiers-état. Mais un événement extérieur à la révolution et qui se greffa sur elle accéléra le processus de scission entre bourgeois et bras nus : la guerre. La bourgeoisie finança la guerre par l’inflation. La guerre, l’inflation lui procurèrent des profits énormes. Mais, parallèlement, l’émission désordonnée de signes monétaires eut pour conséquence la disette et la vie chère. Le contraste, chaque jour plus criant ente l’opulence bourgeoise et la détresse populaire creusa, surtout dans les villes, un embryon de scission entre les riches et les pauvres.

    Malgré leur lutte commune contre l’ancien régime, les deux fractions du tiers-état s’opposèrent l’une à l’autre, commencèrent à se constituer en deux classes distinctes aux intérêts antagonistes. A Paris, notamment, une avant-garde aperçut, bien qu’encore confusément, que cette révolution à laquelle elle avait prêté la force de ses bras et pour laquelle elle avait versé son sang, ne lui apportait pas en fait l’égalité proclamée en droit, qu’elle enrichissait les uns et appauvrissait les autres.

    La guerre, du côté français, la prétention d’apporter la liberté aux pays voisins semble bien n’avoir été qu’un prétexte recouvrant des appétits très matériels.

    Qui paiera la guerre ?

    Puisque la bourgeoisie ne voulait pas payer (ni impôt, ni emprunt), il ne restait qu’une seule ressource : puiser les milliards nécessaires à la guerre, pour une part, dans les poches des contre-révolutionnaires et, pour une part beaucoup plus importante, dans les poches du peuple. La bourgeoisie confisqua les biens du clergé et des émigrés, et elle se lança dans l’inflation. Saint-Just : « La république, entraînée dans la guerre universelle, fut obligée de multiplier les monnaies pour subvenir à d’énormes dépenses. »

    Conceptions divergentes sur la question de la guerre : Robespierre se brouille avec Carnot.

    Les relations entre les membres du comité de salut public s’étaient dégradées depuis floréal an II, notamment entre Carnot et Saint-Just. La campagne s’étant mal engagée sur la frontière du Nord, des considérations stratégiques opposèrent bientôt les deux hommes, le militaire n’entendant pas recevoir de leçons. Carnot, qui s’était déjà prononcé pour la guerre de conquête, en 1793, proposait l’annexion de la Flandre maritime et une expédition en Hollande, alors que Saint-Just prônait une tactique strictement défensive sur la Sambre. Dans le domaine militaire, Carnot se situait aux antipodes de Robespierre, Saint-Just ou bien Billaud-Varenne.

     

    TROISIEME PARTIE : LA LUTTE CONTRE LES « BRAS NUS »

    Dans cette troisième partie, enfin, je souhaite donner quelques éléments sur les intérêts défendus par les représentants les plus proches des « bras nus », ceci contre la bourgeoisie et Robespierre.

    Robespierre et son groupe ont-ils été incapables de dresser un programme social cohérent ?

    « Citoyens, déclarait Billaud le 1° floréal, nous avons promis d’honorer le malheur, il sera bien plus beau de le faire disparaître. ». Tel était déjà le projet social qu’annonçait Saint-Just le 8 ventôse dans son Rapport « Sur les personnes incarcérées » : « Abolissez la mendicité qui déshonore un état libre. », et le 13 ventôse, il lançait la proposition « d’indemniser tous les malheureux avec les biens des ennemis de la révolution. » En ce sens, le décret du 22 floréal complète le maximum général décrété en septembre 1793. Selon Saint-Just il s’agit de rallier les patriotes indigents pour lesquels on n’a encore rien fait, de montrer que le bonheur, « idée neuve en Europe », n’est pas une idée creuse. Ayant pour objectif, comme les décrets de ventôse, de « faire tourner la révolution au profit de ceux qui la soutiennent », elle inaugure aussi un nouveau lien social. Elle réalise les promesses de la Déclaration des droits, et fit des secours publics une « dette » de la société.

     

    A)   LA LUTTE CONTRE LES REPRESENTANTS DES BRAS NUS :

    Selon Victor Hugo, dans les Reliquats de Quatre-vingt-Treize, « Le peuple qui suivait Robespierre, c’était le peuple, le peuple qui suivait Danton, c’était la nation […] Le peuple qui suivait Marat, c’était la populace. »

    La lutte contre les bras nus a pour objectif d’asseoir la domination de la bourgeoisie.

    Fondamentalement conservatrice, la première révolution n’avait ni allégé l’impôt, ni détruit le féodalisme. Elle avait, en revanche, coïncidé avec une paupérisation accrue des masses et un schisme religieux.

    La Convention, au nom de la défense de la révolution, s’engagea de plus en plus dans la voie de l’extrémisme. Autour de Robespierre, certains commençaient à mettre en cause le libéralisme économique.

    Grâce à l’appui ambigu des sans-culottes, les jacobins réussirent à imposer leur dictature.

    Les bras nus se dressaient contre la révolution. Ils protestaient contre une révolution inachevée.

    Les 730 élus de la Convention firent cependant une politique économique favorable à la propriété privée et à la liberté du commerce des grains, hostile aux émeutes de subsistances et aux troubles agraires. Aucun conventionnel, même à l’extrême gauche, ne s’identifia jamais aux aspirations populaires sur ce point.

    La Commune de Paris : les militants parisiens obtinrent le 5 avril, un impôt forcé sur les riches, destiné à financer le pain des pauvres.

    A  partir de novembre 1793, Robespierre va se poser sous un aspect nouveau, « en guillotinant l’anarchie ». C’est ainsi qu’il appelait les premiers socialistes, Jacques Roux, etc. Au cœur de Paris même, dans les noires et profondes rues ouvrières (les Arcis, Saint Michel) fermentait le socialisme, une révolution sous la révolution. Robespierre s’alarma, frappa, et se perdit…Dès cette heure, il était perdu.

    Les enragés, les hébertistes et les babouvistes tentèrent de dépasser le cadre de la révolution bourgeoise. De 1789 à 1794, la révolution a progressé par bonds successifs. Ensuite, la bourgeoisie a empêché les sans-culottes de pousser plus loin.

    Fin novembre 1793, puis le 9 thermidor (27 juillet) 1794 sont les points où la révolution atteint son apogée, et où le reflux commence.

    Karl Marx : « La théorie devient une force matérielle lorsqu’elle s’empare des masses. » (Critique de la philosophie du droit de Hegel).

    Karl Marx : « Des idées ne peuvent jamais mener au-delà d’un ancien état du monde, elles ne peuvent jamais que mener au-delà des idées de l’ancien état de choses. Généralement parlant, des idées ne peuvent rien mener à bonne fin. Pour mener à bonne fin des idées, il faut des hommes qui mettent en jeu une force pratique. » (La Sainte Famille)

    Dans les fracas de l’écroulement d’une vieille société, en même temps qu’il faut se battre aux frontières, la contre-révolution est là, partout, avec ses traitres avoués, issus de l’ancien règne des rois et des prêtres, ou cachés en faux révolutionnaires qui ont peur d’être entraînés au-delà de leurs intérêts nés de la révolution.

    Ce qui distingue l’avant-garde des sans-culottes des Robespierristes et des Jacobins, c’est déjà une notion de classe, diffuse, certes, et que pour eux les mesures révolutionnaires ne sont pas de circonstance.

     

    1)    Hébert et les hébertistes :

    Plébéiens : par plébéiens, j’entends des hommes issus du peuple ou proche du peuple, mais déjà élevés au-dessus du peuple, différenciés de celui-ci, et ayant, par conséquent, des intérêts particuliers distincts des siens. Qu’ils fussent d’origine populaire, comme Chaumette et Rossignol, où qu’ils fussent des bourgeois déclassés comme Hébert et Ronsin, ils n’étaient pas les interprètes directs et authentiques des bras nus.

    Les mots d’ordre du mouvement « exagéré », en partie repris de ceux de Jacques Roux et des Enragés sont : répression contre les accapareurs, taxes sur les « riches », création d’armées révolutionnaires, etc. Mis en cause pour ses positions « extrémistes », et pour son soutien à la déchristianisation, Hébert est attaqué par les « Indulgents », mais aussi par Robespierre.  En ventôses an II, les Cordeliers dénoncent les « endormeurs » du Comité de salut public et en appellent à une nouvelle insurrection. Le 23 ventôse (13 mars 1794), Hébert et ses amis (Ronsin, Momoro, Vincent, etc.) sont arrêtés. Condamnés à mort par le Tribunal révolutionnaire, ils sont guillotinés le 4 germinal (24 mars), quelques jours avant les Indulgents. Avec ce « drame de germinal », le gouvernement révolutionnaire se coupe d’une partie de son soutien révolutionnaire.

     

    2)    Les sans culottes

    Jacques Roux, Théophile Leclerc, Jean Varlet. Les représentants principaux du mouvement révolutionnaire populaire.

    Il y a une différence entre les Jacobins (dont Robespierre) et les enragés. L’idéal des enragés n’est pas une société où richesse et pauvreté – avec moins d’écarts – s’équilibreraient harmonieusement. Ils ont bien senti que la richesse, en soi, était contre-révolutionnaire par les pouvoirs économiques et politiques qu’elle réservait à une minorité. Ce qu’ils souhaitent – mais il faut se sortir d’abord de la guerre, de la famine latente – c’est un bien-être en progression.

    Il y a donc des antagonismes entre les « hommes d’Etat », qui avaient à établir les armes à la main, la république bourgeoise, et les enragés qui, alors même que la république bourgeoise n’était pas assurée, tendaient vers une république populaire, sans avoir les moyens, eux, de faire de ce peuple – en immense majorité paysan – la classe dominante. Et ceci, en grande partie, à cause de la puissance de l’Eglise, objectivement alliée à la bourgeoisie possédante.

    Dès avant l’ouverture des Etats généraux, de nombreux auteurs opposent le riche et le pauvre tiers-états et estiment à l’approche des élections, en ce début de 1789, que les pauvres ne seront représentés que par des gens qui sont en opposition d’intérêt avec eux. Ce qui sera effectivement le cas.

    Exemple : le Chevalier de Moret, dans une lettre adressée à Necker en 1789 : « Cette classe du Tiers-Etat de la ville de Paris, dont les individus paient au-dessous de six livres de capitation… la dite-classe est sans contredit la plus nombreuse de la capitale, la plus utile et la plus précieuse à l’Etat. C’est elle en un mot, qui convertissant en or les matières les plus abjectes, est l’âme du commerce, donne l’existence et enrichit l’autre classe du Tiers-Etat. »

    Les enragés, Jacques Roux, Théophile Leclerc, Jean Varlet furent en 1793, les interprètes directs et authentiques du mouvement des masses. Pour Karl Marx, ils furent « les représentants principaux du mouvement révolutionnaire ».

    Saint-Juste : « Les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent. »

    Avec Gracchus Babeuf, tous quatre présentent un certain nombre de points communs. Ils avaient fait de bonnes études. Jacques Roux appartenait à une famille aisée. Il était fils d’un officier devenu magistrat. S’étant fait prêtre, il avait enseigné la philosophie et la physique expérimentale dans divers séminaires, pour exercer ensuite la fonction d’aumônier dans un château. Leclerc, fils d’un ingénieur des Ponts et Chaussées, avait reçu une certaine instruction. Varlet, commis des postes, appartenait également à une « bonne famille ». Il possédait un revenu annuel de 5800 livres et avait été un brillant élève du collège d’Harcourt. Babeuf, fils d’un officier, et lui-même arpenteur-géomètre et spécialiste du droit féodal, était fort instruit.

    Ils entrevirent que la guerre – la guerre bourgeoise, la guerre pour la suprématie commerciale – aggravent la condition des bras nus ; ils aperçurent la grande escroquerie de l’inflation, source de profils inouïs pour le riche, ruineuse pour le pauvre.

    Jacques Roux, le 25 juin 1793 : « La liberté n’est qu’un vain fantôme, quand une classe d’hommes peut affamer l’autre impunément. L’égalité n’est qu’un vain fantôme, quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie et de mort sur son semblable. La république n’est qu’un vain fantôme, quand la contre-révolution s’opère de jour en jour par le prix des denrées auquel les trois quarts des citoyens ne peuvent atteindre sans verser des larmes. […]. Les riches […], depuis quatre ans, ont profité des avantages de la révolution. L’aristocratie marchande, plus terrible que l’aristocratie nobiliaire et sacerdotale, s’est fait un jeu cruel d’envahir les fortunes individuelles et les trésors de la république. […]. ». « Les biens du clergé et les domaines nationaux ont presque tous passé dans les mains de personnes enrichies du sang de la veuve et de l’orphelin. »

    Ne pouvant sortir du cadre de la propriété privée, les enragés se contentèrent de réclamer des mesures destinées à limiter, et non à supprimer, les effets du système capitaliste alors naissant.

    Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité – Séance du 5 aout 1793 – Contre Jacques Roux et Leclerc.

    Revenant sur la proposition de Danton à la Convention, le 1° août, d’ériger le Comité de salut public en gouvernement provisoire, Vincent, secrétaire général du ministère de la guerre, la considère « comme attentatoire à la souveraineté du peuple, comme émanée de conspirateurs ». La vivacité de ces attaques amena une riposte immédiate de Robespierre. Délaissant Vincent, dont il sait la forte position au ministère de la guerre, mais l’audience bien moindre auprès des sans-culottes, Robespierre attaque Jacques Roux et Leclerc, adversaires plus redoutables par le rayonnement de leurs journaux dans les sections et dont les attaques systématiques contre’ contre la politique gouvernementale risquaient d’entraîner la sans-culotterie.

    Leclerc répliqua le 8 août, dans son Ami du peuple, en dénonçant le « système de calomnie dirigé contre les vrais amis de la liberté ». Dans son numéro suivant, il mettait Robespierre au défi de prouver ses accusations. Quant à Jacques Roux, il ne daigna pas répondre et poursuivit avec une vigueur accrue sa campagne contre les agioteurs et les accapareurs.

    Robespierre : « …Ces deux hommes, dénoncés par Marat, comme des intrigants, deux émissaires de Cobourg ou de Pitt qui, pour mieux empoisonner les sources de la crédulité populaire, ont pris, pour séduire le nom de Marat. ».

     

    3)    Gracchus Babeuf et le communisme primitif :

    « La révolution française n’est que l’avant-courrière d’une autre révolution, bien plus grande, bien plus solennelle et qui sera la dernière. » (Manifeste des Egaux, 1796).

    La période de la chute des Girondins (31 mai 1793) à l’exécution de Babeuf (27 mai 1797) : c’est au cours de cette période que la lutte de classes entre bourgeois et sans-culottes, première manifestation de la lutte de classes modernes entre bourgeois et prolétaires, fait son apparition.

    Babeuf représente les paysans pauvres. Or, la paysannerie pauvre avait sur la question de la propriété une position plus hardie que la sans-culotterie urbaine.

    Babeuf : « Réveiller Robespierre… c’est réveiller tous les patriotes énergiques de la République et avec eux le peuple qui autrefois n’écoutait et ne suivait qu’eux… Le robespierrisme est la démocratie, et ces deux morts sont parfaitement identiques ; donc en relevant le robespierrisme vous êtes sûr de relever la démocratie.

    La Révolution française est une guerre déclarée entre les politiciens et les plébéiens, entre les riches et les pauvres.

    Tout ce que possèdent ceux qui ont au-delà de leur quote-part individuelle de ces biens de la société est vol et usurpation, il est donc juste de leur reprendre. »

    Dolivier, curé de Mauchamp, en 1790, voulait conférer la propriété du sol à la communauté : « La terre doit être considérée comme le grand communal de la nature. […] Les nations seules et, par sous-division, les communes, sont véritablement propriétaires de leur terrain. » A chaque individu serait reconnu « son droit de partage au grand communal », mais il ne cultiverait la terre qu’en possession viagère, la propriété du sol restant entre les mains de la communauté ». Babeuf fit sienne cette conception. La loi agraire, telle qu’il la comprenait, « cette loi que redoutent et sentent bien venir les riches », cette loi dans laquelle il voyait « le corollaire de toutes les lois », combinait le partage des terres avec la propriété commune de la terre et son inaliénabilité : collective, la propriété du sol, individuelle son exploitation.

    En 1789, le tiers-état, l’emportant sur l’aristocratie, abolit les privilèges et l’autorité seigneuriale : la déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame que, désormais, tous les Français étaient égaux devant la loi. Mais ceux qui, bientôt prirent le nom de sans-culotte, ne tardèrent pas à constater que l’ordre nouveau, conservant l’inégale répartition des richesses et procurant ainsi à la bourgeoisie la maîtrise politique et économique, ne les délivrait pas de l’assujettissement. Dans ce conflit de classe, Buonarroti et Babeuf embrassèrent la cause populaire.

    Toutefois, aux prises avec les contre-révolutionnaires alliés à l’étranger, une partie de la bourgeoisie, Montagnards et Jacobins, eurent recours aux sans-culottes pour s’emparer du pouvoir, en sorte que la politique du gouvernement révolutionnaire qu’ils formèrent répondit dans une certaine mesure aux vœux de leurs alliés. Sans oublier de rappeler que le Comité de Salut public asura la victoire de la révolution, c’est sur la portée sociale de son œuvre que Buonarroti fixe son attention : non sans raison, il en attribue le mérite à Robespierre et à Saint-Just, et ainsi estime-t-il que le 9 Thermidor interrompit l’évolution démocratique de la république. Sa vénération pour la mémoire de l’Incorruptible est telle que dans ses écrits, il incite à imaginer que les robespierristes furent des communistes avant la lettre, mais il laisse ignorer qu’ils s’associèrent à leurs collègues pour proscrire les enragés et les chefs populaires qu’on a coutume d’appeler hébertistes, en quoi ils contribuèrent en partie à leur propre perte.

    Entre Robespierre et Babeuf, il y a à la fois filiation, mais aussi dépassement.

    Les robespierristes, et d’autres révolutionnaires avant eux, avaient rêvé de multiplier les propriétaires, parce qu’à leurs yeux la propriété garantissait la liberté de l’individu, comme aussi d’ailleurs la paix sociale et la tranquillité de la bourgeoisie. Depuis le 9 Thermidor, Buonarroti et Babeuf estimaient l’échec patent ; au surplus, accroître le nombre des propriétaires ne constituait qu’un palliatif : l’inégalité sociale résultait de l’appropriation individuelle et héréditaire des moyens de production ; le mal, plus profond, ne comportait d’autre remède que leur attribution à la communauté.

    En tant que théoriciens, il s’en faut qu’ils fussent les premiers à la prôner. Au XVIII° siècle, Rousseau, Morelly, Mably, entre autres, en firent l’éloge et o, leur découvre des prédécesseurs jusque dans l’antiquité.

    Depuis 1789, la bourgeoisie redoutait la « loi agraire », expression empruntée à l’histoire romaine au cours de laquelle on partagea plusieurs fois, entre les citoyens et les citoyens pauvres, les terres que la conquête et les confiscations laissaient à la disposition de la république ; bien différente était la loi agraire qu’on dénonçait maintenant : elle aurait partagé les propriétés privées entre tous les citoyens. La Convention avait prononcé la peine capitale contre ceux qui la prêcheraient ; jusqu’en 1848, et plus tard, les socialistes se sont vus de ce chef affublés du surnom de « partageux ».

    Sylvain Maréchal, dans un livre intitulé L’Homme sans Dieu : « Je n’aime pas les rois mais j’aime encore moins les riches… Vous décrétez l’abolition de la noblesse, mais vous conservez l’état respectif des pauvres et des riches, des maîtres et des valets ; vous défendez aux premiers les armoiries, vous déchargez les seconds de leurs livrées mais ces distinctions ne sont que des simulacres, vous ne touchez pas aux réalités… ».

     

    B)   POURQUOI LA CHUTE DE ROBESPIERRE ?

    Le 9 Thermidor ’27 juillet 1794), Robespierre fut renversé et ce jour inaugure une période de réaction qui débouche sur le premier Empire.

    Il convient d’observer le 9 Thermidor dans la suite des diverses ruptures ou péripéties qui ont précédé ou suivi : Girondins, Brissotins, Hébertistes, Dantonistes, …Après les Robespierristes, les Babouvistes ?...

    Le mot du conventionnel Baudot dans ses Notes historiques : « Dans la lutte du 9 thermidor, il ne fut pas question de principes, mais de tuer. La mort de Robespierre était devenue une nécessité. En cas de succès de son côté, je suis persuadé qu’il aurait peu tardé à être mis à mort au milieu des conflits d’une guerre civile. »

    Pourtant la mort de Robespierre est un tournant majeur de la séquence révolutionnaire.

    Le 9 thermidor ne signe ni la fin de la Montagne, ni celle du gouvernement révolutionnaire : un an encore, la révolution continue, avant de s’achever par une stabilisation qui renie en partie 1789 lorsque la convention, effrayée par la puissance des mots, gomme de sa déclaration des droits et des devoirs toute référence aux « droits naturels et imprescriptibles de l’homme. »

    L’ancien conventionnel Levasseur (de la Sarthe) s’exprime ainsi dans ses Mémoires, trente-cinq ans après les événements : « La révolution perdit la vigueur de la jeunesse. Affaiblie par ses dissensions, la Montagne n’avait plus une majorité bien forte dans le sein de la Convention et encore cette majorité était-elle fractionnée en un grand nombre d’opinions qui toutes avaient à pleurer des victimes (…). Le gouvernement révolutionnaire (…) n’était fort qu’à cause des haines qui séparaient sans retour les amis de Danton des anciens partisans d’Hébert, et la Montagne des débris de la Gironde. »

    L’attaque de thermidor vient des rangs de la Montagne, « gauche » de la première assemblée élue au suffrage universel.

    Le 11 messidor une querelle survient au comité de salut public. Lorsque Levasseur (de la Sarthe) témoigne en fructidor en faveur des membres des comités contre Le Cointre, il déclare : « Je fus au comité de salut public, j’y fus témoin que ceux qu’on accuse aujourd’hui traitèrent Robespierre de dictateur. Robespierre se mit dans une fureur incroyable ; les autres membres du comité le regardèrent avec mépris. Saint-Just sortit avec lui. » Robespierre porta la contre-attaque aux Jacobins, le 13 messidor (1) juillet).

    Les hostilités étaient donc ouvertes au comité de salut public et Robespierre attisait le feu en cessant de paraître aux séances. Le 8 thermidor, il déclare : « Depuis plus de six semaines, la nature et la force de la calomnie, l’impuissance de faire le bien et d’arrêter le mal, m’ont forcé à abandonner absolument mes fonctions de membre du comité de salut public. »

    Une difficulté pour comprendre la dernière séance de la convention à laquelle participe Robespierre, est que le Procès-Verbal officiel a été rédigé, non pas en l’an II, mais plus d’un an plus tard, en exécution d’une loi de brumaire an IV (octobre 1795).

    Le déroulement des faits : Une coalition se forme contre Robespierre :

    ·    Lors de la séance du 7 thermidor, Barère présente un Rapport « tendant à éclairer les bons citoyens sur les circonstances actuelles, en présentant au peuple français un état comparatif de notre situation à l’époque du 31 mai 1793, et de notre situation le 7 thermidor ».

    ·    Le 8 thermidor, Robespierre entame son long discours « testament » par : « Que d’autres vous tracent des tableaux flatteurs ; je viens vous dire des vérités utiles. (…) On vous parle beaucoup de vos victoires avec une légèreté académique. » La conclusion revêt un caractère suicidaire : « Il existe une conspiration contre la liberté publique », une « coalition qui intrigue au sein même de la Convention », elle est dans le comité de sûreté générale, et « des membres du comité de salut public entrent dans ce complot ». « Quel est le remède à ce mal ? Punir les traîtres, renouveler les bureaux du comité de sûreté générale, épurer ce comité lui-même, et le subordonner au comité de salut public, épurer le comité de salut public lui-même, constituer l’unité du gouvernement sous l’autorité suprême de la convention nationale qui est le centre et le juge ».

    ·    La crise est engagée. Les accusés accusent le dénonciateur. Ainsi Cambon : « Il est temps de dire la vérité tout entière : un seul homme paralysait la volonté de la convention nationale ; cet homme est celui qui vient de faire le discours, c’est Robespierre ; ainsi jugez. »

    ·    La séance du club des Jacobins, le 8 au soir rompt les fils entre Robespierre et Couthon, d’une part, Billot-Varenne et Collot d’Herbois, d’autre part. Robespierre fait lecture de son discours prononcé à la convention dans l’après-midi ; il est accueilli par les applaudissements des tribunes. Puis il déclare : « Frères et amis, c’est mon testament de mort que vous venez d’entendre. (…) Héros du 31 mai, et toi surtout brave Hanriot, avez-vous oublié le chemin de la convention ? (…) Si vous m’abandonnez, vous verrez avec quel calme je sais boire la ciguë. »

    ·    Le 9 thermidor, an II (dimanche 27 juillet 1794), midi : Saint-Just commence le discours qui sera imprimé le 30 thermidor (17 août 1794). Il est interrompu par Tallien, puis Billaud. Robespierre s’élance à la tribune mais ce cri retentit : « A bas le tyran ! ».  Vers deux heures, Louis Louchet, député montagnard de l’Aveyron, propose enfin l’arrestation.

    ·    Le mouvement insurrectionnel de la Commune de Paris échoue

    Dans les jours suivants, on amalgame robespierrisme, terrorisme et Robespierre-roi.

    La première république est la lutte de la bourgeoisie et du peuple contre la noblesse. L’Empire est le sacrifice du peuple armé au dehors et la domination de la bourgeoisie au-dedans. La Restauration est la tentative de restauration nobiliaire sous les Bourbons de la branche aînée. 1830 est le triomphe et le règne de la bourgeoisie.

    L’une des raisons de la chute de Robespierre est, par exemple, le Cercle social, organisation fondée pendant les premières années de la révolution de 1789, de 1790 à l’an VIII qui a compté près de 8000 membres. Un des principaux idéologues du Cercle social fur Claude Fauchet qui demandait que la terre fut distribuée en parcelles égales, que la grande propriété fut limitée et que tous les bourgeois fussent mis au travail. Un des chefs du mouvement des enragés, Jacques Roux, alla beaucoup plus loin encore.

    Les milliers d’auditeurs de l’abbé Fauchet, orateur du club radical du Cercle social, apprenaient de lui que tout homme avait droit, pour vivre, à la propriété de la terre.

    Eté 1794 : le règne de la Terreur était arrivé et n’importe qui en France pouvait être arrêté la nuit, jugé à midi et guillotiné à quatre heures, sans même avoir pu ouvrir la bouche. Les députés n’osaient plus coucher dans leur lit ; se glissaient dans les immeubles à deux étages, pour dépister les espions. Barras, dans ses Mémoires, raconte qu’un député, ivre de fatigue, se tenait à sa place, le front appuyé sur sa main. Soudain, on le voit bondir sur son siège, comme piqué par un scorpion. Simplement parce que Robespierre l’a dévisagé. Tremblant, décomposé, il se tourne vers un de ses collègues et balbutie : « Il va se figurer que je pense à quelque chose ! ».

    La victoire de Fleurus, le 26 juin, rendait la Terreur moins indispensable comme moyen gouvernemental d’exception.

    Robespierre songe à épurer quelques députés, dont Fouché, qu’il fit chasser des jacobins, et qui commença à conspirer contre lui.

    La Plaine, en échange de son appui, demande la fin de l apolitique de répression.

    Des divisions étaient intervenues au sein de l’équipe dirigeante, division au sein du Comité de salut public entre :

    ·    Les administratifs : Lindet, Carnot, Prieur de la Côte d’Or ;

    ·    Les idéologues : Robespierre, Couthon, Saint-Just.

    La dictature jacobine était devenue largement indépendante du mouvement populaire qui avait contribué à son établissement.

    Pendant une certaine période, de 1789 à novembre 1793, Robespierre a su jouer un rôle de médiateur entre bourgeois et bras nus, qui l’a porté et en a fait une personnalité de pointe de la révolution française.

    Mais quand il a fallu choisir son camp, il a rompu avec les enragés et les sans-culottes, se tournant contre les intérêts de ceux-ci. Il n’avait donc plus le soutien de cette partie du tiers-état.

    Cependant, il allait trop loin par rapport aux intérêts immédiats de la classe bourgeoise, et son rôle antérieur inspirait la peur à beaucoup. En conséquence, il avait joué son rôle historique, et la bourgeoisie n’avait plus besoin de lui. Il pouvait donc disparaître, assumant les excès de la Terreur.

    Aujourd’hui, la bourgeoisie règle les antagonismes en son sein, de manière pacifique, en ayant recours à la voie parlementaire et aux élections, pour choisir la fraction chargée temporairement de défendre ses intérêts au gouvernement.

    Pendant la révolution, ce choix était fait en ayant recours à la guillotine !

    Contre Jean-Jacques Rousseau qui la tenait pour nécessaire, Robespierre a combattu la peine de mort en matière pénale. A l’opposé des théoriciens de la démocratie politique qui la jugeait irréalisable dans un grand Etat, il a admis la possibilité d’une démocratie (en partie) représentative.

    Hostile à la loi agraire des partageux, il n’hésita pas cependant à désacraliser la propriété privée au profit d’un solidarisme social, aussi éloigné de l’utopie communautariste d’un Morelly que du dogme libéral des Girondins, lequel faisait la part belle aux riches et aux puissants. Selon le mot de Jaurès, la révolution était indissociablement bourgeoise et populaire.

    L’après 9 thermidor :

    C’est d’abord l’élaboration du discours officiel. Dès le 9 thermidor, Collot d’Herbois donne le ton : « Voyez, citoyens, les hordes fugitives de vos ennemis, voyez leurs armées consternées se répandre au loin ; leur dernière ressource était la guerre civile au sein de la convention, afin de nous forcer d’accepter un tyran. Mais tous les Français périront avant de transiger avec la tyrannie. Jamais, non, jamais le peuple français n’aura de tyran. » Collot dévoile ainsi un ultime « complot de l’étranger » dont la convention, une fois encore appuyée sur le peuple français, doit triompher.

    Il revient ensuite à Barère d’en parachever la version en deux Rapports : Le 10 thermidor, avant même l’exécution des 22 condamnés, Barère livre, au nom des comités de salut public et de sûreté générale, un « rapport relatif aux détails de la conspiration de Robespierre et de ses complices ».  Barère reproduit la fable du sceau ç fleur de lys trouvé à la Maison-Commune et celle de la visite au Temple. Il reprend l’accusation lancée contre Danton : le nouveau tyran voulait s’ériger en « dominateur de l’opinion publique », en idole.

    Va se répandre la fable de Robespierre-roi : Robespierre voulait régner et, pourquoi ne pas, épouser « la fille Capet ». De ces textes qui véhiculent la fable dans les départements, on peut retenir :

    ·         La Relation de l’événement par le conventionnel Roux (de la Marne) ;

    ·         Les Faits recueillis aux derniers instants de Robespierre et de sa faction où se retrouvent les quolibets lancés dans l’anti-salle du comité de salut public : « Sire, votre Majesté souffre », « Ne v’là-t-il pas un beau roi ? », etc. ;

    ·         Le parallèle Capet et Robespierre rédigé par Merlin (de Thionville) ;

    ·         Sans compter les Vies secrètes qui se multiplient alors.

    LA REACTION :

    La France ne fut pas si aisément déjacobinisée et rien ne fut vraiment acquis avant la défaite des sans-culottes parisiens, l’élimination des terroristes, --évincés, désarmés, condamnés, voire victimes des massacres de la Terreur blanche en certains départements – et l’épuration de la convention en germinal-prairial an III par arrestation, déportation ou condamnation à mort de 65 députés montagnards.  Ce fut aussi la fermeture du club des Jacobins et la fin des réseaux des sociétés populaires. La convention décide de punir Carrier et de rappeler les Girondins qui avaient protesté contre le 2 juin 1793. Abrogeant le maximum général, le 4 nivôse an III (24 décembre 1794), la convention choisit la liberté du commerce contre le droit à l’existence. Enfin, après le coup d’Etat parlementaire de mesidor-fructidor an III, au mépris du référendum de 1793, l’Assemblée adopte une nouvelle constitution.

    En ce sens, l’été 1795 – et non juillet 1794 – marque la véritable césure, la fin de la révolution et, dans une certaine mesure, sa négation.

     

    CONCLUSION :

    Lors de la révolution, la contradiction principale oppose le féodalisme, et la bourgeoisie, classe montante, progressiste et révolutionnaire. Robespierre a su s’emparer de cette contradiction principale et la mener jusqu’au bout. En cela il a été un révolutionnaire conséquent et l’allié des clases populaires, sans-culottes et bras nus.

    Pour une situation où émerge clairement la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie, où elle s’aggrave et mûrit, le féodalisme doit être balayé.

    C’est la base de la raison pourquoi les ancêtres du prolétariat ont été les plus déterminés contre le féodalisme et ont lutté en première ligne. Parce que, plus le féodalisme est balayé par un combat paysan déterminé, plus émerge la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat, et les conditions favorables apparaissent pour la lutte de classe du prolétariat pour le socialisme.

    Insensiblement, Robespierre est passé de la méfiance envers les ennemis de la patrie à un fanatisme qui se défie de tous, son idéal de pureté et de vertu dévie vers l’intolérance et le sectarisme.

    Robespierre, à la fin, ne supporte plus la contestation de ses idées, et son incorruptibilité évidente vire à une intransigeance qui deviendra de plus en plus impitoyable.

    Son dernier discours : il est incantatoire. Robespierre est seul. Il parle de « fripons, », « calomniateurs », »contre-révolutionnaires », « criminels », « comploteurs », « aristocrates », tandis que lui-même se pare de vertu et de raison. A ses yeux, il est le seul qui détienne la vérité. Mystique révolutionnaire, voulant changer l’homme et le monde, il se prononce pour la révolution permanente.

    Il est seul. Il se réclame du peuple, mais n’est plus en phase avec lui. Celui-ci est lassé de la Terreur, des victimes, qui ne cessent d’augmenter et qui sont pour la plupart de sa classe sociale, il vit une crise économique grave, il connaît plus ou moins la famine.

    « Vive le Tiers Etat ! ». Le cri est aussi bien lancé par le bourgeois aisé, lecteur de Sieyès, que par le sans-culotte. Ce cri n’a certes pas le même contenu d’une bouche à l’autre.

    Bonaparte pourra dire : « La Révolution est close, ses principes sont fixés dans ma personne. »

    Le 9 Thermidor est bien la chute du gouvernement révolutionnaire. A partir de cette date, les gouvernants vont se méfier de l’esprit égalitaire.

    Le coup d’Etat du 18 Brumaire, an VIII, met fin manu militari à la décennie la plus mouvementée de l’histoire de France. « La révolution est fixée aux principes qui l’ont commencés, elle est finie », proclament les nouveaux consuls. Après 10 ans de révolution, les français aspirent à la pacification, à la stabilisation sociale. Ce que permet l’institution d’un pouvoir fort.

    Par exemple, les rédacteurs du code civil de 1804 vont refuser l’esprit égalitaire de l’an II. En revanche, ils vont reprendre les principes consacrés au début de la révolution : la propriété inviolable et sacrée, l’égalité dans les successions, la conception civile du mariage, l’état civil, le divorce,…

    De plus, l’épopée napoléonienne va contribuer à exporter la vigueur révolutionnaire sur les nombreux champs de bataille…

    En la personne de Napoléon, la bourgeoisie libérale trouva encore une fois dressée contre elle la terreur ; sous les traits des Bourbons, de la restauration, elle trouva encore une fois en face d’elle la contre-révolution. C’est en 1830 qu’elle finit par réaliser ses désirs de 1789.

    Le monde créé par la révolution française est celui dépeint par Balzac, dans sa Comédie humaine.

    Contre l’arbitraire de l’Ancien Régime, la Révolution fut une œuvre de raison.

    Ainsi, s’il y eut 391 personnes décapitées à Arras, c’est œuvre rationnelle : cela a permis sans doute d’éviter plus de morts (en cas de victoire des contre-révolutionnaires ou des émigrés).

    La révolution de 1789 est le passage d’un monde ancien, marqué par la domination de l’agriculture, à celui de la « révolution industrielle ».

    La révolution n’est pas terminée. Elle hante les esprits des hommes qui, ou bien l’exècrent (l’abbé Berruel), ou bien l’admirent.

    Créer un musée à Arras, afin d’honorer l’enfant du pays qu’est Maximilien de Robespierre, ce serait une excellente chose ; mais encore faudra-t-il exposer de façon scientifique, le double aspect du personnage :

    ·    Un bourgeois révolutionnaire qui, de 1789 à 1793, a contribué à détruire le féodalisme et à instaurer un régime bourgeois ;

    ·    Le réactionnaire qui, de novembre 1793 à sa mort en 1794, a contribué à maintenir en servitude les classes laborieuses, bras nus hier, ouvriers et paysans aujourd’hui ?

    Donc :

    • Salle blanche : Le rôle révolutionnaire de la bourgeoisie (et de Robespierre)
    • Salle noire : Le rôle réactionnaire de la bourgeoisie (et de Robespierre) contre les « bras nus ».

    Robespierre, pour ma part, mérite une majorité de boules blanches : ses qualités furent énormes pour mettre en place un nouveau système, plus propre au développement de l’humanité.

    Les limites de ce système reposent sur les conditions historiques objectives, et il ne pouvait pas aller plus loin et sortir du cadre qui lui était imposé. En conséquence, il ne pouvait créer qu’un système capitaliste et bourgeois, qui est celui du XIX° siècle. C’est à nous de poursuivre l’œuvre, si nous voulons aller plus loin.

    Un révolutionnaire qui avait 20 ans en 1789 (Age de Napoléon 1°, né en 1769), a 30 ans en 1799, 45 ans en 1814, 61 ans en 1830 et 79 ans en 1848, date de la seconde République.

    La bourgeoisie, quand elle a combattu le féodalisme, pour renforcer le capitalisme, n’a jamais triomphé en une seule nuit, ou en une seule bataille.

    La Révolution a contribué à implanter la nation, l’Etat, la propriété, la famille, l’éducation,… bourgeoises.

    Les frères et soeurs qui invoquent la république en fin de tenue devraient préciser de quelle république ils parlent. En effet :

    ·    La première république a régressé de façon réactionnaire après le 9 Thermidor, voyant l’instauration du Directoire, de la dictature napoléonienne, puis la Restauration ;

    ·    La seconde république de 1848 a fait tirer sur le peuple, conduisant à la victoire du plébiscite en faveur de Napoléon III ;

    ·    La naissance de la troisième république est née sur l’extermination de la Commune de Paris en 1871 (30 000 morts) ;

    ·    Les quatrième et cinquième républiques ont vu le développement des guerres coloniales (Indochine, Algérie,…) et la trahison du parti communiste français.

    Il s’agit donc là de républiques bourgeoises. Les seules républiques ayant tenté d’instaurer des valeurs de fraternité et d’égalité sont les tentatives de 1792 à 1794 et de la Commune de Paris en 1871 !

    Ma conclusion est donc mitigée : Historiquement, il ne pouvait en, être différemment. Oui, Robespierre a été un grand révolutionnaire, et il mérite beaucoup de respect. Cinq boules blanches. Mais cela a été un révolutionnaire bourgeois. Une boule noire. Et donc son œuvre doit être continuée et approfondie contre l’oppression politique, religieuse et militaire.

     

    ANNEXE 1 :

    Chronologie des derniers mois de Robespierre :

    1794

    7 mai 18 floréal : Rapport de Robespierre « Sur les rapports des idées religieuses et morales avec les principes républicains, et sur les fêtes nationales. »

    22-23 mai 3-4 prairial : Tentatives d’assassinat d’Admirat contre Collot d’Herbois, de Cécile Renault contre Robespierre.

    4 juin 16 prairial : Robespierre est élu président de la Convention.

    8 juin 20 prairial : Fêtes de l’Etre suprême à Paris et en province.

    10 juin 22 prairial : Loi réorganisant le tribunal révolutionnaire.

    15 juin 27 prairial : Rapport de Vadier sur l’affaire Catherine Théot.

    17 juin 29 prairial : Exécution de 54 condamnés (fournée dite des « chemises rouges »).

    19 juin 29 prairial : La section de la Montagne ouvre un registre d’adhésions à la Constitution de 1793.

    26 juin 8 messidor : Victoire de Fleurus.

    27 juin 9 messidor : Lettre de Payan à Robespierre : il critique le comité de sûreté générale.

    1° juillet 17 messidor : Adoption du maximum des salaires par la Commune de Paris.

    14 juillet 26 messidor : Banquets fraternels à Paris. Fouché, exclu des Jacobins.

    22-23 juillet 4-5 thermidor : Séances communes des comités de salut public et de sûreté générale.

    23 juillet 5 thermidor : Publication du maximum des salaires parisiens.

    25 juillet 7 thermidor : Rapport de Barère sur « un état comparatif » de la situation au 31 mai 1793 et au 7 thermidor.

    26 juillet 8 thermidor : Dernier discours de Robespierre à la Convention. Le soir, Collot d’Herbois et Billaud-Varenne sont chassés des Jacobins.

    27 juillet 9 thermidor : Arrestation puis mise hors la loi de Robespierre, de son frère Augustin, de Couthon, Saint-Just t Le Bas, de Hanriot, Dumas, etc. Insurrection de la Commune de Paris.

    28 juillet 10 thermidor : Exécution de 22 condamnés : Robespierre, Couthon, Saint-Just, A. Robespierre, Lescot-Fleuriot, Payan, Dumas, Hanriot, etc.

    29 juillet 11 thermidor : Exécution de 71 « Robespierristes », en particulier des membres du Conseil général de la Commune de Paris. Réouverture des Jacobins.

    30 juillet 12 thermidor : Exécution de 12 « hors-la-loi ».

    1° août 14 thermidor : Renouvellement du comité de sûreté générale. La loi du 22 prairial est rapportée. Arrestation de Fouquier-Tinville.

    2 août 15 thermidor : Arrestation de Le Bon et de David.

    5 août 18 thermidor : Exécution de Coffinhal.

    17 août 30 thermidor : Décret d’impression du discours commencé par Saint-Just le 9 thermidor.

    22 août 5 fructidor : Exécution de Deschamps, aide de camp de hanriot.

    24 août 7 fructidor : Décrets réorganisant le gouvernement révolutionnaire et réduisant le nombre des comités de surveillance.

    31 août 14 fructidor : Suppression de la municipalité de Paris.

     

    Comité de salut public :

    Le Comité est composé de douze membres : Barère, Billaud-Varenne, Carnot, Collot d’Herbois, Couthon, Hérault de Séchelles, Jeanbon Saint-André, Robert Lindet, Prieur (de la Côte d’Or), Prieur (de la Marne), Robespierre et Saint-Just. Sauf Hérault, dénoncé en frimaire, an II, et exécuté en germinal, ces députés sont constamment réélus par la convention jusqu’en thermidor an II.

     

    Comité de sûreté générale :

    Ses membres demeurent inchangés jusqu’au 9 thermidor : ce sont Amar, Barbeau-Dubarran, Bayle, David, Jagot, Elie Lacoste, Lavicomterie, Le Bas, Louis (du Bas-Rhin), Rühl, Vadier et Voulland, tous Montagnards.

     

    ANNEXE 2 :

    Quelques avis sur Robespierre :

     

    Mirabeau, à propos de Robespierre :

    « Celui-là ira loin : il croit tout ce qu’il dit. »

     

    Chateaubriand, dans les Mémoires d’Outre-tombe :

    « A la fin d’une discussion violente, je vis monter à la tribune un député d’un air commun, d’une figure grise et inanimée, régulièrement coiffé, proprement habillé comme le régisseur d’une bonne maison, ou comme un notaire de village soigneux de sa personne. Il fit un rapport long et ennuyeux ; on ne l’écouta pas ; je demandai son nom : c’était Robespierre. »

     

    Napoléon dans son Mémorial (Las Cases) le 18 novembre 1815 :

    « L’Empereur s’est arrêté sur Robespierre […] auquel il ne croyait ni talent, ni force, ni système. Il le pensait néanmoins le vrai bouc émissaire de la Révolution, immolé dès qu’il avait voulu entreprendre de l’arrêter dans sa course […]. Il avait vu de longues lettres de lui à son frère blâmant les horreurs des commissaires conventionnels qui perdaient, disait-il, la Révolution par leur tyrannie et leurs atrocités. »

     

    Thiers dans Histoire de la Révolution française :

    « Robespierre était intègre et il faut une bonne réputation pour captiver les masses. Il était sans pitié, et elle perd ceux qui en ont dans les révolutions. Il avait un orgueil opiniâtre et persévérant, et c’est le seul moyen de se rendre toujours présent aux esprits. »

     

    Georges Sand dans Histoire de ma vie :

    « Soyons justes enfin, et ne craignons pas de le dire : Robespierre est l’un des plus grands hommes de l’histoire. Ce n’est pas à dire qu’il n’ait eu des fautes, des erreurs, et par conséquent des crimes à se reprocher ; entraîné sur une pente rapide, il fur au niveau des malheureuses théories du moment, bien supérieur à tous les hommes qui les appliquaient. Mais dans quelle carrière politique orageuse, l’histoire nous monte-t-elle un seul homme pur de quelque péché mortel contre l’humanité […]. Quel grand ministre, quel grand prince, quel grand capitaine, quel grand législateur n’a commis des actes qui font frémir la nature et qui révoltent la conscience ? Pourquoi donc Robespierre serait-il le bouc-émissaire de tous les forfaits  qu’engendre ou subit notre malheureuse race dans ses heures de luttes suprêmes ! »

     

    Jules Michelet, dans Histoire de la Révolution française :

    « Robespierre n’avait point l’audace politique, le sentiment de la force qui fait qu’on prend autorité. Il n’avait  pas davantage le haut essor spéculatif, il suivait de trop près ses maîtres Rousseau et Mably. Il lui manquait enfin la connaissance variée des hommes et des choses […]. En revanche, il eut entre tous la volonté persévérante, un travail consciencieux, admirable qui ne se démentit jamais […]. Avec moins de génie que plusieurs autres, moins de cœur et de bonté, Robespierre représente la suite, la continuité de la Révolution, la persévérance passionnée des Jacobins. S’i a été la plus forte personnification de la société jacobine, c’est moins encore par l’éclat du talent que comme moyenne complète, équilibrée, des qualités et défauts communs à la société, communs même à une grande partie des hommes politiques d’alors qui ne furent pas Jacobins/ »

     

    Victor Hugo dans ses notes pour Quatrevingttreize :

    « Le correcteur d’épreuves de la Révolution, c’est Robespierre ; il revoyait tout, il rectifiait tout ; il semble que, même lui disparut, la lueur sinistre de sa prunelle soit restée sur ce formidable exemplaire de progrès. Robespierre soignait son style comme son costume ; il ne risquait une phrase qu’en grande toilette […]. Il était vertueux comme il était propre. Il ne pouvait souffrir sur lui une graine de poussière ou de vice. Sa probité faisait partie de sa correction. Il ne fut pas la raison de la révolution, il en fut la logique ; il en fut plus que la logique, il en fut l’algèbre. Il eut l’immense force de la ligne droite ; il en eut aussi la puissance. Le défaut de sa politique fut celui de sa littérature, l’abstraction. Avec cela sagace, trouvant le joint, voyant juste. Pas un homme ne fut plus bourgeois, pas un homme ne fut plus populaire. »

     

    Jean Jaurès dans son Histoire socialiste de la Révolution française :

    « C’est une erreur de croire que Robespierre était une sorte de rhéteur «épris d’idées générales et capable seulement de phrases et de théories. La forme de ses discours où il procède souvent par allusions, où il enveloppe volontiers de formules générales un exposé très substantiel et des indications ou des accusations très précises, a contribué à ce malentendu. En fait, il se tenait au courant de tous les détails de l’action révolutionnaire dans le pays tout entier et aux armées ; et avec une tension incroyable, avec un souci minutieux du réel, il essayait de se représenter l’exacte valeur des hommes que la Révolution employait. Toujours aux Jacobins, il est prêt à redresser, par les renseignements les plus précis, les vagues allégations et accusations d’une démagogie querelleuse […]. Quelle âpre et dure vie d’aller presque tous les soirs dans une assemblée populaire souvent houleuse et défiante, rendre compte du travail de la journée et dissiper les préventions, animer les courages, calmer les impatiences, désarmer les calomnies !... »

     

    ANNEXE 3 :

    Liste de Francs-Maçons de la période révolutionnaire :

     

    Composition des Etats généraux : plus de 500 francs-maçons y furent délégués sur 1600 membres, c’est-à-dire 30 %.

    Le nombre de députés et députés suppléants francs-maçons, respectivement à la Constituante, puis à la Législative et enfin à la Convention, est estimé à environ 210 à 220, soit 30 % de la composition de ces assemblées.

    En 1736, un édit royal interdisait les tenues de loges. En 1738, le pape Clément XII interdit la franc-maçonnerie. En France, la franc-maçonnerie était opposée à la fois à l’Eglise et à la monarchie.

    En 1789, on compte plus de 600 loges, dont 39 dans les colonies d’outre-Atlantique, et 69 dans les régiments.

    Il se fonda à Paris, par des maçons, une « Société des Amis des Noirs »prônant leur libération des chaînes de l’esclavage. Chevilles ouvrières : Brissot et Olympe de Gouges.

    En 1789, déjà 30 000 aristocrates émigrent, chiffre énorme pour l’époque.

    Il y avait tout un panel de francs-maçons, depuis la franc-maçonnerie de pacotille qui entoure Marie-Antoinette, jusqu’à la franc-maçonnerie la plus révolutionnaire.

    Bataille de Valmy : les deux armées réunissaient 200 000 et il y eu en tout et pour tout 300 morts et blessés  pour les deux camps.

     

    A

    Jean le Rond d’Alembert (1717-1783) : Membre de la Loge des « Neuf Sœurs ».

    Louis de Noailles, Vicomte d’Ayen de Noailles (1737-1793) : participe à l’insurrection américaine

    Chevalier Louis Annibal de Saint-Michel d’Agoult (1747-1810) : Emigre dès septembre 1789.

    Armand Désiré de Vignerot du Plessis de Richelieu Duc d’Aiguillon (1761-1800) : Emigre en 1792 et meurt à Hambourg en 1800. Avant la révolution, il fut membre de la loge « L’Olympique de la Parfaite Estime », du Grand Orient de France. En 1786, il fut membre de la loge « Société Olympique » et grand officier du Grand Orient de France. Partisan de la révolution jusqu’en 1792.

    Comte  Etienne Alexandre Jacques Anisson, dit Anisson-du-Perron (1749-1794) : Directeur de l’imprimerie royale. Loge « La Fidélité ».

    Jean François Louis Charles de Damas d’Antigny (1758-1829) : A participé à la guerre d’indépendance des insurgents américains. Loge « La Candeur ».

    Jacques Mathieu Augeard, marquis de Buzancy (1732-1805) : Secrétaire des commandements de la reine, premier fermier général. Loge « L’Olympique de la Parfaite Estime ».

    Charles Pierre François Augereau (1757-1816) : Jacobin. Maréchal d’Empire et duc de Castiglione. Chambre des pairs sous Louis XVIII. Loge « Les Enfants de Mars » à La Hague (Hollande)

    Comte Charles Marie de Beaumont d’Autichamp (1770-1859) : Vendéen. Condamné à mort, en fuite, repris, négocia avec Hoche une reddition en 1797. Finira pair de France.

     

    B

    Jean Sylvain Bailly (1736-1793) : Célèbre astronome et académicien, membre de la Loge des « Neuf Sœurs ». Maire de Paris.  

    Bancène

    Charles Louis François de Paule de Barentin (1738-1819) : Ministre.

    Antoine Barnave (1761-1793) : Loge « Les Amis de la Bienfaisance ». Protestant. Amoureux de la reine. A écrit une Introduction à la Révolution française.

    Barrère, Bertrand de Vieuzac (1755-1841) : Loge « L’Encyclopédique » à Toulouse, dès sa création.

    Louise Marie Bathilde d’Orléans, duchesse de Bourbon (1750-1822) : Sœur de Philippe duc d’Orléans. Epouse du prince de Condé. Mère du duc d’Enghien, fusillé par Napoléon. Grande maîtresse des loges d’adoption.

    Philippe Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) : La Statue du 4° arrondissement de Paris représente Beaumarchais effectuant le signe du Bon Pasteur du 18° degré.

    Marquis François de Beauharnais (1756-1846) : participe à l’insurrection américaine. Deviendra grand officier d’honneur du Grand Orient.

    Alexandre François de Beauharnais (1760-1794) : Premier mari de Joséphine Tascher de la Pagerie ; Loge « La Pureté » au régiment de la Sarre.

    Marie Josèphe Rose de Tascher de la Pagerie dite Comtesse Joséphine de Beauharnais (1763-1814) : Devenus impératrice en 1804, s’employa à ranimer la maçonnerie d’adoption, dont elle devint la grande maîtresse.

    Charles Juste de Beauvau (1720-1793) : Loge « La Parfaite Intelligence » à Albi.

    Marc Antoine Bonnin de la Bonninière de Beaumont, Comte de Beaumont (1763-1830) :

    Jean Baptiste Bernadotte (1763-1844) : Maréchal de France, prince de Pontecorvo, puis roi de Suède ; initié en France par une loge militaire, devient Grand Maître après son accession au trône de Suède.

    Claude Louis Berthollet, Comte de Berthollet (1748-1822) :

    Pierre de Riel, marquis de Beurnonville (1752-1821) : Vénérable en 1780de la loge « L’Amitié » à Saint Denis de la Réunion, et en 1815, Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France.

    Louis René François Bienvenüe (1760-1835) : Avocat.

    Jacques Nicolas (ou Jean Nicolas) Billaud puis Billaud-Varenne (1756-1819) :

    Armand Louis de Gontaud, duc de Lauzun, Duc de Biron (1745-1793) : Officier de la guerre en Amérique. Il appartint aux loges « Saint Jean de Montmorency-Luxembourg » et « La candeur », à Paris avant 1789, et en 1791, à la loge « Les Pyrénées » à Bagnères de Bigorre.

    François Adrien Boïeldieu (1775-1834) : Loge « La Palestine » et membre d’honneur de la loge « Les Amis Réunis ».

    Jérôme Bonaparte (1775-1834) : Franc-maçon, reçu louveteau à 17 ans à la loge « La Paix », Orient de Toulon. En 1801, devient Grand Maître de la grande Mère Loge de Westphalie.

    Joseph Bonaparte (1768-1844) : Initié à la loge « La Parfaite Sincérité » Orient de Marseille. Il devient en 1804 Grand Maître du Grand orient de France.

    Louis Bonaparte (1778-1846) : Père de Napoléon III. Il fut Grand Maître Adjoint de 1803 à 1806, remplacé par Cambacérès.

    Nicolas de Bonneville (1760-1828) : Initié à Londres en 1786. A traduit l’Essay on the origins of freemasonery de Thomas Paine, dont il deviendra l’ami. A fondé le 13 octobre 1790, avec l’abbé Fauchet, le Cercle social, dont les rapports seront publiés dans le journal La Bouche de fer.

    Louis Antoine de Bougainville (1729-1811) : Navigateur. A participé à la guerre d’indépendance des insurgents américains.

    Jean Nicolas Bouilly (1763-1842) :

    Philippe Michel Buonarroti (1761-1837) : Loge « Les Amis sincères » à Genève.

    Nicolas Bricaire de la Dixmerie (1731-1791) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs » où il est très actif. Admirateur de Voltaire, il en parraine l’initiation dans la loge. .

    Jacques Pierre Brissot de Warville (1754-1793) : Fils d’un petit artisan.  A remporté le prix de l’Académie de Châlons-sur-Saône pour ses recherches sur le droit de propriété.  Loge « La Fidélité », Orient de Chartres.

    Duc Charles de Broglie (1733-1777) : Titulaire, sous Louis XV, de son service de renseignements « Le Secret du Roi ». Affilié  à la loge « Les Vrais Amis ».

    Duc de Brunswick : commandant les troupes prussiennes lors de la bataille de Valmy

     

    C

    Pierre Jean Georges Cabanis (1757-1808) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs » en 1778.

    Giuseppe Balsamo, Comte Cagliostro (1743-1795) : Membre de la loge « La Sagesse triomphante ».  Affilié en 1777 à Londres à la loge écossaise de « L’Espérance ».  A fondé la loge « Isis ».

    Jean Jacques Régis Cambacérès, duc de Parme (1753-1824) : Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France de 1806 à 1815, comme suppléant du roi Joseph Bonaparte. Loge « Ancienne et de la réunion des Elus », à Montpellier ; vénérable de la loge « Saint Jean » de la Grande Maîtrise à Paris. Membre du Suprême Conseil du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

    Amélie Julie Candeille (1767-1834) : En 1781, encore très jeune, elle fut initiée dans la loge « La Candeur », où elle rencontra un certain nombre d’auteurs de théâtre, comme Olympe de Gouges, mais aussi des personnages influents susceptibles de favoriser sa carrière artistique dans l’univers complexe de la mondanité parisienne et des intrigues de l’ancien régime agonisant.

    Vicomte de Caraman : Agent de Louis XVI auprès du roi de Prusse, loge « L’Olympique de la Parfaite Estime ».

    Lazare Nicolas Marguerite Carnot (1753-1823) : dès l’Ecole militaire, rendra visite à Rousseau.

    Giovanni Jacopo Casanova de Seingalt, dit Casanova (1725-1798) : Initié à Lyon en 1750, il passa ses deux autres grades à Paris dans une loge anglaise.

    César François Cassini (1716-1784) : Loge « La Philosophie » en 1779 à Paris.

    Jean François Chalgrin (1739-1811) : Loge « Les Cœurs Simples de l’Etoile Polaire » à Paris.

    Armand Charles Augustin de la Croix, Duc de Castries (1756-1842) : A participé à la guerre d’indépendance des insurgents américains. Loge « Les Bons Amis ».

    Jacques Antoine Marie de Cazalès (1758-1805) : Franc-maçon royaliste.  Familier du salon Polignac, membre des Amis de la Constitution monarchique,  il fait preuve d’opinions extrêmes en faveur de l’Ancien régime. Il émigre définitivement en 1792, devenant un agent secret du futur Louis XVIII.

    Joseph Antoine Joachim Cerutti 1738-1792) : jésuite.

     Sébastien Roch Nicolas de Chamfort (1740-1794) : Initié à la franc-maçonnerie en 1778, loge les « Neuf Sœurs ». .

    Anne Clément Félix Champion de Villeneuve (1748-1844) : futur ministre de l’Intérieur. Membre de la loge « Modération ».

    Jean Antoine Chaptal (1756-1832) : Initié avant 1789à la loge « La Parfaite Union » à Montpellier.

    Charles, duc de Berry (1778-1820) : second fils de Charles X. Loge « La Trinité ».

    François Athanase de Charrette de la Contrie, appelé Monsieur de Charrette (1763-1796) : Vendéen. Affilié à une loge de Nantes. Fusillé en 1796 

    Armand Marc Jacques Chastenet de Puységur (1751-1825) : Loge « La Candeur » en 1778.

    Prince de Condé-Bourbon : Loge de « Saint Jean de Montmorency ».

    Victor Scipion Charles Auguste de la Garde de Chambonas (1750-1830) : Ministre. 

    Pierre Gaspard Chaumette, dit « Anaxagoras » : (1763-1794) : Fils d’un cordonnier nivernais. Franc-maçon à Nevers. Un des orateurs les plus écoutés des Cordeliers, il sera très actif dans la préparation des journées des 20juin et 10 août 1792. Ardent déchristianisateur.

    Béatrix de Choiseul Stainville, Comtesse de Choiseul (1730-1794) :

    Henri de la Chaussée : Secrétaire interprète de la reine. Loge « L’Olympique de la Parfaite Estime ».

    Luigi Cherubini (1760-1842) : Loge « Saint Jean de Palestine », vers 1784, à Paris. En 1786, il compose une cantate pour la loge « L’Olympique den la Parfaite Estime ».

    Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos (1741-1803) : secrétaire de Philippe d’Orléans. A participé à la rédaction des cahiers de doléances : Instructions pour les personnes chargées d’une procuration aux Etats généraux. Membre et vénérable de la loge militaire « L’Union » à Toul. Initié vers 1763. A fondé le Journal des Amis de la Constitution, magazine du club des Jacobins.  Mort à l’étranger en 1803.

    Jean Baptiste Cléry (1759-1809) : Valet de chambre du Roi. Loge « La Concorde ».

    Jean Marie Collot dit Collot d’Herbois (1749-1796) :

    Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis deCondorcet (1743-1794) :

    Antoine Court dit Antoine Court de Gébelin (1719-1784) :

    Georges Couthon (1755-1794) : Il fut orateur de la loge « Saint Maurice »à Clermont-Ferrand.

     

    D

    Nicolas Dalayrac (1753-1809) : Musicien. Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Duc de Damas d’Autigny : participe à l’insurrection américaine

    Georges Jacques Danton (1759-1794) : élève au collège de Troyes, dirigé par des oratoriens. Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Pierre Claude François Daunou (1761-1840) :

    Jacques Louis David (1748-1825) : Le thème du serment que l’on retrouve dans plusieurs œuvres comme Le Serment du jeu de paume, La Distribution des aigles, Léonidas aux Thermopyles, fut peut-être inspiré à David par les rituels de la franc-maçonnerie. À la suite de l'historien d'art Jacques Brengues, Luc de Nanteuil et Philippe Bordes (avec des réserves, reprochant à Brengues l’absence de preuves), ont avancé que le peintre avait été franc-maçon. En 1989 lors du colloque David contre David Albert Boime a pu attester sur la base d'un document daté de 1787 de l’appartenance du peintre à la loge maçonnique de la « Modération » comme membre affilié.

    Jacques Defermon dit Defermon des Chapelières (1752-1831) à l’Orient de Rennes.

    Alexandre Deleyre (1726-1796) :

    Louis Charles Antoine Desaix (1768-1800) :

    Elie  Duc Decazes (1780-1860) : Grand Commandeur du Suprême Conseil de France pour le Rite Ecossais Ancien et Accepté.

    Lucie Simplice Camille Benoît Desmoulins (1760-1794) : élève très brillant du lycée Louis le Grand. Après 1776, loges des « Maîtres » à Amiens. Membre de la loge des « Neuf Sœurs ». Fondareur du club des Cordeliers.

    Abbé Jacques Delille (1738-1813) : Loge « Les Neuf Sœurs ».

    Henri Evrard Marquis de Dreux-Brézé (1762-1829) : Maître des cérémonies à la Cour. Loge « Frères d’Arme ». C’est à lui que Mirabeau adresse sa réplique qui comprend deux versions :

    ·    « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple, et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ».

    ·    Version rapportée par Mirabeau lui-même dans une lettre à ses commettants : « Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu’on a suggérées au Roi ; et vous qui ne sauriez être son organe auprès des Etats généraux, vous qui n’avez ici ni place ni voix, ni droit de parler, vous n’êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l’on vous a chargé de nous faire sortir d’ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes. »

    Dumouriez, en fait, Charles François du Perrier du mouriez (1739-1823)

    Jean baptiste Mercier Dupaty (1746-1788) :

    Adrien Jean François  Duport (1759-1798) : Loge « Le Contrat Social ». Loge « Les Sept Amis », Orient de Chambéry. S’enfuit en 1792revient en France, et repart pour mourir à l’étranger en 1798. Initié à la loge des « Amis réunis » de Paris.

    Pierre Samuel Dupont de Nemours (1739-1817) : A participé à la guerre d’indépendance des insurgents américains.

     

    E

    Charles Geneviève Louis Auguste André Timothée d’Eon de Beaumont, dit le Chevalier d’Eon (1728-1810) : Initié à Londres à la loge l’ « Immortalité », et a fréquenté en France la loge « Les Amis Réunis » à Tonnerre.

    Marc René d’Amarzit de Sahuguet, abbé d’Espignac (1752-1794) : abbé

    Marquis d’Estournel

     

    F

    Lorenza Feliciani : Compagne de Cagliostro.

    Hans Axel von Fersen (1755-1810) : A participé à la guerre d’indépendance des insurgents américains.  Loge « L’Olympique de la Parfaite Estime » en 1786.

    Jean Baptiste Baron de Flaschlanden (1749-1822) : Agent de Louis XVI auprès de ses deux frères. Député de la noblesse de Colmar auprès des Etats généraux.

    Floquet : Loge « Le Contrat Social ».

    Jean Pierre Claris Chevalier de Florian (1755-1794) : Petit neveu de Voltaire, loge « Les Neuf Sœurs » en 1779.

    Louis Jean Pierre Marquis de Fontanes (1757-1821) : Loge « Les Neuf Sœurs ».

    Joseph Fouché, dit Fouché de Nantes, duc d’Otrante (1759-1820) : Initié avant 1789 à la loge « Sophie Madeleine, Reine de Suède » à Arras.

    Antoine François Comte de Fourcroy (1755-1809) : Loge « Les Neuf Sœurs ».

    Jean Baptiste Joseph Fourier (1768-1830) : Ami de Willermoz

    Maximilien Sébastien Foy (1775-1825) : Vénérable d’honneur de la loge « La Bienfaisance », Le Havre.

    Louis Joseph de Francoeur (1738-1804) : Surintendant de la musique. Loge « Les Amis Réunis ».

    Benjamin Franklin (1706-1790) : Vénérable de la loge des « Neuf Sœurs » en 1779. Il fut élevé au troisième degré dans la loge « Keystone », Orient de Philadelphie, le 24 juin 1731.

     

    G

    Dominique Joseph Garat (1749-1833) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs » en 1779.

    Michel Garnier (1753-1819) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Stéphanie Félicité de Crest de Saint Aubin, Madame de Genlis (1746-1830) : Maîtresse du duc d’Orléans.

    Comte de Gerbier : Médecin du comte de Provence, vénérable de la loge « Guillaume Tell ».

    L’abbé Gervaux

    Charles Alexis Adrien Duhérissier de Gerville (1759-1853) : Ministre. Membre de la loge « L’harmonieuse Réunion ».

    François Joseph Gossec (1734-1829) : Directeur de l’Académie royale de musique. Il est initié en 1751 à la loge « La réunion des Arts ».

    Marie Gouze, dite Marie Olympe de Gouges (1748-1793) : féministe, polémiste de talent. A rédigé une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

    Antoine Louis Marie de Gramont, Duc de Gramont (1755-1836) : Loge « La Candeur ».

    Comte Alexandre François Auguste de Grasse-Tilly (1765-1745) : Loge « Le Contrat Social ». Initié en 1783 à la loge « Saint Lazare » devenue « Le Contrat Social ». Parti en 1789 à Saint-Domingue, il fonda à Charleston (Etats-Unis) la loge « La Candeur ». Il rentra en France où il fonda, en 1804, le « Suprême Conseil » pour le 33° degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

    Abbé Henri Jean Baptiste Grégoire (1750-1831) : Président de la Société des Amis des Noirs. Membre de la loge « L’Harmonie » à l’Orient de Paris.  

    Jean Baptiste Greuze (1725-1805) : Peintre. Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Duc de Grigny : Loge « Saint Jean de Montmorency ».

    Emmanuel Comte de Grouchy (1766-1847) : Loge « L’Héroïsme » en 1787 à Beauvais.

    Philippe Antoine Grouvelle (1758-1806) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Joseph Ignace Guillotin (1738-1814) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs » en 1778. Initié en 1772 à la loge « La Parfaite Union » d’Angoulême. Devient en 1776 vénérable de la loge « La Concorde FRATERNELLE3 0 L4Orient DE Paris.

    Louis Félix Guinement, chevalier de Kéralio (1731-1793) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

     

    H

    Claude Adrien Helvétius (1715-1771) : philosophe, membre de la loge des « Neuf Sœurs ». Il aurait été, avec Jérôme Lalande, l’un des fondateurs de l’éphémère loge « Les Sciences », vers 1766.

    Herman

    Comte d’Hervilly : Vendéen

    Louis Lazare Hoche (1768-1797) :

    Jean Antoine Houdon (1741-1828) : Sculpteur. Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Joseph Léopold Sigisbert, Comte Hugo (1773-1828) : Loge « L’Initié » à Aix-en-Provence.

     

    J

    Clément de Taffanel de la Jonquière, Marquis de Jonquière (1706-1795) :

     

    K

    François Etienne Christophe Kellermann, duc de Valmy (1735-1820) : Vénérable d’honneur de la loge « Saint Napoléon » Orient de Paris dès 1804.

    Rodolphe Kreutzler (1766-1831) : Loge « La Concorde » à la cour de Versailles.

     

    L

    Bernard Germain Etienne de Laville sur Ilon, comte de Lacepède (1756-1825) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ». En 1815, il se joignit à la minorité attachée à l’indépendance du Rite Ecossais et Accepté, mais en 1821, il accepta d’être membre du Suprême Conseil de France Unifié.

    Armand Charles Augustin de La Croix Duc de La Croix de Castries (1756-1842° : participe à l’insurrection américaine

    Marie Joseph Motier, Gilbert du Moutier, Marquis de La Fayette (1757-1834) : Initié à la loge « La Candeur » Paris, en 1775. Reçu en 1777/1778 à la loge militaire « Union Américaine ». Affilié à la loge « Saint Jean d’Ecosse du Contrat Social ». Il est vénérable, en 1806, de la loge « Les Amis de la Vérité » à Rosay en Brie.

    Jean François de La Harpe (1739-1803) :

    Joseph Lakanal (1762-1845) : Membre sous l’Empire des loges « Le Point Parfait » et « La Triple Harmonie » à Paris.

    Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande (1732-1807) : savant, membre de la loge des « Neuf Sœurs ». A créé cette loge en 1776. Il eut une influence des plus importantes au sein de l’Académie des sciences. Il est entré en maçonnerie du Grand Orient de France en 1768.  C’est lui qui procèdera, en 1778, comme vénérable de la loge, à l’initiation de Voltaire.

    Trophime Gérard, comte de Lally, baron de Tollendal, puis marquis de Lally-Tollendal (1751-1830) : de la loge « L’Anglaise de Bordeaux », fils du commandant en chef aux Indes

    Lamarck : Homme de confiance de la reine.

    Marie Thérèse Louise de Savoie, Mademoiselle de Carignan, Princesse Marie-Thérèse de Lamballe (1749-1792) : amie de Marie-Antoinette, grande maîtresse des loges d’adoption écossaises féminines régulières (Ecossaises, ici, signifie travaillant sur les hauts grades). Loge « Le Contrat Social ».  Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, belle-sœur de Philippe duc d’Orléans, devint par son mariage, princesse de Lamballe. Elle entre dans la franc-maçonnerie en devenant membre de la loge féminine « La Candeur » le 12 février 1777, qu’elle fonda. Le 10 janvier 1781, elle est élue grande maîtresse de la « Mère Loge Ecossaise ».

    Alexandre ; Théodore Victor Comte de Lameth (1760-1829) : participe à l’insurrection américaine.

    Théodore de Lameth (1756-1854) : Loge « Les Indissolubles ».

    Charles Malot Comte de Lameth (1757-1832) : A participé à la guerre d’indépendance des insurgents américains.

    Jean François de Galaud de La Pérouse (1741-1788 ou 1789 ?) : Loge « L’Heureuse Rencontre » en 1779 à Brest.

    Pierre Simon Marquis de Laplace (1749-1827) : mathématicien et astronome. Il est Grand Officier d’honneur du Grand Orient de France.

    René de La Rochefoucauld : Vendéen. Fusillé à Quiberon.

    Henri de Verguier, comte de La Rochejaquelin (1772-1794) : Vendéen

    Marie Victor Nicolas de Fay de Latour-Maubourg, Marquis de La Tour Maubourg (1768-1850) : Loge « L’Intimité » à Niort.

    Jacques Alexandre Bernard Law, Marquis de Lauriston (1768-1828) : Loge « Sully » à l’Orient de Toul-Artillerie, Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France.

    Isaac René Guy Le Chapelier (1754-1794) : Rédacteur du Serment du Jeu de Paume. Au passif, l’étrange loi abolissant le droit de se réunir, y compris pour les francs-maçons, et le droit de grève. Vénérable de la loge « La Parfaite Union » à Rennes.

    Antoine Marin Lemierre (1733-1793) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Louis Michel Lepeletier, Marquis de Saint-Fargeau (1760-1793) : Franc-maçon, membre de la loge « Phoenix » du Grand Orient de France.

    Pierre Léon Comte Levasseur (1756-1808) : participe à l’insurrection américaine

    Louis Louchet (1753-1813 ou 1815) : Loge de Rodez.

     

    M

    Augustin Joseph de Mailly, Mailly d’Hautcourt (1708-1794) : Emigre dès septembre 1789.

    Marie François Pierre Gauthier de Biran, dit Maine de Biran (1766-1824) : Loge « La Fidélité » en 1813, à Bergerac.

    Comte Joseph Marie de Maistre (1753-1821) : maçon mystique. En 1774, Loge « Saint Jean des Trois Mortiers » à Chambéry. Il rallie en 1778 la loge « La Parfaite Sincérité ».

    Jean Paul Marat (1743-1793) : Membre d’une loge anglaise dès 1787.  Loge « King Head Jerrad Street Soho » initié à Londres en 1769. Il passe maître en 1774.

    Maréchaux d’Empire : Sur vingt-six maréchaux, quinze seront francs-maçons, dont la plupart furent initiés avant le 18 brumaire.  Parmi eux : Augereau, Bessières, Brune, Lannes, Lefebvre, Moncey, Masséna, Maison,  Murat, Jourdan, Ney, Kléber, Marceau, Hoche et Pichegru.

    Jean François Marmontel (1723-1799) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».  Fils d’un petit tailleur de Bort-les-Orgues.

    Charlotte de Marsan.

    Martinez de Pasqually (1727-1774) :

    André Masséna Duc de Rivoli, prince d’Essling (1756-1817) : Loge « Les Vrais Amis réunis » à l’Orient de Nice. Grand Administrateur du Grand Orient de France.

    Comte Jean Frédéric Phélypeaux de Maurepas (1701-1781) : Ministre. Membre de la loge des « Amis réunis » de 1791 à 1792.

    Louis François  Henri de Menon,  Marquis de Menon (1717-1776) :

    André Masséna (1758-1817) : Reçu apprenti le 13 avril 1784 dans la loge « Les Elèves de Minerve » à Toulon.

    Etienne Nicolas Mehul (1763-1817) : Auteur du Chant du Départ. En 1786, membre de la Société Olympique, souchée sur la loge « L’Olympique de la Parfaite Estime ».

    Philippe Antoine Merlin Comte Merlin de Douai (1754-1838) :

    Nicolas Christiern de Thy, Comte de Milly (1728-1784) : un des premiers vénérables de la loge des « Neuf Sœurs ».  

    Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau (1749-1791) : Publie à Paris en 1784 Les considérations sur l’ordre de Cincinnatus ; l’esprit de Cincinnatus vient du refus d’une quelconque hérédité au point de vue de la noblesse. Membre de la loge des « Neuf Sœurs » en 1783.

    Gaspard Monge, comte de Péluse (1746-1818) : Initié –par la loge « L’Union Parfaite du Corps Royal du Génie » à Mézières, dont il est l’orateur en 1774. Il fréquente « Les Amis réunis » quand il est à Paris.

    Charles Louis de Secondat, Baron de La Brède et de Montesquieu (1689-1755) : Initié en 1730à la loge « Horn Tavern »Westminster, Londres. Le duc de Norfolk officiait comme vénérable maître.

    Jacques Etienne de Montgolfier (1745-1799): Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».Initié en 1784. Les montgolfières firent merveille lors des batailles de la révolution.

    Anne Charles Sigismond Duc de Montmorency-Luxembourg (1737-1803) : a réclamé l’abolition de la noblesse. A participé à la guerre d’indépendance des insurgents américains. Loge de Laval. Emigre dès septembre 1789. Dignitaire maçonnique, il fut affilié à la loge Saint Jean de Montmorency-Luxembourg de 1762 à 1789 et, à partir de 1773, à celle de Saint Jean de Chartres. De 1773 à 1789, il fut administrateur général du Grand Orient de France.

    Honoré, Comte Muraire (1750-1837) : Souverain Grand Commandeur du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

    Caroline Murat, Caroline Bonaparte (1782-1839) : Sœur de Napoléon. Installée grande maîtresse des loges d’adoption du Royaume des deux Sicile.

     

    N

    Nicolas François de Neufchâteau (1750-1828) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Michel Ney, duc d’Elchingen, prince de la Moskova (1769-1815) : Initié en 1801 à la loge « Saint Jean de Jérusalem » à Nancy.

    Jean Louis Paul François de Noailles (1739-1824) :

    O

    Louis Philippe Joseph d’Orléans, (1785-1793)  duc de Chartres, grand maître de la franc-maçonnerie française à 39 ans. A voté la mort du roi. Fut l’un des meneurs des 47 députés de la noblesse qui se rallièrent au Tiers-Etat en juin 1789. En 1790, il s’affilia au puissant club des Jacobins et prit le nom de Philippe Egalité. Il fit publier cette mettre dans le Journal de Paris le 22 février 1793 : « Dans un temps où personne, assurément, ne prévoyait notre Révolution, je m’étais attaché à la franc-maçonnerie qui offrait une image d’égalité, comme je m’étais attaché au parlement qui offrait une image de la liberté. J’ai, depuis, quitté ce fantôme pour la réalité. (…) Je pense qu’il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblé secrète dans une République, surtout au commencement de son établissement (…) ».

     

    P

    Thomas François de Treil de Pardailhan (1754-1822) : Loge « Le Contrat Social » en 1781. Membre associé de la loge « La Liberté » de Saint Chinian.

    Pasquale Paoli, Pascal de Paoli (1725-1807) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ». Initié le 15 juin 1778 au sein de la loge « Les Neuf Muses N° 325 » à Londres.

    Evariste de Parny (1753-1814) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Claude Emmanuel Joseph Pierre Marquis de Pastoret (1755-1840) : Vénérable maître de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Jérôme Pétion de Villeneuve (1753-1794) : Membre actif de la Société des Amis des Noirs.

    Nicolo Vito Piccini (1728-1800) : Musicien. Membre de la loge des « Neuf Sœurs » en 1777.

    Jean Charles Pichegru (1761-1804) : Loge « Centre des Amis » à Paris en 1797.

    Auguste de Piix : Secrétaire du comte d’Artois. Loge « La Candeur ».

    Louis Ange Pitou (1767-1846) : Vendéen. Fusillé en 1796.

    Jean François Pilâtre de Rozier (1754-1785) : Aéronaute. Loge « Saint François du Parfait Consentement », Grande Loge de Clermont.

    Armand Jules François Duc de Polignac (1745-1817) : Premier écuyer du Roi. Loge « La candeur ».

    Yolande Martine Gabrielle de Polastron, Duchesse Yolande de Polignac (1749-1793) :

    Jean Etienne Marie Portalis (1745-1807) : Vénérable de la loge « L’Etroite Persévérance des Amis Réunis ».

    Bernard Poyet (1742-1824) : Loge « Les Neuf Sœurs » à Paris en 1783.

     

    R

    Jean Paul Rabaud Saint-Etienne (1743-1793) : protestant cévenol, pasteur nommé au Tiers-Etat.

    Joseph Raulin (1708-1784) : Médecin du roi. Vénérable maître de la loge « Saint Nicolas de l’Egalité ». Membre de la Royal Society de Londres à partir de 1763.

    Nicolas Edme Restif de la Bretonne (1734-1806) : Homme de lettres.

    Rétaux de Villette : Membre de la loge « La Sagesse  triomphante ».  

    Maréchal Louis François Armand de Vignerot du Plessis, Duc de Richelieu (1696-1788) : Premier gentilhomme de la Chambre du Roi. De la  loge de Montmorency.

    Jean Baptiste Donatien de Vimeur, Marquis de Rochambeau (1725-1807) : Participa à l’insurrection américaine. Membre de la loge « Saint Jean de la Candeur ». Il finira maréchal.

    Donatien Marie-Josèphe, baron de Vimeur de Rochambeau (1755-1813) : Participe à la guerre d’indépendance américaine. Loge « Saint Jean D’Ecosse du Contrat Social » à Paris.

    Aimery Louis Roger Marquis de Rochechouart (1744-1791) : participe à l’insurrection américaine. Il commande 6000 hommes environ, formant un contingent composé de quatre régiments. Aves les remplacements, cela fera au total un contingent de 10 000 hommes qui vont ensemencer en France des idées révolutionnaires. Le nombre des officiers francs-maçons est de plus de 200 officiers sur les 1000 du corps expéditionnaire. Emigre dès septembre 1789.

    Pierre Louis Roederer (1754-1835) :

    Alexandre Louis Roëttiers de Montaleau (1748-1808) : Initié à la loge « L’Amitié » de Paris en 1774. Grand Officier du Grand orient de France en 1780. Affilié à de nombreuses loges, il s’efforce de préserver la franc-maçonnerie pendant la Terreur. En 1804, il est représentant du Grand maître Joseph Bonaparte.

    Louis René Edouard, prince de Rohan, Cardinal de Rohan (1734-1803) : Héros de l’affaire du collier

    Claude Joseph Rouget de l’Isle (1760-1836) : auteur de la Marseillaise. Loge « Les Frères Discrets » à Charleville.

     

    S

    Donatien Alphonse François Comte de, dit le Marquis de Sade (1740-1814) : Loge des « Neuf Sœurs » en 1780. Il figure pendant la révolution sur les tableaux de la loge fréquentée par Mirabeau, « Les Amis de la Liberté », Paris.

    Joseph Bologne de Saint Georges dit le Chevalier de Saint Georges (1739-1799) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Comte de Saint-Germain (1690 ou 1710- 1784) : appartint à la Stricte Obédience allemande.

    Louis Claude de Saint Martin (1743-1803) :

    Savalette de Langes (1745-1745-1797) : Initié en 1766 à la loge « L’union Indivisible » à Lille. Il installe en 1771 à Paris « Les Amis Réunis ». Puis il fonde l’Ordre Maçonnique des « Philalèthes ».

    Marie Paul Alexandre César, vicomte de Scépeaux de Bois-Guignot Marquis de Scépeaux (1768-1821) : Vendéen

    Comte Louis Philippe de Ségur (1753-1830) : participe à l’insurrection américaine. Franc-maçon, il est grand commandeur du Suprême Conseil de France de 1822 à 1825.

    Emmanuel Joseph Sieyès, ou l’abbé Sieyès, Marquis de Sieyès (1748-1836) : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Gasparo Luigi Pacifico Spontini (1774-1851) : Loge « L’Age d’Or » à Paris.

    Pierre André, bailli de Suffren de Saint Tropez (1726-1788) : Loge « L’Olympique de la Parfaite Estime » en 1786.

    Robert Surcouf (1773-1827) : Initié en 1796 à la loge « La Triple Espérance » à Port-Louis, Ile Maurice. Membre en 1809 de « La Triple essence » à Saint-Malo.

     

    T

    Charles Maurice de Talleyrand Périgord (1754-1838) : Initié à la loge « L’Impériale des Francs Chevaliers ». Il resta apprenti toute sa vie.

    Henri Joseph Taskin (1779-1852) : Membre des loges « Les élèves de la Nature » (1810) et « La Tolérance » (1833) Grand officier du Grand Orient. 33°.

    Toulouse-Lautrec

    Marquis Armand Charles Tuffin de la Rouërie (1751-1793): Vendéen. Guillotiné en 1793.

     

    U

    Louis d’Ussieux : Un des deux fondateurs du Journal de Paris, qui fut le premier quotidien en langues française. Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

     

    V

    Marc Guillaume Alexis Vadier 1736-1828) : Loge de « Nostradamus » à Pamiers.

    Valeyre de Barette : Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Pierre Victurnien Vergniaud (1753-1793) :

    Antoine Alexis Cadet de Vaux (1743-1828) : Un des deux fondateurs du Journal de Paris, en 1777, qui fut le premier quotidien en langues française. Membre de la loge des « Neuf Sœurs ». Chimiste et pharmacien parisien.

    Antoine Charles Horace Vernet dit Carle Vernet (1758-1836) : Peintre. Membre de la loge des « Neuf Sœurs ».

    Roch Etienne de Vichy (1753-1829) : Aumônier de la reine, futur évêque de Soissons. Loge « Le Bienfaisant ».

    Louis Thomas de Villaret de Joyeuse (1747-1812) : Loge et chapitre « L’Union » à Lorient ; membre honoraire de la loge « L’Harmonie » à Saint-Pierre de la Martinique.

    François Henri Comte de Virieu (1754-1793) : Franc-maçon d’une loge martiniste de Lyon. A participé au convent de Wilhelmsbad de 1782.

    François Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778) : maçon sur les dernières années de sa vie. Célèbre par cet appel à la tolérance : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dîtes, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. ». Membre de la loge des « Neuf Sœurs » le 7 avril 1778, deux mois avant sa mort.  A son décès, la loge des « Neuf Soeurs » lui offrit un service funèbre.

     

    W

    François Joseph Westermann (1751-1794) : Général révolutionnaire. Après la bataille de Savenay, du 23 décembre 1793, il écrivit au Comité de salut public une lettre contenant le passage suivant, resté célèbre : « Il n’y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Plus de Vendée, citoyens républicains, je viens de l’enterrer dans les maris et dans les bois de Savenay, suivants les ordres que vous m’avez donnés […]. J’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes […] et n’ai pas un prisonnier à me reprocher, j’ai tout exterminé […] ».

    Jean Baptiste Willermoz (1730-1824) : Initié en 1750par la loge « Les Amis Choisis » à Lyon.

     

    Mort du Roi :

    Neuf francs-maçons refusent la mise en accusation et toute condamnation :

    Defermon, FoKedey, Le Maréchal, Le Maignan, L’Official, de Mazède, Morisson, Doulain de Grandpré, Dayre.

    Trente-six députés francs-maçons votent la réclusion ou le bannissement. Parmi eux :

    Bobay, Bancal des Issarts, Barère de Vieuzac, Chaset, Collombel, Coupé de Kervenno, Duport, Gouly, Humbert, Mercier, Peries, Saurinve, Savary, de Pillery, etc.

    Dix-sept conventionnels francs-maçons, absents au moment du vote, approuvent par procuration la condamnation à  la mort :

    Belmain, Blairel, Cherner, Comte de Fourcroy, l’abbé Grégoire, Merlin de hionville, Mirande, etc.

    Huit  autres conventionnels francs-maçons votent la mort avec sursis (sic) :

    Brissot, Duplantier, Fortuné, etc.

    Quatre-vingt  délégués francs-maçons ont voté la mort, dont certains nobles comme Philippe Egalité, le marquis de Jonquière, Le Peletier de Saint-Fargeau,…

     

    ANNEXE 4 :

    La guillotine :

     

    Texte du serment maçonnique :

    « Moi, N....... sous l'invocation du Grand Architecte de l'Univers et en présence de cette Respectable Loge de Francs-maçons régulièrement réunie et dûment consacrée.

    De ma propre et libre volonté, je jure solennellement sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie de ne jamais révéler aucun des Secrets de la Franc-maçonnerie à qui n'a pas qualité pour les connaître ni de les tracer, écrire, buriner, graver ou sculpter ou les reproduire autrement.

    Je jure d'observer consciencieusement les principes de l'Ordre Maçonnique, de travailler à la prospérité de ma Respectable Loge, d'en suivre régulièrement les Travaux, d'aimer mes Frères et de les aider par mes conseils et mes actions.

    Je jure solennellement tout cela sans évasion, équivoque ou réserve mentale d'aucune sorte, sous peine, si je devais y manquer, d'avoir la langue arrachée et la gorge coupée, et d'être jugé comme un individu dépourvu de toute valeur morale et indigne d'appartenir à la Franc-maçonnerie».

     

    En 1791, un décret fixe que « tout condamné à mort aura la tête tranchée ».

    Cela correspond au geste de couper la gorge, acte réservé aux maçons félons.

    Du symbole à la réalité : on peut doc dire que la guillotine est une façon non symbolique de punir les maçons félons à leur serment d’égalité.

    La première exécution aura lieu le 25 avril 1792, elle s’appliquera à un bandit de grand chemin.

    Pendant la Terreur, de septembre 1793 à juillet 1794, près de 50 guillotines seront installées en France, et quelques 20000 personnes seront exécutées. La guillotine fonctionnera pour la dernière fois en 1977, et la peine de mort sera abolie en 1981.

     

    Nom de la guillotine :

    Abbaye de Monte-à-Regret : Il fallait monter treize marches. Celles-ci ont été supprimées en 1871 (ce n’est plus un objet de spectacle). Terrible abbaye sur le seuil de laquelle le condamné se séparait du monde et de sa tête. Ceux qui y montent le font sûrement à regret.

    Bascule : Allusion à la planche qui bascule pour pousser le condamné sous la lunette.

    Cracher dans le sac : être guillotiné.

    Cramper avec la Veuve, épouser la Veuve : Faire l’amour avec la guillotine. C’est le bourreau qui remplit le rôle  de maire et les aides servent de témoins pour ce mariage forcé.

    La Cravate à Capet : Guillotine.

    Eternuer dans le sac, dans le son : Etre guillotiné. Allusion au sac de son destiné à étancher le sang du supplicié.

    Fenêtre (mettre la tête à la) : Allusion au passage de la tête dans la lunette.

    Fin de la Soupe : être guillotiné

    Petite Louison, Louisette : Du docteur Antoine Louis. Surnom de la guillotine.

    Lunette (passer à) : être guillotiné

    Lorsque la guillotine n’a pas encore servie, on l’appelle Mademoiselle.

    La Lucarne : La guillotine

    Le Moulin à silence : guillotine

    Rasoir national : La guillotine

    La Veuve : Elle voit mourir tous les hommes couchés sur sa planchette. Le guillotiné épouse la Veuve.

     

    ANNEXE 5 :

    Principales Dates 1789-1795 :

     

    A)      La Monarchie :

     

    1) LA CONSTITUANTE :

    1789 :

    5 mai : Séance d’ouverture des Etats généraux.

    17 juin : Les Communes deviennent Assemblée nationale.

    20 juin : Serment du jeu de paume.

    9 juillet : L’Assemblée nationale se proclame Constituante.

    14 juillet : Prise de la Bastille.

    4 août : Décret qui met fin aux privilèges.

    26 août : Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen.

    2 novembre : Les biens du clergé sont mis à disposition de la Nation.

     

    1790 :

    29 mars : Le pape condamne la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen.

    12 juillet : Constitution civile du clergé.

    27 novembre : L’Assemblée décrète que les prêtres ont deux mois pour prêter serment à la Constitution, sous peine d’être tenus pour démissionnaires.

     

    1791 :

    10 mars : Bref du pape qui condamne la Constitution civile du clergé.

    14 juin : Loi Le Chapelier.

    20-21 juin : Fuite du Roi à Varennes.

    3 septembre : Adoption de la Constitution.

     

    2) LA LEGISLATIVE :

    1° octobre : Première séance de l’assemblée législative.

     

    1792 :

    11 juillet : La patrie est proclamée en danger

    10 août : Assaut des fédérés et des parisiens contre les Tuileries. Les pouvoirs du Roi sont suspendus.

    Septembre : Elections des représentants de la Convention.

     

    3) LA CONVENTION :

    2-5 septembre : Massacres dans les prisons parisiennes et en province.

    20 septembre : Victoire de Valmy.

    21 septembre : Première séance de la Convention qui décide l’abolition de la monarchie.

     

    B) La République :

     

    22 septembre : Premier jour de la République.

    13 novembre : Victoire à Jemmapes. Début des débats à la Convention sur le procès du Roi.

     

    1793 :

    15-20 janvier : Vote à la Convention sur le sort du Roi.

    21 janvier : Exécution de Louis XVI.

    10 mars : Création du Tribunal révolutionnaire à Paris.

    6 avril : Création du Comité de salut public.

    31 mai : Première manifestation devant la Convention pour demander l’arrestation, des Girondins.

    24 juin : Constitution et Déclaration des droits de 1793.

    4-5 septembre : La Terreur est « mise à l’ordre du jour » e création d’une armée révolutionnaire.

    17 septembre : Loi des suspects.

    16 octobre : Victoire de Wattignies et exécution à Paris de Marie-Antoinette.

    31 octobre : Exécution à Paris de 21 Girondins.

    10 novembre : Fête de la Raison à Paris.

    21 novembre : Discours de Robespierre pour défendre la liberté des cultes.

     

    1794 :

    4 février : Abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.

    5 février : Discours de Robespierre sur la Vertu et la Terreur.

     13 mars : Arrestation des Hébertiste.

    24 mars : Exécution à Paris des Hébertistes.

    30 mars : Arrestation des Indulgents.

    5 avril : Exécution à Paris des Indulgents.

    7 mai : Instauration du culte de l’Etre suprême.

    10 juin : Décret du 22 prairial, connu sous le nom de la « Grande Terreur ».

    26 juin : Victoire à Fleurus.

    27 juillet : Coup de force à la Convention contre Robespierre et ses amis.

    28 juillet : Exécution à Paris de Robespierre et de ses « complices ».

    29 juillet : Exécution à Paris de 71 personnes. La Commune de Paris est anéantie par la répression.

    Août : Vague de libération de prisonniers.

    18 septembre : La Convention décrète ne plus entretenir les frais d’aucun culte.

    12 novembre : La Convention ordonne la fermeture du club des Jacobins de Paris.

    23-24 novembre : Vote de la mise en accusation de Carrier.

    24 décembre : Abolition du Maximum.

     

    1795 :

    Février : Premières manifestations graves de la Terreur blanche.

    1° avril : Emeutes populaires réprimées à Paris.

    20 mai : Emeutes populaires réprimées à Paris.

    22 août : La Convention adopte la nouvelle Constitution (dite de l’an III) qui comporte une Déclaration des droits et des devoirs.

    26 octobre : Séparation de la Convention nationale, qui vote une amnistie pour les « faits » de Révolution.

    27-28 octobre : Début du Directoire.

     

    ANNEXE 6 :

     

    RESUME DE LA PLANCHE. LES IDEES PRINCIPALES/

    Il convient de bien distinguer deux étapes :

    1.      De 1789 à 1792, où n’on tente de concilier la monarchie et la révolution ;

    2.      De 1792 à 1795 : C’est l’instauration de la république bourgeoise. « Le liberté ou la mort »

    Avec le 9 Thermidor, il est mis fin à la révolution sociale et il faudra attendre la Commune de Paris de 1871 pour que le mouvement reprenne !

    Aussi, lorsqu’un maçon clame : « Vive la République ! », il s’agit de la république égalitaire, fondée en 1792, complétée en 1871. Mais il reste du travail à accomplir pour instaurer cette république en France.

    Concernant Robespierre, il convient de se méfier de la légende noire apparue dès son élimination ! On lui en prête beaucoup ! On a chargé sa personne, pour, à la fois, en finir avec la Terreur, et empêcher le développement vers une révolution plus sociale.

    Robespierre a contribué à ce coup d’arrêt :

    ·    Représentant de la bourgeoisie, il ne s’est pas préoccupé de l’aspect social : il a accepté le salaire maximum, la propriété bourgeoise,… IL a donc contribué à mettre en place un système économique capitaliste ;

    ·    Il voulait instaurer une religion bourgeoise d’Etat, reprenant la théorie déiste de Rousseau.

    ·    En particulier, il a affaibli sa position en éliminant les Enragés, partisans, eux, d’un approfondissement social de la révolution.

    Certains auteurs estiment le nombre de morts de la période de la Révolution à 1 000 000, dont environ 500 000 morts pour la seule guerre civile de Vendée, sur une population française total de 28 millions d’habitants.

    Dans cette mathématique funèbre, il convient de distinguer les morts des deux camps, et aussi de s’interroger de ce qu’il serait advenu des révolutionnaires en cas de victoire des contre-révolutionnaires, que ce soit les émigrés, ou les troupes étrangères. Le Duc de Brunswick avait menacé de raser Paris !

    Chacun jugera !

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