• Robespierre (2° partie)

    Ma conclusion est donc mitigée : Historiquement, il ne pouvait en, être différemment. Oui, Robespierre a été un grand révolutionnaire, et il mérite beaucoup de respect. Cinq boules blanches. Mais cela a été un révolutionnaire bourgeois. Une boule noire. Et donc son œuvre doit être continuée et approfondie contre l’oppression politique, religieuse et militaire.

    I)   ROBES-PIERRE NOIRE : L’ŒUVRE REACTIONNAIRE : ROBESPIERRE, REPRESENTANT DE LA CLASSE BOURGEOISE

     

    LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION POLITIQUE (LE ROI)

    Pour ce qui est de la lutte contre l’Ancien régime, on peut dire que Robespierre a fait largement son travail, travail qui l’a mené à une mort précoce, à 36 ans.

    Il a du utiliser pour ce faire, la violence, et il ne pouvait pas en être autrement, car il en a toujours été ainsi lorsqu’une classe sociale dominée a remplacé une autre classe sociale dominante.

    S’il a contribué à détruire l’oppression féodale, Robespierre n’ pas libéré l’humanité de toute oppression, mais il a remplacé l’oppression féodale par l’oppression bourgeoise, et ceci à divers niveaux :

    ·         Droits bourgeois, dont la propriété bourgeoise (propriété privée des moyens de production) ;

    ·         Culte de l’Etre suprême, et non pas liberté de croyance et de conscience et laïcité ;

    ·         Nouvel esclavage des « bras nus » et du peuple (Loi Le Chapelier, refus de la loi agraire,…)

    ·         Lutte contre les représentants u peuple (Enragés, hébertistes,…)

    En raison du caractère de classe de Robespierre et de la réalité sociale de l’époque, il ne pouvait pas en être autrement.

     

    Au cours de la période révolutionnaire qui transforme la société féodale en société capitaliste, il convient de tenir compte des éléments suivants :

    ·    Nécessité de recourir à la violence ;

    ·    Tenir compte des classes sociales existantes. La bourgeoisie doit à la fois lutter contre la noblesse et le haut clergé, en tenant compte de l’apport des autres classes sociales du tiers-état (bras nus, artisans, paysans,…), mais aussi contenir les velléités de ces diverses classes sociales inférieures, qui tentent inéluctablement à imposer leurs propres intérêts.

     

    1)    LES DROITS DE L’HOMME :

    Cette déclaration de principe, tout en s’inspirant du texte américain de 1776, se définit de portée générale et s’adresse aux hommes de tous temps et de tous les pays, consacrant ainsi sa vocation « universelle ». Les guillemets sont nécessaires à « universel », puisque les droits qu’elle renferme ne s’adressent qu’aux individus de sexe masculin et disposant d’un revenu minimum.

    Avec le Directoire en 1795, on revient à un texte proche de 1789, et pendant 150 ans l’idéologie économique libérale va s’accommoder d’une conception restrictive des droits de l’homme, même si elle a constitué une avancée incontestable par rapport au féodalisme.

    Prédominent les droits individuels, et il faudra attendre la révolution russe de 1917, pour que les divers pays, sous la pression des classes sociales défavorisées, se résolvent à élargir peu à peu le champ d’action des droits de l’homme à des droits collectifs prenant en compte la dimension sociale de la personne humaine.

    Il faudra attendre 1948 et la Déclaration universelle pour que droits individuels et droits collectifs soient proclamés en même temps et sur le même plan, au bénéfice de l’humanité en son entier.

     

    2)    APOLOGIE DE LA PROPRIETE PRIVEE :

    L’expropriation des biens des émigrés et de l’Eglise.

    Les biens nationaux : la vente des biens nationaux attacha sans doute au nouveau régime des milliers d’acheteurs. Mais ceux-ci se recrutaient surtout au sein de la bourgeoisie urbaine.

    Les « bras nus » (sans-culottes, enragés). Prolétaires du XIX° siècle. Problème de la propriété : le droit de propriété est rappelé dans les articles 2 et 17 de la Déclaration de 1789, ce qui en souligne l’importance pour les rédacteurs du texte. Il ne fait que refléter leur état de « possédants » et sa légitimation est destinée à asseoir durablement leur pouvoir. Il est donc de pure opportunité et doit être qualifié d’ »idéologique », car on ne voit pas en quoi la propriété serait consubstantielle à l’homme. A noter qu’également qu’en 1789, l’évolution ne faisait que commencer, et qu’elle prendra son plain régime en 1793 et 1794. Cependant, son caractère bourgeois restera marqué, et le droit de propriété absolue l’emportera, étant codifié notamment dans le code « Napoléon » de 1804.

    La bourgeoisie hésite à chaque instant entre la solidarité qui l’unit au peuple contre l’aristocratie et celle qui unit l’ensemble des possédants contre les non-possédants. Elle redoute davantage le péril rouge que le péril blanc.

    Jaurès note qu’ « aucun des démocrates de la gauche la plus populaire, ni Robespierre, ni Pétion, n’osèrent parler de l’expropriation sans indemnité. »

    Bien des auteurs vont sentir le danger qu’il y a à la trop grande disproportion des fortunes. L’influence de Rousseau est ici déterminante.

    Jean Jacques Rousseau, Le Contrat social : « L’état social n’est avantageux aux hommes qu’autant qu’ils ont tous quelque chose, et qu’aucun d’eux n’a rien de trop. » et « La terre est par l’ordre de la nature, le domaine réel de l’homme. »

    Sylvain Maréchal, futur compagnon de Babeuf écrit dans Des pauvres et des riches en 1791 : « Ce sont les pauvres qui ont fait la révolution, mais ils ne l’ont pas fait à leur profit, car depuis le 14 juillet, ils sont à peu près ce qu’ils étaient avant le 14 juillet 1789. »

    Le problème essentiel, qui est au cœur de la révolution française, c’est bien entendu celui de la propriété et du pouvoir que donne cette propriété.

    Louis XVI, en septembre 1789, réaffirmera la nécessité de l’inégalité des fortunes, au moment où l’ébranlement est donné par la nuit du 4 août 1789. Par la suite, les possédants agitent à leurs propres yeux l’oripeau de la loi agraire, pour que, de leur peur, naisse une cohésion de classe. Ils y réussissent d’ailleurs parfaitement, fin 1792-1793.

    Marat dans La Constitution, ou projet de déclaration des droits de l’homme (1789) : « Dans une société où certains privilégiés jouissent dans l’oisiveté, le faste et les plaisirs, des biens du pauvre, de la veuve et de l’orphelin, la justice et la sagesse exigent également, qu’au moins une partie de ces biens aille enfin à leur destination ,par un partage judicieux entre les citoyens qui manquent de tout : car l’honnête citoyen que la société abandonne à sa misère et à son désespoir, rentre dans l’état de nature, et a droit de revendiquer à main armée des avantages qu’il n’a pu aliéner que pour s’en procurer de plus grand : toute autorité qui s’y oppose est tyrannique, et le juge qui le condamne à la mort n’est qu’un lâche assassin. »

    La différenciation au sein du tiers-état était déjà accentuée et ne cessa, pendant les cinq années de la révolution, de s’approfondir. Le bourgeois de 1789 était déjà un personnage considérable. Propriétaire terrien, gros négociant, industriel, titulaire d’une charge (office de justice, de finances, etc.), son genre de vie, ses manières, son costume même l’apparentait bien davantage à la classe aristocratique qu’à celle des travailleurs manuels. L’inflation, la vie chère, d’un côté, et de l’autre, les fructueuses acquisitions de biens nationaux, les énormes bénéfices réalisés sur les fournitures de guerre creusèrent un début de scission entre bourgeois et sans-culottes. Le pauvre se paupérise davantage, tandis que la richesse du riche se fit plus insolente.

    Les bras nus mènent la révolution bourgeoise jusqu’à son terme. La peur

    Un divorce dans la bourgeoisie révolutionnaire : Les Girondins ne veulent pas payer le concours des bras nus.

    Girondins et Montagnards sont les membres de la même classe. Il n’y avait entre eux aucune divergence fondamentale. Ils étaient, les uns et les autres, de zélés défenseurs de la propriété privée.

    Les Montagnards, comme Maximilien de Robespierre, de Saint-Just de Richebourg, Hérault de Séchelles, Barère de Vieuzac, Danton, Marat, Hébert, Billaud-Varenne, prônaient aussi le caractère intangible et sacré de la propriété privée, tout comme les Girondins, comme Vergniaud, Roland et Condorcet.

    Girondins et Montagnards dénoncèrent avec une égale horreur la « loi agraire », la communauté des biens. Ils avaient la même crainte de la démocratie directe, de l’intervention du peuple souverain en armes dans la vie publique, du fédéralisme populaire, le même attachement à la fiction parlementaire et à la légalité, au centralisme politique. Les uns et les autres étaient les adeptes convaincus du libéralisme économique. Ils vantaient en termes identiques, les avantages de la liberté sur la contrainte. Ils étaient, du point de vue des principes, hostiles à toute réglementation, à toute taxation.

    Les uns, les Montagnards, n’hésitaient pas à solliciter le concours des bras nus pour sauver la révolution bourgeoise et poursuivre la guerre jusqu’à la victoire. Les autres, les Girondins, en arrivèrent à souhaiter transiger avec la contre-révolution intérieure et extérieure, plutôt que de lâcher la bride, même temporairement, aux sans-culottes.

    Baudot : « Les Girondins voulaient transporter l’action du pouvoir dans les classes comprises dans l’aristocratie secondaire de la société, la Montagne voulait y faire participer la population entière. »

    Entre les deux fractions bourgeoises, il y avait des différences d’intérêts. Les Girondins étaient soutenus par la bourgeoisie intéressée au commerce et à l’exportation des biens de consommation.

    Les Montagnards, au contraire, représentaient la fraction de la bourgeoisie à qui l’inflation, l’acquisition des biens nationaux, les fournitures aux armées, et plus tard les fabrications d’armes procurèrent des bénéfices énormes.

     

    3)    LA PAYSANNERIE ET LA LOI AGRAIRE :

    Les Girondins ne veulent pas payer le concours des bras nus.

    Girondins et Montagnards appartenaient à la même class. Ils étaient les uns et les autres, de zélés défenseurs de la propriété privée.

    Montagnards : ils avaient des manières aristocratiques : Maximilien de Robespierre, de Saint Just de Richebourg, Barère de Vieuzac, Hérault de Seychelles, Danton, Marat, Hébert, Billard de Varenne,…

    Girondins : Brissot, Vergniaud, Roland, Condorcet, Clavière, Barbaroux, Ducos, Bailleul…

    Ils dénoncèrent avec une égale horreur, la « loi agraire », la communauté des biens. Ils avaient la même crainte de la démocratie directe, de l’instruction du peuple souverain en armes dans la vie publique, du fédéralisme populaire, le même attachement à la fiction parlementaire et à la légalité, au centralisme politique. Les uns et les autres étaient des adeptes convaincus du libéralisme économique.

    Le conflit mettait aux prises, non pas deux classes, mais deux fractions d’une même classe :

    ·    Les Girondins et les contre-révolutionnaires à l’intérieur et à l’extérieur ;

    ·    Les Montagnards et les bras nus.

    Le spectre de la loi agraire sera agité dès le mois de septembre, à propos d’un texte de Momoro De la convention nationale (1792). On découvre dans ce texte les germes de conflit qui devait opposer la Commune de Paris à la Convention et finir par la révolution du 31 mai 1793.

    J.P. Rabaut, De l’égalité (1793) : « Le gouvernement démocratique ne peut subsister longtemps avec l’immense inégalité des fortunes. »

    Le député Harmand, de la Meuse, dans un Discours : « Mais comment les institutions sociales peuvent-elles procurer à l’homme cette égalité de fait que la nature lui a refusée sans attenter aux propriétés territoriales et industrielles ? Comment y parvenir sans la loi agraire et sans le partage des fortunes ? »

    Dupont : « L’homme ne tient de la nature qu’un seul droit de propriété, celui du fruit de son travail ; tous les autres sont l’effet de la loi (…). Je pose donc pour second principe que nul individu dans la république ne doit exister sans travailler. »

     

    4)    LE DOUBLE POUVOIR ET LE RENFORCEMENT DU POUVOIR CENTRAL :

    Il y a synchronisation de deux dates :

    ·    Décret sur la liberté des cultes, le 6 décembre ;

    ·    Décret par lequel furent mis définitivement en place les premiers éléments d’un pouvoir central fort, le 4 décembre.

    La loi du 4 décembre : la bourgeoisie nous présente comme l’apogée de la révolution une loi qui, dans certaines de ses dispositions, marque le début de la réaction.

    C’est l’étape de la formation de la monstrueuse machine de l’Etat par laquelle la bourgeoisie va asservir le prolétariat aux siècles suivants.

    Ainsi, un des mobiles de l’évolution qui commence le 4 décembre semble bien avoir été la volonté de la bourgeoisie révolutionnaire de réduire – en attendant de le briser – le pouvoir des masses.

    Ce fut le Comité de Salut public qui, contre les masses populaires, amorça l’évolution qui ; d’étape en étape, devait conduire aux préfets d’Empire.

    Considérant le régime de 1793, il ne faut pas confondre, sous les divers mots de « dictature de salut public », « dictature montagnarde », « dictature jacobine », « gouvernement révolutionnaire », deux sortes de contraintes :

    ·    D’une part, un pouvoir populaire, démocratique, décentralisé, propulsé du bas vers le haut, celui des sans-culottes en armes, groupés dans leurs sections, leurs clubs, leurs communes, exigeant à l’occasion de revers extérieurs le châtiment impitoyable de l’ennemi intérieur ;

    ·    D’autre part, une dictature bourgeoise, autoritaire, centralisée, propulsée du haut vers le bas, et dirigée non seulement contre l’aristocratie, mais aussi et de plus en plus contre les bras nus, contre les organes du pouvoir populaire.

    La tendance vers le premier de ces types de pouvoir se manifeste dès le 10 août 1792 et dans les semaines qui suivent : au lendemain de la chute de Longwy et de Verdun, la Commune insurrectionnelle s’empare d’une partie du pouvoir et elle arrache à la bourgeoisie, ou prend elle-même, des mesures radicales en vue d’écraser la contre-révolution. Les massacres de Septembre marquent l’apogée de cette ébauche de contrainte populaire.

    Mais la bourgeoisie oblige le torrent à rentrer dans son lit, et, par ailleurs, la victoire militaire de l’automne 1792 et du début de 1793, rendent moins nécessaire un régime d’exception.

    La tendance à une contrainte populaire se manifeste à nouveau, en mars-avril 1793, lorsqu’on apprend successivement à Paris, le soulèvement de la Vendée, la trahison de Dumouriez, l’évacuation de la Belgique, l’invasion du territoire national. Les bras nus se soulèvent comme au 10 août, ils exigent que la république frappe vite et fort.

    La bourgeoisie montagnarde craint un instant une explosion du mouvement des masses, le renouvellement des massacres de Septembre, dont elle a conservé un si mauvais souvenir. Elle prend elle-même en main la Terreur. Elle la dirige d’en haut, pour éviter qu’elle ne surgisse d’en bas. Elle crée les rouages d’exception réclamés par les sans-culottes, mais elle les crée sous son contrôle, à son profit ; elle fait servir au renforcement du pouvoir central la pression des bras nus en faveur d’une dictature populaire ; le Comité de Salut public, le tribunal révolutionnaire voient le jour en tant qu’instruments de la domination bourgeoise. Les Girondins comprennent fort bien la différence qu’il y a entre une contrainte populaire, que les Montagnards redoutent autant qu’eux, et la dictature de salut public qui s’instaure. C’est pourquoi ils s’associent au vote des mesures d’exception. Ils en escomptent un renforcement de l’exécutif, dont eux-mêmes, du moins ils l’espèrent, pourront éventuellement tirer profit. C’est ainsi qu’ils essaieront d’utiliser le Tribunal révolutionnaire, peu après sa création, pour faire juger et condamner à mort Marat.

     

    LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION RELIGIEUSE (LE PAPE)

    Robespierre a contribué à lutter contre le fanatisme religieux et contre le monopole de l’Eglise catholique, le haut clergé étant l’allié de la noblesse. Mais il n’a pas été conséquent dans cette lutte, n’allant pas jusqu’à l’athéisme, ni jusqu’à la laïcité et la séparation de l’église et de l’Etat. Il a préféré substituer au culte ancien le culte de l’Etre suprême.

    Du point de vue religieux, je donnerai à Robespierre une boule noire : s’il a effectivement combattu avec détermination l’Eglise catholique, alors hégémonique, et alliée du féodalisme, contribuant à donner la liberté de croyance aux autres cultes (juif, protestants,…), il n’a pas été jusqu’au bout de la logique. Il a persécuté les déchristianisateurs, et a cherché à imposer le culte de l’Etre suprême, s’inspirant de la profession de foi du vicaire savoyard de Jean Jacques Rousseau.

     

    5)    LE CULTE DE L’ETRE SUPREME :

    La déchristianisation, la laïcité. Joseph Fouché, déchristianisateur en chef.

    La révolution est impuissante à détruire les fondements religieux de l’autorité monarchique. Michelet voit dans le christianisme et la révolution deux principes incompatibles. Edgar Quinet, pour sa part, affirme que, religieuse en son essence, la révolution procédait de l’inspiration du christianisme primitif.

    Par la Terreur, les révolutionnaires « ont eu peur de la révolution ». (Edgar Quinet).

    Marx : « Tout le terrorisme français ne fut qu’une manière plébéienne d’en finir avec les ennemis de la bourgeoisie, l’absolutisme, le féodalisme et l’esprit étriqué petit-bourgeois. »

    Réinstaurer le culte de l’Etre Suprême. BABEUF.

    Problème de la déchristianisation. Identification entre l’Eglise et la féodalité (Moyen-âge)

    Le 6 mai, l’Incorruptible monte à la tribune. Il a revêtu ses habits sacerdotaux, une redingote bleue ciel et des bas blancs.

    Dans le silence de mort qui accueille à présent chacune de ses apparitions, il se dresse et dévisage d’abord longuement, sans parler, la figure de plusieurs députés présents. Puis il commence avec une voix étrange, à la fois exaltée et monocorde…

    Il établit d’abord que les Français sont au comble du bonheur : « C’est dans la prospérité, dit-il, que les peuples doivent se recueillir pour écouter la voix de la sagesse… »

    Par degrés, il demande aux députés de reconnaître l’existence d’un «  Etre suprême et l’immortalité comme puissance dirigeante de l’Univers. » Puis à la stupeur des uns, à l’enthousiasme des autres,… il veut donner à sa vibrante profession de foi la forme d’un … décret d’application immédiate !...

    Le décret fabuleux qui institue en France une nouvelle religion et propose une fête dans le style des célébrations antiques est voté d’enthousiasme et sans discussion.

    La fête de l’Etre suprême aurait empêché que le catholicisme français ne bascule entièrement du seul côté de la contre-révolution.

    La fête du 8 juin 1794 : autels de l’Etre Suprême ;

    Pour ramener dieu sur terre, Robespierre s’adjoint le plus doué des metteurs en scène, le peintre David. Il règle lui-même la musique des cérémonies et surveille de près l’élaboration des textes confiés à Marie-Joseph de Chénier, frère du grand poète, qui avait lui, encore deux mois à vivre.

    Des statues cyclopéennes se dressent au-dessus des jardins à la française, devenus Jardin national. Elles symbolisent l’Athéisme, l’Ambition, la Discorde et voleront en éclats le jour de la cérémonie…

    C’est le 20 prairial, an II, qu’elle aura leu et, Robespierre a choisi le dimanche où, selon les anciens rites catholiques, devait se fêter la pentecôte.

    Au Champ-de-Mars s’édifie la Sainte-Montagne.

    Quand l’Incorruptible paraît ; les orchestres entament leurs symphonies sur fond de roulements de tambour. Lorsqu’il parvient à la plus haute place du théâtre, éclate une salve d’artillerie.

    Robespierre : « Il est enfin arrivé, le jour à jamais fortuné que le peuple consacre à l’Etre Suprême ».

    500 000 parisiens l’ovationnent.

    Une femme hurle : « Tu es un dieu, Robespierre ! »

    Eclate la Symphonie au père de l’univers.

    La foule festoie et chante.

    Certains députés maugréent : « Ce n’est pas assez d’être le maître…Ce bougre-là voudrait donc être un dieu ! »

    Ce 8 juin 1794, fête de l’Etre Suprême, il reste à Robespierre cinquante jours à vivre.

    Le sens et le but de cette fête étaient de remplacer le culte païen, desséché et matérialiste de la Raison, par une religion restaurant une transcendance, un dieu,…

    Disciple de Rousseau, qu’il qualifie d’ « homme divin », Robespierre est persuadé que l’homme est un « animal religieux ».

    Stefan Zweig : « On ne pardonne pas à un homme qui vous a fait tant peur. »

    Le 10 thermidor, il est guillotiné avec son frère, Saint-Just, Couthon, et 17 de ses amis, soi 21 personnes au total.

    Ce qui cause sa perte à l’origine c’est la certitude des députés (Fouché, Barras,…) qu’il veut instaurer une religion nouvelle dont il sera le grand prêtre. Ce n’est pas bien sûr, le dieu de la religion chrétienne qu’il voulait instaurer. Il voulait certainement en finir radicalement avec les institutions chrétiennes et abolir 2000 ans de christianisme « perverti » pour revenir à l’esprit et à la liturgie de la République romaine, à la religion de l’Antiquité.

    Au début de 1793, l’aile la plus importante et la plus riche de la bourgeoisie (la Gironde), lâche pied par peur et par haine des sans-culottes. La Montagne, fraction la plus audacieuse de la bourgeoisie, va hésiter à son tour à pousser la lutte jusqu’au bout. La Montagne va donner un brusque coup de frein à la déchristianisation, parce que terrifiée par le torrent révolutionnaire. C’est précisément parce que la bourgeoisie fut sans cesse poussée en avant, harcelée par une avant-garde prolétarienne (enragés, hébertistes,..) que des coups décisifs purent être portés à la contre-révolution.

    Marx : « La bourgeoisie, avec ses conceptions timorées et trop conciliants, n’eût pas eu assez de plusieurs dizaines d’années pour achever cette besogne. » Si elle l’accompagne en moins de 5 ans, ce fut grâce à « l’intervention sanglante du prolétariat ».

    Engels : « Sans l’élément plébéien des villes, la bourgeoisie seule n’aurait jamais mené la bataille jusqu’à la décision. »

    Nous verrons la Montagne donner un brusque coup de frein à la déchristianisation parce que, terrifiée par le torrent révolutionnaire, elle préféra, avec Robespierre, ne pas se priver complètement de l’appui que pouvait lui apporter l’Eglise et la religion, gardienne traditionnelle de l’ordre.

    Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité – Séance du 1° frimaire an II (21 novembre 1793) – 2° intervention : Pour la liberté des cultes.

    La déchristianisation s’était d’abord affirmée dans les départements, sous l’impulsion de certains représentants en mission, ainsi Fouché dans la Nièvre et l’Allier. Elle fut ensuite imposée du dehors à la Convention. Le 16 brumaire an II (6 novembre 1793), l’Assemblée décréta qu’une commune avait le droit de renoncer au culte catholique. La déchristianisation, dès lors, se précipita. Le 16 brumaire, aux Jacobins, Léonard Bourdon prononça un violent discours contre les prêtres, puis le Comité central des sociétés populaires, où s »’agitaient des extrémistes comme Desfieux, Pereira, Proli, donna lecture d’un projet de pétition pour la suppression du budget des cultes. Le 17 brumaire (7 novembre), sous la pression des promoteurs de cette pétition, soutenus par les représentants Anacharsis Cloots et Léonard Bourdon, Gobel, évêque de Paris, paraissait à la barre de la Convention, avec ses vicaires, et se démettait solennellement.

    Le 20 brumaire (10 novembre) eut lieu, sur l’initiative de Chaumette et de la Commune, une fête de la Liberté dans la ci-devant église métropolitaine Notre-Dame. La Convention, qui avait assisté en corps à cette fête, décréta, à la requête de Chaumette, que Notre-Dame serait consacrée à la Raison. En quelques jours, la vague de déchristianisation  emporta les sections parisiennes. Le 3 frimaire (23 novembre), la Commune sanctionna un état de fait en décidant la fermeture des églises.

    Le péril de l’athéisme militant fut dénoncé, dès le 17 brumaire, par Laveaux, dans l’officieux Journal de la Montagne. Son article suscita le lendemain, aux Jacobins, une première escarmouche entre partisans et adversaires de la déchristianisation. Hébert reprocha à Laveaux « d’avoir ouvert sur Dieu, un être inconnu, abstrait, des disputes qui ne convenaient qu’à un capucin en théologie ». Robespierre cependant, prenant l’offensive, aux Jacobins, rompit le courant et mit fin aux hésitations de la Convention. Me 19 brumaire, il fit l’apologie de la politique gouvernementale, attaqua les sociétés sectionnaires qui constituaient un des éléments les plus actifs de la déchristianisation, et dévoila les ambitions secrètes de Hébert et des siens : « Ils veulent nos places…Eh bien ! Qu’ils les prennent. » Le 27 brumaire, dans son rapport sur la situation extérieure de la république, il signale le danger de la déchristianisation : elle risque d’aliéner les neutres.

    Le 1° frimaire, Robespierre revient à la charge, aux Jacobins, et se prononce avec force pour la liberté des cultes. Tout en dénonçant ceux qui « veulent faire une sorte de religion de l’athéisme lui-même », il prend soin, pour ne pas accentuer les divisions naissantes dans le parti de la Montagne, de ménager Hébert. Il réserve ses coups aux « agents de l’étranger », Desfieux, Dubuisson, Pereira, Proli, « ces hommes immoraux », qu’il fit exclure de la Société. Robespierre reconnaissait cependant la nécessité de surveiller le clergé, de dépouiller les églises pour alimenter le Trésor, mais il stigmatisait les violences. Toutes les propositions de Robespierre furent adoptées par la Société.

     

    La Mère de Dieu :

    Catherine Théot, née le 5 mars 1716 à Barenton, décédée le 1° septembre 1794 à la Petite Force à Paris, est une mystique et une visionnaire française, prophétesse autoproclamée de la fin de l’ancien régime et de l’époque de la révolution française.

    En juin 1794, quelques semaines avant sa chute, les ennemis de Robespierre au Comité de sûreté générale, sans doute avec la complicité de certains membres du Comité de salut public, montent grâce à elle « une affaire »destinée à le ridiculiser ainsi que le culte de l’Etre suprême auquel il est associé.

    En 1793, les « enragés », rassemblés autour de Hébert, ont résolu d’en finir avec l’Eglise. Leur porte-parole, Chaumette, un philanthrope, inventeur d’une guillotine à roulettes, qui facilite grandement la besogne des trancheurs, est saisi d’une véritable frénésie anticatholique.

    Dans les cimetières, il fait remplacer les croix par des statues du Sommeil, puisque l’âme ne peut être immortelle, et aux évêques « jureurs », il demande de jeter la mitre, la crosse et l’anneau, et de proclamer : « Tous les titres du charlatanisme sont déposés à la tribune du peuple, nous sommes régénérés ! ».

    Robespierre ne veut pas extirper du cœur des Français le sentiment religieux. Mais il veut qu’ils embrasent une religion nouvelle. Qu’ils remplacent l’adoration de Dieu de l’Eglise par le culte de l’Etre suprême, fondé sur la raison et la fraternité. Le 18 floréal an II, ou 7 mai 1794, il fait voter par la Convention, où nul désormais n’ose le contredire, l’acte de naissance d’une religion dont il sera le grand pontife. Pendant … un peu plus d’un mois ! C’est déjà beaucoup trop pour les partisans de l’athéisme absolu. Certes Hébert vient d’être coupé en deux, mais ses amis, aux Jacobins et même à la Convention, cherchent et s’agitent. Pendant que Robespierre établit avec David, le peintre, et Chénier, le poète, les rites et les cantiques de la nouvelle religion, ils cherchent comment jeter au bas de ses autels cet Etre là, et son pontife.

    Ennemis de Robespierre, Vadier, député montagnard qui exècre tout autant Robespierre que sa divinité, et Barère, surnommé « l’Anacréon de la guillotine », montent de toute pièce l’affaire Catherine Théot, servante, illettrée, catéchèse, la Mère e Dieu.

    La Mère enseigne que l’Incorruptible est le nouveau Messie, l’incarnation de l’Etre suprême, envoyé sur la terre pour faire de la France le Paradis.

    Fête de l’Etre suprême. A la Convention, huit jours après, Barère fait éclater sa bombe : Robespierre était le disciple d’une vieille folle mystique ! C’est Catherine Théot, la Mère de Dieu, qui a inventé l’Etre suprême et qui a persuadé l’Incorruptible qu’il était le nouveau Messie !

    La police trouve chez Catherine Théot une recette pour fabriquer une épée magique qui rend invisible, mais surtout de nombreux brouillons de lettres, toutes adressées à son « cher fils » Robespierre et dans lesquelles elle le gratifie du nom de « Guide des milices célestes » et d’ « ange du Seigneur ».

     

    MATERIALISME ET IDEALISME :

    De cette conception de L’Etre suprême de Robespierre, résulte la double conception suivante, qui vise à maintenir la religion, tout en permettant la possibilité de la science :

    1.      Du point de vue de sa pratique, le savant est résolument matérialiste et athée (la raison seule, déterminisme, méthode expérimentale, observation et expérimentation,…)

    2.      Du point de vue de sa vie privée, le savant peut croire en une religion (la foi, Dieu, la création,…)

    Cette conception du monde repose sur le cartésianisme (métaphysique idéaliste chrétienne, physique matérialiste athée), et la conception déiste de Voltaire : « Si Dieu n’existe pas, il faut l’inventer », car c’est une conception utile pour contenir les velléités de libération du peuple.

    A la différence que Robespierre instaure une religion d’Etat. Ce sera un obstacle à la mise en œuvre du principe de laïcité, qui devra attendre 1905. A cette conception s’oppose la conception résolument matérialiste et athée des déchristianisateurs, des enragés, puis de Babeuf.

     

    LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION MILITAIRE (LE GENERAL)

    Il convient de distinguer au XVIII+ siècle, deux types de guerres : les guerres de rapine, guerres pour se procurer des richesses, et les guerres de libération, guerres contre l’oppression. Les premières sont des guerres injustes, les secondes sont des guerres justes. Ainsi, la guerre pour dominer la Belgique, entre l’Angleterre et la France est une guerre de rapines. Par contre la guerre entre les rois coalisés et la France républicaine est une guerre juste pour propager les idées nouvelles en Europe et au-delà.

    Robespierre s’est opposé aux guerres injustes et a prôné les guerres dans l’intérêt général.

    Du point de vue militaire, ma position est mitigée, mais plutôt j’attribuerai une boule blanche.

    Robespierre a bien entrevu l’aspect impérialiste des guerres entreprises par une partie de la haute bourgeoisie (Belgique, colonies,…). Il s’est rendu compte également que les fauteurs de guerre (la Cour, les Girondins,…) avaient pour objectif réel et caché d’affaiblir et de faire envahir le territoire français par les ennemis de la République.

    Il s’opposait à l’extension des droits révolutionnaires par les fusils : les idéaux révolutionnaires et la destruction des systèmes féodaux ne s’exportent pas par la force armée.

    Cependant, il a su mener le combat pour préserver les acquis révolutionnaires.

     

    6)    LA GUERRE EXTERIEURE :

    La déclaration de guerre est pleine d’arrières pensées :

    ·    Les brissotins veulent, avec la guerre, briser la monarchie ;

    ·    La guerre peut permettre de relancer la Révolution ;

    ·    La guerre peut permettre au roi de retrouver tous ses pouvoirs.

    Deux guerres différentes :

    ·    La guerre contre les émigrés et leurs alliés, les rois de l’Europe ;

    ·    La guerre bourgeoise pour la suprématie commerciale et pour les colonies.

    Ces guerres coutèrent à la France, jusqu’en 1799, un peu moins de 500 000 hommes.

    Comportement par rapport à la guerre :

    Les Girondins sont favorables à une croisière de la libération en Europe. Ils veulent aussi un compromis avec le roi.

    Les paysans plutôt contre-révolutionnaires en Vendée.

    Robespierre estime qu’il y a trois risques dans la guerre :

    ·         L’occupation de peuples ;

    ·         La diversion : le retour du mouvement de réaction en France ;

    ·         Le despotisme si l’aspect militaire prend le dessus.

    Robespierre est pacifiste par rationalité.

    Puis, quand la guerre éclate, il faut gagner la guerre, mais ne pas faire une guerre d’annexion.

    Solutions pour financer la guerre : l’impôt, ou l’emprunt. Les biens nationaux. Refus de la bourgeoisie.

    L’inflation finance la guerre : Voici l’évolution d’un assignat de 100 francs :

    ·    Juin 1791 : 85

    ·    Janvier 1792 : 66

    ·    Mars : 53

    ·    Janvier 1793 : 55

    ·    Mars : 50

    ·    Avril : 47

    ·    Juillet : 33

    ·    Septembre : 29.

    Chiffes éloquents et qui tracent la courbe des souffrances et des colères populaires. Les conséquences : hausse rapide des denrées de première nécessité, d’une part, pénurie de ces mêmes denrées, d’autre part.

    Les représentants du peuple (Roux, Leclerc, Varlet) entrevirent que la guerre – la guerre bourgeoise, la guerre pour la suprématie commerciale – aggravait la condition des bras nus ; ils aperçurent la grande escroquerie de l’inflation, source de profits inouïs pour les riches, ruineuse pour le pauvre.

    La scission à éviter :

    Le développement intrinsèque de la révolution devait à lui seul conduire à une différenciation au sein du tiers-état. Mais un événement extérieur à la révolution et qui se greffa sur elle accéléra le processus de scission entre bourgeois et bras nus : la guerre. La bourgeoisie finança la guerre par l’inflation. La guerre, l’inflation lui procurèrent des profits énormes. Mais, parallèlement, l’émission désordonnée de signes monétaires eut pour conséquence la disette et la vie chère. Le contraste, chaque jour plus criant ente l’opulence bourgeoise et la détresse populaire creusa, surtout dans les villes, un embryon de scission entre les riches et les pauvres.

    Malgré leur lutte commune contre l’ancien régime, les deux fractions du tiers-état s’opposèrent l’une à l’autre, commencèrent à se constituer en deux classes distinctes aux intérêts antagonistes. A Paris, notamment, une avant-garde aperçut, bien qu’encore confusément, que cette révolution à laquelle elle avait prêté la force de ses bras et pour laquelle elle avait versé son sang, ne lui apportait pas en fait l’égalité proclamée en droit, qu’elle enrichissait les uns et appauvrissait les autres.

    La guerre, du côté français, la prétention d’apporter la liberté aux pays voisins semble bien n’avoir été qu’un prétexte recouvrant des appétits très matériels.

    Qui paiera la guerre ?

    Puisque la bourgeoisie ne voulait pas payer (ni impôt, ni emprunt), il ne restait qu’une seule ressource : puiser les milliards nécessaires à la guerre, pour une part, dans les poches des contre-révolutionnaires et, pour une part beaucoup plus importante, dans les poches du peuple. La bourgeoisie confisqua les biens du clergé et des émigrés, et elle se lança dans l’inflation. Saint-Just : « La république, entraînée dans la guerre universelle, fut obligée de multiplier les monnaies pour subvenir à d’énormes dépenses. »

     

    TROISIEME PARTTIE : LA LUTTE CONTRE LES « BRAS NUS »

    Dans cette troisième partie, enfin, je souhaite donner quelques éléments sur les intérêts défendus par les représentants les plus proches des « bras nus », ceci contre la bourgeoisie et Robespierre.

    A)   LA LUTTE CONTRE LES REPRESENTANTS DES BRAS NUS :

    La lutte contre les bras nus a pour objectif d’asseoir la domination de la bourgeoisie.

    Fondamentalement conservatrice, la première révolution n’avait ni allégé l’impôt, ni détruit le féodalisme. Elle avait, en revanche, coïncidé avec une paupérisation accrue des masses et un schisme religieux.

    La Convention, au nom de la défense de la révolution, s’engagea de plus en plus dans la voie de l’extrémisme. Autour de Robespierre, certains commençaient à mettre en cause le libéralisme économique.

    Grâce à l’appui ambigu des sans-culottes, les jacobins réussirent à imposer leur dictature.

    Les bras nus se dressaient contre la révolution. Ils protestaient contre une révolution inachevée.

    Les 730 élus de la Convention firent cependant une politique économique favorable à la propriété privée et à la liberté du commerce des grains, hostile aux émeutes de subsistances et aux troubles agraires. Aucun conventionnel, même à l’extrême gauche, ne s’identifia jamais aux aspirations populaires sur ce point.

    La Commune de Paris : les militants parisiens obtinrent le 5 avril, un impôt forcé sur les riches, destiné à financer le pain des pauvres.

    A  partir de novembre 1793, Robespierre va se poser sous un aspect nouveau, « en guillotinant l’anarchie ». C’est ainsi qu’il appelait les premiers socialistes, Jacques Roux, etc. Au cœur de Paris même, dans les noires et profondes rues ouvrières (les Arcis, Saint Michel) fermentait le socialisme, une révolution sous la révolution. Robespierre s’alarma, frappa, et se perdit…Dès cette heure, il était perdu.

    Les enragés, les hébertistes et les babouvistes tentèrent de dépasser le cadre de la révolution bourgeoise. De 1789 à 1794, la révolution a progressé par bonds successifs. Ensuite, la bourgeoisie a empêché les sans-culottes de pousser plus loin.

    Fin novembre 1793, puis le 9 thermidor (27 juillet) 1794 sont les points où la révolution atteint son apogée, et où le reflux commence.

    Karl Marx : « La théorie devient une force matérielle lorsqu’elle s’empare des masses. » (Critique de la philosophie du droit de Hegel).

    Karl Marx : « Des idées ne peuvent jamais mener au-delà d’un ancien état du monde, elles ne peuvent jamais que mener au-delà des idées de l’ancien état de choses. Généralement parlant, des idées ne peuvent rien mener à bonne fin. Pour mener à bonne fin des idées, il faut des hommes qui mettent en jeu une force pratique. » (La Sainte Famille)

    Dans les fracas de l’écroulement d’une vieille société, en même temps qu’il faut se battre aux frontières, la contre-révolution est là, partout, avec ses traitres avoués, issus de l’ancien règne des rois et des prêtres, ou cachés en faux révolutionnaires qui ont peur d’être entraînés au-delà de leurs intérêts nés de la révolution.

    Ce qui distingue l’avant-garde des sans-culottes des Robespierristes et des Jacobins, c’est déjà une notion de classe, diffuse, certes, et que pour eux les mesures révolutionnaires ne sont pas de circonstance.

    1)    Hébert et les hébertistes :

    Plébéiens : par plébéiens, j’entends des hommes issus du peuple ou proche du peuple, mais déjà élevés au-dessus du peuple, différenciés de celui-ci, et ayant, par conséquent, des intérêts particuliers distincts des siens. Qu’ils fussent d’origine populaire, comme Chaumette et Rossignol, où qu’ils fussent des bourgeois déclassés comme Hébert et Ronsin, ils n’étaient pas les interprètes directs et authentiques des bras nus.

    2)    Les sans culottes

    Jacques Roux, Théophile Leclerc, Jean Varlet. Les représentants principaux du mouvement révolutionnaire populaire.

    Il y a une différence entre les Jacobins (dont Robespierre) et les enragés. L’idéal des enragés n’est pas une société où richesse et pauvreté – avec moins d’écarts – s’équilibreraient harmonieusement. Ils ont bien senti que la richesse, en soi, était contre-révolutionnaire par les pouvoirs économiques et politiques qu’elle réservait à une minorité. Ce qu’ils souhaitent – mais il faut se sortir d’abord de la guerre, de la famine latente – c’est un bien-être en progression.

    Il y a donc des antagonismes entre les « hommes d’Etat », qui avaient à établir les armes à la main, la république bourgeoise, et les enragés qui, alors même que la république bourgeoise n’était pas assurée, tendaient vers une république populaire, sans avoir les moyens, eux, de faire de ce peuple – en immense majorité paysan – la classe dominante. Et ceci, en grande partie, à cause de la puissance de l’Eglise, objectivement alliée à la bourgeoisie possédante.

    Dès avant l’ouverture des Etats généraux, de nombreux auteurs opposent le riche et le pauvre tiers-états et estiment à l’approche des élections, en ce début de 1789, que les pauvres ne seront représentés que par des gens qui sont en opposition d’intérêt avec eux. Ce qui sera effectivement le cas.

    Exemple : le Chevalier de Moret, dans une lettre adressée à Necker en 1789 : « Cette classe du Tiers-Etat de la ville de Paris, dont les individus paient au-dessous de six livres de capitation… la dite-classe est sans contredit la plus nombreuse de la capitale, la plus utile et la plus précieuse à l’Etat. C’est elle en un mot, qui convertissant en or les matières les plus abjectes, est l’âme du commerce, donne l’existence et enrichit l’autre classe du Tiers-Etat. »

    Les enragés, Jacques Roux, Théophile Leclerc, Jean Varlet furent en 1793, les interprètes directs et authentiques du mouvement des masses. Pour Karl Marx, ils furent « les représentants principaux du mouvement révolutionnaire ».

    Avec Gracchus Babeuf, tous quatre présentent un certain nombre de points communs. Ils avaient fait de bonnes études. Jacques Roux appartenait à une famille aisée. Il était fils d’un officier devenu magistrat. S’étant fait prêtre, il avait enseigné la philosophie et la physique expérimentale dans divers séminaires, pour exercer ensuite la fonction d’aumônier dans un château. Leclerc, fils d’un ingénieur des Ponts et Chaussées, avait reçu une certaine instruction. Varlet, commis des postes, appartenait également à une « bonne famille ». Il possédait un revenu annuel de 5800 livres et avait été un brillant élève du collège d’Harcourt. Babeuf, fils d’un officier, et lui-même arpenteur-géomètre et spécialiste du droit féodal, était fort instruit.

    Ils entrevirent que la guerre – la guerre bourgeoise, la guerre pour la suprématie commerciale – aggravent la condition des bras nus ; ils aperçurent la grande escroquerie de l’inflation, source de profils inouïs pour le riche, ruineuse pour le pauvre.

    Jacques Roux, le 25 juin 1793 : « La liberté n’est qu’un vain fantôme, quand une classe d’hommes peut affamer l’autre impunément. L’égalité n’est qu’un vain fantôme, quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie et de mort sur son semblable. La république n’est qu’un vain fantôme, quand la contre-révolution s’opère de jour en jour par le prix des denrées auquel les trois quarts des citoyens ne peuvent atteindre sans verser des larmes. […]. Les riches […], depuis quatre ans, ont profité des avantages de la révolution. L’aristocratie marchande, plus terrible que l’aristocratie nobiliaire et sacerdotale, s’est fait un jeu cruel d’envahir les fortunes individuelles et les trésors de la république. […]. ». « Les biens du clergé et les domaines nationaux ont presque tous passé dans les mains de personnes enrichies du sang de la veuve et de l’orphelin. »

    Ne pouvant sortir du cadre de la propriété privée, les enragés se contentèrent de réclamer des mesures destinées à limiter, et non à supprimer, les effets du système capitaliste alors naissant.

    Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité – Séance du 5 aout 1793 – Contre Jacques Roux et Leclerc.

    Revenant sur la proposition de Danton à la Convention, le 1° août, d’ériger le Comité de salut public en gouvernement provisoire, Vincent, secrétaire général du ministère de la guerre, la considère « comme attentatoire à la souveraineté du peuple, comme émanée de conspirateurs ». La vivacité de ces attaques amena une riposte immédiate de Robespierre. Délaissant Vincent, dont il sait la forte position au ministère de la guerre, mais l’audience bien moindre auprès des sans-culottes, Robespierre attaque Jacques Roux et Leclerc, adversaires plus redoutables par le rayonnement de leurs journaux dans les sections et dont les attaques systématiques contre’ contre la politique gouvernementale risquaient d’entraîner la sans-culotterie.

    Leclerc répliqua le 8 août, dans son Ami du peuple, en dénonçant le « système de calomnie dirigé contre les vrais amis de la liberté ». Dans son numéro suivant, il mettait Robespierre au défi de prouver ses accusations. Quant à Jacques Roux, il ne daigna pas répondre et poursuivit avec une vigueur accrue sa campagne contre les agioteurs et les accapareurs.

    Robespierre : « …Ces deux hommes, dénoncés par Marat, comme des intrigants, deux émissaires de Cobourg ou de Pitt qui, pour mieux empoisonner les sources de la crédulité populaire, ont pris, pour séduire le nom de Marat. »

    3)    Gracchus Babeuf et le communisme primitif :

    « La révolution française n’est que l’avant-courrière d’une autre révolution, bien plus grande, bien plus solennelle et qui sera la dernière. » (Manifeste des Egaux, 1796).

    La période de la chute des Girondins (31 mai 1793) à l’exécution de Babeuf (27 mai 1797) : c’est au cours de cette période que la lutte de classes entre bourgeois et sans-culottes, première manifestation de la lutte de classes modernes entre bourgeois et prolétaires, fait son apparition.

    Babeuf représente les paysans pauvres. Or, la paysannerie pauvre avait sur la question de la propriété une position plus hardie que la sans-culotterie urbaine.

    Babeuf : « Réveiller Robespierre… c’est réveiller tous les patriotes énergiques de la République et avec eux le peuple qui autrefois n’écoutait et ne suivait qu’eux… Le robespierrisme est la démocratie, et ces deux morts sont parfaitement identiques ; donc en relevant le robespierrisme vous êtes sûr de relever la démocratie.

    La Révolution française est une guerre déclarée entre les politiciens et les plébéiens, entre les riches et les pauvres.

    Tout ce que possèdent ceux qui ont au-delà de leur quote-part individuelle de ces biens de la société est vol et usurpation, il est donc juste de leur reprendre. »

    Dolivier, curé de Mauchamp, en 1790, voulait conférer la propriété du sol à la communauté : « La terre doit être considérée comme le grand communal de la nature. […] Les nations seules et, par sous-division, les communes, sont véritablement propriétaires de leur terrain. » A chaque individu serait reconnu « son droit de partage au grand communal », mais il ne cultiverait la terre qu’en possession viagère, la propriété du sol restant entre les mains de la communauté ». Babeuf fit sienne cette conception. La loi agraire, telle qu’il la comprenait, « cette loi que redoutent et sentent bien venir les riches », cette loi dans laquelle il voyait « le corollaire de toutes les lois », combinait le partage des terres avec la propriété commune de la terre et son inaliénabilité : collective, la propriété du sol, individuelle son exploitation.

    En 1789, le tiers-état, l’emportant sur l’aristocratie, abolit les privilèges et l’autorité seigneuriale : la déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame que, désormais, tous les Français étaient égaux devant la loi. Mais ceux qui, bientôt prirent le nom de sans-culotte, ne tardèrent pas à constater que l’ordre nouveau, conservant l’inégale répartition des richesses et procurant ainsi à la bourgeoisie la maîtrise politique et économique, ne les délivrait pas de l’assujettissement. Dans ce conflit de classe, Buonarroti et Babeuf embrassèrent la cause populaire.

    Toutefois, aux prises avec les contre-révolutionnaires alliés à l’étranger, une partie de la bourgeoisie, Montagnards et Jacobins, eurent recours aux sans-culottes pour s’emparer du pouvoir, en sorte que la politique du gouvernement révolutionnaire qu’ils formèrent répondit dans une certaine mesure aux vœux de leurs alliés. Sans oublier de rappeler que le Comité de Salut public asura la victoire de la révolution, c’est sur la portée sociale de son œuvre que Buonarroti fixe son attention : non sans raison, il en attribue le mérite à Robespierre et à Saint-Just, et ainsi estime-t-il que le 9 Thermidor interrompit l’évolution démocratique de la république. Sa vénération pour la mémoire de l’Incorruptible est telle que dans ses écrits, il incite à imaginer que les robespierristes furent des communistes avant la lettre, mais il laisse ignorer qu’ils s’associèrent à leurs collègues pour proscrire les enragés et les chefs populaires qu’on a coutume d’appeler hébertistes, en quoi ils contribuèrent en partie à leur propre perte.

    Entre Robespierre et Babeuf, il y a à la fois filiation, mais aussi dépassement.

    Les robespierristes, et d’autres révolutionnaires avant eux, avaient rêvé de multiplier les propriétaires, parce qu’à leurs yeux la propriété garantissait la liberté de l’individu, comme aussi d’ailleurs la paix sociale et la tranquillité de la bourgeoisie. Depuis le 9 Thermidor, Buonarroti et Babeuf estimaient l’échec patent ; au surplus, accroître le nombre des propriétaires ne constituait qu’un palliatif : l’inégalité sociale résultait de l’appropriation individuelle et héréditaire des moyens de production ; le mal, plus profond, ne comportait d’autre remède que leur attribution à la communauté.

    En tant que théoriciens, il s’en faut qu’ils fussent les premiers à la prôner. Au XVIII° siècle, Rousseau, Morelly, Mably, entre autres, en firent l’éloge et o, leur découvre des prédécesseurs jusque dans l’antiquité.

    Depuis 1789, la bourgeoisie redoutait la « loi agraire », expression empruntée à l’histoire romaine au cours de laquelle on partagea plusieurs fois, entre les citoyens et les citoyens pauvres, les terres que la conquête et les confiscations laissaient à la disposition de la république ; bien différente était la loi agraire qu’on dénonçait maintenant : elle aurait partagé les propriétés privées entre tous les citoyens. La Convention avait prononcé la peine capitale contre ceux qui la prêcheraient ; jusqu’en 1848, et plus tard, les socialistes se sont vus de ce chef affublés du surnom de « partageux ».

    Sylvain Maréchal, dans un livre intitulé L’Homme sans Dieu : « Je n’aime pas les rois mais j’aime encore moins les riches… Vous décrétez l’abolition de la noblesse, mais vous conservez l’état respectif des pauvres et des riches, des maîtres et des valets ; vous défendez aux premiers les armoiries, vous déchargez les seconds de leurs livrées mais ces distinctions ne sont que des simulacres, vous ne touchez pas aux réalités… »

     

    B)   POURQUOI LA CHUTE DE ROBESPIERRE ?

    Le 9 Thermidor ’27 juillet 1794), Robespierre fut renversé et ce jour inaugure une période de réaction qui débouche sur le premier Empire.

    La première république est la lutte de la bourgeoisie et du peuple contre la noblesse. L’Empire est le sacrifice du peuple armé au dehors et la domination de la bourgeoisie au-dedans. La Restauration est la tentative de restauration nobiliaire sous les Bourbons de la branche aînée. 1830 est le triomphe et le règne de la bourgeoisie.

    L’une des raisons de la chute de Robespierre est, par exemple, le Cercle social, organisation fondée pendant les premières années de la révolution de 1789, de 1790 à l’an VIII qui a compté près de 8000 membres. Un des principaux idéologues du Cercle social fur Claude Fauchet qui demandait que la terre fut distribuée en parcelles égales, que la grande propriété fut limitée et que tous les bourgeois fussent mis au travail. Un des chefs du mouvement des enragés, Jacques Roux, alla beaucoup plus loin encore.

    Les milliers d’auditeurs de l’abbé Fauchet, orateur du club radical du Cercle social, apprenaient de lui que tout homme avait droit, pour vivre, à la propriété de la terre.

    Eté 1794 : le règne de la Terreur était arrivé et n’importe qui en France pouvait être arrêté la nuit, jugé à midi et guillotiné à quatre heures, sans même avoir pu ouvrir la bouche. Les députés n’osaient plus coucher dans leur lit ; se glissaient dans les immeubles à deux étages, pour dépister les espions. Barras, dans ses Mémoires, raconte qu’un député, ivre de fatigue, se tenait à sa place, le front appuyé sur sa main. Soudain, on le voit bondir sur son siège, comme piqué par un scorpion. Simplement parce que Robespierre l’a dévisagé. Tremblant, décomposé, il se tourne vers un de ses collègues et balbutie : « Il va se figurer que je pense à quelque chose ! ».

    La victoire de Fleurus, le 26 juin, rendait la Terreur moins indispensable comme moyen gouvernemental d’exception.

    Robespierre songe à épurer quelques députés, dont Fouché, qu’il fit chasser des jacobins, et qui commença à conspirer contre lui.

    La Plaine, en échange de son appui, demande la fin de l apolitique de répression.

    Des divisions étaient intervenues au sein de l’équipe dirigeante, division au sein du Comité de salut public entre :

    ·    Les administratifs : Lindet, Carnot, Prieur de la Côte d’Or ;

    ·    Les idéologues : Robespierre, Couthon, Saint-Just.

    La dictature jacobine était devenue largement indépendante du mouvement populaire qui avait contribué à son établissement.

    Pendant une certaine période, de 1789 à novembre 1793, Robespierre a su jouer un rôle de médiateur entre bourgeois et bras nus, qui l’a porté et en a fait une personnalité de pointe de la révolution française.

    Mais quand il a fallu choisir son camp, il a rompu avec les enragés et les sans-culottes, se tournant contre les intérêts de ceux-ci. Il n’avait donc plus le soutien de cette partie du tiers-état.

    Cependant, il allait trop loin par rapport aux intérêts immédiats de la classe bourgeoise, et son rôle antérieur inspirait la peur à beaucoup. En conséquence, il avait joué son rôle historique, et la bourgeoisie n’avait plus besoin de lui. Il pouvait donc disparaître, assumant les excès de la Terreur.

    Aujourd’hui, la bourgeoisie règle les antagonismes en son sein, de manière pacifique, en ayant recours à la voie parlementaire et aux élections, pour choisir la fraction chargée temporairement de défendre ses intérêts au gouvernement.

    Pendant la révolution, ce choix était fait en ayant recours à la guillotine !

    Contre Jean-Jacques Rousseau qui la tenait pour nécessaire, Robespierre a combattu la peine de mort en matière pénale. A l’opposé des théoriciens de la démocratie politique qui la jugeait irréalisable dans un grand Etat, il a admis la possibilité d’une démocratie (en partie) représentative.

    Hostile à la loi agraire des partageux, il n’hésita pas cependant à désacraliser la propriété privée au profit d’un solidarisme social, aussi éloigné de l’utopie communautariste d’un Morelly que du dogme libéral des Girondins, lequel faisait la part belle aux riches et aux puissants. Selon le mot de Jaurès, la révolution était indissociablement bourgeoise et populaire.

     

    CONCLUSION :

    « Vive le Tiers Etat ! ». Le cri est aussi bien lancé par le bourgeois aisé, lecteur de Sieyès, que par le sans-culotte. Ce cri n’a certes pas le même contenu d’une bouche à l’autre.

    Bonaparte pourra dire : « La Révolution est close, ses principes sont fixés dans ma personne. »

    En la personne de Napoléon, la bourgeoisie libérale trouva encore une fois dressée contre elle la terreur ; sous les traits des Bourbons, de la restauration, elle trouva encore une fois en face d’elle la contre-révolution. C’est en 1830 qu’elle finit par réaliser ses désirs de 1789.

    Le monde créé par la révolution française est celui dépeint par Balzac, dans sa Comédie humaine.

    La révolution de 1789 est le passage d’un monde ancien, marqué par la domination de l’agriculture, à celui de la « révolution industrielle ».

    La révolution n’est pas terminée. Elle hante les esprits des hommes qui, ou bien l’exècrent (l’abbé Berruel), ou bien l’admirent.

    Créer un musée à Arras, afin d’honorer l’enfant du pays qu’est Maximilien de Robespierre, ce serait une excellente chose ; mais encore faudra-t-il exposer de façon scientifique, le double aspect du personnage :

    ·    Un bourgeois révolutionnaire qui, de 1789 à 1793, a contribué à détruire le féodalisme et à instaurer un régime bourgeois ;

    ·    Le réactionnaire qui, de novembre 1793 à sa mort en 1794, a contribué à maintenir en servitude les classes laborieuses, bras nus hier, ouvriers et paysans aujourd’hui ?

    Robespierre, pour ma part, mérite une majorité de boules blanches : ses qualités furent énormes pour mettre en place un nouveau système, plus propre au développement de l’humanité.

    Les limites de ce système reposent sur les conditions historiques objectives, et il ne pouvait pas aller plus loin et sortir du cadre qui lui était imposé. En conséquence, il ne pouvait créer qu’un système capitaliste et bourgeois, qui est celui du XIX° siècle. C’est à nous de poursuivre l’œuvre, si nous voulons aller plus loin.

    Un révolutionnaire qui avait 20 ans en 1789 (Age de Napoléon 1°, né en 1769), a 30 ans en 1799, 45 ans en 1814, 61 ans en 1830 et 79 ans en 1848, date de la seconde République.

    La bourgeoisie, quand elle a combattu le féodalisme, pour renforcer le capitalisme, n’a jamais triomphé en une seule nuit, ou en une seule bataille.

    La Révolution a contribué à implanter la nation, l’Etat, la propriété, la famille, l’éducation,… bourgeoises.

    Ma conclusion est donc mitigée : Historiquement, il ne pouvait en, être différemment. Oui, Robespierre a été un grand révolutionnaire, et il mérite beaucoup de respect. Cinq boules blanches. Mais cela a été un révolutionnaire bourgeois. Une boule noire. Et donc son œuvre doit être continuée et approfondie contre l’oppression politique, religieuse et militaire.

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