• RECIT DU CHEMINEMENT DE PIERRE QUADER QUI A AIME, TRAVAILLE ET PRIE POUR NE PLUS RENAITRE (Partie 59)

    Il ne coexiste ni au-delà, ni arrière monde, pas de paradis ou d’âge d’or passé ou à venir, mais une seule et même réalité : tout est énergie.

     

    RECIT DU CHEMINEMENT DE PIERRE QUADER QUI A AIME, TRAVAILLE ET PRIE POUR NE PLUS RENAITRE (Partie 59)

     

    DIMANCHE 31 JANVIER 1960

    Ma névrose se révèle par la peur de tout ce qui concerne la sexualité, le tremblement perpétuel devant le temps qui s’écoule, caractéristique de l’impatience, et l’irresponsabilité : de tout cela résulte une angoisse diffuse.

     

    LUNDI 1° FEVRIER 1960

    Qui suis-je ? Comment suis-je saisi par les autres ? Je m’astreindrai à devenir ce que je suis et rien d’autre. Tant pis pour ceux qui ne l’admettent pas ainsi : de toute façon, on ne peut pas plaire à tout le monde.

     

    SAMEDI 27 FEVRIER 1960

    Je débute tout travail avec écœurement, lassitude et difficulté. A quoi cela est-il dû ? A une insatisfaction par rapport à moi-même et cela remonte loin, sans doute à ma petite enfance. Mais convient-il de m’installer dans cet état d’esprit et de m’en contenter ou bien de trouver une échappatoire ?

    La lutte me permet de m’insérer dans une société où toutes les bonnes places sont attribuées. Suis-je un homme de parti ? En moi coexistent des tendances anarchisantes et anti-autoritaires, qualités à préserver et à sauver.

     

    DIMANCHE 28 FEVRIER 1960

    Pour bien me situer, j’examinerai avec précision les points communs et les différences entre les autres et moi-même.

     

    VENDREDI 23 SEPTEMBRE 1960

    Partisan de l’éloge de la fuite, je me fuis moi-même trop souvent. Je crois enfin m’être retrouvé. M’étant trop intéressé aux autres, je me retournerai sur moi-même, et je stopperai de vivre dans les illusions. Terre à terre, je ne m’impliquerai que dans le travail, car il n’y a rien d’autre.

     

    LUNDI 10 AVRIL 1961

    Les pages du passé définitivement tournées, mon seul objectif à l’heure actuelle : mon travail. J’éviterai à tout prix la consommation des boissons alcooliques, du tabac et du café.

     

    DIMANCHE 25 MARS 1962

    Le travail rachète ma vie de la platitude. Mais sentimentalement et affectivement, je suis encore et toujours en attente : à quoi cela tient-il ? A quoi ?

     

    LUNDI 30 DECEMBRE 1963

    Je transgresserai l’opposition entre l’idée et la matière, caractéristique de l’idéalisme et du matérialisme, en créant un troisième terme, au-delà ou en-deça des mots et des idées, appelé par exemples Incommensurable, Absolu, Infini ou Tout. Ce quelque chose renferme à la fois le rationnel et l’irrationnel, l’innommé et l’innommable.

    C’est le Soi, profond, ingouvernable, ce sur quoi aucune dictature ne s’exerce, qui résiste, au-delà du voile et de l’illusion.

     

    SAMEDI 13 JUIN 1964

    Rédiger le journal intime favorise une meilleure connaissance de moi-même. Mon principal défaut, que je l’admette ou non, est la velléité. Je poursuivrai jusqu’au bout mes résolutions et pour cela je mettrai au point des règles pratiques, précises et réalistes.

    Des périodes de long silence, où je n’inscris rien semblent correspondre à des moments où il me suffit de subsister, sans plus, et à des moments de pudeur où, par peur d’exprimer des sentiments trop profonds, je préfère m’abstenir de tout commentaire superflu.

     

    DIMANCHE 21 FEVRIER 1965

    Me placer dans de bonnes conditions pour réussir, c’est ne rien attendre de personne.

     

    LUNDI 23 AOUT 1965

    A l’origine, « métier » est le même mot que « mystère » : se livrer à un métier, c’est sacraliser sa vie et accéder aux mystères.

    Fais ce que dois, advienne que pourra. Il est difficile de sortir de soi-même et d’appréhender la réalité autrement que je suis soi-même. J’arrangerai mon intérieur en phase et en cohérence avec mon extérieur. En cela, Staline est un contre-exemple : séminariste, il menait une double vie, à la fois incroyant, simulant l’orthodoxie religieuse, et révolutionnaire, avec une vie publique où il se comportait comme un élève soumis, commandé, intimidé par ses supérieurs.

     

    SAMEDI 12 MARS 1966

    Le devoir essentiel dévolu à l’homme est le travail, travail manuel et travail intellectuel.

     

    MARDI 26 AVRIL 1966

    Mon projet personnel repose sur la volonté ferme et intransigeante d’exclure tout ce qui divise, comme la politique et la religion, et de promouvoir tout ce qui unit.

    Dans quelques jours sera procédé à mon initiation, qui consiste en un rite de passage d’un état à l’autre, de l’état de profane à celui d’initié. De la mort à la vie profane, distincte de la mort physique, découle la reconnaissance du besoin des autres et que l’on ne réalise rien d’important seul. Connaître, vivre et utiliser une règle détermine la libération et l’affranchissement de l’ignorance. Mais l’ancien prisonnier du mythe platonicien de la caverne ne reste pas là-haut, à l’air libre : il ne refuse pas de redescendre parmi les prisonniers, ses anciens compagnons, afin de partager avec eux travaux, bonheurs et malheurs.

     

    SAMEDI 10 JUIN 1967

    Pour édifier un monde plus juste et plus humain, la révolution sociale continue d’être un objectif vital.

     

    SAMEDI 20 AVRIL 1968

    L’opposition et la contradiction entre le corps et l’âme apparaissent comme une erreur typiquement occidentale, alors que l’un et l’autre forment une seule et unique réalité. A moi de fusionner à nouveau ces deux entités.

     

    DIMANCHE 21 AVRIL 1968

    L’erreur des philosophes occidentaux, jusqu’au marxisme et au-delà, erreur commune au matérialisme et à l’idéalisme, est de privilégier et d’accentuer l’un ou l’autre aspect : la matière ou l’idée. Or, la pensée est-elle semblable à la lumière et à la chaleur diffusées par le soleil ? Et le social ne joue-t-il pas un rôle important ? De tout ce mouvement philosophique, seul le contenu dialectique est récupérable. Staline, quant à lui, s’est complètement fourvoyé en propageant des imbécillités abrutissantes.

    Il ne coexiste ni au-delà, ni arrière monde, pas de paradis ou d’âge d’or passé ou à venir, mais une seule et même réalité : tout est énergie.

     

    SAMEDI 11 MAI 1968

    Pour concrétiser, on est toujours seul : la masse rejoint quand cela fonctionne bien.

    La crise est un moment important : alors soit les choses avancent plus vites, soit elles cassent, ce qui nécessite un départ sur de nouvelles bases.

    La société et la nature sont des phénomènes que l’on ne peut qu’accepter : abattre la bourgeoisie ? Oui, mais ne contribue-t-elle pas à se renverser elle-même toute seule ?

     

    DIMANCHE 17 NOVEMBRE 1968

    Depuis le mois de juin dernier, des idées noires et négatives l’emportent et me conduisent. Ce sont les préoccupations professionnelles qui me dirigent et ont trop pris le dessus. Le meilleur médicament pour regagner la bonne santé est l’optimisme.

    Physiquement je suis atteint et victime d’une constipation chronique, avec des matières fécales rares et retenues. Cette rétention témoigne d’un manque de tonus et d’un refus d’offrir. Depuis deux années, à trois reprises, d’intenses infections urinaires provoquent des urines très piquantes : un besoin irrépressible me pousse à éliminer dans une douleur atroce et violente ces urines, en m’y reprenant à de nombreuses reprises, et à chaque fois en très petite quantité. Un pont instaure entre les deux systèmes, urines d’une part et matières fécales d’autre part, le froid extérieur accélérant encore ce processus d’élimination saccadée. Depuis quinze jours, ce phénomène chronique m’oblige à m’éveiller chaque nuit, parfois même plus de dix fois, pour me précipiter aux toilettes.

    Les reins ne sont pas en cause, mais la digestion. Pour améliorer mon état de santé des mesures sont à regarder et à commencer : avaler les aliments moins rapidement et les mastiquer suffisamment et longuement. De plus je bois insuffisamment d’eau, je mange trop de pain blanc, de sucre blanc, de riz blanc…et tous autres aliments trop traités et trafiqués industriellement, et j’effectue trop peu d’exercices physiques.

     

     

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