• RECIT DU CHEMINEMENT DE PIERRE QUADER QUI A AIME, TRAVAILLE ET PRIE POUR NE PLUS RENAITRE (Partie 58)

    La société, en l’état actuel, n’apporte aucune satisfaction ! Que penser d’une société si riche, et qui pourtant engendre tant de souffrances ? Regardez-la, cette putain, engrossée par le sang des travailleurs, comme elle se pavane ! Et son amant, le profiteur, sacrifie et tue tout ce qu’il touche ! La seule vie valant la peine est une vie de lutte. Vivre, c’est lutter, et le reste  est vain, car seule la lutte est payante.

     

     

    RECIT DU CHEMINEMENT DE PIERRE QUADER QUI A AIME, TRAVAILLE ET PRIE POUR NE PLUS RENAITRE (Partie 58)

     

    CAHIER ROUGE :

     

    UN

     

    DIMANCHE 25 OCTOBRE 1959

    J’entame une nouvelle période de ma vie : je me perçois moins ingénu et plus réaliste qu’auparavant et je développe des idées mieux arrêtées. Cependant, je ressens toujours ce même malaise et ce mal de vivre qui ne me quitte pas depuis la fin de mon adolescence.

    J’ignore s’il s’agit actuellement de la fin d’une crise ou si une crise plus grave encore menace. Dans tous les cas, j’exécuterai mon travail professionnel avec dévouement et compétence.

    Je m’engage sur les diverses résolutions suivantes :

    Je ne regretterai rien de ce qui a été par le passé, et je chasserai les pensées tristes de mon esprit. Afin d’esquiver le récit de ma vie aux autres, je rédigerai dorénavant un journal intime, analysant mes actes une fois couchés sur le papier. Je renforcerai la confiance en moi, le respect et l’estime de moi-même.

    Je m’imposerai une grande discipline physique et morale, en pratiquant du sport pour le maintien en bonne santé de mon corps, et en me confiant par l’écriture au journal intime, pour la clarté de l’esprit.

    La société, en l’état actuel, n’apporte aucune satisfaction ! Que penser d’une société si riche, et qui pourtant engendre tant de souffrances ? Regardez-la, cette putain, engrossée par le sang des travailleurs, comme elle se pavane ! Et son amant, le profiteur, sacrifie et tue tout ce qu’il touche ! La seule vie valant la peine est une vie de lutte. Vivre, c’est lutter, et le reste  est vain, car seule la lutte est payante.

     

    MERCREDI 4 NOVEMBRE 1959

    Oui vraiment, la vie vouée à une personne aimée mérite également d’être vécue. L’existence se déroule si vite : que les meilleurs moments soient figés, immobilisés et éternisés ! A défaut de durer éternellement, qu’au moins les bons souvenirs demeurent plus longtemps que moi. On n’existe que par et pour les autres : que représentons-nous sans les autres ?

    Je m’investirai en politique, uniquement par amour pour les autres. Mais les préoccupations de la vie quotidienne ne « grignoteront » pas tout mon temps.

     

    MERCREDI 11 NOVEMBRE 1959

    Chaque jour quand je me lève pour me rendre à mon travail, j’éprouve beaucoup d’écœurement en raison d’un moral au plus bas : à peine debout, la tête penchée sur la cuvette des toilettes, je vomis le contenu de mes intestins et le monde entier, car je ne parviens plus à prendre le dessus.

    Pour récupérer un peu d’optimisme, je concevrai la réalité telle qu’elle est l’acceptant sans complexe ni préjugé, et sans me défiler.

     

    JEUDI 12 NOVEMBRE 1959

    Dans la société autour de moi, je croise une grande quantité de « bonne conscience » et d’ « hypocrisie » : au bas de la pyramide et de la hiérarchie sociale, j’expérimente cela plus qu’aucun autre. L’indifférence domine et l’on se préoccupe peu de ce qui affecte autrui. Parfois même le souhait est qu’il se produise les plus grands maux pour nos prochains.

    La « bonne conscience » est toujours prête à donner quelque chose, un don matériel, ou une attention, mais seulement si cela ne coûte pas trop cher, et même rien du tout.

    « Etre quelqu’un » aux yeux d’autrui, qui constitue le plus vif désir de chacun, signifie « être riche », avoir de l’argent, s’acheter une maison, et surtout susciter l’envie.

     

    SAMEDI 14 NOVEMBRE 1959

    Au fond de moi prédominent l’insécurité et la peur du vide qui se manifestent par la crainte de me retrouver seul : c’est un sentiment d’enfant trop dorloté et trop cajolé. Je me débarrasserai de toutes mes idoles, de la première à la dernière, d’origine religieuse ou psychologique, pour enfin penser par moi-même et compter sur mes propres forces.

    La société bourgeoise estime les individus uniquement en fonction de leur « valeur » pécuniaire, notamment leur salaire.

     

    DIMANCHE 17 JANVIER 1960

    Même si la sexualité recèle une grande importance, elle n’occupera cependant pas tout mon temps. Je m’appliquerai à bien accomplir mon travail. Une excitation incessante et fébrile empêche une activité tout à fait construite et élaborée. Seul ce qui dure compte, et peu importe le passager, l’arbitraire et l’inconséquent.

     

    SAMEDI 30 JANVIER 1960

    Deux heures du matin : l’énervement m’agite de manière trop importante pour que je m’endorme. Mon impression : rien ne vaut vraiment la peine et qu’il faut donc que j’essaie tout…mais seulement du bout des doigts.

    Je me méfierai de tout ce qui est écrit dans les livres et j’apprendrai à douter.

     

     

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