• Liberté, égalité, fraternité (Partie 5)

    Depuis la rédaction et la publication du « Manifeste », l’histoire n’a pas cessé de progresser. Le Manifeste conserve-t-il encore son actualité en 1888 (et aujourd’hui, pourrait-on également se demander) ? A-t-il vieilli, et n’est-il plus qu’une pièce de musée ? Est-ce encore un livre vivant qui correspond à la vie actuelle ?

    Les principaux progrès de 1847 (rédaction du Manifeste) à 1888 (rédaction de la « Préface » d’Engels) sont : les progrès de la grande industrie, les progrès dans l’organisation de la classe ouvrière et les nouvelles expériences pratiques du mouvement ouvrier (révolution de février 1848 et Commune de Paris (26) en particulier).

     

    Liberté, égalité, fraternité (Partie 5)

     

     

    1. RESUME DE LA THESE GENERALE DU MANIFESTE : LE MATERIALISME HISTORIQUE.

     

    Selon l’aveu même de Engels, le Manifeste, quoique œuvre commune et collective, appartient pour l’essentiel à la main de Marx : celui-ci était en possession des idées qui y sont contenues dès 1845. En quoi consistent ces idées ?

     

    SUPERSTRUCTURE ET INFRASTRUCTURE 

     

    Dans toute société de classes, on peut distinguer deux aspects :

    • D’une part, la production des biens, et leur répartition, leur distribution. C’est l’infrastructure.

    • D’autre part, un ensemble d’institutions, des appareils d’Etat (justice, armée, éducation, etc.) et des appareils idéologiques (religions, partis, etc.). C’est la superstructure.

    Qu’est-ce qui est premier et fondamental ? C’est le mode de production et d’échange, et c’est lui qui détermine la superstructure : la structure sociale dérive de l’infrastructure, elle en est un effet et une conséquence. Autrement dit : avant que de penser, l’homme mange et produit, travaille.

     

    CONCEPTION DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITE

     

    De cette idée fondamentale, matérialiste, (base matérielle d’abord, structure sociale, « société civile » ensuite) découle la conception historique de Marx et Engels, selon laquelle on peut distinguer trois étapes :

    • Avant l’histoire (avant l’ « histoire écrite »).

    L’homme sort de l’état animal. C’est l’organisation sociale primitive, caractérisée par la propriété commune de la terre. Il n’y a pas de classes sociales et donc pas encore d’Etat.

    • L’histoire.

    Apparaissent les classes sociales et donc les luttes de classes, les rapports exploitants/exploités, avec des classes dominantes et des classes dominées.

    Marx distingue différents modes de production (16) : jusqu’à son époque l’humanité a parcouru trois étapes dans les pays de l’Europe, l’esclavagisme, le féodalisme et le capitalisme.

    • Après l’histoire.

    C’est le but à atteindre, le communisme supérieur, où n’existeront plus ni classes sociales, ni Etat. C’est en somme la fin de l’histoire, la fin de l’histoire « animale » au cours de laquelle l’homme lutte non seulement contre la nature, mais aussi contre l’homme, et exploite son semblable.

    Il y a donc – à travers différentes étapes – un progrès dans l’histoire.

     

    L’époque actuelle (l’époque de Marx) est celle qui se caractérise par l’opposition entre la bourgeoisie et le prolétariat : la classe la plus opprimée, le prolétariat, en se libérant de la bourgeoisie, libère l’ensemble de l’humanité, et permet d’accéder à l’étape supérieure de l’humanité.

     

    IMPORTANCE DE LA THESE

     

    Cette thèse (l’infrastructure fonde la superstructure) est la base de la science de l’histoire. Elle rend une conception scientifique de l’histoire possible. On peut établir un parallèle entre Marx et Darwin (24) : de même que Marx a révolutionné la science historique, Darwin a introduit, dans les sciences naturelles, les idées du transformisme (25).

     

    1. CE QUI A CHANGE DEPUIS 1847

     

    Depuis la rédaction et la publication du « Manifeste », l’histoire n’a pas cessé de progresser. Le Manifeste conserve-t-il encore son actualité en 1888 (et aujourd’hui, pourrait-on également se demander) ? A-t-il vieilli, et n’est-il plus qu’une pièce de musée ? Est-ce encore un livre vivant qui correspond à la vie actuelle ?

    Les principaux progrès de 1847 (rédaction du Manifeste) à 1888 (rédaction de la « Préface » d’Engels) sont : les progrès de la grande industrie, les progrès dans l’organisation de la classe ouvrière et les nouvelles expériences pratiques du mouvement ouvrier (révolution de février 1848 et Commune de Paris (26) en particulier).

     

    Que peut-on en déduire ?

     

    1. Les principes généraux exposés dans le Manifeste demeurent exacts, lorsqu’ils sont confirmés et vérifiés par la vie. Il en est ainsi, en particulier, de la thèse générale (primauté de l’infrastructure sur la superstructure), de la méthode (le matérialisme dialectique), de la nécessité de la révolution prolétarienne, et des tâches du prolétariat.

    2. L’application de ces principes généraux varie suivant les circonstances historiques données, selon la conjoncture.

    3. Beaucoup de passages du Manifeste ont vieilli, ne sont plus d’actualité, et datent un peu (en particulier il en est ainsi de la plus grande partie du chapitre III, « Littérature socialiste et communiste », qui analyse les différentes tendances qui se réclament du socialisme : cette analyse, naturellement, s’arrête à l’année 1847, et elle est vraie pour la période concernée).

    4. Un point théorique – capital – a varié, étant donné l’expérience historique accumulée par le prolétariat international – et surtout par le prolétariat français – c’est la conception de l’Etat. Engels écrit : « La Commune a démontré que la classe ouvrière ne peut se contenter de prendre la machine de l’Etat et de la faire fonctionner pour son propre compte.» (27).

    On peut donc distinguer deux conceptions de la machine de l’Etat :

    • La première conception de l’Etat est celle qui est partagée par Marx et Engels jusqu’à l’expérience de la Commune de Paris, et c’est donc celle qui est implicitement contenue dans le Manifeste. Selon cette conception, l’Etat est un instrument neutre, au-dessus des classes. Conséquence : il faut l’arracher des mains de la bourgeoisie, actuelle classe dominante, et s’en servir pour réaliser les intérêts de la classe ouvrière. Selon ce point de vue, l’Etat, représentant les intérêts de la classe entière, est accaparé par une classe particulière pour servir ses intérêts propres.

    Mais, en tenant compte des enseignements de la réalité, Marx et Engels n’ont jamais hésité à réviser des points de doctrine.

    • Aussi la seconde conception de l’Etat, tirée de l’expérience de la Commune de Paris, et exposée dans le livre de Marx, la Guerre civile en France (28), affirme que l’Etat est un instrument de classe : il porte la marque de la classe dominante. Il faut non pas s’emparer de l’ancien appareil d’Etat, mais le détruire, le briser, pour le remplacer par un nouvel Etat, pour édifier un Etat propre à la nouvelle classe dominante.

     

     

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