• Liberté, égalité, fraternité (Partie 27)

    Les opportunistes, asservis aux idées libérales, ont faussement compris cette pensée de Marx et se sont attachés à l’interpréter de travers. Ainsi, par exemple, parmi les opportunistes figurent les « économistes », tendance que Lénine eut à combattre à la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle. Cette conception réduit le marxisme à une « théorie économique » à partir de laquelle pourrait être interprété l’ensemble des transformations sociales. L’économisme, définissant les forces productives comme le moteur de l’histoire, fait apparaître la lutte des classes comme le produit direct et immédiat des contradictions économiques. Ces dernières sont supposées devoir « engendrer » d’elles-mêmes les transformations sociales et, le « moment venu », les luttes révolutionnaires. La classe ouvrière semble donc devoir être poussée à la révolution, la constitution d’un parti prolétarien n’est donc pas nécessaire.

     

    Liberté, égalité, fraternité (Partie 27)

     

      1. « TOUTE LUTTE DE CLASSE EST UNE LUTTE POLITIQUE. » (MARX)

     

    Les opportunistes, asservis aux idées libérales, ont faussement compris cette pensée de Marx et se sont attachés à l’interpréter de travers. Ainsi, par exemple, parmi les opportunistes figurent les « économistes », tendance que Lénine eut à combattre à la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle. Cette conception réduit le marxisme à une « théorie économique » à partir de laquelle pourrait être interprété l’ensemble des transformations sociales. L’économisme, définissant les forces productives comme le moteur de l’histoire, fait apparaître la lutte des classes comme le produit direct et immédiat des contradictions économiques. Ces dernières sont supposées devoir « engendrer » d’elles-mêmes les transformations sociales et, le « moment venu », les luttes révolutionnaires. La classe ouvrière semble donc devoir être poussée à la révolution, la constitution d’un parti prolétarien n’est donc pas nécessaire.

    Les « économistes » pensaient que n’importe quel conflit entre des classes constitue déjà une lutte politique. Ils reconnaissaient comme « lutte de classe » la lutte pour obtenir une augmentation de salaire, mais ils refusaient de voir la lutte de classe plus élevée, plus développée, à l’échelle de toute la nation, pour des objectifs politiques.

    Lorsque les ouvriers d’une fabrique, ou d’une profession, affrontent leurs patrons, ce n’est pas la lutte de classe, ce n’est encore qu’un faible embryon de la lutte de classe.

    La lutte des ouvriers devient lutte de classe lorsque tous les représentants d’avant-garde de l’ensemble de la classe ouvrière de tout le pays ont conscience de former une seule classe ouvrière et commencent à agir non pas contre tel ou tel patron, mais contre la classe des capitalistes tout entière et contre le gouvernement qui la soutient. C’est seulement lorsque chaque ouvrier a conscience d’être membre de la classe ouvrière dans son ensemble, lorsqu’il considère qu’en luttant quotidiennement, pour les revendications partielles, contre tels patrons et tels fonctionnaires, il se bat contre toute la bourgeoisie et tout le gouvernement, c’est alors seulement que son action devient une lutte de classe. Il n’est pas vrai que toute action des ouvriers contre les patrons est toujours une lutte politique. Mais la lutte des ouvriers contre les capitalistes devient nécessairement une action politique dans la mesure où elle devient une lutte DE CLASSE.

    Le marxisme se propose précisément en organisant les ouvriers, de transformer par la propagande et l’agitation, leur lutte spontanée contre les oppresseurs en une lutte consciente de toute la classe, en la lutte d’un PARTI POLITIQUE pour des idéals politiques et socialistes déterminés. Les « économistes » reconnaissaient la lutte de classe embryonnaire mais ne la reconnaissaient pas sous sa forme développée. Autrement dit, les « économistes » reconnaissaient dans la lutte de classe uniquement ce qui était le plus tolérable au point de vue de la bourgeoisie libérale, en refusant d’aller plus loin que les libéraux, en refusant de reconnaître la lutte de classe plus élevée que les libéraux ne pouvaient admettre. Les « économistes » renonçaient ainsi à la conception marxiste et révolutionnaire de la lutte de classe.

    Ces mots : la lutte de la classe ouvrière est une lutte politique, signifient que la classe ouvrière ne peut lutter pour sa libération sans chercher à exercer une influence sur les affaires de l’Etat, sur l’administration de l’Etat, sur la promulgation des lois.

    Mais il ne suffit pas de dire que la lutte de classe devient véritable, conséquente et développée uniquement lorsqu’elle s’étend au domaine de la politique. En politique aussi, on peut se limiter aux détails sans importance ou bien aller jusqu’à l’essentiel. Le marxisme reconnaît que la lutte de classe atteint son plein développement uniquement lorsque, ne se contentant pas de s’étendre à la politique, elle se saisit dans la politique même, ce qui est le plus essentiel : l’organisation du pouvoir d’Etat.

    Au contraire, lorsque le mouvement ouvrier a pris quelques forces, le libéralisme n’ose plus nier la lutte de classe, mais il s’efforce de la rétrécir, de la tronquer. Le libéralisme est prêt à reconnaître la lutte de classe jusque dans le domaine de la lutte politique, mais à une condition : que l’organisation du pouvoir d’Etat ne fasse pas partie de son champ d’action.

    Mais la lutte de classe du prolétariat est une lutte pour le tout. C’est une lutte politique, idéologique, économique contre la civilisation bourgeoise et sa destruction totale et pour imposer ses propres intérêts de classe (suppression des classes) et sa propre conception du monde (communisme).

    Le mouvement ouvrier demeurait axé sur des détails, fragmenté, n’acquérait pas d’importance politique, n’était pas éclairé par la science d’avant-garde de son temps, tant qu’il n’avait pas fusionné avec le socialisme scientifique. A la suite de cette fusion, la lutte de classe devient une lutte consciente du prolétariat pour s’affranchir de l’exploitation, et en même temps s’élaborait une forme supérieure du mouvement ouvrier socialiste : le PARTI OUVRIER INDEPENDANT, instrument d’organisation de la lutte du prolétariat.

    L’organisation marxiste du mouvement ouvrier devait mener le mouvement grandissant de la classe ouvrière à la lutte pour le socialisme et la libération de l’ensemble des masses populaires du joug du capital. Sa tâche était de détacher les petits bourgeois qui se raccrochaient au mouvement ouvrier, rabaissaient sa force d’élan au niveau du mouvement trade-unioniste et en faisaient un appendice de la bourgeoisie libérale.

    Lénine, comme déjà Marx dans le Manifeste du parti communiste, a définit le parti comme l’avant-garde de la classe ouvrière :

    « Le parti communiste est une partie de la classe ouvrière : la partie la plus avancée, la plus consciente et, par conséquent la plus révolutionnaire. Le parti communiste est créé sur la base de la sélection naturelle des ouvriers les meilleurs, les plus conscients, les plus dévoués, les plus clairvoyants. Il se distingue de toute la masse ouvrière en ce qu’il domine du regard tout le chemin historique de la classe ouvrière dans son ensemble, et qu’il s’efforce de défendre à tous les détours de ce chemin, non pas les intérêts de quelques groupes isolés, ou de quelques corporations ; mais les intérêts de la classe ouvrière dans son ensemble. Le parti communiste est, au point de vue de la politique et de l’organisation, le levier à l’aide duquel la partie la plus avancée de la classe ouvrière dirige toute la masse du prolétariat et du demi-prolétariat dans la bonne voie. » (163)

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