• « Les deux voies du rite écossais ancien et accepté » (Cinquième partie)

    Certaines loges n’ont ni cœur, ni colonne vertébrale. Ainsi l’absence de Règle, ou l’application de celle-ci, avec une« géométrie variable », conduit à toutes les manipulations antidémocratiques et aux dérives affairistes. Il ne suffit pas de répéter mécaniquement au cours de réunions les divers rituels pour être automatiquement une « loge juste et parfaite ». Encore convient-il de rempli ces diverses conditions, afin de s’élever au niveau d’un véritable égrégore.

     

    « Les deux voies du rite écossais ancien et accepté » (Cinquième partie)

     

     

     

    Et aujourd’hui ?

     

    On retrouve aujourd’hui, les diverses caractéristiques de la franc-maçonnerie, constatées lors des trois siècles passées :

     

     

      • Elle regroupe des représentants les plus aisés des clases sociales (bourgeoisie et petite –bourgeoisie) : en effet, pour en être membre, il faut pouvoir verser de l’ordre de 500 € par an, non compris les divers frais annexes (décors, agapes, etc.) ;

     

      • Au niveau de l’obédience et des loges, il y a une division en deux, entre les partisans de l’ancien et les partisans du nouveau.

     

     

    Au niveau de l’obédience du Grand Orient de France, on constate un mouvement pendulaire entre une extrême gauche marxiste et léniniste et une extrême droit frontiste, avec toutes les nuances entre les deux.

     

    Pour exemple, dans le « Manifeste des francs-maçons  du Grand Orient de France. Une espérance républicaine pour le 21° siècle » (25 janvier 2013), on peut lire page 20 : « (…) c’est le changement radical de paradigme qu’il faut viser : une distribution des revenus non plus en fonction du travail et de la détention du capital, mais surtout en fonction des besoins de chacun ». C’est la sentence à peine voilée d’un cheminement vers le socialisme réel : « De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins.». A côté de cela, certains »frères » n’hésitent pas à afficher leurs attraits pour le frontisme.

     

    Pour l’ambiance générale, à la tête de l’obédience, on peut lire, de Hugues Leforestier « Frères à abattre. Main basse sur le Grand Orient de France. Un conseiller de l’Ordre brise le silence » (Paris, 2006), page 101 : « Le diagnostic, en ce qui nous concerne, est simple : une base formidable, avec des Frères impliqués dans la société, qui travaillent dans leurs Loges avec enthousiasme, et dont le nombre augmente sans cesse, et puis une « hiérarchie » dévoyée, institutionnalisée au plus mauvais ses du terme, vivant sur sa propre reproduction, singeant les directions d’entreprises sans en avoir l’efficacité, toute attachée à sa réélection, jouant sans vergogne sur sa double identité symbolique et gestionnaire pour ne rendre de comptes que quand et comme cela lui convient. Entre la base et la hiérarchie, le lien de coopération est brisé, la confiance est devenue illusoire, et le GO est devenu la principale association de déperdition de matière grise du pays. ».

     

    Cette ambivalence est maintenue par différents éléments :

     

     

      • Jamais, n’a été affirmé avec force, le principe de la démocratie. Ainsi, lors des divers convents, qui sont les congrès de l’obédience, donc les instances décisionnelles, on ne sait pas si s’applique le principe « un homme, une voix », ou le principe « une loge, une voix ». Un exemple frappant est la façon dont a été adopté la mixité par les instances dirigeantes, sans aucune consultation de la base. Si on ne peut qu’être d’accord avec le principe de la mixité, l’obédience étant jusque là alignée sur l’un de ses pires ennemis réactionnaire, l’Eglise catholique, les deux « ordre », l’Eglise et le G.°. O.°. D.°. F.°., refusant l’initiation des femmes, on est en droit de s’interroger sur la méthode antidémocratique utilisée ; Ce fut un vrai diktat. Ce qui peut à juste titre inquiéter, c’est la prise de décision selon la même procédure dictatoriale demain, mais cette fois-ci dans un domaine entrant en contradiction avec les valeurs fondamentales de l’Ordre.

     

      • Au contraire, est maintenu la fiction qu’il y a opposition entre la démocratie et l’ « aspect initiatique » de l’obédience. Mais si ce ne sont pas les principes de la démocratie qui s’appliquent, on refuse de préciser quels autres « principes » sont prioritaires ? La magouille ? L’Esprit saint ? Cela laisse la place à une auto-désignation au sein d’une nomenklatura parisienne restreinte. Ainsi, alors qu’il a été président de l’obédience, il y a près de 10 années, de 2000 à 2003, Alain Bauer se présente toujours comme un porte-parole autorisé du G.°. O.°. D.°. F.°. : à quel titre ? Ceci avec la complicité des autorités politiques en place (Manuel Valls, Nicolas Sarkozy,…), ainsi que des journalistes. A-t-il un mandat de l’obédience ? Au nom de quelle décision occulte ?

     

     

    Mais contrairement à ce qu’affirme Hugues Leforestier dans son ouvrage, la division entre les partisans de l’ancien et le nouveau se retrouvent également dans les loges.

     

    Il en résulte diverses affaires, touchant tant les finances, que les mœurs (Voir les diverses affaires dans le Nord Pas-de-Calais : Lens, le staff des parties fines de DSK, etc.). Certaines affaires de mœurs ont d’ailleurs franchi la ligne rouge : il s’agit de délits d’abus sur personnes mineures et même de pédophilie dont on retrouve tous les éléments judiciaires sur Internet. C’est dire que tous les francs maçons ne sont pas « libres et de bonnes mœurs ».

     

    Parmi les trois niveaux : Obédience, Loge, Individu, le niveau de la Loge est le niveau principal, la loge formant un égrégore. Chaque loge a :

     

     

      • un cerveau : Le conseil d’officier, la beauté ;

     

      • un cœur : La chambre du milieu (la Maison de Vie pour les Egyptiens), l’amour, la sagesse ;

     

      • un squelette, ou une colonne vertébrale : La Règle, la force.

     

     

    Certaines loges n’ont ni cœur, ni colonne vertébrale. Ainsi l’absence de Règle, ou l’application de celle-ci, avec une « géométrie variable », conduit à toutes les manipulations antidémocratiques et aux dérives affairistes. Il ne suffit pas de répéter mécaniquement au cours de réunions les divers rituels pour être automatiquement une « loge juste et parfaite ». Encore convient-il de rempli ces diverses conditions, afin de s’élever au niveau d’un véritable égrégore.

     

    Certaines loges préfèrent rester « aveugle » et ignorer ce qui se passe au niveau de l’obédience. Elles prônent alors le « vivre entre soi ».

     

    On retrouve donc dans les loges les partisans de l’ancien, du statut quo, et les partisans du nouveau et du changement. C’est évident lors des événements « Charlie », en janvier 2015.

     

    D’un côté, ceux qui veulent véritablement appliquer dans l’état social, sans attendre, les principes des droits de l’homme à tous, y compris aux habitants des quartiers dits défavorisés. De l’autre côté ceux qui veulent protéger le statut quo : ceux-là prônent des mesures « symboliques », à l’imager des grands bourgeois, comme par exemple, imposer le port d’un tablier dans toutes les écoles. Une telle mesure est un vrai « cache-misère » : cela évite de prendre des vraies décisions de lutte pour éliminer la misère. Ce sont des mesures au niveau du paraître et non de l’être, véritables « emplâtres sur une jambe en bois ». Par exemple, cela conduit à instaurer une école-caserne, où l’instauration d’une véritable égalité sociale est remplacée par un discours sur la laïcité : il faut que chacun enseignant, parent d’élève, ou élève s’habitue à tenir le « bon discours », celui des valeurs dites républicaines, et condamne le « mauvais discours », auquel on donne la chasse, parfois de façon ridicule, comme faire interroger un enfant de huit ans par un commissaire de police.

     

    Alors, parfois la « laïcité » peut même être utilisée comme une arme contre l’Islam.

     

    Mais les Francs-maçons (et francs-maçonnes) sont des hommes (et des femmes) de dialogue, y compris avec les personnes de religion musulmane. Bien évidemment, il n’y a pas de dialogue possible avec les fondamentalistes, et en particulier les terroristes fascistes et barbares, quels qu’ils soient.

     

    Un des premiers principes du dialogue, est le respect de l’Autre, dans sa différence. Et lorsque l’on dialogue, on ne commence pas à cracher au visage du vis-à-vis, en déformant, en dénaturant ou en se moquant de ses croyances. Si on le fait malgré tout, dans le fond, c’est un rejet de l’Autre, et cela ne représente sûrement pas une modalité de la liberté d’expression, ou de la liberté de la presse.

     

    La Mission de la Franc-maçonnerie en France du XVIII° siècle au XXI° siècle.

     

     

     

    La thèse :

     

     

      • La première partie de la thèse est relative à la composition principale de la franc-maçonnerie : il s’agit essentiellement des membres des catégories les plus aisées de la société. Mais cette composition a changé au cours de l’histoire : au XVIII° siècle, il s’agit surtout d’aristocrates et de la haute bourgeoise. Avec l’écroulement du système féodal, cette catégorie sociale sera remplacée par la bourgeoisie et la petite bourgeoisie.

     

      • La seconde partie de la thèse est que la franc-maçonnerie s’est scindée lors des mouvements sociaux, pour se regrouper en deux camps antagonistes : d’un côté les partisans de l’ancien ordre de choses, de l’autre côté les partisans du nouvel ordre de choses. Ainsi donc, lors des périodes les plus « calmes », les francs-maçons ont poursuivi dans les loges des réflexions sur les sujets les plus variés. Le fonctionnement des loges reposait sur un idéal de « Liberté-Egalité-Fraternité ». Quand il s’est agi d’appliquer cet idéal dans l’ensemble de la société, il y a scission entre les partisans de cette application et les opposants, qui veulent maintenir le statut quo et leurs privilèges.

     

      • La troisième partie de la thèse est que les privilégiés n’ont jamais renoncé facilement et de façon pacifique à leurs privilèges, mais il a fallu user de la violence la plus extrême. Inversement lorsque les privilégiés se sentent menacés par le progrès social, ils recourent à la plus grande des terreurs, comme cela  a été le cas lors de la semaine sanglante de la Commune de Paris de 1871, où l’on a dénombré entre 30 000 et 100 000 morts violentes. Sans compter les exécutions qui ont suivi, ainsi que les déportations à l’encontre de ceux qui ont osé braver l’ordre dominant.

     

      • La quatrième partie de la thèse est le caractère universel de l’idéal maçonnique, et le niveau auquel est placé ce curseur de l’universalité : les valeurs de « Liberté-Egalité-Fraternité » s’appliquent-elles à l’ensemble des êtres humains, ou seulement à certaines catégories sociales ? Ainsi, l’article 1 de la Constitution du G.°. O.°. D.°. F.°. précise : « La Franc-Maçonnerie, institution essentiellement philanthropique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité. Elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité. Elle a pour principes la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience. Considérant les conceptions métaphysiques comme étant du domaine exclusif de l’application individuelle de ses membres, elle se refuse à toute affirmation dogmatique. Elle a pour de vise : «Liberté-Egalité-Fraternité ». ».

     

     

    Ainsi, lors de la Révolution française de 1789-1794, certains élus de la République souhaitaient appliquer ces principes uniquement aux « bons Français », excluant par là, par exemple, les citoyens de confession juive. Pendant longtemps, la moitié de l’Humanité – les femmes – était écartée des droits fondamentaux, dont les droits politiques et l’égalité. A la fin du XIX° siècle, un franc-maçon comme Jules Ferry, développait une conception raciste de l’Humanité, faisant une ségrégation entre « race supérieure » et races inférieures. Et aujourd’hui, les francs-maçons de G.°. O.°. D.°. F.°. se sont assoupis, « oubliant » d’appliquer les droits de l’homme à tous les citoyens, y compris les habitants des cités dites défavorisées.  

     

    La fraternité est universelle entre les pierres cubiques, mais les conflits existent entre les pierres brutes et les pierres mal dégrossies.

     

     

      • C’est ainsi qu’il faut distinguer trois niveaux de fonctionnement de la franc-maçonnerie :

      

        • L’obédience (ou l’ordre) : Souvent, la tendance dominante à ce niveau, est de s’inféoder aux autorités en place ;

     

        • La loge : Les positions des loges sont variables, selon que domine la tendance des anciens ou la tendance des modernes ;

     

        • L’individu : on peut distinguer le franc-maçon mûr (il a travaillé sa pierre brute et a atteint la pierre cubique ; il demeure fidèle à l’idéal maçonnique, et donc accepte de trahir ses intérêts de classe et ses intérêts de privilégié, pour épouser les intérêts de la classe montante) et le franc-maçon non mûr (il s’est contenté d’enrober sa pierre brute d’un faux-semblant de pierre cubique, mettant le paraître au-dessus de l’être. Lorsqu’il faut choisir entre l’idéal maçonnique et l’abandon de ses privilèges, il n’hésite pas un instant et trahit l’idéal maçonnique, pour conserver ses privilèges).

     

     

    Il convient d’établir, par exemple lors des trois périodes suivantes :

     

     

      • La Révolution de 1789 à 1794 ;

     

      • La Commune de Paris de 1871 ;

     

      • La Résistance de 1940 à 1945 ;

     

     

    D’un point de vue statistiques, le nombre de francs-maçons que l’on peut ranger dans l’une ou l’autre catégorie : maçon mûr et maçon non mûr.

     

    Cette appréciation doit ensuite être nuancée selon divers critères.

     

    Par exemple, lors de la Révolution de 1789 à 194, on peut distinguer :

     

     

      • Des maçons mûrs, qui ont défendu leur idéal jusqu’à leur « fin » ;

     

      • Des maçons qui ont défendu l’idéal maçonnique jusqu’à une certaine avancée de la Révolution : « Jusque là, mais pas au-delà ».

     

      • Des maçons non murs, qui ont trahi l’idéal maçonnique, dès le démarrage de la Révolution (émigrés) ;

     

      • Tous les maçons qui « ont changé » par la suite.

     

     

    Egalement, lors de la Commune de Paris de 1871 :

     

     

      • Les maçons mûrs, indéfectiblement fidèles à leur idéal, jusqu’à la « fin » ;

     

      • Les maçons non mûrs, qui ont choisi Versailles du début à la fin ;

     

      • Les maçons d’abord fidèles à leur idéal, qui ont changé par la suite, pour devenir « antidreyfusards », ou « boulangistes ».

     

     

    La plupart des dictionnaires de francs-maçons manquent d’objectivité, en ne citant que quelques francs-maçons « célèbres », ou que l’on estime fidèles à leur idéal, et que l’on montre en exemple. Peu de dictionnaires ne font référence à tous les francs-maçons, traîtres à leur idéal. Par exemple, il serait utile d’approfondir le comportement de La Fayette : a-t-il été, par rapport à son époque, un franc-maçon fidèle à l’idéal de « Liberté-Egalité-Fraternité » ?

     

    Quelle est la situation en France en 2015 ? Le constat est un pays coupé en deux, où les droits de l’homme ne s’appliquent pas de manière égalitaire à toutes les personnes. Pour les vingt prochaines années, on peut s’attendre à un mouvement révolutionnaire pour l’instauration d’une République sociale et solidaire qui garantit à tous le travail, le pain le logement et la démocratie. Donc, de nouveau, les francs-maçons sont appelés à la lutte pour une société plus juste, plus libre, plus égale et plus fraternelle.

     

     

     

    CONCLUSION : L’éléphant

     

     

     

    Vivre selon le Soi, c’est la vie éternelle ; vivre selon l’ego, c’est le suicide – suicide du Soi – et la mort.

     

    Prenons l’exemple d’un éléphant que quatre personnes aveugles cherchent à connaître. Le premier touche la trompe, et il répond : « L’éléphant ressemble à un tuyau ». Le second entoure de ses bras une patte, et répond : « L’éléphant est comme un  tronc d’arbre ». Le troisième touche une oreille, et répond : « L’éléphant est comme un grand éventail ». Le quatrième touche le ventre et répond : « L’éléphant est comme une grande citerne ». Ainsi, chacun, selon ses qualités, détient une parcelle de la vérité, et, de mon côté, je compte sur vos contributions pour en savoir plus. Quelle que soit l’intelligence et la volonté de chacun, il ne détient pas la vérité, mais, tous, en associant nos points de vue, nous pouvons nous en approcher de très près.

     

    Revenons au préambule : il appartient à chacun de juger en conscience quelle voie du rite écossais ancien et accepté suit la loge. Et les frères, dans le second cas, oublient un peu légèrement qu’un jour eux aussi, seront âgés et malades, et que chaque action suscitant une réaction, ils seront traités à l’image de la façon dont ils auront traités leurs frères aînés.

     

    Applique-t-on bien universellement l’idéal maçonnique, y compris à certains frères de la loge, âgés et malades ? A la question que Caïn pose à Jehova : « Suis-je le gardien de mon frère ? », quelle réponse apportons-nous, à la fois individuellement et en tant que loge ? Abel, frère de Caïn, à la fois, représente l’Autre, et le Soi de Caïn. Caïn avait le choix : soit tuer Caïn et se soumettre à son ego, soit glorifier le Soi et se soumettre à Abel. A chacun de nous de répondre, en conscience à cette interpellation. A la loge aussi, d’y répondre collectivement. Seules deux réponses sont possibles : « Oui » et « Non ». Il faut répondre sans dramaturgie, et sans sentimentalisme. Ce sont les deux voies du rite écossais ancien et accepté.

     

     

     

    PLAN

     

    PREAMBULE

     

    INTRODUCTION : La corde et le serpent

     

    PREMIERE PARTIE : LOGOS

     

    1) Définitions :

     

    2) UN DESSIN

     

    3) ALLEGORIES

     

    DEUXIEME PARTIE : LES DEUX VOIES

     

    1) Maçon mûr/Maçon non mûr :

     

    2) MISSION DE LA FRANC-MAÇONNERIE AU XXI° SIECLE :

     

    CONCLUSION : L’éléphant

      

     

      

     

     

     

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