• Le secret maçonnique (Partie 98)

    C’est bien parce que certains ont fait preuve d’aimer la vie, que le pire a été évité. Car aimer la vie, c’est n’avoir peur ni de la mort, ni de la vie. C’est avoir atteint une certaine verticalité, qui s’appelle la fraternité, la conscience humaine, la dignité humaine, peu importe le terme que vous lui donnez.

     

    Le secret maçonnique (Partie 98)

     

    Conclusion :

    « La vérité est la réalité »

    Selon Boèce de Dacie, philosophe du XIII° siècle, « le bonheur humain consiste à connaître le vrai, faire le bien, et prendre plaisir aux deux ».

    L’appareil photographique, la photographie et l’objet photographié.

    Une première approche de la vérité et de la réalité, c’est la prise d’une photographie à l’aide d’un appareil photographique. Il y a successivement, l’opérateur, et son oeil, l’appareil photographique et la réalité photographiée. Il y a divers niveaux de réalités : d’une part, la réalité matérielle des objets, le monde, ainsi que la réalité matérielle du sujet. D’autre part, les images, dont l’image dans le cerveau de l’opérateur, et l’image qui s’imprime par l’intermédiaire de l’appareil photographique. Si l’on imprime cette image photographiée sur le papier, sa réalité matérielle est un bout de papier, sur lequel apparaissent des couleurs qui représentent en deux dimensions, une réalité matérielle en trois dimensions.

    Ainsi, si l’on distingue diverses écoles philosophiques, on a :

    -         A un extrême, le matérialisme : pour lui, la réalité ultime, c’est la matière, c’est-à-dire le monde des objets et des sujets, qui est premier. Le reste, ce ne sont que des reflets de cette réalité, à partir de la conscience.

    -         A un autre extrême, l’idéalisme : pour lui, la réalité ultime est l’esprit, c’est-à-dire le monde des idées.

    Cependant, les affirmations quant à cette réalité sont diverses. Selon René Descartes, « Je pense, donc je suis ». « La vérité est la pensée ». Il suffit de penser pour que cela soit. C’est un point de vue idéaliste. Pour le philosophe Berkeley, par exemple, la réalité, ce sont les images qui se présentent à nos sens. Pour Kant, il y a le noumène, la chose en soi, qui est les objets extérieurs, inconnaissables par l’esprit humain. Seuls sont connaissables les phénomènes, c’est-à-dire les choses qui se présentent à notre expérience.

    Dans cet exemple, la vérité serait la concordance entre le réel et son image. Serait vraie, l’image la plus proche de la représentation du réel.

    Cependant les théories sont innombrables : pour les uns il n’y a pas de vérité. Pour d’autres, la vérité est multiple.

    Selon la science actuelle, nous ne connaissons que 5 % de l’univers : la matière sensible. Pour le reste, l’univers est composé de 5% de matière noire et de 90 % d’énergie noire, encore inconnues à ce jour.

    Dans la présente planche, je veux présenter un point de vue maçonnique : la réalité est à la fois l’ensemble, sujet et objet, dont l’appareil photographique, et aussi les divers images et reflet, mais aussi autre chose, que je vous laisse le soin d’appeler comme vous le voulez : conscience, nature, soi, vie, lumière, amour, etc. Cette totalité, ce Un, à la fois contient toutes ces choses, mais ne peut être identifié à ces choses. C’est à la fois la Réalité ultime, et aussi la vérité. Cette vérité ne peut s’exprimer par des mots, mais uniquement par le silence et ne peut qu’être montrée : c’est à chacun d’en faire l’expérience. Et c’est ce à quoi prétend le travail maçonnique. On trouve une affirmation de cela dans la Bible, et aussi dans le rituel maçonnique : « Je suis ce que je suis », « Je suis ».

     

    Deux exemples

    « Aimer la vie » et « Aimer la vie ».

    La mort révèle ce qu’a été votre vie. La mort révèle la vérité, votre vérité, la vérité de ce qu’a été votre vie.

    Imaginons qu’un barbare surgit brusquement dans la loge maçonnique, armé d’une kalachnikov. A quel niveau chacun des francs-maçons présents va-t-il mettre son devoir ? Cela rappelle ce qui s’est produit le 22 août 2015, dans le wagon du train Thalys. Il convient de bien faire la différence entre « aimer ma vie » et aimer la vie ». La différence tient à un cheveu, une seule lettre et pourtant elle est lourde de conséquence !

    « Aimer la vie », au sens de « aimer mon ego » : c’est vouloir préserver ma vie, ce qui est normal, par rapport à l’instinct de conservation. C’est se recroqueviller sur son ego, attendre que les choses passent, espérer que le barbare ne me verra pas, qu’il va peut-être tuer mes voisins, mais pas moi, je.

    « Aimer la vie », c’est à la fois aimer ma vie, mais aussi aimer la vie des autres ; c’est aimer la Vie en général. Cela ressemble à la fraternité universelle. Alors, je vais me lever et m’interposer par rapport au barbare, lui prendre son arme, peut-être me faire tuer. C’st le bon niveau de mon devoir de franc-maçon. Et j’ajouterai même que si le barbare sait qu’ici, dans ce temple, tous, nous aimons la vie, alors il n’a aucune chance : il est fort probable qu’il ne tentera même pas de nous attaquer !

    Ainsi, dans le train Thalys, si ceux qui « aime la vie », au sens de « aimer l’ego » avaient dominé, il y aurait eu un carnage : 100 morts, 300 morts ? Car aimer sa vie, c’est à la fois avoir peur de la mort et donc peur de la vie.

    C’est bien parce que certains ont fait preuve d’aimer la vie, que le pire a été évité. Car aimer la vie, c’est n’avoir peur ni de la mort, ni de la vie. C’est avoir atteint une certaine verticalité, qui s’appelle la fraternité, la conscience humaine, la dignité humaine, peu importe le terme que vous lui donnez.

    Un adage des Lois de Manou déclare : « Il faut, pour conserver une famille, savoir abandonner un homme ; pour un village, une famille ; pour un pays, un village ; et pour son propre Soi, la terre entière ».

    Il y a « vie » et « vie », il y a la vie de l’ego et la « vraie vie ». C’est ce qu’a dit Jésus : « Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera » (Matthieu 10.39).

    Cette différence à quoi tient-elle ? Celui qui « aime la vie », a un petit plus. Ai-je ce plus ?

    « Aimer sa vie » cela est plus proche de l’instinct de conservation, et donc de l’aspect bestial de l’homme. « Aimer la vie », c’est accéder à l’humanité en l’homme.

    On peut généraliser cela à l’histoire : ceux qui ont aimé la vie, quitte à en mourir, sont les vrais héros de l’histoire ? Est-ce que je fais partie de ceux-là ?

    On peut prendre l’exemple de l’attentat échoué dans le train Thalys par un terroriste, à Arras :

    • D’un côté, tous les « bonnes gens » qui s’identifient à leur ego (voyageurs, agents SNCF, etc.), qui se cachent et prennent des initiatives individuelles (s’enfermer dans un local sécurisé, se blottir sous les sièges) : le résultat aurait été un massacre de tous 300 à 400 personnes). « Moi, je ».
    • De l’autre côté, quatre ou cinq « héros », qui ont choisi de sacrifier leur ego, et ont organisé la résistance. « Je suis ».

    Dans le cadre de l’attentat terroriste du Thalys, ne comptez pas sur le personnel des trains, représentant alors l’autorité, pour protéger les passagers. L’attentat précédent de Sousse, en Tunisie a fait 39 morts : on voit sur les vidéos le terroriste exécuter les touristes, alors qu’il y a des hommes derrière lui. Ils sont impuissants et lui disent seulement d’arrêter. Aucun d’entre eux ne prend le risque de se jeter sur lui, de peur de mourir sous les balles. Un contrôleur SNCF a averti la police, bien retranché et à l’abri dans un local. Si le terroriste n’avait pas été arrêté par les américains, on aurait retrouvé des dizaines, voir des centaines de morts, dont devant la porte de la motrice, où le contrôleur s’était réfugié, les corps des enfants n’ayant pas pu entrer. On justifie le courage des américains en parlant de « militaires aguerris ».

    Le train Thalys (attentat du 22 août 2015), est un microcosme qui symbolise parfaitement le mode dans lequel nous vivons. On y retrouve trois modèles de personnes :

    1. Les partisans de la Haine universelle : haine de leur propre vie et de la vie des autre, haine de la vie universelle. Mais amour de la mort. C’est le terroriste. Hier, les nazis, aujourd’hui les fondamentalistes notamment islamistes, demain d’autres encore.
    2. Ceux qui ont peur : peur de la mort et peur de la vie. Ils se recroquevillent et espèrent préserver leur petiot moi, leur ego. Ils se font tout petit, espérant que le coup va porter, soit « à côté », soit sur les voisins. « Tout pour moi, rien pour les autres ». Egoïsme ! Il y a une gradation de cette peur, avec l’échelon ultime, qui est le représentant de l’autorité qui se réfugie dans un local sécurisé.
    3. Les partisans de l’amour universel : pour eux, il y a quelque chose au-delà du petit je, de l’ego, que l’on peut appeler l’éternité. Ils aiment la vie, celle des autres, comme la leur, la vie en général. Ils n’ont pas peur de la mort et pas peur de la vie.

    Pour ce coup ci, c’est l’Amour universel qui l’a emporté. Ailleurs, demain, la Haine peut aussi l’emporter.

     

     

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