• Le secret maçonnique (Partie 95)

    La mixité est un marqueur. Si la franc-maçonnerie n’est pas ce qu’elle doit être, elle ne sert à rien et ne représente rien. La franc-maçonnerie n’est pas étrangère, mais participe du contexte sociétal, qui est patriarcal, mais sa vocation est d’être à la pointe, en raison de son idéal d’égalité, des luttes d’émancipation des femmes. La franc-maçonnerie a été progressive, voire révolutionnaire, non en tant qu’institution, mais plutôt par celles et ceux qui la composent. Souvent des frères et sœurs ont été à l’avant-garde de leur époque, parfois contre leur obédience. Ce n’est que de nombreuses années plus tard qu’il apparaît que ces sœurs et frères ont « sauvé » l’honneur de la franc-maçonnerie.

     

     

    Le secret maçonnique (Partie 95)

     

    Animus et Anima :

    De nombreux mythes, dans la Bible, ou bien cités par Platon (Discours d’Aristophane dans le « Banquet »), font mention de l’Homme primordial, à la fois masculin et féminin. En lui, le masculin et le féminin se trouvaient unis harmonieusement et naturellement. La Pierre philosophale est souvent représentée sous l’aspect d’un être androgyne à savoir une figure réunissant l’homme et la femme dans un même être. L’androgyne est doté des polarités masculine et féminine.

    Selon Jung, le psychisme des êtres humains possède une partie masculine, l’animus, et une partie féminine, l’anima. Le mariage des deux polarités constitue le retour à l’état primordial. Le mythe de l’androgynat représente la perte de l’harmonie primordiale, ainsi que la séparation du spirituel et du matériel, dans le macrocosme et dans le microcosme. Appliqué à l’homme, ce mythe symbolise la rupture de son unité intérieure, c’est-à-dire la perte de l’harmonie qui existait jadis entre sa nature céleste (le soi) et sa nature terrestre (l’ego). Le seul moyen de retrouver cette harmonie est d’œuvrer à nos propres noces spirituelles, thème majeur des « Noces chymiques de Christian Rosenkreutz ».

    Pour unifier Anima et Animus, il s’agit avant tout d’intégrer le féminin en nous, que nous soyons homme ou femme d’ailleurs. Puisque le masculin est en « excédent ». Faire nôtre un temps pour l’introspection, l’écoute de l’autre, l’intuition, la créativité, la création, toutes ces valeurs ô combien fondamentales que la société tente de nous ravir en prônant le toujours plus, la compétition pour être meilleur, plus fort, plus performant etc.… Le Soi est le subtil équilibre entre la réflexion et l’action. Il nous permet d’écouter notre féminin, notre intuition, notre accueil de l’autre, et d’entendre le masculin qui va mettre en mouvement toute cette créativité. Quand j’écoute mon intuition, après une marche en forêt, je pense au tableau que je vais créer, au roman que je vais écrire, je suis dans mon féminin. Quand je mets en place une action pour l’exposer ou le publier, je suis dans mon masculin. Le masculin au service du féminin, dans un respect total.

    Ainsi réunis en un Tout harmonieux, le Soi va pouvoir œuvrer. Equilibrer, de l’intérieur, ces deux pôles à l’opposé l’un de l’autre, mais totalement complémentaires.

    Il faut déterminer qui est la femme et qui est l’homme ? A qui s’adresse l’initié ? Deux réponses sont possibles :

    ·                    C’est le corps physique sexué. Dans ce cas, il y a plaisir, désir, passion,… Et aussi peine et souffrance. Le travail de mort du vieil homme n’a pas été fait, et c’est le profane qui profane le Temple.

    ·                    C’est la pierre cubique. Dans ce cas, c’est la Joie. C’est l’Etre, qui n’est pas sexué, ni homme ni femme, masculin et féminin harmonisé et équilibré.

    C’est une question d’œil, de vision, de perspective. En loge, ce que l’on enseigne au chercheur, c’est de trouver qui il est (« Connais-toi toi-même »). S’il se livre effectivement à cette recherche, le chercheur n’éprouvera aucun intérêt à des discussions sur des sujets comme le sexe, l’argent et le pouvoir. Alors, le dialogue s’établit de Cœur à Cœur, et non d’être sexué à être sexué. C’est tout e la différence entre sacré et profane : la vision, le regard, la perspective.

    La mixité est un marqueur. Si la franc-maçonnerie n’est pas ce qu’elle doit être, elle ne sert à rien et ne représente rien. La franc-maçonnerie n’est pas étrangère, mais participe du contexte sociétal, qui est patriarcal, mais sa vocation est d’être à la pointe, en raison de son idéal d’égalité, des luttes d’émancipation des femmes. La franc-maçonnerie a été progressive, voire révolutionnaire, non en tant qu’institution, mais plutôt par celles et ceux qui la composent. Souvent des frères et sœurs ont été à l’avant-garde de leur époque, parfois contre leur obédience. Ce n’est que de nombreuses années plus tard qu’il apparaît que ces sœurs et frères ont « sauvé » l’honneur de la franc-maçonnerie.

    Argument ultime, mais irrationnel : certains frères menacent de quitter la loge, en cas d’instauration de la mixité. Parallélisme des formes : quitter la loge si la mixité est refusée.

    Les rituels de la franc-maçonnerie ont été mis en œuvre dans le cadre d’une culture patriarcale : aujourd’hui, l’histoire a beaucoup progressé, et la femme est parvenue à s’émanciper, pour conquérir l’égalité avec l’homme. C’est pourquoi il convient de féminiser les divers rituels. On peut s’interroger d’ailleurs sur le fait qu’une telle féminisation n’ait pas encore été entreprise par l’une ou l’autre obédience féminine ou mixte !

    Pour paraphraser l’apôtre Paul, la pierre cubique n’est ni homme, ni femme, ni ceci, ni cela : elle est. La pierre cubique a toujours été là. C’est Cela. Mais ce n’est ni ceci, ni cela. Cela veut dire que la pierre cubique, ou pierre philosophique, est hors du temps et de l’espace : elle est éternelle et infinie. Ce qu’il faut faire, c’est s’interroger : qu’est-ce qui voile celle-ci ? C’est la pierre brute, ou l’ego. Il faut donc, après l’initiation, retrouver notre Etre réel, et annihiler l’ego.

    L’ère du Verseau, commencement d’un cycle nouveau, symbolise l’union de ce qui a été séparé, le masculin et le féminin. Il appartient à chacun, et notamment aux initiés de mettre en œuvre ce symbolisme. De plus, la restauration du matriarcat est, pour l’avenir, un facteur de paix, tout comme la fin du patriarcat met fin à la domination de valeurs agressives.

    Les responsables du Grand Orient de France ont publié le 25 janvier 2013, un « Manifeste des francs-maçons du Grand Orient de France. Une espérance républicaine pour le 21° siècle ». C’est une sorte de Manifeste du Parti Maçonnique, dont l’une des conclusions est une reprise de la devise communiste : « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Il est en effet déclaré, page 20 : « […] c’est le changement radical de paradigme qu’il faut viser : une distribution des revenus non plus en fonction du travail et de la détention du capital, mais surtout en fonction des besoins de chacun ».

    Deux critiques principales peuvent être formulées à l’encontre de ce document. La première critique concerne la cible : le Grand Orient de France souhaite mener la lutte contre la « féodalité financière ». Il existerait une « laïcité » au niveau financier, consistant à séparer l’Etat de l’argent. Il convient de restituer aux mots leurs vrais sens, et de maintenir la lutte pour la laïcité dans le domaine des croyances. A moins que les responsables concernés du Grand Orient de France veuillent lutter contre la « croyance » de la finance, représentée notamment par les capitalistes et les banques, et non contre la réalité de la domination de la classe bourgeoise, qui s’exerce en particulier par le biais de la finance. La finance, en tant que tel, n’est ni un bien, ni un mal. Ce qu’il convient d’apprécier, c’est l’usage fait avec la finance, soit mise au service de la majorité, soit accaparée et mise au service d’un extrême minorité, celle de la haute bourgeoisie.

    La seconde critique concerne la nature de l’Etat. On ne peut plus concevoir l’Etat comme un instrument neutre d’une sorte d’arbitre entre les diverses classes sociales, mais l’Etat est un instrument au service de la classe dominante, la bourgeoisie, pour asservir le peuple et les autres classes, dont la classe ouvrière.

    Le secret de la franc-maçonnerie ne pourra, qu’au mieux qu’être indiqué, tout comme un panneau indique une direction. Le fond du secret est à la fois le cheminement qui parvient à devenir un maçon mûr et aussi l’objectif atteint de ce cheminement, le « libéré vivant ». Le maçon mûr, c’est le représentant de la classe bourgeoise qui applique le principe de « liberté, égalité, fraternité » dans la société : c’est donc le franc-maçon qui trahit sa classe sociale d’origine, les privilégiés, et qui reste fidèle à l’idéal universel de la franc-maçonnerie.

    Plusieurs façons d’aborder la franc-maçonnerie : Mythos, Logos, sentimentalité, émotion, ou Raison. Cœur, tête, ventre.

    Le choix de la méthode : rationalisme, science historique, la raison pure et dure. Il existe trois siècles de maçonnerie (1717-2014).

    Qu’est-ce que l’histoire de la franc-maçonnerie peut nous apprendre sur la mission de la franc-maçonnerie aujourd’hui, au XXI° siècle ?

    Deux périodes diverses de la franc-maçonnerie :

    ·              La gestation, les « pages blanches », les périodes pacifiées,…

    ·              La rupture, les coups de tonnerre et d’éclairs.

    Trois exemples : la Révolution française, la Commune de Paris de 1871 et la résistance de 1939-1945.

    Rôle de la franc-maçonnerie en période de gestation et en période de crise.

    La praxis maçonnique et la théorie maçonnique (idéal).

    Ce raisonnement est valable à plus petite échelle (loge, individu).

    La théorie du complot a été créée par des intellectuels, dès la création de la franc-maçonnerie opérative, et l’accompagne depuis cette date. Selon cette théorie, il y aurait un groupe d’hommes qui ont un but précis, mais caché, par exemple, prendre la direction, de façon occulte, des affaires du monde.

    C’est devenu aujourd’hui la théorie du fascisme. L’objectif de cette théorie est de nier la lutte de classe, et l’importance dans l’histoire réelle des masses populaires. Cette théorie substitue aux classes sociales, les hommes d’élite et à la lutte du prolétariat pour le communisme, la notion de nation et de collaboration du Capital et du Travail.

    On peut joindre à cette théorie du « complot maçonnique » toutes les théories relatives à un complot des « illuminatis », qui fleurissent depuis le début du XVIII° siècle et la création des « Illuminés de Bavière »  ou des « illuminés d’Avignon », etc. ;

    D’un point de vue scientifique, l’histoire est bien l’histoire de la lutte des classes, et cette histoire a un sens : vers le communisme, contre la barbarie impérialiste. Mais bien évidemment, les individus ont un rôle à jouer, en temps que représentants d’une classe sociale. Ainsi, chaque franc-maçon, mais aussi les francs-maçons organisés en loges et en obédiences, ont joué un rôle dans l’histoire.

    Si la Révolution française de 1789, la Commune de Paris de  1871 et la Résistance de 1939 à 1945 n’ont pas été des complots, mais des mouvements historiques, et  des mouvements révolutionnaires menés par les masses, des luttes entre des classes, avec à chaque fois une contradiction principale (lutte entre les aristocrates et la bourgeoisie, aidée par le peuple, dans la Révolution française, lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie dans le cas de la Commune de Parsi, lutte contre le régime de Vichy et l’occupant nazi,contre l’union du peuple français, dans le cas de la Résistance), ces mouvements comportent aussi des individualités, dont certaines se sont distinguées. D       ans ces mouvements la franc-maçonnerie en tant que telle, mais aussi chaque franc-maçon pris individuellement, ont joué un rôle qu’il s’agit d’apprécier dans cette étude.

    A noter que l’on associe souvent le « complot » maçonnique avec le « complot » juif, ce qui donne le « complot » judéo-maçonnique. Ceci est apparu à la naissance du fascisme français, à la fin du XIX° siècle. C’est là encore un des caractères du nationalisme fasciste : lutter contre une cible imaginaire, prôner l’exclusion des francs-maçons et des juifs de la communauté nationale, afin d’unir la bourgeoisie et le prolétariat contre un ennemi commun. On sait ce que cette théorie a donné dans le cadre du nazisme, du fascisme et du régime de Vichy : l’extermination barbare de juifs, la persécution des francs-maçons.

    Lors de la Révolution française, la franc-maçonnerie a joué un rôle très actif pour abattre le féodalisme et ceci à divers titre.

    Cependant la franc-maçonnerie a été un moyen parmi d’autres pour parvenir à ce résultat : les divers clubs, les académies de toutes sortes, les salons, etc. étaient également des armes de guerre contre l’aristocratie. Mais à noter également que les francs-maçons étaient divisés : les uns ont pris partis pour le maintien du féodalisme (les « émigrés ») et la royauté, et les autres pour les diverses fractions révolutionnaires, fractions opposées entre elles.

    Les idéaux étudiés et pratiqués dans les loges, depuis la fondation de la franc-maçonnerie ont contribué à mettre en place une nouvelle formation sociale, la société bourgeoise. Mais soit à titre collectif, certaines loges nobiliaires, soit à titre personnel, certains francs-maçons, à l’heure des choix, se sont tournés vers la défense de leurs intérêts de classe sociale privilégiée, et se sont donc heurtés au mouvement révolutionnaire.

    Au moment même de la Révolution, les tenues maçonniques n’avaient plus de sens, puisque la réalité sociale avait pris le dessus, et pour les maçons, l’ensemble de la société était devenue un Temple, et un laboratoire en grandeur réelle où pouvaient s’expérimenter l’idéal maçonnique de « liberté, égalité, fraternité ». Les francs-maçons faisant obstacle çà ce mouvement eurent la tête tranchée, conformément aux conséquences des engagements pris lors de leur initiation.

    Par exemple, le culte de l’Etre suprême, instauré par Robespierre, a quelques points communs avec le Grand Architecte de l’Univers invoqué lors des cérémonies maçonniques.

    La franc-maçonnerie a donc été un moyen de gagner à la cause révolutionnaire, et donc à la chute du féodalisme, les éléments les plus progressistes de la classe aristocratiques.

    Au XIX° siècle, le caractère social de la franc-maçonnerie a changé : si celle-ci comprenait au XVIII° siècle essentiellement des membres de la clase aristocratique et de la classe bourgeoisie aisée, au XIX° siècle, son contenu social s’est popularisé : Au milieu du siècle, et à la fin du siècle, la franc maçonnerie s’est popularisée. Elle est devenue plébéienne, comprenant des membres de la petite bourgeoisie et de l’aristocratie ouvrière.

    Les tenues dans les loges ont été des lieus de débat et de préparation du mouvement révolutionnaire de la Commune de Paris de 1871. Lors de ce mouvement, les francs-maçons étaient cependant présents tant du côté des Versaillais que des Communards. Les obédiences étaient plut^t du côté des Versaillais.

    La franc-maçonnerie a ensuite pris une part active à la lutte pour la laïcité et la république bourgeoise, contre le préfascisme que représente par exemple le boulangisme.

    La franc-maçonnerie est une organisation plutôt progressive : en cela, le régime de Vichy ne s’est pas trompé, en luttant contre elle.

     

     

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