• Le secret maçonnique (Partie 8)

    La grande révolution fut une révolution bourgeoise et, dans ses résultats, elle ne pouvait être que bourgeoise. Sous l’angle de ses résultats objectifs, la révolution française n’avait pu être, étant donné les conditions objectives de l’époque, que bourgeoise. Mais la révolution bourgeoise sous-tendait un second mouvement, populaire, qui voulait aller plus loin.

    Le secret maçonnique (Partie 8)

     

    Première partie : La révolution française de 1789-1794.

     

    Introduction :

     

    Selon Gabriel Sénac de Meilhan (1736-1803), auteur de « Des Principes et des causes de la Révolution en France », l’ancien régime est un « ordre de chose qui a longtemps duré ». Une même question hante tous ceux qui regrettent cet ordre ancien. Comment une tradition millénaire a-t-elle pu disparaître en quelques séances de l’assemblée nationale ? « Dans six mois, dix siècles der respect et d’amour ont été effacés de la mémoire des cœurs », écrit Sénac à l’abbé Sabatier de Castres en 1792, et il reprend dans « L’Emigré » : « Je ne puis concevoir comment dans un si court espace des souvenirs gravés par la main des temps, pendant douze siècles, ont été effacés ». La plupart des témoins effarés de cet effacement, cherchent une explication extérieure. Si le système était bon, sa disparition provient de causes externes. En 1789, l’abbé Barruel écrit : « Patriote véridique ou discours sur les vraies causes de la Révolution actuelle ». Le Comte Ferrand publie « Les Conspirateurs démasqués ». L’abbé Jobineau écrit : « La vraie conspiration dévoilée ». Selon ces différents auteurs, développant la thèse du complot, les auteurs de la révolution seraient : la franc-maçonnerie, les philosophes, les jésuites, les protestants, le duc d’Orléans, … Selon Sénac de Meilhan, à propos de la Fronde : « Les plus soudaines révolutions ont presque toujours des causes éloignées, et lorsqu’une légère circonstance amène un prompt renversement d’un Etat, c’est que tout était depuis longtemps préparé pour une révolution ». Montesquieu écrit dans « Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence » (1734) : « Si le hasard d’une bataille, c’est-à-dire, une cause particulière, a ruiné un Etat, il y avait une cause générale qui faisait que cet Etat devait périr par une bataille ».

     

    La première république est la lutte de la bourgeoisie et du peuple contre la noblesse et le haut clergé. L’Empire est le sacrifice du peuple armé au-dehors et la domination de la bourgeoisie au-dedans. La Restauration est la tentative de restauration nobiliaire sous les Bourbons de la branche aînée. 1830 est le triomphe et le règne de la bourgeoisie.

    La franc-maçonnerie se réclame des idéaux révolutionnaires de ‘liberté, égalité, fraternité », et il convient de mettre ces idéaux en relation avec le contexte. La révolution française comporte plusieurs phases, et les révolutionnaires eux-mêmes ont daté l’an I de la révolution, non en 1789, mais en 1792. Alors que pour certains, la révolution aurait dérapé en 1793, il apparaît plutôt que l’an II reste un exemple de révolution égalitaire et fraternelle. Tant que la révolution n’est pas terminée, la violence est légitime contre les opposants.

    La grande révolution fut une révolution bourgeoise et, dans ses résultats, elle ne pouvait être que bourgeoise. Sous l’angle de ses résultats objectifs, la révolution française n’avait pu être, étant donné les conditions objectives de l’époque, que bourgeoise. Mais la révolution bourgeoise sous-tendait un second mouvement, populaire, qui voulait aller plus loin. Friedrich Engels déclarait : « A côté de l’antagonisme de la féodalité et de la bourgeoisie, existait l’antagonisme universel des exploiteurs et des exploités, des riches paresseux et des pauvres laborieux. » Friedrich Engels a énoncé la loi suivante : « Tout parti bourgeois, un moment placé à la tête du mouvement, se voit déborder dans ce mouvement même par le parti plébéien ou prolétarien qu’il a derrière lui. » Karl Marx montra que le mouvement révolutionnaire en 1793 tenta, un moment, de dépasser les limites de la révolution bourgeoise.

    Les « bras nus », ancêtres du prolétariat, menèrent la révolution bourgeoise jusqu’à son terme. La peur qu’inspire à la bourgeoisie l’avant-garde populaire la fait renoncer à porter des coups trop rapides et trop brutaux à la contre-révolution. Elle hésite à chaque instant entre la solidarité qui l’unit au peuple contre l’aristocratie et celle qui unit l’ensemble des possédants contre les non-possédants. Cette pusillanimité la rend incapable d’accomplir jusqu’au bout les tâches historiques de la révolution bourgeoise.

    La révolution française est encore aujourd’hui un horizon français indépassable et indépassé, sauf pendant la courte mise en œuvres de la Commune de Paris de 1871.

     

    FEODALISME ET CAPITALISME

     

    I)                 Eléments de contexte : La propriété privée bourgeoise contre l’égalité réelle.

     

    A)   Les limites de la révolution française : préserver la propriété privée bourgeoise :

     

    Avant 1789, deux forces sont en présence : la noblesse, alliée au clergé, et la bourgeoisie, alliée au tiers-état. Lors de la réunion des états généraux, le 5 mai 1789, la bourgeoisie obtient, pour les députés, l’application du principe « un homme, une voix ». Lénine a déclaré : « Prenez la grande Révolution française. Ce n’est pas sans raison qu’on la qualifie de « grande ». Pour la classe qu’elle a servie, la bourgeoisie, elle a fait tant que tout le XIX° siècle, ce siècle qui a donné la civilisation et la culture à toute l’humanité, s’est écoulé sous le signe de la Révolution française. Dans tous les coins du monde, ce siècle n’a fait que mettre en œuvre, réaliser par parties, parachever ce qu’avaient créé les grands révolutionnaires de la bourgeoisie française dont ils servaient les intérêts sans avoir conscience, sous le couvert de phrases sur la liberté, l’égalité et la fraternité. » (Lénine « Deux Discours au 1° Congrès de l’enseignement secondaire de Russie »).

    Le 4 août 1789, l’Assemblée abolit les privilèges et les droits féodaux. Les terres ne sont par contre pas redistribuées. Il faut pouvoir les racheter, ce qui est une manière de privilégier la couche supérieure de la bourgeoisie, et de ménager les grands propriétaires terriens féodaux. Même les révolutionnaires bourgeois les plus à gauche, et les mieux disposés à l’égard du peuple, n’ont jamais osé mettre en avant des revendications, comme l’expropriation sans indemnité. L’Instruction de l’Assemblée constituante du 15 juin 1791 précise : « Ni la nation française, ni ses représentants, n’ont eu la pensée d’enfreindre par là les droits sacrés et inviolables de la propriété. Aussi, en même temps qu’elle a reconnu avec le plus grand éclat qu’un homme n’avait pu devenir propriétaire d’un autre homme, et qu’en conséquence, les droits que l’un s’était arrogé sur la personne de l’autre n’avaient jamais pu devenir une propriété pour le premier, l’Assemblée nationale a maintenu, de la manière la plus précise, tous les droits et devoirs utiles auxquels des concessions de fonds avaient donné l’être, et elle a seulement promis de les racheter. »

    Après la prise de la Bastille, la 14 juillet 1789, est instituée une monarchie constitutionnelle. Le Serment, lors de la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, au Champ-de-Mars, indique : « Nous, députés des détachements des différentes gardes nationales rassemblées sous les murs de Lyon, pénétrés de l’importance de la mission sacrée qui nous a été confiée par nos commettants, Jurons sur l’autel de la patrie, et en présence de l’Etre suprême, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution du royaume, d’être fidèles à la nation, à la loi et au roi, d’exécuter les décrets de l’Assemblée nationale, sanctionnés ou acceptés par le roi. Nous jurons d’être inviolablement attachés à ce grand principe de la liberté individuelle, de protéger les propriétés particulières et les propriétés déclarées nationales, d’assurer la perception de tous les impôts ordonnés pour le maintien de la force publique, d’entretenir la libre circulation des subsistances dans toute l’étendue du royaume, de maintenir, partout où nous serons appelés, l(ordre et l’harmonie, sans lesquels les sociétés se détruisent au lieu de se perpétuer. »

    La première étape de la révolution est la victoire de la grande bourgeoisie. Les responsables des départements, districts, cantons, doivent faire partie des « citoyens actifs », c’est-à-dire les plus riches, qui déjà s’étaient arrogés le droit d’élire les chefs de la garde nationale lors de la naissance de celle-ci. Avec la loi électorale adoptée par la Constituante, le 4 décembre 1789, les citoyens actifs rassemblaient 4,3 millions de personnes sur une population totale de 24 millions de personnes. Les élections possédaient un second degré, 50 000 électeurs étant choisis pari les plus riches des citoyens actifs pour le vote des députés, des conseillers généraux et de district, et des juges.

     

    B)    Les rapports des classes sociales :

     

    Avoir une conception scientifique de l’histoire de cette période, c’est appliquer comme moteur général de l’évolution la lutte des classes. La révolution française a contribué à mettre en place une nouvelle formation sociale, le capitalisme, en détruisant radicalement la formation sociale précédente, le féodalisme.

    En même temps que la bourgeoisie, d’autres classes sociales avaient aussi l’intérêt de détruire l’ancien «état de choses, à savoir notamment la paysannerie et les « bras nus ». Si la bourgeoisie a des intérêts communs avec toutes ces classes appartenant au tiers-état, par contre, la bourgeoisie a ses intérêts propres, et donc elle s’est battue sur deux fronts, à la fois contre le féodalisme, mais aussi contre les représentants de ce qu’elle appelait « l’anarchie », ou les « partageux ».

    La révolution française est la mise à bas de l’ancien régime. La bourgeoisie et le peuple forment le tiers-état, et sont unis contre la noblesse et le haut clergé.

     

     

    « Le secret maçonnique (Partie 7)Le secret maçonnique (Partie 9) »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter