• Le secret maçonnique (Partie 5)

    C’est dire que les intérêts de classe de chaque franc-maçon, ou de la franc-maçonnerie dans son ensemble, sont toujours entrés en contradiction avec les valeurs assumées. Cela est patent notamment lors de la Commune de Paris de 1871. Alors, à chaque fois, chaque franc-maçon est placé devant un choix : soit défendre ses intérêts de classe, ceux des nantis et des privilégiés, intérêts égoïstes et particuliers, ou se mettre au service des plus pauvres, des exploités, de la veuve et de l’orphelin : les valeurs universelles des droits des humains. Le chois est donc, hier, comme aujourd’hui, et demain : soit trahir nos intérêts de classe, soit trahir notre idéal maçonnique. Soit l’ego, le temporel, soit le Soi et l’éternel.

     

    Le secret maçonnique (Partie 5)

     

    Deux orientations sont possibles : soit l’expansion de la conscience, et le retour à la pierre cubique, soit la contraction et l’enroulement de la conscience, et le maintien de la pierre brute, enrobée dans un faux-semblant.

    Il y a d’une part le MAÇON MÛR, qui atteint la cible, et après avoir supprimé l’ego, atteint la vérité du monde maçonnique. C’est un travail en profondeur. Il y a d’autre part le MAÇON NON MÛR, qui rate la cible et effectue un travail superficiel, en surface. C’est la création d’un super-ego, monde de l’illusion, et du faux-semblant. Il s’agit de briller en tournant vers soi et en captant le regard des autres. Le maçon non mur est l’ego enflé.

    La pierre cubique a toujours été là : c’est Cela. Mais ce n’est ni ceci, ni cela. La pierre cubique, ou pierre philosophale, est hors du temps et de l’espace : elle participe de l’éternité et de l’infini. Ce qu’il faut faire, c’est s’interroger : qui suis-je ? La pierre cubique ou la pierre brute ? Et qu’est-ce qui voile la pierre cubique ? C’est la pierre brute ou ego. Il faut donc, après l’initiation, travailler pour retrouver notre être réel, annihiler l’ego, et retrouver la pierre cubique. Ce qui est acquis sans effort est sans valeur. En quoi consiste ce travail ?

    On peut illustrer les deux voies à l’aide des exemples suivants.

    En tant que franc-maçon, il convient de partir de notre attitude, de la façon d’être pratique, et en déduire les principes qui ont conduit à cette attitude. D’où viennent la Vanité et l’Egoïsme. ? D’où viennent l’Humilité et l’Amour ? Sur quels principes reposent ces valeurs ? Sur quel substrat, l’ego ou l’Eternité ?

    n      Maçons non mûrs :

    a)     Le conformisme rituelique : Dans certaines loges bleues, les membres se contentent de lire les rituels, sans vraiment travailler. Le véritable objectif, c’est de se rendre service dans le monde profane. Il n’y a aucun travail de recueillement et de recherche. En se rendant service, la franc-maçonnerie devient un miroir aux alouettes, sans cœur et sans colonne vertébrale, une simple association de service profane.

    b)    La vanité et l’orgueil : C’est un appétit de « titres » honorifiques, quelque peu bidon, que l’on croise notamment dans les Hauts Grades. C’est l’attente, toujours déçue, de pouvoirs « occultes », qui n’arrivent jamais. Cela se manifeste par la « cordonite », la volonté d’apparaître « grand », « différent »,…

    c)     L’égoïsme : C’est une loge qui, par exemple, ne se préoccupe pas de ses membres les plus âgés, ainsi que des membres malades (Alzheimer, impotence, etc.). La loge coupe les ponts avec les frères les plus anciens, les considérant comme inutiles, et même une charge pour la loge.

    Sans aucun doute, les loges comprennent, au début, des membres non mûrs, qui ne demandent qu’à évoluer sur le chemin de la Lumière. La difficulté provient du fait que le chemin emprunté est celui des ténèbres, qui aboutit à un ersatz de démarche maçonnique, danger qui peut conduire à ce que cette orientation prédomine dans une loge, ou même une obédience. Il en résulte une franc-maçonnerie « low cost ».

    Souvent, l’erreur est d’exporter les diverses problématiques, inhérentes à l’idéal maçonnique, en dehors de la loge, de telle sorte que la franc-maçonnerie ne correspond plus à ce qu’elle devrait être. Il en est ainsi, par exemple, des sujets de la laïcité, ou du vieillissement des frères. Ainsi, à défaut d’une prise en charge par la loge des frères les plus âgés, ou malades, il est créé, à l’extérieur de la loge, une association profane, parfois interobédentielle, comme « Mathusalem », pour prendre en charge ce problème. De même, en Moselle, le problème de la laïcité, dans le cadre du droit local, n’a jamais été pris en charge véritablement par les loges.

    n      Maçons mûrs :

    a)      La connaissance et le recueillement : Certaines loges travaillent véritablement à construire le Temple. Le Temple fait encore partie du monde du serpent (illusion). Une fois le Roi (le Soi) installé sur son trône, après le mariage du Soi et du moi, l’union du masculin et du féminin, le Temple doit être détruit : c’est la création de l’être androgyne et l’expansion de la conscience par la disparition de l’ancien moi, le passage dans le monde de la corde (l’Eternité). Ensuite le Temple est détruit pour faire place au Soi. C’est la carte 21 du Tarot. Le jîva, (ou moi temporel) devient Shiva (l’éternité). C’est, non pas la transformation de jîva en Shiva, mais la prise de conscience par jîva qu’il a toujours été Shiva. C’est en somme la prise de conscience par le serpent qu’il a toujours été la corde, ou bien la prise de conscience par la pierre brute qu’elle a toujours été la pierre cubique (présente sous l’aspect de la pierre brute).

    b)    L’humilité et l’apaisement (la paix) : La perte de l’ego rend humble (l’humilité vient de « humus », la terre). L’un des aspects permettant de certifier que l’on est sur la bonne voie, c’est l’apaisement : cela donne la paix.

    c)     L’amour et la solidarité : La loge se préoccupe des membres les plus âgés et des membres malades (Alzheimer, impotence, etc.). Cette loge, chaque année, a minima, adresse un courrier à ces membres absents, courrier accompagné d’une revue maçonnique. Et parfois les membres actifs de la loge poussent l’amour fraternel jusqu’à organiser le transport de ces frères, éloignés par l’âge ou la maladie, pour les faire participer au moins une fois l’an, à une tenue, et de présenter ces anciens membres méritants aux plus jeunes frères et aux dernières recrues, ceci permettant de perpétuer leur mémoire et de maintenir un lien chaleureux, ceci par-delà l’âge et la maladie. Ces frères appliquent alors l’idéal maçonnique, même lorsque cela cause quelques tracas : ils ont su créer un égrégore fraternel, qui a un coeur, l’amour fraternel, et une colonne vertébrale, la Règle. Cette loge conserve la mémoire des frères absents et sait perpétuer le lien fraternel d’amour.

    En conséquence, il est indispensable de jauger chaque loge, chaque frère, chaque démarche maçonnique, à l’aune de la voie poursuivie : soit la voie de la Lumière et de l’Eternité, soit la voie des ténèbres et de l’espace-temps-causalité. Où se situe celui qui parle : s’identifie-t-il avec l’ego, le petit moi, ou bien s’identifie-t-il avec le Soi et le « Je suis » ?

     

    D’où parles-tu mon frère ? Qui es-tu ? Es-tu la corde ou le serpent. La pierre brute ou la pierre cubique. Faire comme si…

     

    J’ajoute le point suivant.

    Depuis notre entrée en franc-maçonnerie, nous savons tous l’importance de se connaître soi-même. Il est important aussi de se connaître en tant que franc-maçon : D’où vient la franc-maçonnerie ? Qu’est-ce que la franc-maçonnerie ? Où va la franc-maçonnerie ? Pour ma part, la réponse est la suivante :

    Depuis le début du XVIII° siècle, les francs-maçons ont toujours fait partie de la classe la plus privilégiée : les nantis, aristocrates hier, grands et petits bourgeois aujourd’hui.

    Mais aussi, les francs-maçons ont toujours portés des valeurs de progrès, de progressivité, en tout cas des valeurs qui visent à l’universalité : à savoir, la vérité, la fraternité universelle, l’amour universel, etc.

    C’est dire que les intérêts de classe de chaque franc-maçon, ou de la franc-maçonnerie dans son ensemble, sont toujours entrés en contradiction avec les valeurs assumées. Cela est patent notamment lors de la Commune de Paris de 1871. Alors, à chaque fois, chaque franc-maçon est placé devant un choix : soit défendre ses intérêts de classe, ceux des nantis et des privilégiés, intérêts égoïstes et particuliers, ou se mettre au service des plus pauvres, des exploités, de la veuve et de l’orphelin : les valeurs universelles des droits des humains. Le chois est donc, hier, comme aujourd’hui, et demain : soit trahir nos intérêts de classe, soit trahir notre idéal maçonnique. Soit l’ego, le temporel, soit le Soi et l’éternel.

     

     

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