• Le secret maçonnique (Partie 46)

    Les adeptes de la Franc-Maçonnerie française le remercient vivement ainsi que son gouvernement, d’avoir abrogé les lois du pouvoir illégal de Vichy et de leur permettre ainsi de travailler à nouveau dans le calme de leurs temples au perfectionnement moral et matériel des hommes, sous l’inspiration de leur belle devise qui est celle de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.

     

    Le secret maçonnique (Partie 46) 

     

    Voici l’adresse au Général de Gaulle du 18 octobre 1944, signée conjointement par les frères du Grand Orient de France et du Rite Ecossais :

    « Le Conseil de l’Ordre maçonnique en France, réuni pour réveiller ses Loges, adresse au général Charles de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République française, l’expression de sa profonde admiration pour son attitude courageuse et son action persévérante qui, au milieu des pires difficultés, ont permis à la France de recouvrer son idéal de liberté et ranimé en elle le sens de l’honneur, sa foi démocratique et sa confiance en la grandeur de sa destiné.

    Les adeptes de la Franc-Maçonnerie française le remercient vivement ainsi que son gouvernement, d’avoir abrogé les lois du pouvoir illégal de Vichy et de leur permettre ainsi de travailler à nouveau dans le calme de leurs temples au perfectionnement moral et matériel des hommes, sous l’inspiration de leur belle devise qui est celle de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.

    Partisans de l’union de tous les bons Français qui n’ont pactisé ni avec l’ennemi de l’extérieur, ni avec les traîtres de l’intérieur, les Francs-Maçons français dignes de ce nom, confiants en lui, aideront de toutes leurs forces le gouvernement qu’il préside à rénover toute les activités spirituelles, politiques et économiques de la France, pour élever les cœurs, redresser les mœurs, rétablir la prospérité du pays, donner au travail la place qui doit lui appartenir dans une société vraiment solidaire, assurer à tous les Français des deux sexes de tous les âges, par leur participation selon leurs forces et leurs talents, à la production commune et au développement de l’économie sociale, une vie de libre dignité à l’abri du besoin et préparer toutes mesures et toute entente pour rapprocher les peuples et assurer la paix du monde … ».

     

    Lors de la séance du mardi 18 septembre 1945 le frère Pagni de « La Parfaite Union » de Marseille déclare : « … Dès que le général de Gaulle a pris le pouvoir, la Franc-Maçonnerie a fait acte de soumission (Mouvements divers). Ainsi dès qu’un chef de gouvernement est placé à la tête du pays, la Franc-Maçonnerie fait un acte immédiat de dévouement, un acte immédiat de soumission… ». Le frère Pagni demande que la lettre au général de Gaulle soit disjointe de l’approbation du rapport moral : « … Nous sommes quelques-uns à contester au Conseil de l’Ordre le droit de nous engager sans vous avoir consulté. Ne serait-ce que pour cette raison de principe, je demande la disjonction de la lettre au général de Gaulle. ».

     

    III) Le programme de restauration du capitalisme français :

     

    A)     Le programme du Conseil National de la Résistance est un programme bourgeois de restauration et de modernisation du capitalisme français.

    Si le programme du Conseil National de la Résistance est un programme stratégique, alors il y a mensonge sur la marchandise de la part du Parti Communiste Français, car c’est un programme de restauration du capitalisme français. A la rigueur, ce programme pouvait être pris pour un programme tactique, dans la mesure où le programme stratégique est le passage, à l’étape suivante, à une société socialiste. Sans doute, le programme du Conseil National de la Résistance met fin à la phase fasciste du capitalisme français, phase ouverte par le régime de Vichy en 1940, mais il ne met nullement le pied à l’étrier de la classe ouvrière pour aller vers l’étape stratégique ultérieure, qui lui est propre, et qui est la destruction de l’ancien Etat, l’Etat bourgeois, et l’instauration d’un nouvel Etat, l’Etat socialiste. Par opportunisme, les dirigeants du Parti Communiste Français privent la classe ouvrière de toute autonomie et la place de fait et sciemment à la remorque de la classe bourgeoise, pour l’instauration d’une quatrième république.

    Louis Saillant, de la CGT, membre du Comité National de la Résistance, constate, concernant les représentants du patronat : « Il est un fait à noter quand l’on considère la composition du CNR ; alors que le mouvement syndical ouvrier y tenait sa place, aucun représentant des syndicats patronaux, par contre, n’y aurait été invité. Et pour une bonne cause ; c’est que si, individuellement des patrons participèrent à la résistance, l’organisation représentative de leur classe : « La Confédération du Patronat Français » était, elle, enfoncée dans la collaboration. A tel point qu’elle fut dissoute à la Libération ».

    En fin de compte, les dirigeants du Parti Communiste Français n’ont anticipé aucune étape, et ont déjà renoncé à la révolution socialiste, se plaçant non pas dans une optique de lutte des classes, mais d’une lutte pour les places (places de ministres, de parlementaires, de conseillers généraux, de maires, etc.). Ceci explique leur volonté de rendre les armes des résistants, de faire fusionner les FTP avec l’armée bourgeoise, dans le cadre de la stratégie de la traîtrise « Un seul Etat, une seule armée, une seule police ». Bientôt, l’appel est lancé pour un productivisme effréné en faveur des entreprises bourgeoises. Peu après, le P « C » F est devenu un embryon du social-impérialisme russe, après le coup d’Etat bourgeois en U.R.S.S. par la clique Khrouchtchev.

    A la lecture du programme du Conseil National de la Résistance, on constate que le point clé, -- à savoir qui dispose du pouvoir réel ? – n’est pas pris en compte. Incontestablement, c’est la bourgeoisie, représentée par de Gaulle, qui détient les véritables rouages du pouvoir politique et économique. Le programme vise à restaurer la république bourgeoise, en modernisant la société d’avant-guerre pour l’adapter aux conditions nouvelles, et en affirmant les prérogatives de l’impérialisme français : pour le reste, il ne s’agit que de vœux pieux.

    Pour le moins, si le Parti Communiste Français avait été dans son rôle de représentant de la classe ouvrière et du peuple, il aurait dû doubler ce programme d’un second programme, socialiste celui-là, dont l’objectif est de briser l’Etat bourgeois et d’instaurer le socialisme. Le programme tactique aurait consisté à un double pouvoir : « Deux armées, deux polices », puis de renforcer le pouvoir prolétarien, y compris par les élections, pour abattre à la première occasion, en fonction des conditions objectives internationales et nationales, le pouvoir bourgeois.

    La démarche stratégique aurait dû être : d’abord un front commun et uni, pour vaincre l’ennemi commun, le nazisme et le régime de Vichy, avec la fraction « républicaine » de la bourgeoisie, et en même temps, préparer, pour l’étape suivante, la prise de pouvoir, la mise en avant de la nouvelle contradiction principale entre le Parti Communiste Français et la fraction de Gaulle, l’objectif social de la révolution prolétarienne. Dans la première étape, la révolution principale opposait le fascisme d’une part, et l’union nationale pour l’insurrection nationale de la fraction « démocratique » de la bourgeoisie et du peuple, conduit par le PCF. Dans la seconde étape, la contradiction principale est devenue l’opposition entre la classe bourgeoise, représentée par de Gaulle, et la classe ouvrière unie au peuple, conduite par le PCF : la solution de cette contradiction est l’insurrection sociale et la révolution prolétarienne.

    Les sacrifices humains consentis par le peuple et les ouvriers pendant la guerre mondiale n’auraient été ni moins lourds, ni plus lourds, avec une telle perspective : mais ils auraient été utiles. Au lieu de cela, il y avait de la part des dirigeants opportunistes du PCF une stratégie unique, au cours des deux périodes historiques différentes : le front commun, sous la direction de la fraction de la bourgeoise représentée par de Gaulle, d’abord contre l’ennemi commun, le nazisme et le régime de Vichy, puis pour la production capitaliste et la restauration de la vieille société. Le résultat est le mot d’ordre défaitiste et opportuniste « Un seul Etat, une seule police, une seule justice, une seule armée », à savoir l’Etat bourgeois, modernisé et conforté, par le programme du Comité National de la Résistance.

    Cet stratégie erronée explique en partie également la mollesse de l’épuration, bien plus faible en France que dans d’autres pays européens. La bourgeoisie, pour son compte, en tant que classe, a su mener la guerre de classe, en épargnant ses représentants compromis dans la période fascistes et collaborationnistes, afin de préparer tout de suite la phase suivante, à savoir la lutte contre les communistes et le camp socialiste. La bourgeoisie a fait l’union sacrée de sa classe, y compris avec une fraction vichyste compromise, pour mener la lutte pour la domination du peuple, l’appropriation de tous les rouages de l’Etat et la mise à l’écart de la classe ouvrière. Par contre le Parti Communiste Français n’a pas su faire l’union autonome des forces révolutionnaires, sorties armées de la guerre contre l’occupant, pour effectuer une véritable épuration, qui aurait affaibli les forces bourgeoises, et pour conduire la lutte révolutionnaire. Affaiblissant encore plus sa position, le PCF a opté pour une stratégie uniquement légaliste et électorale, trouvant dès lors face à lui le MRP, la SFIO et les gaullistes. Les dirigeants opportunistes du PCF avaient alors une dernière offensive pour tromper les ouvriers, et les brider, c’est d’appeler à la production, ce qu’ils ne manquaient pas de faire, dès la guerre terminée.

    Tout le programme du Comité National de la Résistance traduit alors un verbiage typiquement bourgeois, sans incidence réelle sur la vie quotidienne des masses, mais bien fait pour tromper les ouvriers :

    • « Union des patrons et des ouvriers », sous la direction des « bons » patrons, bien sûr.
    • « Union véritable de toutes les forces patriotiques pour la réalisation de la libération nationale inséparable, comme l’a dit le Général de Gaulle, de l’insurrection nationale » : union de toutes les forces nationales pour la lutte de libération du territoire national dans une première étape, si possible sous la direction de la classe ouvrière ; mais aussi renforcement du camp socialiste au cours de cette première étape, puis mise en route de la seconde étape, à savoir la lutte pour la révolution prolétarienne, en unissant toutes les forces populaires sous la direction d’un parti révolutionnaire autonome, dirigeant l’armée rouge.
    • « Union étroite de tous les patriotes, sans distinction d’opinions politiques, philosophiques ou religieuses. Ainsi se constituera dans la lutte une armée expérimentée » : en quelque sorte, une armée bourgeoise, de métier, tournée à la fois contre l’ennemi extérieur et aussi l’ennemi intérieur, le peuple et les communistes.
    • « Rester unis après la libération » : unis, oui, mais sous la direction de quelle classe ? La bourgeoisie ou le prolétariat ?
    • « Démocratie la plus large » : encore une fois, il y a abstraction et mise à l’écart du contenu de classe de la société. Démocratie bourgeoise, qui est droits réels pour la bourgeoisie, et droits formels pour le peuple, ou démocratie populaire, qui est droit réel pour le peuple.
    • « L’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi » : toujours cette référence à une égalité « formelle », qui est en fait une inégalité flagrante qui se creuse entre le capitaliste milliardaire et son ouvrier. Avec l’expérience juridique acquise, la bourgeoisie est devenue très expérimentée pour faire des lois en faveurs des plus riches et contre les plus pauvres, comme par exemple : « Il est interdit aux riches et aux pauvres de coucher sous les ponts ».
    • « Le droit au travail et le droit au repos » : seul le socialisme réel (non bourgeois) saura réaliser cela dans les faits.
    • « La sécurité de l’emploi » : en système capitaliste, c’est une illusion.
    • « Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales » : ces droits ne pourront qu’être arrachés par les peuple coloniaux et semi-coloniaux eux-mêmes. Fraternité entre tous les peuples, mais cette fraternité n’est possible que s’il y a liberté et égalité réelles. Toutes les guerres menées par l’impérialisme français restauré, depuis le 8 mai 1945, démontrent l’inanité de cette partie du programme. Même en ce début du XXI° siècle, les guerres menées à l’extérieur par l’armée bourgeoise sont des guerres de pillage et de rapine (Afrique, Asie,…).
    • « Une démocratie qui unisse au contrôle effectif exercé par les élus du peuple la continuité de l’action gouvernementale » : le programme remet en route la machinerie électorale, en précisant que la « démocratie » sera « représentative » et non directe. Ce sont donc les élus qui exerceront un contrôle et non directement le peuple. Cet aspect sera encore accentué par la cinquième république. C’est bien : tout le pouvoir à la bourgeoisie et à ses représentants.
    • « Dans l’union de tous les Français rassemblés autour […] de son président le général de Gaulle » : fermez le ban. L’objectif est l’ »union sacrée », la collaboration de classes sous la domination exclusive de la bourgeoisie ? C’est le retour triomphant du capitalisme, avec le secours des pseudo-communistes !

    Tous les événements qui se sont déroulés après-guerre viendront démentir toutes ces bonnes intentions mensongères du programme du Conseil National de la Résistance :

    • Droit des populations coloniales ? Guerres d’Indochine, d’Algérie, néocolonialisme…
    • Et un libéralisme économique appliqué par une république bourgeoise qui conduit à une aggravation des inégalités sociales, aggravation plus lente pendant les « Trente Glorieuse », aggravation plus accélérée pendant les « Quarante Piteuses » (1975 à aujourd’hui).

    La façon dont les dirigeants du Parti Communiste Français ont mis la classe ouvrière sous la tutelle de de Gaulle et de la bourgeoisie après 1945, c’est  comme si, en 1917, Lénine, au lieu de lancer la révolution prolétarienne, s’était couché devant le gouvernement de Kerenski, ou bien, en 1945, Mao Tsé-toung s’était couché devant le Kouo-min-tang et leurs alliés américains !

     

     

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