• Le secret maçonnique (Partie 35)

    L’histoire démontre que les francs-maçons se scindent en deux camps antagoniques : en 1789, il y a des francs-maçons du côté des émigrés et des royalistes, du côté des monarchistes, favorables à une monarchie constitutionnelle, d’une part, et des républicains modérés, ainsi que des républicains radicaux et enragés, d’autre part. Il en est de m^me en 1870-1871 : on trouve des francs-maçons du côté des généraux et militaires bonapartistes, massacreurs du peuple, qui se sont mis sans vergogne au service de l’assemblée réactionnaire de Versailles. Il y a aussi de nombreux francs-maçons du côté des républicains modérés bourgeois, défendeurs d’un certain ordre moral à la fois antimonarchistes et anticléricaux, mais encore plus anticommunards, tels Favre, Ferry, Gambetta. Ces derniers seront les créateurs des institutions de la III° république, sur la base de l’écrasement des idéaux de la Commune de Paris. Par exemple, sur les onze ministres du gouvernement de la défense nationale, gouvernement contre lequel s’élève la Commune de 1871, on compte pas moins de huit ministres francs-maçons, et dix ministres francs-maçons, si l’on ajoute les deux Jules, Jules Ferry et Jules Favre, initiés ultérieurement. Enfin, d’autres francs-maçons s’engagent résolument dans le mouvement de la Commune de Paris, tels Jules Vallès. Ainsi, le conseil central de la Commune compte, dès son origine, une vingtaine de francs-maçons, soit environ le quart de l’effectif. Sans compter que certains communards deviendront francs-maçons, après le mouvement de la Commune, telle Louise Michel.

    Le secret maçonnique (Partie 35) 

     

    Conclusion : Le Dragon et le Phénix :

    Le Dragon, symbole de l’empereur, désigne l’homme, l’agent actif, la terre, l’équerre, la colonne J.°., alors que le Phénix, symbole de l’impératrice, désigne la femme, le sujet passif, le ciel, le compas, la colonne B.°..

     

    Le mariage du Dragon et du Phénix :

    D’où vient la Commune de Paris de 1871, et où va-t-elle ? Il faut imaginer un Dragon, sous le sol de la société, qui parcourt l’histoire, depuis toujours. Parfois, lorsque les conditions sont favorables, ce Dragon s’ébroue, et cela constitue des « tremblements de terre », c’est-à-dire des crises sociales et des révolutions. Telle une taupe, ce Dragon creuse inlassablement le sol, faisant surface par intermittence. Ce Dragon, c’est le peuple, les « bras nus » en 1792, les sans-grades et les prolétaires de 1848, et de 1871, les chômeurs, les sans-abris, les mal logés et les exploités d’aujourd’hui ;

    Ce Dragon a fait surface en 1789-1794, puis à nouveau en 1830, en 1848, en 1871, en 1940-1945, en 1968, … Ce Dragon apparaît sur la scène de l’histoires lorsque les condition objectives s’y prêtent. La fonction des classes sociales possédantes est de contenir ce Dragon, de le dompter : d’où les répressions sanglantes de 1792-1815, contre les sans-culottes, les hébertistes, Babeuf et les jacobins,…, ainsi que les fusillades contre les barricades en 1848, le massacre des Communards en 1871. Chaque fois que commence un mouvement révolutionnaire, souvent initié par la bourgeoisie, comme en 1848, les classes populaires veulent aller plus loin, et obtenir la démocratie directe, des droits sociaux et économiques, substituer à la république bourgeoise une république sociale. Par réaction, dans ces moments là, face au mouvement d’approfondissement par les masses populaires, les classes possédantes refont leur union, pour défendre leurs privilèges, et afin de contenir les non-possédants : c’est le cas des Montagnards et des Girondins, alliés aux aristocrates les moins conservateurs, puis les bonapartiste, en 1793-1815 ; c’est le cas également des divers partisans de la monarchie (légitimistes, orléanistes, et bonapartiste), et des républicains opportunistes (Thiers, Gambetta), en 1871, conte les Communards, les « rouges » et les « partageux ».

    Les possédants tentent de museler et maîtriser le Dragon : cela peut se faire par la médiation des partis politiques, et les syndicats « jaunes ». « Maîtriser » le Dragon, dans le sens de récupérer sa force d’intervention, pour l’utiliser et la mettre au service des possédants, c’est ce qu’ont effectué les Montagnards et les Girondins. C’est aussi ce qu’a fait Napoléon III. C’est ce que tentent de faire les révisionnistes, lors de la seconde guerre mondiale.

    Par contre, l’objectif des classes populaires est d’organiser l’autonomie du Dragon, afin qu’il exprime et réalise enfin son propre idéal : c’est ce qu’on parvenu à réaliser, sur une courte période de 72 jours, les Communards.

    Quelle fonction joue le Phénix, c’est-à-dire la franc-maçonnerie, dans ces périodes tourmentées ? Les francs-maçons ont une image de personnes modérées, plutôt conciliateurs, plutôt progressives, à défaut d’être progressistes, qui sont « amis des riches et des pauvres. Mais d’un point de vue sociologique, ils appartiennent à la classe possédante et privilégiée (aristocratie au XVIII° siècle, bourgeoisie après la révolution de 1789). S’ils sont « centre de l’union », il s’agit bien de faire l’union de la classe bourgeoise autour des mêmes valeurs : la base de la franc-maçonnerie est bien d’unir les bourgeois, et d’éviter que leurs divergences d’intérêts ne se manifestent en-dehors des loges maçonniques.

    L’histoire démontre que les francs-maçons se scindent en deux camps antagoniques : en 1789, il y a des francs-maçons du côté des émigrés et des royalistes, du côté des monarchistes, favorables à une monarchie constitutionnelle, d’une part, et des républicains modérés, ainsi que des républicains radicaux et enragés, d’autre part. Il en est de m^me en 1870-1871 : on trouve des francs-maçons du côté des généraux et militaires bonapartistes, massacreurs du peuple, qui se sont mis sans vergogne au service de l’assemblée réactionnaire de Versailles. Il y a aussi de nombreux francs-maçons du côté des républicains modérés bourgeois, défendeurs d’un certain ordre moral à la fois antimonarchistes et anticléricaux, mais encore plus anticommunards, tels Favre, Ferry, Gambetta. Ces derniers seront les créateurs des institutions de la III° république, sur la base de l’écrasement des idéaux de la Commune de Paris. Par exemple, sur les onze ministres du gouvernement de la défense nationale, gouvernement contre lequel s’élève la Commune de 1871, on compte pas moins de huit ministres francs-maçons, et dix ministres francs-maçons, si l’on ajoute les deux Jules, Jules Ferry et Jules Favre, initiés ultérieurement. Enfin, d’autres francs-maçons s’engagent résolument dans le mouvement de la Commune de Paris, tels Jules Vallès. Ainsi, le conseil central de la Commune compte, dès son origine, une vingtaine de francs-maçons, soit environ le quart de l’effectif. Sans compter que certains communards deviendront francs-maçons, après le mouvement de la Commune, telle Louise Michel.

    Qu’en est-il de la franc-maçonnerie, en tant qu’organisation ? Quelles ont été les réactions des structures collectives, telles les obédiences et les loges, lors du mouvement de la Commune de Paris ?

    Les loges parisiennes ont d’abord tenté un effort de conciliation entre Communards et Versaillais, et face à l’obstination de Thiers (et de son gouvernement, comprenant notamment Jules Favre), et sa volonté d’en finir avec la Commune par un bain de sang, ces loges se sont placées du côté de la Commune, avec les Compagnons du Devoir. Il y a une démarche des membres des loges de Paris, menées par Thirifocq, d’adhésion aux idéaux de la Commune, puis d’engagement dans l’action révolutionnaire et violente aux côtés des Communards. Il en est de même de certaines loges de province, comme à Marseille (avec Louis Gaston Isaac Crémieux, 1836-1871), et à Rouen.

    Par contre, les obédiences font allégeance à Thiers et à son gouvernement et s’opposent frontalement à la Commune. La Commune ne sera « récupérée » par les obédiences, comme moment de mémoire, qu’à compter de l’amnistie accordée aux Communards à compter de 1880.

    Cette scission de la franc-maçonnerie en deux camps opposés – pour et contre le mouvement révolutionnaire – repose en partie sur la nature du recrutement des loges. A compter de 1850, à côté du public bourgeois habituel, la franc-maçonnerie recrute un public de petits-bourgeois, boutiquiers, instituteurs, artisans, aristocratie ouvrière, etc. Ce nouveau public n’aurait jamais été recruté dan,s les loges du début du XIX° siècle, ou en tout cas, dans les mêmes loges où se côtoyaient les aristocrates et la haute bourgeoisie.

    La guerre civile engagée par Thiers pour éradiquer la Commune n’a pas permis aux Communards de mettre en œuvre pleinement leur programme. Mais les valeurs défendues par les Communards en 1871 (liberté, égalité, fraternité, laïcité, enseignement obligatoire et gratuit pour tous, culture pour tous, travail pour tous, démocratie directe, émancipation des femmes, etc.), sont bien les mêmes valeurs que celles défendues par la franc-maçonnerie. C’est là un élément qui explique la scission de la franc-maçonnerie en deux camps antagoniques. En effet, ces valeurs de progrès, universelles, sont en oppositions avec les valeurs particulières de la classe bourgeoise. En conséquence, à titre personnel, lors d’une crise sociale, chaque franc-maçon doit choisir entre la fidélité à l’idéal maçonnique, ou bien la fidélité aux intérêts immédiats de sa classe d’origine, entre trahir les idéaux de la franc-maçonnerie ou la trahison de sa classe sociale. Par exemple, certains aristocrates francs-maçons ont contribué, au XVIII° siècle, à répandre dans la loge maçonnique dont ils étaient membres, les idéaux d’égalité et de liberté. Mais une fois qu’il fallait quitter le cocon de la loge, pour appliquer ces valeurs au niveau de la société, bon nombre de francs-maçons aristocrates ont préférer trahir l’idéal maçonnique et rester fidèle à leurs intérêts de classe, et donc défendre la société féodale : nombre d’entre eux ont donc préférer émigrer, et lutter contre la nouvelle société bourgeoise. Autant il était facile de défendre un idéal dans le « petit comité » de la loge, autant il leur parut insurmontable d’appliquer ces valeurs de façon universelle, dans la société.

    Il est possible d’étudier l’évolution des Communards francs-maçons, après la période intense de la Commune, notamment les francs-maçons qui se sont fortement impliqués dans le cadre des idéaux de la Commune. A la fin du XIX° siècle, il y a différents marqueurs politiques : le boulangisme, l’affaire Dreyfus, etc., et des marqueurs sociétaux : luttes pour l’enseignement obligatoire et gratuit, la laïcité, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le droit des femmes, etc., qui permettent de mesurer l’engagement de chacun. Certains francs-maçons sont restés fidèles aux idéaux communaux jusqu’au terme de leur vie (Louise Michel,…), et d’autres francs-maçons ont trahi ces idéaux par opportunisme, en adhérant au boulangisme – qui est une forme de fascisme --, par nationalisme, et certains étaient même antisémites et antidreyfusards, comme ce sera le cas de Malon ou Rochefort.

     

     

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