• Le secret maçonnique (Partie 27)

    On se tromperait beaucoup si l’on jugeait de la Franc-maçonnerie du siècle passé, ou même celle du commencement du siècle présent, d’après ce qu’elle est aujourd’hui. Institution par excellence bourgeoise, dans son développement, par sa puissante croissante d’abord et plus tard par sa décadence, la Franc-maçonnerie a représenté en quelque sorte le développement, la puissance et la décadence intellectuelle et morale de la bourgeoisie.

    Le secret maçonnique (Partie 27) 

     

    A)   L’avis de Boukharine à propos de la franc-maçonnerie :

     

    Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine (1814-1876) : Franc-maçon. Initié en Italie, en 1845, c’est à Turin qu’il fut élevé au degré de Rose-Croix. A Caprera, Garibaldi l’élève au 30° degré. En 1865, à Naples, il est en relation avec S. Friscia, C. Gambuzzi et S. Morelli, les fondateurs d’une loge atypique qui réunissait républicains et socialiste. En 1866, il nie dans une lettre à Herzen le fait d’être maçon. Anarchiste. Il écrit en mai 1871 : « Je suis un partisan de la Commune de Paris, qui pour avoir été massacrée, étouffée, dans le sang par les bourreaux de la réaction monarchique et cléricale, n’en est devenue que plus vivace, plus puissante dans l’imagination et dans le cœur du prolétariat de l’Europe. ».

    Concernant la franc-maçonnerie, Bakounine a déclaré dans le journal « Le Progrès » du Locle le 1er mars 1869.

    « …Il y eut un temps où la bourgeoisie, douée de la même puissance de vie (que le prolétariat) et constituant exclusivement la classe historique offrait le même spectacle de fraternité et d’union aussi bien dans les actes que dans la respectable sans doute, mais désormais impuissante stupide et stérile, l’époque de son énergique développement. Elle fut ainsi avant la grande révolution de 1793, elle le fut encore, quoiqu’à un bien moindre degré, avant les révolutions de 1830 et 1848. Alors la bourgeoisie avait un monde à conquérir, une place à prendre dans la société et, organisée pour le combat, intelligente, audacieuse, se sentant forte du droit de tout le monde, elle était douée d’une toute-puissante irrésistible : elle seule a fait contre la monarchie, la noblesse et le clergé réunis les trois révolutions.

    À cette époque, la bourgeoisie avait créé une association internationale, universelle, formidable, la Franc-maçonnerie.

    On se tromperait beaucoup si l’on jugeait de la Franc-maçonnerie du siècle passé, ou même celle du commencement du siècle présent, d’après ce qu’elle est aujourd’hui. Institution par excellence bourgeoise, dans son développement, par sa puissante croissante d’abord et plus tard par sa décadence, la Franc-maçonnerie a représenté en quelque sorte le développement, la puissance et la décadence intellectuelle et morale de la bourgeoisie. Aujourd’hui, descendue au triste rôle d’une vieille intrigante radoteuse, elle est nulle, inutile quelquefois malfaisante et toujours ridicule, tandis qu’avant 1830 et avant 1793 surtout, ayant réuni en son sein, à très peu d’exceptions près, tous les esprits d’élite, les coeurs les plus ardents, les volontés les plus fières, les caractères les plus audacieux, elle avait constitué une organisation active, puissante et réellement bienfaisante. C’était l’incarnation énergique, et la mise en pratique de l’idée humaine du XVIII° siècle. Tous les grands principes de liberté, d’égalité, de fraternité, de la raison et de la justice humaine élaborés d’abord théoriquement par la philosophie de ce siècle, étaient devenus au sein de la Franc-maçonnerie des dogmes pratiques et comme les bases d’une morale et d’une politique nouvelle, l’âme d’une entreprise gigantesque de démolition et de reconstruction. La Franc-maçonnerie n’a été rien moins à cette époque, que la conspiration universelle de la bourgeoisie révolutionnaire contre la tyrannie féodale, monarchique et divine. Ce fut l’Internationale de la bourgeoisie.

    On sait que tous les acteurs principaux de la Première révolution ont été des francs-maçons, et que lorsque cette révolution éclata, elle trouva, grâce à la Franc-maçonnerie, des amis, des coopérateurs dévoués et puissants dans tous les autres pays, ce qui assurément aida beaucoup son triomphe. Mais il est également évident que le triomphe de la révolution a tué la Franc-maçonnerie car la Révolution ayant comblé en grande partie les voeux de la bourgeoisie et lui ayant fait prendre la place de l’aristocratie nobiliaire, la bourgeoisie après avoir été si longtemps la classe exploitée et opprimée, est devenue tout naturellement à son tour la classe privilégiée, exploitante, oppressive, conservatrice et réactionnaire, l’amie et le soutien le plus ferme de l’État. Après le coup d’État du premier Napoléon, la Franc-maçonnerie était devenue, dans une grande partie du continent une institution impériale.

    La Restauration la ressuscita quelque peu. En se voyant menacée par le retour de l’ancien régime, contrainte de céder à l’Église et à la noblesse coalisées la place qu’elle avait conquise par la première révolution, la bourgeoisie était forcément redevenue révolutionnaire. Mais quelle différence entre ce révolutionnarisme réchauffé et le révolutionnarisme ardent et puissant qui l’avait inspiré à la fin du siècle dernier ! Alors, la bourgeoisie avait été de bonne foi, elle avait cru sérieusement et naïvement aux droits de l’homme, avait été poussée, inspirée par le génie de la démolition et de la reconstruction, elle se trouvait en pleine possession de son intelligence, et dans le plein développement de sa force ; elle ne se doutait pas encore qu’un abîme la séparait du peuple ; elle se croyait se sentait, elle était réellement la représentation du peuple. La réaction thermidorienne et la conspiration de Babeuf l’ont à jamais privée de cette illusion. L’abîme qui sépare le peuple travailleur de la bourgeoisie exploitante, dominante et jouissante est ouvert, et il ne faut rien moins que le corps de la bourgeoisie tout entière, toute l’existence privilégiée des bourgeois pour le combler.

    Aussi ne fut-ce plus la bourgeoisie tout entière, mais seulement une partie de la bourgeoisie qui se remit à conspirer après la Restauration, contre le régime clérical, nobiliaire et contre les rois légitimes… »

    Bakounine était obnubilé par le projet d’une organisation ouvrière qui aurait joué pour la révolution sociale le rôle que la franc-maçonnerie avait joué pour la révolution bourgeoise. C’est dans cet esprit qu’il fonda en 1864 une société secrète appelée « La Fraternité Internationale » ou « Alliance des Révolutionnaires Socialistes », dissoute en janvier 1869. .

     

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