• Le secret maçonnique (Partie 22)

    Il n’y a pas de démocratie vraie sans suppression des inégalités sociales, c’est-à-dire sans communisme. A la Constitution de 1793, qui donnait trop de droits au peuple, la bourgeoisie révolutionnaire a substitué le gouvernement révolutionnaire, une dictature qui, en principe, ne devait servir qu’à mater la contre-révolution, mais qui, en fait, se montre souvent moins énergique à l’égard des contre-révolutionnaires qu’à l’égard de l’avant-garde populaire. Les classes possédantes ne renoncent pas volontairement et pacifiquement à leurs privilèges et il faudra les contraindre.

    Le secret maçonnique (Partie 22) 

     

    Il n’y a pas de démocratie vraie sans suppression des inégalités sociales, c’est-à-dire sans communisme. A la Constitution de 1793, qui donnait trop de droits au peuple, la bourgeoisie révolutionnaire a substitué le gouvernement révolutionnaire, une dictature qui, en principe, ne devait servir qu’à mater la contre-révolution, mais qui, en fait, se montre souvent moins énergique à l’égard des contre-révolutionnaires qu’à l’égard de l’avant-garde populaire. Les classes possédantes ne renoncent pas volontairement et pacifiquement à leurs privilèges et il faudra les contraindre.

    La décapitation de la Commune de Paris, la destruction de la démocratie par en bas, portaient un coup fatal à la révolution. Tout ce que possèdent ceux qui ont au-delà de leur quote-part individuelle de ces biens de la société est vol et usurpation ; il est donc juste de leur reprendre. Dolivier, curé de Mauchamp, en 1790, voulait conférer la propriété du sol à la communauté : « La terre doit être considérée comme le grand communal de la nature. […] Les nations seules, et, par sous-division, les communes, sont véritablement propriétaires de leur terrain ». A chaque individu serait reconnu « son droit de partage au grand communal », mais il ne cultiverait la terre qu’en possession viagère, « la propriété du sol restant entre les mains de la communauté ». Babeuf fit sienne cette conception. La loi agraire, telle qu’il la comprenant, « cette loi que redoutent et sentent bien venir les riches », cette loi dans laquelle il voyait « le corollaire de toutes les lois », combinait le principe des terres avec la propriété commune de la terre et son inaliénabilité : collective, la propriété du sol, individuelle son exploitation.

    Depuis 1789, la bourgeoisie redoutait la « li agraire », expression empruntée à l’histoire romaine au cours de laquelle on partagea plusieurs foi, entre les citoyens riches et les citoyens pauvres, le terres que la conquête et les confiscations laissaient à la disposition de la république ; bien différente était la loi agraire qu’on dénonçait maintenant : elle aurait partagé les propriétés privées entre tous les citoyens. La convention avait prononcé la peine capitale contre ceux qui la prêcheraient ; jusqu’en 1848, et plus tard, les socialistes seront vus de ce chef affubler du surnom de « partageux ».

    En 1789, le tiers-état, l’emportant sur l’aristocratie, abolit les privilèges et l’autorité seigneuriale : la déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame que, désormais, tous les Français étaient égaux devant la loi. Mais ceux qui, bientôt prirent le nom de sans-culottes, ne tardèrent pas à constater que l’ordre nouveau, conservant l’inégale répartition des richesses et procurant ainsi à la bourgeoisie la maîtrise politique et économique, ne les délivrait pas de l’assujettissement. Dans ce conflit de classe, Babeuf et Buonarroti embrassèrent la cause populaire.

    Toutefois, aux prises avec les contre-révolutionnaires alliés à l’étranger, une partie de la bourgeoisie, Montagnards et Jacobins, eurent recours aux sans-culottes pour s’emparer du pouvoir, en sorte que la politique du gouvernement révolutionnaire qu’ils formèrent répondit dans une certaine mesure aux vœux de leurs alliés. Sans oublier de rappeler que le comité de salut public assura la victoire de la révolution, c’est sur la portée sociale de son œuvre que Buonarroti fixe son attention : non sans raison, il en attribue le mérité à Robespierre et à Saint-Just, et ainsi estime-t-il que le 9 thermidor interrompit l’évolution démocratique de la république. Sa vénération pour la mémoire de l’Incorruptible est telle que, dans ses écrits, il incite à imaginer que les robespierriste furent des communistes avant la lettre, mais il laisse ignorer qu’ils s’associèrent à leurs collègues pour proscrire les enragés et les chefs populaires qu’on a coutume d’appeler hébertiste, en quoi les robespierristes contribuèrent en partie à leur propre perte.

    Entre Robespierre et Babeuf, il y a à la fois filiation, mais aussi dépassement. Les robespierristes, et d’autres révolutionnaires avant eux, avaient rêvé de multiplier les propriétaires, parce qu’à leurs yeux, la propriété garantissait la liberté de l’individu, comme aussi d’ailleurs la paix sociale et la tranquillité de la bourgeoisie. Depuis le 9 thermidor, Buonarroti et Babeuf estimaient l’échec patent ; au surplus, accroître le nombre de propriétaires ne constituait qu’un palliatif : l’inégalité sociale résultait de l’appropriation individuelle et héréditaire des moyens de production ; le mal, plus profond, ne comportait d’autre remède que leur attribution à la communauté. En tant que théoriciens, il s’en faut qu’ils fussent les premiers à la prôner. Au XVIII° siècle, Rousseau, Morelly, Mably, entre autres, en firent l’éloge et on leur découvre des prédécesseurs jusque dans l’antiquité.

    Sylvain Maréchal écrit, dans un livre intitulé « L’Homme sans Dieu » : « Je n’aime pas les rois, mais j’aime encore moins les riches … Vous décrétez l’abolition de la noblesse, mais vous conservez l’état respectif des pauvres et des riches, des maîtres et des valets ; vous défendez aux premiers les armoiries, vous déchargez les seconds de leurs livrées, mais ces distinctions ne sont que des simulacres, vous ne touchez pas aux réalités… ».

     

    A)   La réaction :

     

    La bourgeoisie n’a jamais été capable d’intervenir dans la rue elle-même. Il lui fallait des hommes de main. Contre les aristocrates, elle avait dû recourir aux « bras nus ». Contre les « bras nus », elle utilisa les jeunesses dorées royalistes. Elle fit appel aux gourdins des muscadins pour disperser les sociétés populaires.

    Dans les jours qui suivent la chute de Robespierre, les clubs jacobins du reste du pays envoient des témoignages de satisfaction à l’annonce de la chute du « tyran ». Une légende noire naît, qui décrit Robespierre comme un révolutionnaire rêvant de guillotiner la France entière et d’accaparer tous les pouvoirs. Pendant les années qui suivent, le 9 thermidor devient une fête nationale. La convention « thermidorienne », épurée des Montagnards robespierristes, va régler ses comptes et tenter de sortir de la Terreur. La chasse aux « buveurs de sang » est ouverte. On mêle ainsi, dans une condamnation générale et imprécise, extrémistes sans-culottes et Montagnards. Certains révolutionnaires vont payer pour que thermidor donne l’image d’une rupture. Partout en France, la réaction contre les sans-culottes est vive. A Paris, la convention refuse toutes leurs demandes sociales, et réprime brutalement leurs manifestations en avril et mai 1795, alors que les conditions économiques sont particulièrement difficiles. La vallée du Rhône est le lieu d’innombrables règlements de comptes que les autorités politiques laissent commettre par la « jeunesse doré » des « muscadins » (ainsi nommés parce que le parfum du musc et celui de la muscade faisaient alors fureur) contre les sans-culottes. Ces derniers sont rassemblés et exécutés au cours d’une contre-terreur, ou « terreur blanche », qui touche des dizaines d’hommes à Aix à Marseille et plus tard  à Toulon, et plus d’une centaine à Lyon, en mai 1795.

    Les députés thermidoriens, qui se réclament des idées de 1789, paraissent ainsi avoir triomphé de la « gauche » -- les sans-culottes – comme de la droite – les royalistes --, et être en mesure de terminer la révolution bourgeoise.

     

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