• Le secret maçonnique (Partie 13)

    Le trône et l’autel se supportant l’un l’autre, la lutte contre l’oppression religieuse, représentée par l’Eglise, ne conduit pas à la liberté de croyance et à la liberté de conscience, dont la laïcité, mais au culte de k’Etre suprême.

    Le déisme de Robespierre n’est pas éloigné de la notion d’un dieu, Grand Architecte de l’Univers, selon Jean-Jacques Rousseau ou la franc-maçonnerie.

    Le secret maçonnique (Partie 13)

     

    A)   Le culte de l’Etre suprême :

     

    Le trône et l’autel se supportant l’un l’autre, la lutte contre l’oppression religieuse, représentée par l’Eglise, ne conduit pas à la liberté de croyance et à la liberté de conscience, dont la laïcité, mais au culte de k’Etre suprême.

    Le déisme de Robespierre n’est pas éloigné de la notion d’un dieu, Grand Architecte de l’Univers, selon Jean-Jacques Rousseau ou la franc-maçonnerie.

    Robespierre se méfie du clergé, toujours en rapport avec les contre-révolutionnaires, alors que la France est en guerre avec eux, et il demande avec insistance que les prêtres réfractaires au serment à la constitution et à la vente des biens du clergé soient arrêtés.

    Le catholicisme et la religion en général sont éminemment un reste féodal. La création du calendrier républicain, les décadis, par Fabre d’Eglantine, qui commence en vendémiaire an II de la république, est faite dans une intention anticléricale pour que la vie des Français ne soit pas rythmée par les fêtes religieuses. Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire, était important afin de supprimer toute référence religieuse. Ce calendrier fut utilisé de 1792 à 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris de 1871. Le calendrier fut réutilisé pendant 15 jours et uniquement dans le Journal officiel de la Commune de Paris en 1871  (an 79 ou LXXIX).

    La déchristianisation de la France est en marche, la fête de la déesse Raison a lieu à Notre-Dame. De nombreux prêtres se défroquent officiellement et font assaut de zèle révolutionnaire.

    Robespierre, en disciple de Jean-Jacques Rousseau, est déiste. Il voit d’un mauvais œil cette politique de déchristianisation s’accentuer sous la pression des hébertistes et décide de lui donner un coup d’arrêt. Il le fait lors d’un discours prononcé à la convention, le 1° frimaire, an II (21 novembre 1793) : « Gardons-nous de blesser cet instinct sacré et ce sentiment universel des peuples. L’idée d’un Grand Etre qui veille sur l’innocence opprimée et qui punit le crime triomphant est toute populaire ». Il prononce cette phrase : « Si Dieu n’existe pas, il faudrait l’inventer ». Robespierre élève au niveau de divinités et souhaite que l’on fête la Liberté, l’Egalité, la République, la Vérité, la Justice, la Pudeur, l’Enfance, la Jeunesse, l’Age viril, le Bonheur, etc.

    Robespierre a contribué à lutter contre le fanatisme religieux et contre le monopole de l’Eglise catholique, le haut clergé étant l’allié de la noblesse. Mais il n’a pas été conséquent dans cette lutte, n’allant pas jusqu’à l’athéisme, ni jusqu’à la laïcité et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Il a préféré substituer au culte ancien le culte de l’Etre suprême. Si Robespierre a effectivement combattu avec détermination l’Eglise catholique, alors hégémonique, et alliée au féodalisme, contribuant à donner la liberté de croyance aux autres cultes (juifs, protestants,…), il n’a pas été jusqu’au bout de sa logique. Il a persécuté les déchristianisateurs, et a cherché à imposer le culte de l’Etre suprême, s’inspirant de la « Profession de foi du vicaire savoyard » de Jean-Jacques Rousseau.

    Robespierre a déclaré : « Prêcher l’athéisme n’est qu’une manière d’absoudre la superstition et d’accuser la philosophie ; la guerre déclarée à la divinité n’est qu’une diversion en faveur de la royauté ». En 1793, les enragés, rassemblés autour de Hébert, ont résolu d’en finir avec l’Eglise. Leur porte-parole, Chaumette, un philanthrope, inventeur d’une guillotine à roulettes, qui facilite, grandement la besogne des trancheurs, est saisi d’une véritable frénésie anticatholique. Dans les cimetières, il fait remplacer les croix par des statues du Sommeil, puisque l’âme ne peut être immortelle, et aux évêques « jureurs », il demande de jeter la mitre, la croix et l’anneau, et de proclamer : « Tous les titres du charlatanisme sont déposés à la tribune du peuple, nous sommes régénérés ! ».

    La déchristianisation s’était d’abord affirmé dans les départements, sous l’impulsion de certains représentants en mission, ainsi Fouché dans la Nièvre et l’Allier. Elle fut ensuite imposée du dehors à la convention. Le 16 brumaire an II (6 novembre 1793), l’assemblée décrète qu’une commune avait le droit de renoncer au culte catholique. La déchristianisation, dès lors, se précipita. Le 16 brumaire aux Jacobins, Léonard Bourdon prononça un violent discours contre les prêtres, puis le comité central des sociétés populaires, où étaient présents Desfieux, Pereira, Proli, donna lecture d’un projet de pétition pour la suppression du budget des cultes. Le 17 brumaire (7 novembre), sous la pression de promoteurs de cette pétition, soutenus par les représentants Anacharsis Cloots et Léonard Bourdon, Gobel, évêque de Paris, paraissait à la barre de la convention, avec ses vicaires, et se démettait solennellement. Le 3 frimaire (23 novembre), la Commune sanctionna un état de fait en décidant la fermeture des églises.

    Au début de 1793, l’aile la plus importante et la plus riche de la bourgeoisie (la Gironde), lâche pied par peur et par haine des sans-culottes. La Montagne, fraction la plus audacieuse de la bourgeoisie, va hésiter à son tour à pousser la lutte jusqu’au bout. La Montagne va donner un brusque coup de frein à la déchristianisation, parce que terrifiée par le torrent révolutionnaire. C’est précisément parce que la bourgeoisie fut sans cesse poussée en avant, harcelée par une avant-garde prolétarienne (enragés, hébertistes,…) que des coups décisifs furent portés à la contre-révolution. Selon Karl Marx : « La bourgeoisie, avec ses conceptions timorées et trop conciliantes, n’eût pas eu assez de plusieurs dizaines d’années pour achever cette besogne. Si elle l’accomplit en moins de cinq ans, ce fut grâce à l’intervention sanglante du prolétariat ». Et Friedrich Engels : « Sans l’élément plébéien des villes, la bourgeoisie seule n’aurait jamais mené la bataille jusqu’à la décision ».

    Mais la bourgeoisie, avec Robespierre, préféra ne pas se priver complètement de l’appui que pouvait lui apporter la religion, gardienne traditionnelle de l’ordre. Le péril de l’athéisme militant fut dénoncé, dès le 17 brumaire, par Lavaux, dans l’officiel Journal de la Montagne. Son article suscita le lendemain, aux Jacobins, une première escarmouche entre partisans et adversaires de la déchristianisation. Hébert reprocha à Lavaux « d’avoir ouvert sur Dieu, un être inconnu, abstrait, des disputes qui ne convenaient qu’à un capucin en théologie ». Robespierre cependant, prenant l’offensive, aux Jacobins, rompit le courant et mit fin aux hésitations de la convention. Le 19 brumaire, il fit l’apologie de la politique gouvernementale, attaqua les sociétés sectionnaires qui constituaient un des éléments les plus actifs de la déchristianisation, et dévoila les ambitions secrètes de Hébert et des siens : « Ils veulent nos places… Eh bien ! Qu’ils les prennent ! ». Le 27 brumaire, dans son rapport sur la situation extérieure de la république, il signale le danger de la déchristianisation : elle risque d’aliéner les « neutres ». Le 1° frimaire, Robespierre revient à la charge, aux Jacobins, et se prononce avec force pour la liberté des cultes. Tout en dénonçant ceux qui « veulent faire une sorte de religion de l’athéisme lui-même », il prend soin, pour ne pas accentuer les divisions naissantes dans le parti de la Montagne, de ménager >Hébert. Il réserve ses coups aux « agents de l’étranger », Desfieux, Dubuisson, Pereira, Proli, « ces hommes immoraux », qu’il fit exclure de la Société. Robespierre reconnaissait cependant la nécessité de surveiller le clergé, de dépouiller les églises pour alimenter le Trésor, mais il stigmatisait les violences. Toutes les propositions de Robespierre furent adoptées par la Société.

    Robespierre ne veut pas extirper du cœur des Français le sentiment religieux. Mais il veut qu’ils embrassent une religion nouvelle. Qu’ils remplacent l’adoration du Dieu de l’Eglise par le culte de l’Etre suprême, fondé sur la raison et la fraternité. Le 18 floréal an II (7 mai 1794), il fait voter par la convention, où nul désormais n’ose le contredire, l’acte de naissance d’une religion dont il sera le grand pontife. Ennemis de Robespierre, Vadier, député montagnard qui exècre tout autant Robespierre que sa divinité, et Barère, surnommé l’ « Anacréon de la guillotine », montent de toute pièce l’affaire Catherine Théot, servante, illettrée, catéchèse, « mère de Dieu ». Catherine Théot, née le 5 mars 1716 à Barenton, décédée le 1° septembre 1794  à la Petite Force, à Paris, est une mystique et une visionnaire française, prophétesse autoproclamée de la fin de l’ancien régime et de l’époque de la révolution française. En juin 1794, quelques semaines avant sa chute, les ennemis de Robespierre au comité de sûreté générale, sans doute avec la complicité de certains membres du comité de salut public, montent grâce à elle une « affaire » destinée à le ridiculiser ainsi que le culte de l’Etre suprême auquel il est associé.

     

     

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