• Le secret de la franc-maçonnerie (Partie 14)

    Selon le rituel du 1° degré de l’époque, le franc-maçon est par définition « également ami du riche et du pauvre, s’ils sont vertueux ». Si tous les francs-maçons acceptaient la liberté et l’égalité « en image », c’est-à-dire dans les loges, par contre pour beaucoup, ils refusèrent ces vertus quand il s’est agit de les mettre en œuvre dans la vie pratique. Certains francs-maçons ont choisi d’émigrer, d’autres ont été tués ou guillotinés. A chaque phase d’approfondissement de la révolution, de nouveaux francs-maçons ont soit émigrés, soit été tués, notamment en 1792, et lors de la Terreur. Ces francs-maçons ne voulaient pas aller jusqu’au bout de la logique révolutionnaire. Au fur et à mesure de la progression de la révolution, certains défenseurs de celle-ci dans la phase précédente, veulent ensuite freiner le train révolutionnaire, et même l’arrêter, ou lui faire faire machine arrière. Mais il est trop tard. Ainsi, pour certains, sans roi, pas de propriété. Pour d’autre (tel Billaud Varenne), la répartition des biens entre les citoyens doit s’effectuer de la manière la plus égalitaire possible.

     

     

     

    Le secret de la franc-maçonnerie (Partie 14)

     

    A)   Franc-maçonnerie et révolution : Du symbole à la réalité

     

    La relation entre la franc-maçonnerie et la révolution française est complexe. Par exemple, Joseph Fouché, dit Fouché de Nantes, franc-maçon, peut être classé parmi les maçons non mûrs. Si, pendant une période courte, il a tenté d’appliquer dans la réalité l’idéal maçonnique, très vite, et pour un long temps, il a ensuite trahi cet idéal, pour rester fidèle aux valeurs bourgeoises et tenter d’accaparer des biens matériels. Voici ce qu’écrit à ce sujet Gracchus Babeuf dans « Le Manifeste des plébéiens », ouvrage dédié à Fouché de Nantes, le 17 brumaire an IV de la République : « Enfin, Fouché de Nantes est digne de notre plus grande admiration, dans un moment où nous le voyons consacrer, en quelques mots, dans son arrêté pris à Nevers, le 24 septembre l’an II, notre sainte et sublime doctrine :

    « Considérant (nous y dit-il) que le premier devoir des mandataires du Peuple doit être de tendre à rétablir promptement ses droits, à faire respecter sa souveraineté et à manifester sa toute puissance ;

    « Considérant que l’égalité que le Peuple réclame, et pour laquelle il verse son sang, depuis la Révolution, ne doit pas être pour lui une illusion trompeuse ;

    « Considérant que tous les citoyens ont un droit égal aux avantages de la société ; que leurs jouissances doivent être en proportion de leurs travaux, de leur industrie et de l’ardeur avec laquelle ils se dévouent au service de la patrie ;

    « Considérant que Là Où IL Y A DES HOMMES QUI SOUFFRENT, IL Y A DES OPPRESSEURS, il y a des ennemis de l’humanité ;

    « Considérant que la surface de la République offre encore le spectacle de la misère et de l’opulence, de l’oppression et du malheur, des privilèges et de la souffrance, que les droits du Peuple y sont foulés aux pieds ;

    « Considérant qu’il est instant de prendre des mesures de justice et d’humanité ;

    « Arrête :

    « Tous les citoyens infirmes, les vieillards, les orphelins indigents, seront logés, nourris et vêtus aux dépens des riches de leurs cantons respectifs ; les signes de la misère seront anéantis. – La mendicité et l’oisiveté sont également proscrites. Il sera fourni du travail aux citoyens valides, etc. ».

    Ah ! Qu’il était beau alors, le rôle de Fouché… Qu’il y revienne, et soyons amis ! ».

     

    De 1727 à 1789, la France se couvre de 1000 loges civiles et 300 loges militaires, regroupant quelques 50 000 initiés.

    Les initiés n’ont pas provoqué la révolution française. Ils se sont même divisés sur la marche à suivre. Pour autant, leurs valeurs se retrouvaient dans les idées nouvelles : tolérance, liberté, abolition des privilèges, etc. Une légende impute aux francs-maçons une lourde responsabilité dans la révolution et la Terreur. Née dès 1792, sous la plume de l’abbé Lefranc (« Le voile levé pour les curieux »), popularisée en 1797 dans les milieux de la contre-révolution par l’abbé Barruel (« Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme »), poursuivie au XX) siècle par Augustin Cochin (« La révolution et la libre-pensée »), cette légende met en évidence le prétendu grand nombre de révolutionnaires maçons.

    Du point de vue maçonnique, la composition des trois assemblées révolutionnaires est la suivante :

    Assemblée constituante :

    • Députés francs-maçons du Tiers : 115
    • Députés francs-maçons de la Noblesse : 80
    • Députés francs-maçons du Clergé : 19
    • Députés francs-maçons suppléants ayant siégé
      • Tiers : 4
      • Noblesse : 5
      • Clergé : 2

     

    Assemblée législative :

    • Députés francs-maçons : 100
    • Députés francs-maçons suppléants ayant siégé : 8

     

    Assemblée Convention :

    • Députés francs-maçons : 164
    • Députés francs-maçons suppléants ayant siégé : 8

     

    Dans la composition des Etats-généraux, plus de 500 francs-maçons y furent délégués sur 1600 membres, c’est-à-dire 30 % du total.

     

    En 1789, les frères sont moins de 50 000. Les francs-maçons ont des réactions très variables face aux différents épisodes de la révolution : par exemples, le duc de Luxembourg émigre dès 1789, Chaumette devient l’un des enragés les ^plus en vue pendant la Terreur ; Buonarroti, le frère d’armes de Babeuf, est franc-maçon, tout comme Joseph de Maistre, l’une des grandes voix de l’histoire contre-révolutionnaire du début du XIX° siècle. Cela s’explique par une maçonnerie très disparate – philosophiquement et politiquement, même si socialement, elle est plutôt issue des classes aisées.  Dans la Société des amis des Noirs oeuvrent, à partir de 1788, nombre de frères autour de Condorcet et de Brissot. Pendant les premières années de la révolution, les loges ralentissent leurs activités. D’autres espaces de sociabilité se sont ouverts : clubs, assemblées électorales, qui reprennent des pratiques fraternelles. Ainsi concurrencée, la franc-maçonnerie perd de son intérêt. A Paris même ne subsistent en 1794 que trois loges.

    Comment expliquer la quasi disparition des loges maçonniques au cours de la révolution ? Si la franc-maçonnerie a été une école pour répandre les Lumières, l’esprit de liberté et d’égalité, la laïcité, par contre dès le départ de la révolution, la réalité des faits l’emporte dur les symboles. Ainsi, pour couper court à toutes les spéculations entretenues sur ses intentions, Philippe d’Orléans fit publier cette lettre importante dans le Journal de Paris du 22 février 1793 : « Dans un temps où personne, assurément, ne prévoyait notre Révolution, je m’étais attaché à la franc-maçonnerie qui offrait une image d’égalité, comme je m’étais attaché au parlement qui offrait une image de la liberté. J’ai, depuis, quitté ce fantôme pour la réalité. Au mois de décembre dernier, le secrétaire du Grand Orient s’étant adressé à la personne qui remplissait auprès de moi les fonctions de secrétaire du Grand Maître, pour me faire parvenir une demande relative aux travaux de cette société, je répondis à celui-ci, sous la date du 5 janvier : « Comme je ne connais pas la manière dont le Grand Orient est composé, et que, d’ailleurs, je pense qu’il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commencement de son établissement, je ne veux me mêler en rien du Grand Orient ni des assemblées de francs-maçons ». Un « froid glacial » accueillit cette déclaration puis on procéda à la dégradation maçonnique du citoyen « Egalité » en le faisant démissionnaire et on le dépouilla de son titre de Grand Maître.

    Les maçons étaient présents dans de nombreuses couches de la société aisée :

    • A la cour du roi ;
    • Dans l’aristocratie, et en cela, la franc-maçonnerie a participé au « suicide de la noblesse » ;
    • Dans le tiers-état, et plus particulièrement dans la haute bourgeoisie et dans la bourgeoisie.

    Selon le rituel du 1° degré de l’époque, le franc-maçon est par définition « également ami du riche et du pauvre, s’ils sont vertueux ». Si tous les francs-maçons acceptaient la liberté et l’égalité « en image », c’est-à-dire dans les loges, par contre pour beaucoup, ils refusèrent ces vertus quand il s’est agit de les mettre en œuvre dans la vie pratique. Certains francs-maçons ont choisi d’émigrer, d’autres ont été tués ou guillotinés. A chaque phase d’approfondissement de la révolution, de nouveaux francs-maçons ont soit émigrés, soit été tués, notamment en 1792, et lors de la Terreur. Ces francs-maçons ne voulaient pas aller jusqu’au bout de la logique révolutionnaire. Au fur et à mesure de la progression de la révolution, certains défenseurs de celle-ci dans la phase précédente, veulent ensuite freiner le train révolutionnaire, et même l’arrêter, ou lui faire faire machine arrière. Mais il est trop tard. Ainsi, pour certains, sans roi, pas de propriété. Pour d’autre (tel Billaud Varenne), la répartition des biens entre les citoyens doit s’effectuer de la manière la plus égalitaire possible.

     

     

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