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LE MINOTAURE BOUFFI (Partie 3)
Ariane sans considération
Pour la seigneurie éminente
Ne sachant être déférente,
Encourt un châtiment subi
Exemplaire marquant les esprits.
LE MINOTAURE BOUFFI (Partie 3)
SCENE 4
MINOTAURE, DUHAUT, DUMILIEU, DUBAS, ARIANE
(Ariane exhibe un flambeau et une corbeille de pétales de fleurs. Elle devance le cortège et jette des pétales de fleurs sous les pas du Minotaure. Le convoi se coordonne, et se met en route pour rejoindre la pièce de Lumière. Arrivé devant le miroir, le Minotaure esquisse un signe d’horreur. Le Chœur, dont le Coryphée, représente les personnalités qui accueillent et reçoivent le Minotaure et son cortège). )
MINOTAURE :
Horreur ! La chair quitte l’ossement !
Voila trop de véritable
Lumière, acte intolérable !
(Le convoi se précipite avec désordre, dans l’antre obscur du Minotaure)
MINOTAURE :
Quel voyage miteux, désastreux,
Avec la lumière dans mes yeux !
J’ai approché un lampiste
Employé subalterne, copiste,
Sans croiser les autorités
Les plus hautes de la contrée,
Seuls mes égaux condisciples.
Les circonstances du périple
Exécrables et orduriers,
Actes de lèse-majesté,
Apparaissent indignes de mon rang !
DUHAUT :
Ariane fautif du manquement,
Peureuse et pas dégourdie,
Ni soumises à mon avis,
Ni apte saisir les instructions !
DUMILIEU :
Ariane sans considération
Pour la seigneurie éminente
Ne sachant être déférente,
Encourt un châtiment subi
Exemplaire marquant les esprits.
DUBAS :
Face à ces errements maudits,
Malgré les avantages fournis,
Votre présence bienfaitrice,
Ariane ignore reconnaissance,
Pour servir, elle est indigente
Et en plus impertinente !
MINOTAURE :
Puisqu’Ariane ne sait s’appliquer
À obséquieusement seconder,
Et mordant dédaigneusement
Main sustentant complaisamment,
Pour une ultime fois tester
Sa compétente servilité,
Employez-la à éduquer
La prochaine recrue affidée.
LE CHŒUR :
Avec frayeur irraisonnée,
Craignant de ne plus exister,
Que cela altère son règne,
Le Minotaure frémit de haine.
Tel un carnassier, se réjouit,
Face au jet d’eau glissant en pluie,
Les allées en dédales menant
Au parc et à l’étang clinquants,
Devant ses adeptes pantois,
Garanti du total bon droit,
Impérial donneur de leçons,
Minotaure se pavane abscons.
L’auguste contact du maître,
À qui chacun doit s’en remettre,
Abdiquant les intimes idées,
À sa concupiscence, dédiée,
Et lui allouant tout son temps,
Temps à lui seul appartenant.
Le retrait de sa présence,
L’écart de sa suffisance,
En cas de moindre déviation,
Est l’automatique sanction.
ACTE II LE PLACARD DORE
(Hiver. La scène est tendue d’un rideau blanc)
SCENE 1
CLAMOUR, THESEE
CLAMOUR :
Ton embauche par le président
Comme cadre du département
Implique que tu sois à l’aise,
Comme dans du coton balèze,
Toujours disponible et comblé
Afin d’accomplir ta corvée
Au service de l’unique patron
Qui te remerciera du don.
Minotaure soigne les employés,
Logés, allaités, habillés,
Voitures, téléphones, primes,
À toi tout ce que tu guignes :
Hauts salaires, tout est négociable
Pour que tu sois utilisable
Pour son culte. Badin, affable,
Duhaut, à l’accent sociable,
Enjoins que jamais transparaissent
Publiquement ces circonstances,
Qu’elles demeurent à jamais cachées,
Sous peine de ne plus bosser
Au service d’élus importants.
Donc dévouement exigeant,
Toujours aimable et poli,
Le chef de service agit,
Non par intérêts indolents,
Mais pour le bien du président.
Devant Minotaure, défendu
Proférer paroles superflues,
Et si malgré tout demande
Est faite de ton avis docile
Cela sera exécuté
Servilement, tête baissée,
Sans oublier de déclamer
Toujours de façon enjouée
Les louanges très saintement.
Entendras religieusement,
Frotteras la brosse à reluire
Gravement à la conjoncture
Quand daigne le président jeter
Un complaisant regard altier.
(Clamour fait entrer Thésée dans l’antre du Minotaure).
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