• LA RESISTANCE ET LA FRANC-MACONNERIE (Partie 2)

    Le passé comporte de nombreux enseignements. Le rôle de l’étude historique est bien de s’appuyer sur les erreurs du passé pour ne plus les renouveler aujourd’hui et dans l’avenir.

     

    LA RESISTANCE ET LA FRANC-MACONNERIE

    (Partie 2)

     

    INTRODUCTION

     

    S’il est banal d’affirmer que la Résistance est un mouvement d’opposition à la fois sociale et nationale, contre les nazis allemand et leurs alliés fascistes français, il n’est pas si courant que cela d’en tirer toutes les conséquences historiques. De fait, la franc-maçonnerie se place plutôt dans le camp des opposants aux fascismes. Par contre, si on y ajoute la dimension sociale, le problème se corse : en effet, il y a une ligne de démarcation à tracer entre celui qui s’oppose par tout moyen à l’occupation étrangère (guerre de libération nationale), et aux valeurs défendues par les alliés intérieurs du fascisme (les vichystes), mais ceci en vu d’aboutir à un régime nouveau, en rupture avec le capitalisme (guerre populaire), c’est-à-dire au socialisme, et celui qui s’oppose à ces deux ennemis, le fascisme étranger et le fascisme français, mais pour restaurer le système capitaliste (impérialiste) français. Ces deux personnes se rencontrent sur un terrain tactique, la lutte contre l’occupation étrangère et la mainmise sur le pouvoir interne par une fraction fasciste de la bourgeoisie française, mais dans une deuxième étape, il y a rupture de ce front commun, car les objectifs stratégiques diffèrent. D’un côté, est visé la destruction, dans une seconde étape, de l’Etat bourgeois, remplacé par un Etat prolétarien et socialiste. De l’autre côté, il y a substitution d’un Etat républicain bourgeois à un Etat fasciste. Mais même au cours de la première étape, d’alliance avec une fraction plus « démocratique » (démocratique au sens bourgeois), de la bourgeoisie française, le parti du prolétariat ne doit pas oublier la deuxième étape, et rassembler des forces y compris militaires, pour mener la seconde étape jusqu’au bout. C’est là qu’il y a eu une difficulté, représentée par une ligne révisionniste des dirigeants du Parti Communiste Français, qui ont sciemment mis les masses populaires sous la conduite de la fraction dite « démocratique » de la bourgeoisie, représentée par de Gaulle. Ces dirigeants soi-disant communistes ont donc trahi les intérêts stratégiques de la classe ouvrière.

    La franc-maçonnerie, mouvement d’essence bourgeoise et petite-bourgeoise, n’a donc pas pu aller plus loin, et s’est rangée docilement dans un mouvement mené par la bourgeoisie classique : de la Seconde guerre mondiale, il est donc sorti une république des plus classiques, bourgeoise, la IV° République, dont le programme le plus avancé était celui du CNR. Ceci parce que le PCF ne disposait pas d’un programme clair, léniniste, révolutionnaire, mais avait pris l’habitude de raisonner sur la base du parlementarisme bourgeois, depuis le Front populaire. Déjà, son objectif n’était plus la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration de la dictature du prolétariat.

    Pour parvenir à cette situation, on assiste à une forme de collusion entre gaullisme et « communisme » : le programme révolutionnaire du PCF est mis au rancart, et il s’y substitue une « union nationale », sous l’étendard de la bourgeoisie et de de Gaulle, qui vise à libérer le territoire national de l’ennemi allemand et de ses alliés vichyste. De son côté, les dirigeants opportunistes du PCF prônent « un seul Etat, une seule armée », bien évidemment l’Etat bourgeois restauré et renouvelé et l’armée bourgeoise. Sont passés à la trappe, les intérêts stratégiques de la classe ouvrière : la guerre populaire menée à son terme, jusqu’à la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration d’un Etat socialiste de type nouveau. Est donc réinstallé un Etat de type ancien.

     

    Le passé comporte de nombreux enseignements. Le rôle de l’étude historique est bien de s’appuyer sur les erreurs du passé pour ne plus les renouveler aujourd’hui et dans l’avenir.

    Ainsi, lors de la Seconde guerre mondiale, les représentants prolétariens de la Résistance n’ont pas su correctement lier la lutte contre l’Occupant et la question sociale, l’insurrection contre les nazis et leurs alliés, et l’insurrection populaire contre les exploitants capitalistes. En un mot, ils n’ont pas su lier leurs actions de résistance avec la question sociale en France.

    Par contre, la classe bourgeoise a parfaitement su lier ses intérêts nationaux et ses intérêts de classe sociale dominante. Elle a conservé deux fers au feu : Pétain, en cas de triomphe des Allemands, et de Gaulle, en cas de triomphe des Alliés. De plus, lors de chaque étape, de Gaulle a fait en sorte que la bourgeoisie demeure dominante et conserve les manettes du pouvoir. En ce sens, de Gaulle a été un des hommes politiques (bourgeois) des plus habiles du XX° siècle.

    Comment explique le comportement des représentants de la classe ouvrière, essentiellement le Parti Communiste Français, qui regroupait son avant-garde ?

    Si l’on considère les résistants communistes, à titre individuel, ils se sont battus, en donnant leur vie, tel Eugénio Ferrari contre l’Occupant nazi. Leur objectif immédiat était bien de débarrasser le sol national de l’Occupant, en s’alliant avec le plus grand nombre, y compris une fraction non négligeable de la classe bourgeoise. Mais leur objectif était également, au-delà de la Libération nationale, de sortir du conflit en créant les conditions d’une société nouvelle, socialiste, puis communiste. Ce serait faire injure à leur mémoire que de défendre un autre point de vue, à savoir la Restauration sous quelque forme que ce soit, d’une société capitaliste, même aménagée ou « améliorée ».

    Que c’est-il alors passé ? La lutte de lignes, au sein du Parti Communiste Français a conduit à ce que l’emporte une ligne révisionniste, représentée par Maurice Thorez et Jacques Duclos. Petit à petit, cette ligne est devenue dominante, instaurant la ligne de conduite : « Un seul Etat, un seul gouvernement, une seule armée ». De fait, cette ligne a scindé la lutte contre l’oppresseur nazi et ses alliés français, et la question nationale, faisant de la libération du territoire national la priorité unique et renvoyant la question nationale, la révolution prolétarienne, aux « calendes grecques ». Cela a donc conduit les dirigeants à mettre la classe ouvrière et sa lutte, ainsi que la lutte de s masses populaires, au service de la classe bourgeoise. Cette clique a donc pris le pouvoir au sein du Pari Communiste Français, et privée la classe ouvrière de son autonomie et de ses objectifs propres. Il ne s’agit pas d’une erreur, d’une simple contradiction au sein du peuple, mais bien d’une trahison : ces aristocrates « ouvriers » ont représenté, sous le couvert d’un verbiage marxiste, les intérêts de la classe bourgeoise au sein de la classe ouvrière. Il s’agit d’une contradiction antagonique entre ennemis de classe.

    Il en résulte que le programme qui est résulté de la Résistance est un programme de collaboration de classe, un programme en réalité bourgeois, de restauration de la société capitaliste, le programme du Conseil national de la Résistance.

    Une autre conséquence de cette trahison des dirigeants du P « C »F est l’indigence de l’épuration. Si la cible du P « C »F, ce sont les nazis et leurs alliés français, un grand nombre de collaborateurs vont passer au travers des mailles du filet ou seront purement et simplement amnistiés lors des années qui suivent le conflit mondial.

    Dans le contexte international, avec la chute du stalinisme, en URSS, il en est résulté :

    • Une collusion et une répartition des rôles entre gaullistes et pseudo-communistes du P « C »F, par exemple concernant la question coloniale ;

    • En France, le P « C »F s’est toujours opposé aux mouvements révolutionnaires (après 1945, en 1968,…), au profit du productivisme ;

    • Au niveau international le P « C »F s’est d’abord mis au service de l’URRS, seconde superpuissance impérialiste, puis après la chute de celui-ci, il s’est mis au service de la social-démocratie. Il est devenu la cinquième roue et la voiture balai du « socialisme «  bourgeois.

    Cette fonction du P « C » F étant toujours plus éventée et mise à jour, ceci explique la dégénérescence de ce Parti, qui n’est plus que l’ombre de lui-même.

    Nous examinerons donc, en première partie, comment s’est exprimée la ligne opportuniste représentée par Maurice Thorez, ligne qui a conduit à ne pas mener la guerre populaire à son terme, mais à faire rendre les armes à la bourgeoisie, et à faire entre les ouvriers dans les usines comme larbins de la classe bourgeoise.

    Dans une seconde partie, nous analyserons le programme su Conseil national de la Résistance, programme de restauration du capitalisme, d’un capitalisme moderne et revigoré par rapport à l’existant d’avant la Seconde guerre mondiale. L’autre alternative était, si la ligne révolutionnaire l’avait emportée au sein du Parti Communiste Français, de créer un second pouvoir, de briser l’Etat bourgeois, et d’instaurer un État socialiste.

    Enfin dans une troisième partie, sera examiné le rôle qu’ont joué les francs-maçons dans cette situation difficile et contrastée.

     

    Si des résistants se sont battus et sont morts dans les combats contre l’envahisseur nazi, comme le pasdecalaisien Eusébio Ferrari, mort à 22 ans, c’est bien pour que soit instauré un pouvoir populaire, et non pour que soit instauré un régime bourgeois, celui de la IV° République, suivi de la V° République.

    A la fin de la seconde guerre mondiale, le Parti Communiste Français était un parti puissant, bientôt le premier parti de France. Qu’est-ce qui a fait que la prise de pouvoir par le PCF n’a pas réellement été envisagée, ou bien qu’elle a été un échec ? La présence de l’armée américaine et des forces coalisées sur le sol de France ? La force de de Gaulle ? Non. La cause principale est une cause interne à la classe ouvrière, et plus particulièrement propre à la fraction dirigeante de la classe ouvrière, la direction du PCF. La cause principale est la ligne opportuniste, capitularde et révisionniste des dirigeants du PCF, Maurice Thorez et Jacques Duclos. Ces derniers se sont mis à la remorque de la bourgeoisie et de de Gaulle.

    Cette ligne a éliminé les résistants révolutionnaires. Cette ligne opportuniste était à l’œuvre depuis le Front Populaire. Les dirigeants du PCF se sont comportés comme une représentation de l’idéologie bourgeoise au sein de la classe ouvrière.

    Il faut donc mettre en œuvre une « pensée » qui, lors de la prochaine prise de pouvoir par la classe ouvrière, crée une situation qui empêche de placer la classe ouvrière sous la conduite de la bourgeoisie.

     

    Entre les deux guerres mondiales, la franc-maçonnerie française occupe une place majeure dans l'appareil politique de la République et s'implique fortement dans ses combats. Elle sera donc particulièrement touchée lorsque la République s'effondrera face aux troupes allemandes en 1940.

    Le régime de Vichy et l'occupant allemand s'unissent pour organiser dès octobre 1940 une importante exposition antimaçonnique qui circulera dans toute la France. Le thème général affirme l'existence d'un complot de l'anti-France, qui aurait été responsable de l'effondrement du pays, et qui aurait été organisé, selon les thèses de l'Action française, par « le juif, le protestant, le maçon et le métèque ».

    Un service des sociétés secrètes est organisé en 1941. Bernard Faÿ, administrateur de la Bibliothèque Nationale, est nommé à sa tête et chargé de classer les archives saisies dans les loges, d'orchestrer la propagande antimaçonnique et surtout de dresser des fiches afin de répertorier tous les anciens francs-maçons, de les surveiller et de les radier des professions libérales comme de la fonction publique. Ce service publie la revue « Documents maçonniques » qui voit dans la franc-maçonnerie l'une des causes principales de la défaite. Une loi de 1941 applique le « statut des juifs » aux francs-maçons. Le film antimaçonnique « Forces occultes » est réalisé et projeté à Paris en 1943[29].

    À la Libération, un millier de francs-maçons français ont été déportés ou tués, la plupart pour leurs activités de résistance ou à cause de leurs origines juives. Les temples ont été pillés, les archives confisquées. Lorsque les loges se relèvent, des comités d'épuration souvent spontanés se mettent en place. Au total, le nombre de francs-maçons actifs a diminué des deux tiers. La franc-maçonnerie française mettra vingt ans à retrouver ses effectifs d'avant guerre. Elle préfère désormais se tourner davantage vers la réflexion philosophique, voire spirituelle que l'action directement politique. Alors que jusqu'en 1940, les maçons défilaient au grand jour, leurs réunions étant annoncées dans la presse, ils se protègent désormais dans le secret.

    La condamnation communiste de la franc-maçonnerie diminue considérablement en France à partir de 1945, principalement en raison de la fraternité née pendant la Résistance entre gaullistes, communistes et francs-maçons face à leur ennemi commun : le régime de Vichy

     

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