• La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.(Douzième partie)

    La franc-maçonnerie, mouvement d’essence bourgeoise et petite-bourgeoise, n’a donc pas pu aller plus loin, et s’est rangée docilement dans un mouvement mené par la bourgeoisie classique : de la Seconde guerre mondiale, il est donc sorti une république des plus classiques, bourgeoise, la IV° République, dont le programme le plus avancé était celui du CNR. Ceci parce que le PCF ne disposait pas d’un programme clair, léniniste, révolutionnaire, mais avait pris l’habitude de raisonner sur la base du parlementarisme bourgeois, depuis le Front populaire. Déjà, son objectif n’était plus la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration de la dictature du prolétariat.

    La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.(Douzième partie)

     

    C   LA RESISTANCE

     

    S’il est banal d’affirmer que la Résistance est un mouvement d’opposition à la fois sociale et nationale, contre les nazis allemands et leurs alliés fascistes français, il n’est pas si courant que cela d’en tirer toutes les conséquences historiques. De fait, la franc-maçonnerie se place plutôt dans le camp des opposants aux fascismes. Par contre, si on y ajoute la dimension sociale, le problème se corse : en effet, il y a une ligne de démarcation à tracer entre celui qui s’oppose par tout moyen à l’occupation étrangère (guerre de libération nationale), et aux valeurs défendues par les alliés intérieurs du fascisme (les vichystes), mais ceci en vu d’aboutir à un régime nouveau, en rupture avec le capitalisme (guerre populaire), c’est-à-dire au socialisme, et celui qui s’oppose à ces deux ennemis, le fascisme étranger et le fascisme français, mais pour restaurer le système capitaliste (impérialiste) français. Ces deux personnes se rencontrent sur un terrain tactique, la lutte contre l’occupation étrangère et la mainmise sur le pouvoir interne par une fraction fasciste de la bourgeoisie française, mais dans une deuxième étape, il y a rupture de ce front commun, car les objectifs stratégiques diffèrent. D’un côté, est visé la destruction, dans une seconde étape, de l’Etat bourgeois, remplacé par un Etat prolétarien et socialiste. De l’autre côté, il y a substitution d’un Etat républicain bourgeois à un Etat fasciste. Mais même au cours de la première étape, d’alliance avec une fraction plus « démocratique » (démocratique au sens bourgeois), de la bourgeoisie française, le parti du prolétariat ne doit pas oublier la deuxième étape, et rassembler des forces y compris militaires, pour mener la seconde étape jusqu’au bout. C’est là qu’il y a eu une difficulté, représentée par une ligne révisionniste des dirigeants du Parti Communiste Français, qui ont sciemment mis les masses populaires sous la conduite de la fraction dite « démocratique » de la bourgeoisie, représentée par de Gaulle. Ces dirigeants soi-disant communistes ont donc trahi les intérêts stratégiques de la classe ouvrière.

    La franc-maçonnerie, mouvement d’essence bourgeoise et petite-bourgeoise, n’a donc pas pu aller plus loin, et s’est rangée docilement dans un mouvement mené par la bourgeoisie classique : de la Seconde guerre mondiale, il est donc sorti une république des plus classiques, bourgeoise, la IV° République, dont le programme le plus avancé était celui du CNR. Ceci parce que le PCF ne disposait pas d’un programme clair, léniniste, révolutionnaire, mais avait pris l’habitude de raisonner sur la base du parlementarisme bourgeois, depuis le Front populaire. Déjà, son objectif n’était plus la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration de la dictature du prolétariat.

    Pour parvenir à cette situation, on assiste à une forme de collusion entre gaullisme et « communisme » : le programme révolutionnaire du PCF est mis au rancart, et il s’y substitue une « union nationale », sous l’étendard de la bourgeoisie et de de Gaulle, qui vise à libérer le territoire national de l’ennemi allemand et de ses alliés vichyste. De son côté, les dirigeants opportunistes du PCF prônent « un seul Etat, une seule armée », bien évidemment l’Etat bourgeois restauré et renouvelé et l’armée bourgeoise. Sont passés à la trappe, les intérêts stratégiques de la classe ouvrière : la guerre populaire menée à son terme, jusqu’à la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration d’un Etat socialiste de type nouveau. Est donc réinstallé un Etat de type ancien.

    Le passé comporte de nombreux enseignements. Le rôle de l’étude historique est bien de s’appuyer sur les erreurs du passé pour ne plus les renouveler aujourd’hui et dans l’avenir.

    Ainsi, lors de la Seconde guerre mondiale, les représentants prolétariens de la Résistance n’ont pas su correctement lier la lutte contre l’Occupant et la question sociale, l’insurrection contre les nazis et leurs alliés, et l’insurrection populaire contre les exploitants capitalistes. En un mot, ils n’ont pas su lier leurs actions de résistance avec la question sociale en France.

    Par contre, la classe bourgeoise a parfaitement su lier ses intérêts nationaux et ses intérêts de classe sociale dominante. Elle a conservé deux fers au feu : Pétain, en cas de triomphe des Allemands, et de Gaulle, en cas de triomphe des Alliés. De plus, lors de chaque étape, de Gaulle a fait en sorte que la bourgeoisie demeure dominante et conserve les manettes du pouvoir. En ce sens, de Gaulle a été un des hommes politiques (bourgeois) des plus habiles du XX° siècle.

    Comment explique le comportement des représentants de la classe ouvrière, essentiellement le Parti Communiste Français, qui regroupait son avant-garde ?

    Si l’on considère les résistants communistes, à titre individuel, ils se sont battus, en donnant leur vie, tel Eugénio Ferrari contre l’Occupant nazi. Leur objectif immédiat était bien de débarrasser le sol national de l’Occupant, en s’alliant avec le plus grand nombre, y compris une fraction non négligeable de la classe bourgeoise. Mais leur objectif était également, au-delà de la Libération nationale, de sortir du conflit en créant les conditions d’une société nouvelle, socialiste, puis communiste. Ce serait faire injure à leur mémoire que de défendre un autre point de vue, à savoir la Restauration sous quelque forme que ce soit, d’une société capitaliste, même aménagée ou « améliorée ».

    Que c’est-il alors passé ? La lutte de lignes, au sein du Parti Communiste Français a conduit à ce que l’emporte une ligne révisionniste, représentée par Maurice Thorez et Jacques Duclos. Petit à petit, cette ligne est devenue dominante, instaurant la ligne de conduite : « Un seul Etat, un seul gouvernement, une seule armée ». De fait, cette ligne a scindé la lutte contre l’oppresseur nazi et ses alliés français, et la question nationale, faisant de la libération du territoire national la priorité unique et renvoyant la question nationale, la révolution prolétarienne, aux « calendes grecques ». Cela a donc conduit les dirigeants à mettre la classe ouvrière et sa lutte, ainsi que la lutte de s masses populaires, au service de la classe bourgeoise. Cette clique a donc pris le pouvoir au sein du Pari Communiste Français, et privée la classe ouvrière de son autonomie et de ses objectifs propres. Il ne s’agit pas d’une erreur, d’une simple contradiction au sein du peuple, mais bien d’une trahison : ces aristocrates « ouvriers » ont représenté, sous le couvert d’un verbiage marxiste, les intérêts de la classe bourgeoise au sein de la classe ouvrière. Il s’agit d’une contradiction antagonique entre ennemis de classe.

    Il en résulte que le programme qui est résulté de la Résistance est un programme de collaboration de classe, un programme en réalité bourgeois, de restauration de la société capitaliste, le programme du Conseil national de la Résistance.

    Une autre conséquence de cette trahison des dirigeants du P « C »F est l’indigence de l’épuration. Si la cible du P « C »F, ce sont les nazis et leurs alliés français, un grand nombre de collaborateurs vont passer au travers des mailles du filet ou seront purement et simplement amnistiés lors des années qui suivent le conflit mondial.

    Dans le contexte international, avec la chute du stalinisme, en URSS, il en est résulté :

    • Une collusion et une répartition des rôles entre gaullistes et pseudo-communistes du P « C »F, par exemple concernant la question coloniale ;
    • En France, le P « C »F s’est toujours opposé aux mouvements révolutionnaires (après 1945, en 1968,…), au profit du productivisme ;
    • Au niveau international le P « C »F s’est d’abord mis au service de l’URRS, seconde superpuissance impérialiste, puis après la chute de celui-ci, il s’est mis au service de la social-démocratie. Il est devenu la cinquième roue et la voiture balai du « socialisme «  bourgeois.

    Cette fonction du P « C » F étant toujours plus éventée et mise à jour, ceci explique la dégénérescence de ce Parti, qui n’est plus que l’ombre de lui-même.

    Nous examinerons donc, en première partie, comment s’est exprimée la ligne opportuniste représentée par Maurice Thorez, ligne qui a conduit à ne pas mener la guerre populaire à son terme, mais à faire rendre les armes à la bourgeoisie, et à faire entre les ouvriers dans les usines comme larbins de la classe bourgeoise.

    Dans une seconde partie, nous analyserons le programme su Conseil national de la Résistance, programme de restauration du capitalisme, d’un capitalisme moderne et revigoré par rapport à l’existant d’avant la Seconde guerre mondiale. L’autre alternative était, si la ligne révolutionnaire l’avait emportée au sein du Parti Communiste Français, de créer un second pouvoir, de briser l’Etat bourgeois, et d’instaurer un État socialiste.

    Enfin dans une troisième partie, sera examiné le rôle qu’ont joué les francs-maçons dans cette situation difficile et contrastée.

     

    Si des résistants se sont battus et sont morts dans les combats contre l’envahisseur nazi, comme le pasdecalaisien Eusébio Ferrari, mort à 22 ans, c’est bien pour que soit instauré un pouvoir populaire, et non pour que soit instauré un régime bourgeois, celui de la IV° République, suivi de la V° République.

    A la fin de la seconde guerre mondiale, le Parti Communiste Français était un parti puissant, bientôt le premier parti de France. Qu’est-ce qui a fait que la prise de pouvoir par le PCF n’a pas réellement été envisagée, ou bien qu’elle a été un échec ? La présence de l’armée américaine et des forces coalisées sur le sol de France ? La force de de Gaulle ? Non. La cause principale est une cause interne à la classe ouvrière, et plus particulièrement propre à la fraction dirigeante de la classe ouvrière, la direction du PCF. La cause principale est la ligne opportuniste, capitularde et révisionniste des dirigeants du PCF, Maurice Thorez et Jacques Duclos. Ces derniers se sont mis à la remorque de la bourgeoisie et de de Gaulle.

    Cette ligne a éliminé les résistants révolutionnaires. Cette ligne opportuniste était à l’œuvre depuis le Front Populaire. Les dirigeants du PCF se sont comportés comme une représentation de l’idéologie bourgeoise au sein de la classe ouvrière.

    Il faut donc mettre en œuvre une « pensée » qui, lors de la prochaine prise de pouvoir par la classe ouvrière, crée une situation qui empêche de placer la classe ouvrière sous la conduite de la bourgeoisie.

     

    Entre les deux guerres mondiales, la franc-maçonnerie française occupe une place majeure dans l'appareil politique de la République et s'implique fortement dans ses combats. Elle sera donc particulièrement touchée lorsque la République s'effondrera face aux troupes allemandes en 1940.

    Le régime de Vichy et l'occupant allemand s'unissent pour organiser dès octobre 1940 une importante exposition antimaçonnique qui circulera dans toute la France. Le thème général affirme l'existence d'un complot de l'anti-France, qui aurait été responsable de l'effondrement du pays, et qui aurait été organisé, selon les thèses de l'Action française, par « le juif, le protestant, le maçon et le métèque ».

    Un service des sociétés secrètes est organisé en 1941. Bernard Faÿ, administrateur de la Bibliothèque Nationale, est nommé à sa tête et chargé de classer les archives saisies dans les loges, d'orchestrer la propagande antimaçonnique et surtout de dresser des fiches afin de répertorier tous les anciens francs-maçons, de les surveiller et de les radier des professions libérales comme de la fonction publique. Ce service publie la revue « Documents maçonniques » qui voit dans la franc-maçonnerie l'une des causes principales de la défaite. Une loi de 1941 applique le « statut des juifs » aux francs-maçons. Le film antimaçonnique « Forces occultes » est réalisé et projeté à Paris en 1943[29].

    À la Libération, un millier de francs-maçons français ont été déportés ou tués, la plupart pour leurs activités de résistance ou à cause de leurs origines juives. Les temples ont été pillés, les archives confisquées. Lorsque les loges se relèvent, des comités d'épuration souvent spontanés se mettent en place. Au total, le nombre de francs-maçons actifs a diminué des deux tiers. La franc-maçonnerie française mettra vingt ans à retrouver ses effectifs d'avant guerre. Elle préfère désormais se tourner davantage vers la réflexion philosophique, voire spirituelle que l'action directement politique. Alors que jusqu'en 1940, les maçons défilaient au grand jour, leurs réunions étant annoncées dans la presse, ils se protègent désormais dans le secret.

    La condamnation communiste de la franc-maçonnerie diminue considérablement en France à partir de 1945, principalement en raison de la fraternité née pendant la Résistance entre gaullistes, communistes et francs-maçons face à leur ennemi commun : le régime de Vichy

     

    La fonction de la franc-maçonnerie en France.

    La fonction de la franc-maçonnerie est de faire émerger « ce qui n’est pas », c’est-à-dire l’utopie. La franc-maçonnerie a toujours été initiatrice et déclencheur du nouveau et accoucheuse de l’avenir. C’est l’étincelle qui met le feu à la plaine.

    Bien évidemment, il s’agit de s’inscrire en faux contre toute théorie complotiste, du genre « complot judéo-maçonnique : c’est là une conception typique du fascisme. Par contre, il convient de s’interroger sur l’influence réelle, au niveau social, de la franc-maçonnerie, hier et aujourd’hui.

    1)      Le XVIII° siècle : En 1789, les « bras nus » sont dominés par la bourgeoisie. Naissance du prolétariat. La Franc-maçonnerie est au-dessus du mouvement.

    Une étude, notamment de la Révolution française de 1789, démontre que la franc-maçonnerie, en amont de ce mouvement révolutionnaire, a fortement impliquée la classe aristocratiques, les nobles et le haut clergé, dont la noblesse de robe, tel le représentant de celle-ci, que fut Montesquieu. Sont moins concernés les représentants de la couche supérieure du Tiers-Etat, la bourgeoisie.

    En introduisant des idées progressives, comme la tolérance, la lutte contre l’absolutisme, la lutte contre la torture, la lutte contre l’emprise réactionnaire de l’Eglise catholique, etc., la franc-maçonnerie a contribué au renversement de l’ancien système et à la création d’un nouveau système, au même titre qu’un certain nombre d’autres facteurs : las académies, les 10000 nobles qui ont participé à la lutte pour l’indépendance des Etats-Unis, représentés par La Fayette, le philosophisme, symbolisé par la loge des Neuf Sœurs, etc.

    Ainsi, la franc-maçonnerie a contribué à mobiliser les couches les plus progressives de la noblesse (« Philippe Egalité »,…) et du clergé (abbé Grégoire, évêque Talleyrand,…) au déclenchement de la Révolution de 1789.

    Il faut cependant préciser que le socle économique et social était déjà depuis longtemps préparé à ce mouvement et il s’y prêtait bien.

    Les loges maçonniques étaient « spécialisées » socialement, ne regroupant souvent exclusivement que des représentants de l’aristocratie, hommes et femmes, ces dernières étant associées dans le cadre des « loges d’adoption ». Ces loges « aristocratiques » étaient en général fermées aux catégories sociales bourgeoises inférieures, cette dernière couche (négociants, manufacturiers,…) se regroupant dans leurs loges propres et spécifiques.

    D’ailleurs, pour limiter le recrutement à la catégorie « noble », l’une des raisons, mais pas la seule, de la création des « hauts-grades » était destinée à la préservation de cet entre-soi.

    Cependant si une partie de l’aristocratie a contribué à amorcer le mouvement révolutionnaire, d’autres nobles ont trahi les idéaux de la franc-maçonnerie : d’une part, une partie des nobles contre-révolutionnaires ont fui la France et émigré à partir de 1789. D’autre part, certains aristocrates ont quitté et délaissé le mouvement révolutionnaire, au fur et à mesure de son avancée, où en tout cas le freiner, et arrêter le mouvement de la Révolution à l’une de ses étapes : par exemple, la monarchie constitutionnelle. Ceci explique la trahison des idéaux révolutionnaires par une partie des aristocrates, mais également des hauts bourgeois, dans le cadre d’une entente des possédants, au fur et à mesure que le peuple, composé des sans-culottes et des enragés, s’est emparé de ces idéaux, pour les emmener à leur ultime conclusion : la Constitution de l’An III, et la république sociale, représentée par le deuxième pouvoir, populaire, que fut la Commune insurrectionnelle de Paris de 1792.

    La Révolution a aboutit à la victoire de la bourgeoisie sur la féodalité, victoire non définitive, puisqu’au siècle suivant, il y eut diverses tentatives de Restauration. La bourgeoise a affirmé et fondé son pouvoir et son Etat par diverses étapes : la Terreur, Robespierre, le Directoire et Napoléon I°.

    Lors de la révolution, les idéaux d’égalité de tous les hommes, de libertés fondamentales, de laïcité et de tolérance, de déchristianisation, etc. sont sorties des Temples maçonniques pour illuminer et entrer dans la réalité sociale. Ces idées ont été discutées, en particulier, dans les divers clubs patriotiques qui ont pris alors naissance. Il en est résulté une quasi-mise en sommeil des loges maçonniques elles-mêmes.

    Avec Napoléon 1° (Tout comme la tentative de Napoléon III°) on assiste à une mise en place d’une franc-maçonnerie de « caserne », c’est-à-dire une maçonnerie aux ordres au pouvoir en place.

     

    2)    Le XIX° siècle : En 1871, le prolétariat est autonome et mature. Il se libère et construit son Etat. La franc-maçonnerie est à côté.

    Socialement, le recrutement au sein des loges maçonniques se renouvelle : il s’agit alors essentiellement de bourgeois, de petits-bourgeois et d’intellectuels. Les loges deviennent des « lieux de parole », où s’expriment sans aucune censure les idées « républicaines », qui vont s’exprimer en-dehors des Temples surtout en 1830, en 1848 et enfin lors de la commune de Paris en 1871. A chaque fois, la franc-maçonnerie est un creuset d’idées avancées, et elle joue un rôle de déclencheur des mouvements sociaux. Encore une fois, lorsque le peuple s’empare de ces idéaux, les loges disparaissent ou sont mises en sommeil, et on voit l’apparition de divers clubs.

    Les maçons de la III° République étaient plutôt opposés à la maçonnerie des « hauts-grades », en raison de leur conception très égalitariste.

    Quel est le « ressort », la « mécanique » qui permet à la maçonnerie de parvenir à ses fins ?

    La franc-maçonnerie pose un certain nombre de valeurs, qui forment une « table de la loi », bien au-delà de la simple réalité sociale : autrement dit, la conduite de la réalité sociale fait en sorte que l’infrastructure a pris de l’avance sur la superstructure. La franc-maçonnerie contribue à un « rattrapage » de la superstructure par rapport à une infrastructure qui est à l’étroit, étant bridée.

    De plus, la « clôture » des loges maçonniques, appelée « le secret », crée une sorte de « pouvoir » des loges (on dit « un maçon libre dans une loge libre »), en dehors du pouvoir officiel. Pour être précis, la maçonnerie représente les valeurs d’une catégorie sociale (la noblesse et le haut clergé au XVIII° siècle, la bourgeoisie au XIX° siècle), valeurs qui n’ont pas encore cours dans la société réelle, mais valeurs qui correspondent déjà à la réalité du socle de l’infrastructure. Ces valeurs couvent un certain nombre d’années dans les « serres » que sont les loges maçonniques et ne demandent qu’à éclore à la lumière du soleil. Lorsque les conditions sociales objectives sont réunies, ces valeurs passent tout naturellement dans la réalité sociale, les forces populaires s’en emparant pour les faire entrer d       ns la réalité.

    Les forces populaires emmènent ces valeurs bien souvent au-delà des limites que souhaiteraient leur assigner les « initiateurs » et les « lanceurs d’alerte » : en quelque sorte, le peuple prend « au mot » les classes nouvellement dominante, d’où les exigences des sans-culottes en 1792, ou ben la tentative d’instaurer une dictature du prolétariat par les Communards de 1871.

    Il est à noter qu’à chaque fois, au cours de la lutte, l’émergence des femmes qui aspirent à la libération contre le patriarcat et le machisme, a conduit à l’apparition des loges d’adoption au XVIII° Siècle et à l’initiation féminine à la fin du XIX° siècle.

     

    3)    Le XX° siècle : Le prolétariat dispose de son propre parti, le Parti Communiste Français. Ce parti a une ligne prolétarienne juste de 1920 à 1953. La franc-maçonnerie doit se mettre au service du prolétariat.

    Le recrutement concerne surtout la bourgeoisie, mais également la petite-bourgeoisie (enseignants, boutiquiers, artisans,…). Cela signifie que la fraternité dans les loges, par exemple, n’est pas universelle, mais « censitaire », en raison de la cherté et du coût (en argent et en temps) qu’il faut pouvoir consentir pour appartenir au mouvement (cotisation annuelle, coût des agapes, achat du matériel et des décors, etc.). Sont exclus en particulier les ouvriers et les petits paysans.

    En effet depuis l’origine, jusqu’à aujourd’hui, le coût pour être franc-maçon est prohibitif :

    • D’abord les cotisations, non seulement pour les trois premiers grades, mais aussi pour les hauts-grades ;
    • Ensuite les décors, qu’il convient d’acheter pour chaque grade, ainsi qu’éventuellement le costume sombre parfois nécessaire pour participer aux tenues ;
    • Enfin les divers à-côtés non négligeables, comme les agapes, les sorties.

    Ainsi, ces divers coûts, mais aussi le temps libre dont il convient de disposer, ne serait-ce que pour participer à au moins deux tenus par mois, conduit automatiquement à réserver la maçonnerie à certaines catégories sociales plutôt aisées, l’aristocratie au XVIII° siècle, la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie aux XIX° et XX° siècles. De toute façon, aucun effort n’est fait pour recruter des éléments de la classe ouvrière ou de la paysannerie pauvres : ce recrutement pourrait se concevoir par exemple par l’application du quotient familial et une participation au mouvement en fonction des revenus réels.

    Il en résulte donc bien que les valeurs de Liberté-Egalité-Fraternité sont « censitaires » et réservées au-dessus d’un certains « cens ». Seuls sont aidés les francs-maçons de cette « classe moyenne », qui connaissent des difficultés occasionnelles – chômage, licenciement, divorce,… .

    Une conséquence est un recrutement « consanguin » : les bourgeois recrutent dans leur milieu et donc de nouveaux bourgeois. Aucun effort n’est fait, ne serait-ce que pour des considérations financières, pour recruter dans les classes sociales inférieures, ne serait-ce que pour regrouper les éléments les plus représentatifs de chaque classe sociale à même d’appliquer les principes de « Liberté-Egalité-Fraternité ».

    Il en résulte notamment une forte tendance des francs-maçons vers l’apolitisme, la « neutralité », qui confine au conformisme, à la défens e du statut-quo, et donc de la domination bien réelle de la classe bourgeoise. Une fraction de francs-maçons se distingue aussi par un anticommunisme outrancier. Et pourtant la franc-maçonnerie bien conçue a pour objectif immédiat l’instauration du communisme.

    En effet, le communisme, c’est la fraternité réelle vécue entre égaux libres. C’est dans la société collectiviste qu’est mis en œuvre le maximum possible d’égalité et de liberté pour l’ensemble des individus et pour chacun pris individuellement. Le communisme est donc, ici et maintenant, l’expression de ce qui correspond le mieux à la devise fondatrice de la maçonnerie : « Liberté-Egalité-Fraternité ».

    Peu à peu se dessine l’objectif de la République sociale, correspondant à une réalité sociale fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité. Les principaux idéaux de la Commune de paris, tels la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la laïcité, en particulier dans l’enseignement, ont peu à peu pris place dans la réalité.

    Il y a extension des droits sociaux et affirmation des droits de l’homme au niveau international, création de la Société des Nations, puis de l’O.N.U.

    Un point spécifique du XX° siècle, c’est l’existence pendant une trentaine d’année, du Parti Communiste Français, qui donne à la classe ouvrière son autonomie. Après la mort de Staline, ce parti est devenu un embryon de la bourgeoisie sociale-démocrate.

    Outre la contradiction entre le peuple français et l’ennemi nazi, sur le sol nationale, il coexiste également la contradiction principale entre la bourgeoisie et le prolétariat. Le prolétariat, dans le cadre de la guerre impérialiste, a ses objectifs propres, qui sont l’insurrection et l’instauration d’une dictature du prolétariat.

    Le parti communiste chinois, grâce à Mao Tsé-toung, a su brillamment mener ces deux contradictions à leur terme : lutte contre l’envahisseur japonais, et lutte pour l’instauration d’un Etat de démocratie nouvelle, puis d’un Etat socialiste.

    En France, le PCF n’avait pas de Pensée-Guide. Ses chefs, Thorez et Duclos, étaient à la tête d’une ligne opportuniste de droite. S’ils ont mené la guerre contre la bourgeoisie fasciste, représentée par Pétain et Laval, ils n’ont pas prôné l’autonomie prolétarienne, mais se sont mis à la remorque de la bourgeoisie « républicaine », représentée par de Gaulle. En cela, ils ont fait servir le prolétariat comme force d’appoint d’une fraction de la bourgeoisie contre une autre fraction de la bourgeoisie. Le vainqueur de la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat, c’est en fin de compte de Gaulle.

    Ainsi, la bourgeoisie a pu instaurer une république bourgeoise ; les deux fractions de la bourgeoisie se sont ensuite réconciliées pour mener la lutte du camp impérialiste contre le camp socialiste.

     

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