• La fonction de la franc-maçonnerie (2)

    La fonction de la franc-maçonnerie est de faire émerger « ce qui n’est pas », c’est-à-dire l’utopie. La franc-maçonnerie a toujours été initiatrice et déclencheur du nouveau et accoucheuse de l’avenir. C’est l’étincelle qui met le feu à la plaine.

     

    QUELQUES EVENEMENTS :

    a)    Manifeste de la franc-maçonnerie du 8 avril 1871 :

    République Française

    Liberté, Egalité, Fraternité

    O

    O  O

    MANIFESTE

    de la

    Franc-Maçonnerie

    En présence des événements douloureux devant lesquels la France tout entière gémit ; en présence de ce sang précieux qui coule par torrents, la Maçonnerie qui représente les idées d’humanité et qui les a répandues dans le monde, vient une fois encore affirmer devant vous, Gouvernement et Membres de l’Assemblée, devant vous Membres de la Commune, les grands principes qui sont sa loi et qui doivent être le loi de tout homme ayant un cœur d’homme.

    Le Drapeau de la Maçonnerie porte inscrite sur ses plis la noble devise :

    LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE, SOLIDARITE.

    La Maçonnerie prêche la paix parmi les hommes et, au nom de l’humanité, proclame l’inviolabilité de la vie humaine.

    La Maçonnerie maudit toutes les guerres, elle ne saurait assez gémir sur les guerres civiles.

    Elle a le devoir de venir au milieu de vous et de vous dire : AU NOM DE L’HUMANITE, AU NOM DE LA FRATERNITE, AU NOM DE LA PATRIE DESOLEE, arrêtez l’effusion du sang ; nous vous le demandons, nous vous supplions d’entendre notre appel.

    Nous ne venons pas vous dicter un programme, nous nous en rapportons à votre sagesse ; nous vous disons simplement : ARRETEZ L’EFFUSION DE CE SANG PRECIEUX QUI COULE DES DEUX COTES, et posez les bases d’une paix définitive qui soit l’AURORE D’UN AVENIR NOUVEAU.

    Voilà ce que nous vous demandons énergiquement, et si notre voix n’était pas entendue, nous vous disons ici que l’Humanité et la Patrie l’exigent et l’imposent.

    Paris, le 8 avril 1871.

     

    MONTANIER, BECOURT, Membres du Conseil de l’ordre.

    SAUGE, DANDRE, BAUMANN, CHANUT, BARRE, LIMONAIRE, MOTARD, RAGAIGNE, MARTIN, MARCHAL, SIMON, HIRSCH, VILMOTTE, Vénérables.

     

    b)   Meeting de Londres pour la Commune de Paris :

    Journal Officiel de la Commune du 20 avril 1871.

    Dimanche 16 avril, un meeting populaire était convoqué dans Hyde Park, à Londres ; -- grande manifestation de la Ligue démocratique en faveur de la Commune de Paris.

    Trente ou quarante mille citoyens ont répondu à l’appel. Le Times constate, non sans regret, que le nombre des paletots l’emportait sur celui des blouses. Plusieurs orateurs ont parlé avec autant d’énergie que de conviction ; puis l’assemblée a voté par acclamation cette adresse de félicitations à la Commune de Paris :

    Frères,

    Nous vous saluons, au nom de la République universelle, et nous vous remercions du fond du cœur pour la grande œuvre que vous accomplissez en ce moment, au nom de la liberté et pour la défense de vos droits communaux.

    Nous vous saluons comme pionniers et les constructeurs d’un nouvel état social, tandis que nous regardons vos adversaires, les hommes de Versailles, comme les dignes émules de l’homme de Décembre, lâches instruments des despotes de l’Europe. Elus pour la plupart par des campagnes encore sous le joug des prêtres romains et des baïonnettes prussiennes, pour décider seulement les conditions de la paix, ils ont accompli leur mission par la vente honteuse qu’ils ont faite d’une partie de vos compatriotes aux hordes du Nord. Néanmoins, ils veulent encore exercer l’autorité ainsi usurpée, et ils osent s’arroger le droit de vous maîtriser et de vous opprimer.

    Malgré les efforts de nos gouvernements aux abois, d’accord avec les félons de Versailles pour appeler l’intervention étrangère et amener l’anéantissement de vos droits, nous, le peuple de Londres, assurés que vous combattez pour la liberté et l’affranchissement du genre humain tout entier, nous vous tendons la main de l’amitié et de la fraternité.

    Nous regardons votre proclamation de la Commune et de l’autonomie (self-government) comme la résurrection de cette ère glorieuse de votre histoire où la Constitution de 93 (articles 58, 59, 60) mit le gouvernement direct du peuple par le peuple entre les mains des Communes d’alors.

    Nous nous réjouissons de voir qu’au milieu de tant de difficultés, d’obstacles et de luttes, vous délibérez néanmoins sur d’importantes questions de réforme sociale, toutes intimement liées à la chose publique. Nous n’avons qu’un regret, c’est que notre éducation politique, de ce côté du détroit, ne soit pas encore assez complète pour nous entraîner à suivre votre noble exemple.

    Après la lecture et le vote unanime de cette adresse, le meeting s’est séparé aux cris mille fois répétés de : Vive la République universelle !

     

    c)    Annonce parue dans le Journal Officiel de la Commune le dimanche 23 avril 1871 :

    Réunie hier, vendredi, la franc-maçonnerie parisienne a défini le mandat à donner à ses délégués, qui ont dû partir aujourd’hui pour Versailles. Ce mandat se divise en deux parties :

    1. Obtenir un armistice pour l’évacuation des villages bombardés ;

    2.     Demander énergiquement la paix à Versailles, basée sur le programme de la Commune, le seul qui puisse amener la paix définitive.

    Ce mandat a été voté à l’unanimité. Il a été décidé ensuite qu’un appel serait fait à tous les francs-maçons de Paris, pour entendre le résultat de cette délégation, lundi, à deux heures, salle des Arts-et-Métiers, et prendre telle décision qu’il conviendra, suivant le résultat.

     

    d)     Adresse de la loge maçonnique de Limoges.

    Journal Officiel de la Commune du 25 avril 1841 :

    Aux citoyens membres de la Commune de Paris.

    La loge maçonnique écossaise de Limoges, sous le titre l’Etoile limousine, après avoir pris communication d’une délibération arrêtée en assemblée générale par les loges diverses de la ville de Bordeaux, le 12 avril 1871, et conçue dans les termes suivants :

    « En présence de la lutte fratricide depuis trop longtemps engagée entre les troupes de Versailles et les gardes nationaux de Paris, la maçonnerie manquerait au plus sacré de ses devoirs si elle restait impassible et muette.

    Au nom de la fraternité, au nom de la liberté, au nom de la République, elle conjure les combattants de désigner immédiatement des délégués chargés de mettre fin à un combat qui déshonore la patrie et met le comble à ses douleurs.

    Il est un terrain de conciliation sur lequel tous les citoyens honnêtes doivent franchement qu’elle est déterminée à maintenir la République et à établir les franchises municipales ; que la Commune de Paris répudie énergiquement toute usurpation sur le gouvernement de la France ; le soupçon fera place à la confiance, et l’ordre renaîtra, car il aura pour défenseurs tous ceux qui veulent en finir avec les révolutions. »

    S’inspirant des sentiments de liberté et de fraternité qui ont dicté cette délibération déclare à l’unanimité de ses membres s’associer au vœu qu’elle exprime et protester de toute son énergie contre la lutte fratricide, qui, non seulement ensanglante le sol français, mais ajoute encore aux malheurs de la patrie en aidant l’ennemi dont elle dit la joie, dans l’œuvre impie de démembrement qu’il poursuit avec une fureur jalouse qui s’attache à toutes les idées de civilisation et de progrès dont la France fut et sera toujours la grande initiatrice, au nom de la République universelle.

                              Le vénérable de la loge l’Etoile limousine

                                                                    L. Fonsagrive

     

    e)    Réception des francs-maçons à la Commune.

    Journal Officiel de la Commune du 27 avril 1871.

    Séance du 26 avril 1871 :

    Les membres de la Commune ont reçu, dans la cour d’honneur, une députation de francs-maçons qui venaient déclarer qu’ayant épuisé tous les moyens de conciliation avec le gouvernement de Versailles, la franc-maçonnerie avait résolu de planter ses bannières sur les remparts de Paris, et que si une seule balle les touchait, les F.°. M.°. marcheraient d’un même élan contre l’ennemi commun.

    Le F.°. Térifoque a déclaré que, depuis le jour où la Commune existe, la franc-maçonnerie a compris qu’elle serait la base de nos réformes sociales.

    « C’est, dit-il, la plus grande révolution qu’il n’ait jamais été donné au monde de contempler.

    Si, au début du mouvement, les francs-maçons n’ont pas voulu agir, c’est qu’ils tenaient à acquérir la preuve que Versailles ne voulait entendre à aucune conciliation quelconque avec leurs juges. »

    Un membre de la Commune, le citoyen Jules Vallès, après avoir remercié la députation en quelques mots partis du cœur, donne son écharpe au F.°.  Térifoque, qui déclare que cet emblème restera dans les archives de la franc-maçonnerie, en souvenir de ce jour mémorable.

    Le citoyen Lefrançais, membre de la Commune, déclare ensuite que depuis longtemps déjà, il était de cœur avec la franc-maçonnerie, ayant été reçu dans la loge écossaise n° 133, passant, à cette époque, pour une des plus républicaines ; qu’il était depuis longtemps assuré que le but de l’association était le même que celui de la Commune : la régénération sociale.

    Le citoyen Allix, membre de la Commune, ajoute que la Commune de Paris met en pratique, sous une forme nouvelle, ce que la franc-maçonnerie a depuis longtemps affirmé : que la construction du temple fut, certainement, pour l’époque, la réorganisation du travail.

    L F.°. M.°. de la Rose écossaise, dans une chaleureuse improvisation, annonce que la Commune, nouveau temple de Salomon, est l’œuvre que les F.°. M.°. doivent avoir pour but, c’est-à-dire la justice et le travail comme bases de la société ;

    La députation, composée de plus de deux-mille francs-maçons, s’est retirée après avoir enguirlandé sa bannière avec l’écharpe du citoyen Jules Vallès, et emporte un drapeau rouge, après deux triples batteries aux rites français et écossais.

    Une délégation de la Commune reconduit la députation maçonnique jusqu’à la rue Cadet. Elle est acclamée sur son passage par la foule enthousiasmée, et l’on se sépare après une vive et patriotique allocution au citoyen Ranvier, membre de la Commune. Tous les cœurs battent à l’unisson.

     

    f)    Annonce des francs-maçons. Journal Officiel de la Commune du 28 avril 1871 :

    Les francs-maçons, réunis au Châtelet ont décidé qu’un appel serait fait à toutes les LL.°. de l’Or.°. de Paris, à l’effet de se réunir, bannière en tête, samedi matin, à neuf heures, cour du Louvre.

     

    g)    La franc-maçonnerie à l’Hôtel-de-Ville. Journal Officiel de la Commune du dimanche 30 avril 1871 :

    Hier, 29, la ville de Paris présentait une animation à laquelle on n’était plus accoutumé depuis longtemps : on savait que les francs-maçons devaient essayer leur dernière démarche pacifique en allant planter leurs bannières sur les remparts de Paris, et que s’ils échouaient, la franc-maçonnerie tout entière devait prendre parti contre Versailles.

    Dès neuf heures du matin, une députation des membres de la Commune sortit de l’Hôtel-de-Ville, musique en tête, se dirigeant vers le Louvre, à la rencontre de la manifestation franc-maçonnique.

    A onze heures, la députation était de retour, et les francs-maçons faisaient leur entrée dans la cour d’honneur de l’Hôtel-de-Ville, disposée à l’avance pour les recevoir. La garde nationale faisait la haie.

    La Commune tout entière s’était placée sur le balcon, du haut de l’escalier d’honneur, devant la statue de la République, ceinte d’une écharpe rouge et entourée des trophées des drapeaux de la Commune.

    Les bannières maçonniques vinrent se placer successivement sur les marches de l’escalier, étalant aux yeux de tous, les maximes humanitaires, qui sont les bases de la franc-maçonnerie et que la Commune s’est donnée à tâche de mettre en pratique.

    Une bannière blanche entre toutes les autres a frappé notre attention. Elle était portée par un artilleur, et on y lisait en lettres rouges : « Aimons-nous les uns les autres ! ».

    Dès que la cour fut pleine, les cris : »Vive la Commune ! Vive la franc-maçonnerie ! Vive la République universelle ! » se font entendre.

    Le citoyen Félix Pyat, membre de la Commune, prononce d’une voix forte et émue les paroles suivantes :

    « Frères, citoyens de la grande patrie, de la patrie universelle, fidèles à nos principes communs : Liberté, Egalité, Fraternité, et plus logiques que la Ligue des droits de Paris, vous, francs-maçons, vous faites suivre vos paroles de vos actions.

    Aujourd’hui les mots sont peu, les actes sont tout. Aussi, après avoir affiché votre manifeste, -- le manifeste du cœur, -- sur les murailles de Paris, vous allez maintenant planter votre drapeau d’humanité sur les remparts de notre ville assiégée et bombardée.

    Vous allez protester contre les balles homicides et les boulets fratricides, au nom du droit et de la paix universelle. (Bravos unanimes et cris de : Vive la République ! Vive la Commune !).

    Aux hommes de Versailles, vous allez tendre une main désarmée, -- désarmée, mais pour un moment – et nous, les mandataires du peuple et les défenseurs de ses droits, nous les élus du vote, nous voulons nous joindre tous à vous, les élus de l’épreuve, dans cet acte fraternel. (Nouveaux applaudissements. – Vive la Commune ! – Vive la République !).

    La Commune avait décidé qu’elle choisirait cinq de ses membres pour avoir l’honneur de vous accompagner, et il a été proposé, justement, que cet honneur fût tiré au sort ; le sort a désigné cinq noms favorisés pour vous suivre, pour vous accompagner dans cet acte glorieux, victorieux. (Marque d’approbation.).

    Votre acte, citoyens, restera dans l’histoire de la France et de l’humanité.

    Vive la République universelle ! »

    (Applaudissements. – Vive la Commune ! – Vive la République !).

    Le citoyen Beslay, membre de la Commune : «  Citoyens, je me suis associé, comme vous, aux paroles que vous venez d’entendre, à ces paroles fraternelles qui rassemblent ici tous les francs-maçons.

    Le sort ne m’a pas favorisé, hier, lorsqu’on a tiré les noms des membres de la Commune qui devaient aller recevoir les francs-maçons. Nous avons voulu qu’il y eût un tirage au sort des noms, parce que toute la Commune de Paris voulait s’associer, dès le commencement, à cette grande manifestation ; je n’ai pas eu le bonheur d’être désigné, mais j’ai demandé pourtant à aller au-devant de vous, comme doyen de la Commune de paris, et aussi de la franc-maçonnerie de France, dont j’ai l’honneur de faire partie depuis cinquante-six ans.

    Que vous dirai-je, citoyens, après les paroles si éloquentes de Félix Pyat ? Vous allez faire un grand acte de fraternité en posant votre drapeau sur les remparts de notre ville et en vous mêlant dans nos rangs contre les ennemis de Versailles. (Oui ! oui ! – Bravos !).

    Citoyens, frères, permettez-moi de donner à l’un de vous l’accolade fraternelle. »

    (Le citoyen Beslay embrasse l’un des francs-maçons placé près de lui ;-- Applaudissements. – Vive la Commune ! – Vive la République !).

    Un franc-maçon, une bannière en main : « Je réclame l’honneur de planter la première bannière sur les remparts de Paris, la bannière de la Persévérance, qui existe depuis 1790. » (Bravos.)

    La musique jour la Marseillaise.

    Le citoyen Léo Meillet : « Vous venez d’entendre la seule musique que nous puissions écouter jusqu’à la paix définitive.

    Ce drapeau doit accompagner vos bannières pacifiques : c’est le drapeau de la paix universelle, le drapeau de nos droits fédératifs, devant lequel nous devons tous nous grouper, afin d’éviter qu’à l’avenir une main, quelque puissante qu’elle soit, ne nous jette les uns sur les autres autrement que pour nous embrasser. (Applaudissements prolongés).

    C’est le drapeau de la Commune de Paris, que la Commune va confier aux francs-maçons. Il sera placé au-devant de vos bannières et devant les balles homicides de Versailles.

    Quand vous les rapporterez, ces bannières de la franc-maçonnerie, qu’elles reviennent déchirées ou intactes, le drapeau de la Commune n’aura pas faibli. Il les aura accompagnées au milieu du feu, -- ce sera la preuve de leur union inséparable ». (Nouveaux applaudissements).

    Le citoyen Térifoque prend le drapeau rouge des mains du citoyen Léo Meillet et adresse ces paroles à l’assemblée :

    « Citoyens, frères,

    Je suis du nombre de ceux qui ont pris l’initiative d’aller planter l’étendard de la paix sur nos remparts, et j’ai le bonheur de voir à leur tête la bannière blanche de la loge de Vincennes, sur laquelle sont inscrits ces mots : « Aimons-nous les uns les autres ! ». (Bravos.).

    Nous irons présenter cette bannière la première devant les rangs ennemis ; nous leur tendrons la main, puisque Versailles n’a pas voulu nous entendre !

    Oui, citoyens, frères, nous allons nous adresser à ces soldats, et leur dirons : Soldats de la même patrie, venez fraterniser avec nous ; nous n’aurons pas de balles pour vous avant que vous nous ayez envoyé les vôtres. Venez nous embrasser, et que la paix soit faite ! (Bravos prolongés. – Sensation.).

    Et si cette paix s’accomplit, nous rentrerons dans Paris, bien convaincus que nous aurons remporté la plus belle victoire, celle de l’humanité !

    Si au contraire, nous ne sommes pas entendus et si l’on tire sur nous, nous appellerons à notre aide toutes les vengeances ; nous sommes certains que nous seront écoutés, et que notre maçonnerie de toutes les provinces de France suivra notre exemple ; nous sommes sûrs que sur chaque point du pays où nos frères verront les troupes se diriger sur Paris, ils iront au-devant d’elles pour les engager à fraterniser.

    Si nous échouons dans notre tentative de paix et si Versailles donne l’ordre de ne pas tirer sur nous pour ne tuer que nos frères sur les remparts, alors nous nous mêlerons à eux, nous qui n’avions pris jusqu’ici le service de la garde nationale que comme service d’ordre, ceux aussi qui n’en faisaient pas partie, comme ceux qui étaient déjà dans les rangs de la garde nationale, et tous ensemble, nous nous joindrons aux compagnons de guerre pour prendre part à la bataille et encourager de notre exemple les courageux et glorieux soldats défenseurs de notre ville. » (Adhésion générale. – Applaudissements prolongés. – Vive la Commune ! Vive la franc-maçonnerie !).

    Le citoyen Térifoque agite le drapeau de la Commune qu’il tient entre ses mains, et il s’écrie :

    « Maintenant, citoyens, plus de paroles, à l’action ! ».

    Les députations de la franc-maçonnerie, accompagnées des membres de la Commune, sortent de l’Hôtel-de-Ville.

    Pendant le défilé, l’orchestre joue la Marseillaise.

     

    Faits divers. Journal Officiel de la Commune du dimanche 30 avril 1871 :

    Ce matin, à neuf heures, les francs-maçons se sont réunis dans la cour grillée des Tuileries.

    Tous les maçons présents à Paris s’étaient rendus à l’appel de leurs loges. Les dignitaires portant le cordon rouge ou bleu en sautoir, et les reins ceints du tablier symbolique, affluaient de tous les points, bannières et musique en tête, au milieu d’une foule compacte que l’attente de ce spectacle avait attirée là dès la première heure.

    La conviction avait été faite pour la cour du Louvre, mais l’obstacle apporté à cette réunion solennelle par une foule enthousiaste, qui emplissait la rue de Rivoli, la place du Louvre, celle du Palais-Royal, et, d’un autre côté, les quais, força les délégués des loges de se rendre à la cour des Tuileries par la place du Carrousel.

    Plusieurs bataillons de la garde nationale forment la haie et contiennent les curieux qui se poussent aux cris de : « Vive les francs-maçons ! Vive la Commune ! » Auxquels répondent d’autres cris : « A bas Versailles ! ».

    Les maçons se forment par rangs de quatre, la musique militaire joue la Marseillaise, le défilé commence.

    Cinquante-cinq loges sont représentées, bannières déployées, formant environ 10 000 citoyens de tout âge, de tous rangs, tous, suivant leur grade, porteurs de larges rubans de diverses couleurs. Une loge de femmes est particulièrement saluée de cette foule émue par ce spectacle unique dans l’histoire de la franc-maçonnerie.

    Le cortège, accompagné des six membres de la Commune délégués à cette réception, se met en marche au son d’une musique au rythme étrange, sévère, impressionnant.

    En tête la musique, les généraux et officiers supérieurs des gardes nationaux, et enfin les grands maîtres.

    Derrière eux marchent les six membres délégués par la Commune.

    Après le défilé des loges, les cris de : « Vive la république ! Vive la Commune ! » retentissent sur tout le parcours.

    La tête du cortège arriva sur la place de l’Hôtel-de-Ville, où sous un dais élevé, devant le buste de la République et le trophée de drapeaux rouges se trouvent les membres de la Commune.

    Des discours sont prononcés par les citoyens Monière et Térifoque, vénérables des loges.

    Tous les membres de la Commune présents se sont joints aux francs-maçons, tenant à les accompagner dans leur mission périlleuse. Le défilé commence, prend la rue de Rivoli, partant de l’Hôtel-de-Ville, et suit les grands boulevards depuis la Bastille jusqu’à l’Arc-de-Triomphe.

    Toujours même foule sympathique sur tout le parcours. Acclamations générales. La députation arrive aux avant-postes.

    Ordre est donné d’arrêter le feu. Quatorze mille francs-maçons sont à l’Arc-de-Triomphe. Ils demandent à aller planter en corps leurs bannières sur les remparts.

    Pluie incessante d’obus, reçue aux cris de : « Vive la Commune ! Vive la République universelle ! ».

    Une délégation, composée de tous les vénérables, accompagnés de leurs bannières respectives, s’avance par l’avenue de la Grande-Armée. Les bannières sont plantées sur les remparts aux postes les plus dangereux.

    Enfin, vers 5 heures 30 minutes du soir, le feu cesse du côté versaillais. On parlemente, et trois délégués de la franc-maçonnerie se rendent à Versailles.

    Il est convenu de part et d’autre que le feu ne pourra reprendre qu’après le retour des délégués.

    A Paris, dans l’après-midi, le bruit s’est répandu que deux francs-maçons auraient été blessés sous la pluie de projectiles qui tombaient sur l’avenue de la Grande-Armée. Jusqu’ici, d’après toutes nos informations, nous n’avons aucun renseignement de cette nature. Ce que nous sommes en droit d’affirmer, c’est qu’à la porte Maillot, deux bannières ont été trouées par les balles.

     

    h)    Annonce des francs-maçons. Journal Officiel de la Commune du 2 mai 1871 :

    Faits divers. Les francs-maçons de tous les rites sont convoqués mardi 2 mai, à 2 heures très précises, place de la Concorde, pour aller reprendre les bannières arborées sur les remparts de Paris, et que le feu de Versailles n’a pas su respecter. 

     

    i)      Manifeste des francs-maçons de Rouen. Journal Officiel de la Commune du vendredi 5 mai 1871 :

    On nous prie de publier le document suivant, qui émane de la franc-maçonnerie rouennaise :

    Les francs-maçons de Rouen, réunis en assemblée générale, convaincus que la paix, c’est-à-dire l’apaisement des haines sociales, la reprise du travail et du commerce, le rétablissement de l’économie et de la science, les nobles labeurs de l’agriculture, sont un besoin impérieux pour la France.

    Déclarent donner l’adhésion la plus complète au manifeste officiel du conseil de l’ordre de la maçonnerie française qu’ils s’approprient.

    MANIFESTE DE LA FRANC-MACONNERIE.

    Paris, le 8 avril 1871.

    En présence des événements douloureux devant lesquels la France entière gémit, en présence de ce sang précieux qui coule par torrents, la franc-maçonnerie, qui représente les idées d’humanité et qui les a répandues dans le monde, vient une fois encore affirmer devant vous, gouvernement et membres de l’Assemblée, devant vous, membres de la Commune, les grands principes qui font sa loi et qui doivent être la loi de tout homme ayant un cœur d’homme.

    Le drapeau de la maçonnerie porte, inscrite sur ses plis, la noble devise :

    Liberté. – Egalité. – Fraternité.

    La maçonnerie prêche la paix parmi les hommes, et, au nom de l’humanité proclame l’inviolabilité de la vie humaine.

    La maçonnerie maudit toutes les guerres, elle ne saurait assez gémir sur les guerres civiles.

    Elle a le devoir et le droit de venir au milieu de vous et de vous dire : Au nom de l’humanité, au nom de la fraternité, au nom de la patrie désolée, arrêtez l’effusion du sang, nous vous le demandons, nous vous supplions d’entendre notre appel !

    Nous ne venons pas vous dicter un programme, nous nous en rapportons à votre sagesse, nous vous disons simplement : Arrêtez l’effusion de ce sang précieux qui coule des deux côtés, et posez les bases d’une paix définitive qui soit l’aurore d’un avenir nouveau !

    Voilà ce que nous vous demandons énergiquement, et si notre voix n’était pas entendue, nous vous disons ici que l’humanité et la patrie l’exigent et l’imposent.

    Pour extrait conforme :

    Le président d’honneur de la maçonnerie rouennaise, Desseaux,

    Le vén.°. des Arts-Réunis, Hédiard,

    Le vén.°. de la Persévérance-Couronnée A. Lorond,

    Le T.°. S.°. du chapitre des Arts-Réunis, Hédiard,

    Le vén.°. de la Vérité, F. Deschamps,

    Le vén.°. de la Constance-Eprouvée, membre du conseil de l’ordre, E. Vienot,

    Le T.°. S.°. du Chapitre de la Persévérance-Eprouvée, Goudy,

    Le président du Conseil philosophique, Dieutée.

    Par mandement des Ateliers-Réunis de l’Orient de Rouen, le sec.°. Jules Godefroy.

     

    j)     Appel du 5 mai 1871 des Francs-maçons. Journal Officiel de la Commune du 11 mai 1871 :

    Le 29 avril 1871, une délégation de francs-maçons, alla sur les fortifications, entre l’armée de Versailles et celle de la Commune. A leur retour, les francs-maçons publièrent l’appel suivant :

    « Fédération des francs-maçons et compagnons de Paris

    Les francs-maçons et compagnons de Paris à leurs frères de France et du monde entier.

    Frères,

    C’est à vous tous que nous nous adressons :

    Francs maçons de tous les rites et de tous les orients,

    Compagnons de toutes les corporations,

    Vous le savez, les francs-maçons sont des hommes de paix, de concorde, de fraternité, d’étude, de travail ; ils ont toujours lutté contre la tyrannie, le despotisme, l’hypocrisie, l’ignorance.

    Ils défendent sans cesse les faibles courbés sous le joug, de ceux qui les dominent, leurs adeptes couvrent le monde : ce sont des philosophes qui ont pour précepte la morale, la justice, le droit.

    Les compagnons sont aussi des hommes qui pensent, réfléchissent et agissent pour le progrès et l’affranchissement de l’humanité.

    A l’époque malheureuse que nous traversons, lorsque le fléau de la guerre a été déchaîné par les despotes pour anéantir plus particulièrement la noble nation française ;

    Quand cette belle France qui, pour tout le monde, est l’espérance des opprimés, se voit réduite à merci et que Paris, sa capitale, est le but d’attaques épouvantables et fratricides ;

    Les francs-maçons et les compagnons sortent les uns et les autres de leurs sanctuaires mystérieux, tenant de la main gauche la branche d’olivier, symbole de la paix, et de la main droite le glaive de la revendication.

    Attendu que les efforts des francs-maçons ont été trois fois repoussés par ceux-là mêmes qui ont la prétention de représenter l’ordre, et que leur longue patience est épuisée, tous les francs-maçons et compagnons doivent prendre l’arme vengeresse et crier :

    Frères, debout ! que les traîtres et les hypocrites soient châtiés.

    Frères de la maçonnerie universelle, frères compagnons, écoutez !

    Les francs-maçons ont, dans la journée du 22 avril, envoyé à Versailles porter au chef du pouvoir exécutif des paroles d’apaisement et de conciliation, leurs délégués étaient accompagnés de deux citoyens désignés par les chambres syndicales de paris, ils n’ont pu obtenir qu’une trêve de neuf heures pour faire sortir les malheureuses et innocentes victimes qui périssaient dans les caves de Neuilly, des Ternes, de Levallois, de Clichy.

    Les hostilités ayant été reprises avec une haine indescriptible par ceux qui osent bombarder Paris, les francs-maçons se réunirent le samedi 26 avril au Châtelet et décidèrent que le samedi 29 ils iraient solennellement faire adhésion à la Commune de Paris, et planter leurs bannières sur les remparts de la ville, aux endroits les plus menacés, espérant qu’elles amèneraient la fin de cette guerre impie et fratricide.

    Le 29 avril, les francs-maçons, au nombre de 10 à 11 000 se rendirent à l’Hôtel-de-Ville, suivant les grandes artères de la capitale, au milieu des acclamations de toute la population parisienne ; arrivés à l’avenue de la Grande-Armée, malgré les bombes et la mitraille, ils arborèrent 62 de leurs bannières en face des assaillants.

    Leur bannière blanche : Aimons-nous les uns les autres, s’avançant sur les lignes ennemies versaillaises, fit cesser le feu de la porte Dauphine à la porte Bineau : la tête de leurs profondes colonnes atteignit seule la première barricade des assaillants.

    Trois cents francs-maçons furent admis comme délégués.

    Ces délégués n’ayant obtenu qu’une courte trêve des généraux auxquels ils s’étaient adressés à Neuilly, à Courbevoie et à Rueil, où les populations les acclamaient aux cris de Vive la Maçonnerie, Vive la Commune, deux d’entre eux, cédant à l’instance des généraux qui déclarèrent d’ailleurs qu’ils ne pouvaient pas être leurs interprètes, allèrent à Versailles, sans mandat et contrairement à la ligne de conduite qu’ils s’étaient tracée, mais pour démontrer une fois de plus que toute tentative nouvelle de conciliation était inutile.

    Ils n’obtinrent rien, absolument rien, du chef du pouvoir exécutif.

    Le feu, interrompu le 29 à quatre heures de relevée, recommença plus formidable, accompagné de bombes incendiaires, le 30 à 7 h. 45 mn du soir. La trêve n’avait donc duré que 27 h. 45 mn.

    Une délégation de francs-maçons placée à la porte Maillot a constaté la profanation des bannières.

    C’est de Versailles, que sont partis les premiers coups, et un franc-maçon en a été la première victime.

    Les francs-maçons et compagnons de Paris, fédérés à la date du 2 mai s’adressent à tous ceux qui les connaissent.

    Frères en maçonnerie et frères compagnons, nous n’avons plus à prendre d’autres résolutions que celle de combattre et de couvrir de notre égide sacrée le côté du droit.

    Armons-nous pour la défense !

    Sauvons Paris !

    Sauvons la France !

    Sauvons l’humanité !

    Paris, à la tête du progrès humain, dans une crise suprême, fait appel à la Maçonnerie universelle, aux compagnons de toutes les corporations, il crie : A moi les enfants de la Veuve !

    Cet appel sera entendu par tous les francs-maçons et compagnons ; tous s’uniront pour l’action commune, en protestant contre la guerre civile que fomentent les souteneurs de monarchie.

    Tous comprendront ce que veulent les frères de Paris, c’est que la justice passe de la théorie à la pratique, que l’amour des uns pour les autres devient la règle générale, et que l’épée n’est tirée du fourreau, à Paris, que pour la légitime défense de l’humanité.

    Non ! Frères maçons et compagnons, vous ne voudrez pas permettre que la force brutale l’emporte, vous ne supporterez pas que nous retournions au chaos, et c’est ce qui adviendrait si vous n’étiez pas avec vos frères de Paris qui vous appellent à la rescousse.

    Agissez de concert, toutes les villes ensemble, en vous jetant au-devant des soldats qui combattent bien malgré eux pour la plus mauvaise cause, celle qui ne représente que des intérêts égoïstes, et entraînez-les à servir la cause de la justice et du droit.

    Vous aurez bien mérité de la Patrie universelle, vous aurez assuré le bonheur des peuples pour l’avenir !

    Vive la République ! Vivent les Communes de France fédérées avec celle de Paris !

                                                                    Paris, 5 mai 1871.

    Pour les francs-maçons, et les délégués compagnons de Paris.

    Thirifocq, ancien vénérable de la loge J.°. E.°. Orateur de la L.°. E.°. L.°. E.°.

    Masse, trésorier de la fédération, président de la réunion des originaires de l’Yonne.

    Baldue, ancien vénérable de la Loge la Ligne droite.

    Deschamps, Loge de la Persévérance.

    J. Remy, de l’orient de Paris, orient de la Californie.

    J.-B. Parche, de l’orient de Paris.

    De Beaumont, de la Tolérance.

    Grande-Landes, orateur de Bagneux.

    Lacombe, de l’orient de Paris.

    Vincent, de l’orient de Paris.

    Grasset, orateur de la Paix, union de Nantes.

    A. Gambier, de la Loge J.-J. Rousseau, Montmorency.

    Martin, ex-secrétaire de la Loge l’Harmonie de Paris.

    E. Louet, du Chapitre des Vrais amis de Paris.

    A. Lemaître des Philadelphes, orient de Londres.

    Conduner, de la Loge des Acacias.

    Louis Lebeau, de la Loge la Prévoyance.

    Gonty, de la Loge la Prévoyance.

    Emm. Vaillant, de la Loge de Seules.

    Jean Baptiste Elin, des Amis triomphants.

    Léon Klein, de l’Union parfaite de la Persévérance.

    Budaille, des Amis de la paix.

    Pierre Lachambeaudie, de la Rose du parfait silence.

    Durand, garant d’amitié de la Loge le B.°. de Marseille.

    Magdelenas, de la Clémente Amitié cosmopolite.

    Mossurenghy, du Grand Orient du Brésil.

    Fauchery, des Hospitaliers de Saint-Ouen.

    Radigue, de l’Etoile polaire.

    Rudoyer, des Amis de la paix d’Angoulême.

    Rousselet des Travailleurs de Levallois.

     

                              Les délégués compagnons :

    Vincent, dit Poitevin, l’Ami de l’intelligence.

    Cartier, dit Draguignan, le bien-aimé.

    Chabanne, dit Nivernais-noble-cœur.

    Thevenin, dit Nivernais, l’Ami du tour de France.

    Dumnis, dit Gâtinais le Protecteur du devoir.

    Gaillard, dit Angevin l’Ami des arts.

    Thomas, dit Poitevin Sans-gêne.

    Ruffin, dit Comtois le Fidèle courageux.

    Auriol, dit Carcassonne C.°. M.°.D.°. D.°. .

    Francoeur de Marcilly.

    La Liberté le Nantais.

    Lassal, la Vertu.

    Lyonnais, le Flambeau du devoir. ».

     

    Selon le témoignage de Louise Michel, dans La Commune, plusieurs francs-maçons « combattirent comme ils l’avaient promis et moururent bravement. »

     

    k)    Annonce franc-maçonnerie. Journal Officiel de la Commune de Paris du 5 mai 1871.

    La franc-maçonnerie a fait partir hier deux ballons de la place de l’Hôtel –de-Ville, l’un à deux heures, l’autre à quatre heures et demie.

    Ces ballons portaient les emblèmes maçonniques des trois rites réunis, et étaient chargés de circulaires adressées aux loges de la province.

    Le vent les a portés dans la direction du nord.

     

     

    l)      Annonces des francs-maçons. Journal Officiel de la Commune du mercredi 17 mai 1871 :

    Les francs-maçons et compagnons fédérés ont établi pour les vingt arrondissements, par une délégation, un service officieux qui a pour but de signaler à toutes les administrations civiles et militaires les abus qui existent ; ils recueillent également les plaintes pour y porter remède. Ils se proposent de faire exécuter strictement les décrets de la Commune. Un bureau est établi dans chaque mairie.

     

    Les francs-maçons et compagnons fédérés du XV° arrondissement prient leurs frères dudit arrondissement de se réunir demain 17  courant, à sept heures du soir, dans le pavillon de la justice de paix.

     

    m)  Nécrologie. Journal Officiel de la Commune, jeudi 18 mai 1871 :

    Les francs-maçons sont priés d’assister au convoi du F.°. Pierre-Jean Budor, mort en combattant pour la liberté, qui aura lieu jeudi 18 mai à trois heures et demie. On se réunira au G.°. O.°. de France, 16 rue Cadet.

     

    n)    Proclamation des francs-maçons de tous les rites :

    Journal Officiel de la Commune du mercredi 24 mai 1871 :

    Aux francs-maçons de tous les rites et de tous les grades.

    Frères,

    La Commune, défenseur de nos principes sacrés, nous appelle à elle.

    Vous l’avez entendue, et nos bannières vénérées sont déchirées par les balles et brisées par les obus de ses ennemis.

    Vous avez répondu héroïquement ; continuez avec l’aide de tous les compagnonnages.

    L’instruction que nous avons reçue dans nos respectables ateliers dictera à chacun de nous, à tous, le devoir sacré que nous avons à remplir.

    Heureux ceux qui triompheront ; glorieux ceux qui succomberont dans cette lutte sainte.

     

    Les doctrines de la Commune :

     

    La Commune est l’expression de diverses tendances : jacobine, blanquiste, internationaliste,…

    Les éléments participant à la Commune sont très hétérogènes :

    ·   Les ouvriers internationalistes ;

    ·   Les blanquistes, fidèles à la tradition du coup de force politique ;

    ·   Les proudhoniens, qui admettaient en théorie la lutte des classes, mais s’enlisaient dans un vain corporatisme ;

    ·   Les petits-bourgeois, qui s’élevaient avec fureur contre la loi des loyers et la loi des échéances ;

    ·   Les républicains, qui s’insurgeaient contre l’assemblée réactionnaire de Bordeaux ;

    ·   Les autonomistes, qui ne voulaient ni du centralisme napoléonien, ni de la décapitalisation de Paris ;

    ·   Les patriotes, meurtris par la défaite militaire.

     

    L’action de la Commune a été indécise et vacillante : on a tardé à marcher sur Versailles, et on a respecté avec une sorte de piété la Banque de France.

     

    Démocratie directe :

    Villiers de l’Isle-Adam, dans son « Tableau de Paris » : « On entre, on sort, on circule, on s’attroupe. Le rire du gamin de Paris interrompt les discussions politiques. Approchez-vous des groupes, écoutez. Tout un peuple s’entretient de choses graves, pour la première fois on entend les ouvriers échanger leurs appréciations sur des problèmes qu’avaient abordés jusqu’ici les seuls philosophes. De surveillants, nulle trace ; aucun agent de police n’obstrue la rue et ne gêne les passants. La sécurité est parfaite. Autrefois, quand ce même peuple sortait aviné de ses bals de barrière, le bourgeois s’écartait, disant tout bas : Si ces gens-là étaient libres, que deviendront-nous ? – Ils sont libres, et ne dansent plus. Ils sont libres, et ils travaillent. Ils sont libres et ils combattent. Quand un homme de bonne foi passe auprès d’eux aujourd’hui, il comprend qu’un nouveau siècle vient d’éclore, et le plus sceptique reste rêveur. ».

     

    Blanqui

    Blanqui affirmait que la révolution devait être le résultat d’une impulsion donnée par un petit groupe organisé de révolutionnaires, qui donneraient le « coup de main » nécessaire à amener le peuple vers la révolution. Les révolutionnaires arrivant ainsi au pouvoir seraient en charge d’instaurer le nouveau système socialiste. Engels définit ainsi le blanquisme dans Le programme des émigrés blanquistes de la Commune en 1873 : « Blanqui est essentiellement un révolutionnaire politique, qui n’est socialiste que de sentiment, par sympathie pour les souffrances du peuple, mais il n’a pas de théorie socialiste ni de projets pratiques de transformation sociale. Dans son activité politique, il fut avant tout un « homme d’action » qui croyait qu’une petite minorité bien organisée pourrait, en essayant au bon moment d’effectuer un coup de main révolutionnaire, entraîner à sa suite, par quelques premiers succès la masse du peuple et réaliser ainsi une révolution victorieuse. (…) De l’idée blanquiste que toute révolution est l’œuvre d’une minorité dérive automatiquement la nécessité d’une dictature après le succès de l’insurrection, d’une dictature que n’exerce naturellement pas toute la classe révolutionnaire, le prolétariat, mais le petit nombre de ceux qui ont effectué le coup de main et qui, à leur tour, sont soumis d’avance à la dictature d’une ou de plusieurs personnes. L’ont voit que Blanqui est un révolutionnaire de la génération précédente. ».

    En 1870, l’organisation de ses disciples comptait en France 2500 membres.

     

    Proudhon

    La Commune réalise les options fondamentales de l’anarchisme : gestion collective, suppression de l’armée permanente, fédération, élection des hauts fonctionnaires, égalité des salaires ouvriers et des traitements de la fonction publique.

    Les principes de l’autonomie et du fédéralisme procèdent de Proudhon, qui voulait remplacer l’autorité étatique par des accords contractuels librement consentis. L’influence de Proudhon dépérit depuis 1868, et la Commune marque le point d’arrêt de la propagation de sa doctrine.

    Au sein de l’Association internationale des travailleurs, il y eut une scission entre les anarchistes proches de Bakounine et ceux qui étaient proches des idées de Proudhon. Les mutualistes proudhoniens pensaient que la propriété collective était indésirable et que la révolution sociale pouvait être atteinte pacifiquement.

    La théorie de Proudhon ne signifiait pas soulèvement violent, ni guerre civile, mais plutôt transformation de la société par l’avènement d’une classe moyenne.

    Proudhon désapprouve l’action révolutionnaire. Fils d’artisans, il se méfie de la classe ouvrière dont il redoute la violence.

    Dans Misère de la philosophie, en réponse à Philosophie de la misère de Proudhon, Marx démontre le caractère petit-bourgeois des théories de Proudhon.

     

    ·   Bakounine :

    Son influence fut déterminante dans le Midi de la France, en particulier à Marseille et à Lyon. Mais l’échec lamentable de l’insurrection de Lyon, qu’il ne sut ni préparer ni développer marque les limites de son influence.

     

    ·   La 1° Internationale (Association Internationale des Travailleurs)

    Sur la proposition du blanquiste Eudes, l’assemblée du conseil communal prend explicitement le nom de « Commune de Paris ». Choisir ce nom, c’est certes évoquer des compétences municipales, celles qui manquent à Paris. Mais c’est sans doute encore plus revendiquer un héritage, celui que tous les révolutionnaires parisiens ont en tête, celui qui est dans presque toutes les paroles et dans presque tous les discours, celui de la Commune insurrectionnelle de 1792, synonyme du contrôle du pouvoir par les sans-culottes parisiens. C’est aussi entrevoir une Commune autonome de Paris, se gouvernant seule, en attendant pour la France une future fédération des communes ;

    Au cours du troisième procès de l’Internationale à Paris, le procureur, se basant sur les documents des sections françaises, estime qu’en 1870, l’A.I.T. comptait 435000 membres en France.

    Les deux principales idées qui constituent le programme historique de l’émancipation du prolétariat, c’est-à-dire sa suppression, sont :

    a)     La nécessité pour les ouvriers de se constituer en classe autonome, avec leurs propres représentants et de devenir les sujets de leur affranchissement.

    b)    La dimension internationale du prolétariat – en tant que class universellement soumise aux mêmes conditions d’exploitation et d’esclavage – qui l’oblige à considérer son avenir dans la perspective d’une solidarité antinationale.

     

    Lors du IVe congrès de Bâle (6-12 septembre 1869), on peut apprécier le poids respectif de chacune des sensibilités. À partir de votes sur des motions ou amendements présentés par ces divers « courants », on peut établir le « rapport de force » comme suit :

    ·   63 % des délégués de l'A.I.T. se regroupent sur des textes collectivistes dits « antiautoritaires » (« bakouninistes »).

    ·   31 % se regroupent sur des textes collectivistes dits « marxistes ».

    ·   6 % maintiennent leurs convictions mutuellistes (proudhoniens).

    Les deux premières sensibilités se retrouvent sur une proposition ayant trait à la socialisation du sol. Enfin, et à l'unanimité, le congrès décide d'organiser les travailleurs dans des sociétés de résistance (syndicats).

     

    Avant la Commune de 1871, l’Internationale a fait l’objet de trois procès en France :

    ·   La première fois le 28 mars 1898, devant le tribunal correctionnel de Paris. Les accusés étaient au nombre de 15 : Chémalé, Tolain, Murat, Camélinat, Perrachon, Fournaise, Dantier, Gautier, Bellamy, Gérardin, Bastier, Guyard, Delahaye, Delorme. Chacun des accusés eut cent francs d’amende et l’Internationale fut déclarée dissoute.

    ·   Le second procès eut lieu le 23 mai suivant, et les nouveaux prévenus étaient : Varlin, Malon, Humber, Grandjean, Bourdon, Charbonneau, Combault, Sandrin, Moilin. Les accusés étaient condamnés à trois mois de prison et cent francs d’amende, l’Internationale étant déclarée dissoute.

    ·   Puis eu lieu le procès dit des trente, qui comportait en fait 37 accusés. La première catégorie était composée de ceux que l’on considérait les chefs : Varlin, Malon, Murat, Johannard, Pindy, Combault, Héligon, Avrial, Sabourdy, Colmia dit Franquin, Passedouet, Rocher, Assi, Langevin, Pagnerre, Robin, Leblanc, Carle, Allard. La seconde catégorie comprenait les affiliés : Theisz, Collot, Germain Casse, Ducauquie, Flahaut, Landeck, Chalain, ansel, Berthin, Boyer, Cirode, Delacour, Durand, Duval, Fournaise, Frankel, Girot, Malzieux. Varlin, Malon, Pindy, Combault, Héligon, Murat, Johannard furent condamnés à un an de prison et 100 francs d’amende. Avrial, Sabourdy, Colmia dit Franquin, Passedouet, Rocher, Langevin, Pagnerie, Robin, Leblanc, Carle, Allard, Theisz, Collot, Germain Casse, Chalain, Mangold, Ansel, Bertin Royer, Cirode, Delacour, Durand, Duval, Fournaise, Giot, Malezieux furent condamnés à deux mois de prison et 25 francs d’amende. Assi, Ducanquie, Flahaut et Landeck furent acquittés. Tous furent solidairement privés de leurs droits civils et condamnés aux dépens. Ceux condamnés à une année d’emprisonnement ne l’achevèrent pas, puisque la Commune les délivrera.

     

    ·   Internationalisme :

    La Commune a un caractère international. Notamment en nommant des étrangers à des postes de dirigeants. « Le drapeau de la Commune est le drapeau de la République universelle » :

    o Le hongrois Léo Fränkel, siège au Conseil général de la Commune. Le 30 mars 1871, la commission des élections valide ainsi son élection : « Considérant que le drapeau de la Commune est celui de la République universelle ; considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent, la commission est d’avis que les étrangers peuvent être admis et vous propose l’admission du citoyen Fränkel. Puis Fränkel est promu ministre du Travail.

    o Deux généraux polonais, Dombrowski et Wroblewski.

    o Une femme d’origine russe, Elisabeth Dmitrieff à la direction de l’Union des femmes. Etc.

     

    LES CLUBS POLITIQUES

    De nombreuses réunions publiques ouvertes à tous sont organisées, et partout des clubs et comités divers voient le jour. Dans les assemblées, qui ont lieu le soir, la parole est totalement libre, pour les hommes comme pour les femmes. Après les combats de la journée, les citoyens viennent s’instruire et débattre au club. Les clubs, qui se regroupent par quartiers ou par affinité politique, sont un puissant moyen de pression populaire sur les élus de la Commune, et de contrôle de leur mandat impératif. On en dénombre une trentaine. A l’origine, les réunions des clubs se tiennent dans les salles de spectacle ou les écoles ; mais avec l’avènement de la Commune, les églises deviennent le lieu privilégié des réunions politiques. Les républicains s’y installent le soir, laissant la journée aux offices des curés qui n’ont pas fui Paris. Ainsi, une dizaine d’Eglise parisiennes sont occupées.

     

    LISTE DES CLUBS :

     

    Le Club des Prolétaires : Il s’est emparé le 7 mai de l’église Ambroise dans le XI° arrondissement. Il a fondé son journal, Le Prolétaire. C’est le franc-maçon David qui est à l’origine de cette initiative.

    Le Club de la Révolution : On y retrouve le blanquiste Ferré et Louise Michel. Il occupe l’église Bernard.

    Le Club de la Révolution Sociale des Batignolles : Animé par les Internationaux, il occupe l’église Michel.

    Le Club de la Boule Noire à Montmartre.

    Le Club de l’église Saint-Sulpice.

     

    Clubs féminins :

    Eglise de la Trinité.

    Eglise Notre-Dame de la Croix.

     

    Dans le Journal Officiel de la Commune de Paris du vendredi 5 mai 1871, on lit :

    Un club a été ouvert hier soir, 3 mai, dans l’église Saint-Michel, rue Saint-Jean, à Batignolles.

    Il prend le nom de Club de la Révolution sociale.

    L’église était comble et les femmes en majorité. On sentait qu’en partant se battre pour la Commune, les maris avaient laissé au logis un germe solide d’idées révolutionnaires.

    Plusieurs membres de la Commune étaient présents.

    Le bureau, composé des citoyens Faillet, Sévin, Simon, Léon Angevin, était disposé juste en face de la tribune, la chaire naturellement.

    L’orgue a ouvert la séance par la Marseillaise, chantée tout au long par les citoyens et citoyennes du club, avec en enthousiasme admirable.

    Ce chant patriotique retentissant sous ces voûtes produisait un effet magistral.

    Après plusieurs discours révolutionnaires très intéressants, prononcés par les citoyens Combault, Sévin, Sassin, Faillet, l’écharpe rouge à été attachée à la chaire à prêcher, transformée désormais en une tribune populaire.

    Alors est venu le Chant du départ. Puis on a clos cette séance d’ouverture en reprenant la Marseillaise, et on s’est séparé aux cris unanimes de Vive la Commune ! Vive la Révolution sociale !

     

    LA PRESSE

    Jamais dans Paris on ne s’était exprimé aussi librement, que depuis la proclamation de la République.

     

    Le Journal officiel de la Commune de Paris, puis Journal Officiel. L’édition va du n° 79 datée du 20 mars au n° 144, datée du 24 mai.

     

    L’Action : Edmond Bazire. Lissagaray, rédacteur en chef. Feuille vendue 10 centimes. Six numéros sont édités du mardi 4 avril au dimanche 9 avril 1871.

    L’Affranchi : Rédacteur en chef : Paschal Grousset. Proche des idées blanquiste. Feuille vendue 10 centimes. 24 numéros parus du dimanche 2 avril au mardi 25 avril.

    Le Bonnet rouge : Journal quotidien. Une feuille vendue 2 sous. 13 numéros parus du lundi 10 au samedi 22 avril.

    La Bouche de fer de Vermorel. Journal fondé par Paschal Grousset.

    Le Châtiment : Le premier numéro paraît le 5 mars. D’inspiration blanquiste.

    La Commune : Journal quotidien, vendu 10 centimes.  

    Le Cri du Peuple de Vallès, rédacteur en chef, qui tire à 100000 exemplaires. Une feuille quotidienne vendue 5 centimes.

    L’Estafette : Journal quotidien, vendu 1 sou. Ce journal fait suite au Bonnet rouge.

    Le fils Duchêne : Feuille publiée par Heugène, Gugusse et Dodorre. Vendu 5 centimes. Feuille éditée à Bruxelles.

    Le Fils du Père Duchêne : Vendu 2 sous.

    L’Indépendance française : Journal quotidien, vendu 10 centimes à Paris et 15 centimes en province.

    La Justice : Vendu 10 centimes. Le numéro 1 paraît le 10 mai. Le journal est supprimé au numéro 10 (le 19 mai).

    La Ligue du bien public : Vendu 10 centimes. Un seul numéro paru le 15 avril 1871.

    La Nouvelle république : Rédacteur en chef sous la Commune : Paschal Grousset.13 numéros parus. Remplacé par L’Affranchi.

    Paris Libre : Vendu 5 centimes.

    Le Père Duchesne de Vermesch, Humbert, Maroteau et Guillaume, qui tire à 60000 exemplaires. Vendu 1 sou. Il édita 63 numéros jusqu’au 22 mai. Ce fut le journal le plus lu sous la Commune avec Le Cri du Peuple.

    Le Père Fouettard : Vendu 1 sou. 9 numéros parus.

    Le Réveil du Peuple : Vendu 10 centimes. Du 18 avril au 22 mai, 34 numéros sont parus. Le journal prend la suite du Réveil de Delescluze, supprimé par le gouvernement de la Défense nationale.

    Le Triomphe de la République : Vendu 5 centimes. 6 numéros sont édités.

     

    Autres journaux parus :

    L’Ami du peuple : 4 numéros parus du dimanche 23 avril au samedi 29.

    L’Anonyme : 2 numéros.

    Caïn et Abel : 3 numéros parus les 15, 16 et 17 avril.

    Les Chefs révolutionnaires : 1 numéro paru courant mai.

    La Discussion : 5 numéros. Il fut supprimé par la Commune.

    Le Drapeau rouge : Revue hebdomadaire. 1 numéro paru en avril.

    Le Fédéraliste : 2 numéros parus les 21 et 22 mai.

    Journal du soir : 3 numéros les 5, 6 et 7 mai.

    Le Livre rouge : 1 numéro paru le 22 avril.

    La Mère Duchêne : 3 numéros parus les 3, 4 et 5 avril.

    L’Ordre : 4 numéros parus du 20 au 23 mai.

    Le Pirate : 4 numéros du 17 au 20 mai. Il fut supprimé par la Commune.

    Le Prolétaire : 4 numéros parus du 10 mai au 24 mai.

    La Souveraineté du Peuple : 1 numéro paru le 11 mai.

    Le Régime constitutionnel : 4 numéros parus de 14 au 17 mai. Il fut supprimé par la Commune. Les rédacteurs sont en faveur de Versailles, mais font semblant de vouloir la conciliation.

    Rigoletto : 2 numéros parus les 24 et 30 mars.

    La Rouge : « Journal des jeunes ». 2 numéros parus les 17 et 19 mai.

    Le Spectateur : 2 numéros parus les 10 et 11 mai. Se place contre la Commune.

    Le Tribun du Peuple : Créateur et rédacteur en chef : Lissagaray. 8 numéros parus du 17 au 24 mai.

     

    Autres journaux :

    Le Mot d’Ordre de Rochefort

    Le Vengeur de Félix Pyat

    L’Avant-Garde

    Le Pilori des mouchards

    L’Officiel

     

    Gouvernement de la République ou Gouvernement de la Défense nationale (4 septembre) :

     

    « Ce gouvernement de fortune se compose de onze membres, parmi lesquels huit maçons – dix si l’on compte Jules Ferry, initié en 1875 seulement, et Jules Favre, initié en 1877. Tous les postes importants de l’administration sont par ailleurs confiés à des maçons. »

    Source : Pierre Marion Mes bien-aimés frères Histoire et dérive de la franc-maçonnerie Flammarion 2001.

     

    ·   Emmanuel Arago. Franc-maçon.

    ·   Adolphe Isaac Crémieux (à la Justice). Franc-maçon. Initié en 1818.

    ·   Jules Favre (aux Affaires étrangères). Franc-maçon. Initié en 1877.

    ·   Jules Ferry. Franc-maçon. Initié en 175.

    ·   Léon Gambetta (à l’Intérieur). Franc-maçon. Initié en 1869.

    ·   Louis-Antoine Garnier-Pagès. Franc-maçon.

    ·   Alexandre Glais-Bizoin.

    ·   Eugène Pelletan. Franc-maçon. Initié en 1864.

    ·   Ernest Picard (aux Finances). Franc-maçon.

    ·   Henri Rochefort. Franc-maçon.

    ·   Jules Simon (à l’Instruction publique). Franc-maçon.

    ·   Trochu, gouverneur de Paris (Victor Hugo : « Trochu, participe passé du verbe trop choir. »)

    Le ministère est complété par deux militaires :

    ·        Le général Le Flô

    ·        L’amiral Fourichon

    Et deux députés de province :

    ·        L’ingénieur Dorian (aux Travaux publics)

    ·        Magnin (au Commerce).

     

    Gouvernement Thiers :

    ·   Thiers, chef du pouvoir exécutif. Surnommé « Tom Pouce ». Son œuvre : décapitaliser Paris révolutionnaire, écraser les revendications ouvrières, rétablir une monarchie.

    ·   Jules Favre, ministre des affaires étrangères

    ·   Ernest Picard, intérieur

    ·   Dufaure, justice

    ·   Général Le Flô, guerre

    ·   Pouyer-Quertier, finances

    ·   Jules Simon, instruction publique

    ·   Amiral Porthuau, marine

    ·   Lambrecht, commerce

    ·   Delarey, travaux publics

    ·   Jules Ferry, maire de Paris

    ·   Vinoy, gouverneur de Paris

     

    LA COMMUNE :

    « Les maçons se divisent. Certains, dont les généraux, rejoignent le gouvernement provisoire conservateur qui s’installe à Versailles. D’autres se rallient à la Commune, dont les dirigeants comprennent maintenant seize frères. »

    Source : Pierre Marion Mes bien-aimés frères Histoire et dérive de la franc-maçonnerie Flammarion 2001.

    Dès le lendemain de sa proclamation, la Commune a créé neuf commissions qui ont assumé le pouvoir exécutif de l’assemblée délibérative. Elle a assuré le ravitaillement de la capitale, le secours aux indigents, la sauvegarde de la santé, la sécurité et la justice, l’ouverture et la laïcisation des écoles, la levée et la distribution du courrier, l’ouverture au public des musées et des bibliothèques, le fonctionnement des services des Monnaies et médailles, de l’Imprimerie nationale, des Poids et mesures, la collecte des impôts et taxes nécessaires au fonctionnement de ces services, au paiement de la solde des gardes nationaux, aux fabrications de guerre par les régies financières existantes et les avances de la Banque de France.

     

    Le Comité centrale de la garde nationale :

    ·   André Alavoine (1843-1909).

    ·   Jean Allemane (1843-1935). Franc-maçon.

    ·   Edouard Andignoux (1844-1885).

    ·   Armand Antoine Jules Arnaud (1831-1885).

    ·   Georges Arnold (1837-19012).

    ·   Adolphe Alphonse Assi (1841-1886). Franc-maçon.

    ·   Audoynard ;

    ·   Jules Avoine (1832- ?).

    ·   Jules Nicolas André Babick (1820-1902). Il portait en sautoir le collier d’un ordre maçonnique. Opposant au Comité de salut public.

    ·   Badois

    ·   Baroud ;

    ·   Jules Henri Marius Bergeret (1830-1905). Franc-maçon.

    ·   Stanislas Xavier Pourille dit Blanchet (1833- ?).

    ·   David Boison ;

    ·   Bouit

    ·   Boursier

    ·   Cadaze

    ·   Claude Romain Capellaro (1826-1899).

    ·   Castioni

    ·   Henri Chouteau (1834-1896).

    ·   Hyppolite Adolphe Clémence dit Roussel (1838-1889).

    ·   Lucien Louis Joseph Combatz (1837-1887).

    ·   Courty ;

    ·   Clovis Joseph Dupont (1830-1902).

    ·   Jacques Louis Durand (1817-1871).

    ·   Dutil

    ·   Emile Hector Duval (1840-1871).

    ·   Emile François Désiré Eudes (1843-1888). Franc-maçon.

    ·   François Fabre (1819-1892).

    ·   Ferrat

    ·   Fleury

    ·   Fougeret

    ·   Frontier

    ·   Jean Baptiste Hubert Géresme, dit Hubert (1828-1890).

    ·   Grélier

    ·   Gritz

    ·   J. Grolard

    ·   Henry Sixte-Casse, dit Fortuné Henry (1821-1882). Franc-maçon.

    ·   Lucien Félix Henry (1850-1896).

    ·   Victor Charles Jaclard (1840-1903). Franc-maçon.

    ·   Josselin

    ·   François Jourde (1843-1893). Franc-maçon.

    ·   Lagarde

    ·   Laroque

    ·   Gilbert Lavalette (1829-1905).

    ·   Maxime Lisbonne (1839-1905).

    ·   Alphonse Nicolas Sébastien Joseph Lonclans (1836- ?).

    ·   Charles Ernest Lullier (1838-1891).

    ·   Charles Maljournal (1841-1894).

    ·   Marcand

    ·   Masson

    ·   Matté

    ·   Léo Melliet (1843-1909).

    ·   Edouard Auguste Moreau (1836-1871).

    ·   Henri Joseph Mortier (1843-1894).

    ·   François Hosteins Léoplod Charles Ostyn (1823-1912).

    ·   Piconel

    ·   Jean Louis Pindy (1840-1907).

    ·   Henri Place (1847- ?). Franc-maçon.

    ·   Pouchain

    ·   Gabriel Ranvier (1828-1879). Franc-maçon.

    ·   Rousseau

    ·   Tessier

    ·   Louis Eugène Varlin (1839-1871).

    ·   Weber

    TOTAL : 65 membres dont 9 francs-maçons.

    Le Conseil de la Commune :

    79 membres, dont une trentaine d’ouvriers et « artisans ».

    ·   Jean Allemane (1843-1935). Franc-maçon.

    ·   Jules Allix (1818-1897).

    ·   Charles Amouroux (1843-1885).

    ·   Jules Louis Andrieu (1838-1884). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Antoine Arnaud (1831-1885).

    ·   Georges Arnold (1837-1912). Minorité.

    ·   Arthur Arnould (1833-1895). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Jean Baptiste Joseph Charles Arnould (1847-1904).

    ·   Adolphe Assi (1841-1886). Franc-maçon.

    ·   Augustin Avrial (1840-1904). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Jules Babick (1820-1902). Il portait en sautoir le collier d’un ordre maçonnique. Opposant au Comité de salut public.

    ·   Barré.

    ·   Jules Bergeret (1830-1905). Franc-maçon.

    ·   Charles Beslay (1795-1878). Franc-maçon. Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Alfred Edouard Billioray (1841-1876).

    ·   Stanislas Xavier Pourille, dit Blanchet (1833- ?).

    ·   Louis Auguste Blanqui (1805-1881). Franc-maçon.

    ·   Louis Alfred Briosne (1825-1873).

    ·   Paul Magloire Antoine Brunelle, dit Paul Antoine Brunel (1830-1904).

    ·   Louis Denis Chalain (1845-1885).

    ·   Henri Jean Louis Champy (1846-1902).

    ·   Jean Baptiste Chardon (1839-1898).

    ·   Adolphe Clémence dit Roussel (1838-1889). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Jean Baptiste Clément (1836-1903). Franc-maçon.

    ·   Emile Léopold Clément (1826-1881).

    ·   Victor Clément (1824- ?). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Gustave Paul Cluseret (1823-1900).

    ·   Gustave Courbet (1819-1877). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Frédéric Constant Etienne Cournet (1837-1885).

    ·   De Bouteiller.

    ·   Louis Charles Delescluze (1809-1871).

    ·   Antoine Mathieu Demay (1822-1884). Franc-maçon, après la Commune.

    ·   Simon Dereure (1838-1900). Franc-maçon, après la Commune.

    ·   Baptiste Descamps (1836-peut-être 1873).

    ·   Clovis Joseph Dupont (1830-1902).

    ·   Jean Martial Anthime Dupont (1841- vers 1890).

    ·   Jacques Louis Durand (1817-1871).

    ·   Emile Duval (1840-1871).

    ·   Emile Eudes (1843-1888). Franc-maçon.

    ·   Théophile Ferré (1846-1871).

    ·   Léo Fränkel (1844-1896). Minorité.

    ·   Charles Gambon (1820-1887).

    ·   Charles Hyppolite Louis Gérardin (1843-1921).

    ·   Eugène François Gérardin (1827- ?). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Jean Baptiste Hubert Géresme, dit Hubert (1828-1890).

    ·   Edmond Alfred Goupy ou Goupil (1838-1919).

    ·   Paschal Grousset (1844-1909).

    ·   Henry Sixte-Casse, dit Fortuné Henry (1821-1882). Franc-maçon.

    ·   Jules Paul Johannard (1843-1888). Franc-maçon.

    ·   François Jourde (1843-1893). Franc-maçon. Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Camille Pierre Langevin (1843-1913). Opposant au comité de salut public ; Minorité.

    ·   Charles François Ledroit (1818- ?).

    ·   Gustave Lefrançais (1826-1901). Franc-maçon. Opposant au comité de salut public ; Minorité.

    ·   Ernest François Lefèvre (né en 1837).

    ·   Edmond Adolphe Lepelletier de Bouhélier, dit Edmond Lepelletier (1846-1913). Franc-maçon.

    ·   Maxime Lisbonne (1839-1905).

    ·   Charles Martin Loiseau-Pinson (1815-1876).

    ·   Alphonse Nicolas Sébastien Joseph Lonclans (1836- ?).

    ·   Charles Longuet (1839-1903). Franc-maçon. Opposant au comité de salut public ; Minorité.

    ·   Benoît Malon (1841-1893). Franc-maçon. Opposant au comité de salut public ; Minorité.

    ·   Pierre Joseph Henri Marmottan (1832-1914). Franc-maçon.

    ·   Jules Martelet (1843-1916).

    ·   Jules Méline (1838-1925).

    ·   Léo Melliet (1843-1909).

    ·   Jules Miot (1809-1883).

    ·   Charles Betrtrand Murat (1818-1897).

    ·   André Nast ;

    ·   François Hosteins Léoplod Charles Ostyn (1823-1912). Opposant au comité de salut public ; Minorité.

    ·   Joseph Emile Oudet (1826-1919).

    ·   Pierre Ulysse Parent (1828-1880). Franc-maçon.

    ·   François Louis Parisel (1841-1878).

    ·   Jean Philippe Fenouillas, dit Philippe (1830-1873).

    ·   Jean Jacques Pillot (1808-1877).

    ·   Jean Louis Pindy (1840-1907). Opposant au comité de salut public ; Minorité.

    ·   Pothier

    ·   Eugène Pottier (1816-1887). Franc-maçon.

    ·   Eugène Louis Charles Protot (1839-1921). Franc-maçon.

    ·   Alfred Ernest Puget (1836- ?).

    ·   Félix Pyat (1810-1889). Franc-maçon.

    ·   Arthur Ranc (1831-1908). Franc-maçon.

    ·   Gabriel Ranvier (1828-1879). Franc-maçon.

    ·   Barthélémi Paul Emile Philémon Rastoul (1835-1875). Opposant au Comité de salut public.

    ·   Dominique Théophile Régère (1816-1893).

    ·   Raoul Rigaud (1846-1871). Franc-maçon.

    ·   Jean François Eugène Robinet (1825-1899).

    ·   Louis Augustin Rogeard (1820-1896).

    ·   Auguste Serrailler (1840-1872). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Auguste Sicard (1839- ?).

    ·   Alfred Frédéric Félix Theisz (1839-1881). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Edme Marie Gustave Tridon (1841-1871).

    ·   Alexis Trinquet (1835-1882).

    ·   Raoul Urbain (1837-1902).

    ·   Edouard Vaillant (1840-1915).

    ·   Jules Vallès (1832-1885). Franc-maçon. Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Eugène Varlin (1839-1871). Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Augustin Verdure (1825-1873).

    ·   Auguste Vermorel (1841-1871). Franc-maçon. Opposant au Comité de salut public. Minorité.

    ·   Pierre Vésinier (1826-1909).

    ·   Auguste Vincent Pompée Viard (1836-1892).

    TOTAL : 98 conseillers dont 26 ou 27 francs-maçons.

    Le Conseil de la Commune : Elections du 26 mars 1871.

    91 conseillers.  

    1. Premier arrondissement (Louvre) : Adam, Melin, Rochard, Barré.

    2.     Deuxième arrondissement (Bourse) : Brélay, Loiseau, Tirard, Chéron.

    3.     Troisième arrondissement (Temple) : Demay, Arnaud, Pindy, Murat, Dupont.

    4.     Quatrième arrondissement (Hôtel-de-Ville) : Arthur Arnould, Lefrançais, Clémence, Gérardin, Amouroux.

    5.     Cinquième arrondissement (Panthéon) : Régère, Jourde, Tridon, Blanchet, Ledroy.

    6.     Sixième arrondissement (Luxembourg) : Leroy, Goupil, Robinet, Beslay, Varlin (élu dans les 17° et 12°).

    7.     Septième arrondissement (Palais-Bourbon) : Parizel, Lefèvre, Urbain, Brunel.

    8.     Huitième arrondissement (Elysée) : Raoul Rigault, Vaillant, Arthur Arnould, Alix.

    9.     Neuvième arrondissement (Opéra) : U. Parent, Desmarets, E. Ferry, Nast.

    10.  Dixième arrondissement (Enclos Saint-Laurent) : Gambon, Félis Pyat, Henri Fortuné, Champy, Babick, Rastoud.

    11.   Onzième arrondissement (Popincourt) : Mortier, Delescluze (élu dans le 19°), Assi, Protot, Eudes, Avrial, Verdure.

    12.  Douzième arrondissement (Reuilly) : Varlin (élu dans le 17° et le 6°), Geresme, Theisz (élu dans le 18°), Fruneau.

    13.  Treizième arrondissement (Gobelins) : Léo Meillet, Duval, Chardon, Frankel.

    14.  Quatorzième arrondissement (Observatoire) : Billioray, Martelet, Decamp, Ducoudray.

    15.  Quinzième arrondissement (Vaugirard) : Clément, L. Vallès, Langevin.

    16.  Seizième arrondissement (Passy) : Marmottan, Du Bouteiller.

    17.  Dix-septième arrondissement (Batignolles-Monceau) : Varlin, Clément, Ch. Gérardin, Chalin, Malon.

    18.  Dix-huitième arrondissement (Butte-Montmartre) : Blanqui, Theisz, Dereure, Clément, Ferré, Vermorel, P. Grousset.

    19.  Dix-neuvième arrondissement (Butte-Chaumont) : Oudet, Puget, Delescluze (élu dans le 11°), J. Miot, Ostyn, Flourens.

    20.                  Vingtième arrondissement (Ménilmontant) : Bergeret, Ranvier, Flourens, Tridon.

     

    Les citoyens suivants se sont démis des fonctions de membre de la Commune : Adam, Méline, Rochart, Barré, Loiseau, Tirard, Chéron, Leroy, Robinet, Desmarest, Ferry, Nast, Fruneau, Marmottan, De Bouteiller.

    Des options ont été exercées par les citoyens suivants : A. Arnould, Varlin, Delescluze, Theisz et Blanqui.

     

    En conséquence, des élections complémentaires sont prévues pour élire 19 conseillers :

    ·   1° arrondissement : 4 : Vésinier, Cluseret, Pillot, Andrieu.

    ·   2° arrondissement : 4 : Pothier, Serrailler, Durand, Johannard.

    ·   6° arrondissement : 2 : Courbet, Rogeard.

    ·   7° arrondissement : Sicard.

    ·   8° arrondissement : 1 : Pas d’élu.

    ·   9° arrondissement : Briosne.

    ·   12° arrondissement : 2 : Philippe, Lonclas.

    ·   16° arrondissement : 2 : Longuet.

    ·   17° arrondissement : 1 : Dupont.

    ·   18° arrondissement : 2 : Cluseret, Arnold.

    ·   19° arrondissement : Menotti Garibaldi. 1

    ·   Vingtième arrondissement : Viard, Trinquet.

     

    Sont créées neuf commissions qui correspondent à des ministères, chapeautées par une commission exécutive.

    La commission exécutive, à l’origine nommée pour un mois et composée de Le français, Duval, Pyat, Bergeret, Tridon, Eudes et Vaillant, fait appliquer les décrets de la Commune et les décisions des autres commissions.

    Les commissions, de la Commune, souvent remaniées, furent ainsi primitivement composées :

    ·   Commission militaire (Guerre) : Delescluze, Tridon, Avrial, Arnold, Ranvier.

    ·   Commission des Finances : Beslay, Billioray, Victor Clément, Lefrançais, Félix Pyat.

    ·   Commission de la Sûreté générale (Police) : Cournet, Vermorel, Ferré, Trinquet, Dupont.

    ·   Commission de l’Enseignement : Courbet, Verdure, Jules Miot, Vallès, J. B. Clément.

    ·   Commission des Subsistances : Varlin, Parisel, Victor Clément, Arthur Arnould, Champy.

    ·   Commission de la Justice : Cambon, Dereure, Clémence, Langevin, Durand.

    ·   Commission du Travail, Industrie et Echange : Theisz, Malon, Serailler, Ch. Longuet, Chalin.

    ·   Commission des Relations extérieures : Léo Meillet, Ch. Gérardibn, Amouroux, Johannard, Vallès.

    ·   Commission des Services publics : Ostyn, Vesinier, Rastoul, Antoine, Arnaud, Poitier.

     

    Organisation des commissions le 30 mars 1871 :

    ·   Commission exécutive : Eudes, Tridon, Vaillant, Lefrançais, Duval, Félix Pyat, Bergeret.

    ·   Commission des finances : Victor Clément, Varlin, Jourde, Beslay, Régère.

    ·   Commission militaire : Pindy, Eudes, Bergeret, Duval, Chardon, Flourens, Ranvier.

    ·   Commission de la justice : Ranc, Protot, Léo Mellet, Vermorel, Ledroit, Babick.

    ·   Commission de la sûreté générale : Raoul Rigault, Ferré, Assy, Cournet, Oudet, Chalain, Gérardin.

    ·   Commission des subsistances : Dereure, Champy, Ostyn, Clément, Parizl, Emile Clément, Fortuné Henry.

    ·   Commission du travail – industrie et échange : Malon, Frankel, Theisz, Dupont, Avrial, Loiseau-Pinson, Eug. Gérardin, Puget.

    ·   Commission des relations extérieures : Delescluze, Ranc, Paschal Grousset, Ulysse Parent, Arthur Arnauld, Ch Girardin.

    ·   Commission des services publics : Ostyn, Billioray, Clément (J.-B.), Mardet, Mortier, Rastoul.

    ·   Commission de l’enseignement : Jules Vallès, Docteur Goupil, Lefèvre, Urbain, Albert Leroy, Verdure, Demay, Docteur Robinet, Miot.

     

    DELEGATIONS :*

    ·   Guerre : Cluseret

    ·   Finances : Jourde

    ·   Subsistances : Viard

    ·   Relations extérieure : Paschal Grousset

    ·   Enseignement : Vaillant

    ·   Justice : Protot

    ·   Sûreté générale : Raoul Rigaud

    ·   Travail et échanges : Fraenkel

    ·   Services publics : Andrieu.

     

    La Commission fédérale des artistes :

    ·   Peintres : Bouvin, Corot, Courbet, Daumier, Arnaud, Dursée, Hyppolite Dubois, Feyen, Perrio, Armand Gauthier, Gluck, Jules Hereau, Lançon, Eugène Leroux, Edouard Manet, François Millet, Oulevay, Pichio.

    ·   Sculpteurs : Becquet, Agénor Chapuy, Dalou, Lagrange, Edouard Lindenchet, Moreau, Vauthier, Hippolyte Moulin, Othin, Portevin, Debleyer.

    ·   Architectes : Boileau fils, Delbrouck, Nicolle, Achille Oudinot, Raulin.

    ·   Graveurs lithographes : Georges Bellanger, Bracquement, Flameng, André Gill, Huot, Pothey.

    ·   Artistes industriels : Emile Aubin, Boudieu, Chabert, Chesneau, Fuzier, Meyer, Ottin fils, Eugène Pottier, Ranber, Rester.

     

    Comité de Salut Public :

     

    Le 28 avril le vieux « jacobin », Jules Miot, propose la création d’un Comité de Salut Public. Le 1° mai, par 45 voix contre 23, la proposition de Miot est adoptée. Il est composé d’Antoine Arnaud, de Léo Melliet, de Gabriel Ranvier, de Félix Pyat et de Charles Gérardin. Le 8 mai, Gérardin, Melliet et Pyat sont remplacé par Gambon, Eudes et Delescluze. Ce dernier, nommé délégué à la Guerre, laisse sa place à Billioray.

     

    CITATIONS SUR LA COMMUNE DE PARIS

    Léonide Babaud-Laribière : Grand Maître du Grand Orient de France, dans une Circulaire du 1° août 1871, publiée dans le Bulletin officiel du Grand Orient :

    Il qualifie le mouvement communard de « criminelle sédition qui a épouvanté l’univers, en couvrant Paris de sang et de ruines ».

    « Il n’y a aucune solidarité entre ses [du Grand Orient] doctrines et celles de la Commune, et que si quelques hommes indignes du nom de maçons ont pu tenter de transformer notre bannière pacifique en drapeau de guerre civile, le Grand Orient les répudie comme ayant manqué à leurs devoirs les plus sacrés. ».

     

    Auguste Bebel : Député au Reichstag allemand, dans un discours :

    « Soyez-en persuadés, tout le prolétariat européen et tout ce qui porte encore dans sa poitrine un sentiment d’indépendance et de liberté a les yeux tournés vers Paris. Et quoique, dans le moment, Paris soit écrasé, je vous rappelle que la lutte dans Paris n’est qu’un petit combat d’avant-postes, que le principal nous attend encore en Europe, et qu’avant qu’aient passé quelques dizaines d’années, le mot d’ordre du prolétariat parisien : Guerre aux châteaux, paix aux chaumières ! Mort à la misère et à l’oisiveté ! Sera le cri de guerre du prolétariat européen tout entier.

     

    Catulle Mendès : Adversaire de la Commune, il a aussi protesté contre les bombardements des Versaillais :

    « Les balles et les obus des Versaillais ne se contentent pas de tuer des combattants et de battre en brèche les forts et les remparts. Ils tuent des femmes, des enfants, des gens qui passent… Paris bombardé ! Prenez garde, Messieurs de l’Assemblée nationale ! Ce que les prussiens ont fait, il serait aussi infâme qu’imprudent de le refaire ».

    Les 73 jours de la Commune.

     

    Maria Deraismes :

    « L’infériorité des femmes n’est pas un fait de la nature, c’est une invention humaine, c’est une fiction sociale ».

     

    Maxime Ducamp (ou Du Camp) (Les Convulsions de Paris)

    « Le sexe faible fit parler de lui, et pour faire suite au Mérite des femmes, on pourrait écrire un livre curieux : Du rôle des femmes pendant la Commune. Le récit de leurs sottises devrait tenter le talent d'un moraliste ou d'un aliéniste. Elles avaient lancé bien autre chose que leur bonnet par-dessus les moulins ; tout le costume y passa. Celles qui se donnèrent à la Commune - et elles furent nombreuses - n'eurent qu'une seule ambition : s'élever au-dessus de l'homme en exagérant ses vices. Elles furent mauvaises. Utilisées par la police des Rigault et des Ferré, elles se montrèrent impitoyables dans la recherche des réfractaires qui se cachaient pour ne point servir la Commune. Comme "ambulancières", elles abreuvèrent les blessés d'eau-de-vie, sous prétexte de les "remonter", et poussèrent dans la mort bien des malheureux qu'une simple médication aurait guéris. Dans les écoles où elles s'installèrent, elles apprirent aux petits enfants à tout maudire, excepté la Commune. Du haut de la chaire des églises converties en clubs, elles se dévoilèrent ; de leur voix glapissante, au milieu de la fumée des pipes, dans le bourdonnement des hoquets, elles demandèrent "leur place au soleil, leurs droits de cité, l'égalité qu'on leur refuse" et autres revendications indécises qui cachent peut-être le rêve secret qu'elles mettaient volontiers en pratique : la pluralité des hommes. [...] Ces évadées du dispensaire parlaient de Jeanne d'Arc, et ne dédaignaient pas de se comparer à elle. La Commune, sans trop s'en douter, aida à ce soulèvement féminin qui vidait les maisons à gros numéro au détriment de la santé publique et au profit de la guerre civile ».

    Voir Les Écrivains contre la Commune, Paul Lidsky, Maspéro, 1970.

     

    Maxime Du Camp décrit ainsi, de façon délirante, Florence Wandeval, Anne-Marie Ménard et Aurore Machu :

    « Trois sinistres femelles animaient, enfiévraient les hommes, embrassaient les pointeurs et faisaient preuve d’une impudeur qui ne redoutait pas le grand jour. (…) La Machu, la Ménard, la Vandeval, en sueur, les vêtements débraillés, la poitrine presque nue, passaient d’homme en homme, et criaient parfois : A boire !... »

    Description d’Anne-Marie Ménard :

    « Je n’ai jamais vu une laideur pareille à la sienne. Brune, l’œil écarquillé, les cheveux ternes et sales, le visage tout prolé de tâches de rousseur, la lèvre mince et le rire bête, elle avait je ne sais quoi de sauvage qui rappelait l’effarement des oiseaux nocturnes subitement placés au soleil… ».

    Convulsions de paris, III, pages 113-114.

     

    Alexandre Dumas fils

    À propos du peintre Gustave Courbet (communard) :

    « De quel accouplement fabuleux d'une limace et d'un paon, de quelles antithèses génésiaques, de quel suintement sébacé peut avoir été générée cette chose qu'on appelle Gustave Courbet ? Sous quelle cloche, à l'aide de quel fumier, par suite de quelle mixture de vin, de bière, de mucus corrosif et d'œdème flatulent a pu pousser cette courge sonore et poilue, ce ventre esthétique, incarnation du Moi imbécile et impuissant ».

    Le même Dumas fils à propos des femmes de la Commune :

    « Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes à qui elles ressemblent— quand elles sont mortes ».

     

    Friedrich Engels :

    « Le philistin allemand entre toujours dans une sainte terreur, au mot : dictature du prolétariat. Voulez-vous savoir, messieurs, ce que veut dire cette dictature ? Regardez la Commune de Paris. Voilà la dictature du prolétariat. »

    (Londres, le 20 anniversaire de la Commune, 18 mars 1891).

     

    Anatole France

    « Enfin le gouvernement du crime et de la démence pourrit à l'heure qu'il est dans les champs d'exécution ».

     

    Gustave Flaubert

    « Je trouve qu'on aurait dû condamner aux galères toute la Commune et forcer ces sanglants imbéciles à déblayer les ruines de Paris, la chaîne au cou, en simples forçats. Mais cela aurait blessé l'humanité. On est tendre pour les chiens enragés, et point pour ceux qu'ils ont mordus ».

     

    Théophile Gautier (dans ses Tableaux de siège) :

    Il évoque cette « population immonde, inconnue au jour, et qui grouille sinistrement dans les profondeurs des ténèbres souterraines », pour conclure : « Un jour il advient ceci que le belluaire distrait oublie ses clés aux portes de la ménagerie, et les animaux féroces se répandent par la ville épouvantée avec des hurlements sauvages. Des cages ouvertes s’élancent les hyènes de 93 et les gorilles de la Commune. »

     

    Edmond de Goncourt (Journal)

    « A toutes les fenêtres, les drapeaux tricolores ; sur toutes les voitures, des drapeaux tricolores. Les soupiraux de cave de toutes les maisons fermés et maçonnés. Sur les pavés qu'on replace, l'essaim des Parisiens, reprenant en habits de voyage la possession de leur ville. C'est bon. Il n'y a eu ni conciliation ni transaction. La solution a été brutale. Ç'a été de la force pure. La solution a retiré les âmes des lâches compromis. La solution a redonné confiance à l'armée, qui a appris, dans le sang des communeux, qu'elle était encore capable de se battre. Enfin, la saignée a été une saignée à blanc ; et les saignées comme celle-ci, en tuant la partie bataillante d'une population, ajournent d'une conscription la nouvelle révolution. C'est vingt ans de repos que l'ancienne société a devant elle, si le pouvoir ose tout ce qu'il peut oser en ce moment ».

    Journal, mercredi 31 mai 1871.

     

    Jules Guesde :

    « … Toute la Révolution du dix-huit mars est dans ce fait : la bourgeoisie, toutes les fractions de la bourgeoisie chassées du gouvernement, le gouvernement pris en main par le prolétariat parisien.

    Peu importe l’usage qu’ont pu faire de ce pouvoir, dans des circonstances exceptionnellement difficiles, les travailleurs non préparés, n’ayant ni but ni méthode.

    Peu importe qu’imbus des idées bourgeoises sur la propriété, ils aient organisé eux-mêmes leur défaite en « respectant » la Banque de France.

    Peu importe qu’égarés par d’autres idées non moins bourgeoises, négligeant le véritable et unique ennemi : le capitalisme, pour un adversaire de fantaisie : le cléricalisme, ils aient pris leurs otages dans les archevêchés et les sacristies, alors qu’ils avaient Rothschild au bout de leur mandat d’amener.

    Peu importe qu’ayant à venger leurs assassinés d’avril et de mai, le fusil de leurs représailles se soit trompé de cible, perdant ses balles de désespoir dans la carcasse de « quelques obscurs jésuites », lorsque patrons et financiers traînaient par les rues à la douzaine.

    Toutes ces fautes – qui ne se répéteraient pas aujourd’hui – disparaissent devant et dans cet événement qui est un avènement : la classe dépossédée maîtresse pendant deux mois de l’outil de toutes les transformations sociales, l’Etat.

    C’est cette conquête – malheureusement provisoire – de l’Etat par les prolétaires de Paris que nous fêtons et que fête avec nous le prolétariat du monde entier, internationalement d’accord pour placer dans l’expropriation politique de la classe politique le secret et l’instrument de son expropriation économique. »

     

    Victor Hugo

    Victor Hugo n’est pas communard:

    “Ce que représente la Commune est immense, elle pourrait faire de grandes choses, elle n’en fait que de petites. Et des petites choses qui sont des choses odieuses, c’est lamentable. Entendons-nous, je suis un homme de révolution. J’accepte donc les grandes nécessités à une seule condition : c’est qu’elles soient la confirmation des principes et non leur ébranlement. Toute ma pensée oscille entre ces deux pôles : « civilisation-révolution ». La construction d’une société égalitaire ne saurait découler que d’une recomposition de la société libérale elle-même. »

    Actes et paroles, Depuis l’exil.

    Il ne soutient pas non plus la réaction d’Adolphe Thiers.

    Devant la répression qui s’abat sur les communards, le poète dit son dégoût :

    « Des bandits ont tué soixante-quatre otages. On réplique en tuant six mille prisonniers »

     

    Lénine :

    « Pour qu’une révolution sociale puisse triompher, deux conditions au moins sont nécessaires : des forces productives hautement développées et un prolétariat bine préparé. Mais en 1871 ces deux conditions faisaient défaut. Le capitalisme était encore peu développé et la France était surtout un pays de petite bourgeoisie ‘artisans, paysans, boutiquiers, etc.). Il n’existait pas de parti ouvrier ; la classe ouvrière n’avait ni préparation ni long entraînement et, dans sa masse, elle n’avait même pas une idée très claire de ses tâches et des moyens de les réaliser. Il n’y avait ni sérieuse organisation politique du prolétariat, ni syndicats et associations coopératives de masse. » Dans A la mémoire de la Commune, in La Commune de Paris, pages 18-19.

    « Se souvenant des enseignements de la Commune, il [le prolétariat russe] savait que le prolétariat ne doit pas négliger les moyens de lutte pacifiques – ces derniers servent ses intérêts quotidiens et sont indispensables en période de préparation de la révolution – mais qu’il ne doit pas oublier non plus que dans certaines circonstances la lutte de classe se transforme en lutte armée et en guerre civile : il est des moments où les intérêts du prolétariat exigent l’extermination implacable de ses ennemis dans des combats déclarés ». La Commune de Paris, page 14.

     

    Marx et la Commune :

    Marx : « Les principes de la Commune sont éternels et ne peuvent être détruits. Ils resurgiront toujours de nouveau jusqu’à ce que la classe ouvrière soit émancipée. »

    Le prolétariat pouvait, certes, faire une révolution sans être bien organisé ni conduit par un parti puissant, mais il ne pouvait vaincre dans ces conditions.

    « Pour qu’au jour de la décision, le prolétariat soit assez fort pour VAINCRE, il est nécessaire qu’il se constitue en un Parti autonome, un parti de classe conscient, séparé des autres. C’est ce que Marx et moi nous avons cessé de défendre depuis le Manifeste de 1848. » (Engels à G. Trier, le 18 décembre 1889).

    Marx : « Le Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d’une société nouvelle. Le souvenir des martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière. Ses exterminateurs, l’histoire les a déjà cloués à un pilori éternel, et toutes les prières de leurs prêtres n’arriveront pas à les libérer. » (La Guerre civile en France).

    Engels : « Regardez la Commune de Paris. C’était la dictature du prolétariat. » (Préface de La Guerre civile en France).

    Marx : « Qu’après la plus terrible guerre des temps modernes, le vaincu et le vainqueur fraternisent pour massacrer en commun le prolétariat, cet événement inouï prouve non pas comme Bismarck le pense, l’écrasement définitif d’une nouvelle société montante, mais la désagrégation complète de la vieille société bourgeoise… ».

     

    Louise Michel

    « Cherchez, trouvez un appel au meurtre, au pillage, une ligne cruelle dans ces journaux communeux, chauffés par la bataille et comparez maintenant avec les feuilles versaillaises qui demandent les fusillades de masse dès que les troupes auront vaincu Paris. (…) M. Thiers fait tirer sur les ambulances de la Commune. Il a répondu aux protestations de la Société internationales de secours aux blessés : « La Commune n’ayant pas adhéré à la convention de Genève, le Gouvernement de Versailles n’a pas à l’observer. » ».

    Les consignes de Versailles : « Pas de prisonniers ! Si dans le tas il se trouve un honnête homme réellement entraîné de force, vous le verrez bien dans ce moment-là. Un honnête homme se distingue par son auréole ; accordez aux braves soldats la liberté de venger leurs camarades en faisant sur le théâtre et dans la rage même de l’action ce que le lendemain ils ne voudraient pas faire de sang-froid. »

    (Les communeux) « Ils seront vengés ensemble à la grande révolte, le jour où sur un front de bataille large comme le monde, l’émeute se lèvera. »

    « Plus de 10000 femmes aux jours de mai, éparses ou ensemble, combattaient pour la liberté ».

    « Habitants de Paris,

    L’armée de la France est venue vous sauver ! Paris est délivré, nos soldats ont enlevé en quatre heures les dernières positions occupées par les insurgés. Aujourd’hui la lutte est terminée, l’ordre, le travail, la sécurité vont renaître.

    Le maréchal de France commandant en chef

    Mac-Mahon, duc de Magenta. »

    « 100000 ouvriers disparus de Paris ». Donc, officiellement, selon Versailles : 35000 morts. Selon Louise Michel, peut-être 100000.

    « Plutôt cent mille que trente-cinq mille cadavres furent étendus en une Morgue immense dans le cadre de pierre de fortifications. »

    La Commune. Stock.

     

    Arthur Rimbaud :

    Dans les « Mains de Jeanne-Marie », il rend hommage aux communardes :

    « Elles ont pâli, merveilleuses,

    Au grand soleil d’amour chargé,

    Sur le bronze des mitrailleuses

    A travers Paris insurgé ! ».

     

    George Sand à propos des fusillades par les Versaillais :

    « Les exécutions vont leur train. C’est juste et nécessaire. ».

     

    Francisque Sarcey :

    « La bourgeoisie se voyait, non sans une certaine mélancolie, entre les Prussiens qui lui mettaient le pied sur la gorge, et ceux qu’elle appelait les rouges et qu’elle ne voyait qu’armés de poignards. Je ne sais de ces deux maux lequel lui faisait  le plus peur : elle haïssait plus l’étranger, mais elle redoutait davantage les Bellevillois. ».

     

    Adolphe Thiers :

    « Quoi ! Imaginer que des ouvrages de fortification quelconque peuvent nuire à la liberté et à l’ordre, c’est se placer hors de toute réalité. Et d’abord, c’est calomnier un gouvernement quel qu’il soit de supposer qu’il puisse un jour chercher à se maintenir en bombardant la capitale. Quoi ! Après avoir percé de ses bombes la voûte des Invalides ou du Panthéon, après avoir inondé de ses feux la demeure de vos familles, il se présenterait à vous pour vous demander la confirmation de son existence ! Mais il serait cent fois plus impossible après la victoire qu’auparavant ! ».

    (Discours quand la Chambre des députés discutait en 1840 la loi sur les fortifications).

     

    Maurice Thorez Fils du peuple, page 126 :

    « La monarchie de Juillet fut renversée en février 1848 par le prolétariat parisien, uni à la petite et moyenne bourgeoisie. Mais bientôt la réaction réussit à dresser les paysans et les boutiquiers contre les prolétaires. Au nom de l’ « ordre », la grande bourgeoisie écrasa le prolétariat au cours des journées de juin. Une fois le terrain déblayé, elle s’attaqua à toutes les conquêtes de la République, et le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte s’installait au pouvoir, sur les ruines de la démocratie.

    La Commune de Paris se laissa, elle aussi, isoler de la paysannerie française. Ses valeureux combattants furent massacrés par une armée de « ruraux », excités contre les « partageux » de la grande ville. »

     

    Jules Vallès

    Dans l’Insurgé, les gueux « ont pris les armes pour être libres, et pour qu’on ne crevât plus de faim… malgré le travail ou faute de travail. »

     

    Emile Zola

    « Le bain de sang que [le peuple de Paris] vient de prendre était peut-être d'une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. Vous le verrez maintenant grandir en sagesse et en splendeur ». Ecrit le 3 juin 1871 dans le Sémaphore de Marseille.

    Dans sa nouvelle, Jacques Damour, parue en 1884, Zola donne l’image du communard comme étant quelqu’un qui abuse le peuple. Type même de l’ouvrier qualifié de la capitale, Jacques Damour, ciseleur sur métaux, faisant vivre honnêtement sa famille, se laisse entraîner dans la Commune par un homme fainéant et profiteur, Berru. A la différence de Berru, qui prend la fuite au bon moment, Damour combat sur les barricades jusqu’au dernier jour, et est condamné à la déportation. Damour est l’exemple du bon ouvrier victime des conditions de vie et de l’atmosphère du siège ; c’est alors qu’il se met à écouter Berru et à parler politique, qu’il commence à devenir l’exalté qu’il restera jusqu’aux derniers combats.

     

    L’ŒUVRE DE LA COMMUNE : DES VALEURS PARTAGEES

    Les deux objectifs les plus urgents, si la Commune voulait triompher, étaient :

    ·   L’appui indispensable de la province ;

    ·   La lutte contre l’armée de Versailles.

     

    Premières mesures de la Commune :

    ·        Suppression de la vente des objets du Mont-de-piété ; les objets déposés au Mont-de-piété pour moins de 25 francs furent rendus.

    ·        Abolition du budget des cultes ;

    ·        Confiscation des biens de main morte ;

    ·        Pensions alimentaires pour les fédérés blessés en combattant, réversibles à la femme, légitime ou non, à l’enfant, reconnu ou non, de tout fédéré tué en combattant ;

    ·        La femme qui demandait contre son mari la séparation de corps, appuyée par des preuves valables, avait droit à une pension alimentaire ;

    ·        La procédure ordinaire était abolie et l’autorisation donnée aux parties de se défendre elles-mêmes ;

    ·        Interdiction de perquisitionner sans mandat régulier ;

    ·        Interdiction du cumul de traitement (le 4 mai) et le maximum des traitements fixé à 6000 francs par an, réduisant ainsi considérablement l’écart dans la hiérarchie des salaires ; dans un rapport du 23 avril apparaît la très moderne notion de « minimum de rémunération ». Les salaires doivent être égaux pour un travail égal.

    ·        Les émoluments des membres de la Commune étaient de 15 francs par jour ;

    ·        Election des magistrats, l’organisation du jury et le jugement par ses pairs ;

    ·        On procéda immédiatement à la jouissance des ateliers abandonnés pour les sociétés de travail ;

    ·        Le traitement des instituteurs fut fixé à 2000 francs ;

    ·        Le renversement de la colonne Vendôme, symbole de force brutale, affirmation du despotisme impérial, fut décidé, ce monument étant attentatoire à la fraternité des peuples ;

    ·        Plus tard, afin de mettre un terme aux exécutions de prisonniers faites par Versailles, fut ajouté le décret sur les otages pris parmi les partisans de Versailles (ce fut en effet la seule mesure qui ralentit les tueries de prisonniers ; elle eut lieu tardivement, lorsqu’il devint impossible sans trahir de laisser égorger les fédérés prisonniers) ;

    ·        La Commune interdit les amendes dans les ateliers, abolit le secret politique et professionnel ;

     

    Démocratie directe, construire la démocratie républicaine à partir d’en bas. Auto administration et pouvoirs locaux à l’échelle des quartiers parisiens.

     

    LA LIBERTE, L’EGALITE, LA FRATERNITE :

    Sans attendre un quelconque ordre, les citoyens du XI° arrondissement décidèrent de procéder à la destruction des deux guillotines qu’ils avaient trouvées dans une annexe de la sinistre prison de la Roquette. Le 137° bataillon de la Garde nationale se chargea le 6 avril 1871 de cette tâche.

    L’idée des Communards était d’établir une justice égale pour tous. Cela signifie la gratuité. Furent supprimés le 23 avril la vénalité des offices. Le 16 mai est décrété la gratuité des actes.

    Protot : « Sans doute, le principe de l’élection des magistrats par le suffrage universel doit être la loi de l’avenir. »

    Deux réformes essentielles : la Commune fixe la limite des salaires les plus élevés à 6000 francs par an (décret du 2 mai) et abolit le serment politique (décret du 4 mai). Le premier décret a pour but la création d’un gouvernement « à bon marché », idée reprise par Lénine dans L’Etat et la révolution. Tout régime qui s’en écarte va vers la création d’une bureaucratie privilégiée, dont les membres ne tardent pas à constituer une nouvelle « classe » d’oppresseurs. Par ailleurs, la Commune voulait confier les postes clés de l’administration à des citoyens élus par le peuple, donc responsables devant lui et révocables par lui. Faute de temps, cette expérience décisive n’a pas pu être tentée.

    Par un décret du 28 avril 1871, la Commune supprime le système des amendes. Ce système, institué sous l’Empire, permettait de frapper les ouvriers pour retards, malfaçons, déplacements,…refus de dénonciation d’un camarade.

     

    Un des premiers soucis de la Commune, pouvoir ouvrier, a été de décréter l’instruction gratuite et obligatoire.

     

    Pour les membres de la Commune, être collectiviste (ou communiste), c’est vouloir la collectivisation des moyens de production, condition préliminaire à toute égalité sociale.

     

    LA LAÏCITE

    L’Eglise s’était liée avec l’Empire et elle en avait profité avec la loi Falloux pour multiplier le nombre des écoles confessionnelles.

    Aux yeux du peuple de Paris, l’Eglise était liée étroitement aux intérêts de la bourgeoisie.

     

    L’un des premiers décrets de la Commune, adopté à l’unanimité le 2 avril 1871, décida la séparation de l’Eglise et de l’Etat et supprima le budget des cultes.

    Edouard Vaillant, nommé délégué à l’Enseignement le 20 avril 1871, créa, huit jours plus tard, une commission chargée d’établir dans tous les arrondissements de Paris le même modèle d’enseignement intégral, primaire et professionnel, laïque et gratuit, incluant les arts et la culture pour tous, filles et garçons.

     

    LA DEMOCRATIE DIRECTE

    La Commune était avant tout un essai de démocratie directe. C’est ce qui faisait la force des communards : Ils étaient convaincus que la souveraineté ne se délègue pas, ne se représente pas, mais qu’elle s’exerce. Ils se sont dressés contre ce qui leur était inacceptable, se sont organisés eux-mêmes, souverainement, au sens le plus fort de ce terme.

    La souveraineté populaire est imprescriptible, inaliénable et indélégable. Les élus du peuple, parce qu’ils sont nantis d’un mandat impératif, sont désignés sous l’appellation de mandataires. Ils doivent être incessamment contrôlés et peuvent être révoqués à merci.

    Pierre Denis estimait qu’était révolue l’époque où le peuple était comme « un troupeau appelé à jour et heure fixes par ses gouvernants à voter sans abdication de tout pouvoir et de tout droit […]. « La souveraineté nationale étant dans le suffrage universel lui-même, [ce dernier] avait toujours le droit de se convoquer, c’est-à-dire que ce droit appartenait à tout groupe d’hommes qui avaient à consulter l’opinion sur une idée, sur un fait surtout, quand les événements sollicitaient et nécessitaient cette consultation. »

     

    Sous la Commune, des clubs s’ouvrirent un peu partout. Ils avaient un triple but : éducation, information et expression.

    Les décisions de la Commune étaient commentées au jour le jour et chacun pouvait les critiquer. La critique était sanctionnée par le vote d’une motion, qui était portée le lendemain à l’Hôtel de Ville. Ainsi les clubs exerçaient un contrôle sur l’Etat en le tenant au courant de la volonté populaire et en l’obligeant à en tenir compte.

     

    LES FEMMES :

    Un fait certain est la participation importante, massive, extraordinaire des femmes à la Commune. L’enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars le confirme : 1051 femmes furent déférées aux Conseils de guerre. D’autres, dont on ignorera toujours le nombre, furent tuées sur les barricades et dans les grands massacres de la Semaine sanglante de mai.

    En 1866, l’agriculture fait encore vivre la majorité des Français. Mais la mécanisation du travail pousse de plus en plus à l’exode rural. Les femmes constituent 33 % de la population active. C’est une population qui se concentre principalement dans les manufactures du vêtement, à domicile, en ateliers ou en usines. Mais elles travaillent aussi dans les mines ou le terrassement pour la construction du chemin de fer.

    A noter le rôle actif joué dans la Commune par les ouvriers et notamment par les ouvrières. Si cette classe a joué un rôle important lors de la révolution bourgeoise de 1789 (« Les bras nus »), c’est la première fois dans l’histoire que la classe ouvrière dispose, sur un bout de territoire, du pouvoir d’Etat, et qu’elle peut mettre en œuvre le modèle de société qu’elle porte en elle : le socialisme et la dictature du prolétariat. Le mariage légal et religieux est propre aux femmes de la bourgeoisie, et n’est pas la règle de la famille ouvrière, qui pratiquent le concubinage et l’union libre. L’habitude du peuple de Paris est de ne pas se marier ni à l’église, ni à la mairie, mais de pratiquer de fidèles « unions libres ».

    La Commune revendique l’égalité des droits de la femme par rapport à l’homme.

     

    RÖLE DES FEMMES :

    Importance des femmes dans la lutte : selon Louise Michel 10000 parisiennes ont participé de façon active à la Commune de Paris.

     

    Les femmes ont joué un rôle actif de bout en bout lors de la Commune. C’est pourquoi les historiens bourgeois ont cherché à salir leur réputation et leur image, en créant de toute pièce la légende des « pétroleuses ». Mais la réalité des faits est plus forte, et cette « légende » est devenue un objet de gloire supplémentaire, qui est venu encore enjoliver le rôle des femmes. On a également voulu faire d’elles des « dévergondées » du point de vue des mœurs, en mettant l’accent sur le fait que les femmes du peuple n’étaient pas, en général, mariées, mais vivaient en concubinage ,avec des enfants naturels. Il est certain que ces femmes héroïques ont rejeté avec force le mariage bourgeois, souvent hypocrite, lui substituant les liens de l’union libre, fondés sur l’amour et la romance véritables. 

     

    LES CAUSES DE L’ECHEC :

    ·   Désorganisation : division entre le comité central et le conseil communal

    ·   Faiblesses militaires : indiscipline

    ·   Manque d’initiative : la Banque de France.

    En 1881, Karl Marx reproche à la Commune de ne pas avoir pensé à réquisitionner la banque de France : « Outre qu’elle fut simplement le soulèvement d’une ville dans des circonstances exceptionnelles, la majorité de la Commune n’était nullement socialiste et ne pouvait l’être. Avec un tout petit peu de bon sens, elle eût cependant pu obtenir de Versailles un compromis favorable à toute la masse du peuple – seul objectif réalisable à l’époque. A elle seule, la réquisition de la Banque de France eût mis un terme aux rodomontades versaillaises. » (Lettre du 22 février 1881 de Karl Marx à Nieuwenhuis).

    Prosper-Olivier Lissagaray note : « Toutes les insurrections sérieuses ont débuté par saisir le nerf de l’ennemi, la caisse. La Commune est la seule qui ait refusé. Elle abolit le budget des cultes qui était à Versailles et resta extase devant la caisse de la haute bourgeoisie qu’elle avait sous la main. » (Histoire de la Commune de 1871, parue en 1876).

    La seule exigence de la Commune est d’obtenir de la Banque de France les avances qui lui permettent notamment d’assurer le paiement de la solde des gardes nationaux. A ce titre, la Commune reçoit 16.7 millions de francs : les 9.4 millions d’avoirs que la ville avait en compte et 7.3 millions réellement prêtés par la Banque. Au même moment, les Versaillais reçoivent 315 millions de francs du réseau des 74 succursales de la Banque de France !

    Engels : « Bien des choses ont été négligées que, selon notre conception d’aujourd’hui, la Commune aurait dû faire. Le plus difficile à saisir est certainement le saint respect avec lequel on s’arrêta devant les portes de la Banque de France. Ce fut d’ailleurs une lourde faute politique. La Banque aux mains de la Commune, cela valait mieux que dix mille otages. Cela signifiait toute la bourgeoisie française faisant pression sur le gouvernement de Versailles pour conclure la paix avec la Commune ». (Introduction à la réédition de La guerre civile en France en 1891).

     

    « La grande faute de tous ceux qui touchèrent de près ou de loin au ministère de la Guerre, de tous ceux qui trempèrent plus ou moins dans la direction des affaires militaires, ce fut de vouloir faire la guerre régulière, classique, de s’embourber jusqu’au cou dans l’ornière de la routine. On s’épuisa en vains efforts pour organiser des armées, des régiments, distribuer des commandements, enfanter des plans stratégiques. Pendant deux mois, on envoya aux remparts, aux forts, aux avant-postes, l’élite de la population révolutionnaire. Pendant deux mois, on perdit des milliers d’hommes, sans que ceux de qui cela dépendait aient rien trouvé de nouveau, d’original, aient conçu l’idée d’organiser sérieusement la véritable guerre populaire. La majorité demandait à cor et à cri des moyens révolutionnaires. C’est là qu’il fallait les appliquer. ». (Arthur Arnould, Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris).

     

    LA REPRESSION :

     

    Les fédérés n’ayant pas obtenu la qualité de belligérants réguliers, les chefs de l’armée versaillaise s’estimaient dans leur droit en procédant à des exécutions sommaires.

     

    Les incendies dans Paris ont sans doute trois causes :

    ·   Les bombes à pétrole et les obus incendiaires de Thiers et des Versaillais ;

    ·   Les incendies causés par les bonapartistes pour faire disparaître des traces et des archives compromettantes (Cour des Comptes, Conseil d’Etat, ministère des Finances,…) ;

    ·   Les Fédérés pour protéger leur défense et leur fuite.

     

    Le comportement des Versaillais :

    La grande préoccupation du gouvernement fut l’émeute. Ce n’était pas du siège par les prussiens qu’il voulait sauver Paris, mais avant tout des révolutionnaires.

    Le 29 janvier 1871, 400000 hommes, armés de fusils, de canons, capitulaient devant 200000.

    Le cri des réactionnaires était : « C’est la République qui veut la guerre ! Paris est aux mains des partageux ! ».

     

    Le rouge dans le vêtement sera considéré, par les Conseils de guerre, comme une preuve d’allégeance à la Commune.

     

    Au début du mois d’avril, l’armée du gouvernement de Versailles compte environ 55000 hommes ; du côté de la Commune, on estime les combattants à un maximum de 50000 hommes. Pour mener le « second siège de Paris », celui de la guerre civile, Thiers veut renforcer son armée. Il renforce les effectifs en puisant dans les « armées provinciales », et pour un quart de l’effectif, sur la libération des soldats détenus par les Allemands. Les effectifs passèrent donc à 120000 hommes en fin mai. Du côté de la Commune, le nombre des combattants alla en diminuant, pour tomber à 40000 hommes ou moins en mai.

    Il y aura plus de 500 barricades.

    Le bilan est estimé à la mort de 35000 communeux, dont 20000 au cours de la Semaine sanglante. Louise Michel estime les morts plutôt à plus de cent mille personnes.

    A cela s’ajoute, selon Thiers, le temps de l’ « expiation légale », celle qui consistait à juger les individus qui avaient été arrêtés et faits prisonniers, plus de 46000 au total.

    En mars 1875, le général Appert écrivait dans un rapport sur les opérations de la justice militaire relatives à l’insurrection de 1871 concernant les décisions liées à la région parisienne : « 46835 individus avaient été jugés par les conseils. » Il y avait eu 23727 ordonnances de non-lieu, 10137 condamnations prononcées contradictoirement, 3313 condamnations prononcées par contumace, 2445 acquittements, 7213 refus d’informer. Su les 10000 condamnations prononcées contradictoirement, il y eut 95 condamnations à la peine de mort et, in fine, 25 exécutions ; 251 individus furent condamnés aux travaux forcés, 1169 à la déportation dans une enceinte fortifiée et 3417 à la déportation simple. Parmi les autres condamnations diverses, figurait par exemple, la condamnation de moins ou de plus d’un an. 55 enfants de moins de 16 ans furent condamnés à être envoyés en maison de correction.

    Aux morts, massacrés essentiellement, et aux condamnés, s’ajoutent ceux qui se sont enfuis, gagnant pour une longue proscription, les pays de la Belgique, de la Suisse, de l’Angleterre,…

    L’hystérie anti-parisienne des « ruraux » explique les massacres de la Semaine sanglante, les camps de détention qui sont déjà des camps d’extermination, les conseils de guerre.

    Dès son installation à Versailles, Thiers se préoccupa d’isoler Paris, moins d’abord pour l’affamer, que pour éviter de voir se répandre en province la contagion révolutionnaire. Il fit donc contrôler la poste, saisir les journaux, couper le télégraphe.

    A l’occasion de travaux municipaux, le journal le Matin du 29 janvier 1897 écrit : « Les terrassiers actuellement occupés aux travaux du réservoir que la Ville de Paris fait construire sur une partie de l’emplacement de l’ancien cimetière de Charonne, en haut de la rue de Bagnolet, ont mis à jour depuis le commencement de la semaine, près de 800 squelettes encore enveloppés de vêtements militaires…Il résulte de l’examen des boutons d’uniforme que ces restes sont ceux de Fédérés inhumés en cet endroit en mai 1871… » (Cité par Emile Tersen dans l’ouvrage collectif La Commune de 1871, Editions sociales, Paris, 1860).

    La répression versaillaise fut suivie après la Semaine sanglante, par une vague de dénonciations : il y eut, selon les chiffres officiels, 399823 dénonciations. Une sur vingt était signée.

    La caserne Lobau, proche de l’Hôtel de Ville, fut un des hauts lieux de la répression versaillaise. Pierre Dominique, collaborateur de Charles Maurras, a écrit : « A l’intérieur, c’est un abattoir. Les feux de peloton se succèdent, suivis des coups isolés qui achèvent. Les soldats sont pressés. Parfois, on tue par derrière avant que les condamnés aient atteint le mur et on pousse les morts sur le tas. S’ils sont plus de dix, on emploie la mitrailleuse… ».

    « Toutes les fois que le nombre de condamnés dépassera dix hommes, on remplacera par une mitrailleuse le peloton d’exécution. » (Paris-Journal, 9 juin). « Vingt-six mitrailleuses judiciaires fonctionnèrent. » (Lissagaray, Histoire de la Commune). « Les mitrailleuses moulent dans les casernes… c’est une boucherie humaine ; ceux qui, mal tués, restent debout ou courent contre les murs, sont abattus à loisir. » (Louise Michel, La Commune. Histoire et Souvenirs.)

    Depuis le 18 mars 1871, les entrepreneurs demeurés à Paris avaient baissé les salaires. Peut-être pour tenter de créer ainsi un courant d’hostilité à l’égard du gouvernement communard, en aggravant la situation économique.

     

    La franc-maçonnerie au XIX° siècle et après la Commune.

    Quel rôle ont joué les loges maçonniques dans l’établissement de la République ?

    La franc-maçonnerie se glorifie de sa contribution à l’établissement de la République. Pour elle, il est hors de doute que tous les francs-maçons ont milité pour la cause républicaine. Les milieux antimaçonniques corroborent cette thèse. Deux exemples : Monseigneur de Ségur publia en 1867 Les Francs-Maçons, ouvrage qui connut tub fort succès de librairie, et Monseigneur Fava publia en 1883 Le Secret de la franc-maçonnerie.

    Sous l’Empire, les républicains ont investi les loges alors qu’un bon nombre de celles-ci avait soutenu le pouvoir napoléonien.

    Gambetta n’est pas, contrairement à ma légende, un grand franc-maçon. Il se fait initier à la loge « La Réforme » à Marseille pour des raisons électorales. C’est un maçon peu actif.

    Les amis de Léon Gambetta ne sont pas des maçons militants. Parmi les membres du groupe parlementaire de l’Union républicaine, 23 sur 113 sont francs-maçons du temps de l’Assemblée nationale ; en 1882, 31 sur 173 sont initiés.

    Si Gambetta compte de nombreux amis dans la franc-maçonnerie, il y compte également des adversaires politiques. Bien des membres de la Gauche républicaine et du centre gauche sont en effet membres de l’Ordre, de Méline et Noël Parfait à Le Royer et Arago. Jules Simon et Louis Andrieux sont les plus notables. Andrieux est longtemps, quoiqu’il en laisse penser, un maçon actif : en septembre 1877, il représente sa loge à l’assemblée générale du Grand Orient de France. Ses positions conduisent à la rupture ; il est exclu, en 1885, de la franc-maçonnerie. Il verse alors dans les milieux antimaçonniques.

     

     

     

     

     

    C   LA RESISTANCE 

     

    S’il est banal d’affirmer que la Résistance est un mouvement d’opposition à la fois sociale et nationale, contre les nazis allemand et leurs alliés fascistes français, il n’est pas si courant que cela d’en tirer toutes les conséquences historiques. De fait, la franc-maçonnerie se place plutôt dans le camp des opposants aux fascismes. Par contre, si on y ajoute la dimension sociale, le problème se corse : en effet, il y a une ligne de démarcation à tracer entre celui qui s’oppose par tout moyen à l’occupation étrangère (guerre de libération nationale), et aux valeurs défendues par les alliés intérieurs du fascisme (les vichystes), mais ceci en vu d’aboutir à un régime nouveau, en rupture avec le capitalisme (guerre populaire), c’est-à-dire au socialisme, et celui qui s’oppose à ces deux ennemis, le fascisme étranger et le fascisme français, mais pour restaurer le système capitaliste (impérialiste) français. Ces deux personnes se rencontrent sur un terrain tactique, la lutte contre l’occupation étrangère et la mainmise sur le pouvoir interne par une fraction fasciste de la bourgeoisie française, mais dans une deuxième étape, il y a rupture de ce front commun, car les objectifs stratégiques diffèrent. D’un côté, est visé la destruction, dans une seconde étape, de l’Etat bourgeois, remplacé par un Etat prolétarien et socialiste. De l’autre côté, il y a substitution d’un Etat républicain bourgeois à un Etat fasciste. Mais même au cours de la première étape, d’alliance avec une fraction plus « démocratique » (démocratique au sens bourgeois), de la bourgeoisie française, le parti du prolétariat ne doit pas oublier la deuxième étape, et rassembler des forces y compris militaires, pour mener la seconde étape jusqu’au bout. C’est là qu’il y a eu une difficulté, représentée par une ligne révisionniste des dirigeants du Parti Communiste Français, qui ont sciemment mis les masses populaires sous la conduite de la fraction dite « démocratique » de la bourgeoisie, représentée par de Gaulle. Ces dirigeants soi-disant communistes ont donc trahi les intérêts stratégiques de la classe ouvrière.

    La franc-maçonnerie, mouvement d’essence bourgeoise et petite-bourgeoise, n’a donc pas pu aller plus loin, et s’est rangée docilement dans un mouvement mené par la bourgeoisie classique : de la Seconde guerre mondiale, il est donc sorti une république des plus classiques, bourgeoise, la IV° République, dont le programme le plus avancé était celui du CNR. Ceci parce que le PCF ne disposait pas d’un programme clair, léniniste, révolutionnaire, mais avait pris l’habitude de raisonner sur la base du parlementarisme bourgeois, depuis le Front populaire. Déjà, son objectif n’était plus la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration de la dictature du prolétariat. 

    Pour parvenir à cette situation, on assiste à une forme de collusion entre gaullisme et « communisme » : le programme révolutionnaire du PCF est mis au rancart, et il s’y substitue une « union nationale », sous l’étendard de la bourgeoisie et de de Gaulle, qui vise à libérer le territoire national de l’ennemi allemand et de ses alliés vichyste. De son côté, les dirigeants opportunistes du PCF prônent « un seul Etat, une seule armée », bien évidemment l’Etat bourgeois restauré et renouvelé et l’armée bourgeoise. Sont passés à la trappe, les intérêts stratégiques de la classe ouvrière : la guerre populaire menée à son terme, jusqu’à la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration d’un Etat socialiste de type nouveau. Est donc réinstallé un Etat de type ancien.

    Le passé comporte de nombreux enseignements. Le rôle de l’étude historique est bien de s’appuyer sur les erreurs du passé pour ne plus les renouveler aujourd’hui et dans l’avenir.

    Ainsi, lors de la Seconde guerre mondiale, les représentants prolétariens de la Résistance n’ont pas su correctement lier la lutte contre l’Occupant et la question sociale, l’insurrection contre les nazis et leurs alliés, et l’insurrection populaire contre les exploitants capitalistes. En un mot, ils n’ont pas su lier leurs actions de résistance avec la question sociale en France.

    Par contre, la classe bourgeoise a parfaitement su lier ses intérêts nationaux et ses intérêts de classe sociale dominante. Elle a conservé deux fers au feu : Pétain, en cas de triomphe des Allemands, et de Gaulle, en cas de triomphe des Alliés. De plus, lors de chaque étape, de Gaulle a fait en sorte que la bourgeoisie demeure dominante et conserve les manettes du pouvoir. En ce sens, de Gaulle a été un des hommes politiques (bourgeois) des plus habiles du XX° siècle.

    Comment explique le comportement des représentants de la classe ouvrière, essentiellement le Parti Communiste Français, qui regroupait son avant-garde ?

    Si l’on considère les résistants communistes, à titre individuel, ils se sont battus, en donnant leur vie, tel Eugénio Ferrari contre l’Occupant nazi. Leur objectif immédiat était bien de débarrasser le sol national de l’Occupant, en s’alliant avec le plus grand nombre, y compris une fraction non négligeable de la classe bourgeoise. Mais leur objectif était également, au-delà de la Libération nationale, de sortir du conflit en créant les conditions d’une société nouvelle, socialiste, puis communiste. Ce serait faire injure à leur mémoire que de défendre un autre point de vue, à savoir la Restauration sous quelque forme que ce soit, d’une société capitaliste, même aménagée ou « améliorée ».

    Que c’est-il alors passé ? La lutte de lignes, au sein du Parti Communiste Français a conduit à ce que l’emporte une ligne révisionniste, représentée par Maurice Thorez et Jacques Duclos. Petit à petit, cette ligne est devenue dominante, instaurant la ligne de conduite : « Un seul Etat, un seul gouvernement, une seule armée ». De fait, cette ligne a scindé la lutte contre l’oppresseur nazi et ses alliés français, et la question nationale, faisant de la libération du territoire national la priorité unique et renvoyant la question nationale, la révolution prolétarienne, aux « calendes grecques ». Cela a donc conduit les dirigeants à mettre la classe ouvrière et sa lutte, ainsi que la lutte de s masses populaires, au service de la classe bourgeoise. Cette clique a donc pris le pouvoir au sein du Pari Communiste Français, et privée la classe ouvrière de son autonomie et de ses objectifs propres. Il ne s’agit pas d’une erreur, d’une simple contradiction au sein du peuple, mais bien d’une trahison : ces aristocrates « ouvriers » ont représenté, sous le couvert d’un verbiage marxiste, les intérêts de la classe bourgeoise au sein de la classe ouvrière. Il s’agit d’une contradiction antagonique entre ennemis de classe.

    Il en résulte que le programme qui est résulté de la Résistance est un programme de collaboration de classe, un programme en réalité bourgeois, de restauration de la société capitaliste, le programme du Conseil national de la Résistance.

    Une autre conséquence de cette trahison des dirigeants du P « C »F est l’indigence de l’épuration. Si la cible du P « C »F, ce sont les nazis et leurs alliés français, un grand nombre de collaborateurs vont passer au travers des mailles du filet ou seront purement et simplement amnistiés lors des années qui suivent le conflit mondial.

    Dans le contexte international, avec la chute du stalinisme, en URSS, il en est résulté :

    · Une collusion et une répartition des rôles entre gaullistes et pseudo-communistes du P « C »F, par exemple concernant la question coloniale ;

    · En France, le P « C »F s’est toujours opposé aux mouvements révolutionnaires (après 1945, en 1968,…), au profit du productivisme ;

    · Au niveau international le P « C »F s’est d’abord mis au service de l’URRS, seconde superpuissance impérialiste, puis après la chute de celui-ci, il s’est mis au service de la social-démocratie. Il est devenu la cinquième roue et la voiture balai du « socialisme «  bourgeois.

    Cette fonction du P « C » F étant toujours plus éventée et mise à jour, ceci explique la dégénérescence de ce Parti, qui n’est plus que l’ombre de lui-même.

    Nous examinerons donc, en première partie, comment s’est exprimée la ligne opportuniste représentée par Maurice Thorez, ligne qui a conduit à ne pas mener la guerre populaire à son terme, mais à faire rendre les armes à la bourgeoisie, et à faire entre les ouvriers dans les usines comme larbins de la classe bourgeoise.

    Dans une seconde partie, nous analyserons le programme su Conseil national de la Résistance, programme de restauration du capitalisme, d’un capitalisme moderne et revigoré par rapport à l’existant d’avant la Seconde guerre mondiale. L’autre alternative était, si la ligne révolutionnaire l’avait emportée au sein du Parti Communiste Français, de créer un second pouvoir, de briser l’Etat bourgeois, et d’instaurer un État socialiste.

    Enfin dans une troisième partie, sera examiné le rôle qu’ont joué les francs-maçons dans cette situation difficile et contrastée.

     

    Si des résistants se sont battus et sont morts dans les combats contre l’envahisseur nazi, comme le pasdecalaisien Eusébio Ferrari, mort à 22 ans, c’est bien pour que soit instauré un pouvoir populaire, et non pour que soit instauré un régime bourgeois, celui de la IV° République, suivi de la V° République.

    A la fin de la seconde guerre mondiale, le Parti Communiste Français était un parti puissant, bientôt le premier parti de France. Qu’est-ce qui a fait que la prise de pouvoir par le PCF n’a pas réellement été envisagée, ou bien qu’elle a été un échec ? La présence de l’armée américaine et des forces coalisées sur le sol de France ? La force de de Gaulle ? Non. La cause principale est une cause interne à la classe ouvrière, et plus particulièrement propre à la fraction dirigeante de la classe ouvrière, la direction du PCF. La cause principale est la ligne opportuniste, capitularde et révisionniste des dirigeants du PCF, Maurice Thorez et Jacques Duclos. Ces derniers se sont mis à la remorque de la bourgeoisie et de de Gaulle.

    Cette ligne a éliminé les résistants révolutionnaires. Cette ligne opportuniste était à l’œuvre depuis le Front Populaire. Les dirigeants du PCF se sont comportés comme une représentation de l’idéologie bourgeoise au sein de la classe ouvrière.

    Il faut donc mettre en œuvre une « pensée » qui, lors de la prochaine prise de pouvoir par la classe ouvrière, crée une situation qui empêche de placer la classe ouvrière sous la conduite de la bourgeoisie.

     

    Entre les deux guerres mondiales, la franc-maçonnerie française occupe une place majeure dans l'appareil politique de la République et s'implique fortement dans ses combats. Elle sera donc particulièrement touchée lorsque la République s'effondrera face aux troupes allemandes en 1940.

    Le régime de Vichy et l'occupant allemand s'unissent pour organiser dès octobre 1940 une importante exposition antimaçonnique qui circulera dans toute la France. Le thème général affirme l'existence d'un complot de l'anti-France, qui aurait été responsable de l'effondrement du pays, et qui aurait été organisé, selon les thèses de l'Action française, par « le juif, le protestant, le maçon et le métèque ».

    Un service des sociétés secrètes est organisé en 1941. Bernard Faÿ, administrateur de la Bibliothèque Nationale, est nommé à sa tête et chargé de classer les archives saisies dans les loges, d'orchestrer la propagande antimaçonnique et surtout de dresser des fiches afin de répertorier tous les anciens francs-maçons, de les surveiller et de les radier des professions libérales comme de la fonction publique. Ce service publie la revue « Documents maçonniques » qui voit dans la franc-maçonnerie l'une des causes principales de la défaite. Une loi de 1941 applique le « statut des juifs » aux francs-maçons. Le film antimaçonnique « Forces occultes » est réalisé et projeté à Paris en 1943[29].

    À la Libération, un millier de francs-maçons français ont été déportés ou tués, la plupart pour leurs activités de résistance ou à cause de leurs origines juives. Les temples ont été pillés, les archives confisquées. Lorsque les loges se relèvent, des comités d'épuration souvent spontanés se mettent en place. Au total, le nombre de francs-maçons actifs a diminué des deux tiers. La franc-maçonnerie française mettra vingt ans à retrouver ses effectifs d'avant guerre. Elle préfère désormais se tourner davantage vers la réflexion philosophique, voire spirituelle que l'action directement politique. Alors que jusqu'en 1940, les maçons défilaient au grand jour, leurs réunions étant annoncées dans la presse, ils se protègent désormais dans le secret.

    La condamnation communiste de la franc-maçonnerie diminue considérablement en France à partir de 1945, principalement en raison de la fraternité née pendant la Résistance entre gaullistes, communistes et francs-maçons face à leur ennemi commun : le régime de Vichy 

     

    La fonction de la franc-maçonnerie en France.

    La fonction de la franc-maçonnerie est de faire émerger « ce qui n’est pas », c’est-à-dire l’utopie. La franc-maçonnerie a toujours été initiatrice et déclencheur du nouveau et accoucheuse de l’avenir. C’est l’étincelle qui met le feu à la plaine.

    Bien évidemment, il s’agit de s’inscrire en faux contre toute théorie complotiste, du genre « complot judéo-maçonnique : c’est là une conception typique du fascisme. Par contre, il convient de s’interroger sur l’influence réelle, au niveau social, de la franc-maçonnerie, hier et aujourd’hui.

    1)      Le XVIII° siècle : En 1789, les « bras nus » sont dominés par la bourgeoisie. Naissance du prolétariat. La Franc-maçonnerie est au-dessus du mouvement.

    Une étude, notamment de la Révolution française de 1789, démontre que la franc-maçonnerie, en amont de ce mouvement révolutionnaire, a fortement impliquée la classe aristocratiques, les nobles et le haut clergé, dont la noblesse de robe, tel le représentant de celle-ci, que fut Montesquieu. Sont moins concernés les représentants de la couche supérieure du Tiers-Etat, la bourgeoisie.

    En introduisant des idées progressives, comme la tolérance, la lutte contre l’absolutisme, la lutte contre la torture, la lutte contre l’emprise réactionnaire de l’Eglise catholique, etc., la franc-maçonnerie a contribué au renversement de l’ancien système et à la création d’un nouveau système, au même titre qu’un certain nombre d’autres facteurs : las académies, les 10000 nobles qui ont participé à la lutte pour l’indépendance des Etats-Unis, représentés par La Fayette, le philosophisme, symbolisé par la loge des Neuf Sœurs, etc.

    Ainsi, la franc-maçonnerie a contribué à mobiliser les couches les plus progressives de la noblesse (« Philippe Egalité »,…) et du clergé (abbé Grégoire, évêque Talleyrand,…) au déclenchement de la Révolution de 1789.

    Il faut cependant préciser que le socle économique et social était déjà depuis longtemps préparé à ce mouvement et il s’y prêtait bien.

    Les loges maçonniques étaient « spécialisées » socialement, ne regroupant souvent exclusivement que des représentants de l’aristocratie, hommes et femmes, ces dernières étant associées dans le cadre des « loges d’adoption ». Ces loges « aristocratiques » étaient en général fermées aux catégories sociales bourgeoises inférieures, cette dernière couche (négociants, manufacturiers,…) se regroupant dans leurs loges propres et spécifiques.

    D’ailleurs, pour limiter le recrutement à la catégorie « noble », l’une des raisons, mais pas la seule, de la création des « hauts-grades » était destinée à la préservation de ct entre-soi.

    Cependant si une partie de l’aristocratie a contribué à amorcer le mouvement révolutionnaire, d’autres nobles ont trahi les idéaux de la franc-maçonnerie : d’une part, une partie des nobles contre-révolutionnaires ont fui la France et émigré à partir de 1789. D’autre part, certains aristocrates ont quitté et délaissé le mouvement révolutionnaire, au fur et à mesure de son avancée, où en tout cas le freiner, et arrêter le mouvement de la Révolution à l’une de ses étapes : par exemple, la monarchie constitutionnelle. Ceci explique la trahison des idéaux révolutionnaires par une partie des aristocrates, mais également des hauts bourgeois, dans le cadre d’une entente des possédants, au fur et à mesure que le peuple, composé des sans-culottes et des enragés, s’est emparé de ces idéaux, pour les emmener à leur ultime conclusion : la Constitution de l’An III, et la république sociale, représentée par le deuxième pouvoir, populaire, que fut la Commune insurrectionnelle de Paris de 1792.

    La Révolution a aboutit à la victoire de la bourgeoisie sur la féodalité, victoire non définitive, puisqu’au siècle suivant, il y eut diverses tentatives de Restauration. La bourgeoise a affirmé et fondé son pouvoir et son Etat par diverses étapes : la Terreur, Robespierre, le Directoire et Napoléon I°.

    Lors de la révolution, les idéaux d’égalité de tous les hommes, de libertés fondamentales, de laïcité et de tolérance, de déchristianisation, etc. sont sorties des Temples maçonniques pour illuminer et entrer dans la réalité sociale. Ces idées ont été discutées, en particulier, dans les divers clubs patriotiques qui ont pris alors naissance. Il en est résulté une quasi-mise en sommeil des loges maçonniques elles-mêmes.

    Avec Napoléon 1° (Tout comme la tentative de Napoléon III°) on assiste à une mise en place d’une franc-maçonnerie de « caserne », c’est-à-dire une maçonnerie aux ordres au pouvoir en place.

     

    2)    Le XIX° siècle : En 1871, le prolétariat est autonome et mature. Il se libère et construit son Etat. La franc-maçonnerie est à côté.

    Socialement, le recrutement au sein des loges maçonniques se renouvelle : il s’agit alors essentiellement de bourgeois, de petits-bourgeois et d’intellectuels. Les loges deviennent des « lieux de parole », où s’expriment sans aucune censeure les idées « républicaines », qui vont s’exprimer en-dehors des Temples surtout en 1830, en 1848 et enfin lors de la commune de Paris en 1871. A chaque fois, la franc-maçonnerie est un creuset d’idées avancées, et elle joue un rôle de déclencheur des mouvements sociaux. Encore une fois, lorsque le peuple s’empare de ces idéaux, les loges disparaissent ou sont mises en sommeil, et on voit l’apparition de divers clubs.

    Les maçons de la III° République étaient plutôt opposés à la maçonnerie des « hauts-grades », en raison de leur conception très égalitariste.

    Quel est le « ressort », la « mécanique » qui permet à la maçonnerie de parvenir à ses fins ?

    La franc-maçonnerie pose un certain nombre de valeurs, qui forment une « table de la loi », bien au-delà de la simple réalité sociale : autrement dit, la conduite de la réalité sociale fait en sorte que l’infrastructure a pris de l’avance sur la superstructure. La franc-maçonnerie contribue à un « rattrapage » de la superstructure par rapport à une infrastructure qui est à l’étroit, étant bridée.

    De  plus, la « clôture » des loges maçonniques, appelée « le secret », crée une sorte de « pouvoir » des loges (on dit « un maçon libre dans une loge libre »), en dehors du pouvoir officiel. Pour être précis, la maçonnerie représente les valeurs d’une catégorie sociale (la noblesse et le haut clergé au XVIII° siècle, la bourgeoisie au XIX° siècle), valeurs qui n’ont pas encore cours dans la société réelle, mais valeurs qui correspondent déjà à la réalité du socle de l’infrastructure. Ces valeurs couvent un certain nombre d’années dans les « serres » que sont les loges maçonniques et ne demandent qu’à éclore à la lumière du soleil. Lorsque les conditions sociales objectives sont réunies, ces valeurs passent tout naturellement dans la réalité sociale, les forces populaires s’en emparant pour les faire entrer d       ns la réalité.

    Les forces populaires emmènent ces valeurs bien souvent au-delà des limites que souhaiteraient leur assigner les « initiateurs » et les « lanceurs d’alerte » : en quelque sorte, le peuple prend « au mot » les classes nouvellement dominante, d’où les exigences des sans-culottes en 1792, ou ben la tentative d’instaurer une dictature du prolétariat par les Communards de 1871.

    Il est à noter qu’à chaque fois, au cours de la lutte, l’émergence des femmes qui aspirent à la libération contre le patriarcat et le machisme, a conduit à l’apparition des loges d’adoption au XVIII° Siècle et à l’initiation féminine à la fin du XIX° siècle.

     

    3)    Le XX° siècle : Le prolétariat dispose de son propre parti, le Parti Communiste Français. Ce parti a une ligne prolétarienne juste de 1920 à 1953. La franc-maçonnerie doit se mettre au service du prolétariat.

    Le recrutement concerne surtout la bourgeoisie, mais également la petite-bourgeoisie (enseignants, boutiquiers, artisans,…). Cela signifie que la fraternité dans les loges, par exemple, n’est pas universelle, mais « censitaire », en raison de la cherté et du coût (en argent et en temps) qu’il faut pouvoir consentir pour appartenir au mouvement (cotisation annuelle, coût des agapes, achat du matériel et des décors, etc.). Sont exclus en particulier les ouvriers et les petits paysans.

    En effet depuis l’origine, jusqu’à aujourd’hui, le coût pour être franc-maçon est prohibitif :

    ·   D’abord les cotisations, non seulement pour les trois premiers grades, mais aussi pour les hauts-grades ;

    ·   Ensuite les décors, qu’il convient d’acheter pour chaque grade, ainsi qu’éventuellement le costume sombre parfois nécessaire pour participer aux tenues ;

    ·   Enfin les divers à-côtés non négligeables, comme les agapes, les sorties.

    Ainsi, ces divers coûts, mais aussi le temps libre dont il convient de disposer, ne serait-ce que pour participer à au moins deux tenus par mois, conduit automatiquement à réserver la maçonnerie à certaines catégories sociales plutôt aisées, l’aristocratie au XVIII° siècle, la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie aux XIX° et XX° siècles. De toute façon, aucun effort n’est fait pour recruter des éléments de la classe ouvrière ou de la paysannerie pauvres : ce recrutement pourrait se concevoir par exemple par l’application du quotient familial et une participation au mouvement en fonction des revenus réels.

    Il en résulte donc bien que les valeurs de Liberté-Egalité-Fraternité sont « censitaires » et réservées au-dessus d’un certains « cens ». Seuls sont aidés les francs-maçons de cette « classe moyenne », qui connaissent des difficultés occasionnelles – chômage, licenciement, divorce,… .

    Une conséquence est un recrutement « consanguin » : les bourgeois recrutent dans leur milieu et donc de nouveaux bourgeois. Aucun effort n’est fait, ne serait-ce que pour des considérations financières, pour recruter dans les classes sociales inférieures, ne serait-ce que pour regrouper les éléments les plus représentatifs de chaque classe sociale à même d’appliquer les principes de « Liberté-Egalité-Fraternité ».

    Il en résulte notamment une forte tendance des francs-maçons vers l’apolitisme, la « neutralité »,, qui confine au conformisme, à la défens e du statut-quo, et donc de la domination bien réelle de la classe bourgeoise. Une fraction de francs-maçons se distingue aussi par un anticommunisme outrancier. Et pourtant la franc-maçonnerie bien conçue a pour objectif immédiat l’instauration du communisme.

    En effet, le communisme, c’est la fraternité réelle vécue entre égaux libres. C’est dans la société collectiviste qu’est mis en œuvre le maximum possible d’égalité et de liberté pour l’ensemble des individus et pour chacun pris individuellement. Le communisme est donc, ici et maintenant, l’expression de ce qui correspond le mieux à la devise fondatrice de la maçonnerie : « Liberté-Egalité-Fraternité ».

    Peu à peu se dessine l’objectif de la République sociale, correspondant à une réalité sociale fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité. Les principaux idéaux de la Commune de paris, tels la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la laïcité, en particulier dans l’enseignement, ont peu à peu pris place dans la réalité.

    Il y a extension des droits sociaux et affirmation des droits de l’homme au niveau international, création de la Société des Nations, puis de l’O.N.U.

    Un point spécifique du XX° siècle, c’est l’existence pendant une trentaine d’année, du Parti Communiste Français, qui donne à la classe ouvrière son autonomie. Après la mort de Staline, ce parti est devenu un embryon de la bourgeoisie sociale-démocrate.

    Outre la contradiction entre le peuple français et l’ennemi nazi, sur le sol nationale, il coexiste également la contradiction principale entre la bourgeoisie et le prolétariat. Le prolétariat, dans le cadre de la guerre impérialiste, a ses objectifs propres, qui sont l’insurrection et l’instauration d’une dictature du prolétariat.

    Le parti communiste chinois, grâce à Mao Tsé-toung, a su brillamment mener ces deux contradictions à leur terme : lutte contre l’envahisseur japonais, et lutte pour l’instauration d’un Etat de démocratie nouvelle, puis d’un Etat socialiste.

    En France, le PCF n’avait pas de Pensée-Guide. Ses chefs, Thorez et Duclos, étaient à la tête d’une ligne opportuniste de droite. S’ils ont mené la guerre contre la bourgeoisie fasciste, représentée par Pétain et Laval, ils n’ont pas prôné l’autonomie prolétarienne, mais se sont mis à la remorque de la bourgeoisie « républicaine », représentée par de Gaulle. En cela, ils ont fait servir le prolétariat comme force d’appoint d’une fraction de la bourgeoisie contre une autre fraction de la bourgeoisie. Le vainqueur de la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat, c’est en fin de compte de Gaulle.

    Ainsi, la bourgeoisie a pu instaurer une république bourgeoise ; les deux fractions de la bourgeoisie se sont ensuite réconciliées pour mener la lutte du camp impérialiste contre le camp socialiste.

     

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