• La dictature du prolétariat (Partie 10)

    La différence entre le communisme primitif et le communisme supérieur, est que le communisme primitif est caractérisé par la rareté, la pénurie ; il n’y a rien à partager et donc il n’y a pas d’inégalité sociale. Bien sûr, il existe néanmoins des inégalités naturelles, dues à l’âge, au sexe, à l’expérience plus ou moins grande, et à la loi du plus fort. Le communisme supérieur est caractérisé par l’abondance, l’absence de propriété individuelle : toutes les causes de lutte et d’exploitation de l’homme par l’homme sont éliminées. Dans le communisme supérieur, les besoins sont satisfaits, il n’existe plus d’inégalité sociale et on lutte contre l’inégalité naturelle.  

     

    Prenons un exemple historique de formation sociale où domine le mode de production esclavagiste : la démocratie esclavagiste d’Athènes comprenait, vers la fin du VI° siècle jusqu’au IV° siècle avant notre ère, environ 200 000 esclaves, contre 70 000 étrangers (« métèques ») et 40 000 citoyens, c’est-à-dire 110 000 hommes libres ! Aussi, après de nombreuses luttes revêtant diverses formes, l’esclavagisme sera détruit, et du sein des classes de cette société, sont nées les classes de la nouvelle société, le féodalisme, dont les classes dominantes sont les propriétaires fonciers, les maîtres de jurande, et les classes dominées sont les serfs et les compagnons.

     

    Ainsi, depuis le communisme primitif, toutes les sociétés sont structurées hiérarchiquement en classes sociales : d’une part, les deux classes essentielles, irrémédiablement antagoniques, oppresseurs et opprimés, et d’autre part, les classes intermédiaires, les classes moyennes. Ces classes sociales sont en lutte constante, cette lutte pouvant être ouverte, déclarée, menée les armes à la main (comme par exemple les luttes des esclaves dirigés par Spartacus (40), les jacqueries du moyen âge, les révolutions, etc.) ou bien secrètes, larvées, non apparentes (comme la résistance passive, le refus de travailler, l’absentéisme, la destruction des outils, des récoltes, les grèves, les révoltes, le suicide, etc.). Le résultat de cette lutte est, quand les conditions sont mûres, la transformation du système social, et son remplacement par un système nouveau.

     

     

     

    1. LA BOURGEOISIE

     

     

     

    Les classes sociales d’un système donné forment un tout : on ne peut les séparer, les isoler. Il en est ainsi de la bourgeoisie et du prolétariat. Marx et Engels dissocient bourgeoisie et prolétariat pour les besoins de l’étude et de l’analyse. Ils s’interrogent : d’où vient la bourgeoisie, comment est-elle née ? Comment s’est-elle développée ? Quel est son avenir ?

     

    Le capitalisme est né du sein du féodalisme ; par exemple, en France, il a surgi des luttes menées par le tiers-état (41) (le peuple), dirigé par la bourgeoisie montante, contre l’aristocratie, la noblesse et le clergé riche. Contrairement à ce que veut faire croire la bourgeoisie, parvenue au pouvoir, devenue la nouvelle classe dominante, le capitalisme n’a pas mis fin à la lutte des classes, à l’inégalité et à l’injustice. Les idéologues de la bourgeoisie répandent ces illusions : ils aimeraient bien faire croire cela au peuple afin de l’empêcher de s’émanciper complètement, afin qu’il se contente de réformes et renonce à poursuivre la lutte de classes jusqu’au bout, jusqu’au communisme. Comme chaque nouvelle société, le capitalisme n’a fait que remplacer les anciennes classes sociales par de nouvelles classes sociales, il a substitué aux anciens rapports de production de nouveaux rapports de production (42). En somme le capitalisme est la résolution de la contradiction inhérente au féodalisme, contradiction qui oppose les propriétaires fonciers, ou seigneurs, aux serfs : la solution, c’est la révolution bourgeoise. Le capitalisme fait apparaître une nouvelle contradiction entre bourgeoisie et prolétariat, dont la solution est la révolution prolétarienne.

     

    Il y a de nombreux points communs entre les étapes de l’esclavagisme, du féodalisme et du capitalisme. Dans chacun de ces trois cas, il y a démocratie pour une minorité, pour les oppresseurs, et dictature (43) sur la majorité, sur le peuple des travailleurs.

     

    Ainsi, dans la cité d’Athènes, au IV° siècle avant notre ère, la démocratie, (dite « démocratie esclavagiste ») existait pour une minorité d’individus de la société (pour les citoyens, hommes libres, qui décidaient des lois, votaient et avaient le droit d’être élus) et dictature sur la masse des esclaves, traités comme des objets, comme du bétail, qui n’ont aucun droit, sinon celui de se taire et de travailler. Et encore, au sein des citoyens, les droits étaient exercés différemment, selon qu’il s’agissait d’un propriétaire de terres disposant de 2 000 esclaves, ou d’un petit paysan, propriétaire d’un seul esclave, ou ne disposant que de sa famille ; dans le premier cas, le citoyen disposait de loisirs, pouvait acquérir une certaine culture, philosopher etc., ce qui était absent dans le second cas.

     

    Il en est de même dans le féodalisme et le capitalisme. Dans la société capitaliste, seule une fraction de privilégiés peut profiter pleinement et user des droits démocratiques, qui sont hors d’atteinte de l’immense majorité du peuple. C’est la « démocratie bourgeoise ».

     

    Dans l’étape du socialisme, qui est la transition (44) entre le capitalisme et le communisme, et le premier stade du communisme, il coexiste également encore la démocratie et la dictature. Mais la différence essentielle entre cette étape, le socialisme, et les trois périodes précédentes, l’esclavagisme, le féodalisme et le capitalisme, c’est qu’alors la majorité domine la minorité : dans le socialisme, la démocratie existe effectivement pour la majorité du peuple, qui exerce une dictature sur la minorité des anciens exploiteurs et sur tous ceux qui rêvent d’un retour en arrière, vers le temps béni – pour eux – de l’exploitation de l’homme par l’homme.

     

    La différence entre le communisme primitif et le communisme supérieur, est que le communisme primitif est caractérisé par la rareté, la pénurie ; il n’y a rien à partager et donc il n’y a pas d’inégalité sociale. Bien sûr, il existe néanmoins des inégalités naturelles, dues à l’âge, au sexe, à l’expérience plus ou moins grande, et à la loi du plus fort. Le communisme supérieur est caractérisé par l’abondance, l’absence de propriété individuelle : toutes les causes de lutte et d’exploitation de l’homme par l’homme sont éliminées. Dans le communisme supérieur, les besoins sont satisfaits, il n’existe plus d’inégalité sociale et on lutte contre l’inégalité naturelle.

     

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