• La Commune de Paris de 1871 et la franc-maçonnerie (2)

    Le prolétariat pouvait, certes, faire une révolution sans être bien organisé ni conduit par un parti puissant, mais il ne pouvait vaincre dans ces conditions.

    ANNEXE 5 :

    Gouvernement de Napoléon III : 10 août 1870 au 4 septembre 1870

    ·   Comte de Palikao : Chef du Cabinet.

    ·   Henri Chevreau

    ·   Amiral Rigault de Genouilly

    ·   Jules Brame

    ·   Latour d’Auvergne

    ·   Grandperret

    ·   Clément Duvernois

    ·   Magne

    ·   Busson Billot

    ·   Jérôme David

     

    Gouvernement de la République ou Gouvernement de la Défense nationale (4 septembre) :

    ·   Emmanuel Arago

    ·   Crémieux (à la Justice)

    ·   Jules Favre (aux Affaires étrangères)

    ·   Jules Ferry

    ·   Gambetta (à l’Intérieur)

    ·   Garnier-Pagès

    ·   Glais-Bizoin

    ·   Eugène Pelletan

    ·   Ernest Picard (aux Finances)

    ·   Rochefort

    ·   Jules Simon (à l’Instruction publique)

    ·   Trochu, gouverneur de Paris (Victor Hugo : « Trochu, participe passé du verbe trop choir. »)

    Le ministère est complété par deux militaires :

    ·        Le général Le Flô

    ·        L’amiral Fourichon

    Et deux députés de province :

    ·        L’ingénieur Dorian (aux Travaux publics)

    ·        Magnin (au Commerce).

     

    Gouvernement Thiers :

    ·   Thiers, chef du pouvoir exécutif. Surnommé « Tom Pouce ». Son œuvre : décapitaliser Paris révolutionnaire, écraser les revendications ouvrières, rétablir une monarchie.

    ·   Jules Favre, ministre des affaires étrangères

    ·   Ernest Picard, intérieur

    ·   Dufaure, justice

    ·   Général Le Flô, guerre

    ·   Pouyer-Quertier, finances

    ·   Jules Simon, instruction publique

    ·   Amiral Porthuau, marine

    ·   Lambrecht, commerce

    ·   Delarey, travaux publics

    ·   Jules Ferry, maire de Paris

    ·   Vinoy, gouverneur de Paris

     

    Le Comité centrale de la garde nationale :

    ·   Alavoine

    ·   Bouit

    ·   Frontier

    ·   Boursier

    ·   David Boison

    ·   Baroud

    ·   Gritz

    ·   Tessier

    ·   Ramel

    ·   Badois

    ·   Arnold

    ·   Piconel

    ·   Audoynard

    ·   Masson

    ·   Weber

    ·   Lagarde

    ·   Larocque

    ·   Bergeret

    ·   Pouchain

    ·   Lavalette

    ·   Fleury

    ·   Maljournal

    ·   Chouteau

    ·   Cadaze

    ·   Castroni

    ·   Dutil

    ·   Matté

    ·   Ostyn

     

    Le Conseil de la Commune :

    79 membres, dont une trentaine d’ouvriers et « artisans ».

    ·   Benoît Malon (1841-1893)

    ·   Eugène Pottier (1816-1887)

    ·   Adolphe Clémence

    ·   Alexis Trinquet (1835-1882)

    ·   Gustave Lefrançais

    ·   Auguste Sicard

    ·   Augustin Verdure

    ·   Antoine Arnaud

    ·   Arthur Arnould

    ·   Jules Vallès (1832-

    ·   Edouard Vaillant

    ·   Paschal Grousset

    ·   Félix Pyat (1810-1889)

    ·   Jean Baptiste Clément

    ·   Charles Delescluze (1809-1871)

    ·   Vermorel

    ·   Gustave Courbet (1819-1877)

    ·   Jules Allix (1818-1897)

    ·   Jules Babick (1820-

    ·   Léo Frankel (1844-1896)

    ·   Charles Beslay (

    ·   Raoul Rigaud

    ·   Théophile Ferré (1846-1871)

    ·   Jules Miot (1809-

    ·   Charles Gambon (1820-

    ·   Jean Jacques Pillot

    ·   Dominique Théophile Régère

    ·   Eugène Varlin

    ·   Emile Eudes

    ·   Tridon

    ·   Proto

    ·   Theisz

    ·   Emile Duval

    ·   Gabriel Ranvier

     

    Sont créées neuf commissions qui correspondent à des ministères, chapeautées par une commission exécutive.

    La commission exécutive, à l’origine nommée pour un mois et composée de Le français, Duval, Pyat, Bergeret, Tridon, Eudes et Vaillant, fait appliquer les décrets de la Commune et les décisions des autres commissions.

    Les commissions, de la Commune, souvent remaniées, furent ainsi primitivement composées :

    ·   Commission militaire (Guerre) : Delescluze, Tridon, Avrial, Arnold, Ranvier.

    ·   Commission des Finances : Beslay, Billioray, Victor Clément, Lefrançais, Félix Pyat.

    ·   Commission de la Sûreté générale (Police) : Cournet, Vermorel, Ferré, Trinquet, Dupont.

    ·   Commission de l’Enseignement : Courbet, Verdure, Jules Miot, Vallès, J. B. Clément.

    ·   Commission des Subsistances : Varlin, Parisel, Victor Clément, Arthur Arnould, Champy.

    ·   Commission de la Justice : Cambon, Dereure, Clémence, Langevin, Durand.

    ·   Commission du Travail, Industrie et Echange : Theisz, Malon, Serailler, Ch. Longuet, Chalin.

    ·   Commission des Relations extérieures : Léo Meillet, Ch. Gérardibn, Amouroux, Johannard, Vallès.

    ·   Commission des Services publics : Ostyn, Vesinier, Rastoul, Antoine, Arnaud, Poitier.

     

    DELEGATIONS :*

    ·   Guerre : Cluseret

    ·   Finances : Jourde

    ·   Subsistances : Viard

    ·   Relations extérieure : Paschal Grousset

    ·   Enseignement : Vaillant

    ·   Justice : Protot

    ·   Sûreté générale : Raoul Rigaud

    ·   Travail et échanges : Fraenkel

    ·   Services publics : Andrieu.

     

    La Commission fédérale des artistes :

    ·   Peintres : Bouvin, Corot, Courbet, Daumier, Arnaud, Dursée, Hyppolite Dubois, Feyen, Perrio, Armand Gauthier, Gluck, Jules Hereau, Lançon, Eugène Leroux, Edouard Manet, François Millet, Oulevay, Pichio.

    ·   Sculpteurs : Becquet, Agénor Chapuy, Dalou, Lagrange, Edouard Lindenchet, Moreau, Vauthier, Hippolyte Moulin, Othin, Portevin, Debleyer.

    ·   Architectes : Boileau fils, Delbrouck, Nicolle, Achille Oudinot, Raulin.

    ·   Graveurs lithographes : Georges Bellanger, Bracquement, Flameng, André Gill, Huot, Pothey.

    ·   Artistes industriels : Emile Aubin, Boudieu, Chabert, Chesneau, Fuzier, Meyer, Ottin fils, Eugène Pottier, Ranber, Rester.

     

    Comité de Salut Public :

     

    Le 28 avril le vieux « jacobin », Jules Miot, propose la création d’un Comité de Salut Public. Le 1° mai, par 45 voix contre 23, la proposition de Miot est adoptée. Il est composé d’Antoine Arnaud, de Léo Melliet, de Gabriel Ranvier, de Félix Pyat et de Charles Gérardin. Le 8 mai, Gérardin, Melliet et Pyat sont remplacé par Gambon, Eudes et Delescluze. Ce dernier, nommé délégué à la Guerre, laisse sa place à Billioray.

     

    Conseil de guerre (juges) :

    ·   Merlin, colonel, président,

    ·   Gaulet, chef de bataillon, juge,

    ·   De Guibert, capitaine, juge,

    ·   Mariguet, juge,

    ·   Cassaigne, lieutenant, juge,

    ·   Léger, sous-lieutenant, juge,

    ·   Labat, adjudant, sous-officier,

    ·   Gaveau, chef de bataillon au 68 ° de ligne,

    ·   Sénart, capitaine, substitut.

     

    ANNEXE 6 :

    Marx et la Commune :

     

    Marx : « Les principes de la Commune sont éternels et ne peuvent être détruits. Ils resurgiront toujours de nouveau jusqu’à ce que la classe ouvrière soit émancipée. »

    Le prolétariat pouvait, certes, faire une révolution sans être bien organisé ni conduit par un parti puissant, mais il ne pouvait vaincre dans ces conditions.

    « Pour qu’au jour de la décision, le prolétariat soit assez fort pour VAINCRE, il est nécessaire qu’il se constitue en un Parti autonome, un parti de classe conscient, séparé des autres. C’est ce que Marx et moi nous avons cessé de défendre depuis le Manifeste de 1848. » (Engels à G. Trier, le 18 décembre 1889).

    Marx : « Le Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d’une société nouvelle. Le souvenir des martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière. Ses exterminateurs, l’histoire les a déjà cloués à un pilori éternel, et toutes les prières de leurs prêtres n’arriveront pas à les libérer. » (La Guerre civile en France).

    Engels : « Regardez la Commune de Paris. C’était la dictature du prolétariat. » (Préface de La Guerre civile en France).

     

    ANNEXE 7 :

    Les doctrines de la Commune :

     

    ·   Blanqui

     

    Blanqui affirmait que la révolution devait être le résultat d’une impulsion donnée par un petit groupe organisé de révolutionnaires, qui donneraient le « coup de main » nécessaire à amener le peuple vers la révolution. Les révolutionnaires arrivant ainsi au pouvoir seraient en charge d’instaurer le nouveau système socialiste. Engels définit ainsi le blanquisme dans Le programme des émigrés blanquistes de la Commune en 1873 : « Blanqui est essentiellement un révolutionnaire politique, qui n’est socialiste que de sentiment, par sympathie pour les souffrances du peuple, mais il n’a pas de théorie socialiste ni de projets pratiques de transformation sociale. Dans son activité politique, il fut avant tout un « homme d’action » qui croyait qu’une petite minorité bien organisée pourrait, en essayant au bon moment d’effectuer un coup de main révolutionnaire, entraîner à sa suite, par quelques premiers succès la masse du peuple et réaliser ainsi une révolution victorieuse. ».

     

    ·   Proudhon

     

    ·   Marx

     

    ·   La 1° Internationale (Association Internationale des Travailleurs)

     

    Sur la proposition du blanquiste Eudes, l’assemblée du conseil communal prend explicitement le nom de « Commune de Paris ». Choisir ce nom, c’est certes évoquer des compétences municipales, celles qui manquent à Paris. Mais c’est sans doute encore plus revendiquer un héritage, celui que tous les révolutionnaires parisiens ont en tête, celui qui est dans presque toutes les paroles et dans presque tous les discours, celui de la Commune insurrectionnelle de 1792, synonyme du contrôle du pouvoir par les sans-culottes parisiens. C’est aussi entrevoir une Commune autonome de Paris, se gouvernant seule, en attendant pour la France une future fédération des communes ;

     

    ANNEXE 8 :

    Alexis BouvierLa Canaille 

    1863

     

    Paroles : Alexis BouvierMusique : Joseph DarcierEditeur : Vieillot

    Cette chanson a été rendue célèbre par la
    Commune de Paris en 1871.


    Dans la vieille cité française
    Existe une race de fer,
    Dont l’âme comme une fournaise
    A de son feu bronzé la chair.
    Tous ses fils naissent sur la paille,
    Pour palais, ils n’ont qu’un taudis.
    C’est la canaille !
    Eh bien ! j’en suis !

    Ce n’est pas le pilier du bagne ;
    C’est l’honnête homme dont la main
    Par la plume ou le marteau gagne,
    En suant, son morceau de pain.
    C’est le père, enfin, qui travaille
    Les jours et quelquefois les nuits.
    C’est la canaille !
    Eh bien ! j’en suis !

    C’est l’artiste, c’est le bohème
    Qui, sans souper, rime rêveur
    Un sonnet à celle qu’il aime,
    Trompant l’estomac par le cœur.
    C’est à crédit qu’il fait ripaille,
    Qu’il loge et qu’il a des habits.
    C’est la canaille !
    Eh bien ! j’en suis !

    C’est l’homme à la face terreuse,
    Au corps maigre, à l’œil de hibou,
    Au bras de fer à main nerveuse
    Qui sortant d'on ne sait pas où,
    Toujours avec esprit vous raille,
    Se riant de votre mépris.
    C’est la canaille !
    Eh bien ! j’en suis !

    C’est l’enfant que la destinée
    Force à rejeter ses haillons,
    Quand sonne sa vingtième année,
    Pour entrer dans nos bataillons.
    Chair à canon de la bataille,
    Toujours il succombe sans cris…
    C’est la canaille !
    Eh bien ! j’en suis !

    Ils fredonnaient la Marseillaise,
    Nos pères, les vieux vagabonds,
    Attaquant en quatre-vingt-treize
    Les bastilles dont les canons
    Défendaient la vieille muraille !
    Que de trembleurs ont dit depuis :
    « C’est la canaille ! »
    Eh bien ! j’en suis !

    Les uns travaillent par la plume,
    Le front dégarni de cheveux.
    Les autres martèlent l’enclume,
    Et se soûlent pour être heureux ;
    Car la misère, en sa tenaille,
    Fait saigner leurs flancs amaigris...
    C’est la canaille !
    Eh bien ! j’en suis !

    Enfin, c’est une armée immense,
    Vêtue en haillons, en sabots.
    Mais qu’aujourd’hui la vieille France
    Les appelle sous ses drapeaux,
    On les verra dans la mitraille,
    Ils feront dire aux ennemis :
    C’est la canaille !
    Eh bien ! j’en suis !

     

    ANNEXE 9 :

    Poèmes de Rimbaud

     



    LES VEILLEURS

    A l’heure où le ciel rose impose son grand cœur
    Comme on pose un baiser sur le front d’une femme,
    Je m’en vais jusqu’au lac pour y voir votre flamme
    Surgir de l’onde calme et réchauffer mon pleur.

    Et je peins, Angela, je peins dans la douleur,
    Je peins sur la grand’ toile étoilée de mon âme
    Votre esprit qu’il me reste, et qui sur l’eau s’exclame ;
    Je peins, doux m’écriant : « Revoici la couleur ! »

    Puis je danse toujours près du chevalet rouge,
    Et je sens votre mort soudainement qui bouge,
    S’approchant pour glisser au profond de mes mains ;

    Et nous tournons, tournons, ainsi qu’en ma mémoire,
    Quand les soirs nous allions jusqu’aux petits matins
    Nager dans un poème et peindre la nuit noire.

    Arthur Rimbaud – Avril 1871

     

     

    Poème
    Chant de guerre parisien
    Le poème est précédé de cet avertissement
    "J'ai résolu de vous donner une heure de littérature nouvelle. Je commence de suite par un psaume d'actualité.".

    Le Printemps est évident, car
      Du cœur des Propriétés vertes,
      Le vol de Thiers et de Picard
      Tient ses splendeurs grandes ouvertes

    Ô Mai ! quels délirants culs-nus !
      Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières,
      Écoutez donc les bienvenus
      Semer les choses printanières !

    Ils ont schako, sabre et tam-tam,
      Non la vieille boîte à bougies
      Et des yoles qui n'ont jam, jam...
      Fendent le lac aux eaux rougies !

    Plus que jamais nous bambochons
      Quand arrivent sur nos tanières
      Crouler les jaunes cabochons
      Dans des aubes particulières !

    Thiers et Picard sont des Éros,
      Des enleveurs d'héliotropes,
      Au pétrole ils font des Corots
      Voici hannetonner leurs tropes...

    Ils sont familiers du Grand Truc !...
      Et couché dans les glaïeuls, Favre
      Fait son cillement aqueduc,
      Et ses reniflements à poivre !

    La grand'ville a le pavé chaud,
      Malgré vos douches de pétrole,
      Et décidément, il nous faut
      Vous secouer dans votre rôle...

    Et les Ruraux qui se prélassent
      Dans de longs accroupissements,
      Entendront des rameaux qui cassent
      Parmi les rouges froissements !

     

     L'Orgie parisienne
                ou
     Paris se repeuple
     

    Ô lâches, la voilà ! dégorgez dans les gares !
    Le soleil expia de ses poumons ardents
    Les boulevards qu'un soir comblèrent les Barbares.
    Voilà la Cité belle assise à l'occident !
     
    Allez ! on préviendra les reflux d'incendie,
    Voilà les quais ! voilà les boulevards ! voilà
    Sur les maisons, l'azur léger qui s'irradie
    Et qu'un soir la rougeur des bombes étoila.
     
    Cachez les palais morts dans des niches de planches !
    L'ancien jour effaré rafraîchit vos regards.
    Voici le troupeau roux des tordeuses de hanches,
    Soyez fous, vous serez drôles, étant hagards !
     
    Tas de chiennes en rut mangeant des cataplasmes,
    Le cri des maisons d'or vous réclame. Volez !
    Mangez ! Voici la nuit de joie aux profonds spasmes
    Qui descend dans la rue, ô buveurs désolés,
     
    Buvez. Quand la lumière arrive intense et folle,
    Foulant à vos côtés les luxes ruisselants,
    Vous n'allez pas baver, sans geste, sans parole,
    Dans vos verres, les yeux perdus aux lointains blancs,
     
    Avalez, pour la Reine aux fesses cascadantes !
    Écoutez l'action des stupides hoquets
    Déchirants ! Écoutez, sauter aux nuits ardentes
    Les idiots râleux, vieillards, pantins, laquais !
     
    Ô cœurs de saleté, Bouches épouvantables,
    Fonctionnez plus fort, bouches de puanteurs !
    Un vin pour ces torpeurs ignobles, sur ces tables...
    Vos ventres sont fondus de hontes, ô Vainqueurs !
     
    Ouvrez votre narine aux superbes nausées !
    Trempez de poisons forts les cordes de vos cous !
    Sur vos nuques d'enfants baissant ses mains croisées
    Le Poète vous dit : ô lâches, soyez fous !
     
    Parce que vous fouillez le ventre de la Femme,
    Vous craignez d'elle encore une convulsion
    Qui crie, asphyxiant votre nichée infâme
    Sur sa poitrine, en une horrible pression.
     
    Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques,
    Qu'est-ce que ça peut faire à la putain Paris,
    Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques ?
    Elle se secouera de vous, hargneux pourris !
     
    Et quand vous serez bas, geignant sur vos entrailles,
    Les flancs morts, réclamant votre argent, éperdus,
    La rouge courtisane aux seins gros de batailles,
    Loin de votre stupeur tordra ses poings ardus !
     
    Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères,
    Paris ! quand tu reçus tant de coups de couteau,
    Quand tu gis, retenant dans tes prunelles claires
    Un peu de la bonté du fauve renouveau,
     
    Ô cité douloureuse, ô cité quasi morte,
    La tête et les deux seins jetés vers l'Avenir
    Ouvrant sur ta pâleur ses milliards de portes,
    Cité que le Passé sombre pourrait bénir :
     
    Corps remagnétisé pour les énormes peines,
    Tu rebois donc la vie effroyable ! tu sens
    Sourdre le flux des vers livides en tes veines,
    Et sur ton clair amour rôder les doigts glaçants !
     
    Et ce n'est pas mauvais. Tes vers, tes vers livides
    Ne gêneront pas plus ton souffle de Progrès
    Que les Stryx n'éteignaient l'œil des Cariatides
    Où des pleurs d'or astral tombaient des bleus degrés.
     
    Quoique ce soit affreux de te revoir couverte
    Ainsi ; quoiqu'on n'ait fait jamais d'une cité
    Ulcère plus puant à la Nature verte,
    Le Poète te dit : « Splendide est ta Beauté ! »
     
    L'orage a sacré ta suprême poésie ;
    L'immense remuement des forces te secourt ;
    Ton œuvre bout, ta mort gronde, Cité choisie !
    Amasse les strideurs au cœur du clairon lourd.
     
    Le Poète prendra le sanglot des Infâmes,
    La haine des Forçats, la clameur des maudits :
    Et ses rayons d'amour flagelleront les Femmes.
    Ses strophes bondiront, voilà ! voilà ! bandits !
     
    — Société, tout est rétabli : les orgies
    Pleurent leur ancien râle aux anciens lupanars :
    Et les gaz en délire aux murailles rougies
    Flambent sinistrement vers les azurs blafards ! 

     

     

    ANNEXE 10

    Poèmes de VERLAINE

    Verlaine a écrit ce poème à propose de la Révolution de 1848, puis il a ajouté quelques strophes suite à la Semaine sanglante de 1871.

    Les vaincus

    À Louis-Xavier de Ricard.

    I

    La Vie est triomphante et l'Idéal est mort,
    Et voilà que, criant sa joie au vent qui passe,
    Le cheval enivré du vainqueur broie et mord
    Nos frères, qui du moins tombèrent avec grâce.

    Et nous que la déroute a fait survivre, hélas !
    Les pieds meurtris, les yeux troubles, la tête lourde,
    Saignants, veules, fangeux, déshonorés et las,
    Nous allons, étouffant mal une plainte sourde,

    Nous allons, au hasard du soir et du chemin,
    Comme les meurtriers et comme les infâmes,
    Veufs, orphelins, sans toit, ni fils, ni lendemain,
    Aux lueurs des forêts familières en flammes !

    Ah ! puisque notre sort est bien complet, qu'enfin
    L'espoir est aboli, la défaite certaine,
    Et que l'effort le plus énorme serait vain,
    Et puisque c'en est fait, même de notre haine,

    Nous n'avons plus, à l'heure où tombera la nuit,
    Abjurant tout risible espoir de funérailles,
    Qu'à nous laisser mourir obscurément, sans bruit,
    Comme il sied aux vaincus des suprêmes batailles.

    II

    Une faible lueur palpite à l'horizon
    Et le vent glacial qui s'élève redresse
    Le feuillage des bois et les fleurs du gazon ;
    C'est l'aube ! tout renaît sous sa froide caresse.

    De fauve l'Orient devient rose, et l'argent
    Des astres va bleuir dans l'azur qui se dore ;
    Le coq chante, veilleur exact et diligent ;
    L'alouette a volé, stridente : c'est l'aurore !

    Éclatant, le soleil surgit : c'est le matin !
    Amis, c'est le matin splendide dont la joie
    Heurte ainsi notre lourd sommeil, et le festin
    Horrible des oiseaux et des bêtes de proie.

    Ô prodige ! en nos coeurs le frisson radieux
    Met à travers l'éclat subit de nos cuirasses,
    Avec un violent désir de mourir mieux,
    La colère et l'orgueil anciens des bonnes races.

    Allons, debout ! allons, allons ! debout, debout !
    Assez comme cela de hontes et de trêves !
    Au combat, au combat ! car notre sang qui bout
    A besoin de fumer sur la pointe des glaives !

    III

    Les vaincus se sont dit dans la nuit de leurs geôles :
    Ils nous ont enchaînés, mais nous vivons encor.
    Tandis que les carcans font ployer nos épaules,
    Dans nos veines le sang circule, bon trésor.

    Dans nos têtes nos yeux rapides avec ordre
    Veillent, fins espions, et derrière nos fronts
    Notre cervelle pense, et s'il faut tordre ou mordre,
    Nos mâchoires seront dures et nos bras prompts.

    Légers, ils n'ont pas vu d'abord la faute immense
    Qu'ils faisaient, et ces fous qui s'en repentiront
    Nous ont jeté le lâche affront de la clémence.
    Bon ! la clémence nous vengera de l'affront.

    Ils nous ont enchaînés ! mais les chaînes sont faites
    Pour tomber sous la lime obscure et pour frapper
    Les gardes qu'on désarme, et les vainqueurs en fêtes
    Laissent aux évadés le temps de s'échapper.

    Et de nouveau bataille ! Et victoire peut-être,
    Mais bataille terrible et triomphe inclément,
    Et comme cette fois le Droit sera le maître,
    Cette fois-là sera la dernière, vraiment !

    IV

    Car les morts, en dépit des vieux rêves mystiques,
    Sont bien morts, quand le fer a bien fait son devoir
    Et les temps ne sont plus des fantômes épiques
    Chevauchant des chevaux spectres sous le ciel noir.

    La jument de Roland et Roland sont des mythes
    Dont le sens nous échappe et réclame un effort
    Qui perdrait notre temps, et si vous vous promîtes
    D'être épargnés par nous vous vous trompâtes fort.

    Vous mourrez de nos mains, sachez-le, si la chance
    Est pour nous. Vous mourrez, suppliants, de nos mains.
    La justice le veut d'abord, puis la vengeance,
    Puis le besoin pressant d'opportuns lendemains.

    Et la terre, depuis longtemps aride et maigre,
    Pendant longtemps boira joyeuse votre sang
    Dont la lourde vapeur savoureusement aigre
    Montera vers la nue et rougira son flanc,

    Et les chiens et les loups et les oiseaux de proie
    Feront vos membres nets et fouilleront vos troncs,
    Et nous rirons, sans rien qui trouble notre joie,
    Car les morts sont bien morts et nous vous l'apprendrons.

     

    Ballade en l’honneur de Louise Michel

     

    Citoyenne ! Votre évangile

    On meurt pour ! c’est l’Honneur ! et bien

    Loin des Taxil et des Bazile.

    Louise Michel est très bien.

     

    Madame et Pauline Roland, Charlotte.

    Théroigne, Lucoile.

    Presque Jeanne d’Arc, étoilant

    Le front de la foule imbécile,

    Nom des cieux, coeur divin qu’exile :

    Cette espèce de moins que rien

    France bourgeoise au dos facile

    Louise Michel est très bien.

    *

    Elle aime le Pauvre âpre et, franc

    Ou timide, elle est ta faucille

    Dans le blé mûr pour le pain blanc

    Du Pauvre, et la sainte Cécile,

    Et la Muse rauque et gracile

    Du Pauvre et son ange gardien

    A ce simple ; à cet imbécile.

    Louise Michel est très bien.

    *

    Gouvernements et maltalent,

    Mégathérium ou bacille,

    Soldat brut, robin insolent,

    Ou quelque compromis fragile.

    Tout cela son courroux chrétien

    L’écrase d’un mépris agile.

    Louise Michel est très bien.

    Envoi 

    Citoyenne ! Votre évangile

    On meurt pour ! c’est l’Honneur ! et bien

    Loin des Taxil et des Bazile.

    Louise Michel est très bien.

     

    ANNEXE 11

    LA COMMUNE DE PARIS (1871)

    LISTE DE NOMS PROPRES

     

    A

     

    Edmond Adam (1816-1877) : Haut fonctionnaire. Conseiller d’Etat, il démissionne et s’oppose à l’Empire. Après la proclamation de la République, il est nommé à la tête de la préfecture de police de Paris, le 11 octobre 1870. Il doit faire face au soulèvement de Flourens, le 31 octobre, mais préfère démissionner le 1° novembre.

     

    Juliette Adam, née Lambert (1836-1936) : Ecrivaine, polémiste et salonnière féministe républicaine. Epouse d’Edmond Adam.

     

    Madame Agar, Marie Agar née Marie Léonide Charvin (1832-1891) : Tragédienne, son engagement lui coûtera sa carrière.

     

    André Alavoine (1843-1909) : Adepte de Blanqui. Typographe. Membre du Comité central de la Garde nationale, il en a élaboré les statuts. Il est nommé directeur adjoint de l’Imprimerie. .

     

    Jean Allemane (1843-1935) : Franc-maçon. Typographe. . Caporal de la Garde nationale en 1870. Publie en 1910 « Mémoires d’un communard ». Franc-maçon actif, il fut initié à la loge Les Rénovateurs, loge du Grand Orient de France, dont fut membre également Jean Baptiste Clément. Membre du Comité central de la Garde nationale et du Conseil de la Commune. En 1890, il fonda le Parti socialiste ouvrier révolutionnaire. Il fit partie de la majorité communiste au congrès de Tours.

     

    Charles Alerini (1842- ?): Professeur. Correspondant de la section de Barcelonnette de l’Internationale (AIT). Fondée en 1870. Le 8 août 1870, il participa à l’occupation de l’Hôtel de Ville de Marseille et, notamment avec Combe et Matheron, à l’organisation de la Commune révolutionnaire ayant à sa tête Gaston Crémieux. Sans doute décédé en Indochine après 1903.

     

    Jules Allix (1818-1897) : Professeur libre. Fervent républicain, socialiste militant, féministe convaincu, et excentrique dont les lubies le conduisirent plusieurs fois à l’asile. Membre du Conseil de la Commune.

     

    Charles Amouroux (1843-1885) : Ouvrier chapelier. Membre de la Garde Nationale, élu à son Comité central. Membre de l’Association internationale des travailleurs. Elu au Conseil de la Commune.

     

    Edouard Andignoux (1844-1885) : Elu le 15 mars 1871 au Comité central de la garde nationale.

     

    Jules Louis Andrieu (1838-1884) : Employé de préfecture. Elu au Conseil de la Commune, il siège à la commission exécutive et à la commission des Services publics. Membre de la Minorité, il vote contre la création du Comité de Salut public.

     

    Louis Andrieux (1840-1931) : Franc-maçon. Avocat. Incarcéré à Lyon, il est libéré par les émeutiers et devient procureur. Membre du Comité de salut public de la Commune de Lyon. Du côté du pouvoir, il participe, comme procureur, à la répression de l’insurrection d’avril 1871 qui secoue Lyon à la suite de la Commune de Paris. Républicain opportuniste, il se rapproche un temps du boulangisme. C’est le père naturel de Louis Aragon (1897-1982).

    Dans Souvenirs d’un préfet de police, tome 1 pages 132-133,Rouff, 1885, il écrit : « J’étais entré au « Parfait silence » pour voir ; j’y restais pou parler. Il n’y avait alors en France aucune liberté de réunion ni de parole. A Paris du moins, les jeunes gens qui se destinaient au barreau ou à la vie politique pouvaient s’exercer à la conférence Molé, où Gambetta faisait son apprentissage de tribun. Mais en province, les loges maçonniques offraient seules aux débutants une tribune libre.

    La loge était pour moi une « parlote » où mes essais oratoires étaient écoutés par un public bienveillant, toujours prêt à couvrir mes dernières paroles par « une triple batterie ». ».

     

    Eugène Appert (1814-1567) : Peintre.

     

    François Victor Emmanuel Arago (1812-1896) : Membre du gouvernement de la Défense nationale, Ministre de la Justice.

     

    Etienne Vincent Arago (1802-1892) : Dramaturge, il devint maire de Paris en 1870. Il s’initia à la Charbonnerie.

     

    Armand Antoine Jules Arnault ou Arnaud (1831-1885) : Employé de chemin de fer. Adhère à l’Association internationale des travailleurs. En 1869, il devient journaliste à La Marseillaise d’Henri Rochefort. Blanquiste. Le 7 janvier 1871, il signe l’Affiche Rouge, qui dénonce la politique capitularde du Gouvernement de la Défense nationale et appelle à la création d’une Commune à Paris. Membre de la Garde Nationale, élu à son comité central. Il est élu le 26 mars au Conseil de la Commune. Il siège à la commission des Relations extérieures. Le 1° mars, il est élu au Comité de Salut public.

     

    Georges Arnold (1837-1912) : Architecte. Membre du Comité central de la Garde nationale. Il figure parmi les rédacteurs de l’Affiche rouge. Elu au Conseil de la Commune le 16 avril 1871.

     

    Arthur Arnould (1833-1895) : Ecrivain et journaliste. Le 26 mars 1871, il est élu au Conseil de la Commune. Il est d’abord membre de la commission des Relations extérieures, puis de celle du travail et de l’Echange (6 avril), puis des Subsistances (21 avril) et enfin de l’Enseignement (4 mai). Le 1° mai, il est chargé du Journal Officiel de la Commune. De tendance proudhonienne et anarchisante, il appartient à la minorité du Conseil et vote contre la création du Comité de salut public. Il a écrit L’Etat et la révolution (1877), une Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris (1878) at. quelques romans sous le pseudonyme d’Arthur Matthey.

     

    Jean Baptiste Joseph Charles Arnould (1847-1904) : Négociant en vins. Fondateur à Reims d’une section de la Libre-pensée, anticlérical virulent. Membre du Conseil d’ la Commune.

     

    Charles Albert Arnoux (Charles Constant Albert Nicolas d’Arnoux de Limoges Saint-Saens), dit Bertall (1820-1882) : Illustrateur, Caricaturiste et graveur. Pionnier de la photographie.

     

    Asseline :

     

    Adolphe Alphonse Assi (1841-1886) : Ouvrier mécanicien. Il est jugé au troisième procès de l’Association internationale des travailleurs. Fait partie du Comité central de la Garde Nationale. Le 26 mars, il est élu au Conseil de la Commune. « Garibaldien », c’est lui qui lance le 18 mars 1871 à l’Hôtel de Ville de Paris, à la foule ; « Au nom du peuple, la Commune de Paris est proclamée ! ».

     

    Auboin :

     

    Audoynard : Membre du Comité central de la Garde nationale.

     

    Louis Jean Baptiste d’Aurelle de Paladines (1804-1877) : Général de division. Le 6 mars, dans les jours qui précédèrent le déclenchement de la Commune de Paris, le gouvernement de Thiers le nomma commandant en chef de la Garde Nationale de Paris. Cette nomination est considérée comme une provocation par les communards. Le 18 mars, début du soulèvement communaliste, il se réfugia à Versailles.

     

    Avine fils :

     

    Augustin Avrial (1870-1904) : Ouvrier mécanicien. Il adhère à l’Association internationale des travailleurs, et sera condamné à la prison au troisième procès de l’internationale. Elu commandant du 66° bataillon de la Garde Nationale. Le 26 mars, il est élu au Conseil de la Commune, membre de la commission du Travail et de l’Echange le 29 mars, de la commission exécutive le 10 avril, puis de la Guerre le 21 avril. Membre de la Minorité, il vote contre la création du Comité de Salut public.

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